mardi 13 octobre 2009

Obama où le prix élevé de la paix

Le Président des USA a reçu le Prix Nobel de la Paix. Les réactions sont mitigées, c’est peu de le dire, notamment aux USA, mais pas exclusivement.

Bien entendu on ne peut que se poser la question, comme bien d’autres: si vite et pour quelles actions ?

"We trust that this award will strengthen his commitment, as the leader of the most powerful nation in the world, to continue promoting peace and the eradication of poverty," the foundation said.

Voilà la réponse du Comité qui décerna ce prix. En réalité cela pourrait s’apparenter à un voeu que d’aucuns qualifieront immédiatement de voeu pieux au vu de l’évolution réelle de la situation depuis le mois de Janvier dernier.

En effet la seule véritable action du Président des USA en politique étrangère fût de supprimer le BMDE au profit d’un autre système de défense afin d’aplanir les tensions avec les russes héritées de la précédente administration.

Au-delà de cela il n’y a pour l’instant rien de changé concrètement dans la politique étrangère des USA, en tout cas rien qui l’en démarque des activités de la précédente administration à part de beaux discours qui ne sont suivis d’aucuns actes concrets.

La situation en Irak n’a pas évolué; le pays est toujours occupé et le retrait des troupes US ne se fait qu’avec une grande lenteur tandis que l’objectif du désengagement complet en Irak n’interviendra pas avant 2012 au plus tôt.

En revanche la situation au Pakistan s’est détériorée de manière alarmante grâce à la promotion de cette région en tant que nouveau front dans la guerre anti-terroriste. Le résultat de l’extension de la guerre d’Afghanistan au Pakistan, nouvelle priorité du Président récipiendaire du Prix Nobel de la Paix, fût de créer deux millions de réfugiés, entraînant l’accroissement du mécontentement de la population contre l’Amérique, la recrudescence du terrorisme dans le pays et l’affaiblissement dangereux du gouvernement légal.

En Afghanistan précisément la situation se détériore chaque jour un peu plus, le Président récipiendaire du Prix Nobel de la Paix y a envoyé 23.000 hommes de plus dés le début de son mandat et envisage désormais d’en envoyer encore plus puisque la Maison Blanche a déclaré la semaine dernière que le Président excluait l’idée du retrait des troupes US de ce pays.

En Israël et en Palestine la situation n’a pas évoluée non plus, et ce d’autant moins que le Président récipiendaire du Prix Nobel de la Paix n’est pas allé au-delà de la rhétorique en ce qui concerne le gel des «settlements» qui semblent continuer tranquillement à éclore comme si de rien n’était.

Et ne parlons pas du Goldstone Report que l’administration du récipiendaire du Prix Nobel de la Paix a enterré en utilisant la menace afin que les Palestiniens n’en fassent plus état.

En ce qui concerne l’Iran la menace d’attaque est toujours explicitement d’actualité et il est encore trop tôt pour savoir quelle est la volonté réelle de l’Administration sur ce dossier, si cette dernière cédera aux pressions des faucons où au contraire parviendra à un accord avec l’Iran.

Quant à la volonté de dénucléarisation du monde du Président récipiendaire du Prix Nobel de la Paix, il n’est pas le premier. Mais surtout d’autres que lui se sont engagés concrètement pour ce faire avec des résultats à la clé; par exemple Reagan et Gorbatchev, où plus tard Busch Sénior et Gorbatchev lors de la signature des accords Salt. Pour le moment ce ne sont encore que des paroles, même si la volonté existe certainement et qu’avec un peu de chance nous pourrons en voir l’aboutissement à la fin de l’année. Mais dans ce cas la volonté du Président Medvedev aura été aussi décisive que celle d’Obama.

Si, comme vu plus haut, l’attribution d’un prix Nobel de la Paix est fait pour encourager le récipiendaire dans la bonne direction, où en tout cas dans celle jugée telle par le Comité, avant même tout résultat concret;

si l’attribution d’un prix Nobel de la Paix se base sur des discours et de belles paroles avant même que celles-ci ne soient mises en application;

si l’attribution du Prix Nobel de la Paix est basé sur la seule création d’un «nouveau climat international» grâce aux belles paroles évoquées plus haut;

alors nous pouvons nous attendre à ce que le «dear leader» de Corée du Nord en soit récompensé un jour pourvu qu’il se mette à parler dénucléarisation, paix et amour de l’autre, notamment de son peuple qu’il fait crever de faim entre autres sévices sympathiques.

Et ce qu’il faut encore ajouter à tout cela c’est que ce Prix ne va pas faciliter la tâche du récipiendaire mais plutôt la lui compliquer significativement puisque l’ombre d’Alfred Nobel planera désormais au-dessus de toutes ses decisions, notamment lorsqu’il devra d’ici peu de temps décider de l’envoi de nouvelles troupes en Afghanistan, puisqu’il a d’ores et déjà mis l’option du retrait à la poubelle.

Gageons qu’à cette occasion, comme à toutes celles qui suivront, ce prix lui sera inévitablement jeté au visage, ce qui pourra être un facteur de plus contribuant à la déconsidération et à l’affaiblissement du Président aux yeux de l’opinion nationale et internationale. Ce prix sera une cause d’hésitation de plus dans les prises de décisions du President, accroissant encore l’impression générale de manque de caractere et de volonté, en clair accentuant le sentiment d’un éxécutif faible, paralysé et incapable de prendre les decisions nécéssaires pour sauver une situation de plus en plus dangereuse.

Avec ce prix nous retrouvons encore cette attente presque désespérée qui ne correspond pas à la réalité, cette attente que le Président parvienne à sauver le monde, où en tout cas les USA, de la situation sans issue dans laquelle ils se trouvent. C’est encore ce même schéma que l’on avait vu à l’oeuvre lors de l'élection présidentielle. Plus grande l'espérance, aussi irrationnelle soit-elle, plus rapide la déception et plus furieuse sera la réaction. La rage des cinq membres du Comité du Prix Nobel ne nous causera pas beaucoup d’inquiétude; en revanche celle des américains, qui s'accroît toujours plus, aurait de quoi causer des nuits blanches aux irresponsables de l’establishment US.

1 commentaire:

nataliedevilmorin a dit…

Mais bien sûr il a très bien compris le message de tous les "voeux pieux" qui lui ont décerné le prix: il est chargé de "rétablir" la paix voyons! la preuve: il vient d'envoyer 30.000 hommes de plus en Afghanistan! parce que: "Si vis pacem, para bellum" naturellement. D'ailleurs il ne compte pas la rétablir tout seul, cette paix; il est en train de faire pression sur les allemands (entre autres) avec notamment cet argument; "ce n'est pas seulement la guerre des U.S.A."
La Guerre! Merci Comité Nobel de la Paix.