mercredi 26 octobre 2011

We are the 99 % ; le desespoir et la colère rongent les USA.

Le mouvement « Occupy Wall Street » fait désormais partie du paysage médiatique puisque la presstitute en a fait la une de ses éditoriaux depuis quelques dizaines de jours seulement, lorsqu’on ne pouvait plus faire autrement qu’en parler. De toute manière Internet avait déjà largement fait son oeuvre et c’est cela qui força la presstitute à passer à l’acte. Car les événements s'accélèrent. En effet de quelques centaines de personnes confinées à NY, le mouvement « Occupy Wall Street » a fini par s’étendre à toute la planète. Si ce n’est en nombre, au moins symboliquement. Le week-end dernier s’est déroulé dans plus de 900 villes à travers le monde des manifestations inspirées par celle de NY qui, elle-même, a suivi l’exemple des «indignados» espagnols et grecs, qui eux-mêmes furent inspirés par les égyptiens de Tahrir Square.

Bien sûr si la presstitute parle de ces événements nous ne pouvons tout de même pas lui demander qu’elle en parle de manière intelligente ni même intéressante. Non, ce serait vraiment trop d’efforts. Bien entendu les caciques du régime réagirent d’abord avec mépris ( Michael Bloomberg par exemple), attitude qui se traduisit dans les faits par des actions policières brutales, formidablement maladroites et contre productives dans une perspective du système. L’arrestation de près de 700 manifestants après les provocations policières d’usage ont fait décoller le mouvement « Occupy Wall Street » en déclenchant une indignation générale et un afflux de soutiens de toute part.
Après le mépris vinrent les tentatives de récupérations politiques de la part du parti démocrates et autre Soros et compagnie (c’est le cas de le dire). C’est ainsi que les 1% se plaignirent que le mouvement n’avait pas de programme ni de représentants avec qui il serait possible de discuter afin de satisfaire leurs revendications. C’est effectivement la façon la meilleure de noyauter un mouvement contestataire en le ramenant dans les rangs bien balisés par le système et éviter ainsi tout dérapage incontrôlé à l’avenir.

Mais la grande originalité de ce mouvement, comme de Tea Party avant lui, c’est bel et bien de ne pas avoir de « programme » ni de hiérarchie où de « leaders ». Et de ce fait il n’est pas corruptible, il reste « sauvage », c’est-à-dire incontrôlable, il ne rentre pas dans les normes du système, bref il ne joue pas le jeu, ce qui le rend d’autant pus dangereux.

Certains ont alors voulu opposer « Tea Party » à « Occupy Wall Street », arguant que ce dernier était aux démocrates ce que « Tea Party » était aux républicains. Cette vision des événements trahit non seulement une incompréhension totale de ce que fût « Tea Party » à ses débuts mais aussi, bien évidemment, de ce que représente vraiment « Occupy Wall Street ». C’est encore faire comme si le parti unique représenté au Congrès restait la norme indépassable alors que, précisément, ces deux mouvements ont fait exploser cette norme qui a étouffé toute la politique des USA pendant des décennies.

En Europe de la même manière d’ailleurs tout comme au Japon.

Although many organizers of the two populist efforts view their counterparts from the other end of the spectrum as misguided or even evil, attitudes among the rank and file of the tea party and Occupy Wall Street are often much more accepting and flexible. They start out with different views about the role of government, but in interviews and online discussions they repeatedly share many of the same frustrations, as well as a classically American passion for fixing the system.
( Sources : 22 Oct 2011 - Washington Post - Marc Fischer )

En réalité « Tea Party » et « Occupy Wall Street », contrairement à ce qu’on pourrait nous faire croire, regroupe les mêmes gens, c’est-à-dire tous ceux qui sont devenus la véritable opposition au système en place de quelques horizons politiques qu’ils puissent venir originellement. Mais justement, là n’est plus le problème. Etre démocrate où républicain n’a pratiquement plus de sens pour tous ces gens qui soutiennent « Occupy Wall Street » comme « Tea Party » puisqu’ils ne voient qu’un parti unique aux mains des lobbys, nationaux autant qu’étrangers d’ailleurs. Car le parti unique représenté au Congrès est aux mains du « corporate power » dont chaque politicien dépend afin de financer sa campagne électorale. Bien entendu il faut alors renvoyer l'ascenseur en retour, comme l’a démontré le bailout des banques qui enrage tant « Occupy Wall Street » comme « Tea Party ». Ce qui explique aussi la politique des USA qui favorise les intérêts particuliers qui payent le plus en interne, comme ceux de nations étrangères en externe, le tout aux dépends du pays lui-même, c’est-à-dire aux dépends des intérêts des USA et de la population américaine dont la situation réelle se dégrade depuis plus de trente ans.

Chers lecteurs nous allons vous demander maintenant de cliquer sur le lien ci-dessous et de passer un peu plus de temps que la normale afin de lire attentivement le plus grand nombre de messages possibles contenus dans ce lien. Pourquoi ? Car rien ne pourra vous donner une meilleure idée de l’état dans lequel se trouve réellement les USA ; rien ne pourra vous donner une meilleure idée de la situation réelle de la population des USA, c’est-à-dire des 99%, et non du mythe américain que l’on nous sert depuis des décennies mais qui ne touche en réalité que 1% de cette même population. Par la même occasion vous y trouverez la confirmation de tout ce que vous avez pu lire à ce sujet dans la Chronique de Cochon sur Terre depuis maintenant deux ans et demi.

Prenez votre temps et lisez chacun des drames exposés ci-dessous :

Ici.

Ce qui frappe le plus à travers tous ces témoignages c’est le désespoir d’abord puis la rage ; celle-ci vient probablement du sentiment intime d’avoir été trompé sur la marchandise. Et pour beaucoup d’entre eux la marchandise en question c’était le fameux « american dream ». On leur a volé leur rêve.

The stories their parents and teachers told them about how to make it in America have come to seem like fairy tales from a magical but foreign place.
(Sources : 22 Oct 2011 - Washington Post - Marc Fischer)

D’où la rage, la fureur contre les voleurs de rêve, l’exaspération contre Washington, le gouvernement fédéral et le Congrès corrompus, vendus aux plus offrant, c’est-à-dire au « corporate power » dans lequel on inclut Wall Street bien entendu. Mais pas uniquement, loin de là, comme le montre à l’envi les dessous du scandale Fox en Angleterre : les puissances étrangères savent fort bien tirer avantage du système, à commencer par Israël et, dans une moindre mesure et d’une autre manière, l’Arabie Saoudite.

Bref, les voleurs de Washington ont détourné à leur profit le rêve qu’ils avaient vendu aux Américains et au monde entier en se prenant pour exemple. Tout ce montage de paillettes et de carton-pâte s’est désormais écroulé et plus personne ne croit à l’American Myth... De la même manière bien peu de gens à travers le monde croient encore à la vertu de la grande démokratie américaine. C’était bel et bien un mythe inventé de toute pièce, une fable qui prenait pour exemple la soit-disant réussite de 1% de la population en faisant croire aux autres qu’il leur était possible d’arriver à ce même degré de félicité et qu’il ne dépendait que d’eux pour ce faire, de préférence en travaillant de plus en plus pour gagner de moins en moins. Aujourd’hui nous savons que tous ces châteaux en Floride étaient en toc puisque l’échec est désormais impossible à camoufler plus longtemps ; comment le serait-il quand les 1 % ont vu leurs revenus augmenter toujours plus depuis trente ans, alors même que les 99 % restant voyaient les leurs diminuer de manière spectaculaire au point de ne plus pouvoir survivre qu’en empruntant auprès d’institutions bancaires qui pratiquaient l’usure à grande échelle.

Mais nous parlions de camouflage.

En effet ce qui a permis de maquiller cette évolution et de faire croire pendant toutes ces années que tout le monde s’enrichissait ne tenait qu’en un mot : la dette. C’est la possibilité de s’endetter à tout va qui a fait croire que l’argent coulait à flot. Hors rien n’était plus faux puisque c’était de l’argent purement virtuel, de l’argent crée par la FED mais qui ne correspondait à aucune augmentation de richesse véritable crée à partir d’une production bien réelle ; c’était le mythe, encore un, de la société de service... A peu près la moitié de ces richesses virtuelles se sont envolées en fumée en 2008 ($ 15.000 milliards environ) ; mais la fenêtre est toujours ouverte et le faux argent qui reste dans le fond des livres de comptes est sur le point de se volatiliser lui aussi puisque tout le monde, particuliers comme institutions privées et étatiques, se noie toujours dans ces dettes gigantesques contractées au cours des trente dernières années. Sommes colossales qui ne pourront jamais être remboursées par personne ce qui est en train de provoquer la chute du système économique mis en place après la seconde guerre mondiale ainsi que de son principal bénéficiaire, les USA. Il est d’ailleurs fort possible que le système politique de ce dernier pays qui s’est ainsi donné aux marchands du temple ne s’écroulent par la même occasion lui aussi.
Mais n’anticipons pas.

Pour en revenir à ces témoignages, nous sommes frappés par l’absence complète de confiance dans le futur qui en ressort, au point que beaucoup d’entre ces gens renoncent à avoir des enfants car ils craignent que le sort de leur descendance ne soit pire que le leur. Ils ont raison car ce sera certainement le cas. Cette situation nous évoque la fin de l’URSS où il se passa la même chose au cours des dix années suivantes provoquant un grave déficit démographique qui est en passe de se résorber seulement aujourd’hui, et encore avec difficulté.
Ce manque de confiance dans l’avenir s’explique par les doléances que l’on peut relever dans ces témoignages et qui montrent à l’envi l’échec patent du soit disant modèle US tant vanté :

- Absence de couverture médicale où insuffisance de la dite couverture.
- Chômage bien entendu, travail à temps partiel où travail à temps plein pourtant insuffisant pour survivre.
- Coût de la vie trop cher pour se nourrir d’où l’importance des bonds de nourriture y compris pour ceux qui travaillent.
- Le fardeau des dettes du aux coûts extravagants de l’éducation dite supérieure qui plombent ceux qui les ont contractés pendant des années et qui, la plupart du temps , ne peuvent pas s’en sortir en raison des intérêts qui augmentent.
etc, etc...

Bref ces gens sont désespérés.

Le désespoir et la colère ronge l’Amérique.

Et qu’ils soient adhérents du Tea Party ou de Occupy Wall Street ils partagent tous la même expérience, et c’est précisément cela qui les réunit dans leur guerre contre le système qui les a mené là où ils sont.

No one expects the tea party and Occupy movements to merge forces, but their adherents are discovering that their stories are often strikingly similar: They searched for jobs and came up empty. They found work, but their pay barely covered food and rent, with nothing left over even to buy an old car. They saw their towns empty out as young people moved away in search of money and meaning.
(Sources : 22 Oct 2011 - Washington Post - Marc Fischer)

N’ayons garde d’oublier, chers lecteurs, que le désespoir peut provoquer beaucoup de dégâts et de beaux carnages. Vous connaissez l’expression « l’énergie du désespoir» qui est probablement due au fait qu’on n’a plus rien à perdre et que cette prise de conscience engendre la fureur.

En effet posons-nous la question : qu’ont donc à perdre ces gens dont vous avez lu les témoignages ?
Réponse : plus rien.

Si nous écrivons cela c’est parce que de très nombreux commentateurs, niais au plus haut point et encore nous restons polis, s’émerveillent du côté pacifiste des manifestants, pleins de bons sentiments, remplis de belles déclarations et de jolis discours dans lesquels on retrouve ces mots qui font bander nos sinistres humanitaristes professionnels ; des expressions comme « démocratie », « justice », « fraternité » et bla bla bla...
Certes, peut-être que ces gens qui adhèrent au Tea Party où à « Occupy Wall Street » sont encore tout cela pour le moment ; peut-être même qu’ils le resteront ; peut-être même que ce mouvement se dissoudra sans aucun incident, chacun rentrant dans son taudis (s’il en a encore un) pour crever gentiment sans rien dire tandis que les 1% continueront d’engranger des bonus obscènes ; peut-être, peut-être... Mais toute révolution commence de cette manière : pleine de modération, pleine de compassion pour l’humanité souffrante, bardée de grands et bons sentiments, le tout enveloppé dans les promesses d’un avenir nécessairement radieux. Toute révolution débute dans le calme mais finit par se radicaliser pour s’achever dans le sang et le chaos général. Puis vient la répression et l’institution de régimes généralement bien pires que ceux que l’on avait mis à bas quelques temps auparavant.

Alors gardons nous de clamer l’avènement des réjouissances éternelles, gardons-nous de nous pâmer d’aise face à ces événements qui prennent place aujourd’hui aux USA car cela reviendrait à sous-estimer dangereusement l’état de ce pays. En vérité nous ne savons pas du tout comment tout cela tournera car tout peut arriver, comme rien d’ailleurs, ce qui équivaudrait à une descente générale du pays dans le sous-développement ce qui est déjà le fait d’une partie de la population. Restons en retrait, observons avec retenue sans prendre nos fantasmes pour la réalité comme cela arrive trop souvent. Mais ne soyons pas naïfs face au potentiel explosif de la situation aux USA ; n’occultons pas le fait que la situation se dégrade si rapidement que cela pourrait déboucher tout à coup sur une implosion violente du pays, aussi soudaine qu'inattendue pour la majorité, mais pas pour ceux qui nous lisent bien entendu.

Encore une fois nous ne savons pas ce que deviendra le mouvement « Occupy Wall Street », nous ne savons pas s’il finira sans avoir rien accompli, nous ne savons pas s’il ne sera qu’une étape sur le chemin de la destruction du système où bien le facteur direct de sa destruction, nous ne savons pas s’il provoquera une révolution ni même s'il y aura des troubles sociaux suffisamment graves pour remettre en cause le régime actuel, voire l'unité du pays.
Nous ne savons pas, nous ne faisons qu'émettre des hypothèses et ce n'est pas parce qu'une hypothèse ne se réalise pas qu'elle était infondée. Tout est ouvert et si nous observons les facteurs de désordre grandissant dangereusement aux USA depuis au moins deux ans et demi, nous n'avons pour le moment aucune idée de la manière dont tout cela se terminera.

La seule chose qui nous parait évidente c'est que le système est à l'agonie, c'est tout. Mais cela constitue une simple observation des faits. Comment se passera cette mort et que sera la période post-mortem : autant vous le répéter, chers lecteurs, nous n'en n'avons aucune idée même s'il est vrai que nous pencherions plutôt pour une situation évoluant vers une explosion de violence engendrant une implosion générale. Mais là encore c'est une supposition qui ne se veut pas du tout une prédiction et nous espérons que cela n'arrivera jamais.

Car l'histoire n'est pas déterminée, chers lecteurs ; l'histoire a peut-être un cours mais elle n'a pas de sens.

En revanche ce dont nous pouvons être certains c’est que Tea Party comme Occupy Wall Street sont des reflets assez fidèles de la réalité américaine, c'est à dire du désespoir engendré par le système et ses injustices criantes.
Ce dont nous pouvons être certains c’est que ce mouvement, de par le simple fait qu’il soit apparu et qu’il ait duré jusqu’à aujourd’hui en dépit de l’opposition de la nomenklatura US, en provoquant en son sein d'importantes fractures, ce mouvement donc a donné une visibilité à une réalité jusque là occultée. Il a mis en contact beaucoup d’individus jusque là isolés les uns des autres mais qui sont en train de se découvrir unis au-delà d’une barrière partisane désormais obsolète ; sans programme certes, mais personne n’a jamais eu besoin d’un programme pour laisser éclater son désespoir et sa fureur. Etre « contre » est largement suffisant. Abattre le régime est assez pour s’unir. La guerre civile pourra venir après... si elle vient jamais. N’oublions pas que la dernière en date dans ce pays fût le conflit le plus meurtrier qui ait jamais pris place jusqu’à cette époque (guerre de Sécession).

En conséquence nous pouvons être certains que « Occupy Wall Street », même s’il disparaît rapidement, laissera des traces sur la scène intérieure américaine car non seulement il constitue un terrible facteur de désordre, comme le fût « Tea Party » en son temps, mais surtout, et c’est véritablement en cela qu’il peut se distinguer de Tea Party, « Occupy Wall Street » semble être arrivé au bon moment. « Tea Party » a préparé le terrain de la remise en cause du système lui-même dans le chef de ses adhérents et de ceux qui les observèrent de loin. Aujourd’hui, et ce grâce à Tea Party, à l’approfondissement de la crise et à l’immense déception de la présidence Obama, aujourd’hui donc les psychologies sont prêtes à remettre en question le système lui-même ; le tabou a sauté sous la pression du désespoir et de la colère qui sont beaucoup plus profonds et violents qu’il y a deux ans.

Aujourd’hui mettre en question la légitimité du système est devenu une possibilité allant de soi, partagée à la fois par Tea Party, Occupy Wall Street et tous ceux qui se contentent encore d’observer mais qui se jetteront eux aussi dans les rues si la situation continue de s’aggraver.
Ce qui ne manquera pas d’arriver.
De cela nous sommes sûrs.

N’oubliez pas, chers lecteurs, qu’ils n’y croient plus.
En conséquence ils n’ont plus rien à perdre.
A partir de là tout est possible.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

dimanche 23 octobre 2011

Un lecteur de la Chronique de Cochon sur Terre se rebelle !

Décidément être chroniqueur de la Chronique de Cochon sur Terre n’est pas de tout repos ! Non seulement il faut subir les cochons et leur verbiage toute la journée, sans parler de leur bêtise, mais désormais il faut tenir compte de nos lecteurs et de leur mauvaise humeur (vois le commentaire de ce lecteur publié dans les commentaires du précédent post « Libye où la barbarie à visage humanitaire »)

Peut-être faudrait-il stopper l'expérience ici ?
Peut-être faudrait-il dissoudre la Chronique de Cochon sur Terre et se laver les mains de se qui se passe ?
Après tout quelle importance que nous commentions ce qui se passe sur cette fichue planète en fonction de ce qui se passe dans notre fichu cervelas ?
Hummmm...

Eh bien non, chers lecteurs, ce serait trop facile. Nous resterons fidèles au poste, résistant à Cochon sur Terre tout comme aux lecteurs irascibles de notre Chronique. Car nous avons un tempérament très combatif, ici à la Chronique de Cochon sur Terre, et nous ne nous laisserons pas abattre comme çà. Il faudrait au moins un drone pour ce faire, voire deux. Notez bien que ces drones sont en voie de prolifération quasiment illimitée par les temps qui courent.
Pour des raisons purement humanitaires, bien entendu.

A l’occasion songez, chers lecteurs, à l’honneur qui serait le nôtre d’être assassiné par l’ex futur sauveur de l’humanité à coup de drones !

Etre « éliminé » par un drôle à coup de drone serait particulièrement savoureux...

Bref, nous résisterons, que ce soit bien clair !

Notre lecteur eu l’amabilité et la grande bonté de trouver notre petit lexique « pas mal ».

Pas mal votre lexique !

Nous l’en remercions vivement et ce d’autant plus que ce n’est que le début du dit lexique.
Nous voilà donc réconfortés et encouragés à poursuivre dans cette voie !

Malheureusement notre dernier article, court pour une fois, a semble t’il déclenché sa mauvaise humeur. Il lui a semblé que nous vous prenions, oui chers lecteurs, pour des «cons», selon sa propre expression.

par contre, votre dernier article, bof bof
on dirait que vous nous prenez pour des cons
or nous sommes des lecteurs "avisés" de Cochon sur Terre
et avec le temps, CsT nous a appris à nous intéresser à l'actualité, d'une part, à réfléchir, d'autre part
Nous ne sommes plus les sales brutes d'avant CsT et vous devriez en tenir compte.

Quel choc, chers lecteurs !
Comment croire une chose pareille !
Comment pourriez-vous être « des cons » puisque vous nous lisez ? Cela nous parait un peu contradictoire... et ce d’autant plus qu’il nous précise que nos lecteurs sont des gens « avisés », ce dont nous ne doutons pas une demi-seconde naturellement, pour la même raison que précédemment bien sûr.

Par modestie nous passerons sur le compliment qui suit... mais dont nous prenons acte néanmoins.
En revanche nous nous élevons violemment contre la dernière phrase car nous n’avons jamais pensé que nos lecteurs puissent avoir été de « sales brutes », même avant de lire notre Chronique.
Sans quoi par quel miracle auraient-ils pu s'y intéresser s’ils avaient été bornés où mal embouchés ?

Il poursuit par ces phrases :

« Nous avons tous été horrifiés par les circonstances de la mort de Kadhafi
Nous ne sommes pas dupes de l'impérialisme qui a mené cette guerre
nous avons honte de notre passé proche avec le 'tyran"
et nous sommes parfaitement capables de tirer nous-mêmes ce genre de conclusions.»

Que de grands mots, que de grandes phrases, que de belles indignations ! Malheureusement il semble que cela n’aille pas beaucoup plus loin.
Ah vraiment, vous avez été « tous horrifiés » ? Pas au point de descendre dans la rue pour protester d’après ce que nous pouvons savoir. Et puis qui a évité de regarder volontairement ces images reproduites en boucle par les médias ?
Vous n’êtes peut-être pas « dupes » de l'impérialisme, comme vous dîtes, mais tout le monde en profite tranquillement sans que cela ne provoque beaucoup de traumatismes irréparables chez ceux qui ne sont pas « dupes »...
« honte » de notre passé avec le « tyran », votre ex allié ? Mais lorsqu’il est venu à Paris en visite d’état l’année dernière, qui a manifesté sa honte ? Qui a organisé une manif pour montrer son opposition à sa venue ?
Quant aux « conclusions à en tirer » ... soyons un peu moins hypocrites svp.

Il semble que notre lecteur ait attaché beaucoup d’importance au fait que nous ayons consacré 7 lignes à la mort ignominieuse de Kadhafi alors que notre petit post en compte plus de 50, incluant l’extrait de Russia Today qui nous a semblé intéressant étant donné le point de vue de l’ex agent du MI5 qui y est reproduit. A noter que ce dernier traite non pas de la mort de Kadhafi mais de l’état de la Libye d’aujourd’hui en la comparant à ce qu’elle était sous Kadhafi. Et contrairement à ce qu’affirme notre lecteur un peu plus loin on lit rarement dans la presstitute ce genre de parallèles sinon pour affirmer avec grandiloquence combien la situation est meilleure qu’avant. Un peu sur le même schéma que ce qui se passa en Irak sous Busch Jr., sauf qu’aujourd’hui ce sont les français qui ont sonné l’hallali.

Ensuite il nous reproche de parler de

« ... clichés de l’actualité d’avant-hier archi-rabâchée par tout le monde, car ce que vous dîtes, d'autres nous l'on dit bien avant dans plein d'articles ».

D’abord nous supposons que notre très estimé lecteur veut parler de la mort de Kadhafi sur laquelle nous avons écrit 7 lignes (oui nous l’avons déjà dit).

Nous ne voyons pas pourquoi nous ne pourrions pas traiter de sujets d’actualité même si tout le monde en parle, y compris la presstitute. D’une part tout dépend de la manière dont on en parle, et d’autre part nous ne voyons pas pourquoi nous ne devrions pas parler d’un sujet qui nous tient à coeur sous prétexte que « tout le monde en parle ». Ici, à la Chronique de Cochon sur Terre, nous parlons de sujets d’actualité mais aussi de sujets qui n’en relève pas. Nous traitons de sujets qui nous paraissent importants, bien que nous ne puissions pas les traiter tous, sans se préoccuper de savoir si tout le monde en parle où non. Cela nous est complètement indiffèrent. Et s’il nous arrive d’être d’accord avec tel où tel organe de la presstitute cela ne nous dérange nullement. Nous n’avons pas fait voeu d’être systématiquement contre tout ce que racontait la presstitute, ni personne d’ailleurs. Nous ne fonctionnons pas d’après un système où une idéologie quelconque, ce qui nous permet d’être d’accord où pas sur tel où tel sujet avec des gens avec lesquels nous nous trouverons en désaccord sur d’autres, voire sur tout le reste. Nous ne trouvons pas indigne de nous d’être en accord avec quiconque. Sinon nous ne serions que des idéologues et des esclaves, ce que nous nous évertuons à ne pas devenir. Bien au contraire nous tentons de garder notre pensée la plus libre possible, ce qui ne veut bien évidemment pas dire que nous n’avons pas de convictions.

Or, faire le voeu de s’opposer à tout et à tous systématiquement est aussi stupide que d'acquiescer à tout avec tous par principe.

Ensuite notre lecteur termine de cette manière :

« Parlez nous plutôt comme vous savez si bien le faire des choses que nous ne pouvons pas vérifier si facilement, mais que vous vous connaissez, et qui sont importantes pour notre avenir ».

Nous sommes touchés aux larmes du compliment, cher lecteur, mais il nous a semblé qu’écrire 50 lignes sur la barbarie dont nos gouvernements font preuve en notre nom à tous était d’une importance capitale. Car c’était bien-là le sujet de l’article et non la seule mort de Kadhafi, aussi ignominieuse soit elle. C’est l’ensemble de cette politique, ceux qui en sont à l’origine ainsi que toutes ses conséquences qui sont dignes des barbares dont notre monde regorge désormais. Et c’est bien le problème car il semble que si on a beaucoup parlé de la mort de Kadhafi pour s’en indigner, ceux-là mêmes qui ont glapi haut et fort ne se sont pas privés de diffuser en boucle les images scandaleuses de cette mort même. A notre connaissance bien peu ont remis en cause la barbarie qui consistait à diffuser ces images. Ce qui montre bien que les barbares ne sont pas seulement ceux que l’on croit mais aussi beaucoup de ceux qui hurlent « au loup », sans parler de ceux qui ont regardé avec gourmandise ces mêmes images.

Cher lecteur, le but de ce petit article n’était pas la mort de Kadhafi en particulier mais de :
1) montrer que toute cette affaire de Libye était le fait de barbares, tout comme celle d’Afghanistan, d’Irak où autre, sans parler des politiques intérieures à nos démokraties bien aimées ;
2) montrer que nous sommes gouvernés par des barbares et que notre société est en proie à la barbarie sans que nous en soyons réellement conscients ;
3) montrer surtout qu’il appartient à chacun d’entre nous de se montrer extrêmement prudent pour ne pas sombrer dans cette barbarie car ce n’est pas parce-que nous la dénonçons chez les autres que nous ne le devenons pas nous-mêmes par accoutumance à l'ambiance de barbarie générale qui submerge notre monde.

C’est pour cette raison que nous parlons parfois d’actualités archi-râbachées, car généralement elles sont débordantes de barbarie, notre propre barbarie ; et de ce danger-là personne ne parle.
Où pas suffisamment.
C’est pourtant le plus pressant : ne pas devenir des barbares nous-mêmes à titre individuel.

Mais pour le moment tout le monde est toujours content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

vendredi 21 octobre 2011

Libye où la barbarie à visage humanitaire.

Réjouissez-vous admirables citoyens de Cochon sur Terre, chantez vos actions de grâce, allumez bougies et encens, nous avons gagné !

Eh oui, chers citoyens remarquables de Cochon sur Terre, nous avons gagné cette guerre généreuse entreprise pour libérer la Libye de notre ex allié et la donner à nos futurs ennemis ex alliés.
Quel tour de passe passe !

Désormais nous pouvons soupirer d’aise et nous regarder sans honte dans la glace. Oui, nous pouvons être fiers de nous ; nous pouvons être fiers de notre générosité intersidérale, nous pouvons être fiers d’avoir accompli cette mission remarquable qui a consisté à réduire la Libye en un tas de ruine et à tuer au bas mot 30.000 personnes, sans compter les 50.000 blessés afin de délivrer les libyens de notre ex allié, promu soudain pour les besoins de la cause en ennemi du genre humain. Le tout en à peu près six mois.
Mais rassurez-vous, chers citoyens de Cochon sur Terre, nous n’avons subi aucune pertes, ce qui est bien le principal..

Vous pourrez toujours nous dire qu’il y a 50.000 morts au moins chez ces Libyens que l’ONU nous avait chargé de protéger mais ce ne sont pas des pertes ; ce ne sont que des dommages collatéraux.
Ne mélangeons pas tout, de grâce, c’est déjà assez compliqué comme çà !
Et puis nous ferons mieux la prochaine fois c’est promis : en Syrie, en Iran et partout ailleurs sur la planète où nous pourrons nous exercer à libérer tous ces peuples qui plaisent tant à nos gouvernants bien aimés. Nous nous y préparons désormais avec entrain, enhardis par ce succès merveilleux.

Voici les brillants résultats de cette victoire remarquable décrits par un ancien agent des services secrets britanniques ;

“They’ve had free education, free health, they could study abroad. When they got married they got a certain amount of money. So they were rather the envy of many other citizens of African countries. Now, of course, since NATO’s humanitarian intervention the infrastructure of their country has been bombed back to the Stone Age. They will not have the same quality of life. Women probably will not have the same degree of emancipation under any new transitional government. The national wealth is probably going to be siphoned off by Western corporations. Perhaps the standard of living in Libya might have been slightly higher than it perhaps is now in America and the UK with the recession,” she said.
(Sources : RT - 21 Octobre 2011 - Annie Machon, former MI5 agent)

Et pour couronner le tout nous venons d’apprendre cette nouvelle rafraichissante qui ne peut que réjouir tout citoyen de Cochon sur Terre qui se respecte : notre ex allié vient d’être assassiné. Son corps sanglant fût trimballé en triomphe à travers les rues de Sirte réduites en ruine et bien évidemment les photos/vidéos de cette atrocité furent propagées avec gourmandise par nos médias de désinformation adorés afin de respecter notre droit à être informé de toutes les saloperies que l’on fait en notre nom à tous.

Et puis c’est un peu plus distrayant que notre survie à Cochon sur Terre.

Mais rassurez-vous, chers citoyens de Cochon sur Terre, les malheurs de la Libye ne font que commencer. Cela nous donnera donc beaucoup d’autres raisons de nous réjouir et de nous distraire.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.


Ci-dessous quelques photos de famille sympathique à l'époque où le tyran - dictateur - monstre - suppot de satan - ennemi du genre humain, désormais assassiné démokratiquement par nos soins en reconnaissance de ses bons et loyaux services, était pourtant notre meilleur allié...




- Ah mon frère, à la vie à la mort !

- Super le contrat ! Au moins c'est rentable d'avoir été PM au bout des comptes...

- Salut Nico ! Très bien la tente et puis bien située. Je reviendrai !
- Pas de problème, t'es chez toi ici


- Hey buddy, we do have some terrorists to question but we cannot do it in USA cause we are a demokracy you know, this kind of stuff. Could you take them in Tripoli for a while in order to waterboard them for us please ? Would be very helpful buddy...
- yeah sure send them to me, not a problem, I will take care of them, do not worry... We are allies aren't we ?

dimanche 16 octobre 2011

Iran : le complot idéal ; mais à qui profite le crime ?

Battez tambours, sonnez trompettes, indignons-nous tous en choeur, réjouissons-nous solidairement de cette occasion unique, et surtout inespérée, de détourner notre regard si pur de nos pays immaculés où il n’existe aucuns problèmes à résoudre...
Tournons nous plutôt vers ces Persans sataniques qui ourdissent d’infâmes complots contre les représentants de la démokratie la plus sourcilleuse de la planète, en paire avec la Corée du Nord avouons-le, c’est-à-dire notre meilleure alliée l’Arabie Saoudite. Non seulement ces maudits Persans ourdissent des complots contre l’Ambassadeur de la très démokratique Arabie Saoudite mais en plus de tout cet atroce attentat se serait produit sur le sol de la très sainte et immaculée Union des Etats-Unis d’Amérique...

Bien entendu la Clique des Vertueux Innocents (Note 1) a aussitôt fait entendre de la voix. Tout le monde s’y est mis, y compris quelques membres du Congrès, des deux branches du parti unique bien entendu. C’est ainsi que nous avons pu prendre la mesure du consensus touchant qui unit l’oligarchie US lorsqu’il s’agit de défendre le pauvre et l’opprimé à travers la planète, sans parler de leur intransigeance absolue dés qu’il est question de MORAAALE, de droit de l’hommisme et surtout du respect de la souveraineté des états (à ce sujet voir la rubrique Irak, Libye, Afghanistan, Pakistan, Somalie, Yemen parmi beaucoup d’autres exemples... exemplaires).
Alors pas question de rigoler, chers lecteurs, c’est du sérieux. Vous pouvez ainsi être assurés que les Représentants de la Probité sur Terre (Note 2) sont prêts à tout pour défendre le droit exclusif des USA à pouvoir incarcérer qui bon leur semble sans chef d’accusation, le temps qu’ils voudront, dans un lieu qui leur convient, c’est-à-dire où on peut pratiquer sans problème des « interrogatoires non-conventionnels » pour faire avouer à des individus des crimes dont ils ne sont pas au courant (pour certains en tout cas).
De même nous pouvons faire une confiance aveugle à l’oligarchie US pour employer les moyens les plus inimaginables pour faire respecter le droit des USA à être les seuls sur terre à avoir le droit d’assassiner n’importe qui n’importe quand n’importe où, quand bon leur plaît, le tout sans aucun jugement, non seulement des citoyens étrangers (appliquant ainsi à la lettre la fameuse expression de Noam Chomsky pour qualifier l’attitude des USA vis-à-vis des autres états de la planète : « we own the world »). A noter que depuis le 30 Septembre 2011 les citoyens des USA ont désormais eux aussi le privilège envié de faire partie de tous ceux qui peuvent être mis sur la liste des individus considérés comme une « menace pour la sécurité des USA » et à ce titre ayant l’honneur de devoir être supprimés purement et simplement, sans aucun jugement ni aucune justification.
Ces ignominies équivalent d’ailleurs à supprimer le droit d’habeas Corpus (Note 3), pourtant bien inscrit dans la Constitution américaine de 1787 (section 9 article 1) comme un droit fondamental de tout citoyen américain. C’est pourquoi de nombreux américains ont déclaré que le 30 Septembre était le jour de la fin officielle de l’état de droit aux USA (rassurez-vous, chers lecteurs, la fin officieuse de l’état de droit était déjà en vigueur depuis longtemps bien que les citoyens US étaient encore un peu plus protégés que les autres ; ce n’est plus le cas depuis le 30 Septembre 2011) (Note 4).

On comprend par conséquent que la découverte du soit-disant complot d’origine iranienne visant à assassiner l’ambassadeur d‘Arabie-Saoudite à Washington ait rempli de rage (sainte bien évidemment) les représentants de l’exemplaire démokratie US. Car ce faisant l’Iran disputait aux USA leur droit exclusif (comme montré plus haut) d’assassiner quiconque s’opposerait fictivement où véritablement au droit des USA de posséder le monde entier et de traiter ce dernier comme bon leur semble.

Inutile de préciser que les preuves de ce complot sont au moins aussi crédibles que les « preuves » apportées par le régime Busch Junior pour envahir l’Irak, y compris les photos des fameux camions, sans parler des armes de destruction massive etc etc...
Nous ne reviendrons pas sur le scénario digne d’un très mauvais script d’Hollywood.
Les réactions à ces accusations furent pour le moins sceptiques, voire franchement hostiles. Une des plus intéressantes et des plus crédibles est celle d’un ancien officier de terrain de la CIA, spécialiste du Moyen-Orient et de l’Iran en particulier, qui remet en cause le script absurde de toute l’histoire en raison de sa totale inadéquation avec le professionnalisme et les méthodes habituelles employées par les services iraniens dans ce genre d’affaire qu’ils maîtrisent à la perfection.
Il résume bien l’affaire :

«Just when you think the Middle Easy couldn't get any weirder, along comes an Iranian plot to assassinate the ambassador of Saudi Arabia to Washington. The plot has was described by FBI Director Robert Muller as plucked right out of a Hollywood script — if so, it would be a truly awful Hollywood script. None of it measures up to Iran's unsurpassed skill in conducting assassinations. As for motives, there are no convincing ones (souligné par nous).
According to the Department of Justice indictment, an Iranian-American used-car salesman attempted to recruit a Mexican drug cartel to carry out the hit. Other parts of the plan included bombing the Israeli embassy in Washington, as well as the Israeli and Saudi embassies in Argentina. The Iranian was willing to pay the cartel assassins $1.5 million to murder the Saudi ambassador. But the plot came undone when the man representing himself as a cartel operative turned out to be a paid informant of the U.S. Drug Enforcement Agency (DEA). The Iranian, who confessed after his arrest, is now behind bars. The other man in the plot, a member of the Quds Force, a secretive special forces unit of the Islamic Revolutionary Guard Corps, remains at large.
(...) the Quds Force has been happy to target the United States, Israel, and Saudi Arabia. But why so sloppy in this plot when their track record so clearly reflects a deadly professionalism? (souligné par nous)
In its 30-year history of attacking the West, the Quds Force went out of its way never to be caught with a smoking gun in hand. It always used well-vetted proxies, invariably Muslim believers devoted to Khomeini's revolution. And when the operation was particularly sensitive, they gave the job to Lebanon's militant Shi'ite Hizballah, organization the Iranians themselves had founded and which has an unsurpassed record in political murder. Hizballah has cells all over the world, including in the United States. But the point of it all was that if caught — and they were, more than once — Iran still enjoyed plausible deniability, a commodity in this business worth its weight in gold. So, if this plot was genuine, why didn't the Iranians use tried and tested Hizballah networks and keep Iranian nationals, much less unknown Mexican narcos, out of it ?»
(Sources : Time - 12 Oct 2011 - Robert Baer)

Pepe Escobar lui aussi, parmi beaucoup d’autres, résume bien ce que tente de nous faire croire les très saints gouvernements US et Saoudien. C’est-à-dire qu’une organisation dont les actions n’ont jamais pu être prouvées jusqu’à aujourd’hui malgré tous les efforts de tous les services secrets occidentaux, saoudiens et israéliens, ces professionnels des complots et des assassinats auraient donc soudain changé leurs méthodes éprouvées pour faire appel à de simples amateurs inconnus d’eux pour une opération qui pourrait, si découverte, provoquer une guerre entre leur pays et les USA ?
Qui peut croire à une absurdité pareille ?

So we are asked to believe that an Iranian general asks a Dumb and Dumber relative in the US to go contract a drug cartel for a political hit - as if US intelligence would never be able to track the whole thing back to him, especially after the matter of $100,000 wired to the US, allegedly from Iran, to a guy convicted of check fraud, as the down payment for the hit.

Beyond any ideological bias, anyone who knows how professional the IRGC and the Qods force can be cannot but dismiss this as utter rubbish - especially as part of a complex international operation involving Iran, its mortal foe the US, Mexico and Saudi Arabia. By the way, Arabsiar "confessed" to all this after 12 days of non-stop interrogation (waterboarding, anyone?)
(Sources : 14 Oct 2011 - Pepe Escobar)

Si ce complot avait vraiment pour origine l’IRGC cela signifierait que cette opération démentielle et suicidaire aurait reçu l’approbation des plus hautes instances dirigeantes iraniennes puisque les services secrets iraniens, et particulièrement la Quods Force, ne font rien sans l’autorisation expresse des mollahs. Ce qui signifierait que les plus hautes instances du régime iranien aurait soudain pris le risque d’une guerre quasi certaine avec les USA et les Saoudiens alors qu’ils ont tout fait depuis des années pour l’éviter soigneusement.
Contrairement à ce que pourrait nous faire croire la presstitute, l’Iran ne veut pas la guerre et ne la recherche pas. Encore moins avec les USA. A ce propos n’oublions pas que l’armée iranienne est particulièrement faible puisqu’elle ne possède quasiment pas d’armement lourd (où alors totalement obsolète), sans parler de l’absence complète d’aviation militaire moderne. De plus le budget militaire iranien (entre $ 4 et 5 milliards en 2010) est sans commune mesure avec celui de ses voisins saoudiens ($ 45 milliards en 2010), pakistanais ($ 5.6 milliards en 2010), UAE ( $ 16 milliards en 2010) où israéliens ($ 14 milliards en 2010 sans compter le budget des troupes para-militaires). Et nous ne comparerons pas avec celui des USA évidemment.
Ce qui signifie qu’une guerre aurait des conséquences catastrophiques pour le régime iranien.

To repeat: Iran doesn’t want war with the US. Quite the reverse. President Mahmoud Ahmadinejad recently tried to refloat the Tehran Research Reactor nuclear fuel swap. He proposed that Iran suspend production of some uranium-enrichment activities in exchange for fuel supplies from the United States. On September 29 the International Herald Tribune ran an op-ed piece saying the proposal was well worth consideration by the US government. All such hopes of a warming in relations have now been snuffed out, most vigorously by Obama on Thursday, endorsing the Attorney General Holder’s wild allegations and threatening ferocious new sanctions against Iran.
(Sources : Counterpunch - 15 Oct 2011 - Alexandre Cockburn)

Par conséquent si l’on exclut que l’Iran soit impliquée dans ce montage ridicule d’assassinat contre l’Ambassadeur d’Arabie-Saoudite à Washington, nous devons nous poser la question de savoir à qui profite le crime.
Les deux suspects principaux qui nous viennent immédiatement en tête sont bien sûr :

1) Israël et ses alliés néo-cons qui demandent une attaque « préventive » contre l’Iran depuis des années. Cette affaire constituerait une opportunité rêvée pour eux de se rallier à une attaque contre l’Iran par les USA et/où les Saoudiens tout en laissant Israël en retrait puisqu’officiellement ce dernier pays ne serait pas impliqué.

2) les Saoudiens bien évidemment dont les relations avec l’Iran se sont sérieusement détériorées depuis l’invasion de l’Irak par les USA. Aujourd’hui les liens entre les deux pays ne pourraient pas être plus tendus à part le cas d’une guerre ouverte. Car nous pouvons dire sans crainte d’exagération qu’ils se livrent déjà une guerre véritable sur plusieurs fronts par proxies interposés.
- en Irak d’abord depuis l’invasion de 2003 qui a remis les shiites du pays au pouvoir à la grande fureur des saoudiens.
- dans les pays du GCC où le régime saoudien joue sa survie. Ils voient désormais l’Iran derrière tout mouvement shiite contestant le pouvoir établi où que ce soit dans la péninsule (même si c’est très loin d’être le cas). D’où leur intervention à Bahrain et leur mise sous tutelle du GCC (comme écrit dans nos posts des 18 Février, 1 et 16 Mars 2011).
- au Yemen, pays par lequel transite une grande partie du pétrole saoudien destiné à l’exportation. Ryadh voit dans l’insurrection contre ses protégés au pouvoir la main de Téhéran tout comme d’Al-Quaeda (ce qui aurait scellé le destin de Ben Laden).
- plus récemment en Syrie. Le régime est un allié que Téhéran s’efforce de soutenir tandis que les islamistes qui s’infiltrent dans le pays pour lutter contre le régime en place sont financés et armés par Ryadh. La chute du régime syrien aurait de très graves implications au Liban car cela affaiblirait certainement le Hezbollah qui aujourd’hui tient une position politique déterminante dans ce pays due en grande partie à son image dans la population de résistant implacable à Israël. En ce cas l’influence de l’Iran dans la région en pâtirait fortement.
- enfin il y a le cas de l’Egypte qui, depuis la chute de Moubarak, est vue comme oscillant dangereusement vers une politique de rapprochement avec Téhéran, où plutôt une normalisation de ses rapports avec l’Iran, au grand dam à la fois des Saoudiens comme des USA.

Ce complot miraculeux permettra désormais aux Saoudiens de se faire passer pour des victimes du régime iranien ce qui leur donnera un alibi commode, bien que vicié, pour réprimer librement toute velléité de contestation de la minorité shiite vivant à l’intérieur des frontières du royaume comme dans l’ensemble du GCC. Soit dit en passant cela permettra également aux USA de se laver les mains avec encore plus de bonne conscience (et dieu sait qu’ils en ont en réserve !) de la répression féroce du printemps arabe par leurs alliés saoudiens sous prétexte que les dites révoltes sont manigancées par le satan iranien.

Partant de là nous devons nous poser la question de savoir pourquoi on a choisi de faire sortir cette affaire en ce moment. Pourquoi maintenant et non pas il y a deux mois puisque l’on sait que l’ex sauveur de l’humanité (terme généralement utilisé pour désigner le Président Obama, prix Nobel de la Paix... sic) est au courant de l’affaire depuis le mois de Juin et que le Roi d’Arabie Saoudite lui-même fût mis au parfum courant Septembre.

Pourquoi maintenant ?

Nous ne le savons pas, chers lecteurs, nous pouvons seulement relever la troublante coïncidence entre les mouvements de contestation qui se produisent en ce moment même dans le royaume et la mise à jour de ce « complot ».
Nous pouvons aussi supposer que les nouvelles sanctions demandées par les Représentants Exclusif du Bien sur Terre (Note 5) ont pour objectif d’accroître ce qui serait perçu comme un affaiblissement du régime iranien et que cela provoquera son effondrement. Bien entendu toute opération secrète de quelque nature que ce soit (y compris de nature terroriste comme cela s’est déjà fait) sera naturellement engagée et encouragée pour accélérer tout processus spontané de révolte de la population iranienne contre ses dirigeants.

Où cela nous mènera t’il ?

Là encore, chers lecteurs, nous n’en savons rien mais nous pouvons encore noter quelques troublantes analogies avec le passé. Les deux dernières fois que les USA ont porté devant le Conseil de Sécurité des affaires de ce genre afin « d’unifier » le monde contre un ennemi public numéro un qui menaçait la paix idyllique que nous savons si bien apporter dans nos bagages, sans parler de notre démokratie exemplaire que nous exportons sur ses airs de drones et de missiles qui nous émeuvent tant (surtout lorsqu’ils tombent sur d’autres que nous...), ce fût :

1) en 2002 lorsque l’on nous fournit des preuves fabriquées sur mesure par la CIA pour nous prouver que Saddam Hussein avait des armes de destruction massive, c’est-à-dire ces armes nucléaires qui furent si bien dissimulées que nous les cherchons encore désespérément. Cela mena à l’invasion de l’Irak en 2003 et au désastre qui s’en est suivi.

2) en Février 2011 lorsque l’on tenta de nous persuader que Kadhafi était en train de commettre un « génocide » contre son peuple et qu’il était de notre devoir d’intervenir pour protéger ce dernier en dépit des dénégations des organisations comme Human WatchAmnesty International... D’ailleurs nous cherchons toujours les charniers comme preuve du génocide commis par Gadhafi. En revanche nous avons trouvé les corps de très nombreux individus exécutés des plus sommairement par nos rebelles préférés.

Hummm... Cela sent le « déjà » vu à plein nez, chers lecteurs. De là à ce que le Conseil de Sécurité se prononce pour un accroissement des sanctions (les caniches anglais et français se sont déjà empressés de japper de joie à cette idée en tirant sur leur laisse comme des fous) , voire une attaque préventive contre les installations nucléaires de ce pays (soit-disant pour l’empêcher de produire des armes nucléaires), le tout ayant pour but un changement de régime comme en Libye ; le pas risque d’être vite franchi. Et cela pourrait être d’autant plus le cas que l’aventure contre Gadhafi laisse un goût de victoire non encore entamé dans la bouche de nos dirigeants bien aimés (mais cela viendra, rassurez-vous, il y a toutes les raisons pour cela - notre post du 27.08.2011.)

Et comme tout le monde, ici à Cochon sur Terre, se fiche totalement de ce que nos gouvernements bien aimés peuvent bien faire en notre nom à tous du moment que tout cela se fasse ludiquement, pour nous divertir, avec toute la Sacro-Sainte Sécurité (Note 6) requise pour nous-mêmes, il est fort probable que toute cette opération ne rencontre aucune opposition de la part des populations de Cochon sur Terre ; nous aurons peut-être la guerre, où, plus probablement, cela servira de diversion afin de laisser les Saoudiens régler leurs problèmes tranquillement sans attirer l’attention de notre presstitute préférée ; ils pourront ainsi remettre de l’ordre dans leur arrière cour afin de nous permettre de continuer à consommer tranquillement grâce au pétrole qu’ils nous livreront sans entrave jusqu’à épuisement.

C’est pourquoi tout le monde toujours est content à cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

Note 1 - CVI : terme généralement utilisé pour désigner le très saint gouvernement des USA.

Note 2 - RPT : terme généralement utilisé pour désigner un Membre du Congrès des USA.

Note 3 - Pour mémoire le droit d’habeas corpus précise que tout individu arrêté doit être déféré dans les trois jours après son arrestation devant un juge qui décidera de la validité où non de la dite détention. En l'occurrence la majorité des prisonniers de Guatanamo sont séquestrés depuis dix ans sans avoir comparu devant un juge et sans chef d’accusation. Le soldat Bradley Manning est détenu lui aussi depuis plus d’un an, « au secret », dans des conditions plus que douteuses, sans avoir comparu devant un juge.

Note 4 - «The US Constitution requires that even the worst murderer cannot be punished until he is convicted in a court of law. When the American Civil Liberties Union challenged in federal court Obama’s assertion that he had the power to order assassinations of American citizens, the Obama Justice (sic) Department argued that Obama’s decision to have Americans murdered was an executive power beyond the reach of the judiciary. In a decision that sealed America’s fate, federal district court judge John Bates ignored the Constitution’s requirement that no person shall be deprived of life without due process of law and dismissed the case, saying that it was up to Congress to decide. Obama acted before an appeal could be heard, thus using Judge Bates’ acquiescence to establish the power and advance the transformation of the president into a Caesar that began under George W. Bush. Attorneys Glenn Greenwald and Jonathan Turley point out that Awlaki’s assassination terminated the Constitution’s restraint on the power of government. Now the US government not only can seize a US citizen and confine him in prison for the rest of his life without ever presenting evidence and obtaining a conviction, but also can have him shot down in the street or blown up by a drone.»
(Sources : 4 Octobre 2011 - Paul Craig Roberts, ancien assistant au Secrétaire du Trésor sous Ronald Reagan, ancien éditeur-associé du Wall Street Journal)

Note 5 - REBT, terme généralement utilisé pour désigner tout individu, mâle où femelle va de soi, faisant partie de l’oligarchie de Cochon sur Terre ; à ce titre, émissaire naturel du Bien sur Terre par définition.

Note 6 - SSS, terme utilisé pour désigner l'idéal de vie de tout habitant de Cochon sur Terre digne de ce nom. Cet idéal de survie poussé à son paroxysme a pour effet automatique d'aboutir à la privation totale de toute liberté individuelle digne de ce nom.
Mais comme l'a fait si justement remarquer un des plus grands démokrate du XX eme siècle, cet inoubliable bienfaiteur de l'humanité, Vladimir Illitch Lénine : " La liberté pour quoi faire ? "
En effet çà ne sert à rien puisqu'on lui préfère la SSS. A Cochon sur Terre en tout cas.

samedi 8 octobre 2011

USA : les vrais chiffres du chômage

Chers lecteurs, une fois de plus nous sommes sauvés !
Une fois encore nous avons évité le pire, nos politiciens bien-aimés nous aurons épargné l’horreur.
C’est normal ils nous gardent l’abomination en réserve... Le problème est qu’ils ne le savent pas.

En tout cas hier matin nous avons pu avoir la preuve que tout allait bien dans le pire des mondes possible.
Comment le savons-nous, pourrez-vous nous demander ?
Nous le savons grâce à nos gouvernants avisés et bien-aimés, bien sûr. Pour être plus précis nous l’avons appris grâce à la bonté inégalée de l’administration US qui nous a fourni gracieusement hier les chiffres du chômage US, calculés par elle svp.
Bien sûr ils sont inouïs !
C’est-à-dire qu’ils furent accueillis avec des transports de joie par le marché, par l’ex sauveur de l’humanité, bref par tous ceux qui ne sont pas concernés directement par les dits chiffres.
Cela dit cela ne concerne plus grand monde. Nous voulons dire ceux qui croient encore à la véracité des dits chiffres publiés par le gouvernement US. Il suffit de voir l’ampleur qu’est en train de prendre le mouvement OWS (Occupy Wall Street) aux USA, ceux qui se nomment les 99% en référence au partage des richesses dans ce même pays entre 99% de la population et le 1% restant.

Bref que nous disent les chiffres bidonnés par l’Administration ?
Eh bien il parait que l’économie US a crée 103.000 emplois le mois dernier, en attendant d’être revus à la baisse comme à chaque fois. Alors si ce n’est pas la preuve que nous sommes en pleine sortie de récession, que faudrait il pour vous convaincre, chers lecteurs ?
Hummm....
Vous nous voyez venir n’est-ce pas...
Vous avez raison.
Heureusement nous pouvons vous donner d’autres chiffres, les vrais ceux-là, ceux qui correspondent à la réalité, c’est-à-dire ceux que les gens de la rue connaissent, ceux qui font partie des 99% et dont une partie campent à Wall Street et dans plus de 147 villes à travers les USA.

1) Tout d’abord ces 103.000 créations d’emplois (en attendant leur révision à la baisse) ne permettent même pas de compenser l’augmentation du nombre de nouveaux venus sur le marché du travail dû à l’augmentation de la population.
2) Il y a plusieurs chiffres officiels du chômage aux USA :
- le U3 qui est celui donné par les médias : 9.1 %. Ce chiffre ne prend en compte que les chômeurs de moins d’un an qui n’ont pas cessé de chercher un job où qui n’ont pas un job à temps partiel pour tenter de survivre.
- le U6 comprend les chômeurs comptabilisés dans le U3 plus ceux qui ont cessé de chercher un job plus ceux qui ont un job à temps partiel. Les chiffres du U6 sont passés de 16.2% à 16.5%.
- enfin il y a le véritable chiffre du chômage tel qu’il était calculé il y a trente ans, c’est-à-dire avant d’être charcuté par les administrations Clinton et suivantes. Ce dernier prend en compte les gens du U3, du U6 et tous ceux qui sont au chômage depuis plus d’un an (qui ne sont pas pris en compte dans les deux autres calculs).
Ce mois-ci nous sommes passés donc passés de 22.8% à 23.1% de chômeurs.

Nous voilà donc bien bien loin des réjouissances officielles et de l’enthousiasme pathétique du marché pour ces « bons » chiffres.
Bienvenu dans la réalité.

NB : les chiffres délivré par les administrations US sont systématiquement vérifiés et recalculés selon des méthodes non bidouillées par John Williams dont vous pouvez visiter le site ici.

En attendant tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

lundi 3 octobre 2011

Alessio Rastani, le trader de la BBC, les psychopathes et nous...

Eh bien quelle histoire !
Quel buzz comme on dit dans notre jargon post-moderniste !
Bien entendu la Secte Pullulante des Indignés de Naissance (SPIN) n’y est pas allé de main morte ; nous avons eu droit à des cris d’orfraie, des gémissements, des pleurs, des regrets, des récriminations, des gloussements (d’indignation bien entendu) et j’en passe et des meilleurs. Bref la cacophonie de basse-cour bien connue, et bien rodée, au cours de laquelle notre volaille mediatico-economico-politico-germanopratine et compagnie s’en est donnée à coeur-joie.
Mais de quoi s’agit-il donc, nous demanderez-vous chers lecteurs ?
De cela :

http://www.youtube.com/watch?v=lqN3amj6AcE&feature=player_embedded


Voilà, chers lecteurs, vous savez tout désormais et vous avez pu constater par vous-mêmes à quel point cet individu redoutable est digne des flammes de l’enfer.
Bien entendu on a d’abord tenté de le faire passer pour un plaisantin puis pour un membre des « yes men ». Manque de chance la BBC, face à l’ampleur du scandale, a fait sa propre enquête pour savoir de quoi il retournait. Or l’individu interviewé est bel et bien un « trader ». Heureusement ce n’est qu’un petit poisson rouge, rien à voir avec les vrais requins de Wall Street où de la City. On en a donc conclu immédiatement, avec un intense soulagement, qu’il disait n’importe quoi et qu’il ignorait tout du vrai métier de « trader ».

Ceci étant éclairci, pourquoi cet interview de trois minutes a t’elle fait tant de bruit ? Pourquoi a t’elle excité tellement de gens ?
Que dit-il donc de si extraordinaire ce petit poisson rouge ?

"Les gouvernements ne dirigent pas le monde. Goldman Sachs dirige le monde. Goldman Sachs s'en fiche de ce plan de sauvetage (à propos du problème de la dette en Europe), tout comme les importants fonds spéculatifs"

Wow, quelle révélation ! Personne ne savait que les hommes de Goldman Sachs étaient les maîtres de la politique financière des USA ; personne ne savait que la plupart des Secrétaires au Trésor US sont tous des anciens de la banque ; vraiment personne, c’est une révélation qui a pris tout le monde par surprise !
A part cela il n’est pas vrai que GS se fiche du plan de sauvetage de la Grèce car ils auraient beaucoup à perdre en cas de faillite du pays (bien que cette dernière arrivera de toute manière) tout comme leurs consoeurs US comme la dégringolade du titre de Morgan Stanley Vendredi l’a démontré. Bien au contraire ils veulent tous que les Européens renflouent la Grèce afin de ne pas à avoir à verser l’argent qu’ils devraient aux banques Européennes assurées chez eux en cas de défaut de la Grèce précisément.

"J'ai une confession à faire : je vais au lit tous les soirs et je rêve d'une autre récession (...). Personnellement, j'ai rêvé de ce moment depuis trois ans".

C’est probablement la phrase qui a le plus « indigné » les honorables membres de la SPIN (Secte Pullulante des Indignés de Naissance). Quelle façon de faire ! Quelle manque de MORALE, eux qui en sont si pleins...
Il faut rapprocher cette dernière phrase de la suivante :

"La plupart des traders se fichent de savoir comment (à propos de la dette en Europe) la situation va être résolue. Notre boulot, c'est de faire de l'argent"

Voilà, tout y est désormais.
Et la SPIN est enragée à l’idée que l’on puisse se comporter d’une manière aussi égoïste ; rendez-vous compte, chers lecteurs, que ces individus, très dignes représentants de Cochon sur Terre, agissent contre les intérêts de leurs congénères au profit des leurs !
Quelle horreur !
Alors que tous nos « Indignés de Naissance » passent leur temps à ne penser et ne survivre que pour le bien et le bonheur d’autrui, leurs frères et soeurs en Cochon sur Terre ! Les mêmes qui se montrèrent si enthousiastes à l’idée d’aller bombarder le plus humanitairement possible tous ces libyens qu’il devint tout à coup de notre devoir impérieux de libérer le plus vite possible (pétrole pétrole !) alors que cela faisait trente ans qu’ils vivaient sous l’égide de notre ex-allié...

Le plus drôle c’est que tous ces « indignés de naissance » se sont empressés de chercher une explication « rationnelle » à ce comportement si peu altruiste, une explication qui aurait à la fois un air scientifique, donc assénée par un « spécialiste », et compréhensible pour tout le monde, c’est-à-dire démokratique.
Bien entendu nous l’avons trouvé, c’était à prévoir d’ailleurs tant nous sommes des gens admirables et remarquables. De plus cette explication a l’avantage de renforcer la tendance qui commence à se percevoir aujourd’hui dans toutes les strates de notre démokratie bien aimée, dans l’oligarchie aussi bien que chez le simple citoyen de Cochon sur Terre. Elle fournit à la fois une explication qui nous convient et un bouc émissaire parfait pour le désastre dans lequel nous nous sommes mis tous seuls.

Désormais « c’est la faute aux traders ».

Notez bien que ce n’est pas une trouvaille loin de là ! Cela fait déjà des siècles que l’on met tous les problèmes économiques sur le dos de ces « spéculateurs » (les spéculateurs sont aux traders ce que les mammouths sont aux éléphants), ennemis jurés du genre humain, mais dont l’existence théorique est terriblement utile en temps de crise pour épargner aux politiciens le blâme qu’ils devraient justement recevoir. Mais pas seulement les politiciens, chers lecteurs ; vous aussi, nous aussi, nous tous ! Car n’oublions pas que les promesses de nos politiciens bien aimés ne sont que les reflets de vos caprices, c’est-à-dire de vos votes, puisqu’ils font des promesses intenables à long terme afin de vous plaire pour être élus à court terme. Et c’est de cette manière que la situation économique (la situation tout court) de Cochon sur Terre s’est détériorée depuis trente ans ; c’est de cette manière que nous avons accumulé les dettes afin de pouvoir tenir les promesses qui nous furent faites par des politiciens en mal d’élections.

Or, chers lecteurs, tentons d’être honnêtes : combien d’entre vous auraient élu un politicien qui n’auraient pas fait toutes ces promesses qui ont ruiné l’état afin de vous plaire ? Combien d’entre vous élirait aujourd’hui un politicien qui vous dirait, comme Churchill en 1940 aux Anglais : je vous apporte du sang et des larmes mais nous sauverons le pays ?
Combien ?
A notre humble avis, bien peu...

Pour en revenir à notre « explication » scientifique et rationnelle, celle qui nous dédouane totalement, la voici :

Alors que la banque hélvétique UBS est empêtrée dans une affaire de fraude, une étude menée en Suisse révèle que certains traders auraient un comportement plus dangereux et manipulateur que des psychopathes. Dans le cadre d'une thèse préparée à l'école de management de l'Université de Saint-Gall, et dont Lefigaro.fr a eu la copie, Pascal Scherrer, un expert légiste, et Thomas Noll, l'un des administrateurs de la prison de Pöschwies au nord de Zurich, ont planché sur le profil de ces jeunes traders capables de miser des milliards d'euros sur les marchés financiers dans le cadre d'opérations frauduleuses.

Pour ce faire, ils ont soumis un groupe de 28 investisseurs professionnels issus de plateformes de trading sur produits dérivés, le forex et de capital investissement - à des tests d'intelligence et des simulations informatiques afin d'évaluer leur aptitude à coopérer et leur degré d'individualisme. Ont été également passés au crible leur capacité à se rebeller, leur désir de pouvoir, leur immunité au stress et à la peur. Les résultats ont été comparés à ceux d'une étude conduite auprès de 24 psychopathes hospitalisés dans des établissements hautement sécurisés en Allemagne.
(Sources : Le Figaro - 29 Septembre 2011)

Bien entendu les journaleux du Figaro, comme des autres quotidiens de désinformation, ne se posent aucune question autre que celles qu’il est de bon ton de se poser, sans parler de la désinformation qui commence avec le titre accrocheur de l’article :

Les traders sont plus fous que les psychopathes

Personne n’a jamais dit çà, en tout cas pas ceux dont ils citent les sources, c’est-à-dire le Spiegel.
De plus l’article commence par : « ... certains traders auraient un comportement plus dangereux et manipulateur que des psychopathes.»
Ce ne sont plus « les traders » de toute la planète mais «certains», nuance importante qui, apparemment, n’a pas touchée les capacités cérébrales des journaleux qui ont écrit l’article.
D’autre part lorsque l’on compare l’article du Spiegel avec celui du Figaro sur ce même sujet on note des différences inquiétantes :

"Naturally one can't characterize the traders as deranged," Noll told SPIEGEL.
(Sources : Der Spiegel - 26 Septembre 2011)

Les journaleux du Figaro traduisent la même phrase de cette manière :

«Evidemment, on ne peut pas dire que tous les traders sont dérangés», nuance Thomas Noll au journal allemand Spiegel .
(Sources : Le Figaro - 29 Septembre 2011)

Donc la désinformation débute par le titre accrocheur de l’article (dans le Figaro) : les traders (c’est à dire tous) sont plus fous que les psychopathes
Ensuite on nous dit : certains traders auraient un comportement plus dangereux etc...
Pour arriver à : on ne peut pas dire que tous les traders sont dérangés...
Conclusion : il y en a tout de même une partie qui sont complètement malades ce qui permet de tenir tous les autres pour de sérieux candidats à la psychopathie.
Or non seulement le professeur Noll n’a pas dit que tous les traders sont dérangés mais il n’a jamais dit pas non plus que certains le sont. Il affirme au contraire dans le Spiegel : « on ne peut pas dire que les traders soient dérangés », ce qui est tout à fait différent de la version du Figaro. Et là encore il faut préciser que l’on parle des traders qu’il a étudié, c’est-à-dire 28, et non pas des traders de toute la planète...
Chers lecteurs, vous qui pensez parfois que nous sommes un peu paranoïaques sur les bords (si si si ne niez pas svp), voici un exemple concret de la manière dont on peut se faire manipuler, volontairement où non d'ailleurs.

Pour en revenir à nos moutons (de Panurge bien sûr), voilà les traders assimilés de façon plus où moins voilée à des psychopathes tout en les accusant de tous les maux dont nous souffrons. Nous pouvons être certains d’ailleurs que ce n’est que le début et que ces maux pourraient s’amplifier considérablement au fur et à mesure du développement de la crise du système. Du coup les accusations contre les traders risquent de devenir de plus en plus violentes.
Mais c’est un autre sujet.
L’important c’est que nous ayons identifié les responsables du chaos ambiant et futur, les responsables uniques du désastre qui s’annonce. Nous prenons les devants afin de nous disculper en mettant à mort (symboliquement, pour le moment en tout cas, car nous sommes de bonnes gens) ces boucs émissaires parfaits.
« Parfaits » pour plusieurs raisons :

1) Gros avantage, ils gagnent plus que le smic. Par conséquent il est facile de déchaîner la colère spontanée des masses contre eux grâce au bon emploi de la démagogie la plus simpliste ; la stimulation de la jalousie et de l’envie, comme on sait si bien le faire dans notre douce patrie de Cochon sur Terre, sont en général les instruments les plus utilisés pour ce faire, bien entendu au nom de l’humanité souffrante et bla bla bla...
2) De plus ils sont une minorité ce qui a le grand avantage que l’on peut leur taper dessus sans aucune crainte de subir un contre coup de leur part.

Mais si Thomas Noll n’a jamais dit que les traders sont des psychopathes, en revanche il précise certaines caractéristiques fort intéressantes à propos de ces gens-là :

"But for example, they behaved more egotistically and were more willing to take risks than a group of psychopaths who took the same test."

Particularly shocking for Noll was the fact that the bankers weren't aiming for higher winnings than their comparison group. Instead they were more interested in achieving a competitive advantage. Instead of taking a sober and businesslike approach to reaching the highest profit, "it was most important to the traders to get more than their opponents," Noll explained. "And they spent a lot of energy trying to damage their opponents."

Using a metaphor to describe the behavior, Noll said the stockbrokers behaved as though their neighbor had the same car, "and they took after it with a baseball bat so they could look better themselves."

The researchers were unable to explain this penchant for destruction, they said.
(Sources : Der Spiegel - 26 Septembre 2011)

Ces chers traders seraient plus égotistes que des psychopathes et surtout ils se focaliseraient plus sur le fait de dépasser les résultats de leurs opposants plutôt que de faire leur boulot le mieux possible sans s’occuper de ce que font leurs homologues ; de plus ils chercheraient à porter préjudice à ces derniers en y consacrant beaucoup d’énergie qui est perdue pour l’exercice de leur métier bien sûr.

Est-ce que par hasard tout cela ne serait pas le fruit d’un esprit de compétition poussé à son paroxysme ? Où plutôt un esprit de compétitivité maladive encouragé par le système dans lequel nous survivons, façonné par des années d’endoctrinement sur des êtres qui n’ont plus d’autres liens avec autrui que par le biais de cette compétition à mort dont l’issue est interprétée par eux, et par tous autour d’eux, comme la preuve de leur supériorité où de leur infériorité ; où encore la preuve vis - vis d’eux-mêmes qu’ils sont bien vivants, ce en quoi ils ont bien tord d’ailleurs puisqu’ils ne sont que de pauvres survivants... Où encore ne seraient-ils pas l’image parfaite de ces particules élémentaires perpétuellement et exclusivement occupées à rechercher leur meilleur intérêt sans se préoccuper du bien commun ? Mais comment leur en vouloir lorsqu’on ne cesse de répéter à satiété combien nous avons tous les « droits » imaginables et inimaginables ? A ce point ces fameux « droits » ne peuvent s’exercer que contre le bien commun puisqu’il n’y a plus aucune limite à l’extension des « droits particuliers » de chacun. Nous voilà donc ainsi en plein milieu de la fameuse mêlée de tous contre tous, chacun préoccupé de prendre ce qu’il croit lui être dû depuis les commencements du monde et devant livrer bataille au monde entier pour ce faire. De plus, dans cette guerre de clones obsédés par l’égalitisme le plus fanatique, la seule manière de se sentir exister, de s’affirmer comme on dit, où encore de se distinguer, c’est d’assommer le voisin qui nous ressemble comme deux gouttes d’eau. C’est toujours la même histoire : on a la passion de l’égalité tant que nous ne sommes pas là où nous voulons être, mais dés que nous y sommes nous voulons rester seul sur les hauteurs et nous nous employons à en faire descendre tous ceux qui oseraient se hisser à notre niveau.

C’est pourquoi nous ne voyons franchement pas pourquoi ce petit trader a eu droit à tant de publicité, de criailleries et autres cris étranges. Il n’est qu’un pur produit de la société dans laquelle nous barbotons tous joyeusement, un produit peu fini, autant l’avouer, un produit peu élaboré et pour finir assez pathétique. Mais c’est un produit à l’image de notre monde en perdition, un produit qui disparaîtra avec lui.

Et nous avons deux bonnes nouvelles, chers lecteurs :

1) la première c’est que ce monde n’en n’a plus pour si longtemps que çà
2) la seconde c’est que les générations suivantes ne seront pas formatées de cette manière-là.

La question est de savoir comment elle le seront.
Cela repose en partie entre vos mains.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.