UNE EXPERIENCE VECUE DE LA SITUATION SECURITAIRE ACTUELLE EN SYRIE
Qâra, Province de Damas, Syrie. 11 mai 2012
"Les chrétiens de Qâra sont des habitants de souche. Ils sont au nombre de 500 pour une population de 25000 sunnites. Bien que minoritaires ils sont très respectés et ont toujours vécu en bonne entente avec leurs frères musulmans étant donné le fait que beaucoup de familles musulmanes sont issues de familles chrétiennes qui ont embrassé l’Islam au temps des Mamelouks.
Après la chute de Baba Amr et d’autres quartiers de la
ville de Homs et sa province, des familles entières de confession
sunnite se sont repliées à Qâra où les révolutionnaires les ont
accueillies dans des locaux publics, gymnases, mosquées ou centres
culturels ou dans des lieux privés. L’higoumène du Monastère Saint
Jacques l’Intercis a visité ces familles et en a recensé plus de 600
dont au moins le tiers compte des combattants à l’intérieur de
« l’Armée Libre de la Syrie ».
La présence de ces familles « combattantes » a rapidement transformé le
quotidien paisible du village de Qâra. Des larcins ont été commis mais
aussi des enlèvements contre rançons : mode qui se propage partout en
Syrie pour renflouer les caisses vides de la révolution ou pour remplir
les poches d’anciens contrebandiers qui ne peuvent plus continuer leur
commerce illicite à cause de la vigilance de l’Armée régulière
syrienne. Tel est le cas dans les villages environnants du Qalamoun où
nous nous trouvons : Yabrud, Nebek, Deir Attieh. Des bandes armées
kidnappent les citoyens et réclament une rançon pour leur libération. Ce
sont les leaders de l’opposition locale qui font la médiation entre
les ravisseurs et la parenté de la victime. Les rançons varient de un à
plusieurs millions de livres (entre 20 000 et 40 000 Dollars) pour les
chrétiens et plusieurs centaines de milliers de livres pour les
musulmans (1000 à 5000 Dollars). Les ravisseurs appartiennent à des
tribus belliqueuses des villages de Flitta, Baqaa, Maaret Yabrud ou
Yabrud. Souvent il y a des rixes armées parmi eux pour se partager le
butin ou pour asseoir une suprématie.
Nous avons donc relevé la présence de personnes étrangères au comportement louche à Qâra. Des voitures fumées sans plaque d’immatriculation circulent la nuit comme le jour. Les responsables de l’opposition sont devenus plus autoritaires. Ils apparaissent désormais armés et ont reçu dernièrement des uniformes flambant neufs de « l’Armée Libre de Syrie ». Ils font la pluie et le beau temps. Ils décrètent la grève, le couvre-feu ou la tenue de manifestations. Gare à celui qui ne collabore pas. Ils peuvent décider d’exécuter tel ou tel « collaborateur », comme ce colonel sunnite qui a été froidement abattu et dont on a interdit les funérailles. Ils disent qu’ils sont là pour « protéger la population civile des Shabbiha, c'est-à-dire des forces de l’ordre ». En réalité ils créent un vide sécuritaire qui laisse la place vacante à des bandits et à des terroristes.
Malgré les déclarations tranquillisantes des leaders de l’opposition locale nous avons fait face plus d’une fois à des tentatives de voler nos récoltes, de faire pénétrer abusivement des troupeaux en clôture pour profiter de nos pâturages. A chaque fois la réponse des contrevenants était : « les choses ne sont plus comme avant », autrement dit: « les forces de l’ordre ne vous seront d’aucun secours, nous pouvons faire impunément ce que nous voulons ». Beaucoup d’objurgations furent nécessaires pour dissuader de telles velléités. Mais un jour la vengeance est arrivée, sans doute créée par le dépit. Notre culture de peupliers fut totalement saccagée. Un matin, ces grands et beaux arbres gisaient à terre affreusement coupés. Depuis quelques mois le même sort avait été réservé à des dizaines arbres de la réserve naturelle dont nous nous occupons avec le ministère de l’agriculture. La raison donnée par l’opposition a été « le peuple vous en veut d’avoir planté des arbres là où les bergers amenaient leurs troupeaux pour paître ». Or, la plaine alentour compte des millions d’hectares qui sont libres pour tous.
Nous n’avons rien dit en pensant : « d’autres souffrent autrement plus que nous ».
Cependant la pagaille sécuritaire arriva à son comble aujourd’hui même. A peine remis de l’horrible attentat du 10 mai 2012 qui coûta la vie à des dizaines de citoyens et fit des centaines de blessés (notre frère Jean Baudoin qui partait ce jour même à l’aéroport était sur les lieux du drame quelques minutes auparavant et l’autobus de l’école grecque catholique y passait quelques minutes plus tard), voilà que nous parvient la nouvelle bien grave de l’agression dont fut victime le cher Père Georges Louis, curé célibataire de notre paroisse grecque catholique de Saint Michel, dans le centre historique de Qâra.
A l’aube du 11 mai deux hommes armés cagoulés sont entrés chez le Père Georges Louis qui dormait dans sa cure. Ils le menacèrent de leurs pistolets et demandèrent les clés pour inspecter les lieux. Craignant qu’ils ne s’introduisent dans l’église le Père essaya de parlementer à l’amiable. Ils le ligotèrent et lui intimèrent l’ordre de donner les clefs. Devant son hésitation l’un d’entre eux le frappa sur la tête avec une bouteille en vitre qui se brisa lui occasionnant une grande blessure qui saigna abondamment. L’un d’entre eux ricana : « nous t’avons imprimé une croix sur ta tête ! », la lésion était en effet cruciforme. Le Père essaya de les raisonner mais il n’obtint qu’un terrible coup de poing qui lui brisa une dent. Après avoir volé la caisse de l’église, l’ordinateur et le portable du prêtre, les bandits obligèrent avec mépris ce dernier à entrer dans la salle de bain où ils l’attachèrent au siège des WC. Ils lui fermèrent la bouche avec un adhésif. Ils cherchèrent de l’étrangler avec un tuyau mais, répondant à un signal, ils se retirèrent avant d’avoir terminé leur besogne. Le Père mit plus de deux heures à se dégager. Les mains encore liées il put appeler une de ses paroissiennes au secours. On l’amena tout ensanglanté chez le chirurgien : sa blessure nécessita cinq points de suture.
Un tel incident aurait été impensable quelques mois plus tôt. Les slogans confessionnels des chaînes satellitaires séoudiennes et quatariotes ont finit par rendre les chrétiens –jadis respectés en vertu du droit à la protection des minorités- une cible facile. Pauvre Syrie. Des groupuscules surgissent un peu partout. Ils savent que, dans la conjoncture actuelle leurs actes resteront impunis.
Après avoir connu la nouvelle le village s’attroupa autour du curé. Les dignitaires religieux et civils, chrétiens et musulmans désapprouvèrent fermement l’agression. Les leaders de l’opposition sont attendus demain pour une réunion à la municipalité avec l’higoumène du monastère. Il faut éviter le clivage confessionnel.
Sa Béatitude Grégoire III Laham, Patriarche grec melkite d’Antioche et de tout l’Orient nous a téléphoné pour nous exprimer sa profonde tristesse et sa solidarité paternelle. Après les attentats criminels de la veille qui ont secoué la ville de Damas et fait soixante dix morts et quatre cent blessés, Sa Béatitude déjà ébranlé a été très ému en s’informant des détails de l’agression subie par le Père Georges Louis. A cette occasion notre Patriarche a déclaré que « le drame dans notre Syrie bien-aimée c’est la dissolution de la société, le banditisme et le manque total de la sécurité. Tel est le sentiment du plus grand nombre de citoyens syriens qui ne savent plus quel est le lieu sûr pour s’y réfugier. La violence aveugle et sauvage frappe partout. Les éléments qui constituent un danger pour tous- mais spécialement pour les chrétiens et les autres minorités- sont le chaos insidieux, l’opposition incontrôlable et super armée et le banditisme. Tous sont des éléments qui affaiblissent l’Etat et créent une situation de peur, voire de terreur ainsi que des situations psychologiques très graves dans notre population. A chaque moment nous sommes dans l’insécurité totale. Aujourd’hui en Syrie il ne s’agit plus d’un clivage gouvernement-opposition. Il y a un troisième élément : c’est le banditisme qui règne et qui profite de la situation, qui se cache derrière l’opposition et qui exploite le manque de présence de l’armée et des observateurs des Nations Unies.»
Commentant la mention de la croix faite par le malfaiteur Sa Béatitude opina : « A vous dire franchement, moi je n’ai pas peur des musulmans, je n’ai pas peur de l’islamisme, je n’ai pas peur du salafisme. Je peux m’arranger avec eux tous car je sais à qui j’ai à faire. Mais devant le banditisme je suis absolument démuni et sans aucune défense. »
Nous confiâmes au Patriarche que les forces de l’ordre, contactées par les dignitaires musulmans et chrétiens du village hésitèrent à venir à Qâra car, comme chaque vendredi, il y avait une manifestation devant la grande mosquée qui est située à quelques mètres de la paroisse et que cette opposition est encadrée par des hommes armés. Les forces de l’ordre ne voulurent pas venir pour ne pas occasionner d’effusion de sang parmi la population civile en affrontant les miliciens.
Sa Béatitude répondit : « Tant que le gouvernement est là il doit gouverner : c’est une règle internationale. On ne peut empêcher un gouvernement de gouverner. On ne peut empêcher un gouvernement de protéger les citoyens. Et le gouvernement ne doit pas démissionner de cette tâche. La révolution, en mettant l’opposition contre le gouvernement a paralysé ce dernier. On dirait qu’il n’y a plus de gouvernement. Le gouvernement syrien est lié et balayé à cause de la politique internationale, à cause des accusations continuelles qui l’accusent sans enquête sérieuse de perpétrer des massacres et de bombarder les civils alors que des actes barbares de la part d’insurgés sont passés sous silence. C’est pour ces raisons que les gens crient au secours : ils demandent qu’on les aide. Il y a un gouvernement, un gouvernement légitime qui doit gouverner. Il faut aider le gouvernement. Si ce gouvernement tombe un jour il n’y aura plus rien à faire. Dans quel vide nous serons sans alternative viable ? Malheureusement nous constatons une volonté internationale qui vise à l’exacerbation des différences et à la provocation des conflits en Syrie. En armant et en appuyant par divers moyens des forces incontrôlables on pousse le pays à plus de violence, à plus de terrorisme, à plus de versement de sang. Je m’adresse à la communauté internationale : sauvez la Syrie. Sauvez la convivialité exemplaire entre musulmans et chrétiens. Pour ceux à qui elle est précieuse je crie : Sauvez la présence chrétienne en Syrie : les évènements dramatiques poussent les chrétiens à l’exode par peur du chaos et du banditisme ».
Sa Béatitude a terminé par une prière : Damas, la plus ancienne capitale peuplée au monde, a accueilli Saul le persécuteur. Il s’est transformé en ses murailles en Paul, Apôtres des nations. Damas est le lieu de la rencontre avec le Persécuté. Avec l’aide du ciel, de Celui qui est ressuscité d’entre les morts et qui est à jamais solidaire avec nos détresses, Damas peut redevenir le lieu de la conversion, de la transformation intérieure et de la grande réconciliation. Seigneur regarde du ciel et vois et agis par miséricorde, toi l’Ami des hommes »
Ces évènements doivent faire nous faire réfléchir toute personne de bonne volonté : un pays est déstabilisé par des insurgés qui acceptent d’abriter parmi eux des bandits et des terroristes. Ils instaurent un état de non-droit dont les conséquences sont désastreuses et dramatiques pour la population civile. Comment rester les bras croisés ?"
Nous avons donc relevé la présence de personnes étrangères au comportement louche à Qâra. Des voitures fumées sans plaque d’immatriculation circulent la nuit comme le jour. Les responsables de l’opposition sont devenus plus autoritaires. Ils apparaissent désormais armés et ont reçu dernièrement des uniformes flambant neufs de « l’Armée Libre de Syrie ». Ils font la pluie et le beau temps. Ils décrètent la grève, le couvre-feu ou la tenue de manifestations. Gare à celui qui ne collabore pas. Ils peuvent décider d’exécuter tel ou tel « collaborateur », comme ce colonel sunnite qui a été froidement abattu et dont on a interdit les funérailles. Ils disent qu’ils sont là pour « protéger la population civile des Shabbiha, c'est-à-dire des forces de l’ordre ». En réalité ils créent un vide sécuritaire qui laisse la place vacante à des bandits et à des terroristes.
Malgré les déclarations tranquillisantes des leaders de l’opposition locale nous avons fait face plus d’une fois à des tentatives de voler nos récoltes, de faire pénétrer abusivement des troupeaux en clôture pour profiter de nos pâturages. A chaque fois la réponse des contrevenants était : « les choses ne sont plus comme avant », autrement dit: « les forces de l’ordre ne vous seront d’aucun secours, nous pouvons faire impunément ce que nous voulons ». Beaucoup d’objurgations furent nécessaires pour dissuader de telles velléités. Mais un jour la vengeance est arrivée, sans doute créée par le dépit. Notre culture de peupliers fut totalement saccagée. Un matin, ces grands et beaux arbres gisaient à terre affreusement coupés. Depuis quelques mois le même sort avait été réservé à des dizaines arbres de la réserve naturelle dont nous nous occupons avec le ministère de l’agriculture. La raison donnée par l’opposition a été « le peuple vous en veut d’avoir planté des arbres là où les bergers amenaient leurs troupeaux pour paître ». Or, la plaine alentour compte des millions d’hectares qui sont libres pour tous.
Nous n’avons rien dit en pensant : « d’autres souffrent autrement plus que nous ».
Cependant la pagaille sécuritaire arriva à son comble aujourd’hui même. A peine remis de l’horrible attentat du 10 mai 2012 qui coûta la vie à des dizaines de citoyens et fit des centaines de blessés (notre frère Jean Baudoin qui partait ce jour même à l’aéroport était sur les lieux du drame quelques minutes auparavant et l’autobus de l’école grecque catholique y passait quelques minutes plus tard), voilà que nous parvient la nouvelle bien grave de l’agression dont fut victime le cher Père Georges Louis, curé célibataire de notre paroisse grecque catholique de Saint Michel, dans le centre historique de Qâra.
A l’aube du 11 mai deux hommes armés cagoulés sont entrés chez le Père Georges Louis qui dormait dans sa cure. Ils le menacèrent de leurs pistolets et demandèrent les clés pour inspecter les lieux. Craignant qu’ils ne s’introduisent dans l’église le Père essaya de parlementer à l’amiable. Ils le ligotèrent et lui intimèrent l’ordre de donner les clefs. Devant son hésitation l’un d’entre eux le frappa sur la tête avec une bouteille en vitre qui se brisa lui occasionnant une grande blessure qui saigna abondamment. L’un d’entre eux ricana : « nous t’avons imprimé une croix sur ta tête ! », la lésion était en effet cruciforme. Le Père essaya de les raisonner mais il n’obtint qu’un terrible coup de poing qui lui brisa une dent. Après avoir volé la caisse de l’église, l’ordinateur et le portable du prêtre, les bandits obligèrent avec mépris ce dernier à entrer dans la salle de bain où ils l’attachèrent au siège des WC. Ils lui fermèrent la bouche avec un adhésif. Ils cherchèrent de l’étrangler avec un tuyau mais, répondant à un signal, ils se retirèrent avant d’avoir terminé leur besogne. Le Père mit plus de deux heures à se dégager. Les mains encore liées il put appeler une de ses paroissiennes au secours. On l’amena tout ensanglanté chez le chirurgien : sa blessure nécessita cinq points de suture.
Un tel incident aurait été impensable quelques mois plus tôt. Les slogans confessionnels des chaînes satellitaires séoudiennes et quatariotes ont finit par rendre les chrétiens –jadis respectés en vertu du droit à la protection des minorités- une cible facile. Pauvre Syrie. Des groupuscules surgissent un peu partout. Ils savent que, dans la conjoncture actuelle leurs actes resteront impunis.
Après avoir connu la nouvelle le village s’attroupa autour du curé. Les dignitaires religieux et civils, chrétiens et musulmans désapprouvèrent fermement l’agression. Les leaders de l’opposition sont attendus demain pour une réunion à la municipalité avec l’higoumène du monastère. Il faut éviter le clivage confessionnel.
Sa Béatitude Grégoire III Laham, Patriarche grec melkite d’Antioche et de tout l’Orient nous a téléphoné pour nous exprimer sa profonde tristesse et sa solidarité paternelle. Après les attentats criminels de la veille qui ont secoué la ville de Damas et fait soixante dix morts et quatre cent blessés, Sa Béatitude déjà ébranlé a été très ému en s’informant des détails de l’agression subie par le Père Georges Louis. A cette occasion notre Patriarche a déclaré que « le drame dans notre Syrie bien-aimée c’est la dissolution de la société, le banditisme et le manque total de la sécurité. Tel est le sentiment du plus grand nombre de citoyens syriens qui ne savent plus quel est le lieu sûr pour s’y réfugier. La violence aveugle et sauvage frappe partout. Les éléments qui constituent un danger pour tous- mais spécialement pour les chrétiens et les autres minorités- sont le chaos insidieux, l’opposition incontrôlable et super armée et le banditisme. Tous sont des éléments qui affaiblissent l’Etat et créent une situation de peur, voire de terreur ainsi que des situations psychologiques très graves dans notre population. A chaque moment nous sommes dans l’insécurité totale. Aujourd’hui en Syrie il ne s’agit plus d’un clivage gouvernement-opposition. Il y a un troisième élément : c’est le banditisme qui règne et qui profite de la situation, qui se cache derrière l’opposition et qui exploite le manque de présence de l’armée et des observateurs des Nations Unies.»
Commentant la mention de la croix faite par le malfaiteur Sa Béatitude opina : « A vous dire franchement, moi je n’ai pas peur des musulmans, je n’ai pas peur de l’islamisme, je n’ai pas peur du salafisme. Je peux m’arranger avec eux tous car je sais à qui j’ai à faire. Mais devant le banditisme je suis absolument démuni et sans aucune défense. »
Nous confiâmes au Patriarche que les forces de l’ordre, contactées par les dignitaires musulmans et chrétiens du village hésitèrent à venir à Qâra car, comme chaque vendredi, il y avait une manifestation devant la grande mosquée qui est située à quelques mètres de la paroisse et que cette opposition est encadrée par des hommes armés. Les forces de l’ordre ne voulurent pas venir pour ne pas occasionner d’effusion de sang parmi la population civile en affrontant les miliciens.
Sa Béatitude répondit : « Tant que le gouvernement est là il doit gouverner : c’est une règle internationale. On ne peut empêcher un gouvernement de gouverner. On ne peut empêcher un gouvernement de protéger les citoyens. Et le gouvernement ne doit pas démissionner de cette tâche. La révolution, en mettant l’opposition contre le gouvernement a paralysé ce dernier. On dirait qu’il n’y a plus de gouvernement. Le gouvernement syrien est lié et balayé à cause de la politique internationale, à cause des accusations continuelles qui l’accusent sans enquête sérieuse de perpétrer des massacres et de bombarder les civils alors que des actes barbares de la part d’insurgés sont passés sous silence. C’est pour ces raisons que les gens crient au secours : ils demandent qu’on les aide. Il y a un gouvernement, un gouvernement légitime qui doit gouverner. Il faut aider le gouvernement. Si ce gouvernement tombe un jour il n’y aura plus rien à faire. Dans quel vide nous serons sans alternative viable ? Malheureusement nous constatons une volonté internationale qui vise à l’exacerbation des différences et à la provocation des conflits en Syrie. En armant et en appuyant par divers moyens des forces incontrôlables on pousse le pays à plus de violence, à plus de terrorisme, à plus de versement de sang. Je m’adresse à la communauté internationale : sauvez la Syrie. Sauvez la convivialité exemplaire entre musulmans et chrétiens. Pour ceux à qui elle est précieuse je crie : Sauvez la présence chrétienne en Syrie : les évènements dramatiques poussent les chrétiens à l’exode par peur du chaos et du banditisme ».
Sa Béatitude a terminé par une prière : Damas, la plus ancienne capitale peuplée au monde, a accueilli Saul le persécuteur. Il s’est transformé en ses murailles en Paul, Apôtres des nations. Damas est le lieu de la rencontre avec le Persécuté. Avec l’aide du ciel, de Celui qui est ressuscité d’entre les morts et qui est à jamais solidaire avec nos détresses, Damas peut redevenir le lieu de la conversion, de la transformation intérieure et de la grande réconciliation. Seigneur regarde du ciel et vois et agis par miséricorde, toi l’Ami des hommes »
Ces évènements doivent faire nous faire réfléchir toute personne de bonne volonté : un pays est déstabilisé par des insurgés qui acceptent d’abriter parmi eux des bandits et des terroristes. Ils instaurent un état de non-droit dont les conséquences sont désastreuses et dramatiques pour la population civile. Comment rester les bras croisés ?"
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Mère Agnès-Mariam de la Croix
Dernières nouvelles de Homs et de Kusayr
Qâra, 1er avril, Dimanche des Rameaux 2012
"A la veille de la Semaine Sainte où nous contemplons l’Agneau de Dieu
affreusement traité par le péché du monde qu’Il porte pour nous
sauver, je viens vous donner des nouvelles fraîches de notre diocèse.
Il est de notre devoir de vous informer sur les vrais développements du conflit en Syrie. Nous le faisons afin que l’opinion publique fasse pression pour épargner la population civile syrienne.
Nouvelles de Qâra
Il est de notre devoir de vous informer sur les vrais développements du conflit en Syrie. Nous le faisons afin que l’opinion publique fasse pression pour épargner la population civile syrienne.
Nouvelles de Qâra
Plus de 300 familles sunnites de Baba Amro sont réfugiées chez
l’habitant et servies par les membres de l’opposition locale. Nous
faisons ce que nous pouvons pour les aider. Je suis intervenue
personnellement pour la mise en libération de 70 militants incarcérés
depuis le passage de l’armée syrienne par notre village. J’ai clamé
haut et fort ma désapprobation pour les méthodes employées avec
certains prisonniers. On les a tabassé pour leur faire avouer de
supposés méfaits liés au terrorisme des bandes armées. Notre tailleur
de pierre a ainsi perdu ses fausses dents.
Nous avons déclaré notre monastère ouvert pour recevoir les réfugiés et les sinistrés. On nous parle d’une centaine d’enfants entre 1 et 10 ans qui ont été retirés des décombres de Baba Amro et dont on n’a pas encore trouvé les parents. Nous essayons de les aider et, peut-être, une fois les papiers établis, nous en recevrons quelques-uns chez nous. Cela dépendra du ministère des affaires sociales. Là aussi vos dons sont les bienvenus.
Nous avons déclaré notre monastère ouvert pour recevoir les réfugiés et les sinistrés. On nous parle d’une centaine d’enfants entre 1 et 10 ans qui ont été retirés des décombres de Baba Amro et dont on n’a pas encore trouvé les parents. Nous essayons de les aider et, peut-être, une fois les papiers établis, nous en recevrons quelques-uns chez nous. Cela dépendra du ministère des affaires sociales. Là aussi vos dons sont les bienvenus.
Nouvelles de Homs
A Homs, ville d’un million d’habitants, les deux tiers de la
population ont fuit les lieux. Plus de 90% des chrétiens ont été forcés
de partir, souvent sans avoir le temps de rien emporter.
Des centaines de familles chrétiennes ont abandonné Homs et sa Province pour se réfugier dans la Vallée des chrétiens, à Damas ou dans sa Province. Vos dons sont bien arrivés et ils ont été distribués. Un grand merci ! Lorsque nous pourront rejoindre le curé de Bab Sbah, à Homs, il nous donnera la liste des familles bénéficiaires. Tant que vous pouvez continuez à aider. Vos dons arriveront fidèlement à destination.
Des centaines de familles chrétiennes ont abandonné Homs et sa Province pour se réfugier dans la Vallée des chrétiens, à Damas ou dans sa Province. Vos dons sont bien arrivés et ils ont été distribués. Un grand merci ! Lorsque nous pourront rejoindre le curé de Bab Sbah, à Homs, il nous donnera la liste des familles bénéficiaires. Tant que vous pouvez continuez à aider. Vos dons arriveront fidèlement à destination.
Certaines familles sont retournées pour surveiller leurs biens. L’une
d’entre elles raconte cet épisode ubuesque : « Nous ouvrons la porte
et, voilà, le salon est rempli de monde. Ils portent nos pyjamas et
mangent dans nos assiettes. Interloqués nous les fixons du regard.
Gêné, leur leader nous dit « quand vous voulez on vous rendra votre
maison ». Mais la réalité s’impose. Il faut les laisser faire et se
rendre à l’évidence. Notre maison n’est plus à nous ».
Pourquoi affirmons-nous que ces gens ont été « forcés » de partir ?
Parce que progressivement mais efficacement la branche armée de
l’opposition syrienne a opéré ce qu’on peut appeler une
« redistribution démographique ». Grâce à des francs-tireurs et à des
actes d’agression criminelle ils ont harcelé la population civile non
agréée : les minorités alaouites, chrétiennes, chiites et beaucoup de
musulmans « modérés » qui n’ont pas désiré participer aux activités
dissidentes. Ce n’est pas un génocide massif mais une liquidation à
petits feux.
Depuis août 2011 et plus particulièrement depuis novembre où nous
avons vu la situation de nos yeux en visitant Homs et Kusayr, nous
avons des informations sûres et prouvées d’actes de barbarisme envers
la population civile pour l’obliger à se désister de la vie civique
ordinaire et paralyser ainsi les institutions de l’Etat.
Dès le début de l’année scolaire des sévices répétés ont été enregistrés contre les établissements scolaires : kidnapping du corps enseignant, instituteurs et institutrices, harcèlement des écoliers, incendie des écoles ou leur bombardement. Cela a amené progressivement à la fermeture des écoles puis des universités.
Dès le début de l’année scolaire des sévices répétés ont été enregistrés contre les établissements scolaires : kidnapping du corps enseignant, instituteurs et institutrices, harcèlement des écoliers, incendie des écoles ou leur bombardement. Cela a amené progressivement à la fermeture des écoles puis des universités.
Les minorités présentes dans des quartiers sous la coupe des bandes
armées affiliées à l’opposition syrienne ont été la cible permanente
d’exactions : leurs biens ont été pillés, leurs voitures
réquisitionnées, beaucoup d’entre eux ont été pris en otage, pour la
simple raison d’appartenir à une minorité religieuse et n’ont été
relâchés que contre une rançon (ce qui a provoqué le phénomène du
contre-kidnapping, avec des négociations de part et d’autres pour la
libération des otages en vis-à-vis).
De même, tous les acteurs de la vie civile ont été une cible
préférentielle du terrorisme camouflé en résistance armée : les
chauffeurs de taxi, les marchands ambulants, les facteurs et surtout
les fonctionnaires de l’administration civile ont été les victimes
innocentes des actes qui ont dépassé le simple assassinat pour revêtir
les aspects les plus barbares du crime gratuit : personnes égorgées,
mutilées, éventrées, dépecées, jetées dans les coins des rues ou dans
les poubelles. On n’a pas hésité à tirer sur des enfants à bout portant
pour créer la détresse et le désespoir, comme ce fut le cas du petit
Sari, neveu de notre tailleur de pierre. Ces actes atroces étaient
ensuite exploités médiatiquement pour en imputer la responsabilité aux
forces gouvernementales. Nous avons surpris ce stratagème par nous-mêmes
lors d’une visite à Homs. Ce jour-là nous avons recensé une centaine
de cadavre arrivant dans les hôpitaux, victimes de l’acharnement
gratuit des bandes armées affiliées à l’opposition. En passant par
l’avenue de Wadi Sayeh nous avons surpris une voiture calcinée. Un
homme venait d’être la cible d’un attentat de la part des bandes armées
parce qu’il avait refusé de fermer son magasin. Sa voiture avait été
dynamitée et lui a été littéralement « haché en morceaux » et jeté sous
la devanture de son magasin. Au moment où nous passions, des passants
s’étaient assemblés. Nous avons surpris plusieurs actionnant leurs
téléphones portables. Ils filmaient et nous avons entendu l’un d’entre
eux enregistrer ces paroles sans doute à l’adresse d’une des chaînes
satellitaires : « voici ce qu’endurent les citoyens syriens de la part
des escadrons de la mort de Bashar El Assad ». Nous avons photographié
cet évènement et nous avons suivit la dépouille du pauvre homme tué
jusqu’à l’hôpital.
Avec la chute de Baba Amro, les combattants et leurs familles se
sont faufilées de Nazihin et Ashiri et ont investit les quartiers
chrétiens de Warcheh et Salibi. Les maisons des chrétiens ont été
réquisitionnées.
Dans Hamidiyeh et ses environs, jusqu’à Wadi Sayeh et, plus haut, Bustan Diwan, le même scénario se produit : les bandes armées font partir les chrétiens, parfois de force, et pillent leurs maisons puis les utilisent pour installer des familles déplacées sunnites ou pour les utiliser à des fins militaires. On nous raconte que les bandes armées ont troué les cloisons qui séparent les habitations pour pouvoir circuler à travers le quartier sans sortir dans la rue. Des quartiers entiers sont ainsi transformés en blockhaus.
Dans Hamidiyeh et ses environs, jusqu’à Wadi Sayeh et, plus haut, Bustan Diwan, le même scénario se produit : les bandes armées font partir les chrétiens, parfois de force, et pillent leurs maisons puis les utilisent pour installer des familles déplacées sunnites ou pour les utiliser à des fins militaires. On nous raconte que les bandes armées ont troué les cloisons qui séparent les habitations pour pouvoir circuler à travers le quartier sans sortir dans la rue. Des quartiers entiers sont ainsi transformés en blockhaus.
Dernières nouvelles du 30/3/2012
Les quartiers de Bab Sbah, Warcheh et une partie de Hamidiyeh sont
vidés de leurs habitants pour les raisons citées plus haut. Des bandes
de terroristes islamistes envahissent les lieux et s’introduisent dans
les maisons, les pillent puis les brûlent, alléguant que les forces
gouvernementales les ont pilonné. Les terroristes, avant de
s’introduire dans les quartiers habités par les minorités
confessionnelles les avaient eux-mêmes pilonné avec des mortiers, des
roquettes ou des fusées LAU de fabrication israélienne. Ils s’en
prennent à des populations civiles non armées et dans des endroits où
n’existe aucune présence des forces régulières.
Il est faux de dire que la population civile est uniquement prise entre deux feux. La vérité c’est que dans plusieurs endroits les quartiers chrétiens ont été la cible d’un bombardement systématique des bandes armées pour se « venger » du fait que les chrétiens n’étaient pas au rendez-vous de l’opposition. Mais l’eussent-ils été auraient-ils échappé au limogeage confessionnel ? Nous en doutons.
Il est faux de dire que la population civile est uniquement prise entre deux feux. La vérité c’est que dans plusieurs endroits les quartiers chrétiens ont été la cible d’un bombardement systématique des bandes armées pour se « venger » du fait que les chrétiens n’étaient pas au rendez-vous de l’opposition. Mais l’eussent-ils été auraient-ils échappé au limogeage confessionnel ? Nous en doutons.
D’après l’agence catholique Fides, la manœuvre des bandes armées est
d’investir les quartiers à majorité chrétienne du vieux Homs pour s’y
retrancher. Un grand drame se prépare : les bandes armées ont ceinturé
le quartier avec des explosifs menaçant de tout faire sauter si l’armée
régulière avance.
Disons que la confusion règne quant aux véritables tenants et
aboutissants de la branche armées de l’opposition. Comme il y a
plusieurs factions, indépendantes les unes des autres, leurs exactions
ont différentes motivations. Il ne faut pas se hâter de discréditer les
témoignages de chrétiens qui ont expérimenté une vraie « persécution »
à leur encontre. Ce n’est plus un mystère pour personne que des
salafistes sont actifs dans beaucoup d’endroits à Homs en particulier
et en Syrie en général. Il est cependant vrai aussi qu’en général les
chrétiens ne sont pas sous la coupe d’une persécution systématique et
générale car les groupuscules salafistes ne sont pas partout.
Je suis en train de traduire un article qui donne un éclairage intéressant sur la présence des salafistes en Syrie et au Liban.
Nouvelles de dernière minute : Le fameux « curé de
Bab Sbah » qui était resté héroïquement sur place pour servir ses
paroissiens au risque de sa vie s’est vu obligé de partir. Sa voiture a
été volée, sa maison ainsi que celles de ses parents ont été investies
par les miliciens qui ont tout volé. Même les lots d’aides
humanitaires destinés par Caritas aux familles sinistrées ont été
réquisitionnés par les miliciens. Le père a ramené des vidéos
impressionnantes de ce qui reste des quartiers chrétiens. On se croirait
à Beyrouth aux pires moments de la guerre des deux ans.
Par ailleurs nous venons de savoir que les pères jésuites ont assigné
des jeunes armés pour défendre leurs couvents et leurs biens. Espérons
que cela suffise pour les garder sains et saufs.
Finalement, une nouvelle des plus tristes : la jeune fille R.S.,
grecques orthodoxe qui avait été enlevée depuis trois semaines de Bustan
Diwan, dans le quartier chrétien de Homs, a été rendue à ses parents
dans un état alarmant. Elle raconte qu’elle a été amenée par des hommes
armés dans une ferme au-delà du rond-point de Palmyre dans l’entrée
Sud de Homs et là une trentaine d’hommes l’ont violée. Elle se trouve
actuellement dans un hôpital de Damas. Son état est lamentable. Elle
est sous état de choc. Elle a entendu les hommes lui dire qu’elle leur
était permise par le Cheikh Arour comme butin de guerre.
Le frère du curé grec-orthodoxe de Doueir, le père Tohmeh Haddad, a été kidnappé par les rebelles. Ils réclament une rançon de 200 000 Euros.
Le frère du curé grec-orthodoxe de Doueir, le père Tohmeh Haddad, a été kidnappé par les rebelles. Ils réclament une rançon de 200 000 Euros.
Situation à Kusayr
Kusayr est un gros bourg des environs de Homs, limitrophe avec le
Liban. La situation y est dramatique. Les minorités ont été la cible
de terribles exactions. Plusieurs personnes innocentes ont péri
assassinées. André Arbache, jeune marié de 30 ans a été kidnappé et à
ce jour on ne sait rien de lui. Des terroristes arrêtés par les forces
de sécurité ont confessé qu’il avait été égorgé d’après le rituel du
« Nahhr » : méthode appliquée par Al Qaeda sur les « renégats ».
La famille chrétienne Kasouha, majoritaire à Kusayr, a perdu
plusieurs de ses membres, abattus de sang froid. On parle de
contentieux anciens. Ce n’est pas vrai. Une clique bien connue dans le
village a calomnié cette famille, de loin la plus nombreuse et la plus
représentative afin de justifier toutes les violences contre Kusayr et
ses chrétiens. Ces derniers ont été massacrés après avoir subit
pendant des mois les exactions des bandes armées qui, pourtant, ont été
présentées au monde comme étant des factions de résistants valeureux
cherchant à instaurer la démocratie. En réalité, ces bandes armées ont
appliqué la loi de la jungle : soit elles ont cherché à ressusciter les
vieux démons des frictions intercommunautaires, soit elles ont, elles
aussi comme à Homs, essayé de faire advenir la guerre confessionnelle.
Plusieurs chrétiens de Kusayr ont été abattus, parfois dépecés, pour inciter la population à fuir. Comme tout cela ne suffisait pas pour débarrasser Kusayr de ses habitants chrétiens, les terroristes ont pris le parti d’attaquer ouvertement les quartiers des chrétiens. Ils les ont pilonné avec les mortiers et les roquettes puis les ont investis, jetant dehors leurs habitants et tuant les récalcitrants. Les immeubles des chrétiens ont été systématiques détruits ou brûlés après avoir été pillés.
Plusieurs chrétiens de Kusayr ont été abattus, parfois dépecés, pour inciter la population à fuir. Comme tout cela ne suffisait pas pour débarrasser Kusayr de ses habitants chrétiens, les terroristes ont pris le parti d’attaquer ouvertement les quartiers des chrétiens. Ils les ont pilonné avec les mortiers et les roquettes puis les ont investis, jetant dehors leurs habitants et tuant les récalcitrants. Les immeubles des chrétiens ont été systématiques détruits ou brûlés après avoir été pillés.
Dans les quartiers plus éloignés qui n’ont pas été encore investis
par les terroristes et où beaucoup de chrétiens se sont réfugiés chez
les leurs, les maisons des chrétiens sont la cible continuelle de
mortiers. C’est
ainsi que le domicile de notre curé, Père Georges Louis, a été frappé de plein fouet par quatre obus ce qui l’a totalement détruit.
Il faut rappeler que ces bombardements n’entrent pas dans le cadre d’un échange de tir avec l’armée syrienne mais constituent une agression gratuite sur une population civile non armée.
ainsi que le domicile de notre curé, Père Georges Louis, a été frappé de plein fouet par quatre obus ce qui l’a totalement détruit.
Il faut rappeler que ces bombardements n’entrent pas dans le cadre d’un échange de tir avec l’armée syrienne mais constituent une agression gratuite sur une population civile non armée.
Dernières nouvelles : Les chrétiens de Kusayr ont
entendu les islamistes à maintes reprises affirmer que les comités de
coordination locale ont déjà distribué les biens meubles et immeubles
des chrétiens aux familles sunnites. Ce projet est désormais en phase
d’exécution. Une dirigeante de l’opposition à Kusayr, Oum Zahreddine
Zhouri, vient d’annoncer que les « biens des chrétiens étaient
distribués aux musulmans comme butin de guerre » et c’est en effet ce
qui advient, du moins pour les maisons et magasins du quartier du Souk
oriental qui a été entièrement investi par les bandes armées. Les
chrétiens ont tous été jetés dehors, leurs maisons ont été pillés et
entièrement brûlées. Nous confirmons le chiffre donné par l’agence
Fides : la plupart des dix mille chrétiens de Kusayr ont été contraints
de quitter leurs maisons et leurs biens. Ils sont réfugiés dans les
environs ou ont fuit vers Damas, la Vallée des chrétiens ou vers le
Liban où on nous informe que beaucoup d’alaouites et de chrétiens ont
élu domicile dans les villes côtières ou la montagne et où plus de
soixante familles chrétiennes de Kusayr sont réfugiées dans la ville de
Zahlé.
Quelques exemples percutants d’actes sauvages perpétrés par les bandes armées affiliées à l’opposition :
Lorsque l’armée régulière a forcé Baba Amro les terroristes ont
rassemblé tous leurs otages (alaouites et chrétiens) dans un immeuble de
Khalidiyeh qu’ils ont dynamité perpétrant un terrible massacre et
l’attribuant aux forces régulières. Même si cet acte a été imputé aux
forces régulières, y inclus par la Ligue Arabe, les preuves et les
témoignages sont irréfutables : il s’agit d’une manœuvre des bandes
armées affiliés à l’opposition.
La famille Al Amoura, du village de Al Durdâk, dans les alentours de Homs, a été exterminée par les terroristes wahabites. Quarante et une personnes de cette famille ont été égorgées le même jour. Un autre massacre a été perpétré par l’Armée Libre de Syrie en retrait de Baba Amro : elle s’est arrêtée près de Rableh, à la frontière libanaise et a massacré quatorze membres d’une même famille alaouite à Hasibiyeh.
La famille Al Amoura, du village de Al Durdâk, dans les alentours de Homs, a été exterminée par les terroristes wahabites. Quarante et une personnes de cette famille ont été égorgées le même jour. Un autre massacre a été perpétré par l’Armée Libre de Syrie en retrait de Baba Amro : elle s’est arrêtée près de Rableh, à la frontière libanaise et a massacré quatorze membres d’une même famille alaouite à Hasibiyeh.
RETROSPECTIVE
Voilà une année que je me suis penchée sur la situation en Syrie pour
essayer de la comprendre. Par après je me suis rendue par trois fois
sur les lieux chauds de notre diocèse et je puis dire que je suis
devenue témoin oculaire. En regardant en arrière je vois que je ne me
suis pas trompée dans mes pronostics. Avec des journalistes belges nous
avons été les premiers au monde à faire état de « bandes armées non
identifiées ». Aujourd’hui ces bandes ont été identifiées. Nous pouvons
leur donner un nom. Elles sont regroupées sous le titre de l’Armée
Libre de la Syrie bien qu’elles soient d’origine salafiste ou wahabite,
c'est-à-dire des formations para militaires d’islamistes ultra
radicaux.
Nous remercions toutes les instances qui, durant l’année écoulée, ont
sommé le régime syrien, même si souvent c’était à tort et à travers à
partir de fausses informations, d’arrêter ses violences envers la
population civile. Mais quid des sévices de l’opposition syrienne ? Ou
plutôt des factions armées qui se réclament d’elle ? Aujourd’hui le mal
est fait. Ce que nous craignions est en train d’arriver : l’exode des
chrétiens de Syrie commence. Ils le partagent avec leurs frères et
sœurs des autres confessions. Il nous rappelle celui des chrétiens
d’Irak. Espérons que la tendance soit enrayée par l’arrêt des
hostilités et l’instauration d’un dialogue entre toutes les composantes
du peuple syrien.
Nous sommes tous pour la liberté et la démocratie. Malheureusement
les nobles objectifs brandis par l’opposition syrienne ont été
phagocyté par l’islamisme. En portant l’opposition aux nues -au début
c’était à juste titre- on a cru sans vérification tout ce que disaient
le fallacieux Observatoire syrien des droits de l’homme puis les
« comités de coordination locale ». Or, au gré des nécessités, ces
organismes faisaient plus du trucage que de l’information. Non seulement
l’information apportée était unilatérale et partisane mais souvent
elle a été tronquée et falsifiée. La réalité n’était plus conforme à
leurs déclarations fastidieuses.
Par ailleurs les évènements m’ont donné raison et, ce qui me console,
c’est que la communauté internationale elle-même est en train
d’appuyer la thèse d’une perversion de l’opposition syrienne qui est
devenue, à l’insu de beaucoup de ses supporters, un paravent pour le
sunnisme radical.
La presse mainstream commence petit à petit à comprendre la réalité du conflit Syrien en révélant certains de ses côtés trop longtemps occultés : la présence de factions armées dont l’objectif était de créer de toutes pièces un scénario de guerre confessionnelle semblable à celui du Liban. Ceci explique l’acharnement subit pendant des mois par les alaouites de la part des bandes armées. Les chrétiens en ont aussi été victimes mais dans une moindre mesure. L’objectif de ces groupes armés était de pousser les minorités à s’armer pour qu’éclate la guerre confessionnelle. Mais cette réaction n’est jamais venue. A part des cas isolés, les minorités ne se sont pas armées. Elles ont attendu patiemment que les forces de l’ordre viennent les protéger. Elles ont payé ainsi un très lourd tribut de sang en attendant leur délivrance. L’histoire rendra hommage à la maturité du peuple syrien qui, par sa sagesse millénaire, a évité de verser dans le pire alors que tout était à sa disposition pour se venger de « l’autre ». Il faut aussi dire que la majorité des musulmans en Syrie décrient les salafistes et prennent leur distance du wahabisme. Ils disent que tout extrémisme est une déformation et que le salafisme, inspiré du wahabisme, est devenue une hérésie surtout lorsqu’il a recours à l’élimination des « kuffar » ou « renégats », en fait toute personne qui n’accepte pas ses fondamentaux.
La presse mainstream commence petit à petit à comprendre la réalité du conflit Syrien en révélant certains de ses côtés trop longtemps occultés : la présence de factions armées dont l’objectif était de créer de toutes pièces un scénario de guerre confessionnelle semblable à celui du Liban. Ceci explique l’acharnement subit pendant des mois par les alaouites de la part des bandes armées. Les chrétiens en ont aussi été victimes mais dans une moindre mesure. L’objectif de ces groupes armés était de pousser les minorités à s’armer pour qu’éclate la guerre confessionnelle. Mais cette réaction n’est jamais venue. A part des cas isolés, les minorités ne se sont pas armées. Elles ont attendu patiemment que les forces de l’ordre viennent les protéger. Elles ont payé ainsi un très lourd tribut de sang en attendant leur délivrance. L’histoire rendra hommage à la maturité du peuple syrien qui, par sa sagesse millénaire, a évité de verser dans le pire alors que tout était à sa disposition pour se venger de « l’autre ». Il faut aussi dire que la majorité des musulmans en Syrie décrient les salafistes et prennent leur distance du wahabisme. Ils disent que tout extrémisme est une déformation et que le salafisme, inspiré du wahabisme, est devenue une hérésie surtout lorsqu’il a recours à l’élimination des « kuffar » ou « renégats », en fait toute personne qui n’accepte pas ses fondamentaux.
En définitive le monde occidental, tributaire d’une information
tendancieuse, se trompe grandement en appliquant à ces groupements
hétéroclites islamistes le titre d’Armée Libre de la Syrie. Il faut
distinguer les choses pour ne pas favoriser le pire.
Et quoi dire de plus ? Human Rights Watch a écrit une lettre
ouverte au « Conseil National Syrien » pour l’inviter à dénoncer des
actes de barbarie à l’encontre de la population civile syrienne et les
forces de l’ordre, actes contraires à la Charte des Droits de l’homme
et à la Convention de Genève commis par les bandes armées affiliées à
l’opposition. L’ambassadeur des Etats-Unis à Damas se lamente sur les
violences inacceptables des bandes armées agissant au nom de
l’opposition. Les grandes puissances et les médias internationaux
parlent ouvertement d’une dérive confessionnelle de certaines branches
armées affiliées à l’opposition syrienne dans lesquelles on découvre
des factions de Al Qaeda, des Salafistes et des Wahabites. Pax Christi
Canada adresse une lettre aux dirigeants de ce monde pour leur demander
de ne plus intervenir au Moyen-Orient par les moyens militaires. La
France a pour sa part refusé l'entrée de son territoire au Cheikh
Qaradawi qui incitait sans cesse sur Al Jazirah arabe pour une guerre
confessionnelle. L'affaire Merah à Toulouse contribuera à dessiller les
yeux sur les dangers de la chaîne Al Jazzirah dont les locaux dans la
tour Montparnasse ont été perquisitionnés par la police française.
Alors que la communauté internationale cherche à favoriser le
dialogue et l’apaisement il est désormais inacceptable que des
responsables et des journalistes continuent à croire à l’aveuglette les
déclarations les réseaux d’information tendancieux qui couvrent le
crime de ces bandes armées s’affiliant à l’opposition syrienne pour son
plus grand dam. En ignorant les exactions et les crimes de ces bandes
armées et en saluant leur « combat » on encourage leurs crimes et on ne
porte pas assistance à personnes en danger. Seule une information
objective et sans parti pris, fidèle à la réalité des faits, pourra
aider à arrêter la violence et à amener toutes les factions à dialoguer
en vue d’un vrai processus démocratique. Il faut dénoncer le mal où
qu’il se trouve sans état d’âmes. Un minimum de vérification est de
mise dans la confusion qui prévaut.
CONCLUSION
Nos prières s’élèvent pour que la Syrie sorte purifiée et pacifiée de
cette terrible épreuve et que la voix de la majorité écrasante du
peuple syrien, toutes confessions confondues, soit entendue :
entreprendre les réformes nécessaires sans briser le pacte national ni
verser dans la guerre confessionnelle, au contraire se pardonner et entreprendre un chemin de réconciliation et de dialogue.
En ce glorieux temps pascal que le Seigneur vainqueur de la mort nous
visite comme Il le fit à Sa Mère et à Ses Apôtres et qu’Il nous
évangélise avec Sa Paix, basée sur la destruction du mur de la haine
dans Son Corps livré pour nous. Lui seul nous apprend à aimer le
prochain jusqu’à nous livrer pour lui, Lui seul donne la Lumière pour
ne pas être dupes du système mais pour discerner en liberté ce qui est
bien et convenable car les temps sont difficiles.
Tel est le message que nous aimerions faire entendre de Syrie à ceux qui sont près et à ceux qui sont loin."
Qâra, 1er avril, Dimanche des Rameaux 2012
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