Lettre ouverte aux électeurs bien-votants de Cochon-sur-Terre à l’occasion d’une campagne électorale quelconque.
Figurez-vous, cher concitoyen, que j’ai récemment appris, et croyez-le bien tout a fait par distraction, que j’avais la chance inouïe de vivre dans une démocratie, ce qui signifie, semble t’il, que je peux ouvrir ma gueule (je vous prie de bien vouloir excuser cet écart de langage mais je m’exprime…) et dire tout ce que je pense. Il parait même que c’est recommandé en période de campagne électorale, ce que j’ignorais totalement. Vous pouvez imaginer ma surprise lorsque j’ai réalisé que tout, absolument tout, n’était pas interdit, contrôlé, surveillé, ausculté, fliqué etc… et qu’il nous restait encore une possibilité relative de dire ce que l’on pensait. Ca tombe plutôt bien et je vais donc en profiter rapidement avant que cet oubli, certainement involontaire, ne soit corrigé, pour notre sécurité à tous naturellement. Car, cher concitoyen, je suis révolté de voir qu’aucun des candidats de cette campagne électorale, de l’importance la plus considérable pour l’avenir de notre Illustrissime Humanité, ne l’oubliez pas je vous prie, aucun, donc, n’a pris le soin de préciser dans ce qu’ils appellent leurs « programmes » ce qu’ils pensaient de cette question de la plus haute importance pour l’avenir de notre espèce divine : la lévitation. Car l’air de rien, et je vais insister lourdement là-dessus, cela nous concerne tous et devrait être au rang des préoccupations principales de cette campagne électorale. Ce devrait même être le seul et unique objet des élections. Eh bien non, non seulement personne n’en parle, mais je suis certain que personne n’y pense, ce qui m’afflige encore plus. Cela ne fait que confirmer, si besoin en était, à quel point nos politiciens professionnels peuvent être superficiels, englués dans des schémas politiques et économiques d’un autre monde, en bref à quel point nous sommes aux mains de politiciens ringards, voire réactionnaires, dont l’absence de pensée n’a d’équivalent que l’irresponsabilité criminelle pour notre avenir dont ils font preuve.
Car, cher concitoyen, vous le savez bien vous qui êtes lucides et clairvoyants, le seul et unique débat de cette campagne électorale aurait dû être : comment voulez-vous léviter ?
Ne vous y trompez pas, cher concitoyen, nous en sommes là ! La situation est à ce point catastrophique que nous devons faire un retour sur nous-mêmes, si tant est que nous en soyons encore capables, ce qui n’est pas du tout certain, afin de faire un choix qui engagera l’avenir de notre Illustrissime Humanité. De quelle manière dorénavant voudrions-nous léviter ? Tout est là. Rien n’est en effet plus important que cette question car elle touche à notre humanité, à ce qui constitue le fait même que nous sommes des êtres humains et non pas des animaux. Nous pourrions dire sans nulle crainte d’exagération que notre caractéristique principale, ce qui nous différencie de tous les autres êtres vivants est justement ce besoin congénital de nous élever au-dessus de nous-mêmes, en bref notre irrésistible attrait pour la lévitation. Car nous ne pouvons échapper à la lévitation, à moins que l’on ne choisisse d’abandonner notre humanité et de retourner dans ce règne animal qu’il nous est si pénible de laisser derrière nous, comme nous pouvons en voir d’ailleurs de nombreuses preuves plus ou moins hybrides autour de nous, voire dans notre entourage, c'est-à-dire tous ces individus ayant un fort penchant pour la bestialité plutôt que pour l’humanité. J’ai d’ailleurs le sentiment que ce genre tout à fait ancien, mais pas moins inquiétant, aurait tendance à se développer à nouveau de nos jours au cœur même de notre monde paradisiaque, comme si celui-ci engendrait ce qui le détruira... La vérité est que nous n’avons nullement le choix : c’est la lévitation ou la bestialisation. L’histoire de la lévitation n’est que l’histoire de l’humanité, soyez en sûr cher lecteur, c'est-à-dire la tentative nullement assurée d’échapper à l’animalité.
Or, cette histoire se partage en deux périodes bien distinctes. Pour simplifier nous devons distinguer la période dîtes « moderne » de toutes les autres. Il ne s’agit pas de prendre une quelconque notion arbitraire pour ce faire. Non, nous distinguons cette période par la manière absolument nouvelle dont l’art de léviter fût envisagé à partir de ce moment là. Il est un fait que la caractéristique de la période historique dans laquelle nous survivons depuis maintenant trois siècles environ n’est rien d’autre que la mise en place de la forme nouvelle de lévitation dans laquelle nous nous sommes engagés, rejetant du même coup toutes les institutions et les traditions de lévitation qui avaient cours jusqu’alors. Pour la première fois l’humanité a changé radicalement de méthode de lévitation. La révolution française, cher lecteur, n’est rien d’autre que le renversement concret et le plus spectaculaire des anciennes méthodes de lévitation au profit des nouvelles. Notre Illustrissime Humanité s’est faite déicide à cette occasion afin, contrairement à ce que croyaient les naïfs, non pas de renverser Dieu de son trône pour détruire ce dernier et le rabaisser à notre niveau au nom de notre fétiche sanctificateur l’égalité, mais bien afin d’y monter à sa place. Elle a ainsi troqué la croyance en Dieu pour la croyance en Elle-même. La période moderne n’est donc rien d’autre que la prise en main de sa lévitation par l’humanité, ce qui signifie que Notre Humanité désormais Divinisée a décidé un beau jour qu’Elle s’élèverait au-dessus d’Elle-même par Elle-même, grâce aux ressources de sa créativité et de son savoir-faire. C’est ainsi que nous sommes entrés dans l’ère de la lévitation artificielle dont la technologie est le moyen unique et indispensable. Cela fait donc plus de trois siècles, maintenant, que ce rêve de lévitation artificielle guide Notre Lumineuse Humanité sur le chemin de la félicité, électrique hier, atomique aujourd’hui et probablement désertique demain au train où vont les choses. C’est ainsi que depuis trois cent ans notre Illustrissime Humanité a poursuivi son exploration et sa quête de toutes les possibilités que recelait la lévitation artificielle pour en arriver aux temps héroïques de l’aviation puis à celui de la conquête de l’espace, dont nous ne connaissons encore que les balbutiements aujourd’hui, ce qui, rétrospectivement, constitue bien l’aboutissement logique de cette forme nouvelle de lévitation. Il faut tout de même avouer que cet achèvement, si c’en est un véritablement, est encore assez limité non seulement en raison de sa fiabilité douteuse, mais surtout en raison du nombre ridicule d’individus à qui cela permet de léviter. De plus il se pourrait que cette lévitation artificielle ne soit plus réalisable à court terme en raison de son coût prohibitif, tant il semble que les ressources nécessaires à notre exercice de la lévitation artificielle soient en train de s’épuiser. C’est ainsi, cher lecteur, que Notre Illustrissime Humanité est en train de découvrir avec stupeur qu’Elle pourrait ne pas gagner la course engagée par elle contre la planète dont elle tire sa subsistance, et de laquelle elle avait voulu s’affranchir. Pis encore il se pourrait même que cette ingrate planète soit la cause de la disparition de cette espèce évoluée entre toute qui se crut éternelle pendant quelques malheureux siècles, cette période au cours de laquelle l’Humanité s’est mise à croire en elle-même. Or, aujourd’hui, nous commençons à nous rendre compte que croire en soi-même n’a jamais élevé personne. La triste et ironique vérité est que notre croyance en nous-mêmes, c'est-à-dire plus concrètement la foi que des vaisseaux spatiaux nous permettraient de nous propulser littéralement au-dessus de nous-même, a bien eu pour résultat concret de nous propulser quelque part mais ce ne fût pas du tout dans la direction espérée ; nous voilà arrivés non pas au-dessus de nous-mêmes mais bien plutôt à coté de nos pompes…
Voilà, cher concitoyen, la situation véritable dans laquelle nous nous trouvons de nos jours et que nos politiciens n’abordent jamais, soit par ignorance crasse, soit par lâcheté et par intérêts à court terme. Ne nous y trompons pas : nous ne pourrions bien sûr pas interrompre nos expériences de lévitation sans retomber immédiatement dans la bestialité la plus authentique. Or il se trouve que nos méthodes de lévitation actuelles, modernes donc, par conséquent les plus évoluées qui soient, celles qui sont tout de même parvenues à nous envoyer dans la lune en des temps records, ces méthodes donc, d’une part ne nous seront certainement plus accessibles dans un avenir très proche en raison de leurs coûts qui menacent notre survie, et d’autre part elles ont échouées puisque nous nous retrouvons aujourd’hui très nettement à coté de nos pompes… Mais qui, cher citoyen-bienvotant, a abordé cette question vitale pour notre avenir au cours de ces élections ? Qui a proposé une solution de rechange à nos méthodes condamnées de lévitation ? Qui y a seulement fait allusion ? A ma connaissance personne, même pour rire. N’est-ce pas faire preuve d’irresponsabilité coupable?
Puisqu’il n’est pas envisageable de cesser de léviter, et que nous ne pouvons pas non plus continuer à le faire par nos méthodes actuelles, la seule issue est donc d’en inventer de nouvelles dont les coûts ne remettraient pas en cause la survie de plus en plus sujette à caution de Notre Illustrissime Humanité. En d’autres termes, si nous ne savons pas renoncer de notre propre initiative et sans attendre à nos méthodes actuelles de lévitation, cela se fera sans nous et contre nous, avec pour conséquence l’extinction de l’espèce, ou, en tout cas, de sa dégénérescence si complète que l’on devra trouver un autre terme afin de classifier ce qui en subsistera parmi les êtres survivants. Si, donc, nous partons du principe que notre Illustrissime Humanité a opté il y a environ trois siècle pour la lévitation artificielle, que nous pourrions également dénommer technologique en raison du fait déjà signalé que ce ne peut-être qu’à travers nos réalisations technique que nous pouvons accomplir la lévitation artificielle, nous devrions donc en conclure logiquement que nous ne pouvons l’abandonner qu’en renonçant en partie au moins à ce par quoi elle se réalise : la technologie. Oui, cher concitoyen, j’ai bien conscience du blasphème que je suis en train d’écrire, comme chaque remise en cause radicale de toute religion établie en constitue un ; et j’ai bien conscience également du risque que je cours et de la possibilité d’être réduit en cendres sur le bûcher médiatique, car je ne suis pas sans ignorer que même la divine tolérance de notre sainte époque a des limites, illimitées bien entendu. Si, donc, nous abandonnions nos méthodes de lévitation artificielles reposant sur la technologie et sur des inventions toujours plus ingénieuses afin de nous aider à nous faire léviter toujours plus loin, cela signifierait-il que nous soyons obligés de régresser aux méthodes de lévitation de nos ancêtres, ces êtres si ignorants et si stupides qui nous font tant honte que nous hésitons à nous déclarer leurs descendants ? Car il me parait légitime d’être en droit de nous demander si nous sommes réellement issus d’individus si peu évolués qu’ils parvenaient à survivre sans téléphone portable et sans télévision, sans les 35 heures et sans vacances, sans crèches et sans tous ces spécialistes illuminés qui envahissent nos vies comme le font si bien les cancrelats, sans militants et sans avancées sociétales, sans associations pour la défense des portables abandonnés ou celle pour le droit à la connerie intergalactique pour tous, sans bobos ni bobonnes etc… bref, des êtres qui survivaient dans un monde autre que notre paradis terrestre contemporain. Comment ont-ils pu ? C’est à ne pas croire j’en conviens volontiers… Devrions-nous revenir, d’ailleurs il faudrait interdire cette expression abjecte au nom de notre droit à la sécurité psychologique, je me demandais donc s’il nous fallait adopter ces façons de vivre indignes d’êtres aussi évolués que nous le sommes ? Cela aurait de graves conséquences pour nous et notre merveilleux niveau de vie. Je dois vous avouer que j’ai du mal à envisager une existence digne de nous sans toutes ces glorieuses conquêtes de notre Illustrissime Humanité contemporaine, et je trouverai même absolument injuste que nous soyons obligés de sacrifier ainsi ce qui fait pour nous l’agrément de nos inexistences parfaites. Je ne peux même pas imaginer que des êtres aussi fiers, à juste titre naturellement, que nous le sommes devenus puissent régresser au point de devoir de nouveau apprendre à marcher pour aller acheter notre pain sans prendre nos indispensables 4x4 pour ce faire, ces véhicules irremplaçables par ailleurs pour la sécurité des enfants que l’on va chercher à l’école dans la rue voisine et qui peuvent ainsi se cultiver en regardant la TV tandis qu’on les ramène chez eux, leur épargnant par la même occasion de subir les ignominies de la vie dont ils pourraient accidentellement voir ce qu’il en reste par la fenêtre… Ou encore imagineriez-vous survivre tout un été, et même le Printemps et parfois l’Automne en attendant l’hiver, en bref toute l’année, une survie entière donc sans air conditionné ; ou encore quelques heures sans informations ; ou pire encore, quelques moments en silence, j’entends sans bruit ? Ce serait parfaitement insoutenable j’en suis bien conscient. Pourtant cela ne s’arrêterait pas là, loin s’en faut, car il faudrait envisager encore bien d’autres sacrifices qu’il m’est trop pénible d’énumérer ici tant il y en aurait et tant cela me peinerait d’en envisager seulement la possibilité.
Mais la conséquence la plus grave à mes yeux de notre changement de méthode de lévitation aurait une implication sérieuse et immédiate sur ce qui nous tient le plus à cœur, sur ce que nous avons conquis de haute lutte depuis trois siècles et qu’aucune société avant la notre n’avait pas même pu imaginer, j’entend par là ce qui constitue le socle sur lequel repose avec confiance notre Fierté d’êtres fiers : nos droits, ou plutôt notre Droit Sacré d’avoir tous les droits, possibles et impossibles, imaginables et inimaginables, existants et inexistants, concrets et virtuels, passés, présents et à venir, particuliers et globalisés, terrestres et extra-terrestres… Eh oui, cher concitoyen, aussi abominable que cela puisse vous sembler, nos Sacrés Droits et nos Droits Sacrés, ceux-là même que nous avons si brillamment respectés depuis trois siècles, j’entends Nos Droits de l’Homme, eh oui, eux-mêmes et mêmes eux sont désormais menacés. Et il se pourrait bien que nous dussions volontairement renoncer à avoir tous les droits sans exception afin de nous sauver du désastre imminent. Oh, je sais bien ce que signifierait une telle insanité ; cela voudrait dire que nous consentirions à descendre du trône dont nous avions chassé Dieu et à le laisser vacant. Est-ce possible ? En sommes-nous capables ? Sommes-nous suffisamment illustres pour descendre du trône dont nous nous étions emparés? Notre désormais légendaire Sagesse Orbitale nous permettrait-elle volontairement de ne plus nous prendre pour des dieux ou pour Dieu, ce qui, entre nous soit dit, prouverait notre supériorité sur Dieu qui, lui-même, n’a jamais atteint à cette grandeur de ne plus se prendre pour ce qu’il était pourtant bel et bien… Autrement dit, serions-nous capables de condescendre à faire semblant d’admettre, du sommet auquel nous sommes parvenus, que nous ne serions peut-être pas aussi haut que nous ne le pensions (afin d’écarter tout malentendu je crois vraiment que nous sommes même encore plus haut que nous ne le sommes). Je me demandais simplement si nous étions prêts à comprendre que notre Infinie Grandeur ne consisterait précisément pas à accepter que nous ne sommes finalement pas aussi omnipotents que nous ne le croyions, et que ce ne serait pas forcément déchoir de notre Eminentissime Dignité que de réaliser qu’en fin de compte nous ne pouvons pas tout, et qu’une nouvelle méthode de lévitation pourrait fort bien démarrer par cet acte de courage de notre part : souffrir qu’en étant incurablement mortels nous ne pouvons être ni dieux ni Dieu, et encore moins les deux à la fois, avec toutes les conséquences gigantesques que cela impliquerait.
Cher concitoyen, veuillez pardonner je vous prie les propos tenus plus haut qui auraient pu vous faire douter de ma foi totale et absolue en Notre Destin Immaculé à tous. Mais cette supercherie fût nécessaire afin de vous faire prendre conscience de l’enjeu. Oui, je sais parfaitement bien qu’une nouvelle méthode de lévitation est une utopie, et je sais tout aussi bien que notre Eminentissime Dignité ne nous permet pas d’en envisager une autre. Accepter que nous soyons mortels, et qu’en conséquence de quoi nous ne soyons ni dieux ni Dieu, est une folie que seul un individu drogué à la cigarette pourrait proposer. C’est d’ailleurs probablement pour cette raison que fumer est désormais interdit pour notre bien à tous, au nom de notre Sécurité Sainte et Bien-Aimée.
Oui, cher concitoyen, je suis fanatiquement persuadé du caractère inéluctable de notre méthode de lévitation ; j’aime et j’admire sans réserves notre méthode de lévitation qui est de loin la plus admirable de toutes puisqu’elle aura pour conséquence de nous faire léviter tous ensemble, et en même temps qui plus est, dans une apocalypse digne des dieux que nous sommes. Je comprends bien que Notre Illustrissime Humanité ne peut se permettre de régresser au point d’admettre Sa mortalité ; quelle ignominie ne serait-ce pas, en effet ! Combien plus noble en comparaison est la voie choisie d’un suicide assumé qui ne laissera rien ni personne derrière nous, puisque nous ne pouvons revenir en arrière mais uniquement aller de l’avant. A la rigueur Nous pourrions laisser quelques survivants devant Nous mais serait-ce bien digne de Notre Grandeur ? Non, je ne le crois pas, car le suicide collectif est notre destin, le point culminant de notre méthode de lévitation, sa réussite complète et parfaite. C’est pourquoi j’ai bien compris, depuis longtemps d’ailleurs, que notre suicide grandiose représente l’achèvement de notre progrès bien aimé, que seule notre espèce divine aura eu le génie illimité de réaliser. Et puis ne rien laisser derrière Nous, quel panache, non ! Nous et puis rien…
Donc, pour en revenir à notre campagne électorale, je crois pouvoir affirmer qu’au nom de notre Dignité Eminentissime nous pouvons voter pour n’importe lequel des candidats les yeux fermés, assurés comme nous le sommes désormais que chacun d’eux fera de toute manière le maximum pour que Notre Grand Œuvre, j’entends Notre Suicide Collectif, se fasse de la manière la plus réussie et la plus accélérée possible, et surtout qu’au nom de notre fétiche Egalité nous soyons tous conforté par l’assurance qu’il n’y aura aucun laissé pour compte. A cette réjouissante perspective je dois avouer que tous les candidats sans exception sont d’une intégrité et d’un professionnalisme qui les honorent et qui me fait poser une dernière question :
Ne devrions-nous pas les élire tous ensemble afin d’être vraiment sûrs de réaliser Notre Destin de la meilleure manière et le plus rapidement possible?
Figurez-vous, cher concitoyen, que j’ai récemment appris, et croyez-le bien tout a fait par distraction, que j’avais la chance inouïe de vivre dans une démocratie, ce qui signifie, semble t’il, que je peux ouvrir ma gueule (je vous prie de bien vouloir excuser cet écart de langage mais je m’exprime…) et dire tout ce que je pense. Il parait même que c’est recommandé en période de campagne électorale, ce que j’ignorais totalement. Vous pouvez imaginer ma surprise lorsque j’ai réalisé que tout, absolument tout, n’était pas interdit, contrôlé, surveillé, ausculté, fliqué etc… et qu’il nous restait encore une possibilité relative de dire ce que l’on pensait. Ca tombe plutôt bien et je vais donc en profiter rapidement avant que cet oubli, certainement involontaire, ne soit corrigé, pour notre sécurité à tous naturellement. Car, cher concitoyen, je suis révolté de voir qu’aucun des candidats de cette campagne électorale, de l’importance la plus considérable pour l’avenir de notre Illustrissime Humanité, ne l’oubliez pas je vous prie, aucun, donc, n’a pris le soin de préciser dans ce qu’ils appellent leurs « programmes » ce qu’ils pensaient de cette question de la plus haute importance pour l’avenir de notre espèce divine : la lévitation. Car l’air de rien, et je vais insister lourdement là-dessus, cela nous concerne tous et devrait être au rang des préoccupations principales de cette campagne électorale. Ce devrait même être le seul et unique objet des élections. Eh bien non, non seulement personne n’en parle, mais je suis certain que personne n’y pense, ce qui m’afflige encore plus. Cela ne fait que confirmer, si besoin en était, à quel point nos politiciens professionnels peuvent être superficiels, englués dans des schémas politiques et économiques d’un autre monde, en bref à quel point nous sommes aux mains de politiciens ringards, voire réactionnaires, dont l’absence de pensée n’a d’équivalent que l’irresponsabilité criminelle pour notre avenir dont ils font preuve.
Car, cher concitoyen, vous le savez bien vous qui êtes lucides et clairvoyants, le seul et unique débat de cette campagne électorale aurait dû être : comment voulez-vous léviter ?
Ne vous y trompez pas, cher concitoyen, nous en sommes là ! La situation est à ce point catastrophique que nous devons faire un retour sur nous-mêmes, si tant est que nous en soyons encore capables, ce qui n’est pas du tout certain, afin de faire un choix qui engagera l’avenir de notre Illustrissime Humanité. De quelle manière dorénavant voudrions-nous léviter ? Tout est là. Rien n’est en effet plus important que cette question car elle touche à notre humanité, à ce qui constitue le fait même que nous sommes des êtres humains et non pas des animaux. Nous pourrions dire sans nulle crainte d’exagération que notre caractéristique principale, ce qui nous différencie de tous les autres êtres vivants est justement ce besoin congénital de nous élever au-dessus de nous-mêmes, en bref notre irrésistible attrait pour la lévitation. Car nous ne pouvons échapper à la lévitation, à moins que l’on ne choisisse d’abandonner notre humanité et de retourner dans ce règne animal qu’il nous est si pénible de laisser derrière nous, comme nous pouvons en voir d’ailleurs de nombreuses preuves plus ou moins hybrides autour de nous, voire dans notre entourage, c'est-à-dire tous ces individus ayant un fort penchant pour la bestialité plutôt que pour l’humanité. J’ai d’ailleurs le sentiment que ce genre tout à fait ancien, mais pas moins inquiétant, aurait tendance à se développer à nouveau de nos jours au cœur même de notre monde paradisiaque, comme si celui-ci engendrait ce qui le détruira... La vérité est que nous n’avons nullement le choix : c’est la lévitation ou la bestialisation. L’histoire de la lévitation n’est que l’histoire de l’humanité, soyez en sûr cher lecteur, c'est-à-dire la tentative nullement assurée d’échapper à l’animalité.
Or, cette histoire se partage en deux périodes bien distinctes. Pour simplifier nous devons distinguer la période dîtes « moderne » de toutes les autres. Il ne s’agit pas de prendre une quelconque notion arbitraire pour ce faire. Non, nous distinguons cette période par la manière absolument nouvelle dont l’art de léviter fût envisagé à partir de ce moment là. Il est un fait que la caractéristique de la période historique dans laquelle nous survivons depuis maintenant trois siècles environ n’est rien d’autre que la mise en place de la forme nouvelle de lévitation dans laquelle nous nous sommes engagés, rejetant du même coup toutes les institutions et les traditions de lévitation qui avaient cours jusqu’alors. Pour la première fois l’humanité a changé radicalement de méthode de lévitation. La révolution française, cher lecteur, n’est rien d’autre que le renversement concret et le plus spectaculaire des anciennes méthodes de lévitation au profit des nouvelles. Notre Illustrissime Humanité s’est faite déicide à cette occasion afin, contrairement à ce que croyaient les naïfs, non pas de renverser Dieu de son trône pour détruire ce dernier et le rabaisser à notre niveau au nom de notre fétiche sanctificateur l’égalité, mais bien afin d’y monter à sa place. Elle a ainsi troqué la croyance en Dieu pour la croyance en Elle-même. La période moderne n’est donc rien d’autre que la prise en main de sa lévitation par l’humanité, ce qui signifie que Notre Humanité désormais Divinisée a décidé un beau jour qu’Elle s’élèverait au-dessus d’Elle-même par Elle-même, grâce aux ressources de sa créativité et de son savoir-faire. C’est ainsi que nous sommes entrés dans l’ère de la lévitation artificielle dont la technologie est le moyen unique et indispensable. Cela fait donc plus de trois siècles, maintenant, que ce rêve de lévitation artificielle guide Notre Lumineuse Humanité sur le chemin de la félicité, électrique hier, atomique aujourd’hui et probablement désertique demain au train où vont les choses. C’est ainsi que depuis trois cent ans notre Illustrissime Humanité a poursuivi son exploration et sa quête de toutes les possibilités que recelait la lévitation artificielle pour en arriver aux temps héroïques de l’aviation puis à celui de la conquête de l’espace, dont nous ne connaissons encore que les balbutiements aujourd’hui, ce qui, rétrospectivement, constitue bien l’aboutissement logique de cette forme nouvelle de lévitation. Il faut tout de même avouer que cet achèvement, si c’en est un véritablement, est encore assez limité non seulement en raison de sa fiabilité douteuse, mais surtout en raison du nombre ridicule d’individus à qui cela permet de léviter. De plus il se pourrait que cette lévitation artificielle ne soit plus réalisable à court terme en raison de son coût prohibitif, tant il semble que les ressources nécessaires à notre exercice de la lévitation artificielle soient en train de s’épuiser. C’est ainsi, cher lecteur, que Notre Illustrissime Humanité est en train de découvrir avec stupeur qu’Elle pourrait ne pas gagner la course engagée par elle contre la planète dont elle tire sa subsistance, et de laquelle elle avait voulu s’affranchir. Pis encore il se pourrait même que cette ingrate planète soit la cause de la disparition de cette espèce évoluée entre toute qui se crut éternelle pendant quelques malheureux siècles, cette période au cours de laquelle l’Humanité s’est mise à croire en elle-même. Or, aujourd’hui, nous commençons à nous rendre compte que croire en soi-même n’a jamais élevé personne. La triste et ironique vérité est que notre croyance en nous-mêmes, c'est-à-dire plus concrètement la foi que des vaisseaux spatiaux nous permettraient de nous propulser littéralement au-dessus de nous-même, a bien eu pour résultat concret de nous propulser quelque part mais ce ne fût pas du tout dans la direction espérée ; nous voilà arrivés non pas au-dessus de nous-mêmes mais bien plutôt à coté de nos pompes…
Voilà, cher concitoyen, la situation véritable dans laquelle nous nous trouvons de nos jours et que nos politiciens n’abordent jamais, soit par ignorance crasse, soit par lâcheté et par intérêts à court terme. Ne nous y trompons pas : nous ne pourrions bien sûr pas interrompre nos expériences de lévitation sans retomber immédiatement dans la bestialité la plus authentique. Or il se trouve que nos méthodes de lévitation actuelles, modernes donc, par conséquent les plus évoluées qui soient, celles qui sont tout de même parvenues à nous envoyer dans la lune en des temps records, ces méthodes donc, d’une part ne nous seront certainement plus accessibles dans un avenir très proche en raison de leurs coûts qui menacent notre survie, et d’autre part elles ont échouées puisque nous nous retrouvons aujourd’hui très nettement à coté de nos pompes… Mais qui, cher citoyen-bienvotant, a abordé cette question vitale pour notre avenir au cours de ces élections ? Qui a proposé une solution de rechange à nos méthodes condamnées de lévitation ? Qui y a seulement fait allusion ? A ma connaissance personne, même pour rire. N’est-ce pas faire preuve d’irresponsabilité coupable?
Puisqu’il n’est pas envisageable de cesser de léviter, et que nous ne pouvons pas non plus continuer à le faire par nos méthodes actuelles, la seule issue est donc d’en inventer de nouvelles dont les coûts ne remettraient pas en cause la survie de plus en plus sujette à caution de Notre Illustrissime Humanité. En d’autres termes, si nous ne savons pas renoncer de notre propre initiative et sans attendre à nos méthodes actuelles de lévitation, cela se fera sans nous et contre nous, avec pour conséquence l’extinction de l’espèce, ou, en tout cas, de sa dégénérescence si complète que l’on devra trouver un autre terme afin de classifier ce qui en subsistera parmi les êtres survivants. Si, donc, nous partons du principe que notre Illustrissime Humanité a opté il y a environ trois siècle pour la lévitation artificielle, que nous pourrions également dénommer technologique en raison du fait déjà signalé que ce ne peut-être qu’à travers nos réalisations technique que nous pouvons accomplir la lévitation artificielle, nous devrions donc en conclure logiquement que nous ne pouvons l’abandonner qu’en renonçant en partie au moins à ce par quoi elle se réalise : la technologie. Oui, cher concitoyen, j’ai bien conscience du blasphème que je suis en train d’écrire, comme chaque remise en cause radicale de toute religion établie en constitue un ; et j’ai bien conscience également du risque que je cours et de la possibilité d’être réduit en cendres sur le bûcher médiatique, car je ne suis pas sans ignorer que même la divine tolérance de notre sainte époque a des limites, illimitées bien entendu. Si, donc, nous abandonnions nos méthodes de lévitation artificielles reposant sur la technologie et sur des inventions toujours plus ingénieuses afin de nous aider à nous faire léviter toujours plus loin, cela signifierait-il que nous soyons obligés de régresser aux méthodes de lévitation de nos ancêtres, ces êtres si ignorants et si stupides qui nous font tant honte que nous hésitons à nous déclarer leurs descendants ? Car il me parait légitime d’être en droit de nous demander si nous sommes réellement issus d’individus si peu évolués qu’ils parvenaient à survivre sans téléphone portable et sans télévision, sans les 35 heures et sans vacances, sans crèches et sans tous ces spécialistes illuminés qui envahissent nos vies comme le font si bien les cancrelats, sans militants et sans avancées sociétales, sans associations pour la défense des portables abandonnés ou celle pour le droit à la connerie intergalactique pour tous, sans bobos ni bobonnes etc… bref, des êtres qui survivaient dans un monde autre que notre paradis terrestre contemporain. Comment ont-ils pu ? C’est à ne pas croire j’en conviens volontiers… Devrions-nous revenir, d’ailleurs il faudrait interdire cette expression abjecte au nom de notre droit à la sécurité psychologique, je me demandais donc s’il nous fallait adopter ces façons de vivre indignes d’êtres aussi évolués que nous le sommes ? Cela aurait de graves conséquences pour nous et notre merveilleux niveau de vie. Je dois vous avouer que j’ai du mal à envisager une existence digne de nous sans toutes ces glorieuses conquêtes de notre Illustrissime Humanité contemporaine, et je trouverai même absolument injuste que nous soyons obligés de sacrifier ainsi ce qui fait pour nous l’agrément de nos inexistences parfaites. Je ne peux même pas imaginer que des êtres aussi fiers, à juste titre naturellement, que nous le sommes devenus puissent régresser au point de devoir de nouveau apprendre à marcher pour aller acheter notre pain sans prendre nos indispensables 4x4 pour ce faire, ces véhicules irremplaçables par ailleurs pour la sécurité des enfants que l’on va chercher à l’école dans la rue voisine et qui peuvent ainsi se cultiver en regardant la TV tandis qu’on les ramène chez eux, leur épargnant par la même occasion de subir les ignominies de la vie dont ils pourraient accidentellement voir ce qu’il en reste par la fenêtre… Ou encore imagineriez-vous survivre tout un été, et même le Printemps et parfois l’Automne en attendant l’hiver, en bref toute l’année, une survie entière donc sans air conditionné ; ou encore quelques heures sans informations ; ou pire encore, quelques moments en silence, j’entends sans bruit ? Ce serait parfaitement insoutenable j’en suis bien conscient. Pourtant cela ne s’arrêterait pas là, loin s’en faut, car il faudrait envisager encore bien d’autres sacrifices qu’il m’est trop pénible d’énumérer ici tant il y en aurait et tant cela me peinerait d’en envisager seulement la possibilité.
Mais la conséquence la plus grave à mes yeux de notre changement de méthode de lévitation aurait une implication sérieuse et immédiate sur ce qui nous tient le plus à cœur, sur ce que nous avons conquis de haute lutte depuis trois siècles et qu’aucune société avant la notre n’avait pas même pu imaginer, j’entend par là ce qui constitue le socle sur lequel repose avec confiance notre Fierté d’êtres fiers : nos droits, ou plutôt notre Droit Sacré d’avoir tous les droits, possibles et impossibles, imaginables et inimaginables, existants et inexistants, concrets et virtuels, passés, présents et à venir, particuliers et globalisés, terrestres et extra-terrestres… Eh oui, cher concitoyen, aussi abominable que cela puisse vous sembler, nos Sacrés Droits et nos Droits Sacrés, ceux-là même que nous avons si brillamment respectés depuis trois siècles, j’entends Nos Droits de l’Homme, eh oui, eux-mêmes et mêmes eux sont désormais menacés. Et il se pourrait bien que nous dussions volontairement renoncer à avoir tous les droits sans exception afin de nous sauver du désastre imminent. Oh, je sais bien ce que signifierait une telle insanité ; cela voudrait dire que nous consentirions à descendre du trône dont nous avions chassé Dieu et à le laisser vacant. Est-ce possible ? En sommes-nous capables ? Sommes-nous suffisamment illustres pour descendre du trône dont nous nous étions emparés? Notre désormais légendaire Sagesse Orbitale nous permettrait-elle volontairement de ne plus nous prendre pour des dieux ou pour Dieu, ce qui, entre nous soit dit, prouverait notre supériorité sur Dieu qui, lui-même, n’a jamais atteint à cette grandeur de ne plus se prendre pour ce qu’il était pourtant bel et bien… Autrement dit, serions-nous capables de condescendre à faire semblant d’admettre, du sommet auquel nous sommes parvenus, que nous ne serions peut-être pas aussi haut que nous ne le pensions (afin d’écarter tout malentendu je crois vraiment que nous sommes même encore plus haut que nous ne le sommes). Je me demandais simplement si nous étions prêts à comprendre que notre Infinie Grandeur ne consisterait précisément pas à accepter que nous ne sommes finalement pas aussi omnipotents que nous ne le croyions, et que ce ne serait pas forcément déchoir de notre Eminentissime Dignité que de réaliser qu’en fin de compte nous ne pouvons pas tout, et qu’une nouvelle méthode de lévitation pourrait fort bien démarrer par cet acte de courage de notre part : souffrir qu’en étant incurablement mortels nous ne pouvons être ni dieux ni Dieu, et encore moins les deux à la fois, avec toutes les conséquences gigantesques que cela impliquerait.
Cher concitoyen, veuillez pardonner je vous prie les propos tenus plus haut qui auraient pu vous faire douter de ma foi totale et absolue en Notre Destin Immaculé à tous. Mais cette supercherie fût nécessaire afin de vous faire prendre conscience de l’enjeu. Oui, je sais parfaitement bien qu’une nouvelle méthode de lévitation est une utopie, et je sais tout aussi bien que notre Eminentissime Dignité ne nous permet pas d’en envisager une autre. Accepter que nous soyons mortels, et qu’en conséquence de quoi nous ne soyons ni dieux ni Dieu, est une folie que seul un individu drogué à la cigarette pourrait proposer. C’est d’ailleurs probablement pour cette raison que fumer est désormais interdit pour notre bien à tous, au nom de notre Sécurité Sainte et Bien-Aimée.
Oui, cher concitoyen, je suis fanatiquement persuadé du caractère inéluctable de notre méthode de lévitation ; j’aime et j’admire sans réserves notre méthode de lévitation qui est de loin la plus admirable de toutes puisqu’elle aura pour conséquence de nous faire léviter tous ensemble, et en même temps qui plus est, dans une apocalypse digne des dieux que nous sommes. Je comprends bien que Notre Illustrissime Humanité ne peut se permettre de régresser au point d’admettre Sa mortalité ; quelle ignominie ne serait-ce pas, en effet ! Combien plus noble en comparaison est la voie choisie d’un suicide assumé qui ne laissera rien ni personne derrière nous, puisque nous ne pouvons revenir en arrière mais uniquement aller de l’avant. A la rigueur Nous pourrions laisser quelques survivants devant Nous mais serait-ce bien digne de Notre Grandeur ? Non, je ne le crois pas, car le suicide collectif est notre destin, le point culminant de notre méthode de lévitation, sa réussite complète et parfaite. C’est pourquoi j’ai bien compris, depuis longtemps d’ailleurs, que notre suicide grandiose représente l’achèvement de notre progrès bien aimé, que seule notre espèce divine aura eu le génie illimité de réaliser. Et puis ne rien laisser derrière Nous, quel panache, non ! Nous et puis rien…
Donc, pour en revenir à notre campagne électorale, je crois pouvoir affirmer qu’au nom de notre Dignité Eminentissime nous pouvons voter pour n’importe lequel des candidats les yeux fermés, assurés comme nous le sommes désormais que chacun d’eux fera de toute manière le maximum pour que Notre Grand Œuvre, j’entends Notre Suicide Collectif, se fasse de la manière la plus réussie et la plus accélérée possible, et surtout qu’au nom de notre fétiche Egalité nous soyons tous conforté par l’assurance qu’il n’y aura aucun laissé pour compte. A cette réjouissante perspective je dois avouer que tous les candidats sans exception sont d’une intégrité et d’un professionnalisme qui les honorent et qui me fait poser une dernière question :
Ne devrions-nous pas les élire tous ensemble afin d’être vraiment sûrs de réaliser Notre Destin de la meilleure manière et le plus rapidement possible?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire