Vous venez d’être élu au terme d’une campagne électorale
particulièrement habile et heureuse vous dotant des pleins pouvoirs.
Vous avez ainsi l’opportunité historique de réformer notre pays en
profondeur pour l’aider à faire face aux imposants défis qui
l’attendent, avec un large soutien de l’ensemble du corps social.
Hélas, les premiers projets annoncés par votre gouvernement ne vont
pas en ce sens et constituent une accumulation de menaces funestes. La
mise en place d’une fiscalité confiscatoire décapiterait les
états-majors de nos entreprises, accélérant l’exode de leurs dirigeants,
tout en gelant l’investissement chez les PME. Envisager de tondre
également les classes moyennes renforcerait la fragilisation de la
valeur travail amorcée par les 35 heures. Enfin, les classes les plus
modestes ne seraient pas en reste. La surfiscalisation des heures
supplémentaires rognerait leur pouvoir d’achat, tandis que le projet
d’augmentation du Livret A faciliterait certes le placement de la dette
publique, mais engouffrerait une part accrue de l’épargne populaire dans
un placement à la rentabilité médiocre.
Vouloir tondre l’ensemble du pays afin d’assurer la survie d’un
modèle social obsolète est un projet condamné d’avance, mais réalisable
au moins pendant quelques mois. Mais vouloir tondre également nos amis
allemands est une ambition dangereuse et inconsidérée. Pourquoi
accepteraient-ils de contribuer au financement de la retraite à 60 ans
en France, alors qu’elle vient d’être portée à 67 ans outre-Rhin ?
Certes, l’Allemagne aurait beaucoup à perdre de l’implosion de l’euro.
Mais il est politiquement indéfendable d’exiger d’elle un soutien sur
des avantages sociaux qu’elle se refuse à elle-même et irréaliste
d’attendre qu’elle puisse à elle seule porter le fardeau d’une Europe
par trop dispendieuse.
Consolider la viabilité de l’essentiel de nos avancées sociales en
adoptant un courageux programme de réformes ou les compromettre en
appauvrissant le pays, tout en mettant en danger la construction
européenne ? Tel est votre redoutable dilemme. De grâce, ne vous trompez
pas.
Dans cet espoir, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération choisie,
Edouard Carmignac
Lien vers Carmignac Gestion ici.
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