dimanche 3 juin 2012

R comme Récession ; G comme Globale.

Nous y revoilà, chers lecteurs.
Récession, ce mot honni, ce terme qui avait été banni du volapuc officiel de notre oligarchie bien-aimée depuis quelques temps sous le prétexte que nous étions sortis de la dite récession ; sous prétexte que nous nous trouvions désormais en période de « convalescence » mais bel et bien sorti de la R, tellement bien que certains de nos économistes illuminés avaient eu des visions en prise directe (Printemps de 2009) des fameux « green shoots » qui prouvaient combien nous étions de nouveau sur le chemin de la ... croissance.
La croissance nous était revenue, en dépit du fait que les prix de l’immobilier continuaient de baisser ; en dépit du nombre des chômeurs qui ne montraient aucun signe de baisse, à la condition de ne pas prendre en compte les statistiques officielles grossièrement bidouillées ; malgré la hausse des prix de l’énergie et des matières alimentaires.
Donc tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Hummm, eh bien il semblerait que depuis cette semaine certains commencent enfin à se réveiller de ce rêve au goût de LSD que l’on nous servait depuis la soit disant « fin de la crise ».

Car la vérité, et nous l’affirmons depuis au moins trois ans dans ces colonnes, la vérité, donc, c’est qu’il n’y eut jamais de « sortie de crise », et encore moins de reprise, sans parler d’une quelconque croissance.
Notre hypothèse est qu’il y eut un effet d’hypnose collective. Les masses furent ensorcelées par les apprentis sorciers de la FED, de la BCE et consorts, comme Mowgli par le serpent python ; ils utilisèrent à cet effet leur arme préférée : la création de fausse monnaie sur mode steroïde. Il fallut assommer les gogos à qui ils n’étaient pas destinés par une quantité de chiffres telle que personne n’osa plus contester leur légitimité ; le tout fut saupoudré d’une fermeté teintée d’arrogance afin de bien faire comprendre aux futures victimes (vous et nous) qu’elles n’étaient que de vulgaires ignorants à qui on faisait la charité en leur expliquant la situation dans laquelle ils se trouvaient ; cela avait l’avantage de masquer l’ignorance crasse de ceux-là même qui jouaient aux prestidigitateurs de salon.
Et que personne ne s’avise de se plaindre du chômage, de l’inflation des produits alimentaires où de l’énergie où de la baisse continuelle de l’immobilier !
La croissance était revenue, point barre.

Le problème est qu’aujourd’hui même les chiffres trafiqués ne sont plus capables de masquer la vérité : il n’y a pas plus de croissance que de beurre en branche. En revanche il y a une énorme Récession, la même que celle qui débuta il y a cinq ans avec la crise des subprimes en bien pire puisque la situation s’est nettement aggravée. La Récession qui fût camouflée par les trillions de dollars, d’Euros, de Yuans et tutti quanti qui furent déversés sur le marché mais qui ne firent rien d’autre que retarder l’événement inéluctable auquel nous faisions face il y a cinq ans et qui se trouve à nouveau à notre porte aujourd’hui. Le problème est que nos Etats bien-aimés sont désormais sans moyens puisqu’ils les ont perdus pour soutenir les banques en perdition, institutions financières qui sont toujours dans le même état de banqueroute qu’auparavant.
Ce qui signifie en gros que les Etats se sont ruinés pour rien.

Car la Récession est désormais mondiale, semble t’il.

Aux USA les chiffres du chômage US publiés hier indiquent de façon nettes que les USA sont à la veille de rentrer à nouveau en récession. Ils sont catastrophiques : 69.000 emplois  seulement furent créés au mois de Mai alors qu’il en faudrait au moins 150.000 de plus chaque mois pour compenser l’augmentation de la population en état de travailler sans même parler de redonner du travail à ceux qui ont perdu leur job depuis cinq ans. De plus les chiffres de création d’emploi du mois d’Avril furent révisés à la baisse (comme à chaque fois) de 115.000 à 77.000. La moyenne pour les mois d’Avril et Mai est donc de 73.000.

Jeudi le Département du Commerce US annonça qu’il révisait sa prédiction de croissance pour l’économie US de 2.2 à 1.9 pour l’année 2012.

Quand à l’immobilier la situation est toujours aussi mauvaise et il semblerait bien que le fond soit loin d’avoir été atteint, contrairement à ce que tous nos économistes illuminés se plaisent à glapir sur tous les médias de désinformation possible et inimaginable.
Il reste encore 18 millions de maisons dans les inventaires aux USA. Au bas mot. Au rythme actuel de mise en chantier, de nouveaux ménages et d’immigration, ces 18 millions de maisons vides ne sont pas prêtes de trouver preneur. Et ce d’autant moins que les mentalités ont profondément changées puisque ceux qui étaient les acheteurs des dix dernières années, c’est à dire les 25 - 60 ans, sont passés locataires. On peut les comprendre : échaudés par la crise comme ils le furent, incertains de leur job et devant faire face à un marché du crédit qui se resserre drastiquement sans compter de la baisse continuelle du marché immobilier en général (-2.6% au mois de Mars par rapport à l’année dernière), la prudence fait pencher pour la location. C’est ce qui se produit.

Keith Jurow, comme d’autres, voit un effondrement de l’immobilier US dans les six prochains mois.

Let’s put this housing credit bubble and collapse in historical perspective. Prior to this disaster, the largest bubble and collapse in American history was the U.S. stock market from 1927 to 1932. Most of you probably don’t know that during that stock market boom, you could buy stocks with only 10 percent down. Brokers would lend you up to 90 percent of the price. Sounds like the housing bubble, doesn’t it?

The Dow Jones Industrials peaked at nearly 400 in October 1929. When it finally hit bottom, the DJI had collapsed to 34. Now that’s a true collapse. Every few months, pundits would claim that the worst was over. Sound familiar? Then the stock market would plunge lower.


Do I see anything on the horizon that could turn things around and correct the growing imbalance between potential homebuyers and sellers. No. Nothing whatsoever. Wishful thinking won’t do it.

My advice to homeowners in nearly all major metros is quite simple. Get an appraisal from a professional appraiser to find out what the market value of your home is. Seriously consider putting your home on the market within the next six months. You will have a chance of selling it.


Within a year, I expect many of the weakest markets to show signs of unraveling. Perhaps the most vulnerable market is the entire NYC metro area. Sooner or later, the banks will have to start foreclosing or even doing short sales. When these properties hit the market in significant numbers, I have no doubt that prices in the entire region – where 19 million people reside – will collapse.

For other major metros, the plunge will depend on how crazy the bubble was during 2004-2007 and how large the total number of underwater owners becomes.

Predictions are always iffy. But I am convinced that things will get ugly from here and that there is no solution that can prevent this collapse. The wisest thing is for you to do is prepare for the worst. Is there anything wrong with renting a nice house or condo to ride out this perfect storm?
(Sources : Business Insider - 31.05.2012)

Quant à l’état dramatique du budget fédéral US le voici :

Budget du gouvernement fédéral US 2012 :                USD 3.800 milliards
Recettes fiscales directes du Gouv. federal US 2012 : USD 2.468.6 milliards
Déficit budget fédéral US 2012 :                                  USD 1.327 milliards
(Sources : www.usgovernmentrevenue.com/yearrev2012_0.html)

La situation actuelle du gouvernement fédéral des USA est très clair : il emprunte plus de la moitié du montant de ses revenus pour boucler son budget.

Comment dépense t’il ces USD 3.800 milliards (budget 2012) ?
Voici les postes de dépenses par ordre d’importance :

Défense : 25 %
Santé : 23 %
Pensions (retraite) : 21 %
Welfare (aide sociale) : 12 %
Interests on the debt : 6 %
Other spending : 4 %
Education : 3 %
Transport : 3 %
Protection : 2 %
Government : 1 %
(Sources:www.usgovernmentspending.comfederal_budget_detail_fy12rs12012n_1li1n)

Nous savons que nos lecteurs pourraient être très surpris de voir que les dépenses de santé, de retraite et d’aide sociale pèsent 56 % des dépenses totales de l’état fédéral US. Eh oui, alors que nous avons l’idée erronées que l’Etat Fédéral US laisse ses citoyens dans la misère et ne leur donne pas un centime. La réalité est que c’est au contraire le premier poste de dépense de l’Etat et que malgré cela l'inefficacité de toute cette usine à gaz relève de la science fiction en dépit de son coût effroyable. Mais c’est un sujet sur lequel nous pourrons revenir une autre fois bien qu’il soit utile d’avoir ces chiffres en tête pour bien se rendre compté de la situation budgétaire catastrophique des USA, tout comme celle des autres pays dits développés qui, tous, croulent sous le poids de la dette due notamment aux coûts insoutenables de l‘Etat Providence. Car les USA sont bel et bien un Etat Providence, même si c’est le plus inefficace de la planète, de très loin.

La crise que le monde connait actuellement est donc la crise de l’Etat Providence tel qu’il fût conçu après la guerre. Les Etats occidentaux vivent largement au dessus de leurs moyens depuis trente ans et il est désormais devenu impossible de continuer dans cette voie. Il n’y a plus d’argent pour poursuivre la route vers la félicité universelle à laquelle nos politiciens bien aimés nous conviaient à chaque élection afin d’être élus. Pourtant nous les élisions bien volontiers sans se poser de question bien entendu. Comment résister à ces flots de bien-être et de progrès ininterrompus, nous vous le demandons chers lecteurs ? Non seulement nous n’avons pas résisté mais les Français viennent de signer à nouveau pour une jolie croisière dans la lune qui est censée durer cinq ans (sans enthousiasme malgré tout), mais qui risque fort de se terminer dans des grincements de dents qui ne seront pas remboursés par la Sécurité Sociale.
La vérité est que toute cette soit disant prospérité magnifique dont nous nous félicitions depuis trente ans était acheté à crédit et qu’elle ne pouvait durer que si l’on pouvait emprunter toujours plus et toujours moins cher. Aujourd’hui non seulement nous ne pourrons plus emprunter toujours plus mais ce sera toujours plus cher.
Donc inabordable.

Nous avons vu brièvement la situation des USA qui ne s’améliorera d’autant moins si les maux européens ne se résolvent pas.

Nous n’allons pas revenir sur la situation européenne et son problème de solvabilité des Etats (comme les USA où le Japon). Pourtant certains envisagent l’avenir du vieux continent sous un angle plus positif que celui des USA. Le dernier en date est Nassim Taleb, le père de la théorie du cygne noir. Ses déclarations ont ainsi provoqué beaucoup de remous chez les bien-pensants il y a quelques jours lors d’une conférence à Montréal.
Pensez donc !

Le docteur Doom « a déclaré craindre bien plus la situation économique américaine que celle de l’Europe.

Les déboires de l’Europe ne lui font pas peur. L’Europe est malade, mais elle le sait. Les États-Unis , quant à eux, sont totalement inconscient de leur état. Et c’est ça leur drame. Sans compter les taux d’intérêt nul. La moindre hausse et c’est l’apocalypse côté déficit!

À la fin 2011, le déficit américain atteignait à 8,2% du PIB alors que celui des États de la zone euro s’élevait à 4,1%, selon Bloomberg.

L’éclatement de l’Europe? Pas de problème, répond Taleb “Il en naîtra un tas de petites monnaies amusantes ( fun currencies). Je n’ai pas peur d’investir en Europe. Les États-Unis, par contre…”

Alors que l’on reproche à la zone euro son union bancale – une union monétaire sans union économique ni fiscale – Taleb y voit plutôt une grande force. “ L’absence d’un gouvernement unifié joue pour l'Europe. Les querelles incessantes entre les États sont salutaires, elles préviennent la création d’une autorité centrale forte. Les gouvernements centralisés ne fonctionnent pas.»
(Sources : www.lesaffaires.com)

Pendant ce temps là, de l’autre côté de la planète, les sonnettes d’alarme tintent de plus en plus fort. En effet il semblerait que nos espoirs chinois, indiens où autre BRICS pour nous sortir de la pétaudière dans laquelle nous nous sommes fourvoyés ne reposent que sur une superstition que la peur nous fait entretenir sans aucun lien avec la réalité. Ils semblerait là aussi que ces pays, qui dépendaient de notre consommation pour se développer économiquement, connaissent désormais eux aussi des difficultés dues à notre nouveau manque d’enthousiasme pour acheter leurs produits. N’oublions pas que l’Union Européenne étant la première puissance économique de la planète, le premier partenaire commercial de la Chine (1/3 des exportations chinoises), lorsque nous nous enrhumons cela a un fort impact ceux sur lesquels nous comptions naïvement pour nous tirer d’affaire.
Or, lorsque la Chine prend froid à cause de nous c’est tout le sous-continent asiatique qui se refroidi à son tour, y compris l’Australie, comme l’indique un récent rapport de la Banque Mondiale sur le sujet.

The report explained that China was at the centre of a transnational network of production, with other Asian economies serving as the suppliers of raw materials, semi-finished parts and capital goods for re-export production in China. As a result, the country accounted for two-thirds of the region’s $US592 billion shipments to Europe last year. While China would be the first to suffer from an export slump to Europe, other economies, such as South Korea, South East Asian countries and Australia, would inevitably follow.

Moreover, the World Bank warned that developing Asian countries could face major financial stress because European banks provide a third of the region’s trade and project finance. In the event of a full-scale financial crisis in the eurozone, banks will repatriate capital back to Europe.

Falling export markets in Europe and North America means there is no outlet for much of the China’s productive capacity. The domestic market does not provide an alternative. Household consumption accounts for barely a third of the economy—compared to 70 percent in the US—reflecting China’s function as a cheap labour platform for global manufacturing.

China confronts a crisis of overproduction that threatens to trigger massive job losses. Export industries are stagnating and contributed nothing to economic growth last year. Debt-fuelled investment on machinery, buildings and infrastructure accounted for over half of growth. New stimulus spending would simply add to the existing overcapacity.
(Sources : www.wsws.com - 02.06.2012)

La dernière voix en date à sonner l’alarme sur le ralentissement économique et la récession globale qui point à l’horizon de la fin de l’année, selon lui, est celle du fameux économistes et homme d’affaire Marc Faber, rendu célèbre pour avoir prévu le crash de 1987 et l’avoir évité à ses clients. Marc Faber habite en Asie, en Thailande pour être précis, mais a ses bureaux à Hong Kong. Il constitue de ce fait un témoin privilégié sur ce qui se passe dans cette partie du monde.

In a live interview on CNBC's Fast Money Halftime Report, Faber again warned that economies of the world may be on the brink of a serious slowdown.

Faber indicated that while investors remain focused on Greece and Europe " other issues, bigger issues are looming. And they’re more threatening.

“As an observer of markets " whenever everyone focuses on one thing " like Greece and Europe " maybe they miss issues that are far more important " such as a meaningful slowdown in India and China.”

The latest reports from Beijing would support Faber's assertion.  The HSBC Flash Purchasing Managers Index, slipped to 48.7 in May from 49.3 in April. That marks the seventh straight month that the index has been below 50, a level which indicates economic activity is contracting.

Faber also cited weakness in the high-end as another key catalyst that's very negative.
"There are more and more stocks that are breaking down " economic sensitive stocks and companies that cater to the high-end," he said. "That suggests to me the economy is likely to weaken and the huge asset run is likely to come to an end with significant asset deflation."

Earlier in the week Tiffany lowered forecasts citing slower sales. At that time, Fast Money trader Dan Nathan warned that results such as these were foreboding and suggested the high-end was starting to crack.

When taken in concert, Faber says all the economies of the world could take a hit from these negative developments.

“I think we could have a global recession either in Q4 or early 2013." When asked what were the odds, Faber replied, "100%."
(Sources : CNBC - 26 Mai 2012)

Voilà, chers lecteurs, nous en resterons là pour aujourd’hui.
Comme nous l’avons toujours dit en dépit des sarcasmes de certains, la Récession n’a jamais disparu. Nous l’avons simplement occulté par de savants artifices, dont l’impression monétaire n’en n’est pas un des moins dangereux. Toutes ces agitations fort couteuses n’ont fait que retarder l’inévitable qui désormais est à notre porte alors que nous n’avons plus de moyens à notre disposition pour atténuer le choc.
Pourtant nous pouvons toujours entendre certains politiciens où économistes illuminés soutenir que nous ne pourrons nous en sortir que par la dette, toujours plus de dettes finançant des plans de relance aussi hypothétiques qu’inutiles comme l’ont démontrés les trillions de dollars et autres euros déversés dans le système depuis cinq ans.
Nous mourons de la dette mais on veut toujours nous en resservir encore une cuillerée sous prétexte que cette fois cela marchera.

Einstein a dit que la stupidité consistait à toujours agir de la même manière en espérant arriver un jour à un résultat différent.

Voilà où nous en sommes aujourd’hui.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

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