dimanche 22 novembre 2009

Présidence de l'Europe et l'Europe des nations.

Réjouissons-nous nous avons reçu un nouveau Président ainsi qu’un(e) Haut(e) Représentant(e) pour les Affaires Etrangères toute neuve... Vraiment nous pouvons affirmer haut et fort notre légitime fierté d’être si démocratiquement représentés par des personnalités si remarquables. Et puis ne nous y trompons pas, quel signe fort d’avoir ainsi respecter un de nos fétiches les plus sacrés: la parité !

Quelle leçon n’est-ce pas ! Quand on pense à ces Russes par exemple qui en sont encore à se contenter d’avoir UN Président et UN Premier Ministre en même temps, c’est consternant. Si au moins ils étaient gays et qu’ils couchaient ensemble, mais apparemment même pas... Il est bien évident que si c’était le cas nous nous empresserions de les faire entrer dans notre Europe divine.


Tant pis pour eux!

Car nous, désormais, nous avons un homme et une femme pour nous représenter, c’est-y pas merveilleux ! Certes, nous aurions préféré UNE PrésidentE pour réparer les injustices innombrables de ces si sinistres siècles passés (quelle horreur le passé!), ceux qui sont derrière nous, Dieu merci, ceux qui ne reviendront jamais plus puisque nous ne pouvons que progresser, c’est à dire aller toujours de l’avant, toujours plus vite.

Eh oui car il faut tout de même bien avouer que notre espérance à tous, c’est à dire les «gens de progrès», comme il existe d’ailleurs des «gens de maison», des «gens de couleurs», des «gens du voyage», des «gens d’ailleurs» où même des «gens inconnus», notre espérance à tous donc est qu’un jour l’Europe qui nous est chère soit présidée par... UNE FEMME évidemment. Cela viendra, n’en doutons pas, et peut-être même aurons-nous la divine surprise d’avoir notre chère petite princesse à ce poste, nous voulons parler bien sûr de l'ineffable Princesse Royale... Bien évidemment le comble du progrès serait d’avoir un travesti, où encore mieux un homme qui soit devenu une femme, par choix, en toute liberté bien entendu et par conséquent en toute connaissance de cause, c’est dire par conviction que l’homme n’est qu’une étape inférieure et barbare sur le chemin de l’évolution inéluctable de l’espèce, non pas vers l’hermaphrodisme mais bien vers la Femme, achèvement ultime de l’homme. Malheureusement il faudra attendre encore un peu pour en arriver à ce degrés d’évolution inouï car nous savons combien nos campagnes sont toujours remplies de peuples incultes et ringards, en bref des réactionnaires à tendance nettement patriarcale, voire même, pour les pires d’entre eux, attachés à la différence des sexes (je sais c’est horrible mais c’est la triste réalité !).

En attendant ces jours radieux nos gouvernants bien-aimés ont démontré au monde, à l’univers et surtout à Dieu qu’ils pouvaient se débrouiller sans Lui et sans nous, c’est à dire qu’ils étaient capables de nous donner des gouvernants comme eux, en tous points aussi médiocres et insipides qu’eux, sans nous demander notre avis démocratique et illuminé. Mais ne nous plaignons pas et soyons leur reconnaissants car cela s’est fait pour notre plus grand bien à tous, comme tout ce qu’entreprennent nos gouvernants bien-aimés sans exception.

Voilà donc la grande Europe paritaire, démocratique, materialiste, fraternelle, globale, endettée et consensuelle donnant une leçon exemplaire à l’univers. Car le grand mot de ces nominations fût le... nous vous le donnons en mille: consensus bien entendu ! A quoi pensiez-vous donc, voyons ! Consensus, vous dis-je... D’ailleurs pour mettre d’accord 27 gouvernements il a fallu chercher les non-personnalités les plus développées et les plus représentatives de la médiocrités généralisée dans laquelle nous barbotons pour notre plus grand plaisir à tous. La pari fût gagné brillamment par nos gouvernants bien-aimés car le choix fût si difficile qu’ils ont du recourir à d’illustres inconnus, comme la Baronne Ashton. Vous pourrez toujours nous dire qu’elle ne fût nommée que pour éviter l'innommable Tony Blair où encore David Milliband; effectivement de ce point de vue n’importe quelle inconnue leur sera toujours préférable.


Nos gouvernants bien-aimés nous ont donc montrés à nouveau à quel point ils étaient dignes de nous représenter par leurs capacités insurpassées à écarter rationnellement toute possibilité de nommer un individu compétent, voire honnête, aux postes les plus importants, c’est à dire à ces postes où il serait urgent d’avoir de tels personnages par les temps qui courent. Car il y en avait un, Jean-Claude Juncker, le Premier Ministre du Luxembourg, fin connaisseur de l’Europe, vieux routier de la Communauté, bref candidat idéal à la présidence de l’Europe. Mais il n’avait aucune chance de l’emporter puisqu’il était bien sûr trop compétent ; de plus, et cela lui fût fatal, il était malheureusement doté de beaucoup trop de personnalité pour pouvoir être accepté: il parait que M. Sarkozy opposa son veto à sa nomination, en raison précisément du franc-parler de M. Juncker qui n’a pas épargné le Président français dans le passé d’où, parait-il, une tenace rancune.

Exit Juncker pour des raisons de haute politique.


Mais rassurons-nous M. van Rompuy et la Baronne Ashton sont qualifiés en diable pour leurs nouvelles fonctions, c’est à dire pour nous représenter tous, nous les 500 millions d’habitants de la première puissance économique et commerciale du monde. D’ailleurs voici ce qu’en a dit la Chancelière d’Allemagne, Mme Merkel, afin de nous convaincre de leur choix réfléchi et judicieux:



"J'ai toute confiance qu'ils ne diront pas de bêtises" a déclaré la chancelière allemande.


Quand au Président français, voici ce qu’il a déclaré aux journalistes qui se montraient sceptiques sur les capacités du nouveau Président de l‘Europe


M. Van Rompuy "est l'une des plus fortes personnalités autour de la table du Conseil", a-t-il assuré.


Nous le croyons sur parole et cela ne nous étonnerait guère étant donné les membres du Conseil en question. "Une des personnalités les plus fortes" avec celle de la table...

Cela nous démontre également combien les critères de nos deux compères furent élevés pour choisir la direction de l’UE. Cela nous donne par la même occasion une bonne idée de l’estime dans laquelle ils tiennent l’institution elle-même.


Plus sérieusement, le choix de deux inconnus aux premières fonctions de l’Europe, ces postes prévus pour être représentatifs de la Communauté vis à vis du reste du monde; ces postes destinés à répondre à la question de Kissinger lorsqu’il demanda qui il devait appeler au téléphone lorsqu’il désirait parler à quelqu’un représentant l’Europe; ces nominations donc de deux inconnus à la tête de l’Europe ne doivent certainement rien au hasard et pourraient se placer dans une évolution qui tendrait de plus en plus à faire de la Communauté une «Europe des nations» plutôt qu’une Europe de type fédéraliste.


En effet comment ne pas se demander si la France, par exemple, accepterait de se laisser dicter sa politique étrangère alors qu’elle multiplie les initiatives indépendantes dans ce domaine, sans trop se poser de question de savoir si cela convient où non à l’Europe où aux USA ?

Quelques exemples:

Il parait qu’au prochain sommet de Copenhague sur le climat la France et le Brésil vont proposer une initiative jointe.

De même la vente de porte-hélicoptères de type «Mistral» à la Russie décidée par la France sans aucune consultation avec l’OTAN par exemple, et encore moins avec l’Europe.

Où encore la participation de la France aux conversations secrètes en vue de remplacer le dollar par un panier de devises pour les achats de pétrole etc...


Ces exemples parmi bien d’autres ne laissent pas une place immense à une politique extérieure européenne commune à tous les Etats membres. En effet il est difficile de supposer que des nations comme la France où l’Allemagne sacrifient leur politique étrangère au profit d’une bureaucratie européenne. De plus, depuis le début de la crise financière, c’est à dire depuis le début de la prise en considération par le monde de l’effondrement de la puissance américaine, l’évolution des relations internationales va dans le sens d’une réémergence de la nation comme seule référence possible et valable dans les relations internationales. L’écroulement de l’URSS hier, permettant la renaissance des nations qui la constituaient en tant qu’Etats indépendants, l’effondrement de la puissance des USA aujourd’hui, qui , selon certains, aura peut-être pour effet de dissoudre l’Union au profit des Etats fédérés, auront permis également aux différentes nations qui constituaient leurs blocs respectifs de prendre progressivement leur indépendance et de mener à nouveau des politiques étrangères en fonction de leurs intérêts propres et non pas en fonction de ceux des blocs idéologiques dont elles dépendaient auparavant.

C’est dans cette perspective de transition en évolution accélérée depuis l'effondrement de l’URSS hier par la crise que traversent les USA, la crise financière et la crise du système en général que le monde subit aujourd’hui, que les nations libérées de la domination des deux leaders des blocs constituées après 1945 apprennent à nouveau à penser et à mener leurs propres politiques en fonction de ces nouvelles données fondamentales.


En clair c’est dans un monde à nouveau multipolaire que les nations doivent désormais mener leur politique étrangère.


C’est pourquoi il n’est pas surprenant dans ce contexte que l’Europe se soit dotée de représentants inconnus et sans possibilité d’influer, n’en doutons pas, sur les politiques extérieures de nations telle que la France, toujours fidèle, en dépit des discours officiels, à sa tradition d’indépendance, où gaulliste c’est selon; de toute manière cette dernière se situe dans la droite ligne de toute l’histoire de notre pays.

Ces nominations de personnages falots à la tête de l’Europe, voulues par la France et l’Allemagne parait-il, reflètent donc la volonté de ces dernières de ne pas se laisser déposséder de leur indépendance ni de leur capacité à traiter de manière souveraine en matière de politique étrangère. En ce qui concerne les questions intérieures ne doutons pas que les nations qui constituent l’Europe n’abandonneront de leurs pouvoirs que ce qu’elles voudront bien et cela en fonction de leurs intérêts propres. D’ailleurs, comme le montre ce qui reste des critères de Maastricht à propos des déficits budgétaires, ces dernières reprennent leur souveraineté dés qu’elles le jugent nécessaire sans trop se préoccuper des jérémiades de Bruxelles... Malheureusement pouvons-nous ajouter à propos de ce point bien précis des déficits et des dettes gouvernementales.


C’est Michel Rocard, Vendredi dernier, qui a donné le ton définitif sur la signification réelle de ces nominations à la tête de l’Europe:


"l'Europe politique est morte ; en fait, elle a déjà subi cinq assassinats, tous meurtriers". D'après M. Rocard, l'ensemble des pays européens, Royaume-Uni en tête, veulent en fait "préserver leurs territoires et empêcher que l'Europe devienne une entité capable de faire vraiment de la politique à leur place" (Sources: France Inter - 20 Novembre 2009)

A part l’étrange accouplement «assassinats, tous meurtriers» ce diagnostique nous parait juste.


Lui le regrette. Nous non.

L’Europe politique est morte, certes, mais a t’elle jamais existé à la manière dont M. Rocard la souhaiterait ? Le pourra t’elle jamais de la manière envisagée par les Fédéralistes ? Est-ce même souhaitable ?


Pour notre part nous ne le souhaitons pas car nous savons trop, par l’exemple de nombreuses entités politiques du passé où contemporaines, qu’une superstructure étatique de type fédérale n’a de cesse de chercher à s’emparer des pouvoirs des Etats fédérés sans jamais être rassasiée jusqu’à ce que l’impotence et l'inefficacité ne finisse par faire imploser le tout. C’est ce à quoi il semble que nous soyons en train d’assister aux USA, même si la dissolution de l’Union ne soit qu’une possibilité, de plus en plus sérieuse certes mais non certaine, en dépit des affirmations de plus en plus nombreuses qui se font entendre aux USA à ce sujet. De plus, une entité de ce type, par sa propension naturelle à grossir toujours plus jusqu’à l’indigestion, finit immanquablement par devenir un danger pour ses propres citoyens, non seulement en tentant d’effacer toujours plus leurs différences d’origine mais aussi par l’extension progressive de la surveillance de ceux là même que l’Etat est censé protéger.

Un Etat quel qu’il soit est toujours naturellement amené à vouloir étendre ses pouvoirs sur la population vivant sur son territoire; et cela se fait toujours par une extension non maîtrisée de sa bureaucratie qui finit par paralyser la vie du pays en s’introduisant dans tous les détails de la vie des citoyens, y compris la sphère dite privée qui finit par disparaître sous le poids de l’inquisition étatique, donc bureaucratique et policière. L’apparition de l’Etat moderne et son extension insatiable s’est faite par une lutte toujours plus féroce contre les contre-pouvoirs qui existaient pour protéger les populations des abus de l’Etat précisément.


C’est pourquoi nous préférons la nomination de fantoches aux postes européens dont on a parlé plutôt que celle d’individus qui auraient réussi à renforcer l’appareil bureaucratique bruxellois déjà terriblement lourd et impotent; c’est un moindre mal où plutôt la moins mauvaises des solution.

Et tant mieux si les gouvernements chinois où russes appelleront Paris, Berlin où Londres plutôt que Bruxelles pour avoir de nos nouvelles à tous.


Mais pour le moment, comme prévu, tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

La lecture des nouvelles conclusions de Cochon sur Terre provoque en moi autant d'hilarité que d'inquiétude mais je ne sais pas si je dois fuir la France pour me réfugier...où donc?
aux USA, chez les Amish? en Patagonie?