Verbatim des expositions Charlotte Rampling et Gerard Richter
Paris, Maison européenne de la photographie et Centre Pompidou
jusqu’à la fin août et la fin septembre 2012
par Jean Seymour
Charlotte Rampling est un visage, une voix, une œuvre et une vie. La Maison européenne de la photographie a eu l’heureuse idée de lui demander d’organiser une exposition dans laquelle se mêle des photos qu’elle a prises tout au long de sa vie de vie, de ses voyages, mais également des photos qu’elle a choisi dans le fonds de la Maison européenne, enfin des photos d’elle, « shootée » par d’illustres photographes (Cecil Beaton, Bettina Rheims, Helmut Newton, Paolo Roversi, Peter Lindbergh, etc.).
C’est une exposition simple, intimiste, reflet de la personnalité de l’actrice, chanteuse, égérie ; cela est également du à l’hôtel Hénault de Cantobre, un hôtel particulier construit en 1706 qui abrite la Maison européenne : hôtel, maison ? Peu importe, vous êtes dans un lieu habité, avec de la profondeur historique (superbe façade !), et on vous le rappelle lorsque vous empruntez l’escalier de faire attention aux marches qui sont irrégulières – humm qu’il est agréable de se rendre dans un lieu public où l’irrégularité est la trace du temps et non faussement ordonnancée par des architectes peu inspirés, un lieu où la direction assume que vous puissiez vous prendre les pieds dans le tapis… Vous serez alors accueilli dans les salons où les cimaises font descendre du ciel les apparitions de Madame Rampling avec en musique de fond Jean-Michel Jarre, quant aux photos de sa vie personnelle, elles défilent sur des écrans : assoyez-vous sur l’un des bancs et regardez.
Chine, Japon, et d’autres voyages encore (avec ses enfants, son jardin ?) : son œil a su écouter les bruits et les murmures des lieux qu’elle a traversés, des expériences qu’elle a vécues. Ses photographies personnelles méritent qu’on s’arrête pour les voir : outre ses talents, cette femme ouvre ses albums personnels sans chichis, simplement, bienvenue chez les Rampling ! Ne refusez pas son invitation, vous aurez aussi le loisir d’admirer les photos prises par les maîtres Cecil Beaton et Helmut Newton : le premier a fait d’elle un portrait « beatonien » à souhait, rarement montré, d’une sensibilité marque d’une autre époque, le second vous propose la série prise à Arles, à l’hôtel Nord Pinus, si troublante ; il y en a d’autres, plus récentes, où madame Rampling doute, affronte et assume le temps qui passe - portrait de Pierre et Gilles éloquent à cet égard, émouvant, chapeau l’artiste !
Rejoignez à pied en traversant le quartier pétillant du Marais le Centre Pompidou pour aller accomplir un autre exercice d’admiration à l’adresse du peintre Allemand Gerhard Richter. Ce sont souvent des photos qui l’inspirent depuis le début de sa carrière, il y a fort longtemps : une automobile de luxe, sa femme ou les terroristes de la bande à Baader, Richter puise dans les photos une source de création qui nous touche parce que nos vies ont croisé les images d’une automobile, d’une femme et de ces héros noirs de l’Europe de la seconde moitié du XXème siècle ; l’artiste les transforme et nous les restitue avec sa vision, nous offrant une nouvelle lecture des évènements. (Je ne m’attarde pas sur ses tableaux abstraits qui ne me touchent pas, auxquels je ne comprends rien, en revanche, arrêtez-vous devant trois tableaux de nuages de très grand format, ils sont lumineux !)
Voilà ce qu’offre, parmi tant d’autres choses ! Paris en ce mois d’août – vous pourrez également découvrir les photos d’Alice Springs (madame Helmut Newton) à la Maison européenne de la photographie et contempler le nouvel accrochage du musée d’art moderne au Centre Pompidou.
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