Toujours plus d’armes, toujours plus puissantes et toujours plus perfectionnées. Ces sont les demandes des rebelles syriens et des terroristes étrangers que ne cessent d’entendre les Occidentaux, tout comme les qataris où les saoudiens depuis des mois. Il n’y en a pas assez ce qui explique pourquoi la « rebellions » n’a pas encore réussi à se débarrasser du gouvernement syrien légitime, selon les « rebelles » en tout cas.
Pourtant, il semblerait que ce ne soit pas vraiment le cas, bien au contraire : on sait très bien que les rebelles n’ont pas cessé de recevoir des flots d’armes depuis au moins le début de l’année dernière, c’est à dire Décembre 2011 - Janvier 2012. Cela dit il est vrai que les livraisons d’armes ont pris une tout autre ampleur depuis Novembre 2012 jusqu'à aujourd'hui.
The airlift, which began on a small scale in early 2012 and continued intermittently through last fall, expanded into a steady and much heavier flow late last year, the data shows. It has grown to include more than 160 military cargo flights by Jordanian, Saudi and Qatari military-style cargo planes landing at Esenboga Airport near Ankara, and, to a lesser degree, at other Turkish and Jordanian airports
160 vols d’avions cargo C130 où C17 appartenant aux armées qatari, saoudienne où jordanienne, bourrées d’armes.
De leur livraison en Turquie, les armes sont distribuées et acheminées en Syrie sous les auspices du gouvernement Turc mais sous étroite supervision de la CIA, afin d’éviter qu’elles ne tombent en de mauvaises mains (!).
Comme déjà dit plus haut, le flot d’armes s’est accru de manière considérable depuis quelques mois, du à la fois à l’autorisation turque d’accélérer les cadences des livraisons sur sol turc, d’une meilleure logistique mais aussi de la frustration grandissante des Qataris, Saoudiens et des Turcs face à l’incapacité de leurs « poulains » à se débarrasser de l’armée syrienne. On parles donc désormais de livraisons atteignant le total incroyable de 3500 tonnes d’armes livrées aux opposants syriens au régime tout comme aux terroristes et autres islamistes étrangers transférés d’Irak, de Libye, de Tchetchenie etc, en Syrie pour « libérer » le pays du régime laïc du Président Al Asssad en y instaurant la sharia wahabbite telle qu’elle est si bien appliquée en Arabie Saoudite.
Depuis peu, cependant, un nouveau « hub » fût crée en Jordanie, destiné à alimenter en armes les « rebelles » syriens dans le Sud du pays ce qui, parait-il, permet ainsi d’éviter que les armes en question ne tombent aux mains d’Al Qaeda où du Jabhat al Nusra Front, ce qui revient au même. Car les armes en provenance de Turquie semblent atterrir malgré toutes les précautions entre les mains des islamistes. Dans le Sud il semblerait que ce ne soit pas le cas. Où en tout cas pas encore.
Car les membres d’Al Qaeda, où Al Nusra, arrivent désormais en grand nombre par la frontière irako-syrienne, beaucoup trop étendue pour être surveillée de manière à empêcher toute infiltration non voulue de la part des deux gouvernements. Il semblerait donc que Al Qaeda, où Al Nusra, comptent désormais plus de 1000 combattants étrangers, chiffre qui ne cesse d’augmenter au fur et à mesure qu’ils étendent leur contrôle sur la frontière irak-syrienne. Leur force tout comme leur combativité ne cessant de se développer en Syrie au dépend des groupes dits plus « modérés », cela explique les réticences US à armer les « rebelles » d’une part, et surtout à fournir des armes anti-char et surtout les fameuses armes anti-aériennes stinger et autres qui furent autrefois fournies aux Afghans pour lutter contre les hélicoptères et avions russes avec le succès que l’on sait. Aujourd’hui les US ont une peur bleue que ces armes ne se retrouvent un jour utilisées contre eux où leurs alliés.
La rivalité désormais exacerbées entre le Qatar et les Saoudiens se reflète sur le terrain, avec en toile de fond la montée en puissance d’Al Qaeda-Al Nusra.
D’un côté le Qatar et la Turquie, de l’autre l’Arabie-Saoudite, la Jordanie et les UAE. Les premiers soutiennent et veulent les Frères Musulmans au pouvoir en Syrie, les seconds non seulement refusent absolument les FM comme successeurs de Bachar el Assad mais surtout redoutent un rôle accru de la Turquie dans les affaires de la région. D’autre part les Saoudiens et les Jordaniens sont terrorisés à l’idée que la Syrie, après la chute éventuelle du régime actuel, ne se transforme en « état failli » dans lequel les milices islamistes seraient maitresses du terrain et libres de déstabiliser toute la région, y compris la Jordanie et l’Arabie-Saoudite. Sans parler des iraniens et de leur alliés qui ne se feraient pas prier pour participer é ce petit jeu s’ils en éprouvaient le besoin, ce qui est loin d’être certain.
Car les Saoudiens n’ont pas digéré le rôle du Qatar dans l’organisation et l’approvisionnement indiscriminé en armes et matériel divers des milices islamistes et des frères musulmans en Libye, ce qui aboutit à la situation catastrophique que l’on connait aujourd’hui. C’est désormais l’image même de l’état failli qui n’a plus aucune autorité sur son territoire qui est aux mains de milices islamiques armées jusqu’aux dents se livrant à des trafics en tout genre qui leur permettent d’acheter les armes dont elles ont besoin pour propager la sharia et le jihad dans toute la région. Le Mali en est un exemple.
L’Arabie-Saoudite et la Jordanie rendent le Qatar responsable de l’échec libyens et ne veulent pas recommencer la même plaisanterie en Syrie.
La rivalité qatari - saoudienne explique aussi l’échec de la réunion de la Ligue Arabe à Doha la semaine dernière, malgré la nomination au siège syrien de la Ligue de Mouaz Al Khatib, le Président démissionnaire de l’opposition syrienne, et le rejet de son premier ministre Hitto par de nombreux membres de la coalition, y compris par le chef de sa branche armée, le général Idriss.
Cela explique la confusion qui existe au sein de l’opposition syrienne qui se fragmente de plus en plus et dont les acrimonies en son sein ne cessent de s’exacerber.
La réunion de Doha n’a pu aboutir à rien de concret.
- la nomination illégale de l’ex président de l’opposition syrienne Al Khatib au siège syrien. On a vu son l’inutilité étant donné l’état de fragmentation de l’opposition syrienne.
- la décision par la Ligue d’autoriser la livraison d’armes à l’opposition syrienne (!)...
Étant donné les résultats qu’ont donné ces livraisons d’armes sur le terrain, on peut légitimement se demander à quoi cela va servir. Alex Thompson, le journaliste anglais qui rapporte les faits de terrain en Syrie depuis le début de la crise, écrivait Mardi dernier ce qui suit à propos de nos petits « protégés » et de leurs tactiques guerrières autour de Damas :
It is hard to build any other case than that the rebel tactic here is pure terror and demoralisation. If they think they are going after military targets, then the above list from the past three days can only prove they are lethally incompetent.
C’est tout le véritable problème de cette opposition, soutenue et manipulée par des acteurs extérieurs ayant des objectifs différents :
- politiquement, elle est divisée entre de multiples fractions qui se haïssent entre elles et qui ne parviennent pas à s’unir.
- militairement, elle est totalement incompétente, au mieux ; car elle est également corrompue jusqu’à la moelle, ne pensant souvent pour une partie d’entre eux qu’à gagner de l’argent plutôt qu’à combattre (ici).
Tout cela explique parfaitement la montée en puissance d’Al Qaéda et Al Nusra sur le terrain et l’inquiétude de plus en plus forte des USA face à la possibilité d’une Syrie éclatée aux mains de milices islamistes ne rêvant que de faire sauter les régimes « alliés » jordaniens, saoudiens, les émirats du Golfe, y compris le petit Qatar qui s’imagine sortir indemne de son pari faustien.
The setbacks over the weekend only underlined the lack of progress the Syrian political opposition has made after two years and millions of dollars in outside aid.
The lack of opposition cohesion raises the specter of a bloody free-for-all should Assad fall, perhaps plunging Syria into anarchy with no credible body poised to take charge.
(Sources : Mc Clatchy - Hannah Allam - 25 Mars 2013)
Après l’échec de la conférence de Doha, la démission de Khatib, la nomination de Hitto aux mains des FM, les divisions plus que jamais exacerbées au sein de l’opposition, sans parler de son incompétence militaire, quelles sont les options restant aux USA ?
Tout en laissant les acheminement d’armes se poursuivre, tout en laissant l’opposition armée guerroyer sur le terrain en espérant qu’elle parviendra enfin à marquer des points face à l’armée syrienne afin que cela puisse rendre plus compréhensif le Président syrien, les USA ont commencé tranquillement à soutenir le plan de paix russe, celui qui avait été négocié à Genève en son temps, comme l’a annoncé John Kerry il y a quelques jours, bien que la presstitute n’y ait pas fait beaucoup d’allusions. Ce qui signifie des négociations directes avec Bashar El Assad, contrairement à ce que les USA avaient toujours affirmé jusqu’à aujourd’hui : pas de négociations avec Assad, sa démission étant une précondition inébranlable.
Nous n’en sommes plus là. Aujourd’hui il s’agit d’éviter que la Syrie n’implose et ne tombe aux mains des islamistes. La pression islamiste de plus en plus forte pousse les USA à promouvoir une résolution politique du conflit, c’est à dire, au bout du compte, adopter franchement le plan russe élaboré à Genève avant l’été dernier. Cela impliquerait une passe délicate avec le Qatar et la Turquie qui y sont totalement opposés pour les raisons énergétiques déjà exposées (ici).
Pour l'Occident, le plan russe reste la seule voie de sortie de ce conflit sans que le coût en soit trop élevé et en espérant que la région n’en sortira pas trop déstabilisée.
Sans quoi, si le gouvernement syrien tombait (ce qui n'est pas d'actualité pour le moment), un chaos tel que celui que nous avons crée en Libye se répandrait dans toute la région et nous fera regretter amèrement le régime laïc de Bachar el Assad.
Pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.
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