mardi 30 août 2011

Libye : Gadaffi avait raison !

Qu’il est doux le mois d’Août lorsqu’il s’achève par un goût de victoire si mérité.
"Nous avons libéré la Libye" !
Comme nous nous réjouissons tous d’avoir ainsi libéré les six millions de Libyens de l’emprise de l’horrible tyran, à côté duquel Saddam Hussein n’était qu’un enfant de choeur !
Comme nous fumes tous saisis d’une émotion incontrôlable à l’annonce de la libération de Tripoli par nos « protégés », ces rebelles que l’on connaît si bien et qui, pour le moment, nous sont si reconnaissant pour notre inconditionnel soutien moral dans leur combat pour la liberté (uniquement moral bien entendu puisque nous avions l’impératif devoir de respecter à la lettre la résolution de l’ONU bien connue)... Cet appui moral si pur qui reflète si bien la transparence immaculée de notre générosité libérée de tout attente d’une quelconque récompense en retour ; non, ce n’est pas tout à fait exact : nous ne désirons qu’être aimés ; en ce qui concerne l’eau fraîche c’est une autre histoire dont nous reparlerons plus bas.

Oui, décidément, chers lecteurs, nous sommes des gens admirables, nous ne cessons de vous le dire, mais en voici une preuve de plus, s’il en était encore besoin. Nous pouvons vraiment être fiers de nous (oui nous le sommes déjà, nous le savons, mais voici une occasion unique d’augmenter encore le stock de fierté que nous éprouvons déjà pour nous-mêmes).

Désormais les jeux semblent être faits (enfin selon la propagande officielle).
La Libye, parait-il, est libérée pour de bon de notre ex-allié aujourd’hui requalifié de tyran par tous ceux qui, hier encore, le recevaient chez eux où se rendaient chez lui avec transport, ceux-là même qui désormais veulent sa peau en la mettant à prix pour $1.6 million : les Sarkozy, Cameron, Obama, Berlusconi et compagnie, bref le gang des humanistes en goguette.
Entre nous $1.6 million çà fait vraiment petit joueur en comparaison de ce que toute l’affaire est censée nous rapporter. Rien que les investissements de l’état libyen à l’étranger s'élèveraient à quelques $150 milliards sans compter les réserves d’or de la banque centrale libyenne qui se monteraient à 143,8 tonnes (en admettant que çà n’ait pas disparu entre temps) et que l’on envisage avec délice de privatiser (rassurer-vous, chers lecteurs, tout le pays sera vendu à l‘encan, c’est promis !).
Mesquins en plus de tout, les humanistes !
Il se trouve que pour rafraîchir nos mémoires atteintes de fièvre aphteuse, voire d’encéphalite aggravée, c’est-à-dire afin de compenser notre incapacité congénitale à ne plus être capable de se souvenir d’un événement vieux de plus de trente secondes, wikileaks a fort opportunément publié les cables envoyés par l’ambassade des USA à Tripoli à son gouvernement au cours des dernières années. Grâce à quoi nous pouvons nous faire une idée des liens qui unissaient les USA et Gadaffi, sans parler de l’hypocrisie des polichinelles dangereux que l’on qualifie encore de politiciens aux USA.

En voici quelques passages cités par le WSWS :

The most damning of these cables memorializes an August 2009 meeting between Libyan leader Muammar Gaddafi and his son and national security adviser, Muatassim, with US Republican Senators John McCain (Arizona), Lindsey Graham (South Carolina), Susan Collins (Maine) and Connecticut “independent” Joe Lieberman.

McCain, the Republican presidential candidate in 2008, has in recent speeches denounced Gaddafi as “one of the most bloodthirsty dictators on Earth” and criticized the Obama administration for failing “to employ the full weight of our airpower” in effecting regime change in Libya.

In the meeting held just two years ago, however, McCain took the lead in currying favor with the Gaddafis. According to the embassy cable, he “assured” them that “the United States wanted to provide Libya with the equipment it needs for its security” and “pledged to see what he could do to move things forward in Congress.”

The cable continues to relate McCain’s remarks: “He encouraged Muatassim to keep in mind the long-term perspective of bilateral security engagement and to remember that small obstacles will emerge from time to time that can be overcome. He described the bilateral military relationship as strong and pointed to Libyan officer training at U.S. Command, Staff, and War colleges as some of the best programs for Libyan military participation.”

The cable quote Lieberman as saying, “We never would have guessed ten years ago that we would be sitting in Tripoli, being welcomed by a son of Muammar al-Qadhafi.” It states that the Connecticut senator went on to describe Libya as “an important ally in the war on terrorism, noting that common enemies sometimes make better friends.”

The US embassy summarized: “McCain’s meetings with Muammar and Muatassim al-Qadhafi were positive, highlighting the progress that has been made in the bilateral relationship. The meetings also reiterated Libya’s desire for enhanced security cooperation, increased assistance in the procurement of defense equipment, and resolution to the C130s issue”

An April 2009 cable preparing Muatassim Gaddafi’s trip to Washington that month stresses plans for anti-terrorist training for Libyan military officers and potential arms deals. In its conclusion the embassy states: “The visit offers an opportunity to meet a power player and potential future leader of Libya. We should also view the visit as an opportunity to draw out Muatassim on how the Libyans view ‘normalized relations’ with the U.S. and, in turn, to convey how we view the future of the relationship as well. Given his role overseeing Libya’s national security apparatus, we also want his support on key security and military engagement that serves our interests.”

An August 2008 cable, a “scene setter” for the “historic visit” of Secretary of State Condoleezza Rice to Tripoli, declares that “Libya has been a strong partner in the war against terrorism and cooperation in liaison channels is excellent … Counter-terrorism cooperation is a key pillar of the U.S.-Libya bilateral relationship and a shared strategic interest.”
(Sources : WSWS - 26 Août 2011)

N’est-ce pas rafraîchissant, cher lecteur, de se remémorer combien nous cherchions TOUS (pas seulement les USA mais les Européens également) l’amitié de cet atroce tyran, celui-là même que nous nous sommes efforcés d’assassiner depuis des mois à coup de bombes et de missiles, sans aucun succès, et dont nous venons de mettre la tête à prix ?
Pourtant à lire les lignes ci-dessus l’ambiance paraissait au beau fixe. Quant aux Européens il suffit de se souvenir de l’accueil qui fût réservé au tyran il y a pas moins d’un an par Sarkozy où par Berlusconi...

Hummm, mais alors pourquoi chercher à se débarrasser soudainement d’un si bon allié ? Pourquoi courir de tels risques s’il faisait partie de la famille ?

Eh bien justement, chers lecteurs, ce n’était pas vraiment le cas. Le problème avec Gadaffi c’est que s’il avait fait amende honorable en ce qui concerne ses recherches nucléaires, s’il avait bien envoyé son uranium en Russie pour y être retraité, s’il avait bien collaboré efficacement avec les Occidentaux dans leur traque contre les salafistes et autres membres d’Al Quaeda, au point d’en être félicité par les USA, tout n’allait pas néanmoins pour le mieux dans le meilleur des mondes occidentaliste. En effet si l’Occident cajolait Gadaffi et supportait ses extravagances c’était uniquement parce-qu’il n’existait aucun autre candidat possible pour le remplacer et qu’une occasion ne s’était jamais vraiment présentée de le remplacer. Nous lui faisions donc de grands sourires à défaut d’opportunité pour mettre à sa place une marionnette qui n’aurait pas d’idées farfelues ; bref une potiche qui ne prendrait pas au sérieux les intérêts de son propre pays au profit de ceux de ses maîtres occidentaux : c’est-à-dire les nôtres, chers lecteurs, ceux des dignes consommateurs de Cochon sur Terre.

Car, encore une fois, ceux que nous nommons nos alliés ne doivent et ne peuvent en aucun cas avoir de visions politiques qui ne soient pas intégralement au service de NOS intérêts. Si par pur accident nos intérêts coïncident avec les leurs, tant mieux pour eux.
Si ce n’est pas le cas tant pis pour eux.

Voyez ce qui est arrivé aux Talibans ; voyez ce qui est arrivé à Saddam Hussein ; et maintenant Qadaffi.
Demain sera probablement le tour d’Assad le Syrien.
Et après-demain celui du régime iranien ?

Dans tous les cas, tout dingue qu’il puisse être, car il l’est tout de même, Gadaffi avait néanmoins des idées bien à lui ; et toutes n’étaient pas stupide. Enfin, dans une perspective libyenne évidemment. Et dans une perspective africaine également. Eh oui, chers lecteurs, le tyran d’aujourd’hui, notre allié d’hier, avait une vision politique qui était loin d’être bête. Le seul inconvénient est que cette politique s’opposait gravement à nos intérêts. Alors lorsque nos alliés d’aujourd’hui et nos ennemis de demain (nous en reparlerons) se rebellèrent contre notre allié d’hier et notre ennemi d’aujourd’hui et de demain, Sarko le Petit et toute sa bande d’humanistes en mal d’affection crurent voir là une opportunité inespérée pour se débarrasser du trublion afin de mettre à sa place des gens plus complaisants.
Il y a principalement trois éléments qui nous ont poussé à l’aventure :

1) La politique africaine de Gadaffi

Une des idées principales de Gadaffi est qu’il considérait la Libye comme un état africain. En conséquence de quoi les intérêts de la Libye, à ses yeux, étaient étroitement mêlés à ceux de l’Afrique. A partir de là, considérant la Libye comme étant un état africain, Gadaffi joua un rôle parmi les états africains qui, apparemment ne déplut pas tant que çà aux Africains puisque l’Union Africaine s’opposa bec et ongle à l’intervention en Libye et qu’elle ne semble toujours pas pressée de reconnaître le nouveau régime, si l’on peut dire.

Over 200 African leaders and intellectuals released a letter in Johannesburg, South Africa, stressing the "misuse of the United Nations Security Council to engage in militarized diplomacy to effect regime change in Libya", as well as the "marginalization of the African Union".
(Sources : Pepe Escobar - 26 August 2011)

In comments today, South African President Jacob Zuma announced that the African Union is not recognizing the Benghazi rebel council as the new government, calling instead for an immediate ceasefire as AU officials urge an inclusive transitional government to be put in place.
(Sources : Jason Ditz - 26 Août 2011)

L’argent du pétrole permit donc à Gadaffi de mener sa politique d’influence sur le continent africain.

For instance, Libya played an important role in financing the African Bank, thus allowing African nations to avoid the tender mercies of the World Bank and the International Monetary Fund. Libya also financed a continent-wide telecommunications system that saved African countries hundreds of millions of dollars by allowing them to bypass western-controlled networks. He also raised living standards. This does not make him a good guy, but it does say that Libya’s role in Africa cannot be reduced to simply “sinister.”
(Sources - Conn Halinan - 26 Août 2011)

Le problème est que cette politique africaine avait une fâcheuse tendance à s’opposer de front à la nôtre. Forcément puisqu’il voulait soustraire l’Afrique aux convoitises étrangères, et donc occidentales au premier chef. Or cet intérêt des occidentaux, comme des chinois, indiens et autres saoudiens etc... pour l’Afrique s’est exacerbé depuis quelques années pour deux raisons principales qui sont liées toutes deux par une menace de plus en plus prise en compte par les gouvernements du monde entier : la pénurie.
Pénurie de pétrole et pénurie de matières premières.
Or l’Afrique est désormais considérée comme le nouvel et dernier eldorado à exploiter avant l’assèchement définitif. Du coup la compétition s'amplifie pour mettre la main sur :

- les gisements de pétrole, connus et à découvrir, situés le long de sa façade Atlantique, notamment au large de la Namibie,
- les matières premières et les terres arables qui font l’objet d’une véritable razzia ces derniers temps par les non-africains au point que les populations locales s’en émeuvent sérieusement (voir ce qui s’est produit à Madagascar à ce sujet).

Pour résumer, l’idée de Gadaffi d’une Afrique indépendante, qu’il faisait avancer à coup de millions de pétrodollars, commençait à porter sur les nerfs des Occidentaux au fur et à mesure de leur intérêt grandissant pour le continent, et ce d’autant plus qu’ils ont aujourd’hui à faire face à la concurrence des chinois et autres nouveaux venus.

Le problème avec notre ex-allié c’est qu’il était très inventif. Il est vrai que, bien souvent, cela ne portait pas trop à conséquence. Mais parfois certaines de ses lubies pouvaient devenir franchement insupportables aux Occidentaux, voir même extrêmement dangereuses. L’une d’entre elle aurait pu être mortelle pour les USA. En effet Gadaffi voulait créer une monnaie commune pour toute l’Afrique, basée sur l’or : le gold dinar. Cette idée, en elle-même excellente en dépit de la tâche quasi insoluble de mettre d’accord tous les pays de l’Union Africaine, constituait une menace redoutable pour les USA qui se seraient soudain retrouvés incapables de payer leurs importations de pétrole et de matières premières en provenance d’Afrique car il leur aurait fallu payer leurs importations en vraie monnaie, c’est-à-dire en gold dinar et non en dollar de plus en plus dévalué.
Entre parenthèse, en dépit des efforts frénétiques des USA pour éliminer toute velléité de ce genre, c’est une idée qui devient de plus en plus crédible au fur et à mesure que le dollar est dévalué par les impressions compulsives de fausse monnaie par la FED afin de payer les extravagants déficits fédéraux tout comme les importations US. Cette idée de Gadaffi est à rapprocher de celle des pays du Golfe qui avaient émis l’idée de créer une monnaie commune dans laquelle ils pourraient facturer leur pétrole et leur gaz ; c’est également le même raisonnement qui consiste à demander la création d’une monnaie internationale de réserve basée en partie sur l’or afin de remplacer le dollar moribond.
Les USA en sont les plus farouches opposants bien qu’ils fassent tout ce qu’ils peuvent pour que cela arrive un jour, de même qu’ils ont tout fait pour éviter l’Euro et qu’ils continuent aujourd’hui à tenter de déstabilisr la monnaie unique pour la faire disparaitre. Ils n’ont d’ailleurs pas hésité par le passé à utiliser la manière forte pour tuer dans l’oeuf de telles velléités.
A noter et à ne surtout pas oublier que Saddam Hussein avait déjà joué à ce petit jeu fin 2002 en acceptant d’être payé en euro plutôt qu’en dollar pour le pétrole qu’il exportait. On sait ce qui lui est arrivé et il ne faudrait surtout pas faire l’erreur de sous-estimer l’importance de cette question dans la décision d’envahir l’Irak, même si la question du pétrole joua le rôle principal que l’on sait.

2) La question géostratégique de la Libye.

Bien entendu la question énergétique est vitale pour notre espèce divine afin de lui permettre de poursuivre dans les meilleures conditions de confort sa course au suicide collectif.
« Le premier arrivé a gagné ».
Mais nous risquons fort d’y arriver tous en même temps au train où vont les choses... Au moins il n’y aura pas de jaloux car il n’y aura pas de laissés pour compte, ce qui ne serait franchement pas démokratique.
Egalité pour tous, tel est notre mantra.

Nous avons donc un besoin insatiable d’énergie, nous en consommons de plus en plus grandes quantités alors même que les réserves disponibles connues et faciles d’accès baissent de plus en plus. D’où la nécessité de trouver toujours plus de nouveaux champs de pétrole dans des endroits de plus en plus inaccessibles, ce qui augmente le prix structurel de ce même pétrole puisqu’il devient de plus en plus cher à extraire. Désormais un pétrole a moins de $90 semble quasiment impossible sur la longue durée puisque les producteurs ne s’y retrouveraient pas.

L’Occident a enfin pris conscience de sa dépendance à cet égard même si nous pouvons affirmer sans crainte que toute la politique des USA depuis les accords entre eux et le roi Ibn Seoud au sortir de la seconde guerre mondiale a eu pour but principal la sécurisation de l’accès aux ressources pétrolières. Mais à cette époque personne ne soupçonnait le danger de l’épuisement des ressources. Désormais, et pour cette raison, cette sécurisation de l’accès aux sources s’est étendue à toutes les énergies en général ainsi qu’aux matières premières. Plus ces matières premières tendent à se faire rares plus la compétition pour se les approprier s’accentuent entre les anciens acteurs, nous, et les nouveaux, les Chinois, Indiens et autres...
Dans cette perspective l’Afrique est soudain devenue essentielle pour le contrôle de notre approvisionnement en pétrole comme en matières premières.

Africa has increasingly become a chess piece in a global competition for resources and cheap labor. It is no accident that the U.S. recently formed an African Command (Africom)—the Libyan War was the organization’s coming out party—and is training troops in countries that border the Sahara. It is already intervening in Somalia, and a recent story in the New York Times about an “al-Qaeda threat” in Northern Nigeria should send a collective chill down all our spines. NATO has already “war gamed” the possibility of intervention in the Gulf of Guinea
to insure oil supplies in the advent of “civil disturbances” that might affect the flow of energy resources.
(Sources : Conn Halinan - 26 Août 2011)

Nous avions toujours considéré l’Afrique comme notre arrière-cour naturelle, sans craindre aucune concurrence extérieure. De même pour les états du Maghreb, auxquels nous ajouterons la Libye. Ils constituaient notre chasse gardée. Or depuis quelques années, comme on sait, plusieurs nouveaux venus ont osé pénétrer par surprise sur ces terres que nous considérions comme acquises. Et ces nouveaux venus se sont taillés un certain succès à notre plus grande stupeur d’abord, qui fit place à de l’inquiétude ensuite puis à de la fureur.

Une des meilleure preuve de cet interêt croissant pour le continent africain par les USA fût la création d’Africom en 2007.

“AFRICOM is a new U.S. military headquarters devoted solely to Africa. AFRICOM is the result of an internal reorganization of the U.S. military command structure, creating one administrative headquarters that is responsible to the Secretary of Defense for U.S. military relations with 53 African countries.”

“United States Africa Command, in concert with other U.S. government agencies and international partners, conducts sustained security engagement through military-to-military programs, military-sponsored activities, and other military operations as directed to promote a stable and secure African environment in support of U.S. foreign policy.”
(Sources : www.Africom.mil)

En réalité Africom a trois buts tout à fait précis, définis clairement par de nombreux officiels :
- Lutter contre le terrorisme en Afrique même
- Protéger les approvisionnements en pétrole mais aussi en matières premières (A ce propos ne pas oublier que les USA importent 24% de leur pétrole d’Afrique).
- S’opposer à la présence grandissante de la Chine sur le continent.

Mais Africom avait jusqu’à aujourd’hui un sérieux problème ; sa création en 2007 suscita une levée de boucliers parmi les états africains, à tel point que pas un d’entre eux n’accepta sur son territoire l’implantation de la structure d’Africom. Les USA se résignèrent donc à installer Africom à Stuttgart en attendant de trouver un pays d’accueil.
Comme pays d’Afrique on peut trouver mieux !

Hummm...

Vous comprenez, chers lecteurs, à quel point cette révolte tribale contre Gadaffi est bien tombée dans cette perspective. Quelle meilleure base que la Libye pour superviser des opérations en Afrique destinées à conforter notre mainmise sur ces matières premières indispensables à notre mode de survie ? Et ce d’autant plus que cela donne la possibilité de faire d’une pierre deux coups puisque cela permet de faire de la Méditerranée un lac entièrement sous contrôle occidental en y installant une base navale de l’OTAN. A ce sujet nous n’oublierons pas les sueurs froides que connurent les USA lorsque Gadaffi envisagea d’accorder aux russes la possibilité d’établir une base navale en Libye il y a quelques années de cela (voir wikileaks à ce propos).
Désormais avec une Libye théoriquement sous contrôle la Méditerranée serait entièrement verrouillée et les USA auraient une formidable base d’opération africaine ce qui aurait été inenvisageable sous Gadaffi.

3) La Libye, eldorado inexploité pour de pauvres Occidentaux frustrés depuis trop longtemps.

Il faut bien comprendre, chers lecteurs, les sentiments de frustration des Occidentaux vis-à-vis de Gadaffi et de sa politique pétrolière.
Imaginez-vous un pays de six millions d’habitants, à deux pas de chez nous, le premier producteur de pétrole d’Afrique et le 12 ème du monde, avec des réserves de pétrole connues de 46 milliards de barils, d’une qualité excellente, sans parler des sérieuses perspectives de nouvelles découvertes considérables. Le problème est que notre ex-allié non seulement ne voulait pas nous laisser exploiter ce pétrole comme nous l’aurions voulu, mais en plus il s’obstinait à nous refuser la possibilité de faire des recherches pour découvrir de nouveaux gisements dont on a de bonnes raisons de croire qu’ils n’attendent que nous pour se faire exploiter jusqu’à ce que leur assèchement s’en suive...
De plus le Guide se montrait radin.

“Colonel Qaddafi proved to be a problematic partner for international oil companies, frequently raising fees and taxes and making other demands. A new government with close ties to NATO may be an easier partner for Western nations to deal with. Some experts say that given a free hand, oil companies could find considerably more oil in Libya than they were able to locate under the restrictions placed by the Qaddafi government.”
(Sources : The New York Times )

Vous rendez-vous compte qu’il voulait la plus grande part des revenus pétroliers pour lui et non les laisser à nos chères « majors » ? Impossible d’obtenir de lui un partage équitable des bénéfices, 50/50 par exemple. Impossible non plus d’obtenir une exclusivité pour l’exploitation du pétrole libyen. Car il s’obstinait à permettre aux russes, aux chinois où même aux Brésiliens de faire leurs propres prospections en vue de développer de nouveaux champs pétrolifères et gaziers.
Un comble tout de même !
Les russes, les chinois où les brésiliens qui ont investi des milliards en Libye risquent désormais de perdre corps et biens tous leurs investissements car, heureusement, nos braves «rebelles» pleins de bons sens et surtout de bons sentiments ont bien compris où se trouvent leur intérêt : du même côté que le nôtre.

"We don't have a problem with Western countries like the Italians, French and UK companies. But we may have some political issues with Russia, China and Brazil."
(Sources : Abdeljalil Mayouf, information manager at the "rebel" Arabian Gulf Oil Company)

Ce n’est bien entendu pas dans l’intérêt de la Libye de procéder ainsi ni dans celui des Européens. Quel est l’intérêt pour nous, Européens, de nous mettre à dos des pays avec qui il faudrait bien au contraire renforcer nos liens ? De plus on peut profiter de la situation sans les spolier ; il suffit de respecter et d’appliquer leurs contrats passés avec Gadaffi et de les exclure gentiment et sans vagues des nouvelles concessions qui seront accordées exclusivement aux sociétés des pays de l’OTAN qui ont pris l’initiative totalement désintéressée de sauver le peuple libyen des griffes de son bourreau, notre ex-allié.

Nous avons parlé du pétrole et accessoirement du gaz comme récompense pour notre désintéressement légendaire.
Mais il y a également les juteux contrats qui vont devoir être passés pour reconstruire tout ce que nous avons consciencieusement détruit depuis six mois, toutes ces cibles choisies avec tant de circonspection et de doigté, comme le prouvent les milliers de morts qualifiés administrativement de « dommages collatéraux ».
Ici aussi « y a bon banania ».
Mis il y a encore d’autres opportunités tout à fait inattendues. Tout à l’heure, au début de cet article, nous vous avons parlé d’eau fraîche... Eh oui, de l’eau fraîche ! Eh bien figurez-vous qu’il semblerait qu’il y ait dans le sous-sol libyen les plus grandes réserves aquifères de la planète. Inutile de souligner que nos sociétés nationales, qui sont les leaders mondiaux de ce secteur, en salivent à l’avance. Remarquez qu’il y a de quoi car certains parlent de 1000 ans de réserves ! Nous ne sommes pas des spécialistes de la question mais même si nous divisions le chiffre par deux où trois cela laisserait néanmoins de belles perspectives de développement pour nos entreprises nationales.
Comme quoi il n’y a pas que le pétrole dans la survie des citoyens de Cochon sur Terre ! Il y a l’eau également !

Tous ces charmants projets de développements économiques, d’installations militaires et autres plans sur la comete, tout cela est bien joli mais il faudrait d’abord contrôler le pays ; pour ce faire il faudrait contrôler les soit-disant rebelles et éviter une guerre tribale d’envergure comme cela est actuellement le cas en Somalie par exemple.
Et, chers lecteurs, c’est loin d’être gagné pour plusieurs raisons :

- D’abord les soit disant «rebelles» sont des groupes disparates non seulement idéologiquement mais éthniquement qui n’ont rien en commun à l’exception de leur haine de notre ex-satrape préféré. Qu’y a t’il de commun entre les berbères du Sud-Ouest et les tribus islamistes de Cyrénaique d’où est partie la révolte ? Qu’y a t’il de commun entre des monarchistes senoussis de Cyrénaique, d’anciens pontes laics du régime Gadaffi et des islamistes extrémistes revenus d’Afghanistan où d’Irak ?
- Les islamistes sont les combattants des "rebelles".
Avez-vous déjà entendu parler du LIGF, chers lecteurs ? Cela signifie : Libyan Islamist Fighting Group. Abdelhakim Belhaj est le fondateur de ce groupe de djihadiste. Après avoir fait ses armes en Afghanistan contre les soviets dans les années 80 il créa deux camps d’entrainement pour djihadistes lorsque les Talibans prirent le pouvoir en 1996. Puis il fût arrêté par les Américains en 2003 en Malaysie après avoir sévi au Pakistan et en Irak bien sûr où il était au mieux avec Al Quaeda. En 2004 les Américains le transférèrent à la Sécurité de Gadaffi où il passa très certainement de très bons moments jusqu’en 2010 date à laquelle il fût relâché avec 211 de ses camarades. En 2007, le numéro 2 de Al Quaeda, Zawahiri, annonça la fusion du LIGF avec Al Quaeda pour former le Islamic Maghreb (AQIM). Behlaj en est le chef. La bonne nouvelle c’est que c’est ce même Behlaj qui est le commandant militaire des rebelles qui ont « pris » Tripoli...

Nous voilà donc avec Tripoli aux mains des djihadistes d’Al Quaeda, fournis gracieusement en armes et en entraînements intensifs pendant deux mois par vos impôts, chers lecteurs. Ils ont également fait le plein d’armes et de munitions dans les dépôts abandonnés par Gadaffi.
Pensez-vous vraiment que ces « gens » laisseront gentiment le terrain conquis lorsqu’il s’agira de créer un état nouveau, une constitution nouvelle etc ? Nous avons quelques difficultés à croire que ces « gens » accepteront un régime autre que celui réglé par la sharia, comme ils l’ont déjà proclamé d’ailleurs eux-mêmes.
En réalité toutes les malchances convergent pour que la Libye devienne le théâtre d’une guerre civile inextricable et dans laquelle nous ne devrions pas nous mêler car cela aboutirait à un autre fiasco du type Somalie.
En revanche un tel scénario est probablement ce que prévoit Gadaffi qui reste assuré du soutien de la tribu de sa femme les Warfallah. Dans ce cas le faible gouvernement de marionnettes soutenu par l’Occident aurait à combattre deux ennemis : les djihadistes-Al Quéda de Behlaj, abondamment pourvus d’armes et de munitions d’une part, et d’autre part les Warfallah de Gadaffi. Ce qui amènera à une occupation du pays par des troupes étrangères, probablement pas occidentales dans un premier temps mais plutôt des mercenaires entraînés en Arabie Saoudite et en UAE, om bien un mixte des deux. Nous verrons bien mais dans tous les cas de figure l’intervention de troupes étrangères sur le sol Libyen ne fait pas beaucoup de doutes.

Gadaffi avait donc raison.
Il a souvent répété depuis le début de la guerre civile :

1) que l’insurrection était soutenue par l’étranger et Al Quaeda
2) que cette insurrection n’était que le prélude à une occupation étrangère pour s’emparer des ressources naturelles du pays.

A moins qu’il ne l’en empêche... en collaboration avec Al Quaéda...
Quelle ironie, chers lecteurs !

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

dimanche 7 août 2011

S&P dégrade la note des USA : ce n'est qu'un début.

On nous avait prévenu, nous l’attendions sans grande conviction, certains l'espérait d’autres la craignait, tous se demandait non pas SI mais QUANT cela arriverait
Depuis Vendredi soir c’est fait.
Les USA ont perdu leur note AAA par la vertu de l’agence de notation Standard & Poor. Nous savons que Vendredi l’administration US a tenté de convaincre S&P de ne pas dégrader la note des USA. Mais l’agence de notation a passé outre.
Désormais la note des USA est AA+ avec perspective négative.
La rumeur courrait déjà les salles de marché tout au long de la journée de Vendredi ce qui a provoqué l’accélération de la chute des marchés jusqu’à l’annonce officielle faite vers huit du soir ce même jour. Bien entendu l’Administration s’est empressée de condamner ce crime de lèse-majesté en déclarant notamment que l’agence s’était trompé dans ses calculs de US $ 2.000 milliards ce qui, selon elle, aurait permis de ne pas dégrader la fameuse note.

US $ 2.000 milliards ! C’est étonnant de voir l’administration US se préoccuper d’une somme aussi mesquine alors que les mêmes ne sont pas du tout gênés d’avoir des déficits annuels de US $ 1.500 milliards.
A ce propos la mascarade du relèvement du plafond de la dette n’a pas aidé à redorer l’image du pays. Bien au contraire cela a permis de convaincre même les plus obtus que jamais une administration US ne fera quoi que ce soit pour limiter les déficits annuels exorbitants du pays. Ni les démocrates ni les républicains. Certains veulent bien limiter les déficits mais refusent toute augmentation d’impôts ; les autres ne veulent pas limiter les dépenses sociales, où le moins possible, mais veulent augmenter les impôts. Et tous se retrouvent unis pour refuser toute limitation des dépenses militaires. Or le budget du Pentagone, bon an mal an, tourne autour de US $ 1.000/1.200 milliards.
Hummm... l’empire coûte cher.
La vérité est que le complexe militaro-industriel a ruiné le pays.

Et le cirque du relèvement du plafond de la dette, qui n’était rien d’autre qu’une bataille pour limiter les possibilités de manoeuvre d’Obama en vue des élections présidentielles, les fameuses négociations acharnées, cette lutte de tigres de papier, n’a abouti qu’à un vague compromis parfaitement ridicule si on garde en perspective la situation budgétaire des USA.
On nous a jeté à la figure, sans grande conviction il est vrai, que l’oligarchie au pouvoir était arrivée à un compromis « historique », comme d’hab... On nous a presque fait croire que l’oligarchie US avait à nouveau sauvé le pays du désastre. Qu’on se le dise le Congrès des USA a promis de faire un effort d’économie inouï de US $ 2.000 milliard. Non, pas chaque année, mais sur dix ans ! Ce qui signifie un vraiment très maigre US $ 200 millions par an. Autant dire que c’est de la pure rigolade si on garde en mémoire que le déficit de l’état fédéral est de US $ 1.500 milliards pas an...
Or l’agence S&P avait annoncé pendant l’épique « bataille » pour le relèvement du plafond de la dette qu’il faudrait au moins US $ 4.000 milliards d’économie sur dix an pour éviter une dégradation de la note du pays. S&P pensait-elle vraiment que le Congrès voterait une réduction des dépenses fédérales de cette ampleur, même si c’était déjà notoirement insuffisant puisque la dette n’aurait pas cessé d’augmenter pour autant. C’est douteux.

On ne cesse de nous dire que que le déficit des USA est d’environ 11% par an. Mais 11% par rapport à quoi ? Par rapport au GDP cher lecteur, vous le savez. En ce cas nous trouvons déjà que 11% est énorme bien évidemment. En réalité cette manière de comparer le déficit au GDP n’est pas forcément la plus parlante. En revanche, là où cela devient intéressant et beaucoup moins abstrait, c’est lorsque l’on se pose la question de savoir non seulement quand mais surtout comment l’état va pouvoir rembourser ses dettes. Car pour pouvoir rembourser ses dettes nous devons savoir à combien se montent nos revenus puisque ce ne peut-être qu’en fonction de ces derniers que vous serez capables de payer vos dettes. C’est assez logique. Pour nous en tout cas. Pour les oligarques qui nous gouvernent cela ressemble à de la science fiction.

Prenons un exemple très simple basé sur la situation des USA avec des sommes compréhensibles pour tous.

Vous avez un revenu d’environ US $ 34.000 par an.
Vous avez une dette de US $ 140.000.
Et vous devez emprunter à peu près US $ 15.000 par an pour joindre les deux bouts.

Qu’est-ce qui vous frappe le plus dans cette situation ?

N’est-il pas plutôt inquiétant de voir que la moitié de vos dépenses se font à crédit ? Pour chaque dollar dépensé vous en empruntez 0,5.
Peut-être parviendrez-vous à payer encore les intérêts de votre dette tant que ceux-ci seront maintenus au ras des pâquerettes, mais pour le remboursement du principal c’est impossible. Et lorsque vos amis chinois ne vous prêteront plus d’argent par crainte de perdre tout ce qu’ils vous auront prêté, les taux d’intérêts monteront si haut que vous ne pourrez plus payer les intérêts non plus.

Il n’y a que deux solutions pour éviter la faillite :
1) soit on ajuste ses dépenses à ses revenus
2) soit on augmente ses revenus pour couvrir ses dépenses

On l’a vu la solution numéro 1 est impossible.
La solution numéro deux l’est tout autant. Pourquoi ? Parce-que les revenus de l’état fédéral , comme ceux des états fédérés et des villes, sont en chute libre du fait de la récession, qui n’a jamais disparue quoi qu’on en ait dit. L’augmentation constante du nombre de chômeurs ne fait que creuser la chute des revenus des gouvernements.
A ce propos l’étude des chiffres publiés par l’administration ce Vendredi sont éclairant en dépit des cris triomphants et mensongers de certains.

Qu’on en juge.

On nous cite deux chiffres afin de nous prouver combien la situation est en passe de s’améliorer :

- Le premier concerne les 117.000 emplois crées au mois de Juillet.
Officiellement il y eut donc 117.000 emplois créés au mois de Juillet, chiffre obtenu par la soustraction des 37.000 emplois perdus dans le secteur gouvernemental au gain de 154.000 emplois dans le secteur privé. Le problème est que si on fait la moyenne des trois derniers mois le gain n’est que de 72.000 emplois contre 256.000 pour les trois mois précédents... Or si on tient compte de l’augmentation de la population en âge de travailler depuis Décembre 2007 (4.3 millions personnes), à laquelle il faudrait ajouter ceux qui ont perdus leur emploi depuis cette même date, on aboutit au chiffre de 11.1 millions emplois à créer. Si l’on voulait, à partir de ces chiffres, revenir au niveau d’emploi d’avant la récession il faudrait créer 400.000 emplois par mois pendant trois ans.
Hummm...

- Le second chiffre mirobolant concerne la soit-disant chute du chômage de 9,2 % à 9.1 % ce mois-ci.
La vérité est que cette chute apparente n’est qu’un artifice comptable. La réalité est que cette baisse du chômage n’est due qu’a la disparition des listes du chômage officiel de 193.000 personnes qui ont eu la malchance de se retrouver au chômage depuis plus d’un an depuis début Juillet. Ils ne sont donc plus comptés dans les listes officielles du chômage. Malgré tout ils n’ont toujours pas de travail.
La réalité donc est que le nombre total de personnes qui avaient un travail en Juillet a chuté de 38.000 par rapport au mois précédent.

Ce qui signifie, cher lecteur, que la chute des recettes fiscales va se poursuivre et que les USA se retrouvent dans une impasse.

C’est pour cette raison que nombreux sont ceux qui comparent la situation des USA à celle de la Grèce. Mais il existe une différence : la Grèce ne peut pas créer d’argent «out of thin air» pour payer ses dettes. Les USA, oui. Et c’est ce à quoi a servi le QE2 puisque plus de 70 % de la dette émise par les USA depuis Novembre 2010 a été acheté par la FED et ses fidéis commis. C’est pour cette raison que techniquement les USA pourraient ne jamais se retrouver en faillite (sauf si le plafond de la dette n’est pas relevé dans un an et demi) puisqu’ils pourront toujours imprimer l’argent dont ils auront besoin. Mais cela tuera définitivement le dollar, sans parler de la destruction du pouvoir d’achat des Américains (on parle de -20% au minimum) ni du probable coup de frein très brutal des importations des USA, sans parler de la question énergétique. Avec une monnaie de singe comment acheter du pétrole au prix fort où, pire encore, du pétrole facturé dans une monnaie autre que le dollar, comme il en est de plus en plus question ?
A ce moment là il ne faudra plus comparer les USA avec la Grèce. Ce sera probablement bien pire ; la comparaison se fera avec le Zimbabwe où avec la République de Weimar, de triste mémoire étant donné le résultat que cela a donné.

Désormais le monde fonctionne sans boussole ni économique ni politique. Encore une fois c'est la multipolarité économique et politique qui se rappelle à notre bon souvenir et que désormais plus personne ne pourra faire semblant d'ignorer. Selon Mohamed El-Erian, the chief executive of PIMCO, the world’s biggest bond fund :

“… Friday’s downgrade will erode over time the standing of the global public goods [the US] supplies—from the dollar as the world’s reserve currency to its financial markets as the best place for other countries to outsource their hard-earned savings. This will weaken the effectiveness of the US as the global anchor, accelerating the unsteady migration to a multi-polar system while increasing the risk of economic fragmentation.”
(Sources : Financial Times - 6 Août 2011)

Alors qu’est-ce que la dégradation de la note des USA aura comme conséquence immédiate ?
Hummm...
« Immédiate » nous n’en savons rien.
Nous verrons cela demain matin à l’ouverture des marchés. S’il y a une fuite éperdue hors des bonds du trésor US et des actifs libellés en dollar, la situation pourrait se dégrader à une vitesse impressionnante, les marchés chuter à la verticale. Cela signifierait également que les taux d'intérêts des bonds du trésor US monteraient en flèche, augmentant du même coup le coût de la dette du pays dans des proportions qu’il ne pourrait plus soutenir. Cela accélérerait la mise en place d’un QE3, 4, 5 etc pour être en mesure de payer les factures de l’état fédéral ce qui aboutirait à une nouvelle dégradation du désormais AA+. Et cela entraînerait immanquablement une chute encore plus vertigineuse du dollar et la perte définitive et officielle de son statut de monnaie de réserve etc... Bref un cataclysme financier et une situation interne extrêmement précaire pour les USA avec des risques très sérieux d’émeutes et de révolte, voire pire , comme s’y prépare l’armée US depuis quelques temps.

En ce qui concerne le début de la semaine la question est de savoir si les fonds de pension, les compagnies d’assurance où encore les banques centrales, qui sont tenus par les législations de ne détenir en portefeuille que des actifs estampillés AAA, se verront forcé de vendre leurs actifs libellés en dollar et autres bonds du trésor, où pourront-ils les garder en considérant que seule une agence de notation sur trois a dégradé les USA ?
Nous le saurons dés demain.
En revanche à moyen terme ce scénario est quasiment inéluctable.

Il nous semble que cette dégradation de la note des USA, outre ses effets financiers et économiques, est avant tout très importante symboliquement. Et ce symbolisme aura certainement une portée immense sur la communauté internationale, et ce d’autant plus après la comédie lamentable du relèvement du plafond de la dette. Cela pourrait bien être l'événement marquant le début de la prise de conscience officielle par la communauté internationale que les USA ne sont définitivement plus ce que l'on croyait qu'ils étaient encore. (Ce n’est pas trop tôt nous direz-vous avec raison). C’est-à-dire, en quelque sorte, la mort officielle du mirage de «l’american dream» et la fin du soit-disant «superpower». En gros cela signifie qu’il faudra faire désormais sans eux, c'est à dire sans leurs interventions incessantes dans les affaires du monde. Il faudra donc s’attendre à des remises en cause de plus en plus virulentes, voire violentes, de ce qui reste de ce système à mesure que sa disparition dans les esprits fera place à un vacuum d’autant plus grand à mesure que les USA cesseront d'être les interlocuteurs incontournables dans les affaires internationales. Et il ne faudra pas être surpris par la vitesse que se processus prendra car il est déjà en cours, comme nous l’avons mainte fois souligné.
L’effet psychologique de cette dégradation de la note des USA sur le long terme sera encore plus important et dévastateur pour le système que son impact sur les marchés financier. Car cette dégradation de la note des USA est non seulement une sorte d’acte de décès officiel du système dont les USA étaient les promoteurs et les farouches gardiens, mais c’est également une invitation subliminale à se mettre en quête d’un autre genre d’organisation pour sauver les meubles. Nous pouvons donc parier sans trop de crainte de se tromper que nous serons les témoins dans un avenir proche d'événements sur la scène internationale que nous n’aurions pas cru possible avant hier ; et ce avec d’autant plus d’impunité qu’il n’y aura plus personne pour empêcher le remplacement du système "actuel

Vendredi fût l'acte de naissance officiel du retour de la multipolarité dans les affaires du monde.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.