lundi 1 juillet 2013

L'Egypte au pied du mur : la guerre civile, le chaos où la dictature.

 Nous écrivions dans ces pages il y a maintenant deux ans, le 5 Février 2011, ce qui suit :

Eh bien, chers lecteurs, au risque de vous décevoir une fois de plus, nous vous devons la vérité : ce n’est pas l’amour de la liberté qui a jeté les gens dans la rue. En effet pourquoi hier plutôt qu’il y a trois où dix ans si c’était si insupportable que cela ? Nous ne sommes pas en train de vous dire que ces régimes étaient des exemples de décence politique ; nous ne sommes pas en train d’affirmer que ces régimes n’avaient pas de police secrète qui torturait ceux que les Américains leur livrait à défaut de le faire eux-mêmes ; non, pas du tout, mais il s’agit seulement de ne pas tomber dans le piège qui consisterait à gober ce que nos intellos de salon veulent nous faire accroire : qu’il s’agit uniquement d’une question de régime politique.
Non, la nature du régime politique n’est pas la cause de ces révoltes populaires dont nous parlons, ce n’est pas le facteur premier qui a déclenché la révolte, même s’il était sous-jacent depuis longtemps. Ce n’est qu’un des facteurs parmi d’autres mais certainement pas ni le premier ni le plus important.

La principale cause de toute cette agitation populaire n’est donc pas la liberté où la nature du régime mais quelque chose de beaucoup plus prosaïque ; oui c’est malheureusement beaucoup moins poétique, beaucoup moins idéologiquement correct, peut-être même un peu plouc, mais n’en déplaise à nos révolutionnaires de salon c’est pourtant une question vitale dans tous les sens du mot qui a mis le feu aux poudres.

En fait il s’agit d’argent.
Oui nous savons, chers lecteurs, c’est navrant et terriblement matérialiste pour les purs esprits désintéressés de nos bobos parisiens où new-yorkais, mais il n’en demeure pas moins que c’est ainsi.

Sachant que la majorité des Égyptiens survit avec moins de $ 2 par jour, entassés dans les bidonvilles des grandes agglomérations ; sachant que 20% de cette population est au chômage et que 20% n’a qu’un travail partiel qui lui permet à peine de survivre, on peut imaginer sans peine les conséquences catastrophiques pour tous ces gens d’une augmentation même minime du coût de la vie.
Nous voulons parler ici, soyons concrets, des conséquences de l’inflation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie sur un budget journalier de $ 2 par jour.
Car c’est bel et bien l’inflation qui a jeté les Égyptiens comme les Tunisiens dans les rues sans parler de ceux qui ne manqueront pas de suivre ailleurs. Evidemment c’est moins «glamour» que la liberté, la démocratie et tutti quanti, surtout lorsque tous ces beaux concepts sont vus à travers les lorgnettes dorées du faubourg Saint Germain où du Village de NY...
(Article complet ici).

Aujourd’hui, deux ans après, nous en sommes à nouveau au même point. En pire.
En pire car la situation n’a fait que se détériorer depuis deux ans en raison de l’agitation politique et, il faut bien le dire, de l’incompétence des FM et de Morsi. Cela dit, à la décharge de ce dernier, il ne pouvait pas faire grand chose pour améliorer une situation économique dramatique alors que la situation politique était si incontrôlable et fragile. Mais l’instabilité politique n’a fait qu’aggraver la catastrophe économique. Désormais, Morsi et les FM doivent faire face à la fureur des 14 millions d’Egyptiens descendus dans la rue hier pour réclamer sa démission et de nouvelles élections.

Mais l’armée à lancé un ultimatum : elle a exigé que les politiciens arrivent à un accord dans les 48 heures pour calmer la situation sans quoi elle interviendra afin que la situation ne devienne pas incontrôlable.

Elle l’est déjà.

“If the demands of the people are not realized within the defined period, it will be incumbent upon (the armed forces) to announce a road map for the future,” said the statement by General Adbel Fattah al-Sisi the Commander-In-Chief of the Egyptian Armed Forces.

Les FM viennent de rejeter cette ultimatum à l’unanimité...

Il y a désormais quatre forces en présence :
  • l’armée
  • les FM
  • l’opposition urbaine boboisée et divisée qui veut la « démokracie »
  • la population des bidonvilles, des banlieues et des campagnes affamées qui déteste et les FM et les bobos démokrates des villes
L’heure du dénouement se rapproche donc dangereusement et l’Egypte risque désormais de sombrer dans le chaos et/où la guerre civile, car de solutions à la crise économique, il n’y en a pas de valable en vue pour le moment.
De plus, comme nous l’avions déjà noté il y a deux ans, les salafistes se préparent dans l’ombre des FM qu’ils ont laissé se déconsidérer tranquillement par une année de pouvoir au cours de laquelle la situation ne pouvait qu’empirer. A noter également que, pour arranger les choses, la chute de Khadaffi, si intelligemment acclamée et réclamée par nos brillants zintellectuels et politiciens, a libéré un afflux incontrôlé d’armes en Egypte à destination des salafistes, d’une part, et dans le désert du Sinaï à destination des islamistes (Al Qaéda) qui contrôlent plus où moins ce no man’s land, d’autre part. Ce qui n’est pas sans inquiéter sérieusement les Israéliens, avec toutes les raisons valables du monde. 

Tout est donc réuni pour une explosion en Egypte. Si cela se produit, gageons que les répercussions s’étendront bien au-delà des frontières. 
Israël en premier lieu en sera la victime, mais aussi nos alliés démokrates du golfe qui financent les salafistes à qui mieux mieux depuis des décennies en espérant par là écarter cette menace de leur propre sol. Grave erreur qu’ils risquent de payer bientôt au prix fort. Et nous aussi.

Désormais nous ne pouvons qu’assister avec inquiétude à l’évolution de la situation en Egypte sans pouvoir rien faire d’autre que prier pour que tout le Moyen-Orient ne saute pas avec l’Egypte. Ce qui serait vraiment étonnant c’est que cela n'arrivât point.

Nous serons fixé très prochainement.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.



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