Il y a une semaine lors de la signature de l’accord intérimaire sur le dossier dit du «nucléaire iranien», de nombreux commentateurs avisés, voire avinés, mettaient en doute la possibilité que cet accord puisse déboucher sur un accord définitif entre le P5+1 et l’Iran.
Ce pessimisme était motivé par deux raisons principales :
- l’opposition d’Israël
- l’opposition des saoudiens
Certes, il faut bien admettre que ce sont deux raisons très sérieuses et qu’il ne s’agit en aucun cas de les sous-estimer, notamment la puissance de leurs lobbys respectifs aux USA et au Congrès en particulier.
Néanmoins il semble que les commentateurs dont nous parlions tout à l’heure ait raté une marche passablement importante : le vent a tourné.
Le vent a tourné et cela est en train de diminuer considérablement l’influence des lobbys israéliens et saoudiens aux USA et au Congrès.
Le vent a tourné et l’opinion publique US est à une large majorité pour un accord avec l’Iran.
Le vent a tourné et l’opinion publique US, tout comme de plus en plus de membres de l’oligarchie au pouvoir, se rendent compte que les intérêts des USA ne sont plus les mêmes que ceux d’Israel, sans compter ceux des saoudiens.
Enfin la signature de l’accord avec l’Iran est auto-réalisateur dans le sens où il entraine naturellement de nouvelles perspectives auxquelles personne n’aurait rêvé il y a encore deux semaines : un accord pour établir la paix au MO, en Syrie, en Afghanistan et... en Palestine avec la participation active de l’Iran ; sans compter les perspectives économiques si le marché iranien s’ouvrait tout à coup à la concupiscence des sociétés occidentales ; sans parler de l’exploitation des gisements pétroliers et gaziers du pays sur lesquels nos braves majors nationales bavent de plaisir rien qu’à l’odeur de l’encre qui servira à signer un accord définitif entre l’Iran et le P5+1. Du coup cela entraine l'adhésion d'un nombre de gens de plus en plus important.
Bref, s’il y a des raisons de ne pas être trop optimistes à propos d’un accord définitif signé dans six mois, il y a lieu malgré tout d’être prudemment optimiste pour deux raisons principales :
- tout le monde veut un accord : le P5+1 et l’Iran en premier lieu
- de ce fait l’influence de ceux qui ne le veulent pas (Israël et l’Arabie Saoudite) se fait de moins en moins forte parmi les cercles dirigeants occidentaux (sauf en France comme on sait).
C’est pourquoi deux faits passés presque inaperçu dans la pressstitute nous ont semblé dignes d’intérêt car ils paraissent renforcer notre thèse.
- Le premier a trait aux organisations juives US qui n’ont pas manifesté outre mesure leur désapprobation face à la signature de l’accord la semaine dernière et ne paraissent pas non plus , pour le moment, décidées à torpiller un éventuel accord dans six mois mais plutôt à en influencer le contenu autant que faire se peut.
Even as Israel has fiercely attacked the agreement, signed by the United States and five other countries with Iran, the Jewish organizations have carefully sought a middle ground between Israel and America in their dispute over the six-month accord. The groups’ nuanced approach has extended even to their positioning on a final, comprehensive agreement that the parties hope to negotiate with Iran by the end of the interim agreement’s term.
By and large, mainstream pro-Israel organizations have accepted the six-month accord as a fait accompli. Most notably, they have backed down from attempts to get Congress to pass new economic sanctions against Iran during this period, a move the Obama administration warned would derail the interim nuclear deal. That was a development that the Jewish groups apparently decided they did not wish to be held responsible for.
The groups’ main focus is instead now directed at shaping the final accord between Iran and the group of six world powers negotiating with it to ensure Tehran’s civilian nuclear program cannot be used to create nuclear weapons. But here too, Jewish organizations are carrying out a difficult balancing act, trying to push the administration to impose the toughest possible conditions on Iran, but stopping short of posing demands that would be seen as making such an agreement impossible.
(Sources : voir en fin de l'article)
(Sources : voir en fin de l'article)
Il semblerait que les orgnaisation juives US aient compris qu’un accord final serait signé et qu’elles risquaient très gros à s’y opposer, et ce d’autant plus que la population US y est favorable dans sa majorité, y compris parmi les juifs américains. Même l’AIPAC semble avoir mis beaucoup d’eau dans son vin et s’être résigné à ce que l’accord final soit signé puisqu’il semblerait que cette organisation, généralement fidèle bras armé du gouvernement israélien aux USA, se soit distancé de ce dernier en ne faisant pas pression sur le Congrès pour appliquer les nouvelles sanctions contre l’Iran avant les six mois prévus par l’accord. Il semblerai même que l’AIPAC ait abondonné les exigences du gouvernement israélien d’interdire aux iraniens d’enrichir de l’uranium en violation du droit international.
Looking forward to the discussion over Iran’s future civilian nuclear program under the expected final agreement, AIPAC is now defining its red line as insisting the United States “deny Tehran a nuclear weapons capability” — a vague term that falls short of Israel’s demand for “zero enrichment” by Iran of uranium for its nuclear production.
(Sources : voir en fin de l'article)
(Sources : voir en fin de l'article)
Tout cela est-il le reflet d’une attitude nouvelle et résignée du gouvernement israélien lui-même vis à vis de la signature d’un accord définitif entre le P5+1 et l’Iran dans un futur proche ?
C’est très probable ce qui n’empêchera pas que Bibi et son gouvernement feront tout en coulisse pour faire dérailler les pourparlers mais sans qu’on puisse leur en imputer la responsabilité.
- Le second point d’intérêt est lié à l’épouvantable chef des services de renseignement saoudiens, Bandar Busch où Bandar Ben Satan, comme il est surnommé en Syrie où au Liban en raison de ses activités criminelles liées au terrorisme islamiste dont il est le principal financier.
A son propos commencent à courir des rumeurs assez concordantes mais venant de milieux divers, voire opposés, politiquement parlant ce qui pourrait être une marque de relative fiabilité.
Les menaces contre lui viendraient de deux côtés à la fois :
1) des Américains qui seraient très « agacés » de son soutien tout azimuts aux islamistes, notamment en Syrie :
According to al-Manar news channel, during his recent visit to Riyadh, US Secretary of State John Kerry has demanded the Saudi officials to dismiss Prince Bandar from heading the spying network which acts against Damascus.
And to show that its demand is serious, the CIA has also stopped its intelligence cooperation with the Saudi spy agency, the TV channel reported.
“The administration of US President Barack Obama is angry at the positions adopted by Prince Bandar on the Syrian case since it thinks that he manages the case through collaboration and collusion with the neoconservative groups in Washington which seek to spoil Obama’s policies on Syria, Iran and even Russia,” al-Manar added.
(Sources : voir en fin de l'article)
(Sources : voir en fin de l'article)
2) et de certains membres de la famille royale saoudienne :
An informed source told FNA in September that tens of Saudi princes in a letter to King Abdullah bin Abdulaziz Al Saud protested at Prince Bandar's failure in coaxing the US into a war on Syria to topple President Bashar al-Assad's government.
"The letter was signed by 17 influential Saudi princes and was submitted to King Abdullah's Chief of Staff," a Saudi source close to King Abdullah's monarchy, who asked to remain unnamed due to the sensitivity of his information, told FNA.
The source also revealed that since the Saudi King and his Crown Prince Salman Bin Abdul Aziz are not in good health conditions, the King's Chief of Staff controls the country's affairs and the Saudi princes presented the letter to him to protest at Prince Bandar's weak performance on Syria.
(Sources : voir en fin de l'article)
(Sources : voir en fin de l'article)
La source du mécontentement des Américains et des cousins saoudiens leur est commune bien que pour des raisons presque opposées. Les premiers sont furieux de son soutien aux islamistes en Syrie et partout ailleurs dans le monde tandis que les autres sont furieux que le dit soutien aux terroristes ait échoué à remplir l’objectif initial tout en ayant couté une véritable fortune au Royaume (chaque terroriste en Syrie serait payé $ 1.000 par mois par Bandar. S’il y en a 100.000 on peut imaginer ce que cela coute au Royaume, sans compter les armes etc, pour un résultat nul).
The source said that Bandar's failure in persuading the US and its allies to wage war on Syria has created deep differences among the Saudi princes.
Earlier reports said that Prince Bandar Bin Sultan has spent tens of millions of dollars to persuade the US political and security officials to launch a military strike on Syria.
Prince Bandar has spent a sum of $70 million to encourage the American officials to attack Syria, a Saudi security source told FNA in Riyadh late August.
(Sources : voir en fin de l'article)
(Sources : voir en fin de l'article)
N’oublions pas que le Roi Abdallah, lorsqu’il nomma Bandar à a tête du Conseil National de Sécurité en Juillet lui donna six mois pour réussir à renverser le Président Assad. Le moins que l’on puisse dire est qu’il a échoué spectaculairement et qu’il n’y a plus aucune chance de renverser la situation désormais.
Ceci est peut-être la cause de cette autre rumeur qui se répand dans certains milieux à propos de la mort prochaine de Prince Bandar et de son frère Salman Bin Sultan. Ce qui se traduirait alors plutôt comme la victoire d’un clan de la famille royale saoudienne sur l’autre. Ce qui permettrait de nous donner quelques indications sur la provenance clanique, à défaut de son identité, du futur souverain d’Arabie Saoudite.
En conclusion, nous pouvons être raisonnablement optimistes sur la conclusion d’un accord final entre l’Iran et le P5+1, ce d’autant plus si les principaux opposants, ceux dont on redoutait les tentatives de sabotage, se résignent à cet accord et s’arrangent pour en profiter eux aussi d’une manière où d’une autre, comme un renversement d’alliance face au déclin de l’influence US au MO.
Nous avions déjà évoqué ces possibilité dans cet article (ici) il y a quelques mois.
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