mardi 23 avril 2013

Buenos-Aires : manifestation géante contre le gouvernement et la corruption généralisée.









 (Sources photos : F. Caballero pour la Chronique de Cochon sur Terre)


Au moins un million de Portenos sont descendus dans la rue jeudi dernier. Certains disent deux millions. En coupant la poire en deux nous ne serons probablement pas loin de la vérité.

Cette manifestation géante fût organisée exclusivement via facebook où twitter et l'internet. Elle fut réellement spontanée dans le sens où elle ne fut organisée par aucun parti politique, nul syndicat où entité quelconque ; c'est ce qui fait as force ; mais c'est également ce qui constitue sa faiblesse car au-delà de la manifestation elle-même qu'arrivera t'il ? Probablement rien.

Nous en voulons pour preuve l'apparente indifférence du gouvernement qui se traduisit par une absence complète de police à part quelques policiers tentant de régler la circulation au milieu de cette marée humaine de mécontents.

Furieux contre le gouvernement.
Furieux contre la corruption générale, particulièrement parmi les membres de ce que l'on appelle les Kirchneristas et ceux du gouvernement, dont le Vice-Président entre autres.
Furieux contre la dégradation de la situation économique du pays où l'inflation est de l'ordre de 30% par an, et non pas des 10% avoués à voix basse par le gouvernement.
Furieux contre le contrôle des changes interdisant la possession de monnaie étrangère, principalement le dollar, ce qui revient à interdire aux Argentins de se rendre à l'étranger puisqu'ils ne peuvent pas, en pratique et en dépit de la théorie gouvernementale, se procurer de dollars officiels avant leur départ.
Furieux que le pesos soit évalué officiellement à USD 5.75 et officieusement, c'est à dire au marché noir, à USD8.75
Furieux contre l'insécurité qui grandit dans Buenos-Aires.
Furieux contre les tentatives du gouvernement de mettre la main sur le système judiciaire en faisant voter ce qu'ils nomment la "reforme judiciaire" qui aura pour conséquence de mettre la justice à la botte du gouvernement et permettre ainsi d'étouffer les nombreux scandales de corruption en cours d'investigation. Car la réforme affaiblira les pouvoirs de la Cour Suprême.
Furieux contre les tentatives du gouvernement de casser les médias, principalement le groupe Clarin, afin de réduire l'opposition contre lui. Mais les juges se sont opposés à la loi présentée par la Présidente pour définitivement découper le groupe Clarin, principal média d'opposition au régime en place.
Furieux contre le gouvernement qui n'a pas investi les budgets prêvus dans les infrastructures des chemins de fer, ce qui provoqua indirectement la mort de 50 personnes dans le fameux accident de train il y a quelques mois. Furieux contre le gouvernement qui n'a pas investi un centime pour construire les infrastructures nécessaires pour protéger les quartiers de Buenos Aires des inondations, ce qui couta la vie à plus de 240 personnes (contrairement aux chiffres officiels) il y a quelques semaines lors de l'inondation catastrophique qui se produisit dans et aux alentours de la capitale.
Mais où est passé tout cet argent ?
Furieux contre le vol de l'argent des caisses de retraite.

Etc, etc, etc...

Alors laissons de côté les discours de ceux qui ne sont jamais allé en Argentine (au Venezula et ailleurs en Amérique Latine) où/et qui ne parlent qu'en fonction de leurs superstitions idéologiques et politiques, sans aucunes considérations pour les faits et la réalité. Ils sont légion, surtout pour commenter des manifestations où ils ne sont jamais allé pour la plupart d'entre eux.

En plus de tout cela vient d'éclater un nouvel énorme scandale (encore un !) qui pourrait se révéler terriblement destructeur pour le pouvoir en place.
Le très fameux journaliste Jorge Lanata a mis à jour, témoins à l'appui, la manière dont les Kirchner, mari et femme, ont pu faire passer à l'étranger des millions de dollar. Cela fut révélé au cours de deux émissions de télévision parmi les plus écoutées en Argentine : la première fut transmise Dimanche de la semaine dernière, ce qui contribua encore un peu plus à la fureur des manifestants de Jeudi, et la seconde fut transmise hier. 
Le taux d'audience fut énorme. 

La voici ci-dessous pour ceux qui comprennent l'espagnol.


Ci-dessous un commentaire d'un lecteur argentin du Guardian qui explique assez bien pourquoi bien que succinctement, pourquoi les Argentins descendirent si nombreux dans la rue Jeudi dernier.

"I'm from Argentina, I was one of the HUNDRESDS OF THOUSANDS that rallied against Cristina Fernández yesterday, and not because she's part of the "progressive governments in Latin America" but because she's a thieve, she has destroyed our country, she has divided society into two major groups: the ones that are with her, and the "other" ones (that is the people that don't agree with her policy)
Do you know that we are not allowed to leave our country?
Do you know that you can't go outside your house because our average death per day is 20?
Do you know that, while all these paceful and complaining people where manifestating, our President was Tweeting form a plane because, as always, she escapes reality?
Do you know that, if you live in Argentina, you are told in which currency you have to save money? I mean, if I wanted to have all my money in Dollars, they wouldn't let me, and they will start an investigation to know where did I get them.
Do you know that they have stole money from the old retired people, and put them through trials long enough that they die before they can even see a single Peso?
Do you know how many people died because of a flood in the past two weeks? It wouldn't have happened if our Government would have invested in reformations of the city instead of buying shoes or purses.
Plus, the aberrant changes of the Justice System.
This is what people were manfistating about yesterday. And I can tell you that there is no single picture modified digitally. I was there, I saw the millions of people claiming for their freedom. If you want to look at a REAL picture, here it goes: http://sphotos-a.ak.fbcdn.net/hphotos-ak-ash3/p480x480/526459_10151602544431672_646201721_n.jpg
We, the real argentinian people, the ones that are TIRED of seeing our country corrupted by people who only care about STEALING PEOPLE'S MONEY. We don't want this anymore, we want these criminals IN JAIL, where they belong."
(Sources - The Guardian - 19 Avril 2013 - Commentaire)

2 commentaires:

Anton a dit…

Enorme! Et moi qui croyais naïvement que la crise d'il y a une dizaine d'années avait permis d'installer quelques barbelés (au sens de "plus jamais çà", bon, elle est un peu nulle ma métaphore...).

J'avais même tendance à considérer ce pays comme le "refuge" le plus viable si je devais un jour quitter la France... c'est dire s'il va falloir que je planche un peu plus sur la situation de ce pays (ainsi que celle du Chili et de l'Uruguay).

Donc merci pour cet article. Je vois par ailleurs que vous traitez également du marché immobilier à Buenos Aires; je reviendrais lire tout ça avec beaucoup d'attention.

jean Erbenger a dit…

Anton,
Ce n'est pas du tout un "mauvais" pays pour fuir l'Europe. Tout dépend de ce que vous souhaitez y faire. Si c'est pour y travailler et y faire des affaires, alors il vaut mieux chercher ailleurs. Si c'est pour y vivre en ayant des "revenus" venant de l'étranger, alors c'est très agréable et probablement une excellente idée de s'y installer.
L'Argentine n'est pas du tout une mauvaise solution comme "refuge", c'est peut-être même une des meilleures.