lundi 20 septembre 2010

14 Septembre 2010: O'Donnell où le "Yes we can" du Tea Party.

Comme on sait il arrive souvent que les plus grands bouleversements historiques, et il y en a peu, ont des débuts non seulement des plus modestes mais aussi des progressions lentes et imperceptibles ; de plus nombre d’entre eux ne devinrent « fondamentaux » que postérieurement, et leur acte de naissance fût si insignifiant que personne sur le moment ne se rendit compte qu’il se passait quoi que ce soit qui mérita un article dans un journal, à commencer par ceux que ces événements futurs menaçaient.
De nos jours, est-il besoin de le souligner, nous avons au contraire une multitude d'événements qualifiés « d’historiques » par les journaleux en tout genre qui nous servent de journalistes ; et bien entendu plus il ne se passe rien plus on nous fait remarquer à grand renfort d’hyperboles combien il se passe quelque chose, qualifié « d’historique » naturellement... A noter d’ailleurs que le tout est passé par pertes et profits, avec jeu de mot, dés le lendemain matin.

En revanche il est rare de trouver des individus suffisamment lucides, intéressés par ce qui se produit autour d’eux, des personnalités ouvertes sur le monde et capables d’assez de recul par rapport aux événements qui leur sont contemporains pour réaliser que tel où tel pourrait signer l’acte de naissance d’un mouvement historique d’envergure. Si l’on utilise le conditionnel c’est parce-qu’il ne faut pas oublier que tout reste toujours ouvert, et par conséquent ne relève jamais que de l’ordre du possible; en effet si l’histoire a bel et bien un cours il reste encore à en découvrir le sens si tant est qu’il y en ait un, ce que nous ne croyons pas ici à la Chronique de Cochon sur Terre. Nous affirmons cela au risque de déplaire à tous les groupies de ces intellos en sorcellerie qui se s’acharnèrent à nous prouver qu’ils avaient bel et bien découvert ce fameux sens, particulièrement ces deux derniers siècles si riches en désastres provoqués par les tentatives d’application de tous ces programmes mirifiques destinés non seulement à accélérer le cours de l’histoire mais également à transformer l’être humain lui-même, à seules fins de faire correspondre ce dernier à leurs extrapolations fantasmagoriques. Comme on sait toutes ces folies n’aboutirent qu’à provoquer les plus grandes hécatombes que l’humanité ait connu et à couvrir les plus grands crimes des noms les plus scientifiques avec l’apparence de la plus grande rationalité.

Peu importe.

La journée du 14 Septembre a déjà fait couler beaucoup d’encre aux USA. Tout le monde s’y est mis, qui Démocrate, qui Républicain, qui n’importe qui... Chacun avait une idée sur les événements et surtout leurs significations pour le futur. Car dans ces moments-là tout le monde devient pythie, le plus sérieusement du monde bien entendu.
Pour ne pas répéter tout ce qui a été dit sur cette journée du 14 Septembre et des résultats des élections des primaires du GOP dans le Delaware et dans l’état de NY, nous nous contenterons de dire que les candidats officiels, soutenus par l’establishment, furent battus par de complets outsiders qui n’avaient aucun soutien de la part du Parti, bien au contraire.

Bien sûr on s’est empressé de clamer, soit pour s’en lamenter soit pour s’en plaidre, que l’élection de Mme O’Donnell allait certainement faire rater au Parti Républicain le siège nécessaire pour reprendre la majorité au Sénat. Il est vrai que l’adversaire républicain de O’Donnell, Michaël Castle était un ténor de la politique et du parti, un homme de l’establishment qui avait des fonctions politiques électives depuis quarante ans. Il était férocement soutenu par le Parti pour toutes ces raisons, mais aussi et surtout parce-qu’il était donné favori dans les sondages contre le candidat démocrate pour le fameux siège au Sénat nécessaire aux républicain s pour reprendre la majorité. Ce qui semble très loin d’être le cas du vainqueur de la primaire républicaine, c’est-à-dire O’Donnnell. Selon les théories en tout cas des grands stratèges républicains où démocrates, ceux pour qui il était absolument impossible il y a un mois d’envisager même la plus petite possibilité pour que O’Donnell batte Castle aux primaires... Ah AH AH...
D’où grincements de dents et sourires grimaçants.
Mais l'essentiel n’est pas là. Car ces élections ne furent pas les seules à permettre à des candidats du Tea Party sortis de nulle part de remporter des primaires contre les candidats des caciques du parti républicain. C’est ainsi que des candidats du Tea Party furent élus dans 7 primaires pour le Sénat, dans plusieurs primaires pour élire les gouverneurs et une douzaine de primaires pour la Chambre des Représentants.

C’est peu pourrez-vous penser à tort. Ce n’est pas rien, bien au contraire ! Ce n’est certainement pas à négliger si l’on se souvient que la mouvance du Tea Party n’existait pratiquement pas il y a deux ans. Elle fut d’abord ignorée, puis méprisée, et enfin décriée par l’establishment de Washington, républicains autant que démocrates.

But the Tea Party movement has been one of the most derided and minimized and, frankly, most disrespected movements in American history. Yet, despite being systematically ignored, belittled, marginalized, and ostracized by political, academic, and media elites, the Tea Party movement has grown stronger and stronger (Scott Rasmussen and Douglas Schoen - Mad as Hell)

Ils tentèrent de discréditer ce mouvement avec leur habituelle rhétorique moralisante bien que de plus en plus inefficace : populisme, extrême droite, racisme et j’en passe, bref le bla bla lénifiant, et fort tolérant comme on sait, dont nous avons été soûlés pendant des décennies mais qui aujourd’hui finit par faire bailler tout le monde à l’exception des robots en forme de pantins qui peuplent nos brillants establishments occidentaux... Entre parenthèse cette rhétorique à consonance nettement pavlovienne les empêche de comprendre quoi que ce soit à ce qui se produit sous leur nez et dont ils risquent fort d’être les victimes prochaines.

Cependant tout au long de de l’année 2009, et ce malgré l’opinion de l’establishment, le Tea Party Movement grandit sans bruit, probablement afin de ne pas réveiller nos leaders bien aimés, tous sourds comme des pots (de chambre) ; des milliers de rassemblements spontanés se produisirent néanmoins dans tout le pays, regroupant des milliers d’Américains en colère contre Washington. Puis arriva l’été au cours duquel éclata la polémique du Health Care Reform qui rencontra une immense opposition qui, elle aussi, se développa à travers tout le pays sans coordination, sans leaders, sans parti, ce qui contribua probablement à faire croire à l’establishment que ce n’était pas un véritable mouvement dont ils devaient avoir peur mais simplement des opposants d’un jour (Health Care Reform), fascistes bien sûr, racistes naturellement, extrémistes cela va sans dire, fanatiques où illuminés etc...

Le rassemblement à Washington en Septembre 2009 de dizaine voire de centaine de milliers de personnes, fût en revanche un spectacle qui provoqua bien quelques réactions, critiques bien entendu, de la part de l’establishment washingtonien donneur de leçons, c’est-à-dire les quelques oh ! et ah ! moralisateurs coutumiers. Pourtant, et ce malgré l’ampleur de cette manifestation qui ne bénéficia d’aucun support d’Etat ni de la machinerie et des finances d’aucun parti, et qui pour cette raison pourrait être qualifiée de spontanée, pourtant donc on oublia assez rapidement ce mouvement de populisme de mauvais aloi dont on se moqua afin peut-être de masquer le malaise inconscient que la vue de ces milliers de gens en colère pouvait provoquer dans les cervelas reptiliens si pleinement démocratiques de nos politiciens fort peu habitués à ce genre de contacts... populaaaaaires...

Puis il y eut les mouvements de protestation (environ 750) du Tax Day qui eurent lieu le 15 Avril dernier à travers tout le pays. D’après Scott Rasmussen, le Président du célèbre institut de sondage du même nom, ces rassemblements révélèrent « a level of activism and enthusiasm that is both unprecedented and arguably unique in recent American political history.»
Là encore la réaction de l’establishment fût la même que précédemment : mépris voire insultes, réactions téléguidées par les idéologies racornies puant la naphtaline qui leur servent de pensée.

"This initiative is funded by the high end -- we call it Astroturf, it's not really a grass-roots movement. It's Astroturf by some of the wealthiest people in America to keep the focus on tax cuts for the rich instead of for the great middle class." (Nancy Pelosi, Speaker of the House)

On voit l’idéologie progressiste-caviar poindre le bout de ses nasaux gluants en démontrant du même coup le tragique de la situation : « the great middle class ». Manque de chance pour Mme Pelosi, démocrate de son état, donc au plus près du bon peuple naturellement, nous pourrions même dire à son chevet pour lui tenir son pot de chambre, « the great middle class » était précisément celle qui était dans les rues ce jour-là ; cette « middle class so great » que les démocrates ont laissé s’appauvrir depuis les années 80 jusqu’à ce qu’elle retombe dans la lower class d’où elle était sortie à grand-peine.

"[They are] evil-mongers" spreading "lies, innuendo, and rumor." (Senate Majority Leader Harry Reid).

Le sénateur Reid, lui, préfère les insultes, ce doit-être plus simple que de se demander si les bailouts d’Obama à Wall Street ne sont véritablement que des rumeurs propagées par des menteurs où si la colère de cette ex « great middle class » n’est pas fondée sur quelque-chose de plus concret. Se pourrait-t’il que tous ces gens dans la rue se rendent compte de quelque-chose que leurs politiciens ignorent totalement, à savoir que l’ex « great middle class » s’est ruinée à cause des emprunts immobiliers (encouragés frénétiquement par Washington) réalisés dans l’espoir qu’une plu-value compenserait la baisse constante de son pouvoir d’achat depuis trente ans ?

A ces diverses occasions la réaction des politiciens de Washington illustra parfaitement les raisons pour lesquelles ils ont complètement perdu la confiance de la population : ils sont si coupés des réalités de leur propre pays, ils sont si éloignés de leurs propres électeurs qu’ils ne sont même plus capables de reconnaître pour ce qu’il est le plus important mouvement politique et populaire de l’histoire des USA depuis la guerre de Sécession. Il ne fût naturellement pas question de se demander pourquoi il y avait tant de gens mécontents, ni qui ils étaient et encore moins ce qui pouvait les pousser à manifester leur fureur puisque c’étaient tous des graines de terroristes nazis à la psychologie dévoyée par la « réaction » la plus effrénée. Il ne fût donc question que des antiennes habituelles répétées à satiété par les médias et l’establishment, comme une bande de perroquets ivres morts enfermés dans leur cage. Cette impression d’isolement et d’autisme est encore confirmée lorsque l’on sait qu’un sondage du Rasmussen Institute effectué à la mi-Avril 2010 (c’est-à-dire à la même époque que le Tax Day) montra que 24% des Américains se considéraient membre du Tea Party Movement.

Enfin arriva le temps des primaires pour les mid-term élections de Novembre 2010.
Chaque parti prépara soigneusement ses pions et ses candidats afin de limiter au mieux la casse pour les démocrates, pour ramasser le maximum de sièges au Sénat et à la Chambre des Représentants pour les républicains, crédités d’un soutien de plus en plus important dans les sondages.
Bref « business as usual ».
Et puis patatra ! Le Tea Party Movement, cette bande de racistes, red necks et autres illuminés à peine descendus de leurs tracteurs, ces gens infâmes que l’on avait complètement oublié se sont tout à coup rappelés au bon souvenir de Washington en entrant sur la scène des primaires républicaines avec trompettes et fanfares, proposant leurs propres candidats sans se préoccuper le moins du monde des avis de la direction du parti républicain ni de son soutien, y compris financier.
Et cela a si bien marché que les caciques du régime commencent à paniquer.

Les « rino » républicains finissent probablement par prendre conscience qu’ils pourraient bien être en train de perdre le contrôle de leur propre parti. Ils commencent peut-être à comprendre que leur parti pourrait finir par se dissoudre dans l’acide du Tea Party afin de donner naissance à un autre parti, voire à plusieurs. A cet effet ils feraient bien de se souvenir de la manière dont le parti républicain est né, juste avant la guerre de Sécession, de la destruction du parti wighs par la rupture de ban d’une partie de ses troupes pour fonder un nouveau parti les représentants mieux que l’ancien...
Ils courent aujourd’hui le même danger.

“There’s a schism between the GOP establishment and GOP voters, just like throughout the country the big gap is between the political elite and mainstream voters.
A hefty 75 percent of Republicans say their leaders are out of touch with the party base, he notes. “The establishment is just waking up to the fact that they’re not in charge, and they’re not that well liked by some in their party.”” (Scott Rasmussen - Newsmax - 18 Sept 2010)

Quant aux « rino » démocrates il ne faudrait pas qu’ils se réjouissent trop vite des ennuis de leurs collègues républicains car ce serait un aveuglement qui leur serait tout aussi fatal. Contrairement à ce que peut bien raconter la propagande, le Tea Party Movement n’est pas exclusivement républicain, loin de là. Il a pour principale caractéristique de transcender les partis institutionnels que sont les partis républicains et démocrates que les Américains ont une fâcheuse tendance à voir de plus en plus comme les deux branches du même parti : le parti de Washington. Les démocrates sont donc aussi menacés par le Tea Party Movement que les républicains, même si pour le moment cela ne semble pas aussi évident uniquement parce-que les activistes de gauche ne se sont pas encore réveillés, toujours anesthésiés par leur obamania, bien que certains d’entre eux se mettent à parler de soutenir le Tea Party.

(The Tea Party movement is broad-based with wide support. Over half of the electorate now say they favor the Tea Party movement, around 35 percent say they support the movement, 20 to 25 percent self-identify as members of the movement, and 2 to 7 percent say they are activists. ‘ (The Examiner - «The evolution of the tea party movement»)

Un sondage Gallup très récent (17 Septembre 2010) conforte encore cette thèse en montrant combien le discrédit dans lequel sont tombés les deux partis traditionnels US est impressionnant.
Gallup nous apprend ainsi que 58% des américains aimerait voir la création d’un troisième parti ; 62% des supporters du Tea Party Movement y sont favorables, 59% parmi ceux qui sont neutres à l’égard du Tea Party et 51% parmi ceux qui sont opposés au Tea Party Movement.

Ce qui est remarquable dans cette perspective c’est que le Tea Party Movement est le seul à offrir soudain aux Américains, pour la première fois depuis la guerre de Sécession, la possibilité de manifester leur colère en cessant de voter pour les démocrates où les républicains; c’est-à-dire, dans la situation présente, en votant pour des outsiders du Tea Party puisque ce sont les seuls actuellement à se dresser contre l’establishment. Ceci dit cela explique aussi pourquoi on retrouve tant de contradictions parmi les idées professées à l'intérieur même du Tea Party; c’est qu’il regroupe tous les mécontents quel que soient leurs opinions et leurs origines politiques. Nous y retrouvons aussi bien des sécessionnistes, des partisans d’un accroissement du rôle de l’état comme de ceux qui prônent sa limitation maximale etc... C’est un pêle-mêle tout à fait hétéroclite avec lequel il sera très difficile de faire un programme commun.
Voire impossible.

Mais ce n’est probablement pas la destination du Tea Party Movement qui est plus certainement de donner la possibilité à tous ceux qui sont contre le système actuel de se faire entendre et ensuite... advienne que pourra. Pour le moment le plus petit dénominateur commun qui unit tant bien que mal tous les membres du Tea Party Movement se résume à une haine de Washington qui a deux causes principales :

1) ils ont le sentiment qu’ils ne sont pas pris en compte par Washington.
2) une fureur de plus en plus grande face aux bailouts, aux déficits budgétaires et aux dépenses fédérales incontrôlées qui génèrent des impôts de plus en plus élevés non approuvés par la population.

Après on verra... Qu’est-ce qu’on verra ? A vrai dire si personne ne le sait rien n’est à exclure néanmoins car on sait bien que lorsqu’un mouvement de ce genre est lancé il devient incontrôlable; alimenté par une colère contenue depuis trop longtemps, plus rien ne peut stopper sa course qui, généralement, se résume à une succession de surenchères de plus en plus radicales jusqu’à épuisement de cette fureur qui fournissait le combustible nécessaire à la course.

That being said, the most notable thing about American politics is its unpredictability. We simply do not know what is going to happen next week, much less next year. We live in a time of uncertainty and instability and it is impossible to make firm judgments about the future.
(Scott Rasmussen and Douglas Schoen - Mad as Hell).

Pour en revenir au 14 Septembre 2010 il se pourrait bien que la victoire de O'Donnell, comme celle de Paladino, pourrait tout à coup redonner un immense espoir à des électeurs dégoûtés. En effet peut-être que le choix de Mme O’Donnell (pour être membre de la Chambre des Représentants pour le Delaware) comme de M. Paladino (pour le siège de gouverneur de l’état de NY) par les membres du parti républicain, en dépit de l’opposition acharnée de l’establishment qui a tout fait pour empêcher leur élection, il est bien possible que cela puisse soudain convaincre de nombreux sceptiques et désabusés que désormais tout est possible et par conséquent de les lancer dans la bataille. Car si O’Donnell, sans aucun soutien et contre tout le monde, a réussi là où personne ne croyait qu’elle y parviendrait, alors oui peut-être qu’il y a de l’espoir en dépit de tout, c’est-à-dire en dépit de l’establishment et du système verrouillé par ce dernier; verrouillé jusqu’à ce fameux 14 Septembre précisément. Alors oui peut-être qu’à travers les élus du Tea Party Movement qui seront élus au Congrès en Novembre on pourra réellement changer les choses de l’intérieur, voire renverser le système pour les plus radicaux, par la création d’une situation inédite : l’apparition d’une troisième force politique, voire de plus que cela d’ailleurs, qui déstabiliserait si complètement la machinerie complexe de Washington qu’il n’y aura plus d’autres solutions que de la réformer profondément où d’en changer.

But what the Tea Party movement does suggest, and suggest compellingly, is the possibility for anti-systemic third parties to emerge (Scott Rasmussen and Douglas Schoen - Mad as Hell).

Le 14 Septembre sera peut-être le jour dont on se souviendra comme étant celui qui vit l'ouverture d'une brèche dans les défenses du système par laquelle s'engouffra soudain de manière foudroyante, et en l'élargissant toujours plus, le flot tumultueux de la contestation trop longtemps muselée. Ce sera peut-être le jour où tous ceux qui doutaient encore de la possibilité de se faire entendre et qui, de ce fait, restaient spectateurs des événements, se sont tout à coup sentis galvanisés par cette victoire à l'arraché. Si cette victoire du Tea Party les transformaient en acteurs aux élections de Novembre alors décidément :
We, the people, « yes we can » !

mercredi 8 septembre 2010

"The earth overshoot day" où la politique de la planète brulée

Le 21 août dernier était le jour de ce que l’on nomme en anglais « the earth overshoot day », concept mis au point par le think tank anglais New Economic Fondations. «The earth overshoot day » est le jour à partir duquel, et ce jusqu’à la fin de l’année, la nature ne sera plus en mesure de renouveler les ressources naturelles consommées par l’humanité ni d’absorber les déchets issus de cette consommation. Ce qui signifie dans une perspective économique qu’à partir du 21 août et jusqu’à la fin de l’année l’humanité vivra sur le capital naturel limité de la planète, donc non remplaçable, puisque nous avons déjà dépensé tous nos revenus annuels.
Familier non comme comportement ? C’est probablement aussi inhérent à notre espèce immaculée que pour d’autres grimper dans les arbres.

Emballement du processus de destruction planétaire

Pendant des milliers d’années pourtant l’empreinte écologique de l’humanité était suffisamment faible pour n’avoir jamais entamé le capital naturel de la planète, à l’exception notable néanmoins de certaines civilisations qui disparurent corps et biens pour cette raison précise ; nous pensons bien sûr à ce qui est arrivé sur l’île de Pâques mais aussi à l'effondrement de la civilisation Maya, deux exemples parmi d’autres quoique peu nombreux.
Cependant, depuis une trentaine d’années, la situation s’est considérablement détériorée. En effet à partir des années 1970-1980 l’humanité a commencé à dilapider sérieusement le capital naturel de la planète, ce qui signifie que nous avons commencé à vivre largement au-dessus de nos moyens. Depuis, cette tendance n’a fait que s'accélérer de manière exponentielle jusqu’à aujourd’hui où il faudrait, selon la New Economic Fondation, un an et demi à la nature pour remplacer ce que nous consommons en une année. Le plus inquiétant est qu’il semblerait que notre « arraisonnement » de la nature, c’est-à-dire le pillage systématique de la planète auquel se livre notre espèce miraculée depuis deux où trois siècles maintenant, s’accélère désormais de façon exponentielle. En effet il faudrait désormais cette année un mois de plus par rapport à l’année dernière pour que la nature parvienne à reconstituer ce que nous aurons consommé en douze mois.

Cette situation de déficit désormais chronique est constituée de deux phénomènes : d’une part nous faisons face au fameux réchauffement climatique et d’autre part à l’épuisement rapide des ressources naturelles, renouvelables et non renouvelables.


Le réchauffement planétaire

En ce qui concerne le réchauffement planétaire, comme on sait il ne manque pas de gens ni de lobbies pour contester :

1) que le climat se réchauffe
2) qu’il y ait réchauffement à cause du rejet de quantités trop importantes de dioxyde de carbone par l’homme, dues pour la majeure partie à ses activités basées sur l’emploi de l’énergie fossile. En bref à l’industrialisation (à partir de 1750) et à la consommation effrénée de charbon, de pétrole et de gaz qui en résulte.

Parmi ces opposants on distingue plusieurs groupes :

1) il y a ceux qui ne contestent pas le réchauffement « per se » mais qui doutent que les activités de l’homme soient en train de devenir le facteur dominant du changement climatique. Ce sont ceux dont les arguments sont les plus étayés et les plus sérieux.
2) et puis il y a ceux qui contestent purement et simplement la thèse du réchauffement climatique ; parmi ces derniers il y a ceux qui prétendent qu’il ne se passe rien d’anormal, des variations certes mais pas plus dramatiques que les courtes périodes de refroidissement où de réchauffement que l’on a pu relever tout au long des siècles passés ; et puis il y a ceux qui affirment non seulement que le climat ne se réchauffe pas du tout mais que, bien au contraire, il se refroidit...

Qu’est-ce à dire ?
Pourtant depuis 1957 on mesure régulièrement la quantité de CO2 dans l’atmosphère. Or la proportion de celui-ci augmente régulièrement sans aucun doute possible, et même de plus en plus vite au fur et à mesure que la combustion d’énergie fossile (charbon, pétrole, gaz) se développe. Parallèlement la quantité d’oxygène dans l’atmosphère décroît en proportion.
Cela dit pour établir une relation entre l’effet de serre et la combustion d’énergie fossile, il faudrait pouvoir comparer la quantité de CO2 dans l’atmosphère avant les débuts de l’industrialisation et après, c’est-à-dire avant 1750 et depuis 1750. C’est ce que l’on peut faire grâce aux carottes glaciaires que l’on prélève dans l’Antarctique ; celles-ci permettent de mesurer la présence de C02 dans l’atmosphère depuis environ 800.000 ans, mais avec une très grande précision sur les 100.000 dernières années. Or tous les relevés montrent que la concentration de méthane, de CO2 et de protoxyde d’azote augmente de manière significative à partir de 1750. Plus important encore ces relevés montrent qu’il n’y a pas eu de variation de ces concentrations de gaz dans l’atmosphère dans les 10.000 années qui précédèrent 1750 ; de plus au cours des 650.000 ans avant 1750 ces variations n’ont jamais dépassé le niveau des 10.000 années précédant 1750. Ce qui tendrait à prouver que ces variations climatiques ne pourraient être dues qu’à l’augmentation soudaine et très significative de CO2 dans l’atmosphère à partir de 1750, date correspondant aux débuts de l’industrialisation, c’est-à-dire aux débuts de la combustion du charbon, suivi à la fin du 19ème par la combustion de pétrole puis au 20ème siècle par celle du gaz.
Sans compter qu’aujourd’hui bien évidemment apparaissent dans les relevés les plus récents les gaz dits « industriels », c’est-à-dire fabriqués par l’homme, et qui contribuent grandement eux aussi à l’effet de serre.

Il y a donc de très sérieux soupçons quant à la responsabilité humaine dans l’accroissement du réchauffement climatique. Mais encore une fois il est important de comprendre qu’aucun scientifique sérieux ne conteste le réchauffement climatique en soi ; la véritable question est de savoir si les activités de l’espèce humaine sont en train de devenir le facteur dominant de ce réchauffement du climat.

Donc à ce changement climatique bien réel qui pourrait remettre en cause l’existence de l’espèce humaine sur terre, à ce phénomène qui pourrait malgré tout être indépendant de notre activité (faisons comme si nous l’acceptions bien que cela n’ait pas beaucoup d’importance), s’ajoute la disparition accélérée des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, phénomène qui, lui, est entièrement due à l’activité de l’espèce humaine et à personne d’autre.


Le Peak généralisé des ressources non renouvelables.

En ce qui concerne les ressources non-renouvelables, c’est clair comme de l’eau de roche. Nous consommons à outrance des ressources qui n’existent dés le départ qu’en quantités très limitées et qui sont destinées par définition à disparaître à plus ou moins long terme au fur et à mesure que notre espèce divine mais néanmoins prédatrice au dernier degré les arrachera au sous-sol dans lequel elles se trouvent.

Bien entendu nous vient à l’esprit en priorité le pétrole et son désormais fameux Peak Oil. Dans le meilleur des cas celui-ci aura lieu d’ici quelques années et dans le pire des cas nous y sommes déjà.
Or en l’état actuel des choses le pétrole est irremplaçable. En d’autre terme, pour ceux qui n’auraient pas encore compris, nous n’avons rien pour remplacer l’usage multiple que nous faisons du pétrole. En l’état actuel des choses et de nos connaissances, et ce en dépit de toutes les proclamations aussi triomphalistes qu’absurdes que l’on entend de tous côtés, quand le pétrole viendra à manquer, ne serait-ce qu’en partie, notre monde divin de Cochon sur Terre s’effondrera à grand fracas immédiatement. Cochon sur Terre s’est construit uniquement grâce au pétrole, c’est-à-dire par la disponibilité d’une énergie abondante à très bon marché et à multiples débouchés, notamment pour l’agriculture avec l’emploi abondant des engrais sans parler de sa mécanisation à outrance, ce qui a permis un accroissement formidable de la productivité. Sans pétrole il est certain qu’à l’avenir nous risquons de connaîtrons des famines à une échelle que peu sont capables d’imaginer aujourd’hui.
La vérité c’est que le pétrole est toujours irremplaçable à l’heure qu’il est.

L’inconvénient de tout le bla bla qui se fait autour du Peak Oil c’est qu’il cache un autre aspect essentiel de la question. Car l’épuisement des réserves de pétrole est une chose, mais ce n’est que l’arbre qui cache la forêt. En effet le Peak ne concerne pas que le pétrole, il n’y a pas que le Peak Oil. Nous faisons face à un Peak généralisé de toutes les ressources non renouvelables. Le Peak concerne nécessairement toutes les ressources non renouvelables, que ce soit le charbon, le gaz, l’uranium, l’or où l’argent, les terres rares et tout le reste... En conséquence il faut s’attendre à terme à un épuisement de toutes les ressources non renouvelables, c’est-à-dire de tout ce que nous avons appris à prendre pour un dû en vertu de notre droit divin et auto-proclamé à jouir de tout et du reste sans aucune restriction ; en vertu de notre droit non négociable à ce que nous nommons notre « niveau de vie », ce « niveau de vie » tellement insoutenable que sa poursuite effrénée nous mène droit au suicide collectif. Car oui, cher lecteur, il y aura bel et bien un Peak uranium, un Peak gold, un Peak gaz etc etc, jusqu’à ce que notre espèce miraculée ait gaspillée toutes les matières premières possibles et inimaginables. Bref jusqu’à ce que nous ayons pillé la planète si entièrement qu’il ne restera rien pour personne après notre passage ici-bas. C’est le prix à payer pour conserver notre « bien-être », autre idole de Cochon sur Terre, tout en nous réfugiant lâchement et/où égoïstement derrière l’affirmation péremptoire et parfaitement infondée qu’il y a encore des matières premières « pour des siècles et que d’ici là nous aurons trouvé autre chose ». Notre bonne conscience est ainsi préservée à un prix exorbitant pour nos successeurs, dans l’hypothèse où il y en ait quelques-uns.

On entend encore plus souvent l’affirmation sans aucun fondement autre qu’une superstition aveugle, et de la lâcheté doublée de presse intellectuelle dans le meilleur des cas, que la science trouvera bien une énergie de substitution au pétrole. Quand, comment, où, personne n’en sait rien. Et puis même si c’était le cas, même si nous parvenions à trouver une énergie de remplacement au pétrole, le problème est que nous aurions toujours besoin non seulement du pétrole où de ses produits dérivés pour l’exploiter, mais aussi d’une partie où de toutes les autres matière première menacées d’épuisement elles aussi par leur propre Peak. Pensons par exemple aux métaux indispensables au fonctionnement des technologie d’aujourd’hui et à la production de cet incontournable attirail contemporain créateur de notre « mal être » généralisé (iphone, ordinateurs, avions, train à grande vitesse, voitures électrique etc...). Concernant les énergies dites vertes, ce qui reste voir, comment fabriquer une éolienne par exemple où un panneau solaire sans métaux pare exemple ? Où encore comment fabriquer une batterie pour voiture électrique sans lithium où un écran d’ordinateur sans terres rares (ce sont des métaux contrairement à ce que l’on pourrait croire) dont la Chine possède actuellement près de 95% de la production mondiale ?

La vérité c’est que le pétrole est toujours indispensable à tous les échelons de notre société pour assurer le mieux possible le dysfonctionnement coûteux de notre néo-monde contemporain de Cochon sur Terre. Sans pétrole c’est l’effondrement.
Mais la vérité c’est aussi que même si nous trouvions un moyen de remplacer le pétrole nous aurions encore besoin des autres matières premières qui sont quasiment aussi irremplaçable que lui pour le bon dysfonctionnement de Cochon sur Terre. Le problème c’est qu’elles sont menacées d’épuisement comme le pétrole.


La transformation par l’homme des ressources renouvelables en ressources non renouvelables.

Concernant les ressources renouvelables le problème est peut-être encore pire d’une certaine façon. Pourquoi, pourriez-vous nous demander avec une fausse innocence : ne sont-elles pas renouvelables précisément ? Oui, mais elles ne sont renouvelables qu’à la condition de leur laisser le temps de se renouveler... Or c’est justement ce que nous ne faisons pas par ignorance, par avidité, par égoïsme, en bref par nihilisme. Quoique nous ayons quelques doutes légitimes quant à l’ignorance...
Citons quelques exemples de transformation de ressources renouvelables en ressources non renouvelables par l’humanité contemporaine. Les ressources halieutiques par exemple qui, tout le monde le sait, sont en train de disparaître à grande vitesse par surexploitation si intensive que les poissons et autres crustacés ne se reproduisent pas assez vite pour renouveler les stocks prélevés par l’homme ; nous ne sommes pas sans ignorer non plus la disparition irréversibles dans le monde entier de milliers d’hectares de terres arables par épuisement, phénomène dû une course générale à la rentabilité maximale à très court terme ; en ce qui concerne l’eau potable, son utilisation à outrance dans de très nombreuses parties du globe provoque sa disparition pour cause d’assèchement des sources, voire des nappes phréatiques elles-mêmes, comme en Chine, au Moyen-Orient où en Afrique ; la disparition des milliers d’hectares de forets chaque année, notamment au Brésil, en Afrique où en Indonésie par exemple, entraîne l’extinction de centaines d’espèces, vivantes de végétaux sans parler de l’influence sur les capacités déclinantes des forêts pour l’absorption du CO2 produit par l’homme etc... La liste est loin d’être exhaustive.

La vérité est que nous sommes en train de rendre nous-mêmes non renouvelables des ressources qui le sont naturellement !

C’est précisément là que se pose la question principale selon nous. Le fait de transformer des ressources naturellement renouvelables en ressources non renouvelables, c’est-à-dire les faire disparaître corps et biens alors qu’elles auraient pu durer indéfiniment si nous les avions géré en respectant leur mode de renouvellement, assurant par là même notre propre survie à long terme.
N’est-ce pas extraordinaire qu’une espèce si bonne, si pure, si vertueuse, si exceptionnelle que nous la nôtre puisse se comporter de manière aussi aberrante, et stupide par dessus le marché ? Car non seulement nous pillons la planète de ses ressources non renouvelables mais en plus nous détruisons consciencieusement toutes les ressources renouvelables pour notre seul avantage à très court terme sans se préoccuper de ce qui suivra ni si quoi que ce soit survivra à notre passage, mettant en péril notre propre survie et condamnant celle de nos successeurs.

II nous semble que c’est ce phénomène particulier de la destruction des ressources renouvelables qui démontre combien le nihilisme qui nous ronge est puissant et profondément enraciné en nous. Car si l’épuisement conscient des ressources non-renouvelables est absurde et stupide cela ne remet pas en cause la survie de l’espèce même si cela condamne à court terme Cochon sur Terre et son mode de survie particulier. En revanche la destruction irréparable des ressources renouvelables de la planète, indispensables à la survie de l’espèce (l’eau potable où les terres arables par exemple), démontre si besoin en était la tendance suicidaire à court terme de Cochon sur Terre.


La vulnérabilité d’une société est proportionnelle à son degré de complexité.

D’après les études qui furent réalisées sur les civilisations citées plus haut (Mayas, Pasqualiens où Chacoans people), sociétés qui atteignirent de haut degrés de complexité, il est avéré que leur apogée et leur effondrement furent très rapprochés, quelques dizaines d’années au plus. Cela parait rapide mais l’explication est parfaitement compréhensible si l’on part du principe que toute civilisation tente de résoudre les problèmes qu’elle rencontre par un accroissement de complexité. Ces accroissements de complexité parviennent très souvent à résoudre les problèmes de manière satisfaisante au début. Mais plus la complexité de la société augmente, créant sans cesse de nouveaux problèmes eux-mêmes résolus par de nouvelles solutions accroissant encore la complexité de fonctionnement de l’ensemble, plus les rendements attendus de l’accroissement de la complexité s’amoindrissent jusqu’à ce qu’ils finissent par devenir négatifs. A ce moment-là il est trop tard car l’homme tente à nouveau de régler le problème par encore plus de complexité alors que désormais cet ajout ne résout plus rien mais démultiplie les difficultés et les problèmes auxquels est confrontée la société donnée. De plus chaque ajout de complexité fragilise encore un peu plus l’ensemble qui peut en venir à dépendre entièrement de l’approvisionnement d’une matière première pour son fonctionnement (pétrole par exemple dans notre cas). Si celle-ci vient à manquer pour une raison X ou Y cela entraîne immédiatement, surtout lorsque la société en question fonctionne en « flux tendus », une suite de problèmes insolubles qui entraîne très rapidement la société dans le tombeau que celle-ci a creusé avec soin en tout inconscience pendant des années.
C’est pourquoi la chute est si proche du sommet.


Non, nous ne serons pas sauvés.

Notre chute est proche. Combien de temps ? Aucune idée, mais à court terme assurément.
Comment en douter dés lors que les seules solutions que nos gouvernants bien-aimés sont capables de proposer pour résoudre la crise dans laquelle nous sommes (quand ils ont conscience des véritables problèmes qui se posent à nous ce qu’il est indispensable de remettre en cause vigoureusement), ces solutions donc reposent encore et toujours sur un surcroît de complexité alors que nos sociétés sont déjà écrasées par la lourdeur de leurs structures ?
Alors non, certainement, nous ne serons pas capables d’inverser cette tendance destructrice dans laquelle nous nous sommes engagés il y a trois siècles mais qui s’est emballée depuis l'avènement de la société de consommation.
Comment en douter dés lors que personne ne peut envisager autre chose que ce qu’ils nomment dans leur jargon de décérébrés la « croissance », ce qui aboutit inévitablement à une complexité toujours plus grande et hors de contrôle ainsi qu’à une accélération de l’épuisement des ressources naturelles ?
Ils prennent le poison pour le remède.
Alors non, nous n’en serons pas capables car pour ce faire il faudrait d’abord et avant tout une révolution des esprits qui aboutirait à un retournement complet de notre conception du monde et de nos rapports avec celui-ci. Il faudrait également que nous développions tout à coup une vision nouvelle de notre place dans le monde (inverse à celle qui nous possède actuellement) ; il faudrait que nous fassions acte d’humilité, enfin!, en acceptant notre condition, ce qui impliquerait de laisser refroidir notre rage de transformer le monde afin de le plier à nos caprices mégalomanes au lieu de nous adapter à lui.
Malheureusement c’est mal parti puisque l’obsession de la croissance qui nous tenaille n’est que le reflet de l’orgueil désespéré qui nous habite.

Non, nous ne serons donc pas sauvés par quiconque.
Et non, nous ne nous sauverons pas nous-mêmes.
Mais au fond en avons-nous vraiment le désir ? Le nihilisme qui nous gouverne ne parait pas vraiment le démontrer, bien au contraire, alimenté qu’il est par la terreur grandissante qui nous ronge face à l’issue fatale que nous pressentons plus où moins inconsciemment malgré tout.
Donc si nous n’aurons probablement pas les nerfs pour nous sauver, s’il est très probable que notre société de Cochon sur Terre nous ait suffisamment dégénérés pour avoir anéanti en nous tout instinct élémentaire de survie, empêchant ainsi toute possibilité de réagir face au désastre qui nous pend au nez, ne doutons pas néanmoins de notre capacité à dépasser nos illustres prédécesseurs (les Mayas, Pasqualiens et autres Chacoans People) dans notre compétition assumée vers le suicide collectif. Car au train où nous allons, un train d’enfer cela va sans dire, nous sommes confiants ici, à la Chronique de Cochon sur Terre, que notre espèce miraculée réussira à disparaître sans laisser aucune trace ni derrière nous ni devant nous, à l’exception peut-être de quelques déchets témoignant du niveau de « progrès » auquel nous aurons abouti « in fine », remarquable conclusion de cette « politique de la planète brûlée » que nous menons avec ténacité depuis plus d’un demi-siècle.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.