D'après le sondage du Figaro (ici) du 17 Novembre dernier, 84 % des interrogés seraient prêts à troquer encore un peu moins de la liberté qui leur reste contre encore plus d'une sécurité illusoire...
Certains sont étonnés de cette proportion.
Certains sont surpris que les Français puissent troquer leur liberté contre une hypothétique sécurité...
Eh bien nous, nous sommes surpris, pour ne pas dire plus, qu'il y en ait encore qui puissent être étonnés des résultats de ce sondage.
Il suffit pourtant d'observer toutes les lois plus liberticides les unes que les autres passées depuis 15 ans qui ne firent l'objet d'aucune protestation, sans parler de manifestations dans les rues ou même d'une simple "indignation" ; non, c'est à peine si on en entendit parler... D'ailleurs la France n'est pas seule en cause. Les USA peuvent à juste titre ne plus être considérés aujourd'hui comme un Etat de droit étant donné que le droit d'Habeas Corpus y fût aboli sans que personne n'élève aucune barricade pour protester ; seuls quelques américains "old fashioned" donnèrent de la voie ou de la plume, sans aucun résultat bien entendu. Nous pouvons dire que c'est généralement l'ensemble des pays dits de l'Ouest qui sont touchés par ce phénomène de réduction drastique des libertés individuelles depuis le début de ce siècle.
Certes on nous dira avec des trémolos dans la voix que c'est pour se défendre, que c'est nécessaire "pour notre sécurité", que c'est souhaitable pour notre "bien"...
C'est cette dernière "argumentation", si l'on peut dire, que nous préférons.
Que connaissent-ils de ce qui fait "notre bien" ?
Quelle est leur définition de ce qu'ils s'imaginent être "notre bien" ?
Apparemment, pour ces zombies décérébrés, le "Bien", "notre bien" selon eux, consisterait à rester en vie à n'importe quel prix ; survivre constitue pour ces gens-là le bien suprême quelles que soient les circonstances dans lesquelles se déroulerait cette survie. C'est la réduction de l'individu au statut de singe encagé à qui il suffirait de fournir chaque jour de quoi le distraire et le nourrir pour le satisfaire pleinement. C'est en effet l'horizon indépassable de notre société d'aujourd'hui. Survivre dans une abondance de pacotille ou la noyade dans le kitsch le plus absurde et le plus obsène. Mais, surtout, surtout Monsieur le bourreau, ne prenons aucun risque ! Or il n'y a pas de vie digne de ce nom sans prise de risque et c'est d'ailleurs ce qui en fait le sel. C'est pourtant précisément le type idéal de société que l'on tente de nous faire accepter depuis déjà des années. Et il faut bien admettre que ça marche à merveille.
Qui s'y oppose ?
Qui refuse cette société de l'assurance tout-risque ?
Qui rejette cet étouffoir que sont devenue nos organisations sociales, désormais exclusivement orientées vers le "collectivisme sécuritaire" d'Etat ?
Seuls quelques marginaux refusent encore de survivre de la sorte ; mais qu'on se rassure ces dangereux individus seront bientôt emprisonnés pour notre sécurité. De toute manière ils n'ont aucune d'influence ni aucun pouvoir de changer quoi que ce soit, même s'ils le voulaient. Ils sont une espèce en voie de disparition et nul ne s'en aperçoit. Lorsque ces derniers des mohicans auront disparus, plus personne ne se souviendra de ce qu'aura pu être un "homme libre".
Car la vérité, celle qu'on ne dit pas parce-qu'il est probable que personne ne la voit plus, la vérité c'est que personne n'en veut de cette liberté dont on parle à tord et à travers en permanence. Ou alors, encore un fois, on ne parle pas de la même chose. Ce qui ne fait pas beaucoup de doutes non plus. Cette fameuse liberté mythique est devenue un idéal beaucoup trop pesant pour les masses occidentales terrorisées en permanence et à qui on a appris depuis des décennies à se décharger toujours plus de toutes leurs responsabilités entre les mains de l'Etat. L'idéal aujourd'hui est d'être pris en charge, c'est à dire déchargé de toute ces responsabilités qui faisaient de nous des individus libres et indépendants. Il suffit de voir le temps que chacun passe à se battre contre les bureaucraties et les administrations d'Etat pour faire valoir ses "droits" sacro-saints.
Les résultats de ce sondage, qui ne seraient pas valable qu'en France d'ailleurs mais probablement partout en Occident, est le reflet de notre état d'esprit : nous sommes dominés par la peur. Cette dernière nous incite à abandonner toujours plus nos dernières libertés contre une sécurité illusoire provenant d'un Etat obèse et de ce fait de plus en plus impotent. Ce n'est pas une mentalité d'hommes libres mais un état d'esprit d'esclave.
"Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finira par perdre les deux."
C'est ce qu'écrivait Benjamin Franklin au moment de la guerre d'Indépendance en 1776. Eh bien, nous y sommes presque. Et, avouons-le, ce ne fut pas très difficile d'y parvenir.
Allons, souriez braves gens, c'est pour votre Bien !
Pendant ce temps, tout le monde est content à cochon sur Terre, le meilleur des mondes.
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