samedi 21 mars 2009

De la manifestation comme remède à la crise.

Il y eut beaucoup de monde, que l’on prenne en compte les chiffres avancés par la police ou ceux clamés par les syndicats. Bien entendu nous n’étonnerons personne en révélant (eh oui !) qu’ils ne correspondent pas… Il faudrait peut-être même se demander si ces gens parlent bien du même événement en s’assurant soigneusement du lieu et de la date, voire de l’heure. Peut-être nous rendrons-nous compte alors que tous ces chiffres dont on nous abreuve ne couvraient pas le même fait. Cela nous rassurerait…

De toute manière cela n’a aucune importance pour notre propos. Qu’il y en eut 1,2 millions ou 3 millions ne change pas grand-chose au problème. L’essentiel fût que l’on fit beaucoup de bruit (et pas pour rien svp !), qu’il y eut des pancartes avec des tas de slogans écrits lisiblement dessus, des sifflets, des discours, des cris, des chants, des pétards aussi, bref que les manifestations se soient manifestées visiblement ; c'est-à-dire non transparente cette fois afin d’éviter de passer incognito ce qui aurait été le contraire du but recherché bien sûr. Apparemment cet objectif fût atteint de la bouche même des organisateurs.
« La nouvelle journée de mobilisation unitaire est incontestablement un grand succès » nous annonce un membre inconnu de la CGT (Figaro – 20.03.09).
« On est déterminé et l’objectif c’est de gagner » proclame M. Jean-Claude Mailly de F.O (Figaro- 20.03.09).
La résolution de ces gens ne fait d’ailleurs plus aucun doute, au cas ou vous en auriez eu un voire deux, après cette déclaration fracassante d’un autre inconnu du mouvement « Solidaires » : « Il est indispensable que l’intersyndicale propose un nouveau rendez-vous interprofessionnel avant la fin du mois » (Figaro – 20.03.09).
Ce qui signifie qu’ils recommenceront et qu’ils se préparent dés aujourd’hui afin de ne pas laisser à la crise le temps de se remettre de ses émotions (et Dieu sait que ces manifestations contre elle lui ont fait peur). On ne peut pas leur reprocher cet activisme si déterminé et cela nous met du baume au cœur de voir à quel point les chômeurs et autres victimes de la crise sont entre de bonnes mains. D’ailleurs deux de nos meilleurs défenderesses étaient présentes pour prendre part à ce combat ou elles se sont distinguées, comme de coutume, par l’exceptionnelle qualité de leur analyse de la situation.
Mme Aubry, maire de Lille et des 35 heures, n’a pu s’empêcher de nous asséner une de ces vérités lumineuses qui laisse assommé celui à qui elle est lancée : « Il n’y a pas un seul pays ou le Président dit avant une manifestation ; de toute manière je ne ferai rien… ».
Deux remarques s’imposent face à cette profonde observation de la vie politique nationale et même internationale (nous ignorions que Mme Aubry en eût une telle science) :
- Premièrement il est parfaitement vrai, et amplement prouvé, que jamais il n’y eut un Président annonçant avant une manifestation qu’il ne ferait rien. Cela est d’autant plus vrai que personne en Europe ni aux USA (et pourtant !) n’a encore manifesté « contre la crise ».
- Deuxièmement on ne voit pas pourquoi le Président et son gouvernement prendraient de nouvelles mesures alors que celles qui ont déjà été prises ne sont pas encore entrées en application et qu’en conséquence on ne sait pas quels en seront les effets.
Quant à Princesse Royal, elle aussi nous a ébloui par la pertinence de ses déclarations dignes de son programme pour la campagne présidentielle. Nous citerons textuellement ses propos énoncés avec la précision et l’éloquence que nous lui connaissons : « il faut continuer la protestation » face « à un gouvernement et un Président de la république qui restent sourds, qui restent aveugles, qui restent méprisant à l’égard des aspirations profondes d’un pays qui veut vraiment que çà change (…) ». « Le gouvernement doit revenir sur le bouclier fiscal (…)», « c’est indispensable car çà remettrait une part de confiance (…) » et « procéder à des nationalisations partielles et des nationalisations limitées dans le temps pour contrôler le crédit, pour contrôler le crédit aux particuliers qui n’ont jamais été aussi surendetté que maintenant (…) ».
Quelques remarques s’imposent après des paroles trahissant une compréhension de la situation aussi subtile:
- Premièrement le constat médical fait sur le gouvernement dans son ensemble et sur le Président de la République en particulier est évidemment inquiétant et mériterait certainement confirmation par d’autres professionnels de la psychiatrie. Dans le cas où il serait confirmé, ce dont nous ne doutons pas une seconde, nous devrions alors tous les enfermer dans une clinique et laisser Princesse Royal et sa bande prendre la tête du pays. Ils ne manqueront sûrement pas de régler son compte à cette garce de crise en un temps record grâce à l’efficacité dont ils ont déjà fait la preuve de si nombreuses fois par le passé.
- Deuxièmement nous ne comprenons pas pourquoi Princesse Royale veut « que ça change », et que ça saute en plus de tout, et dans le même temps descend dans la rue pour manifester « contre la crise » parce que précisément cette dernière bouleverse tout, ou trop, on ne sait. Donc soit Princesse Royale trouve que ça change trop, soit elle trouve que ce n’est pas le bon changement qui s’opère ; car elle n’a pas précisé sa pensée abyssale, ce qui nous laisse perplexe. Peut être l’essentiel est-il que çà change tout court, mais dans ce cas elle peut rester chez elle sans crainte car la crise, elle, se chargera de faire le boulot.
- Troisièmement la proposition consistant à ce que le gouvernement retourne à nouveau hululer en chœur tout en dansant sur le bouclier fiscal au centre du Parlement, ceci afin de conjurer la crise, nous laisse un peu sceptique, probablement parce que nous n’avons pas la foi. De plus nous ne voyons pas non plus pourquoi cette séance d’hypnotisme collectif remettrait une louche de confiance où que ce soit ni à qui que ce soit.
- Quant à la dernière partie de ses propos on voit immédiatement à quel point Princesse Royale, qui a déjà considérablement influencé le Président Obama pour sa campagne électorale comme l’issue de celle-ci l’a clairement démontré, continue d’être le maître à penser du Président américain par l’originalité de sa vision économique et politique, comme le démontre la dernière partie citée de ses prophéties économiques reprises et appliquées par le Président américain avec le succès foudroyant que l’on peut admirer avec une inquiétude grandissante au fur et à mesure que les jours passent.

Nous pouvons donc voir que nous tous, nous qui sommes menacés par la crise, nous tous donc sommes dans les meilleures mains qui soient pour être défendus « contre la crise ». Et les manifestations de cette semaine, sans compter celles qui sont déjà prévues pour le 1er Mai, celles qui viendront plus tard, demain, avant-hier, après demain, innombrables, de plus en plus menaçantes, celles qui ne viendront jamais sauf en rêve mais qui comptent tout autant que celles qui ont déjà eu lieu, bref tous nos désirs de manifestations sont les armes les plus efficaces pour lutter manches relevées et poings levés contre la crise, pour la contraindre à reculer, pour l’obliger à nous lâcher les basques et à nous laisser consommer en paix. Car manifester est le seul, l’unique programme politique, économique et social, celui de tous les combattants de la crise (qui ne sont pas forcément les mêmes que ceux qui en sont les victimes d’ailleurs), un programme qui soulève l’enthousiasme comme on a pu s’en rendre compte à l’exclamation de Princesse Royal : « il faut continuer la protestation… ».
Dormons donc en paix, bonnes gens, et n’ayez crainte car manifester et protester sont les seuls remèdes connus contre la crise ; or, nous l’avons vu, nos pros, que le monde entier nous jalouse, vont s’en charger pour nous.
Tout le monde est donc content à Cochon-sur-Terre, le meilleur des mondes.

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