jeudi 20 août 2009

Health Care Reform: the dead end où la montée des périls.

Le feuilleton du Health Care Reform n’en finit pas de provoquer des surprises, des U turns, et de spectaculaires crises d’hystéries. En tout cas par l’intermédiaire des médias, merci aux Town Hall meetings qui permettent de gonfler chaque phrase où chaque rassemblement de plus de deux personnes à la dimension d’un événement national voire plus.

Mais sur le terrain, c’est à dire dans la rue, en bref dans la vraie vie, il n’y a nulle trace de toute cette agitation. On pourrait même dire que personne n’en parle à moins de lancer le sujet, et encore les paroles restent mesurées et pour le moins prudentes.

Jusqu’à maintenant.


Il semble qu’un tournant important a été franchi ce week-end dans cette affaire. En effet la Maison Blanche a annoncé que l’option publique n’était pas du tout essentielle au programme (ce qui est totalement faux) et qu’en conséquence son abandon ne poserait pas de problème majeur au Président.

Explication. C’est le signe d’un changement de stratégie complète de la Maison Blanche dans cette affaire. Jusqu’à maintenant le Président avait tenté d’obtenir une solution bipartisane sur ce problème majeur du Health Care Reform, comme d’habitude, raison pour laquelle il avait capitulé sur tous les sujets essentiels face aux lobbys et aux républicains, comme d’habitude, rendant ainsi la Réforme quasiment inutile, voire contre-productive puisque les coûts pour les assurés risquent de monter inexorablement en raison de la dépendance complète de ces derniers vis à vis des assurances. Sans parler des prix des médicaments non négociables obtenu par le lobby des industries pharmaceutiques. Mais c’était le coût à payer pour obtenir le vote des républicains qui, entre parenthèse, est absolument inutile puisque les démocrates contrôlent le Sénat et la Chambre des représentants. D’où la colère de nombre de démocrates face à cette stratégie d'accommodement, suicidaire politiquement (voir post du 7 Août). Face à l’évidence, enfin!, c’est à dire confronté à l’opposition plus que virulente des républicains, il semblerait que l’Administration se soit résignée à changer de stratégie pour faire adopter cette réforme, bien qu’ impotente due aux exigences républicaines.


D’où l’annonce de l’abandon de la «public option» envisagée publiquement ce week-end. Quelle est la signification de cette déclaration ? Cela veut dire que la Maison Blanche a renoncé à obtenir le vote républicain et qu’elle se tourne désormais vers les démocrates pour ce faire. Mais certains de ces mêmes démocrates sont résolument opposés eux-aussi à cette réforme et particulièrement à la «public option». D’où cette déclaration pour se les concilier. Le deal est la suppression de la «public option» contre le vote de la reforme émasculée. Malheureusement pour le Président cette annonce a déclenché la fureur de tous les Congressmen démocrates qui veulent la «public option». Cette fois l’Administration voit se dresser contre elle une autre partie de ses propres troupes qui, semble t’il, soulevée par la rage, a décidé de se passer du Président et d’agir comme bon leur semble. Il est certain que parmi ces derniers nous retrouvons tous les démocrates qui sont partisans du «single payer system», (voir post du 7 Août) c’est à dire au moins 83 membres du Congrès. Il semblerait que cet épisode ait soudain réveillé la combativité des partisans du «single system payer», où même de la plus simple «public option», le tout alimenté par l’espoir, désormais fondé, de pourvoir imposer au Président leurs exigences puisqu’il est maintenant clair qu’ils sont les maîtres du jeu. Car s’ils refusent de voter cette reforme en trompe l’oeil il n’y aura pas de solution possible; c’est à dire qu’aucune reforme, qu’elle soit véritable où caduque, ne pourra voir le jour puisqu’il n’y aura aucune majorité pour la soutenir chez les démocrates, sans parler des républicains qui, de toute manière, voteront contre. Mais s’ils imposent de garder au moins la «public option» les démocrates qui y sont opposés ne la voteront pas et ce sera une fois encore l‘impasse.


Etant donné la situation actuelle il y a de quoi être pessimiste, non seulement pour la Health Care Reform mais aussi pour l’avenir politique du Président qui, avec cette affaire, se trouve de plus en plus discrédité, non seulement aux yeux des républicains, cela va sans dire, mais du public et, pis que tout, des démocrates eux-mêmes dont i ne faudrait pas sous-estimer la fureur grandissante d'une partie d'entre eux. A partir du moment où ces derniers considéreront définitivement l’Administration comme inconsistante, ce qui apparaît de plus en plus clairement aux yeux de tous, sans aucune ligne politique définie ni stratégie claire, alors ces démocrates du Congrès risquent fort de se comporter indépendamment des voeux de l’Administration et du Président. Ce dernier se trouvera de plus en plus isolé face à un Congrès incontrôlable et à une population sceptique et désemparée au mieux.


Il est désormais très probable que ce soit la situation qui se développe dans les semaines à venir. Or à une époque où ce pays traverse une crise majeure, encore une fois pas seulement économique où financière mais véritablement existentielle, à une époque où ce pays est confronté à l’exacerbation exponentielle des divisions internes qui furent contenues jusqu’à maintenant grâce aux flots d’argent qui recouvraient le pays, le manque d’autorité du Président est un facteur capital dans l’aggravation du désordre général. Ce manque d’autorité de plus en plus éclatant, ce manque non seulement de volonté mais aussi de vision politique de plus en plus manifeste, laisse clairement le champs libre aux puissances déstructurantes qui sapent désormais en toute impunité les fondements du gouvernement fédéral, à la recherche exclusive de leurs intérêts propres sans que l'intérêt général ne soit pris en compte ni défendu par qui que ce soit. La pagaïe s’étend, le système est quasiment bloqué et la cocotte minute est en état de surchauffe.


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