dimanche 17 juillet 2011

Affaire Murdoch : petits réglements de compte entre amis...

Le Vendredi 15 Juillet 2011 ne fût pas un bon jour pour Rupert Murdoch. Dans la même journée deux de ses plus fidèles lieutenants ont été contraints à la démission face à l’ampleur du scandale qui se développe de manière spectaculaire et à une vitesse foudroyante. C’est ainsi que Rebekah Brooks, chief executive de News International, la branche anglaise de News Corp, et Les Hinton, le bras droit de Rupert Murdoch et chief executive de Dow Jones, l’éditeur du Wall Street Journal, ont annoncé leur départ du groupe Murdoch hier à quelques heures d’intervalle.

Depuis que le Guardian a révélé le piratage de la boite vocale du téléphone portable de Milly Dowler il y a trois semaines par un journaliste de News of the World, le scandale a pris des proportions telles qu’il menace désormais l'existence du groupe Murdoch lui-même.

Pourquoi ?

Parce-qu’un article du Daily Mirror a insinué il y a quelques jours que des journalistes de News Corp, la branche US de l’empire Murdoch, avaient tenté d’avoir accès aux boites vocales des portables de victimes de 9/11. Du coup six membres du Congrès US des deux partis ont demandés une enquête officielle :

Members of Congress from both major parties have warned of "severe" consequences if a report in the Daily Mirror – that the News of the World attempted to access the voicemails of victims of the al-Qaeda attacks or other Americans – is true.
Six members of Congress, from both parties, have called for official inquiries into whether the illegal practices displayed by News of the World in the UK were ever repeated by News Corp's print or other businesses within the US.
They include senators who wrote to the US attorney general, Eric Holder, also asking whether Murdoch's company broke anti-bribery legislation under the Foreign Corrupt Practices Act. The senators referred to bribes by News of the World reporters to London police officers.
"The reported allegations against News Corp are very serious, indicate a pattern of illegal activity and involve thousands of potential victims. It is important to ensure that no United States laws were broken and no US citizens were victimised," the senators wrote.
(Sources : The Guardian - 16 Juillet 2011)

Le FBI a donc ouvert une enquête officielle à ce sujet.
Si jamais il était prouvé que des journalistes de News Corp avaient tenté de violer les boites vocales de certaines victimes de 9/11 en demandant l’aide de policiers de NY, il est certain que Fox News disparaîtrait car les 27 licences pour émettre sur le territoire US qui appartiennent à News Corp. lui seraient enlevées sans l’ombre d’un doute ; le reste du groupe survivrait-il ?

De plus la pression monte autour de Erich Holder pour ouvrir une autre enquête contre News Corp. afin de savoir si cette société a violé le Foreign Corrupt Practice Act :

Employees of Murdoch's now-shuttered News of the World tabloid have been accused of hacking into personal voicemail and paying bribes. British authorities are investigating.
Legal experts in the United States said News Corp could face scrutiny on this side of the Atlantic Ocean as U.S. officials probe whether any of the allegations, if proven true, violate the U.S. Foreign Corrupt Practices Act.
That law makes it a crime for any company with U.S. ties to bribe foreign officials to obtain or retain business.
British media outlets reported that News of the World reporters bought phone details for the royal family from a security officer. The Daily Mirror newspaper reported, citing an unidentified source, that News of the World reporters had also offered to pay a New York police officer to retrieve the private phone records of victims of the September 11 attacks.
(Sources : Reuters)


Rupert Murdoch's News Corporation empire could face a bill of more than $100m (£62m) if US authorities launch an investigation into corruption following allegations that the News of the World routinely made payments to police officers totalling more than £100,000.
If convicted the company would face a fine many times that size, lawyers have warned.
Mike Koehler, an FCPA expert and law professor at Butler University, said: "Enquiries often start with a limited set of facts but very quickly morph into an examination of the entire business. They tend to be very cumbersome and because they are newsworthy they cause a lot of reputational damage."
(Sources : The Telegraph)

Le problème pour News Corp. est que toutes les tentatives faîtes jusqu’à maintenant pour circonscrire les conséquences du scandale ont échouées. Non seulement elles ont échoué à le limiter mais elles ont contribué à l’étendre encore plus rapidement car tout succès où semblant de succès contre Murdoch encourage ceux qui se taisaient auparavant à réclamer plus encore.
- Ainsi la fermeture de News of the World (le seul des journaux anglais du groupe avec The Sun qui gagnait de l’argent) afin de protéger Rebekah Brooks n’a pas suffi.
- Ensuite Murdoch a dû renoncer au rachat de BskyB (dont il détient déjà 39%) face à la pression de l’opinion publique et des parlementaires, soudain tous unis contre cette opération. Cette acquisition était quasiment assurée et aurait permis d’assurer au groupe GBP 1 milliard de revenus annuel pour un prix d’achat de GBP 7 milliards, permettant ainsi de compenser les pertes des journaux de la branche anglaise, notamment The Times et The Sunday Times car The Sun ne perd pas d’argent comme déjà dit.
Puis Rebekah Brooks a été forcée de démissionner Vendredi face à l’extension de la crise et sous la pression de certains actionnaires dont le Prince AL Waleed.
- Désormais il faut protéger le joyau de l’empire, c’est-à-dire News Corp et ses filiales US (Fox News, 20th Century Fox movie studio, Dow Jones, The Wall Street Journal etc...) de la propagation du scandale aux USA.
D’où la démission de Les Hinton, le bras droit de Rupert Murdoch et son plus ancien collaborateur, ancien Chief executive de News international .

Certains avancent déjà que le prochain à être éjecté pourrait bien être le fils de Rupert Murdoch lui-même, James Murdoch, chairman et Chief executive de News Corp. pour l’Asie et l’Europe depuis 2007, successeur présumé de son père jusqu’à il y a quelques jours.

But even if he does, his inheritance will not be the one anticipated until barely a fortnight ago. In Britain and the US, and probably other countries, politicians and the police and shareholders are likely to treat News Corp in a starkly different way from now on. "The company will be under enormous pressure for a very long time," says Enders. Many think it will never recover. James's role as News Corp head could be not to secure world domination but to manage decline.
Or he could face worse. Last Friday, the former Labour home secretary Alan Johnson suggested that James Murdoch could be prosecuted, and ultimately go to jail, under the 2000 Regulation of Investigative Powers Act, which states that company directors face "criminal liability" if found guilty of "consent", "connivance" or even "neglect" when their business is involved in the unlawful interception of communications.
(Sources : The Guardian - 14 Juillet 2011)

En attendant de voir comment tout cela finira, nous pouvons malgré tout faire quelques remarques sur ce scandale somme toute très distrayant. Car, comme de bien entendu, les hyènes sont sorties de l’antre où elles s’étaient si silencieusement réfugiées pendant trente ans. C’est long trente années de silence ! Et soudain, tout le monde aboie à la mort, tout le monde montre les crocs, tout le monde se montre surexcité par l’odeur du sang, tout le monde fait tout à coup preuve d’un courage ADMIRABLE... en groupe bien sûr, et ce d’autant plus que le groupe est large et consensuel... ah ah ah. Tous les partis politiques unis dans un même combat pour la liberté de la presse, la démokratie et bla bla bla...
Comme d’hab...

Quelle cochonnerie, chers lecteurs !

Tous ces politiciens qui ont cautionné Murdoch pendant trente ans, tous ces premiers ministres (tous les uns après les autres) qui ont soigné Murdoch pour bénéficier de ses bons offices lors de leurs campagnes électorales où pour soutenir leur politique ; tous ces journalistes qui se sont « écrasés » pendant des années sous ce qu’ils nomment aujourd’hui le règne de la terreur de Murdoch et qui, du jour au lendemain, lui crachent à la figure à longueur d’éditoriaux etc... Tous ces gens qui n’ont jamais rien dit jusqu’à aujourd’hui et qui, sans le Guardian et le scandale monumental que son article a enclenché, seraient toujours aujourd’hui en train de lécher les bottes de cet « affreux » dictateur comme ils le faisaient tous il y a encore un mois à peine :

It was only last month (en Juin 2011) that Miliband himself attended News International’s summer party in London, alongside shadow chancellor Ed Balls, two of his closest advisers, Tom Baldwin and Stewart Wood, shadow home secretary Yvette Cooper and shadow foreign secretary Douglas Alexander. The Guardian noted at the time that Labour luminaries outnumbered a Conservative delegation headed by Cameron and his wife, Samantha.
(Sources : WSWS - 11 Juillet 2011)

Quelle rigolade !
Quelle hypocrisie !

It was only a few weeks ago that Rupert, his son James, daughter Elisabeth and Rebekah Brooks were the talk of the town; hailed as the king-makers to the political classes. At the Murdochs' summer party, there was the usual mish-mash of politicos from David and Samantha Cameron to Ed Balls and Yvette Cooper, alongside celebrities such as Mariella Frostrup, all paying homage at Kensington's elegant restaurant, the Orangery.
(Sources : The Independant - 17 Juillet 2011)

Sans parler du concert assourdissant de ceux qui prétendent aujourd’hui (les mêmes qui assistaient à la summer party dont il est question plus haut) qu’ils ignoraient tout de la dégradation épouvantable du métier de journaliste (si l’on peut dire) dues aux pratiques quasiment mafieuses du groupe Murdoch telle que décrites ci-dessous :

Two weeks into the latest stage of the scandal over phone hacking and other illegal activities by Rupert Murdoch’s News International group in Britain, revelations continue to pour out, each more damaging than the last.

It has been revealed that News of the World, which endlessly banged the drum of “law and order,” over the course of many years tapped into the mobile phones of thousands of people, including politicians, government ministers, police, members of the royal family, film celebrities and journalists.

It and other Murdoch newspapers stand accused of illegally obtaining the personal records of prominent government officials. Former Prime Minister Gordon Brown has accused Murdoch’s Sunday Times of using “known criminals” to access his financial and legal files, with the aim of “bringing me down as a government minister.”

These accusations have been accompanied by numerous reports of the Murdoch press’s modus operandi of bribery, blackmail and intimidation.
(Sources : WSWS - 14 Juillet 2011)

A les entendre tous, les journalistes, les politiciens et compagnie, personne ne savait rien, personne ne voyait rien, ils nageaient tous dans l’innocence la plus absolue, ils se sont fait avoir comme des enfants de choeur et bla bla bla...
Comment pouvaient-il se douter de quoi que ce soit les pauvres chéris ?

La vérité c’est que les Tories et le Labour étaient en compétition pour s’attirer les bonnes grâces de Murdoch et que celui-ci a soutenu alternativement les uns et les autres en fonction de leur complaisance et de leur alignement sur ses propres objectifs politiques et économiques. Après avoir soutenu Thatcher dans sa lutte contre les syndicats et la conversion de la société anglaise à l’économie ultra-libérale, Murdoch donna son soutien à Blair dont il a supportait ardemment la politique d’alignement complet sur les USA.

Murdoch is forever associated with the Conservative governments of Margaret Thatcher and John Major, and above all with Thatcher’s brutal assault on the working class. He cheered on her deregulation of the City of London, privatisations and tax cuts for corporations and the rich from which he benefited more than most. News of the World’s parent company, News International, carried out an infamous union-busting operation, sacking 6,000 print workers and transferring production to Wapping in London’s East End in 1986.
Then, after Murdoch decided that the Tories had exhausted their usefulness as a vehicle for attacking the working class and enriching the ruling elite, he switched support to Labour—which was more than ready to do his bidding. Murdoch dictated government policy to such a degree that Lance Price, a media advisor to former Prime Minister Tony Blair, called Murdoch “the 24th member of the Cabinet.” Price added, “His presence was always felt.”
Murdoch himself has publicly boasted of setting the agenda of the Labour government on Europe and “the breakdown of law and order in Britain.” The Murdoch press has relentlessly promoted wars of aggression, most notably the illegal invasion of Iraq in 2003. Blair telephoned Murdoch personally on three occasions in the days leading up to the US-British invasion.
(Sources : WSWS - 11 Juillet 2011)

Puis vint la rupture avec Brown et le soutien du Sun aux Tories et à Cameron lors des dernières élections avec le résultat que l’on sait.
Brown crût-il en une fidélité quelconque de Murdoch aux Travaillistes où à lui-même ? Pourtant, au cours de la lutte qui opposa Blair à Brown il soutint fermement le premier.
Naïveté ?
Aveuglement ?
Stupidité où arrogance ?

En tout cas le ressentiment de ce traitement peut expliquer les propos de l’ex-Premier Ministre à la Chambre des Communes cette semaine :

Brown accused News International of “lawbreaking often on an industrial scale, at its worst dependent on links with the British criminal underworld.”
Murdoch’s media “marched in step” with “members of the criminal underworld” and functioned as a “criminal-media nexus”.
(Sources - WSWS - 16 Juillet 2011)

Bien sûr il fût attaqué de toute part pour hypocrisie etc... ce qui est vrai bien entendu, mais le fait qu’il fût un temps la créature de Murdoch et qu’il se sépara de son ancien maître ne doit pas nous empêcher de reconnaître la vérité lorsqu’elle est mise à jour, même si celui qui la déclame haut et fort fût lui-même compromis avec ceux qu’ils dénonce aujourd’hui. Les faits sont là, connus de tous depuis toujours, y compris et surtout par ceux qui en ont profité le plus.
Et ce d’autant plus que le scandale du News of the World est connu depuis longtemps de tous et que chaque gouvernement tenta de l’étouffer, y compris celui de Brown, jusqu’à ce que tout explose avec l’article du Guardian.

The News of the World hacking scandal first came to light in 2006 and was swept under the carpet by the Metropolitan Police, without challenge by the Labour governments of Blair and his successor, Gordon Brown. On April 9, an anonymous ex-minister told the Guardian that Murdoch had “relayed messages to Brown last year via a third party, urging him to help take the political heat out of the row, which he felt was in danger of damaging his company.”
(Sources : WSWS - 11 Juillet 2011)

Bref, la complicité de toute la classe politique est évidente, comme celle de la presse d’ailleurs, ainsi que l’a rappelé David Cameron Vendredi 15 Juillet :

“The truth is, we have all been in this together—the press, politicians and leaders of all parties—and yes, that includes me.”

Aujourd’hui, à l’instant où nous écrivons ces lignes, Rebekah Brooks a été arrêtée et Ed Milliband a appelé à un démantèlement de la branche anglaise du groupe Murdoch, News International, ainsi qu’au vote d’une loi interdisant à tout groupe de média de posséder plus de 20% de part d’audience dans le pays afin d’éviter une influence trop importante sur le public... Il pourrait ajouter, par voie de conséquence, sur les gouvernements successifs, la classe politique dans son ensemble ainsi que sur la presse elle-même.

La corruption des esprits fût générale et cela se produisit par l’intermédiaire de deux phénomènes non reliés au départ mais qui s'emmêlèrent par la suite jusqu’à en devenir inextricable.
Le premier fût la progressive prépondérance du groupe Murdoch sur les médias anglais. Cette domination de fait obligea les journaux survivants à s’adapter aux méthodes Murdoch sous peine de disparaître. Or Murdoch voulait vendre le plus possible afin de rentabiliser ses journaux qui gagnaient de moins en moins d’argent. The News of the World était l’un de ceux qui n’en perdait pas, c’était celui qui avait le plus gros tirage de loin mais c’était aussi celui dont la qualité des articles était tombée le plus bas ; le caniveau était encore trop haut pour lui. Ce tabloid avait besoin de scandale pour vendre toujours plus, comme les autres d’ailleurs ; par conséquent on devenait de moins en moins regardant sur la qualité de ce que l’on présentait à la une et ainsi de suite... Tous ses concurrents lui emboîtèrent le pas, d’abord pour survivre, et ensuite par appât du gain... Ce qui entraîna un délabrement général de la qualité de la presse outre manche, sans parler des méthodes pour obtenir des scoop à sensation. Seuls quelques rares exceptions survécurent comme The Guardian où The Independent (qui appartenient à un russe).

Murdoch's press has infected our public discourse. Rival newspapers have been forced to compete for lurid headlines, for fake scandals, for manufactured celebrity gossip, to which the vindication of public interest could never apply. But of course the public was interested. The public, or some of the public, would flock to attend public hangings, as they do in Iran, given half the chance. Bad journalism drives out good, and we have been forced to witness honourable newspapers disingenuously evading the censure of high-minded people like me by doing round-ups of other papers' more disgraceful stories, just to make sure we don't miss out on the big and little names in sensational affairs and divorces and financial shenanigans and allegations about rigged decisions in Britain's Got Talent.
(Sources : The Independant - 16 Juillet 2011)

Le second phénomène fût la peur des politiciens, comme des journalistes d’ailleurs, de la puissance de nuisance que possédait le groupe Murdoch à travers ses journaux à scandale précisément. Un article à sensation sur tel où tel et une carrière où une réputation pouvait être brisée en une journée. D’où la cour des uns et des autres entreprise auprès de Murdoch et de ses sbires. Chacun devait s’assurer qu’il ne serait pas la prochaine victime du News of the World où du Sun.

Successive governments have been afraid of Murdoch; the PCC had cause to be afraid of Murdoch (one of its founders); overpaid footballers and well-paid actors were afraid of Murdoch's empire; it now appears that anyone, however humble, who was related to anyone who died a sensational death had reason to be afraid of Murdoch, although they (unlike the politicians) genuinely would not have known this. No wonder they all want revenge.
(Sources : The Independant - 16 Juillet 2011)

No wonder they all want revenge.
Exact, ils veulent tous se venger aujourd’hui qu’ils en ont la possibilité. L’establishment fût humiliés, mal traité et méprisé par Murdoch et ses sbires qui ne se privaient pas de dicter leurs volontés et leurs desiderata avec une arrogance supportée uniquement par la peur qu’en avaient les politiciens, les journalistes et autres. Lorsque l’on peut mettre sur écoute n’importe que téléphone portable, y compris celui du Premier Ministre où d’un membre de la famille royale, comment savoir ce qui pourrait sortir dans un journal à scandale le lendemain matin sur soi ?
Mais Murdoch est ses sbires ont commis une insigne maladresse qui ne s’oublie pas et qui ne se pardonne pas non plus. Cette maladresse est d’avoir manqué de discrétion et de tact vis-à-vis de ceux sur qui ce pouvoir était exercé. Dans ces situations-là il faut savoir rester le plus en arrière possible et évoluer dans l’ombre. Murdoch, lui, évoluait en pleine lumière et ne manquait jamais de se vanter de l’influence qu’il possédait sur les locataires du 10 Downing street entre autre.
No wonder they all want revenge.
Mais si l’establishment britannique l’a courtisé outrageusement, Murdoch n’a jamais été considéré comme l’un des leurs. Un parvenu tout au plus, même pas anglais de surcroît...

I don't really like to say this, for fear of being accused of racism, but Rupert Murdoch isn't even British. I don't see why the British press and media should be dominated by one family company, just as I've always thought it unwise for us to sell off so many of our utilities to foreigners. We should be more wary, and keep our own interests at heart. If he were British, we could call him to account. It is cheering to see the British Parliament aiming once more to take control of its own destiny. It is cheering to see Vince Cable's agenda (if not his tactics) vindicated. It was painful but cathartic to see the long-suffering Gordon Brown pour forth his pain, pain that Sky News last night dismissed as nothing but bitterness, bile and revenge. What did Murdoch and Sky expect? The game has changed.
(Sources : The Independant - 16 Juillet 2011)

Vous voyez cher lecteur l’humiliation qui ressort de cet article de The Independent , cette humiliation contenue pendant trente ans par la peur ? Maintenant que la peur a disparu la haine a pris sa place, elles sont si proches...

No wonder they all want revenge.

Ne nous étonnons donc pas aujourd’hui d’assister à une telle ruée unanime contre celui qu’ils faisaient tous semblant d’adorer il y a à peine quelques semaines...
A notre avis les Anglais iront jusqu’au bout car désormais ils sont sûrs de gagner la partie. Ils ont peut-être tord mais ils se sentent les plus forts. Le chef de file de cette attaque en règle contre Murdoch est Ed Miliband, leader du Labour. De plus cette mise à mort est devenue une entreprise politiquement extrêmement porteuse car fondamentalement populaire ; nous pouvons donc miser sur le fait qu’il risque d’y avoir une sacrée surenchère et que la victime haïe sera News Corp, Murdoch père et fils etc... Peut-être même News Corp. devra t’elle cesser ses opérations en Grande-Bretagne comme cela a déjà été entendu ici où là.

Quelles seront les conséquences de toute cette affaire en Angleterre ?
Il est encore très tôt pour en juger mais il y en a une qui risque de se faire sentir rapidement malgré tout.
Murdoch était la tête de pont des USA en Angleterre, l’agent de propagande des néo-cons et des intérêts US dans ce pays. Aujourd’hui on peut affirmer que l’instrument principal de cette influence est en situation de mort clinique même s’il n’est pas encore débranché. Et nous sommes prêt à parier que cela aura une influence importante sur la politique étrangère du Royaume-Uni dans un avenir pas trop éloigné. Peut-être pas demain bien sûr mais plus les politiciens anglais se seront habitués à penser librement, hors d’atteinte de l’influence US, tout cela combiné à l’aggravation terrible de la situation du pays, oui certainement cela contribuera à modifier la politique étrangère du Royaume-Uni.
Dans quel sens ?
Affaire à suivre.

Les conséquences aux USA ?
On peut envisager cela selon deux perspectives.
- Sur le plan intérieur tout dépendra de l’enquête du FBI et de ses résultats. Si jamais Fox News perd ses droits de diffusion aux USA les répercussions seront probablement essentielles sur la politique américaine étant donné que Fox News est le vecteur de propagande le plus important des idées néo-cons et ultra-libérale dans les médias US. Sa disparition serait un coup terrible pour les tenants de cette idéologie et leur influence en sera certainement très érodée. Cela ajoutera encore un ferment de plus à la déstructuration générale du système qui est en cours.
Sur le plan extérieur il nous semble que cela pourrait sonner symboliquement le début officiel du recul de l’influence US sur l’Europe, en attendant le retrait des troupes US auquel Robert Gates a fait allusion à Bruxelles lors d’une réunion de l’OTAN il y a quelques jours. Que cela débute par le Royaume-Uni, le pays le plus inféodé et à priori celui où l’influence impériale US semblait la plus hors d’atteinte pourrait étonner à priori. Mais contentons nous de prendre acte des faits car par les temps qui courent tout sera toujours possible y compris l’inattendu.

N’oublions pas que nous sommes entrés en « terra incognita » et que le monde navigue à vue. Nous avons quitté les terres connues du système qui nous régentait depuis 1945, et même avant d’une certaine manière, et nous nous trouvons aujourd’hui face à l'effondrement de son promoteur et bénéficiaire principal, les USA, sans que rien ne soit en place pour le remplacer. Nous n’avons pour le moment aucune solution de rechange tandis que le chaos s’étend toujours plus. Nous nous trouvons désormais en mer, sans repère ni boussole face à une tempête qui menace de se déchaîner. Soyez sûrs, chers lecteurs, que cette affaire Murdoch n’a pu éclater qu’en raison de l’état déjà avancé de déstructuration du système. L'ironie de l'histoire est que cette affaire accélérera à son tour le processus d’auto-destruction du système dont News Corp était l’un des piliers avancé.
Les prochaines semaines seront très instructives.

samedi 9 juillet 2011

Bonnes vacance ! Partez tranquilles, le pire est devant nous...

Eh bien on a eu chaud !
Désormais, comme vous le savez bien, chers lecteurs, et contrairement à ce que ces idiots de la Chronique de Cochon sur Terre affirment depuis maintenant deux ans de manière quasiment sénile, nous sommes enfin entrés dans l’ère de la REPRISE, l’ère de l’ABONDANCE, l’ère de la RICHESSE pour tous, bref dans un rêve aussi éveillé et lucide que celui dans lequel nous nous vautrions avant Septembre 2008...
Désormais fini l’inquiétude, terminée l’angoisse à propos du défaut de paiement qui des banques, qui des états Européens, qui de l’état fédéral US, qui des états fédérés US, qui des municipalités US ; au loin l’inflation ; virée la déflation ; anéantie la stagflation ; et puis les camarades-capitalistes chinois vont tellement bien qu’ils sont en train de nous sortir d’affaire à eux tous seuls. Il suffit de voir l’état des commandes à l’industrie allemande pour s’en convaincre...

Bref profitons bien de ce bel été car l’Automne sera grandiose, c’est promis...

D’ailleurs la crise est si bien terminée que la FED, grâce à sa clairvoyance intersidérale bien connue, a décrété la fin du QE2 ( US $ 2,5 milliards par jour y compris les jours fériés et les vacances). Désormais la reprise est tellement ancrée, en tout cas dans les cerveaux des ouistitis qui sont censés nous gouverner, que la FED ne maintiendra pas la perfusion de faux dollars qu’elle injectait dans les marchés depuis Septembre 2008. Officiellement en tout cas.
Si ce n’est pas une preuve que la crise a disparue, nous ne savons pas ce qu’il vous faut, chers lecteurs !

D’ailleurs la crise est si bien terminée que les Européens, grâce à la sagesse surnaturelle qui les caractérise, vont finir par remettre la main à leur portefeuille vide pour sauver la Grèce de la faillite ; encore une fois ; deux fois en une année... Mais qu’on se le dise cette fois c’est la bonne ! Et c’est si sûr que cela évitera à l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et l’Italie de faire défaut sur leur dette eux aussi. Sans parler de la Grande-Bretagne en situation de « apocalypse now ».
Par conséquent, chers lecteurs, vous pouvez désormais ronfler sur vos deux oreilles pendant l’été qui s’annonce radieux : tout va bien dans le meilleur des mondes !

Bonnes vacances !

Ah non !
Non, non, non !
Tout va mal au contraire !

Quoi encore ? Ah çà y est, voilà encore la Chronique de Cochon sur Terre qui vient barbouiller de noir ce tableau idyllique, digne du paradis d’avant la chute.
Précisément, oui !
Car la chute est imminente.

Qu’est-ce à dire ?

Rien n’est réglé. Aucune des mesures prises par nos gouvernements bien-aimés autour de la planète pour enrayer la crise n’ont fonctionné. Et non seulement elles n’ont rien réglé du tout, mais elles ont encore aggravé la situation en reculant dans le temps l’échéance fatidique. Car ni le renflouement de la Grèce par les Européens, ni l’arrêt du QE2, ni les injections de 3 à 4 trillons de Yuan dans l’économie chinoise n’ont réglé quoi que ce soit. Désormais nous survivons avec trois épées de Damoclès au-dessus de la tête (pour faire court) :

l’état de surendettement de la Grèce comme des autres états européens.
l’état d’insolvabilité du gouvernement fédéral US, sans compter les états fédérés et les municipalités bien entendu.
enfin l’état très très préoccupant de l’immobilier en Chine dont la bulle semble beaucoup plus importante que prévu.

- Ce n’est pas parce-que les Européens renflouent les Grecs en augmentant le montant déjà astronomique de leur dette qu’ils feront de ces derniers des emprunteurs plus solvables qu’avant. Bien au contraire !
Mais les Européens font semblant d’aider les Grecs afin de protéger leur propre système bancaire (essentiellement allemand et français), sans parler des banques US qui, en cas de défaut des Grecs, devraient rembourser les assurances (CDS) prises par les européens pour se protéger d’un défaut de payement précisément. Inutile de dire que dans ce cas les banques US feraient faillite immédiatement. Mais, parait-il, l’important serait de gagner du temps, alors que cela n’aboutira qu’à se retrouver face aux mêmes problèmes qu’aujourd’hui mais après-demain, encore aggravés par une dette plus importante sur laquelle on fera défaut inévitablement.
Et pas seulement les Grecs où les USA, mais tous en choeur.

De même, l’arrêt du QE2 n’a pas résolu le problème majeur des USA : c’est-à-dire qu’ils sont encore plus en faillite qu’avant, si l’on peut dire (38 états comptablement en état de banqueroute sur 50), de plus en plus incapables de payer leurs dettes qui , elles, gonflent à vue d’oeil. Le seul moyen d’éviter la banqueroute serait de s’attaquer sérieusement au budget fédéral et non seulement à supprimer le déficit mais encore à dégager un surplus. Inutile de dire que cela relève de la science fiction étant donné l’état de déni de réalité dans lequel se trouvent les parlementaires US. Mais même cette cure d’austérité sans précédent pourrait ne pas être suffisante selon un nombre grandissant d’économistes et d’observateurs indépendants car elle mènerait à une récession telle que celle de 1929 ressemblerait à une ballade à Disney Land en comparaison.
L’autre moyen à la petite semaine qui se terminera inévitablement par un désastre général c’est le recours à la planche à billet, méthode de facilité choisie par les USA depuis Septembre 2008 pour relancer l’économie pour un coût jusqu’à aujourd’hui de $ 2.325 milliards ; manque de chance aujourd’hui ni l’immobilier, ni le PIB ni le marché de l’emploi n’ont été relancés ; bien au contraire. En revanche l’état fédéral s’est endetté au-delà de tout espoir de rédemption.
Désormais la seule alternative, suicidaire, c’est de gagner du temps en espérant qu’un miracle se produira. Mais il n’y en aura pas et cela nous sera probablement confirmé dans les six prochains mois.

Car la vérité c’est que les USA sont dans le même état que la Grèce et tout autant qu’eux sur le point de s’effondrer. Et personne ne peut les sauver.

Les USA n’ont pratiquement plus personne pour financer leurs déficits car tout le monde sait désormais qu’ils sont en état de faillite. D’ailleurs le plus grand acheteur des bonds du trésor US n’est plus la Chine, qui réduit son exposition depuis six mois, mais la FED qui a acheté 70% des bonds du Trésor US depuis la mise en place du QE2 en novembre 2010.
L’agence de notation chinoise Dagong Global Credit Rating, tout de même plus fiable que ses trois homologues occidentales (Fitch, Moody et Standard and Poor) qu’elle a accusé justement d’être en partie à l’origine de la crise, cette agence donc, qui a déjà dégradé la note des USA il y a quelques mois (sans parler de celles de l’Angleterre et de la France), vient d’annoncer par la voix de son Président que, selon eux, les USA se trouvaient désormais en état de défaut de payement :

"In our opinion, the United States has already been defaulting," Guan Jianzhong, president of Dagong Global Credit Rating Co. Ltd., the only Chinese agency that gives sovereign ratings, was quoted by the Global Times saying.
Washington had already defaulted on its loans by allowing the dollar to weaken against other currencies -- eroding the wealth of creditors including China, Guan said.» (Sources : Global Times)

- Quant à la situation en Chine les énormes sommes d’argent (3 - 4 trillions de Yuan) distribuées par le gouvernement central aux collectivités locales afin de compenser la chute des exportations après Septembre 2008 par des travaux de construction d’infrastructures et des projets immobiliers d’une ampleur délirante, semble avoir entraîné une situation d’insolvabilité des banques. Cette masse d’argent déversée dans le système a crée une situation double d’inflation des prix, s’ajoutant à l’augmentation des prix des matières premières importées, et de bulle immobilière à côté de laquelle, selon certains, la situation du marché immobilier US serait une aimable plaisanterie...
(A ce propos la Société Générale vient de publier un rapport de 50 pages sur la situation immobilière en Chine dont le titre est évocateur : “Chinese construction bubble – Preparing for a potential burst.”)

Pour résumer nous faisons face à une crise générale d’insolvabilité des Etats et non pas à une crise passagère de liquidités. Nos Etats sont insolvable tout comme le seraient 26 banques européennes si on intégrait dans les fameux stress tests la probabilité d’un défaut des Etats sur leur dette. Et ne parlons pas des banques US où chinoises.

Pour que vous soyez bien certains, chers lecteurs, que tout va pour le mieux, nous allons évoquez une solution que l’état français pourrait adopter afin de régler une fois pour toute le problème de sa dette.

Que feriez-vous si vous aviez € 1.500 milliards de dettes et que vous étiez incapable de la rembourser ?
Que feriez-vous si à côté de vous, sur des comptes en banque bien garnis, dormaient gentiment € 1.500 milliards inemployés (Quel hasard !)...
Nous connaissons la réponse, n’est-ce pas, lorsque l’on a à faire à l’état... Il tenterait de s’en emparer d’une manière où d’une autre. Mais d’où sort tout cet argent me demanderez-vous ? De votre poche cher lecteur, où plutôt de votre assurance vie. Car les Français ont à peu près € 1.500 milliards placés en assurance vie (et nous continuons d’économiser à peu près 15% de nos revenus !)... Vous voyez où nous voulons en venir, non ? Un état en faillite est prêt à tout pour se sauver, y compris voler l’épargne de ces citoyens, que ce soit à travers l’inflation délibérée, des impôts si élevés que cela ressemble à de la spoliation pure et simple etc... Mais nous parlons là de la manière douce.
Il y a également la manière forte que vous pourrez découvrir ci-dessous à travers l’hypothèse tout à fait plausible (car déjà expérimentée) du Professeur Henri Regnault, de l’Université de Pau, dans sa lettre : « la crise n° 16 ; tous argentins, bienvenu au corralito »
http://www.ieim.uqam.ca/spip.php?page=article-ceim&id_article=6742

Après tout, vous pouvez peut-être partir en vacance l’esprit tranquille et serein car si le pire est devant nous, l’état, notre maitresse à tous, sera sauvé !

Et pour le moment tout le monde est toujours content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.