On nous avait prévenu, nous l’attendions sans grande conviction, certains l'espérait d’autres la craignait, tous se demandait non pas SI mais QUANT cela arriverait
Depuis Vendredi soir c’est fait.
Les USA ont perdu leur note AAA par la vertu de l’agence de notation Standard & Poor. Nous savons que Vendredi l’administration US a tenté de convaincre S&P de ne pas dégrader la note des USA. Mais l’agence de notation a passé outre.
Désormais la note des USA est AA+ avec perspective négative.
La rumeur courrait déjà les salles de marché tout au long de la journée de Vendredi ce qui a provoqué l’accélération de la chute des marchés jusqu’à l’annonce officielle faite vers huit du soir ce même jour. Bien entendu l’Administration s’est empressée de condamner ce crime de lèse-majesté en déclarant notamment que l’agence s’était trompé dans ses calculs de US $ 2.000 milliards ce qui, selon elle, aurait permis de ne pas dégrader la fameuse note.
US $ 2.000 milliards ! C’est étonnant de voir l’administration US se préoccuper d’une somme aussi mesquine alors que les mêmes ne sont pas du tout gênés d’avoir des déficits annuels de US $ 1.500 milliards.
A ce propos la mascarade du relèvement du plafond de la dette n’a pas aidé à redorer l’image du pays. Bien au contraire cela a permis de convaincre même les plus obtus que jamais une administration US ne fera quoi que ce soit pour limiter les déficits annuels exorbitants du pays. Ni les démocrates ni les républicains. Certains veulent bien limiter les déficits mais refusent toute augmentation d’impôts ; les autres ne veulent pas limiter les dépenses sociales, où le moins possible, mais veulent augmenter les impôts. Et tous se retrouvent unis pour refuser toute limitation des dépenses militaires. Or le budget du Pentagone, bon an mal an, tourne autour de US $ 1.000/1.200 milliards.
Hummm... l’empire coûte cher.
La vérité est que le complexe militaro-industriel a ruiné le pays.
Et le cirque du relèvement du plafond de la dette, qui n’était rien d’autre qu’une bataille pour limiter les possibilités de manoeuvre d’Obama en vue des élections présidentielles, les fameuses négociations acharnées, cette lutte de tigres de papier, n’a abouti qu’à un vague compromis parfaitement ridicule si on garde en perspective la situation budgétaire des USA.
On nous a jeté à la figure, sans grande conviction il est vrai, que l’oligarchie au pouvoir était arrivée à un compromis « historique », comme d’hab... On nous a presque fait croire que l’oligarchie US avait à nouveau sauvé le pays du désastre. Qu’on se le dise le Congrès des USA a promis de faire un effort d’économie inouï de US $ 2.000 milliard. Non, pas chaque année, mais sur dix ans ! Ce qui signifie un vraiment très maigre US $ 200 millions par an. Autant dire que c’est de la pure rigolade si on garde en mémoire que le déficit de l’état fédéral est de US $ 1.500 milliards pas an...
Or l’agence S&P avait annoncé pendant l’épique « bataille » pour le relèvement du plafond de la dette qu’il faudrait au moins US $ 4.000 milliards d’économie sur dix an pour éviter une dégradation de la note du pays. S&P pensait-elle vraiment que le Congrès voterait une réduction des dépenses fédérales de cette ampleur, même si c’était déjà notoirement insuffisant puisque la dette n’aurait pas cessé d’augmenter pour autant. C’est douteux.
On ne cesse de nous dire que que le déficit des USA est d’environ 11% par an. Mais 11% par rapport à quoi ? Par rapport au GDP cher lecteur, vous le savez. En ce cas nous trouvons déjà que 11% est énorme bien évidemment. En réalité cette manière de comparer le déficit au GDP n’est pas forcément la plus parlante. En revanche, là où cela devient intéressant et beaucoup moins abstrait, c’est lorsque l’on se pose la question de savoir non seulement quand mais surtout comment l’état va pouvoir rembourser ses dettes. Car pour pouvoir rembourser ses dettes nous devons savoir à combien se montent nos revenus puisque ce ne peut-être qu’en fonction de ces derniers que vous serez capables de payer vos dettes. C’est assez logique. Pour nous en tout cas. Pour les oligarques qui nous gouvernent cela ressemble à de la science fiction.
Prenons un exemple très simple basé sur la situation des USA avec des sommes compréhensibles pour tous.
Vous avez un revenu d’environ US $ 34.000 par an.
Vous avez une dette de US $ 140.000.
Et vous devez emprunter à peu près US $ 15.000 par an pour joindre les deux bouts.
Qu’est-ce qui vous frappe le plus dans cette situation ?
N’est-il pas plutôt inquiétant de voir que la moitié de vos dépenses se font à crédit ? Pour chaque dollar dépensé vous en empruntez 0,5.
Peut-être parviendrez-vous à payer encore les intérêts de votre dette tant que ceux-ci seront maintenus au ras des pâquerettes, mais pour le remboursement du principal c’est impossible. Et lorsque vos amis chinois ne vous prêteront plus d’argent par crainte de perdre tout ce qu’ils vous auront prêté, les taux d’intérêts monteront si haut que vous ne pourrez plus payer les intérêts non plus.
Il n’y a que deux solutions pour éviter la faillite :
1) soit on ajuste ses dépenses à ses revenus
2) soit on augmente ses revenus pour couvrir ses dépenses
On l’a vu la solution numéro 1 est impossible.
La solution numéro deux l’est tout autant. Pourquoi ? Parce-que les revenus de l’état fédéral , comme ceux des états fédérés et des villes, sont en chute libre du fait de la récession, qui n’a jamais disparue quoi qu’on en ait dit. L’augmentation constante du nombre de chômeurs ne fait que creuser la chute des revenus des gouvernements.
A ce propos l’étude des chiffres publiés par l’administration ce Vendredi sont éclairant en dépit des cris triomphants et mensongers de certains.
Qu’on en juge.
On nous cite deux chiffres afin de nous prouver combien la situation est en passe de s’améliorer :
- Le premier concerne les 117.000 emplois crées au mois de Juillet.
Officiellement il y eut donc 117.000 emplois créés au mois de Juillet, chiffre obtenu par la soustraction des 37.000 emplois perdus dans le secteur gouvernemental au gain de 154.000 emplois dans le secteur privé. Le problème est que si on fait la moyenne des trois derniers mois le gain n’est que de 72.000 emplois contre 256.000 pour les trois mois précédents... Or si on tient compte de l’augmentation de la population en âge de travailler depuis Décembre 2007 (4.3 millions personnes), à laquelle il faudrait ajouter ceux qui ont perdus leur emploi depuis cette même date, on aboutit au chiffre de 11.1 millions emplois à créer. Si l’on voulait, à partir de ces chiffres, revenir au niveau d’emploi d’avant la récession il faudrait créer 400.000 emplois par mois pendant trois ans.
Hummm...
- Le second chiffre mirobolant concerne la soit-disant chute du chômage de 9,2 % à 9.1 % ce mois-ci.
La vérité est que cette chute apparente n’est qu’un artifice comptable. La réalité est que cette baisse du chômage n’est due qu’a la disparition des listes du chômage officiel de 193.000 personnes qui ont eu la malchance de se retrouver au chômage depuis plus d’un an depuis début Juillet. Ils ne sont donc plus comptés dans les listes officielles du chômage. Malgré tout ils n’ont toujours pas de travail.
La réalité donc est que le nombre total de personnes qui avaient un travail en Juillet a chuté de 38.000 par rapport au mois précédent.
Ce qui signifie, cher lecteur, que la chute des recettes fiscales va se poursuivre et que les USA se retrouvent dans une impasse.
C’est pour cette raison que nombreux sont ceux qui comparent la situation des USA à celle de la Grèce. Mais il existe une différence : la Grèce ne peut pas créer d’argent «out of thin air» pour payer ses dettes. Les USA, oui. Et c’est ce à quoi a servi le QE2 puisque plus de 70 % de la dette émise par les USA depuis Novembre 2010 a été acheté par la FED et ses fidéis commis. C’est pour cette raison que techniquement les USA pourraient ne jamais se retrouver en faillite (sauf si le plafond de la dette n’est pas relevé dans un an et demi) puisqu’ils pourront toujours imprimer l’argent dont ils auront besoin. Mais cela tuera définitivement le dollar, sans parler de la destruction du pouvoir d’achat des Américains (on parle de -20% au minimum) ni du probable coup de frein très brutal des importations des USA, sans parler de la question énergétique. Avec une monnaie de singe comment acheter du pétrole au prix fort où, pire encore, du pétrole facturé dans une monnaie autre que le dollar, comme il en est de plus en plus question ?
A ce moment là il ne faudra plus comparer les USA avec la Grèce. Ce sera probablement bien pire ; la comparaison se fera avec le Zimbabwe où avec la République de Weimar, de triste mémoire étant donné le résultat que cela a donné.
Désormais le monde fonctionne sans boussole ni économique ni politique. Encore une fois c'est la multipolarité économique et politique qui se rappelle à notre bon souvenir et que désormais plus personne ne pourra faire semblant d'ignorer. Selon Mohamed El-Erian, the chief executive of PIMCO, the world’s biggest bond fund :
“… Friday’s downgrade will erode over time the standing of the global public goods [the US] supplies—from the dollar as the world’s reserve currency to its financial markets as the best place for other countries to outsource their hard-earned savings. This will weaken the effectiveness of the US as the global anchor, accelerating the unsteady migration to a multi-polar system while increasing the risk of economic fragmentation.”
(Sources : Financial Times - 6 Août 2011)
Alors qu’est-ce que la dégradation de la note des USA aura comme conséquence immédiate ?
Hummm...
« Immédiate » nous n’en savons rien.
Nous verrons cela demain matin à l’ouverture des marchés. S’il y a une fuite éperdue hors des bonds du trésor US et des actifs libellés en dollar, la situation pourrait se dégrader à une vitesse impressionnante, les marchés chuter à la verticale. Cela signifierait également que les taux d'intérêts des bonds du trésor US monteraient en flèche, augmentant du même coup le coût de la dette du pays dans des proportions qu’il ne pourrait plus soutenir. Cela accélérerait la mise en place d’un QE3, 4, 5 etc pour être en mesure de payer les factures de l’état fédéral ce qui aboutirait à une nouvelle dégradation du désormais AA+. Et cela entraînerait immanquablement une chute encore plus vertigineuse du dollar et la perte définitive et officielle de son statut de monnaie de réserve etc... Bref un cataclysme financier et une situation interne extrêmement précaire pour les USA avec des risques très sérieux d’émeutes et de révolte, voire pire , comme s’y prépare l’armée US depuis quelques temps.
En ce qui concerne le début de la semaine la question est de savoir si les fonds de pension, les compagnies d’assurance où encore les banques centrales, qui sont tenus par les législations de ne détenir en portefeuille que des actifs estampillés AAA, se verront forcé de vendre leurs actifs libellés en dollar et autres bonds du trésor, où pourront-ils les garder en considérant que seule une agence de notation sur trois a dégradé les USA ?
Nous le saurons dés demain.
En revanche à moyen terme ce scénario est quasiment inéluctable.
Il nous semble que cette dégradation de la note des USA, outre ses effets financiers et économiques, est avant tout très importante symboliquement. Et ce symbolisme aura certainement une portée immense sur la communauté internationale, et ce d’autant plus après la comédie lamentable du relèvement du plafond de la dette. Cela pourrait bien être l'événement marquant le début de la prise de conscience officielle par la communauté internationale que les USA ne sont définitivement plus ce que l'on croyait qu'ils étaient encore. (Ce n’est pas trop tôt nous direz-vous avec raison). C’est-à-dire, en quelque sorte, la mort officielle du mirage de «l’american dream» et la fin du soit-disant «superpower». En gros cela signifie qu’il faudra faire désormais sans eux, c'est à dire sans leurs interventions incessantes dans les affaires du monde. Il faudra donc s’attendre à des remises en cause de plus en plus virulentes, voire violentes, de ce qui reste de ce système à mesure que sa disparition dans les esprits fera place à un vacuum d’autant plus grand à mesure que les USA cesseront d'être les interlocuteurs incontournables dans les affaires internationales. Et il ne faudra pas être surpris par la vitesse que se processus prendra car il est déjà en cours, comme nous l’avons mainte fois souligné.
L’effet psychologique de cette dégradation de la note des USA sur le long terme sera encore plus important et dévastateur pour le système que son impact sur les marchés financier. Car cette dégradation de la note des USA est non seulement une sorte d’acte de décès officiel du système dont les USA étaient les promoteurs et les farouches gardiens, mais c’est également une invitation subliminale à se mettre en quête d’un autre genre d’organisation pour sauver les meubles. Nous pouvons donc parier sans trop de crainte de se tromper que nous serons les témoins dans un avenir proche d'événements sur la scène internationale que nous n’aurions pas cru possible avant hier ; et ce avec d’autant plus d’impunité qu’il n’y aura plus personne pour empêcher le remplacement du système "actuel
Vendredi fût l'acte de naissance officiel du retour de la multipolarité dans les affaires du monde.
Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.
Depuis Vendredi soir c’est fait.
Les USA ont perdu leur note AAA par la vertu de l’agence de notation Standard & Poor. Nous savons que Vendredi l’administration US a tenté de convaincre S&P de ne pas dégrader la note des USA. Mais l’agence de notation a passé outre.
Désormais la note des USA est AA+ avec perspective négative.
La rumeur courrait déjà les salles de marché tout au long de la journée de Vendredi ce qui a provoqué l’accélération de la chute des marchés jusqu’à l’annonce officielle faite vers huit du soir ce même jour. Bien entendu l’Administration s’est empressée de condamner ce crime de lèse-majesté en déclarant notamment que l’agence s’était trompé dans ses calculs de US $ 2.000 milliards ce qui, selon elle, aurait permis de ne pas dégrader la fameuse note.
US $ 2.000 milliards ! C’est étonnant de voir l’administration US se préoccuper d’une somme aussi mesquine alors que les mêmes ne sont pas du tout gênés d’avoir des déficits annuels de US $ 1.500 milliards.
A ce propos la mascarade du relèvement du plafond de la dette n’a pas aidé à redorer l’image du pays. Bien au contraire cela a permis de convaincre même les plus obtus que jamais une administration US ne fera quoi que ce soit pour limiter les déficits annuels exorbitants du pays. Ni les démocrates ni les républicains. Certains veulent bien limiter les déficits mais refusent toute augmentation d’impôts ; les autres ne veulent pas limiter les dépenses sociales, où le moins possible, mais veulent augmenter les impôts. Et tous se retrouvent unis pour refuser toute limitation des dépenses militaires. Or le budget du Pentagone, bon an mal an, tourne autour de US $ 1.000/1.200 milliards.
Hummm... l’empire coûte cher.
La vérité est que le complexe militaro-industriel a ruiné le pays.
Et le cirque du relèvement du plafond de la dette, qui n’était rien d’autre qu’une bataille pour limiter les possibilités de manoeuvre d’Obama en vue des élections présidentielles, les fameuses négociations acharnées, cette lutte de tigres de papier, n’a abouti qu’à un vague compromis parfaitement ridicule si on garde en perspective la situation budgétaire des USA.
On nous a jeté à la figure, sans grande conviction il est vrai, que l’oligarchie au pouvoir était arrivée à un compromis « historique », comme d’hab... On nous a presque fait croire que l’oligarchie US avait à nouveau sauvé le pays du désastre. Qu’on se le dise le Congrès des USA a promis de faire un effort d’économie inouï de US $ 2.000 milliard. Non, pas chaque année, mais sur dix ans ! Ce qui signifie un vraiment très maigre US $ 200 millions par an. Autant dire que c’est de la pure rigolade si on garde en mémoire que le déficit de l’état fédéral est de US $ 1.500 milliards pas an...
Or l’agence S&P avait annoncé pendant l’épique « bataille » pour le relèvement du plafond de la dette qu’il faudrait au moins US $ 4.000 milliards d’économie sur dix an pour éviter une dégradation de la note du pays. S&P pensait-elle vraiment que le Congrès voterait une réduction des dépenses fédérales de cette ampleur, même si c’était déjà notoirement insuffisant puisque la dette n’aurait pas cessé d’augmenter pour autant. C’est douteux.
On ne cesse de nous dire que que le déficit des USA est d’environ 11% par an. Mais 11% par rapport à quoi ? Par rapport au GDP cher lecteur, vous le savez. En ce cas nous trouvons déjà que 11% est énorme bien évidemment. En réalité cette manière de comparer le déficit au GDP n’est pas forcément la plus parlante. En revanche, là où cela devient intéressant et beaucoup moins abstrait, c’est lorsque l’on se pose la question de savoir non seulement quand mais surtout comment l’état va pouvoir rembourser ses dettes. Car pour pouvoir rembourser ses dettes nous devons savoir à combien se montent nos revenus puisque ce ne peut-être qu’en fonction de ces derniers que vous serez capables de payer vos dettes. C’est assez logique. Pour nous en tout cas. Pour les oligarques qui nous gouvernent cela ressemble à de la science fiction.
Prenons un exemple très simple basé sur la situation des USA avec des sommes compréhensibles pour tous.
Vous avez un revenu d’environ US $ 34.000 par an.
Vous avez une dette de US $ 140.000.
Et vous devez emprunter à peu près US $ 15.000 par an pour joindre les deux bouts.
Qu’est-ce qui vous frappe le plus dans cette situation ?
N’est-il pas plutôt inquiétant de voir que la moitié de vos dépenses se font à crédit ? Pour chaque dollar dépensé vous en empruntez 0,5.
Peut-être parviendrez-vous à payer encore les intérêts de votre dette tant que ceux-ci seront maintenus au ras des pâquerettes, mais pour le remboursement du principal c’est impossible. Et lorsque vos amis chinois ne vous prêteront plus d’argent par crainte de perdre tout ce qu’ils vous auront prêté, les taux d’intérêts monteront si haut que vous ne pourrez plus payer les intérêts non plus.
Il n’y a que deux solutions pour éviter la faillite :
1) soit on ajuste ses dépenses à ses revenus
2) soit on augmente ses revenus pour couvrir ses dépenses
On l’a vu la solution numéro 1 est impossible.
La solution numéro deux l’est tout autant. Pourquoi ? Parce-que les revenus de l’état fédéral , comme ceux des états fédérés et des villes, sont en chute libre du fait de la récession, qui n’a jamais disparue quoi qu’on en ait dit. L’augmentation constante du nombre de chômeurs ne fait que creuser la chute des revenus des gouvernements.
A ce propos l’étude des chiffres publiés par l’administration ce Vendredi sont éclairant en dépit des cris triomphants et mensongers de certains.
Qu’on en juge.
On nous cite deux chiffres afin de nous prouver combien la situation est en passe de s’améliorer :
- Le premier concerne les 117.000 emplois crées au mois de Juillet.
Officiellement il y eut donc 117.000 emplois créés au mois de Juillet, chiffre obtenu par la soustraction des 37.000 emplois perdus dans le secteur gouvernemental au gain de 154.000 emplois dans le secteur privé. Le problème est que si on fait la moyenne des trois derniers mois le gain n’est que de 72.000 emplois contre 256.000 pour les trois mois précédents... Or si on tient compte de l’augmentation de la population en âge de travailler depuis Décembre 2007 (4.3 millions personnes), à laquelle il faudrait ajouter ceux qui ont perdus leur emploi depuis cette même date, on aboutit au chiffre de 11.1 millions emplois à créer. Si l’on voulait, à partir de ces chiffres, revenir au niveau d’emploi d’avant la récession il faudrait créer 400.000 emplois par mois pendant trois ans.
Hummm...
- Le second chiffre mirobolant concerne la soit-disant chute du chômage de 9,2 % à 9.1 % ce mois-ci.
La vérité est que cette chute apparente n’est qu’un artifice comptable. La réalité est que cette baisse du chômage n’est due qu’a la disparition des listes du chômage officiel de 193.000 personnes qui ont eu la malchance de se retrouver au chômage depuis plus d’un an depuis début Juillet. Ils ne sont donc plus comptés dans les listes officielles du chômage. Malgré tout ils n’ont toujours pas de travail.
La réalité donc est que le nombre total de personnes qui avaient un travail en Juillet a chuté de 38.000 par rapport au mois précédent.
Ce qui signifie, cher lecteur, que la chute des recettes fiscales va se poursuivre et que les USA se retrouvent dans une impasse.
C’est pour cette raison que nombreux sont ceux qui comparent la situation des USA à celle de la Grèce. Mais il existe une différence : la Grèce ne peut pas créer d’argent «out of thin air» pour payer ses dettes. Les USA, oui. Et c’est ce à quoi a servi le QE2 puisque plus de 70 % de la dette émise par les USA depuis Novembre 2010 a été acheté par la FED et ses fidéis commis. C’est pour cette raison que techniquement les USA pourraient ne jamais se retrouver en faillite (sauf si le plafond de la dette n’est pas relevé dans un an et demi) puisqu’ils pourront toujours imprimer l’argent dont ils auront besoin. Mais cela tuera définitivement le dollar, sans parler de la destruction du pouvoir d’achat des Américains (on parle de -20% au minimum) ni du probable coup de frein très brutal des importations des USA, sans parler de la question énergétique. Avec une monnaie de singe comment acheter du pétrole au prix fort où, pire encore, du pétrole facturé dans une monnaie autre que le dollar, comme il en est de plus en plus question ?
A ce moment là il ne faudra plus comparer les USA avec la Grèce. Ce sera probablement bien pire ; la comparaison se fera avec le Zimbabwe où avec la République de Weimar, de triste mémoire étant donné le résultat que cela a donné.
Désormais le monde fonctionne sans boussole ni économique ni politique. Encore une fois c'est la multipolarité économique et politique qui se rappelle à notre bon souvenir et que désormais plus personne ne pourra faire semblant d'ignorer. Selon Mohamed El-Erian, the chief executive of PIMCO, the world’s biggest bond fund :
“… Friday’s downgrade will erode over time the standing of the global public goods [the US] supplies—from the dollar as the world’s reserve currency to its financial markets as the best place for other countries to outsource their hard-earned savings. This will weaken the effectiveness of the US as the global anchor, accelerating the unsteady migration to a multi-polar system while increasing the risk of economic fragmentation.”
(Sources : Financial Times - 6 Août 2011)
Alors qu’est-ce que la dégradation de la note des USA aura comme conséquence immédiate ?
Hummm...
« Immédiate » nous n’en savons rien.
Nous verrons cela demain matin à l’ouverture des marchés. S’il y a une fuite éperdue hors des bonds du trésor US et des actifs libellés en dollar, la situation pourrait se dégrader à une vitesse impressionnante, les marchés chuter à la verticale. Cela signifierait également que les taux d'intérêts des bonds du trésor US monteraient en flèche, augmentant du même coup le coût de la dette du pays dans des proportions qu’il ne pourrait plus soutenir. Cela accélérerait la mise en place d’un QE3, 4, 5 etc pour être en mesure de payer les factures de l’état fédéral ce qui aboutirait à une nouvelle dégradation du désormais AA+. Et cela entraînerait immanquablement une chute encore plus vertigineuse du dollar et la perte définitive et officielle de son statut de monnaie de réserve etc... Bref un cataclysme financier et une situation interne extrêmement précaire pour les USA avec des risques très sérieux d’émeutes et de révolte, voire pire , comme s’y prépare l’armée US depuis quelques temps.
En ce qui concerne le début de la semaine la question est de savoir si les fonds de pension, les compagnies d’assurance où encore les banques centrales, qui sont tenus par les législations de ne détenir en portefeuille que des actifs estampillés AAA, se verront forcé de vendre leurs actifs libellés en dollar et autres bonds du trésor, où pourront-ils les garder en considérant que seule une agence de notation sur trois a dégradé les USA ?
Nous le saurons dés demain.
En revanche à moyen terme ce scénario est quasiment inéluctable.
Il nous semble que cette dégradation de la note des USA, outre ses effets financiers et économiques, est avant tout très importante symboliquement. Et ce symbolisme aura certainement une portée immense sur la communauté internationale, et ce d’autant plus après la comédie lamentable du relèvement du plafond de la dette. Cela pourrait bien être l'événement marquant le début de la prise de conscience officielle par la communauté internationale que les USA ne sont définitivement plus ce que l'on croyait qu'ils étaient encore. (Ce n’est pas trop tôt nous direz-vous avec raison). C’est-à-dire, en quelque sorte, la mort officielle du mirage de «l’american dream» et la fin du soit-disant «superpower». En gros cela signifie qu’il faudra faire désormais sans eux, c'est à dire sans leurs interventions incessantes dans les affaires du monde. Il faudra donc s’attendre à des remises en cause de plus en plus virulentes, voire violentes, de ce qui reste de ce système à mesure que sa disparition dans les esprits fera place à un vacuum d’autant plus grand à mesure que les USA cesseront d'être les interlocuteurs incontournables dans les affaires internationales. Et il ne faudra pas être surpris par la vitesse que se processus prendra car il est déjà en cours, comme nous l’avons mainte fois souligné.
L’effet psychologique de cette dégradation de la note des USA sur le long terme sera encore plus important et dévastateur pour le système que son impact sur les marchés financier. Car cette dégradation de la note des USA est non seulement une sorte d’acte de décès officiel du système dont les USA étaient les promoteurs et les farouches gardiens, mais c’est également une invitation subliminale à se mettre en quête d’un autre genre d’organisation pour sauver les meubles. Nous pouvons donc parier sans trop de crainte de se tromper que nous serons les témoins dans un avenir proche d'événements sur la scène internationale que nous n’aurions pas cru possible avant hier ; et ce avec d’autant plus d’impunité qu’il n’y aura plus personne pour empêcher le remplacement du système "actuel
Vendredi fût l'acte de naissance officiel du retour de la multipolarité dans les affaires du monde.
Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.
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