vendredi 31 décembre 2010

L'affaire Khodorkovsky - 1ere partie -

Avertissements : Face à l'indigence des médias officiels "aux ordres" et appointés à propos de cette affaire, la Chronique de Cochon sur Terre a décidé de consacrer plusieurs articles au procès Khodorkovsky.
Voici le premier de la série.

1. L’oligarchie US a versé dans une schizophrénie dont elle ne se remettra probablement jamais.


Avez-vous entendu, chers lecteurs, les cris d’orfraie, les gémissements, les pleurs, les grognements d’indignation (évidemment !), les cris de désespoir et nous en passons... Tout ce tintamarre issu très principalement, il faut bien l’avouer, de la part de la branche US des Représentants Exclusifs du Bien sur Terre (les REBT), dont la vice-présidente n’est personne d’autre que la lumineuse et immaculée Secrétaire d’Etat US. Et elle sait, elle, de quoi elle parle lorsqu’il s’agit de droit de l’hommisme, de respect de la souveraineté de pays étranger (ce qui signifie que l’oligarchie US admette qu’ils n’appartiennent pas aux USA ce qui est très douteux ; n’oublions pas que selon Noam Chomski les USA croient qu’ils «own the world») : inutile non plus de rappeler leur maîtrise inégalée du respect du droit international, du respect de l’habeas corpus sans parler du respect extraordinaire que les USA nous donne chaque jour pour la vie privée des citoyens etc etc...

Fort de cette expertise incomparable, à nulle autre pareille, une maîtrise si parfaite de tous ces droits si sacrés des nations et des citoyens que jamais personne avant les REBT ne les avaient respectés aussi bien que Mme Clinton et consort, c’est-à-dire l’oligarchie US. Fort donc de cette expérience inouïe qui lui donne l’autorité incontestable en cette matière qu’on lui connaît, Mme Clinton a décrété que la peine décidée à l’encontre de Kodhorkovsky et de son complice Lebedev annoncée à Moscou ces derniers jours posait de :

"serious questions about selective prosecution and about the rule of law being overshadowed by political considerations".
(Sources : The Guardian - 28.12.2010)

Bien sûr quelques perroquets européens au cervelas fracassé par le professeur Pavlov, telle que la Commissaire européenne aux Affaires étrangères Catherine Ashton (en toute indépendance bien sûr), ont ressortis quasiment dans les mêmes termes leur « angoisse » (...) à propos de la sentence que le tribunal de Moscou a rendu contre l’ex-magnat du pétrole russe et son complice.

On ne peut pas dire que nous autres Occidentaux, c’est-à-dire les Représentants Exclusifs du Bien sur Terre (REBT), ne soyons pas idéalement représentés par nos oligarchies bien-aimées dont les politiciens sont toujours si bien intentionnées et surtout si conformes en tous points à leurs discours lénifiants et bien-pensants. D’ailleurs quel meilleur exemple que celui qui nous est offert par l’Empire du Bien, les USA, depuis maintenant plusieurs décennies ; un exemple que l'oligarchie dirigeante de celui-ci s’efforce par tous les moyens de nous faire imiter en suivant elle-même à la lettre les innombrables beaux discours qu’ils nous lancent à la figure toute la journée.
Prenons donc Mme Clinton au mot :

C’est bien évidemment en gardant intact une foi profonde et une absence totale d’inquiétude "about selective prosecution and about the rule of law being overshadowed by political considerations" (Sources : The Guardian 28.12.2010) que Mme Clinton accepte d’être la Secrétaire d’Etat d’un pays qui garde 174 prisonniers détenus dans le camp de Guatanamo à Cuba, désormais synonyme de violations les plus flagrantes des droits démocratiques les plus basiques tels que : refus des règles de l’habeas corpus (voir note 1 en fin d’article), refus du droit des détenus d’avoir un avocat, détention illégale et illimitée, détention sans chef d’inculpation, refus de la tenue d’un procès sans parler de la pratique intensive de toute sorte de torture sur les prisonniers dont la plupart sont enfermés depuis presque 10 ans maintenant.

C’est bien évidemment en gardant intact une foi profonde et une absence totale d’inquiétude "about selective prosecution and about the rule of law being overshadowed by political considerations" (Sources : The Guardian 28.12.2010) que Mme Clinton accepte d’être la Secrétaire d’Etat d’un pays qui a envahi, illégalement au regard du droit international, un autre pays, l’Irak, sans aucune justification sérieuse, c’est un pléonasme ! Un pays occupé désormais réduit à un champs de ruine dans lequel les morts civils provoqués par son occupation illégale par les troupes du gouvernement US se chiffrent selon les sources entre 108.430 et 250.000 personnes au 31 Décembre 2010.
(Sources : www.iraqbodycount.org et Information Clearing House)

C’est bien évidemment en gardant intact une foi profonde et une absence totale d’inquiétude "about selective prosecution and about the rule of law being overshadowed by political considerations" (Sources : The Guardian 28.12.2010) que Mme Clinton accepte d’être la Secrétaire d’Etat d’un pays dont les troupes où les services secrets, d’après les aveux de son ex-président Georges Busch (voir note 2 en fin d’article), pratiquent couramment la torture sur les prisonniers détenus dans des lieux secrets situés hors des USA pour ne pas se trouver en contradiction avec les lois censées s’appliquer sur son propre territoire. C’est ainsi qu’outre le fameux waterboarding

On recense, parmi les autres techniques employées : la nudité prolongée, les menaces, l'exposition au froid, le maintien dans des positions douloureuses, les agressions physiques, l'utilisation prolongée d'entraves et la privation de sommeil.
(Amnesty International - 10 Novembre 2010)

C’est bien évidemment en gardant intact une foi profonde et une absence totale d’inquiétude "about selective prosecution and about the rule of law being overshadowed by political considerations" (Sources : The Guardian 28.12.2010) que Mme Clinton accepte d’être la Secrétaire d’Etat d’un pays qui maintient à l’isolement le plus absolu depuis plus de neuf mois le soldat Manning, citoyen des USA, sans chef d’inculpation ; là encore en lui déniant ses droits à l’habeas corpus, ses droits à être représenté et à voir un avocat, sans envisager de jugement et sans parler de ce qui est considéré comme de la torture par les lois internationales, c’est à dire la privation de sommeil, l’isolation complète, le refus de couverture où d’un oreiller etc...

C’est bien évidemment en gardant intact une foi profonde et une absence totale d’inquiétude "about selective prosecution and about the rule of law being overshadowed by political considerations" (Sources : The Guardian 28.12.2010) que Mme Clinton accepte d’être la Secrétaire d’Etat d’un pays qui attaque et tue sans discrimination des populations civiles étrangères de nations avec lesquels aucune guerre n’est déclarée, comme le Pakistan, le Yemen etc...

C’est bien évidemment en gardant intact une foi profonde et une absence totale d’inquiétude "about selective prosecution and about the rule of law being overshadowed by political considerations" (Sources : The Guardian 28.12.2010) que Mme Clinton accepte d’être la Secrétaire d’Etat d’un pays dont le président s’apprête à passer un «executive order» qui donnera légalement le droit de détenir quelqu’un pour une durée illimitée sans passer en procès civil où devant une commission militaire. Ce seront les conditions de Guatanamo rendues légales sur le sol des USA. Certains défenseurs américains des libertés civiles s’en inquiètent :

Jameel Jaffer, a national security lawyer at the American Civil Liberties Union, said that the executive order would “normalize and institutionalize indefinite detention and other policies,” (souligné par nous) set in place by the Bush administration. Laura W. Murphy, director of the American Civil Liberties Union’s Washington legislative office, added, “Our Constitution requires that we charge and prosecute people who are accused of crimes. You cannot sell an indefinite detention scheme by attaching a few due-process baubles and expect that to restore the rule of law.”

C’est bien évidemment en gardant intact une foi profonde et une absence totale d’inquiétude "about selective prosecution and about the rule of law being overshadowed by political considerations" (Sources : The Guardian 28.12.2010) que Mme Clinton accepte d’être la Secrétaire d’Etat d’un pays dont le président vient de signer une autorisation de rechercher et d’assassiner le citoyen américain Anwar Al-Awlaki par ses services de sécurité.

C’est bien évidemment en gardant intact une foi profonde et une absence totale d’inquiétude "about selective prosecution and about the rule of law being overshadowed by political considerations" (Sources : The Guardian 28.12.2010) que Mme Clinton accepte d’être la Secrétaire d’Etat d’un pays dont de nombreux membres du Congrès comme de l’Administration ont demandé publiquement l'exécution pure et simple d’un journaliste pour avoir publié des documents qu’on lui avait remis, journaliste théoriquement protégé par le 1er Amendement de la Constitution américaine en vertu de la liberté de la presse (voir à ce sujet notre article du 10 Décembre 2010)

C’est bien évidemment en gardant intact une foi profonde et une absence totale d’inquiétude "about selective prosecution and about the rule of law being overshadowed by political considerations" (Sources : The Guardian 28.12.2010) que Mme Clinton accepte d’être la Secrétaire d’Etat d’un pays dont le président a bloqué toute initiative destinée à juger les membres du gouvernement et de la précédente administration coupables de crimes de guerre aux yeux des lois internationales. Il est vrai que ce faisant cela pourrait ouvrir la voie à sa propre inculpation et celle de son administration puisqu’ils pratiquent la même politique que leurs prédécesseurs.

C’est bien évidemment en gardant intact une foi profonde et une absence totale d’inquiétude "about selective prosecution and about the rule of law being overshadowed by political considerations" (Sources : The Guardian 28.12.2010) que Mme Clinton accepte d’être la Secrétaire d’Etat d’un pays qui demande à ses diplomates d’espionner les diplomates étrangers et de leur voler leurs données personnelles telles que leur ADN, leurs empreintes digitales, leurs numéros de cartes bancaires où de programmes de « frequent flyers » etc... sans parler de l’espionnage intensif des membres des missions diplomatiques accrédités à l’ONU, du Secrétaire Général et des membres du Conseil de Sécurité, y compris les soit disant « alliés » des USA.
Il est vrai que Mme Clinton ne peut pas avoir beaucoup d’inquiétudes à ce sujet puisque c’est elle qui a donné les ordres (voir à ce sujet notre article du 10 Décembre 2010).

C’est bien évidemment en gardant intact une foi profonde et une absence totale d’inquiétude "about selective prosecution and about the rule of law being overshadowed by political considerations" (Sources : The Guardian 28.12.2010) que Mme Clinton accepte d’être la Secrétaire d’Etat d’un pays qui a condamné à 150 ans de prison Bernard Madoff pour escroquerie, sans qu’on ait jamais su les tenants et aboutissants de cette affaire, ni où ont atterri les fonds volés. A noter que Khodorkovsky non seulement a eu droit à un procès public avec des avocats qui peuvent faire appel, mais en plus il n’a été condamné qu’à 14 ans de prison (pas 150!) pour des faits autrement plus graves dont nous reparlerons dans le prochain post.

Nous n’allons pas continuer car la liste des actions de l’Empire du Bien méprisant tout droit international comme sa propre constitution ainsi que les principes basiques de l’habeas corpus (voir note 1) est interminable. Si nos lecteurs veulent un peu plus de renseignements sur la conduite irréprochable du gouvernement des USA en matière de droit de l’hommisme, de respect des individus et des règles du droit internationales nous vous renvoyons à la note 3 à la fin de cet article. Une consultation du site d’Amnesty International n’est pas sans valeur non plus (www.amnesty.org).

Ces quelques exemples nous prouvent bien à quel point les discours des dirigeants US sont complètement décorrélés de leurs actions où de celles qu’ils couvrent, voire qu’ils ordonnent. Il est certain que toute responsabilité politique peut impliquer des décisions qui ne sont pas en accord avec ce que l’on prône ouvertement. Mais il ne s’agit plus ici de situations extra-ordinaires, c’est à dire qui ne représentent pas la norme mais l’exception. Aujourd’hui c’est l’inverse; l’extra-ordinaire est devenu l’ordinaire de chaque jour mais on continue à vivre et à parler comme si rien n’avait changé. Et nulle part ailleurs cette situation n’est plus flagrante qu’aux USA.
Pour quiconque relève les discours annonés par les membres de l’oligarchie US, les professions de foi déclamées le coeur en bandoulière, la larmes à l’oeil et la main sur la Constitution qui garantit les droits de l’habeas corpus, le droit de libre parole où les droits de la presse, la liberté individuelle etc, ceux la mêmes qui les louent en discours au Congrès mais les bafouent dans la foulée en signant des lois pour les uns, des ordres pour les autres, en les exécutant pour tous, le tout sans aucune vergogne ni hésitation. Peut-être même sans aucune conscience de ce qu’ils font, sans faire aucun lien entre ce qu’ils répètent toute la journée et leurs actes.
Le « peut-être » est de trop d’ailleurs.
C'est ce que l'on nomme de la schizophrénie. En voici la définition :

« Schizophrénie » provient de « schizo » du grec « σχίζειν » (schizein) signifiant fractionnement et « φρήν » (phrèn) désignant l’esprit. C'est donc une « coupure de l'esprit », pas au sens d'une "double personnalité" comme on l'entend parfois, mais au sens d'une perte de contact avec la réalité (souligné par nous) ou, d'un point de vue psychanalytique, d'un conflit entre le Moi et la réalité.

Cette perte de contact des dirigeants US avec la réalité est le reflet de leur refus de s’adapter à une situation géostratégique nouvelle qui est en train de remettre en cause la position de leur pays dans le monde (et donc l’image qu’ils ont de celui-ci et d’eux-mêmes par rapport à ce même monde) ; ce refus obstiné de la réalité couplé à la vision grandiose qu'ils ont de leur puissance les a entrainé à concevoir des objectifs démesurés par rapport aux moyens qu'ils avaient de les réaliser; les échecs qui s'en sont suivis immanquablement furent imputés à des ennemis extérieurs, tous diabolisés les uns après les autres, situation qui a engendré une paranoïa exponentielle qui entraîne des décisions toujours plus couteuses qui mènent toujours plus vite le pays à l'abime.
Nous verrons comment l'affaire Khodorkovsky a sa place dans tout cela.

Notes


1 - Habeas corpus: règle de droit qui garantit à une personne arrêtée une présentation rapide devant un juge afin qu'il statue sur la validité de son arrestation. Généralement, le délai est de quelques jours ou de quelques heures. En latin, cela signifie que tu aies ton corps (... pour être devant le juge). La règle de l'Habeas corpus a pour fondement que, même détenue, une personne n'est pas sans droit. En fonction de cette règle, un prisonnier doit être relaché s'il est détenu sans raison valable aux yeux de l'autorité judiciaire, laquelle doit être placée dans une relative indépendance par rapport aux pouvoirs législatif et exécutif. Texte français de l'Habeas Corpus
Ce principe est à la base de l'État de droit. Ce principe limite les prérogatives du pouvoir exécutif, des forces policières et pénitenciaires en particulier.
Le principe de l'Habeas corpus est généralement respecté dans les sociétés démocratiques. Lors d'une situation d'urgence, de crise, d'insurrection, de guerre ou tous les cas de régimes autocratiques (militaires, totalitaires, etc) la règle de l'Habeas corpus est cependant souvent bafouée ou limitée dans son application.

2 - Dans ses mémoires, publiés le 9 novembre, et dans un entretien diffusé sur NBC News le 8 novembre 2010, l'ancien président a confirmé son implication personnelle dans l'autorisation du waterboarding (simulacre de noyade) et d'autres techniques contre des « détenus de grande valeur ».
« Aux termes du droit international, le fait que l'ancien président admette avoir autorisé des actes s'apparentant à la torture suffisent pour que les États-Unis soient dans l'obligation d'enquêter sur ses propos et, s'ils sont corroborés, de le poursuivre », a déclaré Claudio Cordone, directeur général d'Amnesty International.
« Ses aveux mettent une fois de plus en évidence l'absence d'obligation de rendre des comptes pour la torture et les disparitions forcées, crimes de droit international dont les États-Unis se sont rendus coupables. »
(Sources : Amnesty International - 10 Novembre 2010)

3 - Voir cet article sur le site d’Amnesty International :
http://www.amnesty.org/fr/news-and-updates/daily-injustice-immeasurable-damage-2010-03-05

lundi 20 décembre 2010

Message pratique à propos de wikileaks

Nous indiquons à nos lecteurs que nous avons crée un lien (à gauche au-dessus de "contact") pour que vous ayez accès au site miroir de Libération (http://liberation.wikileaks.fr) afin que vous puissiez consulter directement les documents publiés par wikileaks si vous le désirez.
En attendant que la Chronique de Cochon sur Terre ait elle aussi son propre site miroir de wikileaks.

dimanche 19 décembre 2010

Ben Bernanke : son pire cauchemar s'est réalisé, réjouissons nous !

Chers lecteurs de la Chronique de Cochon sur Terre, nous avons une question à vous poser : quel est le plus monstrueux cauchemar de Ben Bernanke, un cauchemar si insoutenable qu’il le rend insomniaque pour une nuit entière rien qu’en y pensant deux secondes au cours de la journée précédente ? Le plus sage aurait été d’ignorer complètement ce cauchemar mais désormais ce n’est plus possible.
En effet depuis quelques jours Ben Bernanke va devoir vivre avec ce cauchemar non seulement la nuit mais aussi toute la journée dont certaines seront certainement beaucoup plus éprouvantes que d’autres car ce cauchemar redoutable est devenu réalité.

Allons, ne vous impatientez pas, chers lecteurs, çà vient çà vient. Mais si vous êtes des lecteurs attentifs de notre Chronique, ce dont nous ne pourrions douter une seule seconde bien sûr, vous devriez avoir une petite idée derrière la tête de ce qui empêche l’ami Ben de dormir à ce point ; car nous en avons déjà parlé.
Alors ? Rien, aucune idée ? Aucune lueur ? Vous exagérez, chers lecteurs.
Qu’est-ce qui pourrait rendre Ben Bernanke insomniaque ?

Voyons voir.

- Le fait avéré qu’il n’y a aucune reprise mais que, bien au contraire, la récession s’approfondit ?
- Le fait que le chômage aux USA n’est pas de 9,8% mais de 17,5 - 18% ?
(Sources : Shadow Government Statistics »).
- Le fait que l’inflation (estimée à 8% environ si l’on prend en compte les prix de l’alimentation et de l’énergie, ce qui n’entre pas dans les calculs gouvernementaux actuels) existe bel et bien, et qu’elle est déjà très élevée, en dépit des proclamations de la FED ?
- Le fait que les USA, et beaucoup d’autres avec eux, sont en faillite parce-qu’ils sont incapables de payer leurs dettes ?
- Le fait que le QE 2 (tout comme le QE1 d’ailleurs) a d’ores et déjà échoué ?
- Echec dont la remontée des taux des T-Bonds à moyen et long terme est la preuve éclatante puisque le QE 2 avait pour objectif de faire baisser ces derniers en rachetant les émissions de bonds du Trésor US pour l’année à venir afin de palier au manque d’enthousiasme de plus en plus manifeste des investisseurs traditionnels.

Arrêtons là, la coupe est déjà pleine et cela suffirait amplement à empêcher n’importe quel individu à demi responsable de dormir ne serait-ce que deux minutes par nuit.
Mais le cauchemar de Ben Bernanke est à la fois lié à tout cela sans que cela en soit la cause directe.
Qu’est-ce à dire ?
Eh bien vous devriez déjà le savoir, chers lecteurs, si vous nous lisiez attentivement !
En effet nous avions écrit lors des élections de Novembre (Analyse - 7 Novembre 2010) qu’un des tests majeurs de l’influence des représentants et des idées du Tea Party sur le parti républicain serait la nomination où non du Représentant Ron Paul (Libertarien) à la tête du
«Subcommittee on Domestic Monetary Policy » dont il avait été écarté par deux fois déjà dans le passé par les républicains eux-mêmes.

Cette fois c’est fait !
Et c’est une excellente nouvelle !

C’est le Rep. Spencer Bachus (Rep - Alabama), lui-même à la tête du House Financial Service Committee, qui l’annonça ainsi :

"This is the leadership team that crafted the first comprehensive financial reform bill to put an end to the bailouts, wind down the taxpayer funding of Fannie Mae and Freddie Mac, and enforce a strong audit of the Federal Reserve (souligné par nous)," Bachus said. "We are ready to hit the ground running, and I look forward to continuing our work in the next Congress."
(Sources : The Hill - 09.12.2010)

Si on lit attentivement ce qu’a dit le Rep. Spencer Bachus les craintes que l’on pourrait avoir légitimement à propos de la volonté des républicains de faire un audit très rigoureux de la Fed et des réserves d’or (dont on ne sait rien depuis la fin de la guerre quasiment), une des principales revendications de Ron Paul depuis des décennies, eh bien il semblerait qu’aujourd’hui ces craintes n’aient plus lieu d’être ; il semblerait désormais qu’il n’y ait jamais eu autant de chances pour que cela se fasse enfin, si l'on se fie à la déclaration officielle de Spencer Bachus. Cela dit les obstacles seront nombreux car il faut encore avoir l’autorisation du Speaker of the House sans parler de l’opposition du Président et des recours possibles devant la Cour Suprême, tout cela pouvant retarder le dit audit jusqu’aux prochaines élections. Mais il resteraient tout de même les "testimony" répétés devant la commission présidée par Ron Paul de Bernanke et compagnie qui ne cesseront pas avant qu'ils aient satisfait la curiosité inquisitrice du Rep. Ron Paul. L'ami Ben n'a pas fini de prendre des somnifères.

Ne soyons pourtant pas trop pessimistes car il semblerait que le vent soit réellement en train de tourner aux USA en faveur des idées que Ron Paul défend depuis quarante ans, seul contre tous pendant si longtemps. Il semblerait même qu’a la faveur de l’extension des ravages de la crise et du mécontentement grandissant de la population contre l’oligarchie washingtonienne, une petite partie de celle-ci ne soit en train de prendre le train en marche avec une tasse de thé sur les genoux, comme si de rien n’était.

Nous gageons pour notre part que cette nomination est le signe concret qu’une prise de conscience beaucoup plus générale de la gravité de la situation du pays est en train de s’accomplir, y compris par cette minorité de membres du Congrès dont nous parlions tout à l’heure. Il est probable que cet événement en apparence minime (en tout cas pour nos médias de désinformation préférés) pourrait engendrer de grands bouleversements politiques futurs aux USA, chamboulement dont les prémisses furent l’apparition soudaine et chaotique du Tea Party Movement dont une majorité partage désormais les idées principales de Ron Paul ; notamment celles qui consiste à limiter la taille du gouvernement central et par conséquent à limiter les impôts ; cela va de pair avec la remise aux citoyens des libertés qui leur furent ôtées depuis des années à la faveur de l’expansion toujours plus intrusive de l’Etat dans leurs affaires privées.

Cette remise en cause du système, car c’est bel et bien de cela qu’il s’agit au fond, pourrait donc commencer en Janvier par la mise sous contrôle de la Fed. Cela débuterait par l’inspection de ses comptes et leur publication par la commission présidée par Ron Paul ainsi que par l'inventaire des réserves d'or du pays gardées à Fort Knox.
Où et comment se terminera cette attaque contre le système, nous n’en savons rien. En revanche nous savons que cela ne cessera pas avec l’audit de la Fed. La porte s’est désormais entrouverte et il est bien possible que plus personne ne soit désormais capable de la refermer. Elle va au contraire s’ouvrir toujours plus sous la pression des événements au risque de la voir s’arracher de ses gonds.
Les USA sont probablement entrés dans une zone de grandes turbulences dont il n’existe pas de carte topographique connue.

En attendant tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

lundi 13 décembre 2010

Wikileaks et Julian Assange : quand la démokracie met bas les masques.

Nous n’allons pas répéter les faits de l’affaire wikileaks ; même s’ils sont déformés par nos médias de désinformation habituels, médias plus que jamais « aux ordres » de nos gouvernants bien aimés, sans aucune vergogne ni plus aucun souci de préserver des apparences quelconques d’indépendance ; donc même déformés les faits de l’affaire wikileaks peuvent être connus par n’importe quel individu épris de liberté, c’est-à-dire habité du désir de savoir ce qui se passe réellement mais aussi, et en conséquence, du refus systématique d’ingurgiter la propagande officielle dont on aimerait nous gaver jusqu’à plus soif ; dans ce cas jusqu’à l’abdication complète de toute forme de pensée, indépendante par définition.

En conséquence toute voie discordante du discours officiel est à tuer dans l’oeuf aussi vite que possible, par tous les moyens à disposition. C’est une question de survie.
Pour eux, c’est-à-dire les dignes et très démokratiques représentants de la nomenklatura, principalement aux USA.
Nous ne pouvons pas résister à vous donner, cher lecteur, un concentré des diverses réactions de nos parangons de vertus démokratiques, tous débordants d’amour pour les droits inaliénables de chaque citoyen du monde, sans parler de leur respect sacré et larmoyant pour la Constitution américaine, et particulièrement de son 1er Amendement, dont nous vous rappelons ici la teneur afin que vous puissiez vous rendre compte par vous-mêmes à quel point il est respecté à la lettre par les gouvernants bien-aimés des USA :

« Le Congrès ne fera aucune loi qui ne touche l’établissement où interdise le libre exercice d’une religion, ni qui restreigne la liberté de parole où de la presse (souligné par nous), où le droit qu’à le peuple de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des tords dont il a à se plaindre. »
(1er Amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique - 1791)

Voici donc quelques réactions de la nomenklatura occidentale, ces défenseurs acharnés de la liberté version CIA, des droits de l’homme, de la femme et des enfants en bas âge, des cochons aussi va sans dire, ainsi que de leur droit sacré à tous à la consommation de tout et n’importe quoi (le seul de tous nos droits qui soit resté intact jusqu’à aujourd’hui et le seul qui s’étendra toujours plus jusqu’à ce que mort s’en suive, soyez en sûrs chers lecteurs) :

la sénateur Diane Feinstein, digne progressiste de son état, démokrate au plus haut point, membre du parti du même nom :

« When WikiLeaks founder Julian Assange released his latest document trove—more than 250,000 secret State Department cables—he intentionally harmed the U.S. government. The release of these documents damages our national interests and puts innocent lives at risk. He should be vigorously prosecuted for espionage.
“The law Mr. Assange continues to violate is the Espionage Act of 1917. That law makes it a felony for an unauthorized person to possess or transmit "information relating to the national defense which information the possessor has reason to believe could be used to the injury of the United States or to the advantage of any foreign nation." ... Importantly, the courts have held that "information relating to the national defense" applies to both classified and unclassified material. Each violation is punishable by up to 10 years in prison.»
(Sources : The Wall Street Journal)

La pauvre chérie, malheureusement pour elle, a oublié quelques détails négligeables :
Ce n’est pas Julian Assange qui a subtilisé les documents. Il les a reçu d’une source faisant partie des deux millions de personnes ayant accès légalement aux dossiers classifiés du gouvernement US.
Contrairement aux affabulations de notre démocrate de choc Julian Assange et Wikileaks, en collaboration étroite avec les cinq journaux internationaux à qui ils ont transmis les documents, ont supprimé toutes références où toutes indications qui auraient pu mettre en danger la vie d’un individu quelconque. A ces fins ils ont même demandé à l’Ambassade US de Londres de les aider à faire le tri. Cette dernière n’a pas donné suite à ces demandes. De plus, et selon le Pentagone lui-même, il n’y aurait aucune victime à déplorer depuis la sortie des premiers documents sur l’Irak en Avril dernier.
Wikileaks est un organe de presse tout comme peuvent l’être le NY Times, le Guardian, le Figaro, Der Spiegel où El Pais. Wikileaks n’a pas fait plus que publier des documents qu’on lui a fourni, exactement de la même manière que l’ont fait les dignes organes de presse cités plus haut (et surtout le même nombre de documents soit 1269 à ce jour sur plus de 250.000) ; wikileaks n’est pas moins un organe de presse que ABC, CBS où tout autre site du même topo sur internet. En conséquence de quoi il devrait être protégé par le 1er Amendement de la Constitution des USA.
Un autre léger détail : Julian Assange n’est pas américain. Non, Mme la sénateur, le monde n’est pas américain et il se trouve que Julian Assange est citoyen australien (et nous espérons qu’il n’aura pas à le regretter étant donné l’attitude du premier ministre australien). En conséquence de quoi on ne voit pas comment il aurait pu trahir les USA... A moins que cette démocrate de choc ne fasse partie des ces membres de la nomenklatura US qui pensent que les USA « own the world », pour reprendre l’excellente expression de Noam Chomsky.

Le journaliste Jonah Goldberg, néo-conservateur :

« Why wasn’t Assange garroted in his hotel room years ago? » (Sources: National Review)

Evidemment cela aurait eu le mérite de simplifier les choses. Et puis on a l’habitude de ce genre de traitement dans nos régimes si friands de transparence, de démokratie, du droit des gens et bla bla bla... D’ailleurs, afin de vous convaincre chers lecteurs que nous ne sommes pas si paranoïaques que vous ne pourriez le penser, voici un court extrait d’un manuel que la CIA distribuait à ses agents en 1953, rendu public en 1997 :

"The most efficient accident, in simple assassination, is a fall of 75 feet or more onto a hard surface. Elevator shafts, stair wells, unscreened windows and bridges will serve... The act may be executed by sudden, vigorous [excised] of the ankles, tipping the subject over the edge. If the assassin immediately sets up an outcry, playing the 'horrified witness', no alibi or surreptitious withdrawal is necessary."
(Sources : Couterpunch)

Il est certain que dans le cas de Julian Assange il est un peu tard pour ce genre d'expédient. Gageons cependant que les méthodes décrites ci-dessus furent améliorées avec le temps, notamment grâce à la technologie et à toutes ces merveilles innombrables que le dieu progrès (alimenté par les $ 1000 milliards du budget annuel du Pentagone) nous fournit si généreusement tout au long de notre longue marche triomphale vers l’anéantissement général. Gageons donc, chers lecteurs, qu’on trouvera bien un moyen de se débarrasser des empêcheurs de mentir en rond tels que Assange.

- Erich Holder (Attorney General of the USA), digne démocrate lui aussi :

The US attorney general, Eric Holder, has announced that the Justice Department and Pentagon are conducting "an active, ongoing criminal investigation" into the latest Assange-facilitated leak under Washington's Espionage Act.
Asked how the US could prosecute Assange, a non-US citizen, Holder said, "Let me be clear. This is not saber-rattling," and vowed "to swiftly close the gaps in current US legislation…"
In other words the espionage statute is being rewritten to target Assange (souligné par nous), and in short order, if not already, President Obama – who as a candidate pledged "transparency" in government - will sign an order okaying the seizing of Assange and his transport into the US jurisdiction. Render first, fight the habeas corpus lawsuits later.
(Sources : Alexandre Cockburn - Counterpunch)

A graver le plus profondément possible au fond de votre cervelas, chers lecteurs (et à ne jamais oublier) :
« In other words the espionage statute is being rewritten to target Assange ».
La modification d’une loi en fonction des besoins du jour avec effets rétroactifs est le signe le plus clair du meurtre définitif avec préméditation de l’état de droit dans un pays. A partir de là le citoyen devient sujet à l’arbitraire le plus complet et toute proclamation d’une liberté quelconque relève de la farce la plus sinistre.
Voire à ce sujet les expériences de l’Allemagne nazie, l’URSS, la Chine de Mao et autres régimes du même acabit.

- Tom Flanagan, ancien conseiller du premier ministre du Canada :

« Obama should put out a contract and maybe use a drone or something to rid the world of Mr Assange »
« ... I thinck Assange should be assassinated actually ... There is no good coming of this ...»
« ... I would not feel unhappy if Assange desapeared » he said in conclusion.
(Sources : CBS Show « Power and Politics »)

Ici nous nous trouvons face à des méthodes de la mafia ; en effet « passer un contrat sur un individu » est une procédure tout à fait caractéristique lorsqu’on confie à la mafia le soin d’éliminer quelqu’un. Cette déclaration est au propre comme au figuré un appel au meurtre qui peut parfaitement faire l’objet d’une plainte pénale comme l’ont d’ailleurs envisagé Julian Assange et ses avocats.

Les trois déclarations suivantes sont dues à trois probables futurs candidats à la présidentielle de 2012. Leurs propos nous montrent à quel point ils ont tous la stature adéquate pour devenir Président des USA.

Sarah Palin, probable futur candidate aux présidentielles (great !!!), à propos de Julian Assange :

« ... an anti-american with blood on his hands. »
« He should be hunted down like Al Quaeda’s leader Osama Bin Laden ...»

C’est effectivement ce que l’on pourrait souhaiter de mieux à Julian Assange étant donné le succès extraordinaire remporté par les USA et leurs caniches appointés pour capturer bin Laden qui court dans la nature depuis 9 ans.

- Rick Santorum, probable futur candidat aux présidentielles (argh !!!) :

... said Tuesday that Assange was guilty of "terrorism," and should be prosecuted as such.
(Sources : Huffington Post - 30.11.2010)


- Mike Huckabee, futur candidat aux présidentielles (argh !!! bis) :

Former Arkansas Gov. Mike Huckabee and possible Republican presidential candidate provided a harsh assessment of what he believes to be an appropriate punishment for the source of the latest WikiLeaks transmission of U.S. embassy cables, saying that "anything less than execution is too kind a penalty."
"Whoever in our government leaked that information is guilty of treason," Huckabee said, according to a report from Florida Independent. "They've put American lives at risk."
(Sources : Huffington Post - 30.11.2010)

La déclaration de ce dernier parait un peu plus articulée cérébralement parlant que celles de ces deux collègues puisqu’il ne parle que du où des Américains qui ont fourni les documents à wikileaks. Effectivement dans ce cas le terme de trahison pourrait s’appliquer, en tout cas selon les termes de « l’espionnage act » de 1917 qui ne fût concocté par Wilson que pour réduire au silence ceux qui s’opposait à l’entrée en guerre des USA (ils étaient la majorité) ; mais encore une fois «l’espionnage act» ne peut s’appliquer à Julian Assange en dépit des efforts désespérés de Erich Holder et de ses équipes de bureaucrates tortionnaires de lois pour tenter d’y faire tenir le cas de wikileaks et de son fondateur.

En tous cas nous ne pouvons plus ignorer qu’en cas de victoire électorale d’un de ces trois candidats à la Présidentielle de 2012 nous regretterons amèrement les Busch Jr, Cheney, Wolfowitz et compagnie qui feront figure d’enfants de choeur jouant dans leur bac à sable.

Cela dit rassurez-vous chers lecteurs la nomenklatura US ne fût pas la seule à se déchaîner contre wikileaks et Assange. Voici deux exemples aussi stupides que les autres, dont un français.

En effet notre effrayant ministre de l’industrie s’est cru obligé de se fendre d’une lettre au CGIET afin que cet organisme puisse lui fournir au plus vite les moyens de faire cesser l'hébergement du site wikileaks par l’entreprise française OVH. En voici quelques extraits truffés de mensonges et d’affirmations gratuites autant que dénuées de tout fondement juridique, sans parler de simple bon sens. Il ne fait que répéter les affirmations propagées par nos médias de désinformation qui tournent en boucle depuis deux semaines, répétées à satiété d’un air outré par tout crétin voulant se donner un air en dépit des preuves du contraire. Mais la vérité a t’elle quelque chose à voir là-dedans ?

« Cette situation n’est pas acceptable. La France ne peut pas héberger des sites internet qui violent ainsi le secret des relations diplomatiques et mettent en danger des personnes protégées par le secret diplomatique.
On ne peut héberger des sites internet qualifiés de criminels et rejetés par d’autres Etats en raison d’atteinte qu’ils portent à leurs droits fondamentaux. »
(Sources : Eric Besson - Nord Eclair )

Les commentaires sont inutiles (voir plus haut).

Le premier ministre australien réagit elle aussi à la publication des documents par wikileaks avec les mêmes faux arguments que le précité :

« I absolutely condemn the placement of this information on the wikileaks website. It is a grossly irresponsible thing to do and an illegal thing to do.»
(Sources : Julia Gillard, PM australien - Faifax radio)

« It would not happen, information would not be on wikileaks, if there had not been an illegal act undertaken. »
(Sources : Julia Gillard, PM australien - The Sydney Morning Herald - 07.12.2010)

Elle fût d’ailleurs remerciée avec enthousiasme par la nomenklatura US pour sa collaboration qui fut jugée, nous citons, « terrific ». Et cette aide fût si merveilleuse que le bruit court depuis quelques jours que les USA, encouragés par cette fructueuse collaboration faîte aux dépends d’un citoyen australien, auraient demandé au gouvernement australien de retirer sa nationalité à Julian Assange, acte qui relèverait de l’arbitraire le plus total. C’est pour cette raison, semble t’il, que les services gouvernementaux australiens cherchent fiévreusement un moyen de montrer comment Julian Assange a transgressé une loi australienne, tout comme leurs collègues US. Le problème c’est que Julian Assange n’a transgressé aucune loi australienne et qu’en dépit de la réthorique du pm australien sur la soit-disant illégalité sur laquelle repose les actions de wikileaks, il n’a pas été possible jusqu’à aujourd’hui de trouver quoi que ce soit de juridiquement probant. D’ailleurs à chaque fois que des journalistes ont demandé au pm australien sur quoi elle se basait pour affirmer que les actions de wikileaks étaient illégales elle n’a pas répondu. Et pour cause !
Mais rassurez-vous, chers lecteurs, on se charge aux USA et ailleurs de trouver un moyen de torturer suffisamment les lois pour y faire entrer le cas Assange. Sinon il suffira d’en créer de nouvelles avec effets rétroactifs afin de pouvoir inculper Assange le plus démokratiquement du monde naturellement.

Pour résumer :

Julian Assange est accusé de trahison et de terrorisme par les « Représentants Exclusifs du Bien sur Terre » (REBT), individus sans scrupules, sans foi ni loi (comme vu plus haut), et surtout sans cervelle ; en vertu de ces accusations sans aucuns fondements ces sinistres REBT ont ouvertement appelé de leurs voeux son assassinat où à tout le moins son exécution.

Cela ne tient aucun compte du fait que :

- 1) Julian Assange est Australien ce qui annule toute possibilité de trahir les USA.
- 2) il n’a pas volé les documents mais les a publié.
- 3) s’il était jugé pour cela il faudrait également juger le New York Times et attaquer les quatre autres journaux (à savoir : El Pais, Le Monde, Der Spiegel et The Guardian) qui ont publié exactement les mêmes documents que wikileaks (c’est à dire 1269 à ce jour sur plus de 250.000 qui furent dûment expurgés de toute référence pouvant mettre en danger un individu quel qu’il soit, comme l’ont reconnu et le Pentagone et Robert Gate).
4) il existe un précédent. Lorsqu’il y eut la publication de documents secrets émanant du Pentagone par le New York Times en 1971 non seulement le journal ne fût pas condamné mais le journaliste (Ellsberg) qui obtint ces documents ne passa pas un seul jour en prison. De plus la Cour Suprême précisa :

"only a free and unrestrained press can effectively expose deception in government".
(Sources : US Supreme Court - 1971 - Pentagone papers leak)

- 5) tout ce qui précède explique fort bien l’acharnement hystérique des REBT (Représentants Exclusifs du Bien sur Terre) à vouloir faire dépendre Assange du fameux «espionnage act» puisque cela permettrait de le priver de la protection du premier amendement de la Constitution des USA. En effet s’il était considéré comme un espion il pourrait être jugé comme tel et non comme journaliste ; car dans ce dernier cas il n’aurait aucune chance d’être condamné, comme on l’a vu, au nom du premier amendement de la Constitution des USA.

C’est à ce point que l’on touche aux enjeux véritables de cette affaire qui, à notre avis, sont au nombre de deux.

La premier touche directement à la liberté de l’information. A ce titre nous parlons donc ici de l’avenir d’internet étant donné que c’est le seul média encore capable de résister d’une manière efficace à l’emprise de plus en plus totalitaire, version soft nous vous l’accordons, de nos gouvernants bien-aimés sur tout ce qui touche à l’information du public et par-delà à la liberté individuelle, où plutôt le peu qui nous en reste. Oui, oui, nous savons que nous allons être taxés de grossière exagération mais c’est justement ce qui aurait tendance à nous faire penser que la situation est peut-être encore pire que ce que nous affirmons puisque les esclaves d’aujourd’hui ne se rendent même plus compte de leur état contrairement à ceux qui les précédèrent. Ces derniers ne songeaient à rien d’autre qu’à se libérer ; ceux d’aujourd’hui ne songent à rien d’autre qu’à se débarrasser au plus vite de toutes les prérogatives qui faisaient de leurs ancêtres des hommes plus libres qu’ils ne le seront jamais plus eux-mêmes en dépit de ce qu’ils peuvent prétendre. Donc liberté d’information.
L’editorial du journal The Guardian a bien résumé l’importance de cette question d’internet à travers l’affaire wikileaks:

«In times when big business and big governements attempt to monitor and control everything, there is a need as never before for an internet that remains a free and universal form of communication. Wikileaks’chief crime has been to speak the truth to power. What is at stake is nothing less than the freedom of the internet. All the rest is sideshow distracting attention from the real battle that is being fought. We should all keep focus on the true target.»
(Sources : The Guardian - 10.12.2010)

Le second enjeu de toute cette hystérie, du côté US en tout cas, a pour but de divertir l’attention du monde du contenu des câbles diplomatiques publiés par wikileaks et les 4 journaux internationaux qui s’en sont chargés en collaboration avec le site internet.
En effet on a beaucoup voulu nous faire croire que le contenu de ces câbles diplomatiques ne contenait rien qu’on ne savait déjà, qu’il n’y avait aucune découverte sensationnelle, bref beaucoup de bruit pour rien.

Hum, curieux alors de s’agiter de la sorte s’il n’y avait rien de si extraordinaire que cela dans ces câbles. Etrange que l’on menace de mort le responsable de la publication de documents si peu intéressants ; étrange dans ces conditions qu’on le compare à un terroriste et qu’on lance des fatwas à travers le monde pour se payer son scalp.
Tout çà pour rien d’important ?

Il est vrai que la plupart de ces câbles ne nous apprennent pas grand-chose de très nouveau à propos des positions politiques des uns et des autres, des confirmations de ce que l’on savait sans en avoir de preuves, des magouilles en tout genre etc... C’est vrai, rien de vraiment nouveau même s’il y a néanmoins des éléments intéressants.

Cela dit il y a malgré tout une chose qu’il serait dans l'intérêt des USA de faire oublier le plus vite possible et qui nous parait être ce qui est le plus grave de tout ce qui fût publié jusqu’à maintenant (en gardant en mémoire que seuls 1269 documents ont été publiés sur les 250.000).
Nous voulons parler ici des instructions secrètes données par Condoleezza Rice et Hillary Clinton aux diplomates US de 33 missions diplomatiques US à travers le monde de collecter des informations très inhabituelles. Car il s’agissait non seulement d’espionnage mais aussi et surtout de recueillir des données personnelles sur des individus, souvent citoyens de pays soit-disant alliés où « amis ». Les autres ne sont pas oubliés, rassurez-vous, chers lecteurs.

« The intelligence gathering directives were sent from the intelligence operations office within the state department’s bureau of intelligence and research, which describe itself as the nexus of intelligence and foreign policy.
They made clear that the intelligence operation was not merely a useful addition to the work of a secret service, but that the intelligence community relies on state)reporting officers for much of the biographical information collected worldwide. Biographic reporting is defined in the cables as including «credit card account numbers, frequent flyer account numbers» as well as «compendia of contact information » (souligné par nous).
(Sources : The Guardian - 02.12.2010)

On apprend ainsi que les soit-disant diplomates US sont des espions comme les autres chargés de recolter toutes les données personnelles possibles et imaginables. Etrange non ? Pourquoi recueillir les numéros de cartes de crédit, les mot de passe de boîtes e-mail où les numéros de cartes de frequent flyer sans parler de l’ADN ?

De plus on apprend que les Nations-Unies elles-mêmes étaient, elles le sont toujours pas de panique ! l’objet d’une intense surveillance qui inclut l’obtention de :

«... biometric datas (souligné par nous) on permanent security council representatives, and passwords and personal encryption keys used by top UN officials - in possible contravention on international law. »
(Sources : The Guardian - 02.12.2010)

Dans un autre câble on apprend que les « biometric informations » comprennent l’obtention de l’ADN, des scan de l’iris et des empreintes digitales des diplomates ciblés, sans compter les numéros de carte de crédit, numéros de comptes en banque, copies de passeport etc...
Etrange non ?

"The only reason they can be asking for this information is to break into the communication systems or monitor them in some way."
(Sources : The Guardian - 02.12.2010)

Oui, ce serait une explication mais elle ne correspond pas vraiment avec l’utilité des données personnelles demandées dans la directive secrète envoyée par Clinton en 2009. En d’autres mots on n’a pas besoin du scan de l’iris ni du numéro de fax où du numéro de la carte de crédit du représentant de la France au Conseil de Sécurité des nations-Unies pour savoir ce que la France (ce pays «ami» qu’on aime tant et dont on respecte si bien la souveraineté...) va voter au prochain conseil. C’est une explication qui pourrait convenir en d’autres temps et avec d’autres pays. Mais nous avons affaire à un pays qui agit comme si le monde lui appartenait, pour plagier Noam Chomsky.
Non, chers lecteurs, ne soyons pas trop naïfs. Car le contenu de ces demandes font plutôt penser à de la préméditation d’usurpation d’identité aux fins d’obtenir de la cible qu’elle se comporte comme l’on veut et non comme elle le souhaiterait.
Ce genre de comportement ne vous fait-il pas penser à quelque-chose, chers lecteurs ? Un incident survenu il y a quelques temps au Moyen-Orient ? Souvenez-vous, un effort, que diable ! L’assassinat d’un Palestinien important à Dubaï l’année dernière par des barbouzes du Mossad qui avaient commis leur forfait sous une identité volée de touristes anglais dont les passeports avaient été copiés alors que ceux-ci passaient à la douane innocemment.
Vous voyez que l’on peut faire beaucoup de choses avec ce genre de données ; par exemple faire pression sur ceux dont on a volé et usé de l’identité de manière à les mettre en situation de ne pouvoir refuser ce qu’on leur demande de faire pour notre propre intérêt.

The directive has been characterized as the spy directive, but this is an unusual kind of spying. Usually, spying focuses on what other governments think, how they are likely to vote on US initiatives, who can be bribed, and on sexual affairs that could be used to blackmail acquiescence to US agendas.

In contrast, the information requested in the secret directive is the kind of information that would be used to steal a person’s identity.

Why does the US government want information that would enable it to steal the identities of UN officials and impersonate them?

Could it be that Washington wants to be able to impersonate UN officials and country delegates so that it can compromise them by involving them in fake terrorist plots, communications with terrorists real or contrived, money laundering, sex scandals and other such means of suborning their cooperation with Washington’s agendas? All the CIA has to do is to call a Taliban or Hamas chief on a UN official’s telephone number or send a compromising fax with a UN official’s fax number or have operatives pay for visits to prostitutes with a UN official’s credit card number.

The report in the Guardian on December 2 that the CIA drew up the UN spy directive signed off by Hillary Clinton is a good indication that the United States government intended to compromise the United Nations and turn the organization, as it has done with so many governments, into a compliant instrument of American policy, to an extent even greater than is already the case.

Perhaps there is another plausible explanation of why the US government desired information that would enable it to impersonate UN officials, but as a person who had a 25-year career in Washington I cannot think of what it might be.
(Sources : Paul Craig Roberts - Counterpunch - previous editor of the Wall Street Journal and former Assistant Secretary of the US Treasury)

Avouez cher lecteur que c’est tout de même embarrassant ce genre de révélations et qu’on a plutôt interet à les faire oublier le plus rapidement possible. Surtout lorsque les cibles sont des pays que l’on qualifie publiquement d’alliés où même d’amis alors qu’on les traite tout aussi mal que ses vrais ennemis.
On comprend mieux l’acharnement des USA sur wikileaks et son fondateur.

"What this shows about the US's own conduct is that it is really trying to discredit WikiLeaks by shifting the focus from wrongdoing by the United States in places like Afghanistan, Iraq, spying on the United Nations and so on - and instead, trying to focus all the legal attention, all the attention on crime and illegality, to WikiLeaks."
Ben Saul says the lack of a US indictment suggests the Justice Department does not have the evidence it needs to put Assange or WikiLeaks on trial under existing US law.

Saul says that as a result, US officials appear to be waging a kind of "global legal war" against Assange and WikiLeaks, which he says is aimed at discrediting the group as an illegal, even "terrorist", organization.

"Some US politicians and commentators have even called for the assassination or killing of Julian Assange. This is pretty extraordinary and lawless stuff," Saul says.
(Sources : Ron Synovitz - Asia Times - 10.12.2010)

Mais il y a pire, cher lecteur. Car il se pourrait bien que certains pays ne se décident à porter plainte contre les USA, où contre Hillary Clinton, où les deux, à la Court Internationale de Justice.
Une plainte contre Tata Hillary par exemple, Secrétaire d’Etat des USA, pour espionnage contre des diplomates du Conseil de Sécurité de l’ONU ?
Ce serait très divertissant.

A leading expert on UN law today said the proposed activity in the directive breached two international treaties and could lead to the US being censured by the UN general assembly or even, in extreme circumstances, prosecution at the international criminal court.
The targeting of diplomats from North Korea and the permanent representatives of the security council from China, Russia, France and the UK leaves the US government exposed to action from any of those countries.
Dapo Akande, lecturer in international law at Oxford University, said: "Obtaining passwords and information on communications systems violates the 1947 headquarters agreement between the US and UN and the general convention on the privileges and immunities of the United Nations.
(Sources : The Guardian - 02.12.2010)

En Australie des voix s’élèvent pour demander au gouvernement de porter plainte contre les USA pour violation des lois internationales envers les diplomates. Seront-elles suivies d’effet ? Hum, il vaudrait mieux être pessimiste à ce niveau la.
Malheureusement.

Cependant, au-delà du cas de Julian Assange, et en ce qui nous concerne tous, où plutôt devrait nous concerner, c’est la mise sous tutelle d’internet qui est en jeu, où plutôt le risque de sa mise sous tutelle. Car ne nous y trompons pas tous les gouvernements cherchent tous les moyens possible pour y parvenir puisque cela reste le seul endroit où il règne une véritable liberté d’expression. Il semble pour le moment que ce danger soit plutôt bien compris mais ne sous-estimons pas la force d’inertie de Cochon sur Terre.

N’est-il malgré tout pas surprenant qu’il n’y ait eu aucune manifestation de soutien à Julian Assange ; nous sommes surpris (vraiment ?) du silence assourdissant qui a accueilli sa mise en détention, de l’absence de protestation de la part de tous les défenseurs acharnés de la liberté et bla bla bla, ceux-là même par exemple qui manifestaient il y a peu avec tant d’enthousiasme pour leur retraite à 60 ans alors qu’ils en ont supposément 18 (il est vrai qu’il n’était pas question de liberté c’est le moins qu’on puisse dire).

Au fond nous avions peut-être tord et ils avaient peut-être raison de manifester ; ils sont probablement beaucoup plus proche de la retraite que nous ne le pensions puisqu’ils ne savent manifester rien d’autre que de l’apathie pour défendre une cause menacée d'élimination et supposée être celle de gens épris de liberté, donc jeunes, en esprit en tous cas.
Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y a bien peu de monde dans les rues pour cette cause juste.
C’est vrai qu’il fait froid. Et puis il y a du verglas, c’est dangereux, même si on est assuré...
Attendons l’été. Mais l’été ce sont les vacances.
Bon, alors attendons et puis ce n’est peut-être pas si grave que çà, hein ?
Après tout on en a vu d’autre, allez...

Pendant ce temps Julian Assange est en prison et nos gouvernants bien-aimés s’emploient à trouver le moyen démokratique de l’éliminer démokratiquement tandis que tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

dimanche 28 novembre 2010

Bankrun2010 : en prendrons-nous le risque ?

Chers lecteurs fidèles de la Chronique de Cochon sur Terre nous vous recommandons vivement de vous rendre sans attendre sur le site suivant :

www.bankrun2010.com

puis sur le blog ci-après :

http://stopbanque.blogspot.com

Nous vous prions de faire suivre le plus largement possible ces deux adresses afin que ce mouvement se fasse connaître rapidement et qu’on en parle comme il le mérite.

Oui, cher lecteur, nous savons.
Nous savons que vous nous soupçonnez de nous prendre en flagrant délire d’enthousiasme. Eh bien vous avez raison, inutile de vous le cacher, cher perspicace lecteur. Mais avouez tout de même qu’il y a de quoi, non !
Premièrement la rapidité avec laquelle s’est répandu ce mouvement est proprement stupéfiante, via internet naturellement, décidément la seule voie par laquelle la véritable opposition au système peut se faire entendre. En revanche motus et gueule cousue dans tous nos chers médias de désinformation, à l’exception de quelques-uns, très rares, qui ne se privèrent pas de tourner en dérision ce mouvement. Une fois encore ils montrent et leur absence totale de psychologie et leur déconnection complète de la société dans laquelle ils se trouvent. De toute manière nous n’avons pas besoin de ces gens-là, laissons-les à leurs petits ragots de bas-étage puisque que nous, nous avons beaucoup à mieux faire.
Cette vitesse à laquelle s’est répandu ce mouvement nous parait très symptomatique de l’état dans lequel se trouvent nos sociétés et bien sûr révélateur ô combien de l’illégitimité dans laquelle sont tombés nos soit-disant représentants en général, et ce quel que soit le pays, en Europe où aux USA. A raison d’ailleurs vous le savez bien. Ce qui risque de devenir passionnant, et c’est à surveiller attentivement, c’est ce qui découlera de ce mouvement. Cela s’arrêtera t’il après le 7 décembre où au contraire cela lui donnera t’il un regain de force en lui amenant un surcroît de sympathisants et donc un développement exponentiel ? Nous n’en savons rien bien sûr mais nous savons en revanche que quel que soit l’issue de la journée du 7 décembre cette dernière aura des conséquences.

Pourquoi ?

Probablement parce-que tout à coup le mécontentement des populations, une fureur contenue jusqu’à présent en raison de l’inexistence de moyens permettant de l'extérioriser, soudain donc la colère semble être en train de se cristalliser à travers un medium qui lui permet de se faire entendre autrement qu’en réaction négative ; car cette fois le sujet de rassemblement est très populaire et largement partagé. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il provoqua un tel engouement à travers toute l’Europe sans quoi il n’aurait jamais eu l’écho qu’il a immédiatement rencontré. On pourra toujours nous dire que ce mécontentement s’était déjà fait entendre lors du référendum pour la constitution européenne par exemple (on sait ce que cela a donné...), où plus récemment lors des manifestations contre les retraites, qui était plus une manifestation de colère contre la classe politique que contre la réforme proprement dite. Non, aujourd’hui c’est différent car pour la première fois c’est une initiative qui n’est pas lancée par nos gouvernants bien-aimés ; pour la première fois c’est une manifestation qui vient directement de la base sans être encadrée par les gardiens du temple, comme les syndicats par exemple. En cela ce mouvement s’apparente à celui du Tea Party qui est lui aussi un mouvement de ras-le-bol populaire déconnecté du pouvoir et des partis en place, même si ces derniers tentent par tous les moyens de le récupérer.

De ce fait, c’est-à-dire parce-que cette initiative n’a pas pour origine un apparatchik quelconque déguisé en rebelle, il se pourrait bien que pour la première fois ce mouvement puisse donner naissance à une vague de contestation beaucoup plus ample que ce que l’on aura pu voir auparavant. Il serait tout à fait envisageable que si cette journée du 7 Décembre réussissait quelque peu que ce soit, eh bien il se pourrait bien que cela ouvre la boite de Pandore à toutes les frustrations et les peurs contenues depuis quelques années en raison de l’impossibilité de se faire entendre. Du coup il est très possible que les revendications dépassent soudain largement le problème des banques et peut-être même ne débordent tout le monde en un flot totalement incontrôlé, y compris les organisateurs, déjà très surpris de la réponse à leur initiative. Car ce «Bankrun2010» pourrait soudain faire prendre conscience à vous et nous que l’on n’est pas si seul à être mécontent. Et c’est d’autant plus attractif qu’il reste pour le moment complètement déconnecté des partis politiques, des syndicats où autres professionnels de la majorité (gauche et droite bien entendu). Car c’est bien cela la réalité : jusqu’à présent il n’y avait pas d’opposition ni au système en place ni aux partis qui se partagent le pouvoir et qui mènent la même politique depuis des décennies. Par conséquent pour tous ceux qui se sentaient en opposition au régime où au système il n’y avait aucun moyen de se faire entendre à l’exception d'événements comme ceux cités plus haut. Mais ce n’étaient que des occasions de voter « contre », jamais « pour », et uniquement sur des sujets imposés et non pas choisis.

Aujourd’hui c’est différent donc. Pour la première fois depuis des décennies il y aurait peut-être une possibilité pour tous les opposants au système non seulement de se faire entendre mais d’émettre des idées qui ne soient pas les mêmes rengaines éternellement rabâchées par le parti au pouvoir (gauche et droite c’est la même chose). C’est pourquoi nous avons souvent souligné ici à la Chronique de Cochon sur Terre à quel point les écologistes avaient trahi leur propre cause. Car ces derniers devraient être de véritables opposants au système par essence pourrions-nous dire, ce qui ne veut pas dire qu’ils devraient être les seuls, bien au contraire. Mais depuis qu’ils se sont fait noyautés par les gauchistes et les lobbys des grandes industries ils sont devenus des instruments au service de nos gouvernants bien-aimés.

Instruits de cet exemple il est bien évident qu’il est absolument impératif que «Bankrun2010», s’il est destiné à devenir ce qu’il pourrait être, c’est-à-dire beaucoup plus qu’un simple mouvement de citoyens en colère contre leurs establishments respectifs, politiques et économiques, mais plutôt une révolte populaire contre le système, il est indispensable donc qu’il reste en dehors de toute affiliation à un mouvement politique quelconque, quel qu’il soit ; il est essentiel qu’il se distingue absolument de tout affiliation de gauche où de droite ; il est vital qu’il ne devienne JAMAIS un parti.
En somme il faut qu’il devienne une mouvance irrécupérable par l’establishment, délocalisée, sans structure véritable. Il faut éviter à tout prix que ce mouvement ne retombe prisonnier des idéologies dont on a vu au cours du siècle précédent ce qu’elles ont donné comme brillants résultats, et encore moins d’idéologies nouvelles bien entendu.

Comme nous le disions dans notre dernier post il faut rester à l’écoute du monde qui vient. Ce mouvement, qu’il réussisse où non, c’est le monde qui vient. S’il meurt après le 7 Décembre sans être parvenu à survivre il aura au moins montré la voie en entrebâillant la porte de la contestation du système lui-même. Pour l’heure que chacun d’entre nous fasse en sorte que « Bankrun2010 » réussisse ; faisons en sorte qu’il provoque une grande vague d’enthousiasme à travers l’Europe ; mais pour ce faire il faut que chacun d’entre nous y contribue.

Ne vous y trompez pas, cher lecteur : l’enjeu véritable de « Bankrun010 », celui qui devrait sous-tendre tout mouvement d’opposition véritable au système, c’est la reconquête de nos libertés abandonnées par nos soins à l’Etat depuis deux siècles. Mais il ne peut y avoir de liberté sans être pleinement responsable de soi-même, de ses actes et de leurs conséquences ; il ne peut y avoir de responsabilité sans faire de choix ; enfin, faire un choix c’est toujours prendre un risque. On ne peut être libre que si nous en prenons le risque. Or c’est précisément ce que nos gouvernants bien-aimés nous refusent obstinément, avec la complicité enthousiaste du plus grand nombre, en nous emmaillotant toujours plus dans les rets de leur idéologie du tout-sécuritaire ; se faisant on nous retire toute responsabilité et par conséquent toute liberté.

«Bankrun2010» nous offre pour la première fois de renverser cette tendance. La question est de savoir si nous voudrons bien en prendre le risque ?

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

mercredi 24 novembre 2010

PIGS, UK, USA, Japon et autres : super soldes pour cause de fermeture définitive !

Oserons-nous vous l’avouer cher lecteur ?
Vous nous connaissez suffisamment pour savoir que nous répondrons à l’image de certains autres : « yes we can ». La différence est que nous le ferons vraiment.
En effet nous ne pouvons nous résoudre à vous cacher que nous sommes émerveillés, et cela de façon exponentielle, par le spectacle de Cochon sur Terre se débattant dans sa bauge. Eh oui, cher lecteur, qui l’eût cru ? A nos yeux ce spectacle commence à tenir du prodige ; plus ce dernier se développe en de multiples ramifications de plus en plus enchevêtrées les unes dans les autres, toutes plus contradictoires les unes que les autres, toutes finissant toujours immanquablement de manière grotesque, bref plus cela dure plus nous nous demandons s’il y aura une fin à tout ce cirque fascinant ; un prodige de grotesque empilé sur une montagne de ridicule le tout empaqueté dans l’infantilisme le plus sordide... Autant vous le dire, cher lecteur, nous en serions presque ensorcelés ; non, décidément, nous ne pouvons plus nous détacher du spectacle de plus en plus extravagant que nous offre si généreusement Cochon sur Terre. Nous en venons même à penser que nous pourrions être reconnaissants à tous ces pitres de nous distraire autant ; malheureusement c’est à leur corps défendant et nous ne pouvons donc pas les remercier des bons moments qu’ils nous donnent puisqu’ils ne le font pas exprès. Bien au contraire, s’ils savaient qu’ils nous distraient tant ils seraient furieux et horriblement vexés.
Car n’oubliez pas, cher lecteur, qu’un bipède qui se prend au sérieux est un des signes les plus infaillibles pour reconnaître un citoyen de Cochon sur Terre.

L’Irlande n’est donc pas en faillite, qu’on se le dise.

Le « tigre celtique », le pays que tout le monde avait coutume de citer en exemple au temps de la gloire de Cochon sur Terre, lorsqu’il fallait une preuve bien concrète pour nous mettre le nez dans notre ringardise pathétique, notre frilosité tragique de « pays vieux » qui ne se « bougeait » pas assez ; bref, dés qu’il fallait s’auto-critiquer l’Irlande nous servait de modèle. Le « tigre celtique » avait tout bon et nous avions tout faux. Dubaï également était un contre-exemple de choix sans parler de l’Angleterre sous le règne idyllique de Tony le va-t’en-Blair. Ceux-là nous étaient fourrés sous le nez toutes les fois qu’il s’agissait de nous faire honte de notre « immobilisme » criminel...
Nous en fûmes presque assommés !
Nous ne fûmes pas les seuls apparemment.

Car aujourd’hui le « tigre celtique » gît à terre, la langue pendante, un peu blanche parait-il, couché sur le dos, les pattes en croix, anéanti. On va bientôt lui faire la peau semble t’il. Heureusement pour lui, le commerce des peaux de tigre est interdit, notamment par l’Union Européenne et le FMI qui se sont tout à coup découvert un amour des bêtes des plus touchant. Cela dit ce ne sont pas les seuls car l’Allemagne et la Grande-Bretagne se sont tout à coup trouvés une passion telle pour les tigres en voie de disparition pour cause de noyade financière que ces deux pays sont prêts à passer à la caisse ! C’est dire l’étendue de cette soudaine passion réellement toute neuve !
Car souvenez-vous, cher lecteur, qu’il y a à peine quelques mois de cela, lors de la tragi-comédie grecque, la Grande-Bretagne avait refusé hautement de participer à un quelconque plan de sauvetage que ce soit et ce pays avait également ignoré dédaigneusement le plan mirifique de l’UE destiné à sauver du désastre tout pays européen un peu plus nécessiteux que d’habitude. Quant à l’Allemagne, que de supplications il fallut pour lui faire accepter de renflouer la Grèce et de participer au plan de soutien aux pays en voie de noyade financière !

Eh bien curieusement, cher lecteur, aujourd’hui ces deux récalcitrants non seulement sont montés au créneau pour sauver la peau du tigre irlandais mais en plus ils fulminent de fureur face aux réactions pour le moins sans enthousiasme des irlandais eux-mêmes qui menaçaient de refuser toute aide d’où qu’elle vienne il y a encore quelques jours de cela ; ils n’en n’avaient pas besoin, argumentaient-ils ; de plus d’autres Irlandais se récrient d’indignation face à ce qu’ils voient comme un abandon inacceptable de leur souveraineté nationale au cas où ce qu’ils voient comme les oukases de l’UE et du FMI serait acceptés en échange du bel et bon argent fraîchement imprimé pour la circonstance qui permettrait, parait-il, au système bancaire irlandais de ne pas s’effondrer lamentablement dans la poussière des chantiers de construction arrêtés pour cause de crise immobilière précisément.
Le plus comique c’est que les mêmes qui s’indignent aujourd’hui contre un abandon de souveraineté n’ont jamais bronché lorsqu’il s’agissait d’ingurgiter avec voracité les sommes énormes reçues de l’UE pendant de longues années ; cette manne, à notre connaissance, n’a jamais provoqué de problème de conscience quant à une éventuelle atteinte à la souveraineté nationale, sans parler d’honneur et encore moins de fierté évidemment puisque, comme vous le savez, cher lecteur, la fierté est un attribut indispensable de tout citoyen de Cochon sur Terre. Vous ne pouvez d’ailleurs pas ouvrir un journal de désinformation à Cochon sur Terre sans apprendre à quel point tout le monde est fier de tout et n’importe quoi ; c’est-à-dire à quel point tout le monde est fier d’être un citoyen de Cochon sur Terre, le meilleur des mondes (vous connaissez cela...).

Il y a quelques jours donc l’Irlande était en faillite mais n’avait pas besoin d’argent ; rien que de très logique. Changement de ton depuis Dimanche soir : les Irlandais ne sont pas en faillite mais ont besoin d’argent.
Car ces derniers ont finalement accepté une petite obole de l’UE et du FMI d’à peu près € 70-90 milliards, uniquement pour faire plaisir aux prêteurs et leur permettre ainsi de mieux dormir la nuit bien entendu. Car le gouvernement Irlandais insiste lourdement pour que le monde entier sache bien qu’ils ne sont pas du tout en faillite ; non, ils ont juste besoin très temporairement d’un fond de trésorerie des plus minime.
Etonnant ?
En réalité non. Si le gouvernement irlandais a refusé de demander officiellement des prêts à l’UE depuis une semaine, une des raisons serait qu’il s’agissait pour lui de créer une situation intenable pour les autres pays à risque de l’UE (Portugal et Espagne) en faisant monter leurs taux de financement sur les marchés. Ce pari aurait permis aux Irlandais d’arriver finalement à la table des négociations en position de force et de pouvoir se permettre de ne pas accepter toutes les exigences d’une UE et d’un FMI paniqués à l’idée que la crise irlandaise ne se répande à tous les PIGS. C’est ainsi que, semble t’il, les Irlandais sauvèrent leur taux d’imposition sur les sociétés à 12,5% (pour combien de temps ?) alors que de nombreux membres de l’UE voulaient le voir relever à cette occasion, à commencer par la France et l’Allemagne. Ce serait donc par ce stratagème que les Irlandais obtinrent de leurs créditeurs des conditions plus souples que s’ils avaient demandé de l’aide sans autre.

Ceci dit cher lecteur, ne vous y trompez pas svp ; vous avez parfaitement compris que la situation n’est pas grave du tout puisqu’il ne s’agit absolument pas d’un problème de dette mais d’un problème très passager de liquidité. Alors vous voyez bien qu’il n’y a pas de quoi paniquer, et encore moins de s’affoler... Un malencontreux problème infinitésimal de liquidité, un peu comme celui que les banques US ont connu en Septembre 2008. Avouez qu’il n’y a franchement pas de quoi en faire une montagne, surtout que deux ans après ce problème passager toutes les banques US, anglaises et compagnie se trouvent dans une situation financière idyllique et que la reprise tant espérée nous a déjà montré de quel bois elle se chauffait. A noter que tout cela est en parfait accord avec les prédictions de nos gourous illuminés préférés, Bernanke, Geithner et tuti quanti.

Pourtant il y a des attitudes incompréhensibles.
Par exemple celle des Allemands et des Anglais. Pourquoi sont-ils si paniqués à l’idée que le tigre celtique puisse passer de vie à trépas ? Etant donné qu’ils étaient prêts à payer vous pouvez imaginer, cher lecteur, l’étendue de la panique qui les a saisi, surtout les Anglais dont la situation n’est probablement pas meilleure que celle des Irlandais et qui pourraient fort bien se retrouver prochainement en première ligne sur la liste des candidats au défaut de payement. Pourtant, depuis Dimanche soir, ces derniers vont payer « royalement » environ € 8 milliards pour aider les banques irlandaises, milliards imprimés probablement tout spécialement pour la circonstance.
Pourquoi tant de générosité lorsque l’on est soit même au bord de la banqueroute ?
Tout simplement parce-que si le système bancaire irlandais s’effondrait cela aurait des conséquences catastrophiques sur les systèmes bancaires anglais (en partie nationalisé et dont la banque la plus exposée en Irlande est RBS) et allemand. Car les banques anglaises et allemandes ont à elles seules des créances sur les banques irlandaises qui sont plus importantes que le PIB de l’Irlande, c’est-à-dire entre € 450 milliards et € 500 milliards d’euros soit € 224 milliards pour les Anglais (Sources: Bank of International Settlement) et € 206 milliards pour les Allemands (Sources: Bundesbank). Le montant total des créances des banques étrangères sur les banques irlandaises se monte lui à 320 % du PIB de l’Irlande, les banques françaises et US détenant chacune des créances d’environ € 57 milliards (Sources: Bank of International Settlement).

Voilà, cher lecteur, la vérité ; tout le monde se tient par le menton et si l’un se casse la figure les autres suivront immanquablement. Pourtant tout le monde s’obstine à sauver ceux par qui le désastre est arrivé ; les banques. Tous les plans qui furent mis en application jusqu’à aujourd’hui (des USA à l’Irlande en passant par la Grèce et la GB), tous n’ont eu pour but que le sauvetage des banques dont l’avidité sans limite (sans qu’elles soient les seules responsables puisqu’il s’agissait bien d’une hystérie collective) a créé la situation de faillite générale actuelle. Le problème est qu’en renflouant ces banques à fond perdu on ne fait que prolonger une situation artificielle en maintenant en vie des établissements qui auraient dû être abandonnés à leur sort au lieu de mettre en péril les finances publiques à leur profit.
Au lieu de restructurer ces dettes et de couper les branches pourries on maintient sous perfusion des banques croulant déjà sous les dettes en leur prêtant de l’argent qu’elles ne pourront jamais rembourser. Et nous ne parlerons pas des Etats dans la même situation... Plutôt étrange comme aide : à ceux qui meurent d’avoir trop de dettes on leur propose de faire encore plus de dettes pour s’en sortir...

Comme si les dettes n’étaient pas LE principal problème de toute la crise que nous connaissons depuis le départ ! Pourtant on continue à agir comme si les dettes n’étaient pas le problème mais la solution.

Pourtant tous nos gourous s’obstinent encore aveuglément à croire (car ils ne pensent pas) que le système qui consistait à faire fonctionner une économie à coup de dettes toujours plus grandes pourrait durer éternellement. Comme si les dettes pouvaient monter jusqu’au ciel sans aucun inconvénient, simplement en remboursant de temps en temps les intérêts sans penser au capital ; comme si Dame Croissance serait toujours là pour soutenir cette folle fuite en avant, ce délire irresponsable consistant à croire que tout irait toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes possible « ad vitam aeternam ». Et pourtant c’est exactement l'expérience qui fût tenté par une humanité en délire et nos gourous illuminés tentent toujours désespérément de sauver le Titanic alors que celui-ci a déjà heurté de plein fouet l’iceberg de dettes qui l’enverra par le fond en moins de temps qu’il n’en faudra pour l’évacuer, bien qu’il soit réputé insubmersible. Car il s’agit désormais, au cas où quelque chose puisse encore être épargné, non plus de faire plus de dettes pour sauver un système déjà mort mais de se désendetter, qu’il s’agisse des ménages, des entreprises où des Etats. Nos gourous illuminés ne savent pas encore que leur époque de gloire est passée et que nous sommes désormais entrés dans l’ère de la réduction des dépenses (ah ah ah). Le problème est qu’ils n’ont jamais compris la signification de ce terme sans parler de « vivre selon ses moyens ». Car ils ne savent pas encore qu’il n’existe pas de «free lunch».

Nous assistons donc à la redite de ce qui s’est déjà passé avec la Grèce : on soigne le mal par le mal en espérant que cela marchera. Et l’on a l’intention de poursuivre dans cette voie suicidaire avec le Portugal, voire l’Espagne... Le prochain sur la liste parait être le Portugal malgré les assurances de son gouvernement que personne ne prend très au sérieux. Il suffit de voir monter les taux d'intérêts pour s’en convaincre. S’il est le prochain le Portugal sera aussi le dernier car les suivants seront beaucoup trop gros pour être sauvés. Et cela commence par l’Espagne qui représente 12% du PIB de l’UE, c’est-à-dire le double de l’Irlande et de la Grèce et dont les besoins de financement se monteraient à € 500 milliards (à titre de comparaison le budget de la France, seconde économie de l’UE, était en 2009 d’à peu près € 400 milliards)... Inutile de vous faire un dessin, cher lecteur, pour vous faire comprendre que cela n’arrivera pas. Et que se passera t’il lorsque ce sera au tour de la Grande-Bretagne, même s’il n’incombe pas aux membres de la zone Euro de faire quoi que ce soit pour l’aider ? Que se passera t’il lorsque ce seront les USA qui auront les problèmes de financement qui leur pendent au nez ? Où le Japon ? Mais nous pouvons tout aussi bien se poser la même question pour la France.

C’est pourquoi circulent déjà dans les couloirs des chancelleries européennes, notamment entre Berlin et Paris, des murmures à consonances désagréables, des mots très grossiers, des phrases iconoclastes, bref des propos que ne tiennent pas des gens bien élevés.
Qu’est-ce à dire ?
Des mots comme « rééchelonnement » ; des mots comme « restructuration de la dette» ; des expressions atroces comme « faire payer les créditeurs », au moins en partie. Quelle pourrait bien être la signification de tout cela ? Eh bien en clair cela signifie que personne n’étant capable de payer ses dettes il n’y aura pas d’autres solutions que de faire défaut sur sa dette d’une manière où d’une autre. Comme l’Argentine il y a quelques années. Et selon les bruits en provenance de Berlin l’idée de faire payer les créanciers au moins en partie, c’est-à-dire leur faire abandonner une partie de leurs créances au profit du débiteur, cette idée a de grandes chances de devenir une règle de base même si pour le moment on nous assure que tout cela n’est que pure fantasmagorie.
La vérité crue est que les dettes empilées follement pendant des années ne seront jamais remboursées car personne n’en n’a les moyens.

Ce seront des temps difficiles car il faudra que nos politiciens bien-aimés tout comme chaque citoyen de Cochon sur Terre, il faudra alors que tout ce beau monde qui a survécu pendant des décennies avec de l’argent qui n’existait pas, c’est-à-dire de l‘argent magique, réapprenne à vivre selon ses moyens, avec de l’argent sonnant et trébuchant. Cela sera dur car il y aura beaucoup moins d’argent. Et cela sera d’autant plus dur qu’ils devront soudain prendre conscience que l’existence ne se déroule pas dans un grand parc d’attraction, un Disney Land à l’échelle planétaire, un mall où l’on peut acheter tout ce que l’on veut sans en avoir besoin et sans même avoir l’argent pour payer.
Cela signifiera également que la fin de l’argent à gogo pour rien scellera la fin des promesses électorales impossible à tenir, la fin de l’illusion collective que le paradis sur terre se trouve au coin de la rue. Allez poussons l’insanité jusqu’à faire preuve d’optimisme : peut-être cela obligera-t’il les politiciens de service à se montrer plus courageux et aux électeurs à se montrer moins stupides.

Regardez bien autour de vous, cher lecteur, regardez bien le monde dans lequel vous avez survécu jusqu’à aujourd’hui.
Regardez le bien car il s’en va.
Regardez le bien car il est mort.
Regardez autour de vous et demandez vous quelle forme prendra celui qui vient.
Regardez et demandez-vous si vous pouvez contribuer au monde qui vient sans vous accrocher à celui qui s’en va.
Enfin regardez au-dedans de vous afin de savoir si le monde que vous portez en vous aura de l’amitié pour le monde qui est en train d’émerger au-dehors.

Ce dernier point n’est pas une nécessité. C’est d’autant moins une obligation que ce qui vient ne sera pas forcément meilleur que ce qui s’en va. Ce sera peut-être pire.
Mais de toute manière chacun devra faire ses préparatifs... de départ.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

dimanche 7 novembre 2010

US mid term elections : changement de décor à venir qui nous concerne tous.

Voilà chers lecteurs, nous en avons terminé avec les élections US de mi-mandat qui ont eut lieu cette semaine. Vous pourrez toujours nous dire que nous sommes un peu lents à la détente ici, à la Chronique de Cochon sur Terre, puisque nos commentaires sur cet événement arrivent quelques jours après ceux de tout le monde...
Hum, c’est que nous les avions prévus plusieurs semaines avant tout le monde et qu’en conséquence nos lecteurs fidèles n’ont pas dû être vraiment surpris par les résultats...
De toute manière nous n’avions guère de mérite puisque même les instituts de sondage ne se sont pas trompés, c’est dire ! Mais cela ne saurait nous empêcher d’ajouter notre grain de sel aux tombereaux de commentaires dont vous avez sûrement été inondés depuis quelques jours à ce propos.

Comme prévu donc, les démocrates menés par l’ex-sauveur de l’humanité modernisante se sont pris une raclée maison par ces républicains que tous les distingués « spécialistes » et autres « analystes » pour plateaux de tv et arènes de cirque en tous genres tenaient pour définitivement enterrés il y a deux ans de cela. Non seulement ils ont perdu la majorité à la chambre des représentants mais ils sont sur la corde raide au Sénat. A noter d’ailleurs que s’il avait fallu renouveler le dit Sénat en totalité les démocrates auraient largement perdu leur majorité tout comme ils ont perdu la majorité des sièges de gouverneurs, ce qui risque d’avoir des implications importantes lors des prochaines élections présidentielles de 2012.

Bref nous n’allons pas revenir pour la n’ième fois sur le nombre de sièges perdus où gagnés par les uns et les autres. Tout cela n’a au fond que peu d'intérêt car il est fort probable qu’avec les temps qui s’annoncent les démarcations partisanes que les USA ont connu jusqu’à nos jours ne soient déjà devenues obsolètes.

Qu’est ce à dire ?
Si nous devions tirer une première leçon de ces élections nous pourrions dire qu’il y a désormais au Congrès pour la première fois des représentants d’une opposition véritable qui transcende les lignes partisanes jusqu’alors en vigueur. Reste à savoir si cette opposition maintenant élue restera fidèle à ses promesses alors que ses représentants siégeront au Congrès.
Faisons le pari que oui.

Nous entendons à satiété ici et là par les distingués commentateurs et spécialistes de service que le parti républicain, bien que vainqueur, risque de connaître des troubles internes en raison du Tea Party Movement dont des représentants sont devenus membres du Congrès.
Certes. Mais ce ne sera pas le seul à affronter le vent de révolte qui souffle désormais aux USA.
Cela dit, en ce qui concerne l’establishment républicain et de son attitude vis à vis du Tea Party Movement, nous serons rapidement mis au parfum avec les attributions de postes pour la présidence des diverses commissions dépendant de la Chambre des Représentants. La plus attendue, celle qui constituera un test majeur des intentions de l’establishment républicain vis-à-vis des républicains membres du Tea Party Movement, sera celle de l’attribution de la présidence de la commission parlementaire en charge de superviser les activités de la Fed. Le Représentant Ron Paul aurait déjà dû en être nommé président à deux reprises, en 2003 et 2005, en raison de son ancienneté, mais son propre parti s’arrangea deux fois pour l’éviter. Il est vrai que le libertarien Ron Paul était un outsider du parti républicain, un mouton noir qui tentait d’empêcher les parlementaires de tourner en rond avec les lobbys du Congrès ; ne fût-il pas pratiquement le seul à réclamer constamment un audit des activités de la Fed, notamment pour savoir le nom des établissements bénéficiaires de ses largesses et pour savoir l’état exact des réserves d’or du pays ? Ne fût-il pas le seul où presque à s’être opposé constamment aux guerres entreprises par les administrations Busch jr et poursuivies par Obama ? Ne fut-il pas le seul à avoir critiquer tous les budgets pantagruéliques accordés sans sourciller au Pentagone par tous les membres du Congrès où presque ? Ne fût-il pas un des très rares à avoir averti du danger que représentaient pour le pays les déficits budgétaires constants autant qu’insoutenables ?

Nous ne nous étendrons pas plus mais il faut souligner qu’aujourd’hui, et ce pour la première fois, Ron Paul n’est plus seul dans son combat. Au contraire ses idées de base (abaisser des impôts devenus confiscatoires et rendre aux individus leurs libertés altérées toujours plus par l’accroissement illégal des prérogatives de l’Etat) se trouvent de plus en plus partagées par de nombreux autres membres du Congrès, républicains comme démocrates, et ce sont bien celles-ci précisément qui ont donné naissance au Tea Party Movement. Cette évolution des mentalités s’est produite à la faveur de la crise que beaucoup voient désormais comme incontrôlable sans une réduction drastique des dépenses publiques, un audit des comptes de la Fed mais aussi un audit des réserves d’or du pays, ce qui n’a pas été fait depuis la guerre !

U.S. Republican Representative Ron Paul on Thursday said he will push to examine the Federal Reserve's monetary policy decisions if he takes control of the congressional subcommittee that oversees the central bank as expected in January....
Paul said his subcommittee would also push to examine the country's gold reserves and highlight the views of economists who believe that economic downturns are caused by bad monetary policy, not the vagaries of the free market....
(Sources : Reuters )


Ces principes fondamentaux cités plus haut ne sont rien d’autres que ceux que prônaient Jefferson et les républicains les plus traditionnels qui, soit dit en passant, haïssent les néo-cons. Or nous pouvons envisager désormais l’hypothèse qu’à l’avenir ces principes défendus par Ron Paul pourraient bien devenir la nouvelle ligne de démarcation politique qui impliquera alors des alliances tout à fait contre nature selon la perspective partisane qui fût en vigueur jusqu’à aujourd’hui. Il ne s’agirait dés lors plus de démocrates versus républicains mais de ceux qui veulent une réforme drastique du système politique et économique reposant sur ces principes et ceux qui ne veulent rien changer où en tout cas rien de fondamental.

Il nous semble que c’est ce que ces élections ont clairement indiqué. La politique US risque d’évoluer désormais en fonction de clivages tout à fait différent de ceux qui étaient en cours jusqu’alors puisque ces divergences supposées entre partis institutionnels ne remettaient pas en cause le système lui-même. Les républicains comme les démocrates suivaient la même ligne sur toutes les questions essentielles, en particulier la politique extérieure. Leurs différences et leurs supposées oppositions ne reposaient que sur des aménagements du système.

Il nous semble donc que ces élections pourraient marquer le début d’un affrontement beaucoup plus grave reposant sur des visions du monde divergentes, voire inconciliables. Et ce pourrait être d’autant plus spectaculaire que ce conflit sera désormais public en raison de la présence de représentants du Tea Party Movement au Congrès. En bref nous pourrions assister au combat de ceux qui voudraient en finir d’une manière où d’une autre avec le système actuel et ceux qui voudraient le conserver. Il ne s’agit pas ici de communisme où de socialisme versus capitalisme, contrairement à ce que certains réactionnaires de gauche comme de droite s’obstinent encore à nous faire croire ; il s’agit bien d’un rejet de ces deux systèmes à la fois, perçus avec raison comme les deux faces d’une même pièce, celle de l’Etat destructeur de la liberté individuelle, celle de la collectivité contre l’individu. En vérité nous retrouvons là tout le thème de l’époque dite moderne qui a si lamentablement échouée.

Car il ne faut pas s’y tromper, cher lecteur, la révolte du Tea Party Movement n’est pas qu’une question d’argent, loin de là. A travers ces questions d’impôts il s’agit du rôle que l’individu veut jouer dans sa propre vie, il s’agit de savoir si on choisit la liberté et l’autonomie individuelle où la sécurité et la collectivité fournie par l’Etat aux dépends des deux autres ; il s’agit de savoir si les populations d’aujourd’hui veulent reprendre leur destinée en main où si elles préfèrent se laisser diriger entièrement par un Etat au sein duquel la liberté n’existe plus qu’en façade pour faire bien dans le tableau ; liberté illusoire soigneusement emmaillotée entre la peur ravivée à chaque instant par la propagande officielle pour accroître toujours plus le contrôle de l’Etat sur sa population apeurée d’une part, et les déclamations hyperboliques sur les bienfaits inénarrables de la consommation échevelée et du matérialisme rationaliste le plus débridé pour maintenir les foules tranquilles d’autre part.
C’est la version contemporaine des jeux et du pain.

Nous partons de l’hypothèse, ici à la Chronique de Cochon sur Terre, que les bouleversements sont désormais inévitables sans pour autant savoir où cela mènera ; mais nous faisons l’hypothèse que lorsque les premières tentatives de réforme seront enclenchés, peut-être par ceux-là même qui voudront en éviter de plus radicales, la porte s’ouvrira alors en grand à tous les extrêmes qui, chacun à leur tour, paraîtra bénin en comparaison de ses successeurs.

La question reste lors de savoir comment se fera ce chambardement ?


La réponse à cette question repose sur la manière dont l’establishment réagira au cours des deux prochaines années à ce mouvement de révolte de son électorat. S’il en prend la tête alors il y aurait une chance pour que cela se produise de manière plus où moins ordonnée, sans trop de chaos ni de drames, de façon plus où moins instituées. En revanche s’il y résiste, si l’establishment persiste dans ses querelles de chapelle et continue son «business as usual» avec une situation politique complètement bloquée en raison de l’opposition entre les deux partis ; s’il persiste à soutenir la folie suicidaire de la politique de la Fed lâchant par hélicoptère des centaines de milliards de dollars imprimés le jour même à partir de rien tandis que la situation du pays se dégradera inévitablement toujours plus, alors oui il risque de se produire de grands événements aux USA, des événements qui pourraient devenir complètement hors de contrôle et qui pourraient remettre en cause l’entité politique USA telle que nous la connaissons aujourd’hui.


Chers lecteurs, soyez en persuadés, le changement de décor à venir aux USA nous concerne tous. En effet le combat qui commence aux USA est également le nôtre car nous devons nous aussi choisir notre camp : liberté où sécurité, individualité où collectivité.
Nous autres de la Chronique de Cochon sur Terre nous avons choisi depuis longtemps.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes