dimanche 1 septembre 2013

Syrie : Obama-Pilate s'en lave les mains.


Le Prix Nobel de la Paix s’en remet au Congrès pour décider de la paix où de la «guerre». Où plutôt, selon les propres termes du sauveur de «l’humanité souffrante», il ne s’agirait que  d’un :

“limited, narrow act” with no “boots on the ground” or “open-ended commitment.”

Et son Secrétaire d’Etat, Kerry-botox, nous assure la main sur le coeur que cette opération 

“will bear no resemblance to Afghanistan, Iraq or even Libya.”

C’est à se demander à quoi cela sert de faire toute cette histoire pour quelques missiles dont les Syriens eux-mêmes ne s'apercevront même pas qu’ils leur sont tombés dessus. 
Et puis à quoi bon déranger le vertueux Congrès qui aura bien d’autres questions plus pressantes à se mettre sous la dent, comme les « révélations » de Snowden où encore le vote d’une hausse du plafond de la dette de l’état fédéral qui est d’ores et déjà dépassé. A noter d’ailleurs que sans cela on ne pourra pas jouer à la guerre indéfiniment.

La vérité est que le brave Prix Nobel de la Paix s’est mis dans une situation dont il ne sait plus très bien se sortir. La fameuse « ligne rouge », prononcée dans un moment d’absence le poursuit désormais comme son ombre et permet à ses «alliés» qui ne lui veulent que du bien de tout tenter pour le forcer à intervenir en Syrie. Rendons-lui justice, le Président américain n’a aucune envie d’intervenir en Syrie de quelque manière que ce soit. Mais les Saoudiens et certains Israéliens ne rêvent que de le forcer à le faire. D’où les « false flag attacks » régulièrement attribuées au gouvernement syrien en dépit de toutes les preuves et témoignages du contraire. Mais il semblerait que cette dernière provocation du 21 Août ait été de trop et ait entrainé une réaction opposée à celle que ces instigateurs désiraient. 

En dépit de la propagande des médias de déférence, la méfiance est générale en Occident, en tout cas parmi les populations qui, apparemment, sont très majoritairement opposées à toute intervention de quelque manière que ce soit. Aux USA, les plus récents sondages font état de 80 % des interrogés résolument hostiles à toute intervention non autorisée par le Congrès. Ce qui montre une opposition résolue à tout interventionnisme à la Busch-Cheney versus Afghanistan, Irak où Libye. C’est aussi une défiance grandissante vis à vis d’une présidence qui a pris l’habitude d’usurper des pouvoirs qui ne lui sont pas dévolus par la Constitution, ce qui est peu de le dire. 

De même, les alliés extérieurs volontaires pour « punir » le méchant Président Syrien qui assassine son propre peuple avec du gaz très aimablement fourni par le Prince Saoudien Bandar ben Sultan se font plutôt rares. Même l’OTAN a déclaré une intervention de sa part hors de question.

Le stupéfiant vote du Parlement britannique n’a pas aidé non plus à remonter l’enthousiasme général. Bien au contraire il pourrait donner des idées et du courage aux opposants de plus en plus nombreux au Congrès et parmi l’Administration. Sans parler de l’armée qui est très opposée à toute opération, quelque soit la forme qu’elle puisse prendre. L’armée, entre autre par la voix de son Chef d’état major le Général Martin Dempsey lors d’un briefing au Congrès, a émis de sérieux doutes à propos des affirmations des politiciens qui clament qu’une intervention limitée est possible :

“Once we take action, we should be prepared for what comes next. Deeper involvement is hard to avoid.”

Ayant désormais appelé à voter l’autorisation d’attaquer la Syrie où non, qu’est-ce que Obama a û avoir dans la tête ? Nous partons du principe qu’il ne veut pas être entrainé dans cette affaire syrienne mais qu’il s’est piégé lui-même par sa fameuse « ligne rouge ». Piégé sur le front extérieur par ses alliés saoudiens et israéliens, il ne peut plus repousser une attaque sans passer immédiatement pour un faible, c’est à dire se discréditer encore plus qu’il ne l’est déjà au niveau international ; intérieurement ses ennemis de tous bords ont eux aussi très bien saisi l’importance de cette « ligne rouge » : s’il recule encore ils pourront le lui reprocher ; s’il frappe trop modérément, ils l’accuseront de faire preuve de coupable faiblesse, et s’il se laisse entrainer dans une guerre véritable avec un échec certain à la clé n’en parlons pas. Bref, quoi qu’il fasse, chaque action de sa part était vouée à lui retomber dessus.

Sauf une.

Désormais, c’est au Congrès de choisir. Il l’a réclamé ("Over the last several days, we have heard from members of Congress who want their voices to be heard. I absolutely agree,"), les américains veulent que le Congrès soit consulté ; et bien soit, Obama s’en lave les mains. 
Désormais, quel que soit le résultat du vote, Obama se sentira couvert et « légitimé » vis à vis des américains. Ce sera « leur » guerre, où « leur » paix, pas la sienne.

Ce vote prendra place dans la semaine du 9 Septembre. Ce qui laisse la place à de belles échauffourées, de magnifiques get-apens, peut-être d’autres attaques chimiques de la part du gouvernement syrien avec du gaz fourni par Bandar ben Sultan etc, etc...
Mais cela laissera aussi le champ libre aux opposants à la guerre au Congrès pour s’organiser, tout comme aux lobbys israéliens (mené par l’AIPAC) et saoudiens de mobiliser leurs MP préférés pour soutenir la cause de l'intervention.
Nous pouvons néanmoins noter que le texte appelant à l'intervention proposé au vote par la Maison Blanche apparait extrêmement vague et permet une interprétation des plus larges de l'intervention permise : de quelques missiles à une guerre générale, y compris contre d'autres puissances étrangères, pensez l'Iran. Cela nous fait penser que cette rédaction très lâche (est-ce intentionnel ?) des pouvoirs octroyés à la Présidence pourrait bien constituer un facteur de plus pour inciter de nombreux parlementeurs US à voter contre l'intervention. 

Nous verrons qui du lobby israéliens où de l'opinion du peuple US l'emportera dans le chef des parlementeurs US.

Entre temps la mission de l’ONU rendra son rapport sur l’attaque au gaz du 21 Août ce qui nous vaudra encore de jolis cris stridents d'indignation, dans quelques sens que ce soit d'ailleurs. De toute manière cela n'aura aucun effet.

Espérons que l’exemple anglais sera contagieux et qu’il contaminera à la fois les parlementeurs US et Français 

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