mercredi 23 mars 2011

Libye : Khadafi se porte très bien, merci pour lui.

On ne voit pas très bien pour quelles raisons le satrape libyen se porterait mal !
D’ailleurs on ne voit pas très bien pourquoi non plus l’ex colonel préféré des Occidentaux ne se tordrait pas de rire au spectacle affligeant que lui offrent ses nouveaux ennemis.
Il est vrai que la comédie qui précéda l’obtention à l’arraché de la résolution R-1973 à l’ONU n’a pas manqué de sel, non plus que la course entre les « alliés » pour savoir qui allait reconnaître en premier les « rebelles » de Benghazi, ni qui allait avoir le privilège de bombarder en premier l’armée de Khadafi. Ah, non, pardon, nous voulions dire « défendre les civils » contre Khadafi.
Désormais, et c’est encore plus drôle dans sa perspective, notre King of King préféré peut jouir du spectacle de la soit-disant coagulation alliée, vivant à la colle depuis trois-quatre jours environ, se décoaguler à vitesse grand V, y compris à l’intérieur de l’UE.
Il faut avouer que c’est tellement grotesque que la seule solution pour ne pas se jeter par la fenêtre de honte, c’est bien d’en rire à gorge déployée.
C’est d’ailleurs la meilleure solution à tout.
Et probablement aussi la seule.

Après quelques jours de bombardements pour défendre les populations " innocentes " du méchant bédouin de Tripoli, notamment en tirant quelques salves de missiles à 1 million de dollar pièce sur Tripoli afin d’éviter que Benghazi ne soit assiégée par les troupes de Khadafi, retirées de plus de cent km de là à Ajdoubiya ; après des bombardements aériens, « intenses » parait-il, bref après avoir sauvé la population de Cyrénaïque nous voilà gros Jean comme devant.

En effet d’après les titres ronflants de nos journaux de désinformation d’aujourd’hui « l’aviation libyenne serait anéantie ».
Quelle prouesse, c’est renversant ! Quels combats acharnés il a fallu pour en arriver là !
Trois jours et voilà l’aviation de Khadafi en cendre, ne pouvant désormais plus menacer les « rebelles ». Humm, encore eut-il fallu qu’elle constitua la moindre menace réelle, ne serait-ce que deux minutes et demi, ce qui ne semble pas avoir été le cas. Mais peu importe, l’essentiel est de croire que la « coagulation » allié a remporté une grande victoire.
C’est véritablement tout ce qui compte, pour tout le monde, et pour nos politiciens de Cochon sur Terre particulièrement, puisque pour ces calculateurs à la petite semaine l'objectif de toute politique, y compris étrangère, se résume à savoir combien cela pourra rapporter électoralement.

En attendant, le problème aujourd'hui c’est que plus personne ne sait quoi faire avec cette fichue Libye.

Eh bien oui, chers lecteurs, mettez-vous à la place de nos illustres « maréchaux des logis en chambrette » de Paris, Londres où Washington ; au bout de trois jours il semblerait que l’objectif soit atteint, c’est-à-dire que l’aviation de Khadafi ne constitue plus une menace pour les populations. Car c’était bel et bien un des principaux motifs de l’intervention puisque les avions de Khadafi donnaient soit-disant à celui-ci une force disproportionnée par rapport aux rebelles.
Humm, c’est ennuyeux çà... car la dérouillée flanquée aux « rebelles » qui les poursuivaient depuis Benghazi par les troupes loyales à Khadafi repliées à Ajdabiya semblerait prouver le contraire.
C’est ennuyeux car cela prouve aussi que sans intervention au sol jamais les « rebelles » ne se retrouveront à Tripoli. Car ces rebelles, tous rebelles qu’ils soient, sont incapables de se battre contre les troupes professionnelles de Khadafi, et ce d’autant moins que non seulement ils n’ont pas les équipements qu’il faut, mais que s’ils les avaient ils ne sauraient pas s’en servir.

Conclusion : sans intervention au sol des Occidentaux, impossible de se débarrasser du colonel en délire.

De nouveau la question hante nos brillants « maréchaux des logis en chambrette » : maintenant que l’Empire du Bien a frappé et rétabli son Bien en Cyrénaïque (où se trouve la majorité du pétrole libyen), qu’est-ce qu’on fait ?

Aïe, aïe, que c’est douloureux de réfléchir ! Et ce d’autant plus que nous n’en n’avons pas l’habitude puisque, selon notre manière de procéder habituelle, on cède à l’émotion d’abord, on agit ensuite et enfin on tente de réfléchir à ce qu’on a fait pour s’extirper de la m... dans laquelle on se retrouve (voir Irak, Afghanistan etc...).
Comme aujourd’hui en somme.
C’est parfois ingrat d’être les sauveurs auto-prostitués de l’humanité souffrante et gémissante. Mais que voulez-vous, chers lecteurs, c’est le prix à payer pour nous donner une vague importance à nos propres yeux.

En attendant il semblerait donc que la situation telle qu'elle est aujourd'hui n’ait guère de chance d’évoluer en défaveur de notre trublion international. Il semblerait même que l’on s’achemine vers une désintégration de la Libye en deux entités nommées Tripolitaine et Cyrénaïque, l’une aux mains des « rebelles », l’autre aux mains de Khadafi et de ses supporters. Car c’est bien là que le bât blesse, chers lecteurs. La vérité c’est que Khadafi bénéficie du soutien des tribus de Tripolitaine et d’une partie de celles du Faizan tandis que les dits « rebelles » sont en majorité constitués des tribus de Cyrénaïque. Il ne s’agit donc pas de révolte du peuple contre l'oppresseur où quoi que ce soit de ce genre, comme on voudrait nous le faire croire. Il s’agit plutôt du même genre de guerre civile que celle qui parait sur le point de secouer la Côte d’Ivoire et qui menace d’embraser toute l’Afrique (notamment de l’Ouest) au cours des prochaines années : ce sont des guerres tribales et chacune veut sont territoire pour elle-même en se séparant par la force du voisin détesté depuis des centaines d'années ; ce qui revient à faire exploser le cadre politique crée par la décolonisation après la guerre.
En Libye c’est assez simple puisque les frontières sont déjà quasiment en place, chaque partie occupant déjà plus où moins son territoire d'origine.

Le fait est que cette situation est le meilleur espoir des « rebelles ». Ils auraient tout intérêt à accepter une partition du pays car il est plus que probable que la coagulation ne pourra jamais rien faire de plus que ce qu’elle a fait depuis trois jours, et ce pour plusieurs raisons :

- Politiquement, il y a une majorité grandissante contre tout interventionnisme au sol des forces de la coagulation. Que ce soit les BRIC, la Ligue Arabe, l’Union Africaine, plusieurs pays membres de l’Union Européenne et de l’OTAN, l’opposition est très vive et deviendra de plus en plus virulente avec le temps.
- Economiquement, il y a déjà de nombreuses voix en Occident qui se font entendre pour se plaindre du coût des opérations (au bout de trois jours !). Il faut dire que le simple tir de 110 missiles Tomahawks a déjà coûté à lui tout seul aux USA la bagatelle de $110 millions, ce qui représente la somme que les républicains proposent de soustraire au budget pour faire des économies (ce qui montre entre parenthèse l’absurdité et l’irréalisme de la proposition en question). En ce qui concerne la GB il semblerait que cette gueguerre lui coûte £ 3 millions par jour. Quant à la France nous n’en savons rien pour le moment mais le jour où il faudra payer nos impôts nous en aurons une idée.
- En conséquence plus le temps passe meilleur c'est pour le King of King.

Pour résumer, cette agitation militaire ne peut pas durer, et encore moins se développer, car personne n’en n’a plus les moyens, ni politiques et encore moins financiers. Par conséquent Khadafi peut dormir sur ses deux oreilles et nous ne doutons pas une seconde qu'il saura se rappeler brutalement à notre bon souvenir comme il l'a déjà promis. Il a les finances pour ce faire, il a la volonté de se venger (Lockerbie par exemple) et il compte bien passer encore du bon temps en Tripolitaine.
D’ailleurs, lors de sa dernière apparition publique il y a deux jours, il n’a pas laissé place au doute :

« I am staying here, my home is here », he said defiantly, « I am staying in my tent ».
(SOURCES : The Independant - 23.03.2011)

Donc pour le moment Khadaffi se porte très bien, merci pour lui, et tout le monde est content
à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

mercredi 16 mars 2011

Barhein où la fin du mirage

Voilà chers lecteurs, il semblerait que les événements au Moyen-Orient, où tout au moins dans la Péninsule Arabique, soient entrés dans leur phase finale. Le mirage s'évanouit tandis que les Saoudiens sonnent la fin de la récré.

Nous pouvions nous en douter avec l’échec du «day of rage» programmé Vendredi dernier en Arabie Saoudite. Il faut dire que le régime n’avait pas lésiné sur les moyens (10.000 hommes) pour faire comprendre qu’il n’hésiterait pas à utiliser toutes les mesures nécessaires pour réprimer toute manifestation de quelque sorte que ce soit. Pour le moment cela a remarquablement fonctionné.

Désormais, fort de ce succès, qui sera probablement confirmé par l'échec prévisible du second «day of rage » programmé en Arabie Saoudite dans les prochains jours, le régime saoudien a apparemment décidé que la situation à Barhein avait assez duré comme çà. D’où l’appel à l’aide du roi du Barhein au GCC (Gulf Cooperation Council) afin qu’on lui envoie des troupes pour lutter contre les manifestants. Pour le moment peu d'hommes furent envoyées : 1000 soldats du côté saoudien et 500 pour l’UAE (United Arab Emirates). Mais c’est oublier les 34 chars dont nous avions indiqué l’arrivée à Barhein au début du mois. Et c’est sans compter que des renforts peuvent être sur place en quelques heures.

Il semblerait donc que, désormais, les régimes en place se sentent assez sûrs d’eux-mêmes pour montrer leur détermination à ne pas se laisser emporter comme un bouchon sur un cours d’eau, fut-il celui de l’histoire. Et pour le moment il semblerait que les gouvernants bien aimés locaux n’aient rien lâché du tout : ni premier ministre haï, toujours en place, ni aucune des revendications des protestataires. Et ce ne sont pas les déclarations impuissantes et de pure convenance de l’Iran qui les impressionneront.

N’en doutez pas, chers lecteurs, et les autorités font ce qu’elles peuvent pour que les manifestants n’en doutent pas non plus, désormais nous sommes au point de rupture ; soit il y a négociations dans le cadre des limites infranchissables imposées par les autorités, limites qui ne rencontreront probablement pas les revendications des manifestants, soit ce sera la répression impitoyable.

Il faut admettre que le moment est plutôt bien choisi ; en effet la capacité de concentration extrêmement limitée de Cochon sur Terre ne lui permet pas de se focaliser, et encore moins de se souvenir, de plusieurs « nouvelles » à la fois. Et puis Barhein, en comparaison de la Libye où du Japon, c’est déjà de l’histoire ancienne, c’est ringard quoi ; pensez donc cela dure depuis un mois sans qu’il ne se passe rien ! Tandis que la Libye au moins çà bouge et il y a du suspense ; relatif malgré tout puisqu’il ne fait désormais guère de doute que la rébellion sera écrasé dans un bain de sang sous les regards apeurés de l’Occident, «grand-maître-de-la-libération-des peuples-opprimés», garant de la liberté et du droit des hommes, des femmes, des enfants, des animaux, des frigidaires hors service et des centrales nucléaires en déroute ; en paroles tout au moins. Quant au Japon c’est tout neuf (à peine une semaine) et puis on peut paniquer (à juste titre d’ailleurs) à loisir puisque chaque jour apporte une raison de plus d’admirer la folie suicidaire inimaginable de l’espèce humaine.

Heureusement, cher lecteur, tandis que le printemps arabe s’évanouit sous nos yeux, comme le mirage qu'il fût, tout le monde est toujours content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

mercredi 9 mars 2011

Quand le Président Medvedev s'interroge sur le sens de l'histoire

Il est plutôt rare de nos jours qu’un discours retienne notre attention, particulièrement lorsqu’il est prononcé par un homme politique. Il faut bien avouer que ceux dont nous nous contentons à Cochon sur Terre sont si médiocres que l’on ne peut en aucun cas attendre de leur part un discours intelligent, profond et dénotant une vision du monde cohérente. Quant à l’histoire encore faudrait-il que ce qui nous tient lieu de politiciens en possèdent les notions les plus élémentaires, ce dont nous doutons très fortement. Et nous ne ferons aucun commentaire sur l’éventualité qu’ils en tirent quelques enseignements à appliquer politiquement ; cela nécessiterait une réflexion qui ne se limiterait pas à un calcul savant pour savoir combien telle où telle action politique leur coûtera de voix.
Inutile donc d’épiloguer là-dessus.

Cela dit nous avons tenu à vous faire connaître, cher lecteur, pour ceux d’entre vous qui ne l’auraient pas encore lu, l’excellent discours que le Président de la Fédération de Russie, Dmitry Medvedev, a prononcé à Saint Petersbourg il y a trois jours lors de la conférence intitulée : «The great reforms and modernisation of Russia ».

Outre de très nombreux développements remarquables nous n’en retiendrons que deux, vous laissant le soin de découvrir les diverses facettes de ce discours.

Le premier point est celui de la nation.
Qu’est-ce qu’une nation ?
Qu’est-ce qu’un peuple ?
Est-ce un assemblage d’individus que rien ne lie ensemble à part la recherche de leur intérêt bien compris ?
Des individus par conséquent dont on peut se servir comme d’une marchandise, sans aucun lien avec quoi que ce soit ni qui que ce soit, sans histoire, sans passé et sans attaches d’aucune sorte ?
En bref un peuple n’est-il qu’un assemblage de particules élémentaires dont on peut disposer à volonté comme des écrous interchangeables d’une mécanique quelconque ?
Le Président Medvedev nous donne ici sa conception de la nation :

« We must remember that the nation is a living organism and not a machine for replicating the prevailing ideas of the day. It cannot be kept together by tightened screws. »

Cette conception de la nation implique une condamnation de toutes les théories utilitaristes (mécanistes si vous préférez) et utopistes engendrées par la modernité.
Malheureusement le flot de massacres et de désastres en tout genre que les applications des unes et des autres ont engendré au cours du siècle dernier n’a pas encore suffit à nous guérir de notre prométhéisme pathologique. En effet la globalisation (ultime aboutissement d’une société de marché devenue folle) exige l’élimination des spécificité de chaque peuple et de chaque nation telles que toutes traditions (y compris religieuses), toutes coutumes locales où nationales, en bref tout ce qui pourrait empêcher les marchandises et le capital de circuler dans un seul marché unique dans lequel tous les besoins seraient les mêmes, ceci afin d’abaisser les prix de revient au maximum ; ce qui implique nécessairement, et parfaitement logiquement, la réduction au « Même » de tout individu quel qu’il soit et d’où qu’il vienne afin de pouvoir le rendre interchangeable avec n’importe lequel de ses congénères pour permettre la marchandisation généralisée de tous les aspects de l’existence de chacun afin de répondre à la nécessité du marché de s’étendre toujours plus loin sous peine de s’effondrer.
Tout cela exige bien évidemment une transformation de l’homme lui-même afin de le rendre conforme, dans tous les sens du terme, aux exigences du marché : le transformer en le rabaissant à la simple fonction animale de consommateur pré-conditionné de manière universelle afin qu’il répondre, comme le chien de Pavlov, aux stimulis envoyé par le marché en fonction de ses impératifs de vente.

Le second point sur lequel nous voudrions dire un mot est plus remarquable encore. M. Medvedev s’interroge plus bas de cette manière :

« How could it happen that in our country the desire for freedom ended with the Bolshevik dictatorship several decades later? Who bears greater responsibility for this dictatorship: those who lingered with the reforms and postponed them or, conversely, those who acted too hastily and tried to achieve too much in a very difficult situation? Was the backlash of the Alexander III reign or the excessive radicalism of the first Russian parliaments inevitable? Finally, was the October Revolution unavoidable with the gulags that followed? »

La question sous-jacente est bien celle-ci : l’Histoire a t’elle un sens ?
Pour quiconque connaît un peu l’histoire et a pris la peine d’en méditer un peu la teneur, la réponse évidente est un non retentissant. A ce propos rappelons-nous la fameuse interrogation de Cioran :
- Pourquoi l’Empire Romain si l’histoire a un sens ?
Quel sens donner à l’écroulement de cette formidable civilisation si c’est pour retomber dans la barbarie qui a suivi pendant des siècles ?
C’est ce que se demande le Président Medvedev dans le cas de la Russie :

How could it happen that in our country the desire for freedom ended with the Bolshevik dictatorship several decades later ?

Cher lecteur demandez-vous quel sens cela peut-il avoir de passer du tsar Alexandre II et ses réformes formidables pour tomber ensuite dans l’enfer des bolcheviks, de Staline et du goulag pendant 70 ans ?
Cela n’en n’a aucun, quoi qu’on veuille et quoi qu’on puisse être tenté de justifier. Et l’on peut appliquer cela à toute civilisation quelle qu’elle soit : pourquoi apparaître, grandir puis disparaître si l’Histoire a un sens ? Certes, donner un sens à notre présence ici-bas nous rassure, n’est-ce pas. Car affirmer que l’Histoire a un sens, c’est bien à cela que çà revient finalement étant donné que l’Histoire est celle de l’humanité. Sans humanité point d’Histoire naturellement. En conséquence si l’Histoire a un sens cela implique nécessairement que nous n’existons pas pour rien. En d’autres termes nous ne sommes pas seuls face à notre finitude, nous n’avons pas à regarder en face, sans garde-fous, la cruelle et insoutenable certitude que nous sommes mortels.
Sans savoir pourquoi.

« Etre pour la mort » disait Heidegger.

C’est pour cette raison que les grecs étaient si attachés à la tragédie. C’est ce sentiment profond du tragique de la condition humaine qui empêche le mieux toute propension à l’hubris. Or le rêve prométhéen de la modernité impliquait nécessairement l’oubli du tragique de la condition humaine. En d’autres termes, dans une perspective chrétienne, juive où musulmane, ce prométhéisme s’est traduit par cette fameuse « révolte contre Dieu » qui caractérise la modernité. L’hubris délirante qui en résulta, auto-alimenté par le développement hystérique de la technique dont chaque succès, véritable où non, nous enivre encore plus et nous renforce toujours plus dans notre coma éthilyque, cette hubris donc est la cause directe de l’impasse terrible dans laquelle l’humanité se trouve aujourd’hui.

Les représentants les plus forcenés de cette hubris de nos jours sont les USA, successeurs directs dans ce domaine de l’Allemagne de la première moitié du siècle dernier, ce qui les opposent de plus en plus à ceux qui reviennent petit à petit de cette infatuation d’elle-même de l’humanité au fur et à mesure de leur prise de conscience du précipice dans lequel nous sommes sur le point de tomber. Ceci dit, cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas d’opposants à cette hubris suicidaire aux USA. Et cela ne signifie pas non plus que les USA soient les seuls possédés par cette hubris. Que non pas ! En revanche il y a de plus en plus de gens aux USA qui se réveillent de cette folie, comme partout dans le monde certes, mais il n’est pas dit que ce ne soit pas ces Américains-là qui ne se révéleront pas des pionniers en nous montrant la voie à suivre, dans un futur plus où moins proche, pour sortir de l’impasse mortelle dans laquelle nous nous trouvons. Pourquoi cela ? Car c’est dans ce pays que l'expérimentation de la modernité sous sa forme capitaliste est allé la plus loin par l’abolition quasi complète de tous les ingrédients culturels qui y faisaient obstacle, provoquant les désastres en proportion ; en conséquence il n’est pas à exclure que la réaction la plus radicale et la plus précoce n’en sorte pas.
Nous verrons.

En attendant voici le discours du Président Medvedev (SOURCES : site de la Présidence de la Fédération de Russie)


Discours du Président de la Fédération de Russie Dmitry Medvedev prononcé à Saint Petersbourg le 2 Mars 2011 à l’occasion de la conférence intitulée : « The great reforms and modernisation of Russia ».

Good afternoon,
I am happy to welcome all the participants and guests of this international conference devoted to the great 19th century reforms in Russia.
It would be surprising if today we did not perceive these reforms as an integral part of our history. Their careful scrutiny is an absolute priority for science and for all those involved in politics, for all who believe in the progress of modern Russia. Their detailed study is essential for the modernisation processes unfolding in our economy and in our society as a whole.
The age of great reforms, which is the theme of this conference and the presentations we heard earlier and of which there are more to come, began with the abolition of serfdom. Our country is marking the 150th anniversary of this event today and in the course of this year. Emperor Alexander II signed the Emancipation Manifesto in St Petersburg. I have just held it in my hands. It is an absolutely unique document both in terms of its content, the amount of effort involved in adopting it and its importance for our country.
St Petersburg is a special city. Peter the Great established it as a city of change. Since then St Petersburg has been a symbol of rapprochement between our country and Europe.
In the 19th century, when Russia stood at the crossroads, extensive transformations and economic changes were launched here just as they were taking shape in European countries, where some of them had already been completed or were still to come. This was an imperative of the time.
Russia also needed to change, to become an advanced country that shares values with Europe. This crucial choice, a choice for development and freedom was made in that period. It began with the abolition of serfdom, which had for centuries undermined the human rights and dignity of millions of Russian people. Finding personal freedom enabled them to become full-fledged subjects of the Russian Empire, to exercise their initiative and to express their opinions.

Of course, we should not idealise the situation immediately following the reforms, but that was their intended purpose. The reforms contributed to social mobility, promoted the growth of the urban population, encouraged the transition to capitalist forms of economic management and, ultimately, paved the way for Russia's economic progress and development, the evolution of the domestic market and industrial growth.
The land reform was followed by rural and urban reforms, which changed the structure of local government. All this remains extremely important for our country today.
Major changes occurred in court proceedings. For the first time in its 1000-year history, Russia saw the establishment of contested action, trial by jury, magistrate court and legal defence.
The public education reform made education accessible for all social classes. Universities also received some degree of autonomy at that time. Censorship, which up to that moment had been among the most stringent in Europe, became less severe.
Vasily Klyuchevsky wrote that in the course of the centuries preceding February 19, 1861 Russia had had no law of such monumental importance, one that determined to an equal extent the development of a wide variety of spheres in our lives. It is obvious that the entire country had been waiting for these transformations. The best minds in Russia fought for these reforms and they were supported and carried out by Emperor Alexander II, who has been rightly called the Liberator. The great reforms were certainly an enormous challenge for him and an exceptionally courageous act. We must not forget this.
Bear in mind that Catherine the Great and Alexander I had both been conscious of the need to abolish serfdom, which was in effect slavery. Emperor Nicholas I established nine secret committees on agrarian issues, repeatedly declared that he wanted to free the peasants and give them the land they had worked. But ultimately none of these resolute rulers had the courage to carry out the revolution from above.
It became the destiny of Alexander II to liberate Russia from the unjust, archaic and inhuman order. As it happens with any person who undertakes to carry out fundamental changes, he was discouraged. He was discouraged by many and for various reasons. Some resorted to the arguments always used in such cases, that the country would fall apart, that it would descend into chaos and most notably, that the people were not ready for freedom, that they wouldn’t appreciate it and wouldn’t know what to do with it – basically, that they simply didn’t need freedom.
Like any reformer, he rarely heard words of gratitude. One of his contemporaries said: "Whatever the Emperor did, all his actions met with criticism and impatient demands." But as a great reformer, Alexander II knew that Russia must stand on a par with other European states. He understood that Russia needed freedom, that it yearned for freedom. I would like to quote his words, which I think have already sounded earlier: "I am too certain of our sacred cause for anyone to be able to stop me."
Thus the slavery of serfdom was abolished in Russia - and earlier than in many other countries, including the United States. Of course, at the time there was no clear understanding of democracy or of the need to establish a mature civil society, and the attitude towards these concepts was different at that period. But most importantly, the choice was made. Freedom became a value for the first time in the entire 1000-year history of Russia. That is crucial. And the man who brought us freedom gave his life for it.
Disputes about what happened to our country later will probably never end. This is the essence of human inquiry, the essence of historical research. But the questions will remain. How could it happen that in our country the desire for freedom ended with the Bolshevik dictatorship several decades later? Who bears greater responsibility for this dictatorship: those who lingered with the reforms and postponed them or, conversely, those who acted too hastily and tried to achieve too much in a very difficult situation? Was the backlash of the Alexander III reign or the excessive radicalism of the first Russian parliaments inevitable? Finally, was the October Revolution unavoidable with the gulags that followed? Some believe that our country’s tragic 20th century history was the result of an unsuccessful freedom injection and that the sceptics who believed the great reforms were not suitable for the people of our country had been right.
I hold a different view. Alexander II had inherited a country whose major political institutions were serfdom and the military and bureaucratic chain of command. He saw the weakness and futility of these institutions behind the apparent might of the empire – and we always knew how to make an impression. Inefficient economy and a social structure that was incompatible with development goals threatened an imminent collapse of the country.
Alexander II and his supporters abandoned conventions, although it was extremely difficult, and showed Russia the path into the future. This is their greatest achievement. This path was long and very difficult, and we cannot say that it has been completed to this day. But freedom, justice, and the subsequent economic prosperity never came quickly and easily to any nation in the world.
I hope that 21st century Russia will bear witness to the rightness and far-sightedness of the 19th century reformers.
Today we are continuing to improve our democratic institutions, which are still very imperfect, trying to change our economy and to transform our political system. In fact, we are continuing the course that was laid 150 years ago. I would like to draw your attention to the fact that it's not the fantasy about our nation’s special way or the Soviet experiment that turned out be the most viable, long-lived ideas, but the concept of a normal, humane order which was conceived by Alexander II. And ultimately, from the historical perspective he was right, and not Nicholas I or Stalin.
The experience of that distant age remains relevant to our practical efforts. I would like to name a few principles that I consider important today. In a way, this is part of processing the experience of 150 years ago.
- First of all, freedom cannot be postponed until later and we must not be afraid that a free individual may make an inadequate use of a personal freedom. That path leads to a dead end.
- Second, political and social transformations should be thought out, rational and gradual but unfaltering.
- Third, intolerance, extremism and terrorism as its extreme manifestation will remain the enemies of free development. Bear in mind that terrorism, which is a huge problem for our country, in fact, appeared as a phenomenon almost simultaneously with the great reforms.
- Fourth, we must be clear that the state is not the purpose of development but a development tool. Only the involvement of all of society in these processes can give the desired positive effect, and only in this case do we stand a chance of success.
- Fifth, we must remember that the nation is a living organism and not a machine for replicating the prevailing ideas of the day. It cannot be kept together by tightened screws. It is also clear that excessively harsh policies and an excess of control usually do not lead to the triumph of good over evil, or with reference to modern reality, to a victory over corruption but to its growth, not to the evolution of governance but to its degradation. It is therefore essential to give society opportunities for self-organisation.
Colleagues,
The authors of the great reforms and Alexander II did not just think about the future but created it, and that is the biggest challenge. Practical politics is always more difficult than the most beautiful theories. But they believed that the reforms could be implemented without turmoil or violence, that it was possible to transform the backward and feudal Russia into a modern and free country.
The aim of modernisation and progress has always been to enhance freedom in society, in international relations and in everyday life, to ensure that each individual life and fundamental rights and freedoms are always protected by the state.
Freedom from fear, from humiliation, from poverty, from disease, freedom for all – that is the aim of development as I see it. This is not just high rhetoric. This is what every reasonable and modern person expects. Different words can be used to express this but this is what we think about every day.
We will celebrate the 1150th anniversary of Russian statehood next year, at least if you subscribe to the conventional point of view on this fact. I would like to inform you that today I have signed an executive order on the organisation of events for the celebration.
Our state, our country has existed for over 11 centuries. This state took very different forms. Its government, political regime, strategic goals and way of life have all changed through the ages. Our history was very turbulent and dramatic, and we can certainly understand a great deal by studying it. But I hope that in the last 150 years we have come to realise the most important thing: that freedom is always better than its absence.
Thank you.

dimanche 6 mars 2011

Marine Le Pen à la présidentielle ; notre rééducation politique a commencé.

Cher lecteur, nous avons une question à vous poser :
A votre avis, qui a commandé le sondage Harris Interactive ?
Nous nous demandons ; nous nous torturons le cervelas (pas trop tout de même, rassurez-vous); nous regardons la pluie tomber par la fenêtre en espérant une réponse, mais non, nous sommes bien obligés de convenir que nous n’en savons rien.
Peut-être parce qu’au fond nous nous en foutons complètement.

En revanche ce qui ne cesse de nous stupéfier, car nous sommes des gens naïfs à la Chronique de Cochon sur Terre, ce qui nous remplit de stupeur donc c’est de voir à quel point nos politiciens bien-aimés ne peuvent pas s’empêcher de nous prendre pour des cons. En réalité il n’ont plus aucune limite dans ce domaine. Ce sondage ridicule (1618 personnes interrogées censées représenter plus de 60 millions de clones), grotesque comme tous les sondages d’ailleurs, vient nous en apporter une preuve de plus. Mais cela montre également, selon nous, la déconnection de plus en plus béante qui existe entre la population, c’est-à-dire nous autres le « salaud de peuple », et la nomenklatura qui est censé nous gouverner.

Donc on nous refait le coup de 2002. A cette époque antédiluvienne dont plus personne ne se souvient, Chirac avait reçu 19.88% des voix au premier tour, Jean-Marie Le PEn 16.86% et Jospin 16.18%. Aujourd’hui le sondage bidon de Harris nous promet au premier tour Marine Le Pen 23% et Sarkozy et Aubry avec chacun 21%. A notre avis nos gouvernants bien-aimés doivent penser que nous avons la mémoire singulièrement courte. Il est vrai que cela fait déjà deux présidentielles, c’est-à-dire dix ans puisque, comme vous le savez, un mandat de 5 ans au lieu de 7 a semblé tout à coup incomparablement plus démokratique aux yeux des nains politiques qui se targuent de savoir ce qui est bon pour nous. D’ailleurs, cher lecteur, comment pourriez-vous savoir ce qui est bon pour vous ? Avouez-le svp, soyez honnête pour une fois ! La vérité, cher lecteur, c’est que vous n’avez aucune idée de ce qui est bon pour vous, et encore moins de ce qui est mauvais.
C’est précisément pour cette raison qu’on nous a commandé ce sondage aujourd’hui ; tout exprès pour nous afin de nous informer de nos intentions de vote. Ces prévenances nous touchent aux larmes, si si si ! Et l’on nous annonce dans la foulée que nous allons être resondés car le résultat, soit-disant, n’était pas satisfaisant (???)... Où peut-être est-ce parce-que les sondés ont pris goût à l’être ; quand on voit la délicatesse des sondages on comprend...

Bon, reprenons.
Etant donné que nous ne sommes pas capables de savoir ce qui est bon pour nous, ni ce qui est mauvais bien entendu, il faut nous... hum... comment dire, c’est un peu embarrassant n’est-ce pas... « manipuler » peut-être ?

- AHHHHHHHHH!!!!!!!! Comment peut-on proférer des choses aussi indignes de notre démokratie bien-aimée, si respectueuse du droit du citoyen, du chimpanzé à poil ras et du plancton en bocal ???? C’est une honte !!!!
(C’était le droit de réponse d’un porte parole de la Secte Pullulante des Indignés de Naissance - abréviation : SPIN)

Bien, bien, mais en dépit de cette vertueuse indignation, je ne vois pas d’autre terme adéquat à la situation, par conséquent nous le garderons.

Cette année donc, la manipulation a débuté plus d’un an à l’avance. N’est-ce pas un peu tôt tout de même ? Ne risquons-nous pas de nous lasser un peu ? C’est que, cher lecteur, nous sommes un peu lents, nous autres le « salaud de peuple ». En conséquence il faut nous expliquer longtemps afin que la lumière se fasse dans notre petit cervelas rabougri, « frileux », « renfermés », « racistes », « ploucs », « deschiens » etc, etc... Un an afin de parvenir à nous faire voter de la bonne manière c’est peut-être même un peu juste tout compte fait.

Ne vous y trompez pas, cher lecteur : la démokratie c’est le droit de voter (bientôt l’obligation de voter, comme l’a suggéré l’inénarrable Princesse Royale). Certes. Mais n’oubliez pas le reste de la phrase en cours de route ; « le droit de voter comme nous voulons ». Cela change tout ! Ceci dit cela peut mener à des malentendus. Imaginez le dialogue suivant, entre un de nos mirifiques politiciens et vous-mêmes, cher lecteur, citoyen bien-votant respectable.

- Vous : pourriez-vous nous donner une définition de la démokratie ?
- Lui : c’est le droit de voter pour chaque citoyen.
- Vous, étonné : Ah ? Donc chacun aurait le droit de voter c’est bien çà ?
- Lui, légèrement agacé de votre lenteur : Oui c’est çà...
- Vous : donc nous aurions le droit de voter pour qui nous voulons ?
- Lui avec un grand sourire, les larmes aux yeux de reconnaissance que vous ayez compris si vite : parfaitement, c’est le droit pour tous de voter comme nous le voulons.

Vous avez bien évidemment capté le malentendu, cher lecteur : c’est le droit de voter pour qui ils veulent que nous votions. Cette théorie fût d’ailleurs on ne peut mieux illustré par l’affaire du fameux référendum en carton-pâte sur la constitution européenne. A noter que les Irlandais ont dû revoter jusqu’à ce que ces derniers votent comme ils voulaient, c’est-à-dire suivant le caprice de leurs dirigeants bien-aimés. Ils les ont eu à l’usure. Bien sûr nous autres Français nous sommes beaucoup plus susceptibles alors il faut user de méthodes plus « subtiles » (hum) qui s’étendent dans le temps, espérant ainsi que notre susceptibilité proverbiale ne se réveillera pas.

C’est pourquoi nous aurons le privilège obligatoire, le plaisir non négociable et la joie citoyenne de faire connaissance dés cette année, en avant première intergalactique, avec des candidats tous neufs, frais émoulus de la rue, en contact intensif avec ceux qu’ils sont censés représenter, comprenant à merveille les problèmes existentiels de la population. Nous allons en nommer quelques-uns d’entre eux afin que ces noms vous deviennent familiers : Sarkozy, Aubry, DSK, Melenchon, Besancenot et beaucoup d’autres... A noter entre parenthèse que le seul candidat à la présidentielle qui soit vraiment nouveau et jeune, eh bien c’est Marine Le Pen. Tiens ? Une coïncidence peut-être ?
Bref.
En attendant ce qui nous fait chavirer de bonheur à l’avance, nous autres de la Chronique de Cochon sur Terre, ce sont les programmes politiques lumineux et libératoire (comme la taxe!) qu’on nous proposera et parmi lesquels nous devrons en choisir un seul car nous ne pouvons pas voter pour tous en même temps. Oui, c’est vraiment regrettable mais il parait qu’il faut faire comme s’ils étaient différents, voire opposés les uns aux autres, voire même farouchement inconciliables. Mais c’est promis, chers lecteurs, ce sera ébouriffant, du jamais vu on nous dit (hum... là il faudra s’inquiéter sérieusement) !
On nous promettra monts (emplis de pétrole) et merveilles (des malls débordant de saloperies made in China), on nous rassurera sur la situation IDEALE du pays, on nous susurrera aux oreilles que TOUT va SI bien que nous pouvons nous rendormir sur nos trois oreilles, qu’il n’y a PAS d’inflation du tout, qu’il n’y a AUCUN problème d’immigration, que TOUT le monde a du travail, qu’on va supprimer définitivement TOUS les impôts et que le pays n’est pas du TOUT en faillite puisque l’Etat va vous voler TOUTES vos assurances-vie (€ 1500 milliards) pour rembourser sa dette qui est du même montant (Cette dernière promesse est la seule et unique qui sera réalisée intégralement).

Quelque soit votre perception de la situation, cher lecteur citoyen-bien-votant, une seule chose est désormais rendue certaine par ce sondage absurde : la tentative de manipulation électorale a débuté, elle va durer un an, une année de carnaval assourdissant, de ridicule achevé, d’indécence éhontée, d’absurdité débridée, de démagogie échevelée... et bien sûr d’incompétence extra - ordinaire !
Mais rassurez-vous nous ne serons pas dépaysés puisque ces mauvais acteurs (très mauvais) seront les mêmes qu’il y a dix ans (en plus vieux), ils diront les mêmes idioties et se comporteront tout aussi stupidement.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

vendredi 4 mars 2011

Les Libyens refusent d'être libérés et çà nous fait beaucoup de peine !

Eh oui, chers lecteurs, à Washington nos gouvernants bien aimés si bons et si sensibles ont beaucoup de peine. En réalité ils dépriment. Nous pourrions même dire qu’ils sont en phase de doubler les doses de Prozac qu’ils ingurgitaient déjà goulûment jusqu’à aujourd’hui.
Par exemple l’ex-futur sauveur de l’humanité (Obama) refuse parait-il de sortir de son lit : « I cannot » aurait-il déclaré à ceux qui lui demandaient de faire un effort. C’est dire l’intensité de la tristesse qui le mine ! Quant à Tata Hillary elle en est à deux boites de Prozac par jour et elle pleure toute la journée sans raison valable. C’est qu’elle est très émotive Tata, ne vous y trompez pas chers lecteurs.

Et tout cela à cause des libyens.

- Mais que leur arrive t’il donc ?
- C’est la faute aux libyens parait-il.
- Cet atrrrrrrrrrroooooooooooooooce Khadaffi vous voulez dire ?
- Mais non, les libyens ; le peuuuuuuuuuuple quoi...
- Mais je croyais que les Représentants Exclusifs du Bien sur Terre (REBT) avaient décidé de les libérer ?
- Oui, précisément.
- Alors où est le problème ?
- Eh bien le problème c’est que les libyens ont refusé d’être libéré...

Vous rendez-vous compte cher lecteur de ce que cela signifie ? Les peuples ne veulent plus être libérés par les REBT (Représentants Exclusifs du Bien sur Terre) !
Décidément le monde ne tourne plus rond.

Faîtes vos jeux, chers lecteurs, rien ne va plus.

Quant on pense à la générosité de ce qu’impliquait une libération des libyens de la part de nos REBT bien-aimés ; quant on pense aux bienfaits innombrables qu’une « libération » par les REBT aurait engendrée pour les libyens : infrastructures détruites, villes réduites à l’état de troglodytes, populations affamées, chaos général, des dizaines de milliers de « dommages collatéraux », réduction drastique de l’espérance de vie de la population, une « présence » de troupes étrangères pour les cent prochaines années, humm disons plutôt jusqu’à l’épuisement des gisements de pétrole locaux ; et tant d’autres innombrables bienfaits si généreusement distribués à tout le monde... (voir l’Irak par exemple).
Et puis c’était sans compter la joie sans mélange qu’ils auraient eu de découvrir en avant première avec fanfares (militaires) et enthousiasme obligatoire notre mirifique « way of life » que l’univers entier nous jalouse, y compris les terroristes, ne vous y trompez pas chers lecteurs ; sans parler du charme indéniable de la globalisation et surtout de nos « avancées culturelles » qui, il faut bien l’avouer, et sans aucune forfanterie, nous ont fait sauter sans parachute dans un inconnu qui commence à faire regretter à certains ce « connu » qui nous ennuyait et que nous avons abandonné si légèrement.

Prenons un exemple d’une de ces « avancée culturelle », parmi tant d’autres, dont nous avons le secret.

Ne croyez-vous pas, chers lecteurs, que les libyens n’auraient pas accueilli avec un enthousiasme délirant et reconnaissant le droit (de l’homme, et de la femme aussi bien évidemment), reconnu par la justice, de se faire greffer une oreille sur le bras droit pour améliorer son « bien-être primordial » ? Hein, çà vous la coupe çà, non ? Eh bien c’est pourtant ce qui s’est passé en Australie il n’y pas si longtemps. Après une telle preuve de notre avancement culturel foudroyant qui laisse toutes les étoiles filantes de l’univers sur place, bouche bées, qui pourra venir nous dire après cela que çà ne vaut pas le coup de se laisser libérer par nos soins, nous les Représentants Uniques du bien sur Terre (REBT) ?

Quand on y pense un peu plus profondément, comme la télévision nous en fournit l’exemple tous les jours, on ne peut s’empêcher de penser qu’au fond l’attitude des Libyens n’est pas très amicale.
En effet pourquoi ne pas nous laisser les libérer si çà nous fait plaisir ?
Qu’est ce que çà peut leur faire à ces libyens que nous venions les libérer si cela nous permet de nous sentir mieux dans nos baskets ? Rien, à part les quelques dommages collatéraux que nous avons évoqué plus haut.
Ils pourraient penser un peu plus à nous, nous qui nous ennuyons tellement que rien ne nous distrait autant que d’aller libérer de temps à autres quelques populations dont nous avons de très sérieuses raisons de penser, grâce à notre compréhension quasiment miraculeuse des peuples qui ne nous ressemblent pas encore traits pour traits, que toutes ces populations rêvent en secret (elles sont timides, chers lecteurs, c’est bien connu des psychologues du Pentagones !) de se faire libérer par nous de leurs ex-gouvernants bien-aimés, nos ex-alliés-futurs-ennemis, où inversement au choix.

De plus ce service bénévole est tout à fait gratuit et relève de la pure générosité de notre part ; car ce désir inné et irrépressible chez nos dirigeants bien-aimés, et nous tous, de libérer tous les peuples de la terre pour leur apporter les bienfaits admirables de notre « way of life » est comme un sixième sens. En fait c’est génétique, cher lecteur, tout simplement. Nous sommes bons et généreux de nature, c’est tout. C’est pourquoi nous ne pouvons résister à la joie de transformer tout peuple et tout individu en clone de ce que nous sommes devenus, c’est-à-dire des Cochons (avec une majuscule svp).
Cette pulsion qui nous pousse à la libération d’autrui, si consubstantielle à notre cher petit Moi, nous fait venir les larmes aux yeux à chaque fois que nous y songeons car nous ne pouvons nous empêcher de nous admirer sans réserve ; n’est-il pas remarquable que nous ne reculions jamais devant aucun sacrifice pour ce faire ? Et ne parlons pas de notre légendaire respect paranoïaque de la souveraineté des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes ! Ne sommes-nous pas particulièrement pointilleux à ce sujet (surtout lorsqu’il s’agit de pétrole) ? C’est d’ailleurs pour cela que nous nous sommes précipités pour libérer TOUS les peuples de l’univers qui ne jouissaient pas encore de notre mirifique « way of life », sans aucune autre considération que notre désintéressement proverbial, notre sens inné de la justice et notre profond amour de nos congénères, quels qu’ils soient, avec où sans pétrole. En effet ne nous est-il pas insupportable de penser qu’un seul être puisse ne pas profiter et jouir pleinement de notre « way of life », tandis que nous autres passons notre survie à nous vautrer avec la délectation que l’on sait dans cette bauge innommable, comme les dignes Cochons que nous sommes tous. C’est d’ailleurs pour cette raison que les Zimbabwéens, les Coréens du Nord, les Chinois bien sûr, sans parler des Palestiniens, des Saoudiens et de tous les autres, bénéficient tous, grâce à nous, de la démokratie et de tous les privilèges qui vont avec depuis bien longtemps.
Nous n’avons pas hésité une seconde à les libérer sans se préoccuper du prix...

Non, chers lecteurs, tout bien pesé, après mûres réflexions et avec toute la partialité dont nous sommes capables (elle est sans limite), nous ne pouvons pas ne pas penser que, décidément, les libyens sont des égoïstes.

Résumons :

- D’abord ils se révoltent sans nous demander la permission (çà, c’est déjà limite).
- Ensuite ils refusent que nous les libérions (alors là c’est franchement sadique et cela nous fait ENORMEMENT de peine)
- Et pour finir ils veulent garder pour eux les fruits de leur victoire, c’est-à-dire le pétrole qui se trouve PAR HASARD sur leur territoire mais qui, au nom de nos droits de l’homme à nous, nous appartient bel et bien (en droit international, ce droit que nous respectons si bien, cela se nomme du vol pur et simple).

Outre la peine immense que nous cause cette méchanceté extraordinaire des Libyens à notre égard, qui se comportent dans cette affaire avec un égoïsme quasiment criminel en nous refusant d’exercer notre droit sacré et indiscutable à les libérer, cette affaire nous amène à nous poser quelques interrogations connexes.

- Se pourrait-il que d’autres populations à l’avenir nous refusent à nouveau la possibilité d’exercer notre droit et notre devoir auto-proclamé de les libérer de leurs dirigeants ex-bien-aimés ?
- De ce fait, se pourrait-il que ces populations acceptent de prendre le risque de se battre et de mourir autrement qu’en jeu-vidéo pour une cause, apparemment, qui leur tient à coeur ?
- Enfin se pourrait-il que ces populations, en refusant que nous les libérions à leur place, nous fassent savoir de cette manière que nous ne sommes plus des modèles à suivre pour le reste de la planète ?
- Cela ne serait-il pas un message nous indiquant que ce ne sont pas nos affaires ?
- Mais alors... se pourrait-il que plus personne n’ait besoin de nous et que nous ne soyons plus le soleil autour duquel l’univers tourne en ronronnant de bonheur ?

Eh oui, chers lecteurs, c’est bel et bien ce que devraient nous enseigner les événements du Moyen-Orient :

- Non seulement nous ne sommes plus le centre du monde mais nous ne constituons plus un modèle pour le reste de la planète.
- ce qui ne fait que mettre en pleine lumière l'impotence de l’Empire, accélérant encore son déclin.

Et tout cela fait beaucoup de peine à l’ex-futur sauveur de l’humanité et à tous ces congénères de l’oligarchie washingtonienne. Et nous pouvons gager qu’ils en auront encore bien plus d’ici quelques temps.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.
Plus pour longtemps.

mardi 1 mars 2011

L’Arabie Saoudite avertit officiellement qu’elle ne laissera pas tomber le régime Bahraini. Ni aucun autre.

Dans notre dernier post nous vous indiquions que nous ne pensions pas que les dirigeants saoudiens laisseraient le régime barhaini tomber sous les coups de la population chiite révoltée. Nous vous disions également que nous pensions que si intervention il y avait de la part des Saoudiens cette dernière serait musclée et sans remords... ni pitié.

Eh bien chers lecteurs, il semblerait que ce que nous écrivions le 19 février soit sur le point de se réaliser.

Hier soir vers 18h45 une trentaine de chars saoudiens furent aperçus sur le pont de 25 km reliant l’Arabie Saoudite et l’île de Barhain, se dirigeant vers Manama.
Il semblerait donc que l’Arabie Saoudite ait décidé de passer à l’action et de faire savoir à qui de droit qu’elle ne lésinerait pas sur les moyens pour rétablir l’ordre. Pour ce faire les dirigeants saoudiens ont voulu le maximum de publicité, semble t’il , afin probablement de faire réfléchir les opposants, manifestants et autres révoltés, en leur montrant la détermination des pouvoirs en place à ne pas se laisser expulser comme Moubarak.

En effet pourquoi faire transiter ces chars à une heure où ils seront forcément aperçus par des milliers de gens rentrant soit en Arabie Saoudite soit à Barhain, une heure où tout le monde rentre chez soi et emprunte le pont King Fahd. Car trente chars, surtout lorsque ce sont des Abrams, çà ne passe pas inaperçu, c’est le moins qu’on puisse dire.
Si on avait voulu faire dans la discrétion ce convoi militaire aurait pu être entrepris au milieu de la nuit, permettant ainsi de bloquer le pont sous prétexte de travaux, minimisant de la sorte le risque d’être aperçus. Cela aurait évité que la présence de cette force militaire considérable à Barhain ne se répande dans l’île, voire dans la région tout entière, y compris en Arabie Saoudite elle-même.

C’est donc bien d’un avertissement officiel aux manifestants qu'il s'agit : nous ne sommes pas Moubarak. Ce qui veut dire que si certains veulent renverser un régime en place dans la péninsule arabique, il leur faudra avoir de la détermination et ne pas craindre de voir le sang répandu dans les rues.
Car il y en aura, soyez-en sûrs !

Le message subliminal pourrait être un peu celui-ci : négociation oui mais si vous franchissez la ligne rouge vous êtes morts.

Affaire à suivre mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.