Eh bien quelle histoire !
Quel buzz comme on dit dans notre jargon post-moderniste !
Bien entendu la Secte Pullulante des Indignés de Naissance (SPIN) n’y est pas allé de main morte ; nous avons eu droit à des cris d’orfraie, des gémissements, des pleurs, des regrets, des récriminations, des gloussements (d’indignation bien entendu) et j’en passe et des meilleurs. Bref la cacophonie de basse-cour bien connue, et bien rodée, au cours de laquelle notre volaille mediatico-economico-politico-germanopratine et compagnie s’en est donnée à coeur-joie.
Mais de quoi s’agit-il donc, nous demanderez-vous chers lecteurs ?
De cela :
http://www.youtube.com/watch?v=lqN3amj6AcE&feature=player_embedded
Voilà, chers lecteurs, vous savez tout désormais et vous avez pu constater par vous-mêmes à quel point cet individu redoutable est digne des flammes de l’enfer.
Bien entendu on a d’abord tenté de le faire passer pour un plaisantin puis pour un membre des « yes men ». Manque de chance la BBC, face à l’ampleur du scandale, a fait sa propre enquête pour savoir de quoi il retournait. Or l’individu interviewé est bel et bien un « trader ». Heureusement ce n’est qu’un petit poisson rouge, rien à voir avec les vrais requins de Wall Street où de la City. On en a donc conclu immédiatement, avec un intense soulagement, qu’il disait n’importe quoi et qu’il ignorait tout du vrai métier de « trader ».
Ceci étant éclairci, pourquoi cet interview de trois minutes a t’elle fait tant de bruit ? Pourquoi a t’elle excité tellement de gens ?
Que dit-il donc de si extraordinaire ce petit poisson rouge ?
"Les gouvernements ne dirigent pas le monde. Goldman Sachs dirige le monde. Goldman Sachs s'en fiche de ce plan de sauvetage (à propos du problème de la dette en Europe), tout comme les importants fonds spéculatifs"
Wow, quelle révélation ! Personne ne savait que les hommes de Goldman Sachs étaient les maîtres de la politique financière des USA ; personne ne savait que la plupart des Secrétaires au Trésor US sont tous des anciens de la banque ; vraiment personne, c’est une révélation qui a pris tout le monde par surprise !
A part cela il n’est pas vrai que GS se fiche du plan de sauvetage de la Grèce car ils auraient beaucoup à perdre en cas de faillite du pays (bien que cette dernière arrivera de toute manière) tout comme leurs consoeurs US comme la dégringolade du titre de Morgan Stanley Vendredi l’a démontré. Bien au contraire ils veulent tous que les Européens renflouent la Grèce afin de ne pas à avoir à verser l’argent qu’ils devraient aux banques Européennes assurées chez eux en cas de défaut de la Grèce précisément.
"J'ai une confession à faire : je vais au lit tous les soirs et je rêve d'une autre récession (...). Personnellement, j'ai rêvé de ce moment depuis trois ans".
C’est probablement la phrase qui a le plus « indigné » les honorables membres de la SPIN (Secte Pullulante des Indignés de Naissance). Quelle façon de faire ! Quelle manque de MORALE, eux qui en sont si pleins...
Il faut rapprocher cette dernière phrase de la suivante :
"La plupart des traders se fichent de savoir comment (à propos de la dette en Europe) la situation va être résolue. Notre boulot, c'est de faire de l'argent"
Voilà, tout y est désormais.
Et la SPIN est enragée à l’idée que l’on puisse se comporter d’une manière aussi égoïste ; rendez-vous compte, chers lecteurs, que ces individus, très dignes représentants de Cochon sur Terre, agissent contre les intérêts de leurs congénères au profit des leurs !
Quelle horreur !
Alors que tous nos « Indignés de Naissance » passent leur temps à ne penser et ne survivre que pour le bien et le bonheur d’autrui, leurs frères et soeurs en Cochon sur Terre ! Les mêmes qui se montrèrent si enthousiastes à l’idée d’aller bombarder le plus humanitairement possible tous ces libyens qu’il devint tout à coup de notre devoir impérieux de libérer le plus vite possible (pétrole pétrole !) alors que cela faisait trente ans qu’ils vivaient sous l’égide de notre ex-allié...
Le plus drôle c’est que tous ces « indignés de naissance » se sont empressés de chercher une explication « rationnelle » à ce comportement si peu altruiste, une explication qui aurait à la fois un air scientifique, donc assénée par un « spécialiste », et compréhensible pour tout le monde, c’est-à-dire démokratique.
Bien entendu nous l’avons trouvé, c’était à prévoir d’ailleurs tant nous sommes des gens admirables et remarquables. De plus cette explication a l’avantage de renforcer la tendance qui commence à se percevoir aujourd’hui dans toutes les strates de notre démokratie bien aimée, dans l’oligarchie aussi bien que chez le simple citoyen de Cochon sur Terre. Elle fournit à la fois une explication qui nous convient et un bouc émissaire parfait pour le désastre dans lequel nous nous sommes mis tous seuls.
Désormais « c’est la faute aux traders ».
Notez bien que ce n’est pas une trouvaille loin de là ! Cela fait déjà des siècles que l’on met tous les problèmes économiques sur le dos de ces « spéculateurs » (les spéculateurs sont aux traders ce que les mammouths sont aux éléphants), ennemis jurés du genre humain, mais dont l’existence théorique est terriblement utile en temps de crise pour épargner aux politiciens le blâme qu’ils devraient justement recevoir. Mais pas seulement les politiciens, chers lecteurs ; vous aussi, nous aussi, nous tous ! Car n’oublions pas que les promesses de nos politiciens bien aimés ne sont que les reflets de vos caprices, c’est-à-dire de vos votes, puisqu’ils font des promesses intenables à long terme afin de vous plaire pour être élus à court terme. Et c’est de cette manière que la situation économique (la situation tout court) de Cochon sur Terre s’est détériorée depuis trente ans ; c’est de cette manière que nous avons accumulé les dettes afin de pouvoir tenir les promesses qui nous furent faites par des politiciens en mal d’élections.
Or, chers lecteurs, tentons d’être honnêtes : combien d’entre vous auraient élu un politicien qui n’auraient pas fait toutes ces promesses qui ont ruiné l’état afin de vous plaire ? Combien d’entre vous élirait aujourd’hui un politicien qui vous dirait, comme Churchill en 1940 aux Anglais : je vous apporte du sang et des larmes mais nous sauverons le pays ?
Combien ?
A notre humble avis, bien peu...
Pour en revenir à notre « explication » scientifique et rationnelle, celle qui nous dédouane totalement, la voici :
Alors que la banque hélvétique UBS est empêtrée dans une affaire de fraude, une étude menée en Suisse révèle que certains traders auraient un comportement plus dangereux et manipulateur que des psychopathes. Dans le cadre d'une thèse préparée à l'école de management de l'Université de Saint-Gall, et dont Lefigaro.fr a eu la copie, Pascal Scherrer, un expert légiste, et Thomas Noll, l'un des administrateurs de la prison de Pöschwies au nord de Zurich, ont planché sur le profil de ces jeunes traders capables de miser des milliards d'euros sur les marchés financiers dans le cadre d'opérations frauduleuses.
Pour ce faire, ils ont soumis un groupe de 28 investisseurs professionnels issus de plateformes de trading sur produits dérivés, le forex et de capital investissement - à des tests d'intelligence et des simulations informatiques afin d'évaluer leur aptitude à coopérer et leur degré d'individualisme. Ont été également passés au crible leur capacité à se rebeller, leur désir de pouvoir, leur immunité au stress et à la peur. Les résultats ont été comparés à ceux d'une étude conduite auprès de 24 psychopathes hospitalisés dans des établissements hautement sécurisés en Allemagne.
(Sources : Le Figaro - 29 Septembre 2011)
Bien entendu les journaleux du Figaro, comme des autres quotidiens de désinformation, ne se posent aucune question autre que celles qu’il est de bon ton de se poser, sans parler de la désinformation qui commence avec le titre accrocheur de l’article :
Les traders sont plus fous que les psychopathes
Personne n’a jamais dit çà, en tout cas pas ceux dont ils citent les sources, c’est-à-dire le Spiegel.
De plus l’article commence par : « ... certains traders auraient un comportement plus dangereux et manipulateur que des psychopathes.»
Ce ne sont plus « les traders » de toute la planète mais «certains», nuance importante qui, apparemment, n’a pas touchée les capacités cérébrales des journaleux qui ont écrit l’article.
D’autre part lorsque l’on compare l’article du Spiegel avec celui du Figaro sur ce même sujet on note des différences inquiétantes :
"Naturally one can't characterize the traders as deranged," Noll told SPIEGEL.
(Sources : Der Spiegel - 26 Septembre 2011)
Les journaleux du Figaro traduisent la même phrase de cette manière :
«Evidemment, on ne peut pas dire que tous les traders sont dérangés», nuance Thomas Noll au journal allemand Spiegel .
(Sources : Le Figaro - 29 Septembre 2011)
Donc la désinformation débute par le titre accrocheur de l’article (dans le Figaro) : les traders (c’est à dire tous) sont plus fous que les psychopathes
Ensuite on nous dit : certains traders auraient un comportement plus dangereux etc...
Pour arriver à : on ne peut pas dire que tous les traders sont dérangés...
Conclusion : il y en a tout de même une partie qui sont complètement malades ce qui permet de tenir tous les autres pour de sérieux candidats à la psychopathie.
Or non seulement le professeur Noll n’a pas dit que tous les traders sont dérangés mais il n’a jamais dit pas non plus que certains le sont. Il affirme au contraire dans le Spiegel : « on ne peut pas dire que les traders soient dérangés », ce qui est tout à fait différent de la version du Figaro. Et là encore il faut préciser que l’on parle des traders qu’il a étudié, c’est-à-dire 28, et non pas des traders de toute la planète...
Chers lecteurs, vous qui pensez parfois que nous sommes un peu paranoïaques sur les bords (si si si ne niez pas svp), voici un exemple concret de la manière dont on peut se faire manipuler, volontairement où non d'ailleurs.
Pour en revenir à nos moutons (de Panurge bien sûr), voilà les traders assimilés de façon plus où moins voilée à des psychopathes tout en les accusant de tous les maux dont nous souffrons. Nous pouvons être certains d’ailleurs que ce n’est que le début et que ces maux pourraient s’amplifier considérablement au fur et à mesure du développement de la crise du système. Du coup les accusations contre les traders risquent de devenir de plus en plus violentes.
Mais c’est un autre sujet.
L’important c’est que nous ayons identifié les responsables du chaos ambiant et futur, les responsables uniques du désastre qui s’annonce. Nous prenons les devants afin de nous disculper en mettant à mort (symboliquement, pour le moment en tout cas, car nous sommes de bonnes gens) ces boucs émissaires parfaits.
« Parfaits » pour plusieurs raisons :
1) Gros avantage, ils gagnent plus que le smic. Par conséquent il est facile de déchaîner la colère spontanée des masses contre eux grâce au bon emploi de la démagogie la plus simpliste ; la stimulation de la jalousie et de l’envie, comme on sait si bien le faire dans notre douce patrie de Cochon sur Terre, sont en général les instruments les plus utilisés pour ce faire, bien entendu au nom de l’humanité souffrante et bla bla bla...
2) De plus ils sont une minorité ce qui a le grand avantage que l’on peut leur taper dessus sans aucune crainte de subir un contre coup de leur part.
Mais si Thomas Noll n’a jamais dit que les traders sont des psychopathes, en revanche il précise certaines caractéristiques fort intéressantes à propos de ces gens-là :
"But for example, they behaved more egotistically and were more willing to take risks than a group of psychopaths who took the same test."
Particularly shocking for Noll was the fact that the bankers weren't aiming for higher winnings than their comparison group. Instead they were more interested in achieving a competitive advantage. Instead of taking a sober and businesslike approach to reaching the highest profit, "it was most important to the traders to get more than their opponents," Noll explained. "And they spent a lot of energy trying to damage their opponents."
Using a metaphor to describe the behavior, Noll said the stockbrokers behaved as though their neighbor had the same car, "and they took after it with a baseball bat so they could look better themselves."
The researchers were unable to explain this penchant for destruction, they said.
(Sources : Der Spiegel - 26 Septembre 2011)
Ces chers traders seraient plus égotistes que des psychopathes et surtout ils se focaliseraient plus sur le fait de dépasser les résultats de leurs opposants plutôt que de faire leur boulot le mieux possible sans s’occuper de ce que font leurs homologues ; de plus ils chercheraient à porter préjudice à ces derniers en y consacrant beaucoup d’énergie qui est perdue pour l’exercice de leur métier bien sûr.
Est-ce que par hasard tout cela ne serait pas le fruit d’un esprit de compétition poussé à son paroxysme ? Où plutôt un esprit de compétitivité maladive encouragé par le système dans lequel nous survivons, façonné par des années d’endoctrinement sur des êtres qui n’ont plus d’autres liens avec autrui que par le biais de cette compétition à mort dont l’issue est interprétée par eux, et par tous autour d’eux, comme la preuve de leur supériorité où de leur infériorité ; où encore la preuve vis - vis d’eux-mêmes qu’ils sont bien vivants, ce en quoi ils ont bien tord d’ailleurs puisqu’ils ne sont que de pauvres survivants... Où encore ne seraient-ils pas l’image parfaite de ces particules élémentaires perpétuellement et exclusivement occupées à rechercher leur meilleur intérêt sans se préoccuper du bien commun ? Mais comment leur en vouloir lorsqu’on ne cesse de répéter à satiété combien nous avons tous les « droits » imaginables et inimaginables ? A ce point ces fameux « droits » ne peuvent s’exercer que contre le bien commun puisqu’il n’y a plus aucune limite à l’extension des « droits particuliers » de chacun. Nous voilà donc ainsi en plein milieu de la fameuse mêlée de tous contre tous, chacun préoccupé de prendre ce qu’il croit lui être dû depuis les commencements du monde et devant livrer bataille au monde entier pour ce faire. De plus, dans cette guerre de clones obsédés par l’égalitisme le plus fanatique, la seule manière de se sentir exister, de s’affirmer comme on dit, où encore de se distinguer, c’est d’assommer le voisin qui nous ressemble comme deux gouttes d’eau. C’est toujours la même histoire : on a la passion de l’égalité tant que nous ne sommes pas là où nous voulons être, mais dés que nous y sommes nous voulons rester seul sur les hauteurs et nous nous employons à en faire descendre tous ceux qui oseraient se hisser à notre niveau.
C’est pourquoi nous ne voyons franchement pas pourquoi ce petit trader a eu droit à tant de publicité, de criailleries et autres cris étranges. Il n’est qu’un pur produit de la société dans laquelle nous barbotons tous joyeusement, un produit peu fini, autant l’avouer, un produit peu élaboré et pour finir assez pathétique. Mais c’est un produit à l’image de notre monde en perdition, un produit qui disparaîtra avec lui.
Et nous avons deux bonnes nouvelles, chers lecteurs :
1) la première c’est que ce monde n’en n’a plus pour si longtemps que çà
2) la seconde c’est que les générations suivantes ne seront pas formatées de cette manière-là.
La question est de savoir comment elle le seront.
Cela repose en partie entre vos mains.
Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.
Quel buzz comme on dit dans notre jargon post-moderniste !
Bien entendu la Secte Pullulante des Indignés de Naissance (SPIN) n’y est pas allé de main morte ; nous avons eu droit à des cris d’orfraie, des gémissements, des pleurs, des regrets, des récriminations, des gloussements (d’indignation bien entendu) et j’en passe et des meilleurs. Bref la cacophonie de basse-cour bien connue, et bien rodée, au cours de laquelle notre volaille mediatico-economico-politico-germanopratine et compagnie s’en est donnée à coeur-joie.
Mais de quoi s’agit-il donc, nous demanderez-vous chers lecteurs ?
De cela :
http://www.youtube.com/watch?v=lqN3amj6AcE&feature=player_embedded
Voilà, chers lecteurs, vous savez tout désormais et vous avez pu constater par vous-mêmes à quel point cet individu redoutable est digne des flammes de l’enfer.
Bien entendu on a d’abord tenté de le faire passer pour un plaisantin puis pour un membre des « yes men ». Manque de chance la BBC, face à l’ampleur du scandale, a fait sa propre enquête pour savoir de quoi il retournait. Or l’individu interviewé est bel et bien un « trader ». Heureusement ce n’est qu’un petit poisson rouge, rien à voir avec les vrais requins de Wall Street où de la City. On en a donc conclu immédiatement, avec un intense soulagement, qu’il disait n’importe quoi et qu’il ignorait tout du vrai métier de « trader ».
Ceci étant éclairci, pourquoi cet interview de trois minutes a t’elle fait tant de bruit ? Pourquoi a t’elle excité tellement de gens ?
Que dit-il donc de si extraordinaire ce petit poisson rouge ?
"Les gouvernements ne dirigent pas le monde. Goldman Sachs dirige le monde. Goldman Sachs s'en fiche de ce plan de sauvetage (à propos du problème de la dette en Europe), tout comme les importants fonds spéculatifs"
Wow, quelle révélation ! Personne ne savait que les hommes de Goldman Sachs étaient les maîtres de la politique financière des USA ; personne ne savait que la plupart des Secrétaires au Trésor US sont tous des anciens de la banque ; vraiment personne, c’est une révélation qui a pris tout le monde par surprise !
A part cela il n’est pas vrai que GS se fiche du plan de sauvetage de la Grèce car ils auraient beaucoup à perdre en cas de faillite du pays (bien que cette dernière arrivera de toute manière) tout comme leurs consoeurs US comme la dégringolade du titre de Morgan Stanley Vendredi l’a démontré. Bien au contraire ils veulent tous que les Européens renflouent la Grèce afin de ne pas à avoir à verser l’argent qu’ils devraient aux banques Européennes assurées chez eux en cas de défaut de la Grèce précisément.
"J'ai une confession à faire : je vais au lit tous les soirs et je rêve d'une autre récession (...). Personnellement, j'ai rêvé de ce moment depuis trois ans".
C’est probablement la phrase qui a le plus « indigné » les honorables membres de la SPIN (Secte Pullulante des Indignés de Naissance). Quelle façon de faire ! Quelle manque de MORALE, eux qui en sont si pleins...
Il faut rapprocher cette dernière phrase de la suivante :
"La plupart des traders se fichent de savoir comment (à propos de la dette en Europe) la situation va être résolue. Notre boulot, c'est de faire de l'argent"
Voilà, tout y est désormais.
Et la SPIN est enragée à l’idée que l’on puisse se comporter d’une manière aussi égoïste ; rendez-vous compte, chers lecteurs, que ces individus, très dignes représentants de Cochon sur Terre, agissent contre les intérêts de leurs congénères au profit des leurs !
Quelle horreur !
Alors que tous nos « Indignés de Naissance » passent leur temps à ne penser et ne survivre que pour le bien et le bonheur d’autrui, leurs frères et soeurs en Cochon sur Terre ! Les mêmes qui se montrèrent si enthousiastes à l’idée d’aller bombarder le plus humanitairement possible tous ces libyens qu’il devint tout à coup de notre devoir impérieux de libérer le plus vite possible (pétrole pétrole !) alors que cela faisait trente ans qu’ils vivaient sous l’égide de notre ex-allié...
Le plus drôle c’est que tous ces « indignés de naissance » se sont empressés de chercher une explication « rationnelle » à ce comportement si peu altruiste, une explication qui aurait à la fois un air scientifique, donc assénée par un « spécialiste », et compréhensible pour tout le monde, c’est-à-dire démokratique.
Bien entendu nous l’avons trouvé, c’était à prévoir d’ailleurs tant nous sommes des gens admirables et remarquables. De plus cette explication a l’avantage de renforcer la tendance qui commence à se percevoir aujourd’hui dans toutes les strates de notre démokratie bien aimée, dans l’oligarchie aussi bien que chez le simple citoyen de Cochon sur Terre. Elle fournit à la fois une explication qui nous convient et un bouc émissaire parfait pour le désastre dans lequel nous nous sommes mis tous seuls.
Désormais « c’est la faute aux traders ».
Notez bien que ce n’est pas une trouvaille loin de là ! Cela fait déjà des siècles que l’on met tous les problèmes économiques sur le dos de ces « spéculateurs » (les spéculateurs sont aux traders ce que les mammouths sont aux éléphants), ennemis jurés du genre humain, mais dont l’existence théorique est terriblement utile en temps de crise pour épargner aux politiciens le blâme qu’ils devraient justement recevoir. Mais pas seulement les politiciens, chers lecteurs ; vous aussi, nous aussi, nous tous ! Car n’oublions pas que les promesses de nos politiciens bien aimés ne sont que les reflets de vos caprices, c’est-à-dire de vos votes, puisqu’ils font des promesses intenables à long terme afin de vous plaire pour être élus à court terme. Et c’est de cette manière que la situation économique (la situation tout court) de Cochon sur Terre s’est détériorée depuis trente ans ; c’est de cette manière que nous avons accumulé les dettes afin de pouvoir tenir les promesses qui nous furent faites par des politiciens en mal d’élections.
Or, chers lecteurs, tentons d’être honnêtes : combien d’entre vous auraient élu un politicien qui n’auraient pas fait toutes ces promesses qui ont ruiné l’état afin de vous plaire ? Combien d’entre vous élirait aujourd’hui un politicien qui vous dirait, comme Churchill en 1940 aux Anglais : je vous apporte du sang et des larmes mais nous sauverons le pays ?
Combien ?
A notre humble avis, bien peu...
Pour en revenir à notre « explication » scientifique et rationnelle, celle qui nous dédouane totalement, la voici :
Alors que la banque hélvétique UBS est empêtrée dans une affaire de fraude, une étude menée en Suisse révèle que certains traders auraient un comportement plus dangereux et manipulateur que des psychopathes. Dans le cadre d'une thèse préparée à l'école de management de l'Université de Saint-Gall, et dont Lefigaro.fr a eu la copie, Pascal Scherrer, un expert légiste, et Thomas Noll, l'un des administrateurs de la prison de Pöschwies au nord de Zurich, ont planché sur le profil de ces jeunes traders capables de miser des milliards d'euros sur les marchés financiers dans le cadre d'opérations frauduleuses.
Pour ce faire, ils ont soumis un groupe de 28 investisseurs professionnels issus de plateformes de trading sur produits dérivés, le forex et de capital investissement - à des tests d'intelligence et des simulations informatiques afin d'évaluer leur aptitude à coopérer et leur degré d'individualisme. Ont été également passés au crible leur capacité à se rebeller, leur désir de pouvoir, leur immunité au stress et à la peur. Les résultats ont été comparés à ceux d'une étude conduite auprès de 24 psychopathes hospitalisés dans des établissements hautement sécurisés en Allemagne.
(Sources : Le Figaro - 29 Septembre 2011)
Bien entendu les journaleux du Figaro, comme des autres quotidiens de désinformation, ne se posent aucune question autre que celles qu’il est de bon ton de se poser, sans parler de la désinformation qui commence avec le titre accrocheur de l’article :
Les traders sont plus fous que les psychopathes
Personne n’a jamais dit çà, en tout cas pas ceux dont ils citent les sources, c’est-à-dire le Spiegel.
De plus l’article commence par : « ... certains traders auraient un comportement plus dangereux et manipulateur que des psychopathes.»
Ce ne sont plus « les traders » de toute la planète mais «certains», nuance importante qui, apparemment, n’a pas touchée les capacités cérébrales des journaleux qui ont écrit l’article.
D’autre part lorsque l’on compare l’article du Spiegel avec celui du Figaro sur ce même sujet on note des différences inquiétantes :
"Naturally one can't characterize the traders as deranged," Noll told SPIEGEL.
(Sources : Der Spiegel - 26 Septembre 2011)
Les journaleux du Figaro traduisent la même phrase de cette manière :
«Evidemment, on ne peut pas dire que tous les traders sont dérangés», nuance Thomas Noll au journal allemand Spiegel .
(Sources : Le Figaro - 29 Septembre 2011)
Donc la désinformation débute par le titre accrocheur de l’article (dans le Figaro) : les traders (c’est à dire tous) sont plus fous que les psychopathes
Ensuite on nous dit : certains traders auraient un comportement plus dangereux etc...
Pour arriver à : on ne peut pas dire que tous les traders sont dérangés...
Conclusion : il y en a tout de même une partie qui sont complètement malades ce qui permet de tenir tous les autres pour de sérieux candidats à la psychopathie.
Or non seulement le professeur Noll n’a pas dit que tous les traders sont dérangés mais il n’a jamais dit pas non plus que certains le sont. Il affirme au contraire dans le Spiegel : « on ne peut pas dire que les traders soient dérangés », ce qui est tout à fait différent de la version du Figaro. Et là encore il faut préciser que l’on parle des traders qu’il a étudié, c’est-à-dire 28, et non pas des traders de toute la planète...
Chers lecteurs, vous qui pensez parfois que nous sommes un peu paranoïaques sur les bords (si si si ne niez pas svp), voici un exemple concret de la manière dont on peut se faire manipuler, volontairement où non d'ailleurs.
Pour en revenir à nos moutons (de Panurge bien sûr), voilà les traders assimilés de façon plus où moins voilée à des psychopathes tout en les accusant de tous les maux dont nous souffrons. Nous pouvons être certains d’ailleurs que ce n’est que le début et que ces maux pourraient s’amplifier considérablement au fur et à mesure du développement de la crise du système. Du coup les accusations contre les traders risquent de devenir de plus en plus violentes.
Mais c’est un autre sujet.
L’important c’est que nous ayons identifié les responsables du chaos ambiant et futur, les responsables uniques du désastre qui s’annonce. Nous prenons les devants afin de nous disculper en mettant à mort (symboliquement, pour le moment en tout cas, car nous sommes de bonnes gens) ces boucs émissaires parfaits.
« Parfaits » pour plusieurs raisons :
1) Gros avantage, ils gagnent plus que le smic. Par conséquent il est facile de déchaîner la colère spontanée des masses contre eux grâce au bon emploi de la démagogie la plus simpliste ; la stimulation de la jalousie et de l’envie, comme on sait si bien le faire dans notre douce patrie de Cochon sur Terre, sont en général les instruments les plus utilisés pour ce faire, bien entendu au nom de l’humanité souffrante et bla bla bla...
2) De plus ils sont une minorité ce qui a le grand avantage que l’on peut leur taper dessus sans aucune crainte de subir un contre coup de leur part.
Mais si Thomas Noll n’a jamais dit que les traders sont des psychopathes, en revanche il précise certaines caractéristiques fort intéressantes à propos de ces gens-là :
"But for example, they behaved more egotistically and were more willing to take risks than a group of psychopaths who took the same test."
Particularly shocking for Noll was the fact that the bankers weren't aiming for higher winnings than their comparison group. Instead they were more interested in achieving a competitive advantage. Instead of taking a sober and businesslike approach to reaching the highest profit, "it was most important to the traders to get more than their opponents," Noll explained. "And they spent a lot of energy trying to damage their opponents."
Using a metaphor to describe the behavior, Noll said the stockbrokers behaved as though their neighbor had the same car, "and they took after it with a baseball bat so they could look better themselves."
The researchers were unable to explain this penchant for destruction, they said.
(Sources : Der Spiegel - 26 Septembre 2011)
Ces chers traders seraient plus égotistes que des psychopathes et surtout ils se focaliseraient plus sur le fait de dépasser les résultats de leurs opposants plutôt que de faire leur boulot le mieux possible sans s’occuper de ce que font leurs homologues ; de plus ils chercheraient à porter préjudice à ces derniers en y consacrant beaucoup d’énergie qui est perdue pour l’exercice de leur métier bien sûr.
Est-ce que par hasard tout cela ne serait pas le fruit d’un esprit de compétition poussé à son paroxysme ? Où plutôt un esprit de compétitivité maladive encouragé par le système dans lequel nous survivons, façonné par des années d’endoctrinement sur des êtres qui n’ont plus d’autres liens avec autrui que par le biais de cette compétition à mort dont l’issue est interprétée par eux, et par tous autour d’eux, comme la preuve de leur supériorité où de leur infériorité ; où encore la preuve vis - vis d’eux-mêmes qu’ils sont bien vivants, ce en quoi ils ont bien tord d’ailleurs puisqu’ils ne sont que de pauvres survivants... Où encore ne seraient-ils pas l’image parfaite de ces particules élémentaires perpétuellement et exclusivement occupées à rechercher leur meilleur intérêt sans se préoccuper du bien commun ? Mais comment leur en vouloir lorsqu’on ne cesse de répéter à satiété combien nous avons tous les « droits » imaginables et inimaginables ? A ce point ces fameux « droits » ne peuvent s’exercer que contre le bien commun puisqu’il n’y a plus aucune limite à l’extension des « droits particuliers » de chacun. Nous voilà donc ainsi en plein milieu de la fameuse mêlée de tous contre tous, chacun préoccupé de prendre ce qu’il croit lui être dû depuis les commencements du monde et devant livrer bataille au monde entier pour ce faire. De plus, dans cette guerre de clones obsédés par l’égalitisme le plus fanatique, la seule manière de se sentir exister, de s’affirmer comme on dit, où encore de se distinguer, c’est d’assommer le voisin qui nous ressemble comme deux gouttes d’eau. C’est toujours la même histoire : on a la passion de l’égalité tant que nous ne sommes pas là où nous voulons être, mais dés que nous y sommes nous voulons rester seul sur les hauteurs et nous nous employons à en faire descendre tous ceux qui oseraient se hisser à notre niveau.
C’est pourquoi nous ne voyons franchement pas pourquoi ce petit trader a eu droit à tant de publicité, de criailleries et autres cris étranges. Il n’est qu’un pur produit de la société dans laquelle nous barbotons tous joyeusement, un produit peu fini, autant l’avouer, un produit peu élaboré et pour finir assez pathétique. Mais c’est un produit à l’image de notre monde en perdition, un produit qui disparaîtra avec lui.
Et nous avons deux bonnes nouvelles, chers lecteurs :
1) la première c’est que ce monde n’en n’a plus pour si longtemps que çà
2) la seconde c’est que les générations suivantes ne seront pas formatées de cette manière-là.
La question est de savoir comment elle le seront.
Cela repose en partie entre vos mains.
Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.
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