lundi 25 octobre 2010

A propos de wikileaks et des documents du Pentagone: nous n'y sommes pour rien !

Eh bien, quel tintamarre !
La publication par wikileaks d’environ 391.832 documents du Pentagone hautement confidentiels concernant la guerre d’Irak de 2003 à 2009 fait du bruit ; beaucoup de bruit ! Peut-être un peu trop pour que tout cela ne soit pas un peu hypocrite de part et d’autre des aboyeurs.
Ce qui n’enlève rien bien entendu au scandale de cette guerre et des catastrophes qu’elle a provoqué. Et qu’elle n’a pas encore fini d’engendrer.
A ce sujet cela nous fait penser à cette réponse du Premier Ministre chinois Chou En Lai à qui un journaleux français demandait ce qu’il pensait de la révolution française. Ce dernier répondit : « C’est un événement encore beaucoup trop récent pour en connaître toutes les conséquences ».
Si, donc, à l’instar du sage Premier Ministre Chou En Lai, nous ne nous hasarderons certainement pas à pronostiquer quelque conclusion que ce soit à propos de cette désastreuse guerre d’Irak car les conséquences engendrées par l’invasion US sont loin d’être terminées ; mais cela ne doit pas nous empêcher pas de remettre certaines choses au point à ce sujet.

On entend beaucoup de cochonneries au sujet de cette cochonnerie de guerre. Apparemment tout cochon qui se respecte (si peu pourtant !) a cru bon de monter au créneau pour brailler son indignation, comme de juste. Nous n’en attendions pas moins d’ailleurs ; pas plus non plus, que ce soit clair. Donc pour le moment tout le monde piaille, tout le monde crie au scandale, l’ONU demande aux USA de faire une enquête sur ces « allégations », les représentants des gouvernements concernés (UK et US) prennent des mines consternées et soucieuses, ils nous jurent la main sur le coeur que tout sera fait afin que la « transparence » soit TOTALE (oui, oui, on compte dessus !), une transparence encore plus claire et limpide que toutes celles que l’on nous promet sur tout et rien toute la journée. Une transparence qui sera si pure que nous ne la verrons jamais, comme toutes les autres.

Il est amusant de constater que les beaux esprits progressistes, les obamatolâtres de service se délectent secrètement de toute cette affaire car cela parait illustrer tout ce qu’ils ont toujours clamé : à savoir que seuls Buch et les républicains sont responsables de tout et du reste. Malheureusement pour eux tous ces fantasmes engendrés par une foi en des idéologies vieilles de 150 ans ne correspond en rien à la réalité. Car aux USA les démocrates ont tous votés pour la guerre en 2003, y compris Tata Hillary, Joseph Biden bien entendu, tout comme Edwards etc, tous en choeur avec les Cheney, Busch, Rumsfeld et compagnie. Cela fit d’ailleurs un beau concert d’unité nationale et patriotique etc... Tout le monde debout en rangs par deux au son du clairon sous la bannière étoilée, la larme à l’oeil à l’idée de ses soldats valeureux (surtout lorsque personne n’a de lien de parenté avec ceux qu’on envoie au casse-pipe) qui partent pour défendre la mère patrie menacée d’anihilation par les bombes atomiques de l’odieux dictateur... (qu’on avait armé jusqu’aux dents pendant des années pour soutenir son attaque contre l’Iran et ne pas manquer la manne que représentait les ventes d’armes aux deux adversaires simultanément).

Alors aujourd’hui on parle à nouveau de juger Bush et consort car cela doit rassurer les beaux esprits ; mais pour être impartial il faudrait également juger tous les membres du Congrès qui ont voté pour autoriser le Président Bush à déclencher l’invasion de l’Irak, illégale selon le droit international ; sans compter tous ceux qui continuent à voter année après année les budgets demandés par le Pentagone pour financer cette guerre, y compris cette année, des budgets qui atteignent désormais la somme extravagante de US $ 1,2 trillions (budget total du Pentagone pour une année).
A notre connaissance un seul Membre du Congrès, le Congressman républicain du Texas de tendance libertarienne Ron Paul, vote régulièrement et dénonce tout aussi constamment et les guerres, Irak comme Afghanistan, et le budget aberrant du Pentagone. Nous ne connaissons aucun autre Membre du Congrès qui ait non seulement refusé de voter tous les budgets demandés par le Pentagone année après année mais qui ait voté également contre la guerre en Irak comme tout autre guerre y compris celle d’Afghanistan.
Inutile de dire qu’un tel procès risquerait de priver les USA de presque tous leurs Membres du Congrès, pratiquement tous appointé par les lobbies, notamment le plus puissant d’entre eux le lobby des industries d’armement où ce que l’on nomme le complexe militaro-industriel, Lockeed Martin en tête. L’ironie de l’histoire est que l’URSS se trouvait dans la même situation à l’époque de son écroulement : aux mains du lobby militaro-industriel. Il est vrai que les USA sont riches de beaucoup d’autres lobbies.

Ceci dit certains réactionnaires de gauche, toujours aussi incorrigibles, tentent encore de nous faire accroire que si les USA et le Royaume-Uni étaient des démocraties véritables, si le peule était au pouvoir, si le peuple pouvait décider lui-même sans interférence (on se demande comment...) et bla bla bla ; où encore si on laissait l’être pur et immaculé qui sommeille en chacun de nos contemporains, si notre véritable nature, bonne et belle comme on sait, incorruptible et désintéressée, comme on peut s’en rendre compte chaque jour, si donc notre nature véritable n’était plus aliénée par nos organisations sociales perverses, alors on verrait ce que l’on verrait ! Car enfin nous pourrions donner vie à la fameuse superstition véhiculée par tous ces beaux esprits de pacotille, à savoir qu’un régime démocratique ne peut jamais faire la guerre et encore moins la vouloir bien entendu ; quant à se comporter de manière telle que les documents dévoilés par wikileaks nous le révèle, cela relève de la science-fiction naturellement... Nous sommes si bons, si beaux, si débordants de vertus, comment une chose pareille serait-elle possible ?
Cela ne peut être que la faute au système qui nous pervertit ; quant à nous nous sommes des anges...
... un petit peu déchus peut-être ?

Humm, il y a de quoi, avouez-le, car malheureusement pour nos progressistes en chambre, avant de mettre à la potence Bush, Blair et compagnie, tous les parlementaires qui ont voté pour la guerre et chaque budget permettant sa poursuite depuis des années, il semblerait que de légers détails ne soient pas pris en compte. Par exemple que M. Bush a été élu en 2000, même s’il fût désigné par un juge pour le départager de son adversaire ; néanmoins cela se fit dans un cadre légal quoi qu’on dise. Deuxièmement personne ne peut contester que ce même Georges Bush fût réélu en 2004 à une très confortable majorité alors que l’invasion de l’Irak avait eu lieu et que son occupation était en cours avec les problèmes qui l’accompagnaient déjà, notamment le scandale d’Abu Ghraib qui éclata en Avril 2004. Et s’il fût réélu de cette manière c’est bien parce-qu’une très large majorité du peuple américain soutenait l’invasion de l’Irak quoi qu’on affecte de l’oublier aujourd’hui.`
De même, et bien qu’il y ait eu de nombreux opposants britanniques à la participation du Royaume-Uni à l’invasion de l’Irak, il n’empêche que Tony Blair fût lui aussi réélu le 6 Mai 2005, c’est-à-dire après le début de l’invasion, permettant ainsi au Labour de gagner pour la première fois de son histoire trois élections de suite. Et on ne peut pas dire que Tony Balir ne fit pas tout ce qui était en son pouvoir pour soutenir les USA et la participation britannique à la guerre.

Pourtant aujourd’hui, à la vue des documents publiés par wikileaks, on s’indigne, on crie, on pleure, on jure ses grands dieux que personne ne savait rien de ce qui se passait. On affecte la surprise la plus complète, le dégoût le plus profond qui nous permet ensuite de passer à la colère la plus réelle comme il se doit. Et cette fureur se dirige bien sûr vers les coupables. Car n’en doutez pas, cher lecteurs, il y a forcément des coupables, où plutôt des responsables de toute cette cochonnerie révélée pour la première fois (si, si vraiment la première fois que nous entendons parler de tout cela !) ; et c’est si nouveau, si inattendu que les cochons tombent des nues. Car ils sont si innocents, si candides, que jamais ils n’auraient pu imaginer une demi seconde que de telles horreurs pouvaient se produire en leur nom à tous, eux les représentants du Bien sur terre, auto-désignés pour répandre les bienfaits inouïs de notre merveilleuse société de la consommation dans tous les recoins de la terre, attendue avec une impatience bien compréhensible par tous les humains et non-humains peuplant cette planète. Oh, « sure », personne n’avait demandé leur avis aux Iraquiens avant de les envahir mais n’est-il pas si naturel que le monde entier n’ait qu’un seul désir : survivre comme nous survivons nous-mêmes... cette « pigs way of life » qui n’est pas négociable... mais que la planète entière nous supplie de leur apporter quel qu’en soit le prix à payer : pour l’occasion 122.000 morts civils au bas mot.
Comment donc les cochons auraient-ils pu imaginer que des événements aussi atroces puissent se produire en leur nom dans des lieux qu’ils ne seraient même pas capables de désigner sur une carte, portant des noms imprononçables même en américain ; des endroits si sous-développés qu’on est obligé d’y importer par avions entiers des litres de coca-cola et de fast food pour les troupes de l’empire du Bien retranchées dans leurs forteresses, petit avant-goût de ce qui se déversera sans aucun doute très prochainement par tombereaux entiers dés que la place sera sécurisée comme il se doit...
Comment diable auraient-ils pu imaginer tout cela nos braves cochons ?

Mais comme nous sommes des gens vertueux et bons, comme nous sommes des gens de bien, où plutôt les représentants exclusifs du Bien sur terre, nous avons entrepris aussitôt de trouver ceux qui nous ont trompés à ce point, ces salauds qui ont agi dans l’obscurité la plus crasse, ces gens indignes qui nous ont menti, ces êtres abjects qui ont autorisés toutes ces horreurs en notre nom sans nous en avertir.
C’est pourquoi Cochon sur Terre s’est mis immédiatement à pratiquer son sport préféré entre tous : la chasse à l’homme médiatique qui consiste à accuser les autres afin non seulement de se rassurer sur sa propre conduite irréprochable mais aussi de se défausser sur quelqu’un d’autre. C’est ainsi que les actes d’accusation se dressent déjà au fil des pages de tous les journaux respectables de Cochon sur Terre, comme au 17 eme siècle les bûchers pour les procès en sorcellerie de Salem. Les têtes de ceux pour qui on a voté autrefois à une large majorité risquent d’être bientôt demandées afin d’ôter cette minuscule épine de culpabilité (soyons optimistes pour une fois, faisons comme si Cochon sur Terre se sentait légèrement coupable) qui s’est enfoncée dans les petits sabots si sensibles de nos braves cochons en raison de tous ces documents nauséabonds qui leur ont soudain été jetés en plein groin sans leur consentement. Car les voilà gênés, remués, dérangés aux entournures, ce qui démontre bien leur innocence, non ? Oh, rassurez-vous cher lecteur, cela ne durera pas longtemps car les Cochons ont fort heureusement cette merveilleuse propension à l’oubli, ce qui les protège si bien de la réalité, sans parler de cette faculté remarquablement développée par notre espèce divine : ne pas voir ce qui pourrait nous déranger. Cela a l’avantage extraordinaire de permettre aux Cochons d’affirmer de la meilleure foi du monde que ce qu’ils ne voient pas n’existe pas.

Pourtant il semblerait bien que d’autres que nous ait su tout ce qui se passait bien avant nous. Il semblerait bien que d’autres que nous voyaient bel et bien depuis des années ce que nous affectons de découvrir aujourd’hui seulement.

As usual, the Arabs knew. They knew all about the mass torture, the promiscuous shooting of civilians, the outrageous use of air power against family homes, the vicious American and British mercenaries, the cemeteries of the innocent dead. All of Iraq knew. Because they were the victims.
Only we could pretend we did not know. Only we in the West could counter every claim, every allegation against the Americans or British with some worthy general – the ghastly US military spokesman Mark Kimmitt and the awful chairman of the Joint Chiefs, Peter Pace, come to mind – to ring-fence us with lies. Find a man who'd been tortured and you'd be told it was terrorist propaganda; discover a house full of children killed by an American air strike and that, too, would be terrorist propaganda, or "collateral damage", or a simple phrase: "We have nothing on that."
(Robert Fisk «The shaming of America» - The Independant - 24 October 2010)

Désormais Cochon sur Terre fait face à un problème majeur : nous ne pouvons plus nier, nous ne pouvons plus affirmer que nous ne savons pas. Il faudra donc trouver des responsables car nous ne pouvons plus faire autrement. Ces sataniques dirigeants de wikileaks nous ont obligés à faire face à la réalité. Mais il serait néanmoins profondément injuste de nous en prendre à nous-mêmes puisque nous avons définitivement abdiqué il y a déjà bien longtemps, et avec une constance jamais démentie depuis lors, toute responsabilité en quoi que ce soit, en particulier dans la direction de chacune de nos survies respectives. En effet n’avons-nous pas remis toute responsabilité à notre Etat maternel bien-aimé, ne lui avons-nous pas chargé de toute l’organisation de notre passé, de notre présent comme de notre avenir ? N’est-ce pas en lui que nous comptons pour réguler tous les détails de notre inexistence à l’aide de ces multitudes de lois nouvelles votées avec enthousiasme afin de nous enlever toujours plus le peu d’autonomie qui nous restait encore, ces lois sans cesse réclamées à corps et à cris par nos populations affolées de sécurité ?

Comment, dans ces conditions, pourrions-nous nous sentir responsables de quoi que ce soit puisque nous avons troqué la responsabilité des adultes pour l’irresponsabilité du jardin d’enfants ?
Comment nous sentir responsables de quoi que ce soit alors que l’âge de l’enfance est devenu notre horizon indépassable, ce temps de l’enfance béni que nous adorons tant que nous faisons tout notre possible pour l’étendre toujours plus jusqu’à repousser à jamais le moment où nous devrons devenir responsables de nous-mêmes et de nos actes, c’est-à-dire devenir des adultes ?

Ne voulant plus de l’âge adulte et des responsabilités qu’il implique nous accuserons donc de ces horreurs dévoilées avec une très grande cruauté par wikileaks tous ceux pour qui nous avons voté et qui ont pris en charge notre responsabilité en devenir mais à laquelle nous avons renoncé par avance depuis si longtemps. Ce sont eux les coupables et ce sont eux qui seront punis à notre place.
Nous n’y sommes pour rien !
Laissez-nous tranquilles car nous ne voulons rien savoir. Nous n’avons qu’un seul désir : survivre en toute sécurité à Cochon sur Terre quel qu’en soit le prix.

C’est pourquoi tout le monde est content à Cochon sur Terre le meilleur des mondes.

jeudi 14 octobre 2010

La réforme des retraites: mais qu'avons-nous fait de notre jeunesse ?

Des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers où des millions, c’est la guerre des chiffres qui fait rage à propos du nombre de manifestants qui encombrent les rues des différentes villes de France depuis plusieurs jours.
Et contre quoi manifestent donc ces braves gens ?
Que revendiquent-ils donc avec tant d’enthousiasme ?
Comme vous le savez bien, chers lecteurs, ils manifestent contre la loi promulguant l’âge de la retraite à 67 ans au lieu de 65 ans. Et pourquoi cette loi ?
Parce-que le système est en faillite tout simplement.

Le système qui fût inventé au sortir de la guerre 39-45 afin de donner aux individus en âge de ne plus travailler les moyens de survivre sans trop s’inquiéter des lendemains qui devaient toujours chanter, eh bien ce système ne fonctionne plus. Et non seulement il ne fonctionne plus mais il est moribond pour des raisons que les apprentis-sorciers qui nous gouvernent n’avaient pas prévu. Il faut bien avouer que personne au monde n’aurait pu imaginer ce qui se produit depuis quelques années, à savoir que Dame Croissance s’est fait la malle avec les bijoux de famille, c’est-à-dire les fameuses retraites entre autre. On n’a pas encore fait l’inventaire de ce qui reste mais la facture s’annonce d’ores et déjà salée (Le ministère de notre Santé nous oblige à préciser pour notre bien-être que l’abus de sel est mauvais pour notre santé bien-aimée).

Eh oui car notre système de retraite ne pouvait fonctionner qu’à deux conditions principales :
- que Dame Croissance reste avec nous jusqu’à la fin des temps, au mieux de sa forme bien entendu, une forme qui aurait dû se renforcer chaque année toujours plus au risque d’éclater de santé d’ailleurs, mais à cela personne n’avait songé.
Donc premier point : Croissance exponentielle et illimitée.
- ensuite il fallait que la population se reproduise à un rythme toujours plus soutenu, allant sans cesse croissant va sans dire, afin que les nouveaux arrivants payent les retraites des premiers sans que cela ne devienne un fardeau impossible à porter pour ces derniers. Donc toujours plus de bouches à nourrir afin que la charge des plus vieux soit toujours moins lourde à porter pour chacun jusqu’à la fin des temps...

Eh bien nos apprentis-sorciers avaient tout faux. Et ils ont toujours tout faux aujourd’hui. Et ils continueront à avoir tout faux demain. C’est une question d’habitude, c’est tout.
En effet non seulement Dame Croissance s’est fait la malle mais en plus les braves cochonneux répugnent de plus en plus à se reproduire comme des lapins dans un clapier ; eh oui les familles de dix enfants c’est fini tout autant que Capri. Aujourd’hui on veut un où deux enfants au plus, un chien pour faire plaisir aux enfants mais qu’on abandonnera à la première occasion au bord de la route s’il prend trop de place où s’il fait soudain peur aux enfants; il faut bien dire que ces petites merveilles (nous parlons des enfants pas des chiens), d’autant plus uniques qu’elles ont tendance à le devenir très concrètement, sont désormais l’objet d’une idolâtrie touchante au profit de laquelle on ne recule devant rien. Il faut plus de confort, plus de vacances bien méritées sur des plages en béton polluées par du pétrole en vadrouille, des ordinateurs à 10 ans pour le génie en herbe, des téléphones portables pour leur sécurité, des poupées gonflables pour leur santé etc, etc... Tout cela pour dire que l’enfant unique coûte nettement plus cher que ses prédécesseurs lorsqu’ils étaient dix. En conséquence de quoi les cochonneux ne se reproduisent plus comme avant ce qui met en péril le système de retraite qu’ils veulent pourtant conserver à n’importe quel prix... En théorie du moins.

C’est pourquoi nos gouvernants bien aimés ne sont pas les seuls à avoir tout faux. Les cochonneux aussi ont tout faux. Cochon sur Terre dans son entier a tout faux, sans parler des manifestants bien entendu. Car au bout du compte tout le monde a fait semblant de croire que ce gigantesque Ponzi Scheme marcherait tant bien que mal, chacun se disant secrètement « après moi le déluge ». Nous y sommes presque et c’est pour cette raison que deux représentants de chaque espèce (celles qui ont échappé au massacre), un mâle et une femelle comme on sait déjà, est prié de se présenter à la porte d’embarquement du Titanic insubmersible prêt à appareiller ; il s’agit de faire aussi vite que possible afin de sauver ce qui peut l’être encore. La question serait peut-être de savoir ce qui peut-être sauvé mais il faut bien avouer que les perspectives de sauver quoi que ce soit du naufrage imminent sont assez faibles, c’est le moins que l’on puisse dire.
En tout cas pas les retraites !

C’est d’ailleurs ce qui rend tout ce cirque des manifestations pour les retraites, contre nos droits, pour les capotes, contre les ogm, pour le droit d’être obèse, pour l’interdiction de la cigarette, et j’en passe, c’est ce qui rend tout ce capharnaüm totalement surréaliste sans parler du grotesque de la chose.
- d’un côté nous avons un gouvernement qui tente de nous faire croire qu’en relevant l’âge de la retraite de 65 à 67 ans on parviendra à résorber le déficit grandissant des caisses de retraite et par la même à payer leur retraite à ceux qui ont cotisé toute leur vie pour l’obtenir.
- de l’autre nous voyons des manifestants qui s’opposent à cette augmentation de l’âge de la retraite mais qui veulent quand même la toucher comme « convenu », c’est-à-dire à 65 ans.
Bref qui sont les plus bêtes du lot ? Est-ce vraiment si important de départager ces tas de cochons ? Non, et puis la compétition est si serrée que cela nécessiterait par trop de notre temps précieux pour les départager. Car au bout du compte ils sont tous d’accord puisqu’ils veulent tous conserver le Ponzi schème des retraites, le désaccord ne se faisant que sur la question de savoir qui payera et combien. Face à une pareille broutille nous gageons qu’ils y parviendront puisqu’ils font tous partie de la secte des fidèles croyants au père Noël et au paradis sur terre imminent.

De toute manière la seule chose dont nous puissions être certains c’est qu’il n’y aura pas de retraites et que tous ceux qui sont dans la rue auront payé pour rien. Il y a de multiples raisons à cela, la plus probable étant que l’inflation qui ne manquera pas d’arriver à un moment où à un autre se chargera de rendre les fameuses retraites sans valeur, où à tout le moins amputées d’une bonne partie de leur supposée valeur de départ. Cela c’est la partie optimiste de l’hypothèse, mais nous pouvons aussi ajouter la faillite de l’Etat, où les deux conjuguées, ce qui est déjà arrivé dans le passé comme on ne veut pas s’en souvenir. Peut-être alors que les retraites se transformeront en assignats, comme au bon vieux temps de la révolution, parsemées de têtes coupées et de sang frais rigolant dans nos rues si charmantes et ensoleillées, au milieu d’une foule hurlante et démocrate en diable, débordante de sympathie comme il se doit.

En attendant que cette farce tragi-comique de la réforme des retraites ne fasse son temps, il y a une chose qui nous étonne, nous autres de la Chronique de Cochon sur Terre, mais qui, apparemment, n’a fait l’objet d'aucuns commentaires ni d'aucune crise d'indignation de la part de la « secte des indignés de naissance »; pourtant dieu sait qu’ils sont à l'affut de toute possibilité d'indignation ceux-là !
Ce qui nous a semblé incongru dans toute cette histoire c’est l’association des mots retraites et étudiants. Nous pourrions même dire que nous avons été très perplexes par le fait que des étudiants puissent défiler pour un problème de retraite.
En quoi sont-ils concernés les pauvres chéris ? Nous savons bien que les études ont tendance à être de plus en plus longues (peut-être est-ce en proportion de l’inutilité de ce que l’on y apprend ?), mais de là à s’inquiéter de sa retraite alors qu’on en est encore à faire des études, cela nous parait tout de même fort étrange...

A supposer que l’on conserve l’âge de la retraite à 65 ans, par quel miracle extravagant un bipède sain d’esprit de 20-25 ans peut-il s’inquiéter de sa retraite qui ne devrait arriver, si tout se passe bien dans le meilleur des mondes possible (ne vous inquiétez pas chers lecteurs tout ira naturellement de mal en pis !), que 40 où 45 ans plus tard ? Cela ne vous semble t-il pas étonnant pour le moins ?
Ce qui nous abasourdit c’est que des « jeûuuunes », comme le répètent à l’envie nos gouvernants bien aimés avec des accents de jalousie dans la voie, puissent se préoccuper de « retraites » alors que, selon nous, ils devraient s’occuper à profiter le plus possible de ces temps d’études qui leur sont donnés afin de vivre le temps présent de la façon la plus intense possible. L’une des caractéristiques de la jeunesse n’était-il pas de ne pas se préoccuper de l’avenir mais bien au contraire de s’en moquer et de vivre sa vie au jour le jour au maximum de ce que cette dernière pouvait apporter. On aurait bien assez de temps plus tard pour s’inquiéter de nos vieux jours, s’ils venaient jamais ce dont tout étudiant normalement constitué se foutait comme d’une guigne. Enfin c’est ainsi que pendant des siècles la jeunesse raisonnait, où plutôt, selon les vieux qui avaient fait la même chose en leur temps, déraisonnait.
Mais cette déraison était de la sagesse. Et puis cela faisait de bons souvenirs.

De nos jours, en ces temps pathétiques de la dictature de Cochon sur Terre, même ce que l’on nommait il y a bien longtemps « l’âge de la jeunesse », eh bien même cela s’est évaporé. Lorsque l’on regarde, consterné, ces bipèdes de 20-25 ans raconter l’inquiétude qu’ils ressentent pour leur retraite, nous pourrions tout aussi bien écrire pour leur avenir puisque, apparemment, ce dernier ce confond avec la retraite, il nous semble que quelque chose s’est produit, quelque chose d’irrémédiable.

Cochon sur Terre a contaminé également ce qui ne pouvait pas où n’aurait pas dû l’être ; ces bipèdes de 20-25 ans qui défilent avec des syndicalistes conventionnés et institutionnalisés sont d’ores et déjà tout aussi conventionnés et institutionnalisés que leurs compagnons de défilés ; ils sont tout aussi formatés que les autres malgré leur âge, tout autant à leur juste place en rangs par deux que les autres en dépit de leurs piailleries de révolutionnaires de pacotille, tout aussi désireux de rentrer dans l’ordre dont ils ne sont en réalité jamais sortis. Ces pauvres bipèdes de 20-25 ans que l’on voit dans les manifestations contre la réforme des retraites sont aussi vieux que ceux avec qui ils défilent. Au moins ces derniers s’étaient montrés « jeunes » en Mai 68, même si cela se termina comme l’on sait : pouvoir, fric et prébendes subventionnées, c’est-à-dire ce contre quoi ils s’étaient dressés à l’époque, théoriquement en tout cas... Néanmoins faisons leur crédit, à des taux pas trop usuraires, qu’ils croyaient à ce qu’ils faisaient et à ce qu’ils disaient à ce moment là, aussi bref soit-il ; accordons leur qu’ils se comportèrent en bipèdes jeunes et peut-être idéalistes, en bipèdes en tout cas qui ne se préoccupaient pas de leur retraite lorsqu’ils avaient 20 où 25 ans.
Même s’ils sont rentrés gentiment dans les rangs par la suite, même s’ils se sont depuis vautrés dans le fromage sur lequel ils crachaient, puisque de nos jours ce sont eux qui nous gouvernent. Pour le pire bien sûr.

Ces étudiants manifestant pour leur retraite auront au moins eu le mérite de nous prouver à quel point la situation est désespérée pour tout ceux qui refusent Cochon sur Terre. Car désormais on naît vieux, on survit vieux et on meurt vieux à Cochon sur Terre. Ce qui signifie, cher lecteur, qu’il n’est plus possible de concevoir une opposition spontanée, naturelle, une opposition issue d’esprits sains qui ne recherchent pas la sécurité et la protection supposée de notre Etat maternel bien aimé mais qui préfèrent prendre le risque d’être libre. En effet, désormais, les vieux de 20-25 ans issus de Cochon sur Terre se comportent dés la naissance comme on le leur a appris : comme de bonnes petites machines à calculer ses retraites plutôt qu’à vivre sans compter... Désormais nous avons la preuve que Cochon sur Terre et liberté sont totalement antinomiques puisque Cochon sur Terre est parvenu à sécréter des populations qui ne savent plus ce que signifie le mot même de liberté ; où pire encore qui s’imaginent le savoir...

Ces vieux de 20-25 ans qui défilent de nos jours dans les rues afin de défendre leurs droits à la retraite sont déjà des « survivants ». Ils n’ont même pas eu le temps de vivre puisqu’ils ont commencé par survivre. Et ils s’accrocheront à leur survie par tous les moyens, y compris les moins avouables, car à Cochon sur Terre rien n’est plus honorable ni plus encouragé que de « Survivre à n’importe quel prix » ; c’est d’ailleurs la devise de Cochon sur Terre qui l’a si bien inculqué à sa progéniture que cette dernière l’a fait sienne dés le berceau comme le prouvent ces étudiants qui défilent à 20 ans pour défendre leur retraite...

Lénine avait raison : "La liberté, pour quoi faire ?"

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.