jeudi 14 octobre 2010

La réforme des retraites: mais qu'avons-nous fait de notre jeunesse ?

Des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers où des millions, c’est la guerre des chiffres qui fait rage à propos du nombre de manifestants qui encombrent les rues des différentes villes de France depuis plusieurs jours.
Et contre quoi manifestent donc ces braves gens ?
Que revendiquent-ils donc avec tant d’enthousiasme ?
Comme vous le savez bien, chers lecteurs, ils manifestent contre la loi promulguant l’âge de la retraite à 67 ans au lieu de 65 ans. Et pourquoi cette loi ?
Parce-que le système est en faillite tout simplement.

Le système qui fût inventé au sortir de la guerre 39-45 afin de donner aux individus en âge de ne plus travailler les moyens de survivre sans trop s’inquiéter des lendemains qui devaient toujours chanter, eh bien ce système ne fonctionne plus. Et non seulement il ne fonctionne plus mais il est moribond pour des raisons que les apprentis-sorciers qui nous gouvernent n’avaient pas prévu. Il faut bien avouer que personne au monde n’aurait pu imaginer ce qui se produit depuis quelques années, à savoir que Dame Croissance s’est fait la malle avec les bijoux de famille, c’est-à-dire les fameuses retraites entre autre. On n’a pas encore fait l’inventaire de ce qui reste mais la facture s’annonce d’ores et déjà salée (Le ministère de notre Santé nous oblige à préciser pour notre bien-être que l’abus de sel est mauvais pour notre santé bien-aimée).

Eh oui car notre système de retraite ne pouvait fonctionner qu’à deux conditions principales :
- que Dame Croissance reste avec nous jusqu’à la fin des temps, au mieux de sa forme bien entendu, une forme qui aurait dû se renforcer chaque année toujours plus au risque d’éclater de santé d’ailleurs, mais à cela personne n’avait songé.
Donc premier point : Croissance exponentielle et illimitée.
- ensuite il fallait que la population se reproduise à un rythme toujours plus soutenu, allant sans cesse croissant va sans dire, afin que les nouveaux arrivants payent les retraites des premiers sans que cela ne devienne un fardeau impossible à porter pour ces derniers. Donc toujours plus de bouches à nourrir afin que la charge des plus vieux soit toujours moins lourde à porter pour chacun jusqu’à la fin des temps...

Eh bien nos apprentis-sorciers avaient tout faux. Et ils ont toujours tout faux aujourd’hui. Et ils continueront à avoir tout faux demain. C’est une question d’habitude, c’est tout.
En effet non seulement Dame Croissance s’est fait la malle mais en plus les braves cochonneux répugnent de plus en plus à se reproduire comme des lapins dans un clapier ; eh oui les familles de dix enfants c’est fini tout autant que Capri. Aujourd’hui on veut un où deux enfants au plus, un chien pour faire plaisir aux enfants mais qu’on abandonnera à la première occasion au bord de la route s’il prend trop de place où s’il fait soudain peur aux enfants; il faut bien dire que ces petites merveilles (nous parlons des enfants pas des chiens), d’autant plus uniques qu’elles ont tendance à le devenir très concrètement, sont désormais l’objet d’une idolâtrie touchante au profit de laquelle on ne recule devant rien. Il faut plus de confort, plus de vacances bien méritées sur des plages en béton polluées par du pétrole en vadrouille, des ordinateurs à 10 ans pour le génie en herbe, des téléphones portables pour leur sécurité, des poupées gonflables pour leur santé etc, etc... Tout cela pour dire que l’enfant unique coûte nettement plus cher que ses prédécesseurs lorsqu’ils étaient dix. En conséquence de quoi les cochonneux ne se reproduisent plus comme avant ce qui met en péril le système de retraite qu’ils veulent pourtant conserver à n’importe quel prix... En théorie du moins.

C’est pourquoi nos gouvernants bien aimés ne sont pas les seuls à avoir tout faux. Les cochonneux aussi ont tout faux. Cochon sur Terre dans son entier a tout faux, sans parler des manifestants bien entendu. Car au bout du compte tout le monde a fait semblant de croire que ce gigantesque Ponzi Scheme marcherait tant bien que mal, chacun se disant secrètement « après moi le déluge ». Nous y sommes presque et c’est pour cette raison que deux représentants de chaque espèce (celles qui ont échappé au massacre), un mâle et une femelle comme on sait déjà, est prié de se présenter à la porte d’embarquement du Titanic insubmersible prêt à appareiller ; il s’agit de faire aussi vite que possible afin de sauver ce qui peut l’être encore. La question serait peut-être de savoir ce qui peut-être sauvé mais il faut bien avouer que les perspectives de sauver quoi que ce soit du naufrage imminent sont assez faibles, c’est le moins que l’on puisse dire.
En tout cas pas les retraites !

C’est d’ailleurs ce qui rend tout ce cirque des manifestations pour les retraites, contre nos droits, pour les capotes, contre les ogm, pour le droit d’être obèse, pour l’interdiction de la cigarette, et j’en passe, c’est ce qui rend tout ce capharnaüm totalement surréaliste sans parler du grotesque de la chose.
- d’un côté nous avons un gouvernement qui tente de nous faire croire qu’en relevant l’âge de la retraite de 65 à 67 ans on parviendra à résorber le déficit grandissant des caisses de retraite et par la même à payer leur retraite à ceux qui ont cotisé toute leur vie pour l’obtenir.
- de l’autre nous voyons des manifestants qui s’opposent à cette augmentation de l’âge de la retraite mais qui veulent quand même la toucher comme « convenu », c’est-à-dire à 65 ans.
Bref qui sont les plus bêtes du lot ? Est-ce vraiment si important de départager ces tas de cochons ? Non, et puis la compétition est si serrée que cela nécessiterait par trop de notre temps précieux pour les départager. Car au bout du compte ils sont tous d’accord puisqu’ils veulent tous conserver le Ponzi schème des retraites, le désaccord ne se faisant que sur la question de savoir qui payera et combien. Face à une pareille broutille nous gageons qu’ils y parviendront puisqu’ils font tous partie de la secte des fidèles croyants au père Noël et au paradis sur terre imminent.

De toute manière la seule chose dont nous puissions être certains c’est qu’il n’y aura pas de retraites et que tous ceux qui sont dans la rue auront payé pour rien. Il y a de multiples raisons à cela, la plus probable étant que l’inflation qui ne manquera pas d’arriver à un moment où à un autre se chargera de rendre les fameuses retraites sans valeur, où à tout le moins amputées d’une bonne partie de leur supposée valeur de départ. Cela c’est la partie optimiste de l’hypothèse, mais nous pouvons aussi ajouter la faillite de l’Etat, où les deux conjuguées, ce qui est déjà arrivé dans le passé comme on ne veut pas s’en souvenir. Peut-être alors que les retraites se transformeront en assignats, comme au bon vieux temps de la révolution, parsemées de têtes coupées et de sang frais rigolant dans nos rues si charmantes et ensoleillées, au milieu d’une foule hurlante et démocrate en diable, débordante de sympathie comme il se doit.

En attendant que cette farce tragi-comique de la réforme des retraites ne fasse son temps, il y a une chose qui nous étonne, nous autres de la Chronique de Cochon sur Terre, mais qui, apparemment, n’a fait l’objet d'aucuns commentaires ni d'aucune crise d'indignation de la part de la « secte des indignés de naissance »; pourtant dieu sait qu’ils sont à l'affut de toute possibilité d'indignation ceux-là !
Ce qui nous a semblé incongru dans toute cette histoire c’est l’association des mots retraites et étudiants. Nous pourrions même dire que nous avons été très perplexes par le fait que des étudiants puissent défiler pour un problème de retraite.
En quoi sont-ils concernés les pauvres chéris ? Nous savons bien que les études ont tendance à être de plus en plus longues (peut-être est-ce en proportion de l’inutilité de ce que l’on y apprend ?), mais de là à s’inquiéter de sa retraite alors qu’on en est encore à faire des études, cela nous parait tout de même fort étrange...

A supposer que l’on conserve l’âge de la retraite à 65 ans, par quel miracle extravagant un bipède sain d’esprit de 20-25 ans peut-il s’inquiéter de sa retraite qui ne devrait arriver, si tout se passe bien dans le meilleur des mondes possible (ne vous inquiétez pas chers lecteurs tout ira naturellement de mal en pis !), que 40 où 45 ans plus tard ? Cela ne vous semble t-il pas étonnant pour le moins ?
Ce qui nous abasourdit c’est que des « jeûuuunes », comme le répètent à l’envie nos gouvernants bien aimés avec des accents de jalousie dans la voie, puissent se préoccuper de « retraites » alors que, selon nous, ils devraient s’occuper à profiter le plus possible de ces temps d’études qui leur sont donnés afin de vivre le temps présent de la façon la plus intense possible. L’une des caractéristiques de la jeunesse n’était-il pas de ne pas se préoccuper de l’avenir mais bien au contraire de s’en moquer et de vivre sa vie au jour le jour au maximum de ce que cette dernière pouvait apporter. On aurait bien assez de temps plus tard pour s’inquiéter de nos vieux jours, s’ils venaient jamais ce dont tout étudiant normalement constitué se foutait comme d’une guigne. Enfin c’est ainsi que pendant des siècles la jeunesse raisonnait, où plutôt, selon les vieux qui avaient fait la même chose en leur temps, déraisonnait.
Mais cette déraison était de la sagesse. Et puis cela faisait de bons souvenirs.

De nos jours, en ces temps pathétiques de la dictature de Cochon sur Terre, même ce que l’on nommait il y a bien longtemps « l’âge de la jeunesse », eh bien même cela s’est évaporé. Lorsque l’on regarde, consterné, ces bipèdes de 20-25 ans raconter l’inquiétude qu’ils ressentent pour leur retraite, nous pourrions tout aussi bien écrire pour leur avenir puisque, apparemment, ce dernier ce confond avec la retraite, il nous semble que quelque chose s’est produit, quelque chose d’irrémédiable.

Cochon sur Terre a contaminé également ce qui ne pouvait pas où n’aurait pas dû l’être ; ces bipèdes de 20-25 ans qui défilent avec des syndicalistes conventionnés et institutionnalisés sont d’ores et déjà tout aussi conventionnés et institutionnalisés que leurs compagnons de défilés ; ils sont tout aussi formatés que les autres malgré leur âge, tout autant à leur juste place en rangs par deux que les autres en dépit de leurs piailleries de révolutionnaires de pacotille, tout aussi désireux de rentrer dans l’ordre dont ils ne sont en réalité jamais sortis. Ces pauvres bipèdes de 20-25 ans que l’on voit dans les manifestations contre la réforme des retraites sont aussi vieux que ceux avec qui ils défilent. Au moins ces derniers s’étaient montrés « jeunes » en Mai 68, même si cela se termina comme l’on sait : pouvoir, fric et prébendes subventionnées, c’est-à-dire ce contre quoi ils s’étaient dressés à l’époque, théoriquement en tout cas... Néanmoins faisons leur crédit, à des taux pas trop usuraires, qu’ils croyaient à ce qu’ils faisaient et à ce qu’ils disaient à ce moment là, aussi bref soit-il ; accordons leur qu’ils se comportèrent en bipèdes jeunes et peut-être idéalistes, en bipèdes en tout cas qui ne se préoccupaient pas de leur retraite lorsqu’ils avaient 20 où 25 ans.
Même s’ils sont rentrés gentiment dans les rangs par la suite, même s’ils se sont depuis vautrés dans le fromage sur lequel ils crachaient, puisque de nos jours ce sont eux qui nous gouvernent. Pour le pire bien sûr.

Ces étudiants manifestant pour leur retraite auront au moins eu le mérite de nous prouver à quel point la situation est désespérée pour tout ceux qui refusent Cochon sur Terre. Car désormais on naît vieux, on survit vieux et on meurt vieux à Cochon sur Terre. Ce qui signifie, cher lecteur, qu’il n’est plus possible de concevoir une opposition spontanée, naturelle, une opposition issue d’esprits sains qui ne recherchent pas la sécurité et la protection supposée de notre Etat maternel bien aimé mais qui préfèrent prendre le risque d’être libre. En effet, désormais, les vieux de 20-25 ans issus de Cochon sur Terre se comportent dés la naissance comme on le leur a appris : comme de bonnes petites machines à calculer ses retraites plutôt qu’à vivre sans compter... Désormais nous avons la preuve que Cochon sur Terre et liberté sont totalement antinomiques puisque Cochon sur Terre est parvenu à sécréter des populations qui ne savent plus ce que signifie le mot même de liberté ; où pire encore qui s’imaginent le savoir...

Ces vieux de 20-25 ans qui défilent de nos jours dans les rues afin de défendre leurs droits à la retraite sont déjà des « survivants ». Ils n’ont même pas eu le temps de vivre puisqu’ils ont commencé par survivre. Et ils s’accrocheront à leur survie par tous les moyens, y compris les moins avouables, car à Cochon sur Terre rien n’est plus honorable ni plus encouragé que de « Survivre à n’importe quel prix » ; c’est d’ailleurs la devise de Cochon sur Terre qui l’a si bien inculqué à sa progéniture que cette dernière l’a fait sienne dés le berceau comme le prouvent ces étudiants qui défilent à 20 ans pour défendre leur retraite...

Lénine avait raison : "La liberté, pour quoi faire ?"

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

1 commentaire:

baptiste a dit…

tu es dur avec ces petiots :-)