lundi 29 octobre 2012

Les USA et l'OTAN disent "non" à Erdogan.

Décidément le Premier Ministre turc Erdogan et son Ministre des Affaires Etrangères Davitoglu, le chantre de la doctrine du « zero problème » avec les voisins de la Turquie, se sont fourrés dans un sacré chausse-trappe.

Les USA et leurs alliés de l’OTAN viennent de le leur rappeler par la voix du Lieutenant-Général Mark Hertling, Commandant de la 7 eme Armée US et des troupes US en Europe.
Lors d’une interview hier sur la chaine NTV, le général confirma ce dont tout le monde se doutait depuis longtemps  :

"We are not sure if these shells are from the Syrian army, from rebels who want to get Turkey involved in the issue or from the PKK [Kurdish Workers’ Party],"
(Sources : Daily News - 27.10.2012)

Ce qui signifie en clair que l’OTAN sait que les tirs d’obus sont destinés une provocation destinée à provoquer l’entrée en guerre de la Turquie contre la Syrie. Et par conséquent l’OTAN à sa suite.
Pour enfoncer le clou, le général Hertling ajouta :

Neither NATO nor U.S. troops want to get involved in the increasingly complex Syrian issue, Hertling said, adding that they were presently only sharing intelligence with Turkey and observing the ongoing events in Syria.
(Sources : Daily News - 27.10.2012)

C’est donc pour Erdogan et Davitoglu un échec qui pourrait se révéler cinglant puisque cela signe la fin de leur politique néo-ottomane de mise sous tutelle de la Syrie.
Mais cela ne fait que confirmer les multiples signaux envoyés depuis plusieurs semaines par les différents membres de l’alliance, n’en déplaise au quarteron d’intellos germano-pratin en mal de sensations fortes et à leur petit sous-chef, le « Ministre des Affaires Etrangères de la France »...

En effet, face, d’une part, à la résistance inattendue du Président Assad et de son régime, soutenu quoi qu’on dise par la moitié de la population syrienne, et face d’autre part à l'inefficacité complète de la dite « opposition », trop divisée pour être d’une utilité quelconque, et qui plus est est noyautée par les salafistes et les Frères musulmans les plus radicaux, les « ex-soutiens inconditionnels de la liberté en Syrie » ont commencé assez nettement à se faire plus discrets ; leur enthousiasme semble se tarir au fur et à mesure qu’il devient enfin évident aux yeux de tous que si le régime syrien s’effondrait, cela ne laisserait place qu’au chaos, à la guerre civile générale dans tout le Moyen-Orient et à l’activisme débridé et incontrôlé des salafistes et autres frères musulmans qui n’ont d’autres objectifs que de faire la guerre à Israël et à libérer les palestiniens.

On a d’ailleurs pu voir la semaine dernière qu’après l’assassinat du chef des renseignements du Liban, Wissam al Hassan (dont on ne connait pas les auteurs), les Occidentaux (France, UK et USA) ont soutenu le gouvernement légitime du premier ministre Mikati (soutenu par le Hezbollah) contre les Hariri et compagnie qui prétendaient le renverser sous ce prétexte, en dépit du fait que ce dernier est soit disant notre grand allié et le basset des Saoudiens.

Sur le même registre il semblerait que les Américains ont bel et bien demandé aux Saoudiens et autres qataris de ne pas livrer de missiles sol air aux mercenaires luttant contre le gouvernement syrien de peur que ces armements ne tombent aux mains des salafistes dont on ne sait pas très bien ce qu’ils pourraient bien en faire. Où plutôt on ne le sait que trop bien. Ce qui est confirmé par les combattants sur le terrain qui se plaignent tous des livraisons d’armes et de munitions de moins en moins suffisantes.

Les Saoudiens auraient même, quant à eux, cessé leur aide aux mouvements salafistes qu’ils finançaient jusque là avec enthousiasme.
A quoi est-ce dû ?
Craindraient-ils soudain qu’une fois le régime syrien renversé et le roi de Jordanie chassé, leurs protégés ne se retournent contre eux ? Etant donné la situation intérieure précaire du Royaume ils auraient bien raison de se méfier, non seulement parce que cela a toujours été un des principaux objectifs d’Al Quaeda, où de ce que l’on nomme ainsi, mais aussi parce que d’autres pourraient bien profiter d’une déstabilisation interne du Royaume par des terroristes pour s’emparer de territoires qu’ils revendiquent plus où moins ouvertement. Nous parlons ici de la grenouille Qatarie qui rêve presque ouvertement de s’emparer des territoires saoudiens se trouvant en bordure du Golfe Persique, ces territoires si riches en pétrole et habités par ces chiites saoudiens qui donnent tant de sueurs froides aux dirigeants du Royaume.

Pour en revenir à Erdogan, il se retrouve aujourd’hui totalement isolé par sa politique stupide et à courte vue. La Turquie est seule désormais face à l’hostilité du monde arabe à cause de son rôle contre la Syrie, elle s’est aliénée Israël et la Russie et attirée la méfiance de l’Iran ; et elle ne peut pas compter sur l’OTAN pour accomplir son rêve de grandeur impériale néo-ottomane en Syrie où elle s’est enfermée par une mauvaise analyse de la force du Président Assad et de l’ampleur du soutien à son gouvernement. Aujourd’hui, il est évident que le régime ne tombera pas, sauf s’il y a une intervention étrangère, c’est à dire l’OTAN, ce qui nécessiterait de très nombreuses troupes sur le terrain. Inutile de préciser que c’est précisément ce que viennent de refuser les Occidentaux. En conséquence, Erdogan n’a d’autre solution pour se sortir de se guepier sans trop de dommages que de laisser les mercenaires se laisser tirer comme des lapins par l’armée syrienne en réduisant au maximum les flux d’armes en faveur de ces derniers en provenance de Turquie, principale base de départ des terroristes et autres combattants djihadistes.

Mais quelqu’un va donc devoir payer pour ces errements couteux.
Peut-être Mr Davitoglu retournera t’il à ses chères études universitaires, qu’il n’aurait jamais dû abandonner, et à ses rêvasseries néo-ottomanes, qu’on n’aurait jamais dû lui permettre de mettre en pratique.
Erdogan, quand à lui, est à la merci des prochaines élections. La population est très remontée contre lui à cause de sa politique vis à vis de la Syrie, et le Président Gul est en embuscade.

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