Quelle mouche a piqué la France de réintégrer l’OTAN ?
Cela ne semble pas agiter les foules particulièrement. On aurait même le sentiment que cette question, si aiguë pendant des années, soit devenue parfaitement secondaire au vu des circonstances dramatiques que nous connaissons aujourd’hui. Beaucoup d’interrogations pourraient pourtant s’imposer à quiconque s’intéresserait à cette question pas si banale malgré le désintérêt qu’on veut bien lui manifester de toute part.
Partons de l’hypothèse que la crise en cours, que certains envisagent en trois, quatre ou cinq phases, donc en développement accéléré dans tous les cas de figure, supposons donc que la crise actuelle à la fois consacre et se fasse l’instrument d’une perte de puissance spectaculaire des USA, et par conséquent d’un abaissement de leur capacité d’action dans le monde inconnu depuis le début de la seconde guerre mondiale ; état de fait dû pour faire court à une réduction drastique des budgets du Pentagone, comme il en est tant question depuis l’arrivée de la nouvelle administration (Petit rappel : le budget de ce dernier est d’environ $ 550 milliards ce qui équivalait plus ou moins au déficit budgétaire du pays en 2007). Cela imposera bien entendu une réduction de la présence des troupes US dans le monde qui se traduira par la fermeture de nombreuses bases à travers la planète (certains disent toutes), à commencer par celles qui, supposons-le, ne paraissent plus indispensables à la sécurité des USA pour plusieurs raisons : soit en raison d’un environnement politique stable et allié dont on ne verrait pas pourquoi il subirait une modification à long terme ; soit en raison d’un intérêt stratégique qui n’existerait plus du fait d’une nouvelle orientation de politique étrangère imposée par la crise et ses conséquences ; soit pour des raisons strictement budgétaires ; soit pour une conjugaison de plusieurs de ces mêmes hypothèses.
Si nous prenons l’exemple de l’Europe nous pouvons remarquer que dans ce cas ces hypothèses se rejoignent toutes pour faire de notre continent le premier à être évacué sans aucun risque pour les USA. En effet l’Europe constitue un allié sûr malgré les divergences qui peuvent naître entre les deux rives de l’Atlantique, sans parler des risques tout à fait improbables en l’état actuel des choses de révolutions au sens propre de ce terme (n’en déplaise à ceux qui fantasment à ce propos) ; de plus la menace qui avait fait se constituer l’Alliance s’est muée depuis lors en une Russie apparemment plus destinée à devenir un partenaire stratégique, économique et politique pour les Européens plutôt qu’un ennemi nécessitant la présence de coûteuses troupes US sur place pour nous défendre. Il apparaîtrait donc tout à fait superflu pour un Etat en quête d’économies drastiques de maintenir des bases, du matériel hors de prix et des milliers d’hommes sur un territoire stable et allié alors que certains à l’Etat Major US pensent que ces forces risquent d’être indispensables sur le territoire des USA lui-même dans un avenir plus ou moins proche en raison des risques de troubles à venir qu’ils prévoient dans leur pays, dus aux répercussions de la crise (Lt. Col. Nathan Freir report). A ce sujet, d’ailleurs il n’est pas inutile de garder en tête que les émeutes de Los-Angeles de 1992 n’ont pas été oubliées pour tout le monde, à commencer par les militaires et la police. Ce sont même ces souvenirs qui semblent à certains les plus proches de ce qu’ils imaginent dans leurs pires cauchemars à venir.
Alors que beaucoup parlent de la mésentente franco-allemande nous avons au contraire, me semble t’il, assisté depuis quelques semaines à un ensemble d’événements qui pourraient plutôt faire penser que le couple franco-allemand ne se porterait pas si mal que cela. Ainsi la préparation de la conférence de Munich orchestrée par les deux gouvernements, la déclaration commune de la Chancelière et du Président de la République le 7 Fevrier dernier à propos de leur désir, je cite:
"d'européaniser l'Otan pour que l'Europe pèse davantage dans ce qui sera le nouveau concept stratégique de l'Otan"(citation de la déclaration commune à Munich le 7.02.09),
l’installation d’un régiment allemand en France(déclaration commune à Munich le 07.02.09), et surtout leur prise de position vis à vis de la Russie qualifiéee de "très importante" et plus loin "nous appelons à tendre la main à la Russie et à relancer notre coopération au sein du conseil OTAN-Russie et entre l'UE et la Russie" (Communiqué commun paru dans le quotidien Süddeusche Zeitung) etc… Des faits qui pourraient passer pour anodins ou sans grand intérêt pris isolément mais qui, reliés les uns aux autres dans le contexte de crise actuel, engendrant l’affaiblissement des USA répétons-le, en donnent une tout autre perspective. Or c’est précisément dans ce cadre qu’intervient l’annonce du retour soudain de la France dans l’OTAN. Quelle drôle d’idée ! Réintégrer un organisme qui a perdu sa raison d’être il y a dix huit ans et qui, depuis lors, se trouve bien en peine de se créer une nouvelle justification de son existence ? Réintégrer un organisme dont le membre le plus influent et le plus puissant connaît de tels problèmes internes qu’il envisage sérieusement, sans encore le proclamer, de s’alléger considérablement de ce fardeau qu’il s’était mis sur le dos au cours des dernières décennies ; ce qui reviendrait à dire que son rôle dans l’Otan pourrait se réduire considérablement retirant ainsi définitivement à l’organisation toute sa substance, la laissant comme une coquille vide.
Quel intérêt pour la France à s’installer dans une coquille vide alors qu’elle en était sortie lorsque cette alliance militaire avait encore tout son sens ? Si l’on se remémore les récentes déclarations communes des dirigeants franco-allemands (voir plus haut) ainsi que leur apparente intention de poursuivre plus étroitement encore leurs coopération militaire (installation d’un régiment allemand à Strasbourg parmi d'autres), le retour de la France dans l’Otan prend un tout autre sens, surtout en gardant à l’esprit l’hypothèse d’un désengagement américain due à la crise. Ce n’est qu'alors que ce retour dans l’Otan, main dans la main avec l’Allemagne, devient plus compréhensible. Que faire d’une coquille militaire vidée de sa substance sinon lui donner une nouvelle direction, c'est-à-dire une raison d’exister à nouveau, tout en conservant pour le moment sa façade d’alors pour ne pas choquer les bonnes consciences. Qu’en faire sinon s’en servir comme du nouveau bras armé de l’Europe, rêvé tant de fois et depuis si longtemps en vain, en partenariat étroit avec la Russie dans le cadre d’une nouvelle architecture de sécurité européenne, d’après l’idée lancée par le Président Medvedev et reprise au vol par la Chancelière allemande et le Président français. Le retour de la France dans l’Otan pourrait alors être le signe annonciateur non seulement du désengagement au moins partiel des USA en Europe, mais aussi de la prise en main de leur défense par les Européens sous le leadership du couple franco-allemand. Ce qui reviendrait à transformer une organisation de défense atlantique en une armée européenne « ready made » qui n’en porterait pas encore le nom, une armée véritable avec un commandement unifié, une expérience, du matériel et des manœuvres en commun depuis cinquante ans.
Cela ne semble pas agiter les foules particulièrement. On aurait même le sentiment que cette question, si aiguë pendant des années, soit devenue parfaitement secondaire au vu des circonstances dramatiques que nous connaissons aujourd’hui. Beaucoup d’interrogations pourraient pourtant s’imposer à quiconque s’intéresserait à cette question pas si banale malgré le désintérêt qu’on veut bien lui manifester de toute part.
Partons de l’hypothèse que la crise en cours, que certains envisagent en trois, quatre ou cinq phases, donc en développement accéléré dans tous les cas de figure, supposons donc que la crise actuelle à la fois consacre et se fasse l’instrument d’une perte de puissance spectaculaire des USA, et par conséquent d’un abaissement de leur capacité d’action dans le monde inconnu depuis le début de la seconde guerre mondiale ; état de fait dû pour faire court à une réduction drastique des budgets du Pentagone, comme il en est tant question depuis l’arrivée de la nouvelle administration (Petit rappel : le budget de ce dernier est d’environ $ 550 milliards ce qui équivalait plus ou moins au déficit budgétaire du pays en 2007). Cela imposera bien entendu une réduction de la présence des troupes US dans le monde qui se traduira par la fermeture de nombreuses bases à travers la planète (certains disent toutes), à commencer par celles qui, supposons-le, ne paraissent plus indispensables à la sécurité des USA pour plusieurs raisons : soit en raison d’un environnement politique stable et allié dont on ne verrait pas pourquoi il subirait une modification à long terme ; soit en raison d’un intérêt stratégique qui n’existerait plus du fait d’une nouvelle orientation de politique étrangère imposée par la crise et ses conséquences ; soit pour des raisons strictement budgétaires ; soit pour une conjugaison de plusieurs de ces mêmes hypothèses.
Si nous prenons l’exemple de l’Europe nous pouvons remarquer que dans ce cas ces hypothèses se rejoignent toutes pour faire de notre continent le premier à être évacué sans aucun risque pour les USA. En effet l’Europe constitue un allié sûr malgré les divergences qui peuvent naître entre les deux rives de l’Atlantique, sans parler des risques tout à fait improbables en l’état actuel des choses de révolutions au sens propre de ce terme (n’en déplaise à ceux qui fantasment à ce propos) ; de plus la menace qui avait fait se constituer l’Alliance s’est muée depuis lors en une Russie apparemment plus destinée à devenir un partenaire stratégique, économique et politique pour les Européens plutôt qu’un ennemi nécessitant la présence de coûteuses troupes US sur place pour nous défendre. Il apparaîtrait donc tout à fait superflu pour un Etat en quête d’économies drastiques de maintenir des bases, du matériel hors de prix et des milliers d’hommes sur un territoire stable et allié alors que certains à l’Etat Major US pensent que ces forces risquent d’être indispensables sur le territoire des USA lui-même dans un avenir plus ou moins proche en raison des risques de troubles à venir qu’ils prévoient dans leur pays, dus aux répercussions de la crise (Lt. Col. Nathan Freir report). A ce sujet, d’ailleurs il n’est pas inutile de garder en tête que les émeutes de Los-Angeles de 1992 n’ont pas été oubliées pour tout le monde, à commencer par les militaires et la police. Ce sont même ces souvenirs qui semblent à certains les plus proches de ce qu’ils imaginent dans leurs pires cauchemars à venir.
Alors que beaucoup parlent de la mésentente franco-allemande nous avons au contraire, me semble t’il, assisté depuis quelques semaines à un ensemble d’événements qui pourraient plutôt faire penser que le couple franco-allemand ne se porterait pas si mal que cela. Ainsi la préparation de la conférence de Munich orchestrée par les deux gouvernements, la déclaration commune de la Chancelière et du Président de la République le 7 Fevrier dernier à propos de leur désir, je cite:
"d'européaniser l'Otan pour que l'Europe pèse davantage dans ce qui sera le nouveau concept stratégique de l'Otan"(citation de la déclaration commune à Munich le 7.02.09),
l’installation d’un régiment allemand en France(déclaration commune à Munich le 07.02.09), et surtout leur prise de position vis à vis de la Russie qualifiéee de "très importante" et plus loin "nous appelons à tendre la main à la Russie et à relancer notre coopération au sein du conseil OTAN-Russie et entre l'UE et la Russie" (Communiqué commun paru dans le quotidien Süddeusche Zeitung) etc… Des faits qui pourraient passer pour anodins ou sans grand intérêt pris isolément mais qui, reliés les uns aux autres dans le contexte de crise actuel, engendrant l’affaiblissement des USA répétons-le, en donnent une tout autre perspective. Or c’est précisément dans ce cadre qu’intervient l’annonce du retour soudain de la France dans l’OTAN. Quelle drôle d’idée ! Réintégrer un organisme qui a perdu sa raison d’être il y a dix huit ans et qui, depuis lors, se trouve bien en peine de se créer une nouvelle justification de son existence ? Réintégrer un organisme dont le membre le plus influent et le plus puissant connaît de tels problèmes internes qu’il envisage sérieusement, sans encore le proclamer, de s’alléger considérablement de ce fardeau qu’il s’était mis sur le dos au cours des dernières décennies ; ce qui reviendrait à dire que son rôle dans l’Otan pourrait se réduire considérablement retirant ainsi définitivement à l’organisation toute sa substance, la laissant comme une coquille vide.
Quel intérêt pour la France à s’installer dans une coquille vide alors qu’elle en était sortie lorsque cette alliance militaire avait encore tout son sens ? Si l’on se remémore les récentes déclarations communes des dirigeants franco-allemands (voir plus haut) ainsi que leur apparente intention de poursuivre plus étroitement encore leurs coopération militaire (installation d’un régiment allemand à Strasbourg parmi d'autres), le retour de la France dans l’Otan prend un tout autre sens, surtout en gardant à l’esprit l’hypothèse d’un désengagement américain due à la crise. Ce n’est qu'alors que ce retour dans l’Otan, main dans la main avec l’Allemagne, devient plus compréhensible. Que faire d’une coquille militaire vidée de sa substance sinon lui donner une nouvelle direction, c'est-à-dire une raison d’exister à nouveau, tout en conservant pour le moment sa façade d’alors pour ne pas choquer les bonnes consciences. Qu’en faire sinon s’en servir comme du nouveau bras armé de l’Europe, rêvé tant de fois et depuis si longtemps en vain, en partenariat étroit avec la Russie dans le cadre d’une nouvelle architecture de sécurité européenne, d’après l’idée lancée par le Président Medvedev et reprise au vol par la Chancelière allemande et le Président français. Le retour de la France dans l’Otan pourrait alors être le signe annonciateur non seulement du désengagement au moins partiel des USA en Europe, mais aussi de la prise en main de leur défense par les Européens sous le leadership du couple franco-allemand. Ce qui reviendrait à transformer une organisation de défense atlantique en une armée européenne « ready made » qui n’en porterait pas encore le nom, une armée véritable avec un commandement unifié, une expérience, du matériel et des manœuvres en commun depuis cinquante ans.
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