mercredi 26 octobre 2011

We are the 99 % ; le desespoir et la colère rongent les USA.

Le mouvement « Occupy Wall Street » fait désormais partie du paysage médiatique puisque la presstitute en a fait la une de ses éditoriaux depuis quelques dizaines de jours seulement, lorsqu’on ne pouvait plus faire autrement qu’en parler. De toute manière Internet avait déjà largement fait son oeuvre et c’est cela qui força la presstitute à passer à l’acte. Car les événements s'accélèrent. En effet de quelques centaines de personnes confinées à NY, le mouvement « Occupy Wall Street » a fini par s’étendre à toute la planète. Si ce n’est en nombre, au moins symboliquement. Le week-end dernier s’est déroulé dans plus de 900 villes à travers le monde des manifestations inspirées par celle de NY qui, elle-même, a suivi l’exemple des «indignados» espagnols et grecs, qui eux-mêmes furent inspirés par les égyptiens de Tahrir Square.

Bien sûr si la presstitute parle de ces événements nous ne pouvons tout de même pas lui demander qu’elle en parle de manière intelligente ni même intéressante. Non, ce serait vraiment trop d’efforts. Bien entendu les caciques du régime réagirent d’abord avec mépris ( Michael Bloomberg par exemple), attitude qui se traduisit dans les faits par des actions policières brutales, formidablement maladroites et contre productives dans une perspective du système. L’arrestation de près de 700 manifestants après les provocations policières d’usage ont fait décoller le mouvement « Occupy Wall Street » en déclenchant une indignation générale et un afflux de soutiens de toute part.
Après le mépris vinrent les tentatives de récupérations politiques de la part du parti démocrates et autre Soros et compagnie (c’est le cas de le dire). C’est ainsi que les 1% se plaignirent que le mouvement n’avait pas de programme ni de représentants avec qui il serait possible de discuter afin de satisfaire leurs revendications. C’est effectivement la façon la meilleure de noyauter un mouvement contestataire en le ramenant dans les rangs bien balisés par le système et éviter ainsi tout dérapage incontrôlé à l’avenir.

Mais la grande originalité de ce mouvement, comme de Tea Party avant lui, c’est bel et bien de ne pas avoir de « programme » ni de hiérarchie où de « leaders ». Et de ce fait il n’est pas corruptible, il reste « sauvage », c’est-à-dire incontrôlable, il ne rentre pas dans les normes du système, bref il ne joue pas le jeu, ce qui le rend d’autant pus dangereux.

Certains ont alors voulu opposer « Tea Party » à « Occupy Wall Street », arguant que ce dernier était aux démocrates ce que « Tea Party » était aux républicains. Cette vision des événements trahit non seulement une incompréhension totale de ce que fût « Tea Party » à ses débuts mais aussi, bien évidemment, de ce que représente vraiment « Occupy Wall Street ». C’est encore faire comme si le parti unique représenté au Congrès restait la norme indépassable alors que, précisément, ces deux mouvements ont fait exploser cette norme qui a étouffé toute la politique des USA pendant des décennies.

En Europe de la même manière d’ailleurs tout comme au Japon.

Although many organizers of the two populist efforts view their counterparts from the other end of the spectrum as misguided or even evil, attitudes among the rank and file of the tea party and Occupy Wall Street are often much more accepting and flexible. They start out with different views about the role of government, but in interviews and online discussions they repeatedly share many of the same frustrations, as well as a classically American passion for fixing the system.
( Sources : 22 Oct 2011 - Washington Post - Marc Fischer )

En réalité « Tea Party » et « Occupy Wall Street », contrairement à ce qu’on pourrait nous faire croire, regroupe les mêmes gens, c’est-à-dire tous ceux qui sont devenus la véritable opposition au système en place de quelques horizons politiques qu’ils puissent venir originellement. Mais justement, là n’est plus le problème. Etre démocrate où républicain n’a pratiquement plus de sens pour tous ces gens qui soutiennent « Occupy Wall Street » comme « Tea Party » puisqu’ils ne voient qu’un parti unique aux mains des lobbys, nationaux autant qu’étrangers d’ailleurs. Car le parti unique représenté au Congrès est aux mains du « corporate power » dont chaque politicien dépend afin de financer sa campagne électorale. Bien entendu il faut alors renvoyer l'ascenseur en retour, comme l’a démontré le bailout des banques qui enrage tant « Occupy Wall Street » comme « Tea Party ». Ce qui explique aussi la politique des USA qui favorise les intérêts particuliers qui payent le plus en interne, comme ceux de nations étrangères en externe, le tout aux dépends du pays lui-même, c’est-à-dire aux dépends des intérêts des USA et de la population américaine dont la situation réelle se dégrade depuis plus de trente ans.

Chers lecteurs nous allons vous demander maintenant de cliquer sur le lien ci-dessous et de passer un peu plus de temps que la normale afin de lire attentivement le plus grand nombre de messages possibles contenus dans ce lien. Pourquoi ? Car rien ne pourra vous donner une meilleure idée de l’état dans lequel se trouve réellement les USA ; rien ne pourra vous donner une meilleure idée de la situation réelle de la population des USA, c’est-à-dire des 99%, et non du mythe américain que l’on nous sert depuis des décennies mais qui ne touche en réalité que 1% de cette même population. Par la même occasion vous y trouverez la confirmation de tout ce que vous avez pu lire à ce sujet dans la Chronique de Cochon sur Terre depuis maintenant deux ans et demi.

Prenez votre temps et lisez chacun des drames exposés ci-dessous :

Ici.

Ce qui frappe le plus à travers tous ces témoignages c’est le désespoir d’abord puis la rage ; celle-ci vient probablement du sentiment intime d’avoir été trompé sur la marchandise. Et pour beaucoup d’entre eux la marchandise en question c’était le fameux « american dream ». On leur a volé leur rêve.

The stories their parents and teachers told them about how to make it in America have come to seem like fairy tales from a magical but foreign place.
(Sources : 22 Oct 2011 - Washington Post - Marc Fischer)

D’où la rage, la fureur contre les voleurs de rêve, l’exaspération contre Washington, le gouvernement fédéral et le Congrès corrompus, vendus aux plus offrant, c’est-à-dire au « corporate power » dans lequel on inclut Wall Street bien entendu. Mais pas uniquement, loin de là, comme le montre à l’envi les dessous du scandale Fox en Angleterre : les puissances étrangères savent fort bien tirer avantage du système, à commencer par Israël et, dans une moindre mesure et d’une autre manière, l’Arabie Saoudite.

Bref, les voleurs de Washington ont détourné à leur profit le rêve qu’ils avaient vendu aux Américains et au monde entier en se prenant pour exemple. Tout ce montage de paillettes et de carton-pâte s’est désormais écroulé et plus personne ne croit à l’American Myth... De la même manière bien peu de gens à travers le monde croient encore à la vertu de la grande démokratie américaine. C’était bel et bien un mythe inventé de toute pièce, une fable qui prenait pour exemple la soit-disant réussite de 1% de la population en faisant croire aux autres qu’il leur était possible d’arriver à ce même degré de félicité et qu’il ne dépendait que d’eux pour ce faire, de préférence en travaillant de plus en plus pour gagner de moins en moins. Aujourd’hui nous savons que tous ces châteaux en Floride étaient en toc puisque l’échec est désormais impossible à camoufler plus longtemps ; comment le serait-il quand les 1 % ont vu leurs revenus augmenter toujours plus depuis trente ans, alors même que les 99 % restant voyaient les leurs diminuer de manière spectaculaire au point de ne plus pouvoir survivre qu’en empruntant auprès d’institutions bancaires qui pratiquaient l’usure à grande échelle.

Mais nous parlions de camouflage.

En effet ce qui a permis de maquiller cette évolution et de faire croire pendant toutes ces années que tout le monde s’enrichissait ne tenait qu’en un mot : la dette. C’est la possibilité de s’endetter à tout va qui a fait croire que l’argent coulait à flot. Hors rien n’était plus faux puisque c’était de l’argent purement virtuel, de l’argent crée par la FED mais qui ne correspondait à aucune augmentation de richesse véritable crée à partir d’une production bien réelle ; c’était le mythe, encore un, de la société de service... A peu près la moitié de ces richesses virtuelles se sont envolées en fumée en 2008 ($ 15.000 milliards environ) ; mais la fenêtre est toujours ouverte et le faux argent qui reste dans le fond des livres de comptes est sur le point de se volatiliser lui aussi puisque tout le monde, particuliers comme institutions privées et étatiques, se noie toujours dans ces dettes gigantesques contractées au cours des trente dernières années. Sommes colossales qui ne pourront jamais être remboursées par personne ce qui est en train de provoquer la chute du système économique mis en place après la seconde guerre mondiale ainsi que de son principal bénéficiaire, les USA. Il est d’ailleurs fort possible que le système politique de ce dernier pays qui s’est ainsi donné aux marchands du temple ne s’écroulent par la même occasion lui aussi.
Mais n’anticipons pas.

Pour en revenir à ces témoignages, nous sommes frappés par l’absence complète de confiance dans le futur qui en ressort, au point que beaucoup d’entre ces gens renoncent à avoir des enfants car ils craignent que le sort de leur descendance ne soit pire que le leur. Ils ont raison car ce sera certainement le cas. Cette situation nous évoque la fin de l’URSS où il se passa la même chose au cours des dix années suivantes provoquant un grave déficit démographique qui est en passe de se résorber seulement aujourd’hui, et encore avec difficulté.
Ce manque de confiance dans l’avenir s’explique par les doléances que l’on peut relever dans ces témoignages et qui montrent à l’envi l’échec patent du soit disant modèle US tant vanté :

- Absence de couverture médicale où insuffisance de la dite couverture.
- Chômage bien entendu, travail à temps partiel où travail à temps plein pourtant insuffisant pour survivre.
- Coût de la vie trop cher pour se nourrir d’où l’importance des bonds de nourriture y compris pour ceux qui travaillent.
- Le fardeau des dettes du aux coûts extravagants de l’éducation dite supérieure qui plombent ceux qui les ont contractés pendant des années et qui, la plupart du temps , ne peuvent pas s’en sortir en raison des intérêts qui augmentent.
etc, etc...

Bref ces gens sont désespérés.

Le désespoir et la colère ronge l’Amérique.

Et qu’ils soient adhérents du Tea Party ou de Occupy Wall Street ils partagent tous la même expérience, et c’est précisément cela qui les réunit dans leur guerre contre le système qui les a mené là où ils sont.

No one expects the tea party and Occupy movements to merge forces, but their adherents are discovering that their stories are often strikingly similar: They searched for jobs and came up empty. They found work, but their pay barely covered food and rent, with nothing left over even to buy an old car. They saw their towns empty out as young people moved away in search of money and meaning.
(Sources : 22 Oct 2011 - Washington Post - Marc Fischer)

N’ayons garde d’oublier, chers lecteurs, que le désespoir peut provoquer beaucoup de dégâts et de beaux carnages. Vous connaissez l’expression « l’énergie du désespoir» qui est probablement due au fait qu’on n’a plus rien à perdre et que cette prise de conscience engendre la fureur.

En effet posons-nous la question : qu’ont donc à perdre ces gens dont vous avez lu les témoignages ?
Réponse : plus rien.

Si nous écrivons cela c’est parce que de très nombreux commentateurs, niais au plus haut point et encore nous restons polis, s’émerveillent du côté pacifiste des manifestants, pleins de bons sentiments, remplis de belles déclarations et de jolis discours dans lesquels on retrouve ces mots qui font bander nos sinistres humanitaristes professionnels ; des expressions comme « démocratie », « justice », « fraternité » et bla bla bla...
Certes, peut-être que ces gens qui adhèrent au Tea Party où à « Occupy Wall Street » sont encore tout cela pour le moment ; peut-être même qu’ils le resteront ; peut-être même que ce mouvement se dissoudra sans aucun incident, chacun rentrant dans son taudis (s’il en a encore un) pour crever gentiment sans rien dire tandis que les 1% continueront d’engranger des bonus obscènes ; peut-être, peut-être... Mais toute révolution commence de cette manière : pleine de modération, pleine de compassion pour l’humanité souffrante, bardée de grands et bons sentiments, le tout enveloppé dans les promesses d’un avenir nécessairement radieux. Toute révolution débute dans le calme mais finit par se radicaliser pour s’achever dans le sang et le chaos général. Puis vient la répression et l’institution de régimes généralement bien pires que ceux que l’on avait mis à bas quelques temps auparavant.

Alors gardons nous de clamer l’avènement des réjouissances éternelles, gardons-nous de nous pâmer d’aise face à ces événements qui prennent place aujourd’hui aux USA car cela reviendrait à sous-estimer dangereusement l’état de ce pays. En vérité nous ne savons pas du tout comment tout cela tournera car tout peut arriver, comme rien d’ailleurs, ce qui équivaudrait à une descente générale du pays dans le sous-développement ce qui est déjà le fait d’une partie de la population. Restons en retrait, observons avec retenue sans prendre nos fantasmes pour la réalité comme cela arrive trop souvent. Mais ne soyons pas naïfs face au potentiel explosif de la situation aux USA ; n’occultons pas le fait que la situation se dégrade si rapidement que cela pourrait déboucher tout à coup sur une implosion violente du pays, aussi soudaine qu'inattendue pour la majorité, mais pas pour ceux qui nous lisent bien entendu.

Encore une fois nous ne savons pas ce que deviendra le mouvement « Occupy Wall Street », nous ne savons pas s’il finira sans avoir rien accompli, nous ne savons pas s’il ne sera qu’une étape sur le chemin de la destruction du système où bien le facteur direct de sa destruction, nous ne savons pas s’il provoquera une révolution ni même s'il y aura des troubles sociaux suffisamment graves pour remettre en cause le régime actuel, voire l'unité du pays.
Nous ne savons pas, nous ne faisons qu'émettre des hypothèses et ce n'est pas parce qu'une hypothèse ne se réalise pas qu'elle était infondée. Tout est ouvert et si nous observons les facteurs de désordre grandissant dangereusement aux USA depuis au moins deux ans et demi, nous n'avons pour le moment aucune idée de la manière dont tout cela se terminera.

La seule chose qui nous parait évidente c'est que le système est à l'agonie, c'est tout. Mais cela constitue une simple observation des faits. Comment se passera cette mort et que sera la période post-mortem : autant vous le répéter, chers lecteurs, nous n'en n'avons aucune idée même s'il est vrai que nous pencherions plutôt pour une situation évoluant vers une explosion de violence engendrant une implosion générale. Mais là encore c'est une supposition qui ne se veut pas du tout une prédiction et nous espérons que cela n'arrivera jamais.

Car l'histoire n'est pas déterminée, chers lecteurs ; l'histoire a peut-être un cours mais elle n'a pas de sens.

En revanche ce dont nous pouvons être certains c’est que Tea Party comme Occupy Wall Street sont des reflets assez fidèles de la réalité américaine, c'est à dire du désespoir engendré par le système et ses injustices criantes.
Ce dont nous pouvons être certains c’est que ce mouvement, de par le simple fait qu’il soit apparu et qu’il ait duré jusqu’à aujourd’hui en dépit de l’opposition de la nomenklatura US, en provoquant en son sein d'importantes fractures, ce mouvement donc a donné une visibilité à une réalité jusque là occultée. Il a mis en contact beaucoup d’individus jusque là isolés les uns des autres mais qui sont en train de se découvrir unis au-delà d’une barrière partisane désormais obsolète ; sans programme certes, mais personne n’a jamais eu besoin d’un programme pour laisser éclater son désespoir et sa fureur. Etre « contre » est largement suffisant. Abattre le régime est assez pour s’unir. La guerre civile pourra venir après... si elle vient jamais. N’oublions pas que la dernière en date dans ce pays fût le conflit le plus meurtrier qui ait jamais pris place jusqu’à cette époque (guerre de Sécession).

En conséquence nous pouvons être certains que « Occupy Wall Street », même s’il disparaît rapidement, laissera des traces sur la scène intérieure américaine car non seulement il constitue un terrible facteur de désordre, comme le fût « Tea Party » en son temps, mais surtout, et c’est véritablement en cela qu’il peut se distinguer de Tea Party, « Occupy Wall Street » semble être arrivé au bon moment. « Tea Party » a préparé le terrain de la remise en cause du système lui-même dans le chef de ses adhérents et de ceux qui les observèrent de loin. Aujourd’hui, et ce grâce à Tea Party, à l’approfondissement de la crise et à l’immense déception de la présidence Obama, aujourd’hui donc les psychologies sont prêtes à remettre en question le système lui-même ; le tabou a sauté sous la pression du désespoir et de la colère qui sont beaucoup plus profonds et violents qu’il y a deux ans.

Aujourd’hui mettre en question la légitimité du système est devenu une possibilité allant de soi, partagée à la fois par Tea Party, Occupy Wall Street et tous ceux qui se contentent encore d’observer mais qui se jetteront eux aussi dans les rues si la situation continue de s’aggraver.
Ce qui ne manquera pas d’arriver.
De cela nous sommes sûrs.

N’oubliez pas, chers lecteurs, qu’ils n’y croient plus.
En conséquence ils n’ont plus rien à perdre.
A partir de là tout est possible.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

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