dimanche 25 septembre 2011

Russie : Vladimir Poutine adoubé par Dimitri Medvedev.

Que ne faut-il pas lire de nos jours, chers lecteurs !
A en croire notre presstitute préférée c’était prévu d’avance, tout le monde le savait, cela ne faisait aucun doute pour personne et blablabla...

Extraordinaire !

Une fois encore soit on nous prend pour des c... soit la capacité de mémoire des habitants de Cochon sur Terre ne dépasse pas les trente secondes (selon notre théorie bien connue).
Où les deux à la fois, ce qui est le plus probable.

Tous ces « experts », « kremlinologues » et autres « spécialistes » qui n’ont cessé de détecter des crises entre le président russe et son premier ministre pendant des années, ceux là qui n’ont cessé de prendre leurs petits fantasmes de midinettes politiques germanopratines pour la réalité; les mêmes qui nous prédisaient avec les airs gourmands et gourmés de ceux qui sont en relation directe avec dieu que Medvedev et Poutine étaient à couteaux tirés ; ceux qui prennent la projection de leurs superstitions politiques pour des analyses en nous répétant à longueur d’année que l’un représentait la Russie « moderne », donc « progressiste » (forcément), et l’autre la Russie réac, ringarde et compagnie (on connaît le volapuk de ces gens là, et ce d’autant mieux que son répertoire en est très très limité) ; ceux encore qui nous prédisaient une candidature du Président Medvedev à la présidentielle contre Poutine et blablabla....

Eh bien figurez-vous, chers lecteurs, que tous ces crétins idéologiquement diplômés avaient raison ! Oui, oui, oui, ils avaient raison sur toute la ligne depuis le début. Que Poutine soit candidat à la présidentielle adoubé par Medvedev qui lui-même deviendra le chef de file de la liste de Russie Unie aux élections législatives pour finir Premier Ministre, eh bien oui, ils l’avaient prédit depuis le départ...
Nous voilà rassurés...
Manque de chance ils ont oubliés que les dirigeants Russes ne ressemblent pas aux nôtres, ces pantins incapables d’aucune conviction ni d’aucune perspective à plus long terme que celles des prochaines élections, ces marionnettes manipulées par les sondages et autres tartufferies dont notre digne époque se prétend si fière, comme l'ex sauveur de l'humanité vient de nous donner une preuve de plus avec son lamentable discours prononcé à l'ONU.

Eh bien tant mieux s’ils avaient raison à la fin !
Car c’est un gage de stabilité pour la Russie à l’aube d’une décennie qui s’annonce très agitée et qui risque d’accoucher de bouleversements que bien peu sont capables d’imaginer, sans parler de leurs conséquences.
Bien entendu, pour nos ayatollahs du progressisme, stabilité équivaut à stagnation voir régression (ô anathème !), vision à long terme signifie autoritarisme voir dictature etc... Poutine est assimilé à Staline, même si sa popularité peut faire s’évanouir de jalousie TOUS les politiciens de l’hémisphère occidental ; ils ne cessent de nous remémorer à quel point la Russie est corrompue (c’est bien connu nos démokraties ne le sont ABSOLUMENT pas), à quel point la Russie est un pays où les libertés sont inexistantes (les nôtres sont florissantes et se développent à vue d’oeil, bien entendu) etc, etc...

Laissons les pérorer dans leurs coins. De toute manière, et fort heureusement, leur audience ne dépasse pas Saint Germain, et encore... Quant aux Russes inutile de dire qu’ils ne savent même pas de quoi on parle.
Et ils ont bien de la chance !

Mais viendra un jour, chers lecteurs, où nous finirons par envier aux Russes leur stabilité politique tant critiquée... et peut-être même nous mettrons-nous à la réclamer pour nous aussi.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

samedi 17 septembre 2011

Palestine : la nouvelle donne

C’est curieux car nos médias de désinformation préférés, ceux que certains de nos amis américains nomment la « presstitute », n’ont pas beaucoup parlé d’un article à notre avis très important paru Samedi dernier dans le NY Times.
Cet article est signé par le Prince Turki Al Fayçal, ancien directeur des services secrets saoudiens, ancien ambassadeur à Washington etc, bref un membre plus qu’éminent du gouvernement saoudien, membre de la famille royale du même pays. C’est-à-dire quelqu’un dont on ferait mieux d’écouter ce qu’il raconte, surtout lorsqu’il le dit publiquement par la voie d’un journal aussi symbolique que le NY Times. En bref quelqu’un d’informé qui ne parle certainement pas de son propre chef mais se fait le porte-parole officieux du gouvernement de son pays.
Or le message est d’importance.

L’article paru dans le NY Times n’est pas très long mais il est explicite, c’est le moins que l’on puisse dire. De plus la date de parution n’est certainement pas fortuite. Faire paraître un tel article de ce type le lendemain de « l’anniversaire » des dix ans de la destruction du World trade Center, c’est implicitement se ranger du côté de ceux qui proclament depuis des années que la motivation réelle de ceux qui commirent les attentats du 11 Septembre 2001 n’était pas religieuse mais bien plutôt essentiellement liée au problème palestinien et au soutien inconditionnel des USA à Israël. Bien évidemment cela va tout à fait à l’encontre de tout ce que l’on nous a seriné depuis dix ans à propos des islamistes fous de dieu etc...
Robert Fisk en parle très bien dans son remarquable article du 11 Septembre dernier :

But I'm drawn to Anthony Summers and Robbyn Swan whose The Eleventh Day confronts what the West refused to face in the years that followed 9/11. "All the evidence ... indicates that Palestine was the factor that united the conspirators – at every level," they write. One of the organisers of the attack believed it would make Americans concentrate on "the atrocities that America is committing by supporting Israel". Palestine, the authors state, "was certainly the principal political grievance ... driving the young Arabs (who had lived) in Hamburg" (souligné par nous).
The motivation for the attacks was "ducked" even by the official 9/11 report, say the authors. The commissioners had disagreed on this "issue" – cliché code word for "problem" – and its two most senior officials, Thomas Kean and Lee Hamilton, were later to explain: "This was sensitive ground ...Commissioners who argued that al-Qa'ida was motivated by a religious ideology – and not by opposition to American policies – rejected mentioning the Israeli-Palestinian conflict... In their view, listing US support for Israel as a root cause of al-Qa'ida's opposition to the United States indicated that the United States should reassess that policy." And there you have it.
(Sources : The Independant - Robert Fisk - 11.09.2011)

Relisez bien cette phrase chers lecteurs, c’est la plus importante du texte de Robert Fisk :

« In their view, listing US support for Israel as a root cause of al-Qa'ida's opposition to the United States indicated that the United States should reassess that policy." And there you have it. »
(Sources : The Independant - Robert Fisk - 11.09.2011)

C’est exactement ce que dit le Prince Turki Al Fayçal dans son article.
Il annonce officiellement que l’Arabie Saoudite a enfin pris conscience que le problème palestinien était LE problème à résoudre avant tout autre chose et que le soit-disant printemps arabe ne permettait plus aujourd’hui aux dirigeants de la région de l’ignorer sous peine de passer à la trappe comme les Moubarak, Ben Ali et compagnie.

The United States must support the Palestinian bid for statehood at the United Nations this month or risk losing the little credibility it has in the Arab world. If it does not, American influence will decline further, Israeli security will be undermined and Iran will be empowered, increasing the chances of another war in the region.
(Sources : NY Times - Prince Turki Al Fayçal - 11 Septembre 2011)

Car ne nous y trompons pas, chers lecteurs, si les Saoudiens et autres états arabes se prennent soudain d’une affection si grande pour cette cause palestinienne qu’ils ont tous soigneusement ignoré pendant des décennies pour cause d’alliance avec les USA (selon le deal passé entre Rossevelt et Ibn Séoud « sécurité contre pétrole », qui avait pour objectif essentiel d’assurer la libre circulation de l’or noir du Golfe Persique aux pays occidentaux) ce n’est certainement pas par charité mais bien plutôt par pure « real politik ».
Car, assurés de la protection des USA, eux-mêmes devenus les serviteurs inconditionnels d’Israël quoi que ce dernier puisse faire grâce au redoutable lobby israélien entretenu au Congrès US, le devenir des palestiniens n'intéressa absolument personne, y compris et surtout parmi les pays arabes eux-mêmes, pendant des décennies. A quoi bon se mettre à mal avec nos protecteurs si le devenir de nos régimes est assuré ?

Aujourd’hui la donne a changé fondamentalement.
Tout s’est trouvé chamboulé pour une raison très simple : le deal « sécurité contre pétrole » est devenu caduc car une des parties a rompu le contrat aux yeux de l’autre. En effet le déclin accéléré de la puissance des USA s’est spectaculairement traduit (aux yeux des pays du Golfe en tout cas) dans leur incapacité à protéger le régime de Moubarak ; cela a tout à coup envoyé un électrochoc aux pays membres du GCC et aux saoudiens en particulier.
Ils ont soudain compris deux choses :

1) les USA en déclin ne sont plus capables d’assurer leur sécurité ni la stabilité de leurs régimes.
2) s’ils veulent rester au pouvoir, où même en vie, ils ne pourront compter que sur leurs propres forces. D’où la réaction foudroyante et sans concession des saoudiens aux événements de Bahrein (voir nos posts à ce sujet) en particulier et du printemps arabe en général ; d’où leur prise en main de la Péninsule arabique, leurs très récentes commandes pharaonique de matériel militaire, leurs accords avec le Pakistan sur la mise à leur disposition par ce dernier d’une division entière qui pourrait être envoyée en cas de besoin pour défendre la péninsule arabique contre une révolte ; d’où également le recrutement par les UAE d’une équipe d’entraînement militaire pour des mercenaires, là encore d’origine pakistanaise principalement, qui serait destinée à servir de force d’intervention rapide (en plus de la division pakistanaise en réserve au Pakistan) en n’importe quel point de la Péninsule, Bahrein par exemple, où même ailleurs, pourquoi pas en Libye comme en court le bruit ici où là.

Tout cela provoquera des changements spectaculaires de politique étrangère de la part des états arabes. Désormais orphelins de la protection US, ils ne peuvent plus se permettre de faire l’impasse sur la question palestinienne. Non seulement ils ne peuvent plus l’ignorer mais ils doivent l’intégrer dans leur politique générale et nous pouvons parier que cette question en sera un des axes principaux
De plus, cette érosion rapide de la puissance US et surtout l’extinction quasi complète de la crédibilité des USA dans la région ont une autre conséquence dont nous avons déjà parlé : la résurrection des rivalités ancestrales entre les puissances régionales, c’est à dire la Turquie, l’Egypte, l’Iran et la parvenue de la région, l’Arabie Saoudite. Chacune de ces puissances doit désormais lutter contre les autres afin d’assurer son hégémonie sur la région, où en tout cas limiter celle des voisins, en dépit des grands discours sur l’unité et bla bla bla. La lutte pour l’hégémonie dans la région entre la Turquie, l’Egypte et l’Iran n’est pas nouvelle ; cela fait des milliers d’années qu’elle dure mais elle avait plus où moins été mise sous le boisseau par l’alliance des états arabes avec les USA. Aujourd’hui elle réapparaît au grand jour, compliquée par la haine paranoïaque des Saoudiens pour l’Iran et les shiites.
Dés lors la question palestinienne devient un enjeu central dans la lutte entre ces puissances pour le leadership de la région. Chacune d’elle voudra prendre le rôle de champion de la cause des palestiniens afin de s’assurer d’une certaine suprématie dans la région ainsi que d’une popularité auprès des populations mise à mal par des décennies de « collaboration » avec les USA. D’où la politique d’Erdogan, qui lui vaut la sympathie de la majorité des populations arabes, d’où celle de l’Iran, bien que beaucoup plus ancienne à cet égard, d’où ce qui se passe aujourd’hui en Egypte, d’où celle des états du Golfe etc...

L’article du prince Turki Al Fayçal apparaît à cette aune comme l’officialisation par l’Arabie Saoudite, gardienne des lieux saints, de sa nouvelle politique étrangère.

Moreover, Saudi Arabia would no longer be able to cooperate with America in the same way it historically has. With most of the Arab world in upheaval, the “special relationship” between Saudi Arabia and the United States would increasingly be seen as toxic by the vast majority of Arabs and Muslims, who demand justice for the Palestinian people.
Saudi leaders would be forced by domestic and regional pressures to adopt a far more independent and assertive foreign policy. Like our recent military support for Bahrain’s monarchy, which America opposed, Saudi Arabia would pursue other policies at odds with those of the United States, including opposing the government of Prime Minister Nuri al-Maliki in Iraq and refusing to open an embassy there despite American pressure to do so. The Saudi government might part ways with Washington in Afghanistan and Yemen as well.
(Sources : NY Times - Prince Turki Al Fayçal - 11 Septembre 2011)

S’il en expose les grandes lignes en termes très vagues il ne laisse en revanche aucun doute sur le fait que l’Arabie Saoudite et les USA se retrouveront désormais en opposition frontale sur la plupart des questions régionales liées au Moyen-Orient, voir sur l’ensemble des questions liées au monde musulman en général. Ce qui revient à dire que les USA pourraient désormais être considérés comme des ennemis du monde musulman aux yeux des saoudiens. En poussant le bouchon un peu plus loin nous ne sommes plus très loin du « grand satan » de Khomeiny.

Ne nous y trompons pas, chers lecteurs : ce qui est bon pour l’Arabie Saoudite est valable pour l’ensemble des pays arabes, désormais en passe de se libérer complètement de la puissance US en raison à la fois de son effondrement comme de la pression du sentiment populaire au Moyen-Orient contre la politique US de soutien à Israël : c’est ainsi que l’Egypte et la Turquie sont quasiment sorties de l’orbite US, sans parler de l’Iran bien sûr qui, elle, en est sortie il y a trente ans. L’article du NY Times annonce la fin de l’alliance des régimes du Golfe Persique avec les USA et leur indépendance retrouvée sur le plan de la politique étrangère. Car si les dirigeants arabes ne veulent pas subir le même sort que le Shah, Moubarak, Ben Ali et compagnie, ils doivent réaffirmer l’indépendance nationale qui ne se comprend plus au MO sans un soutien tonitruant à l’incontournable et hautement symbolique question palestinienne ; en conséquence en opposition directe aux USA et à Israël.

Dans ce contexte, précisément, la demande palestinienne de reconnaissance de leur état par l’ONU et le Conseil de Sécurité dans quelques jours est un piège redoutable pour les USA. Il leur faut choisir entre leur alliance avec les états de la péninsule arabique, le monde arabe en général, ou le rejet de leur inféodation au lobby israélien. On connaît la réponse d’avance. Etant donné le spectacle affligeant des récentes capitulations sans conditions successives d’Obama face aux diktats de Netanyahu, relayé par son lobby au Congrès qui menace entre autre de ne pas soutenir financièrement la campagne électorale d’Obama l’année prochaine, cela n’étonnera que les naïfs où les aveugles congénitaux. Ce vote constituera donc certainement un point de non-retour pour tous les acteurs concernés car tout le monde sera forcé de prendre ostensiblement position sur cette question incandescente qui est LA question centrale qui détermine tout ce qui se passe au MO depuis des décennies, même si tous ont tenté d’en minimiser l’importance en dépit de l’évidence. Par conséquent ce vote, et il semble désormais assuré qu’il aura bien lieu en dépit des pressions considérables exercées par les USA sur Abbas pour le dissuader d’en faire la demande, ce vote donc servira à établir la nouvelle ligne de démarcation entre les « pour » et les « contre » ; il n’y aura plus d’équivoque possible. Ce sera l’officialisation de la rupture entre les USA et les états arabes. Chacun aura choisi son camp clairement : les états arabes et la Turquie pour la reconnaissance d’un état palestinien et les USA et Israël contre puisque les USA ont déjà annoncé qu’ils opposeront leur veto au Conseil de Sécurité contrairement à la France et à la Russie qui ont annoncé qu’elles voteraient en faveur de la reconnaissance. En revanche il est très probable que cela soit voté à l’Assemblée Générale.
Nous pouvons donc dire sans crainte d’être contredit par les événements que les jeux sont faits, la rupture consommée et que chacun devra prendre ses responsabilités et en assumer les conséquences. Mais en premier lieu ce vote constituera une défaite majeure pour les USA qui achèvera de les perdre dans l’esprit de tout habitant du Moyen-Orient ; deuxièmement il changera notablement les rapports de force en présence au Moyen-Orient au détriment des intérêts des USA et à plus long terme de ceux d’Israël.

Pour l’instant tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.