dimanche 28 novembre 2010

Bankrun2010 : en prendrons-nous le risque ?

Chers lecteurs fidèles de la Chronique de Cochon sur Terre nous vous recommandons vivement de vous rendre sans attendre sur le site suivant :

www.bankrun2010.com

puis sur le blog ci-après :

http://stopbanque.blogspot.com

Nous vous prions de faire suivre le plus largement possible ces deux adresses afin que ce mouvement se fasse connaître rapidement et qu’on en parle comme il le mérite.

Oui, cher lecteur, nous savons.
Nous savons que vous nous soupçonnez de nous prendre en flagrant délire d’enthousiasme. Eh bien vous avez raison, inutile de vous le cacher, cher perspicace lecteur. Mais avouez tout de même qu’il y a de quoi, non !
Premièrement la rapidité avec laquelle s’est répandu ce mouvement est proprement stupéfiante, via internet naturellement, décidément la seule voie par laquelle la véritable opposition au système peut se faire entendre. En revanche motus et gueule cousue dans tous nos chers médias de désinformation, à l’exception de quelques-uns, très rares, qui ne se privèrent pas de tourner en dérision ce mouvement. Une fois encore ils montrent et leur absence totale de psychologie et leur déconnection complète de la société dans laquelle ils se trouvent. De toute manière nous n’avons pas besoin de ces gens-là, laissons-les à leurs petits ragots de bas-étage puisque que nous, nous avons beaucoup à mieux faire.
Cette vitesse à laquelle s’est répandu ce mouvement nous parait très symptomatique de l’état dans lequel se trouvent nos sociétés et bien sûr révélateur ô combien de l’illégitimité dans laquelle sont tombés nos soit-disant représentants en général, et ce quel que soit le pays, en Europe où aux USA. A raison d’ailleurs vous le savez bien. Ce qui risque de devenir passionnant, et c’est à surveiller attentivement, c’est ce qui découlera de ce mouvement. Cela s’arrêtera t’il après le 7 décembre où au contraire cela lui donnera t’il un regain de force en lui amenant un surcroît de sympathisants et donc un développement exponentiel ? Nous n’en savons rien bien sûr mais nous savons en revanche que quel que soit l’issue de la journée du 7 décembre cette dernière aura des conséquences.

Pourquoi ?

Probablement parce-que tout à coup le mécontentement des populations, une fureur contenue jusqu’à présent en raison de l’inexistence de moyens permettant de l'extérioriser, soudain donc la colère semble être en train de se cristalliser à travers un medium qui lui permet de se faire entendre autrement qu’en réaction négative ; car cette fois le sujet de rassemblement est très populaire et largement partagé. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il provoqua un tel engouement à travers toute l’Europe sans quoi il n’aurait jamais eu l’écho qu’il a immédiatement rencontré. On pourra toujours nous dire que ce mécontentement s’était déjà fait entendre lors du référendum pour la constitution européenne par exemple (on sait ce que cela a donné...), où plus récemment lors des manifestations contre les retraites, qui était plus une manifestation de colère contre la classe politique que contre la réforme proprement dite. Non, aujourd’hui c’est différent car pour la première fois c’est une initiative qui n’est pas lancée par nos gouvernants bien-aimés ; pour la première fois c’est une manifestation qui vient directement de la base sans être encadrée par les gardiens du temple, comme les syndicats par exemple. En cela ce mouvement s’apparente à celui du Tea Party qui est lui aussi un mouvement de ras-le-bol populaire déconnecté du pouvoir et des partis en place, même si ces derniers tentent par tous les moyens de le récupérer.

De ce fait, c’est-à-dire parce-que cette initiative n’a pas pour origine un apparatchik quelconque déguisé en rebelle, il se pourrait bien que pour la première fois ce mouvement puisse donner naissance à une vague de contestation beaucoup plus ample que ce que l’on aura pu voir auparavant. Il serait tout à fait envisageable que si cette journée du 7 Décembre réussissait quelque peu que ce soit, eh bien il se pourrait bien que cela ouvre la boite de Pandore à toutes les frustrations et les peurs contenues depuis quelques années en raison de l’impossibilité de se faire entendre. Du coup il est très possible que les revendications dépassent soudain largement le problème des banques et peut-être même ne débordent tout le monde en un flot totalement incontrôlé, y compris les organisateurs, déjà très surpris de la réponse à leur initiative. Car ce «Bankrun2010» pourrait soudain faire prendre conscience à vous et nous que l’on n’est pas si seul à être mécontent. Et c’est d’autant plus attractif qu’il reste pour le moment complètement déconnecté des partis politiques, des syndicats où autres professionnels de la majorité (gauche et droite bien entendu). Car c’est bien cela la réalité : jusqu’à présent il n’y avait pas d’opposition ni au système en place ni aux partis qui se partagent le pouvoir et qui mènent la même politique depuis des décennies. Par conséquent pour tous ceux qui se sentaient en opposition au régime où au système il n’y avait aucun moyen de se faire entendre à l’exception d'événements comme ceux cités plus haut. Mais ce n’étaient que des occasions de voter « contre », jamais « pour », et uniquement sur des sujets imposés et non pas choisis.

Aujourd’hui c’est différent donc. Pour la première fois depuis des décennies il y aurait peut-être une possibilité pour tous les opposants au système non seulement de se faire entendre mais d’émettre des idées qui ne soient pas les mêmes rengaines éternellement rabâchées par le parti au pouvoir (gauche et droite c’est la même chose). C’est pourquoi nous avons souvent souligné ici à la Chronique de Cochon sur Terre à quel point les écologistes avaient trahi leur propre cause. Car ces derniers devraient être de véritables opposants au système par essence pourrions-nous dire, ce qui ne veut pas dire qu’ils devraient être les seuls, bien au contraire. Mais depuis qu’ils se sont fait noyautés par les gauchistes et les lobbys des grandes industries ils sont devenus des instruments au service de nos gouvernants bien-aimés.

Instruits de cet exemple il est bien évident qu’il est absolument impératif que «Bankrun2010», s’il est destiné à devenir ce qu’il pourrait être, c’est-à-dire beaucoup plus qu’un simple mouvement de citoyens en colère contre leurs establishments respectifs, politiques et économiques, mais plutôt une révolte populaire contre le système, il est indispensable donc qu’il reste en dehors de toute affiliation à un mouvement politique quelconque, quel qu’il soit ; il est essentiel qu’il se distingue absolument de tout affiliation de gauche où de droite ; il est vital qu’il ne devienne JAMAIS un parti.
En somme il faut qu’il devienne une mouvance irrécupérable par l’establishment, délocalisée, sans structure véritable. Il faut éviter à tout prix que ce mouvement ne retombe prisonnier des idéologies dont on a vu au cours du siècle précédent ce qu’elles ont donné comme brillants résultats, et encore moins d’idéologies nouvelles bien entendu.

Comme nous le disions dans notre dernier post il faut rester à l’écoute du monde qui vient. Ce mouvement, qu’il réussisse où non, c’est le monde qui vient. S’il meurt après le 7 Décembre sans être parvenu à survivre il aura au moins montré la voie en entrebâillant la porte de la contestation du système lui-même. Pour l’heure que chacun d’entre nous fasse en sorte que « Bankrun2010 » réussisse ; faisons en sorte qu’il provoque une grande vague d’enthousiasme à travers l’Europe ; mais pour ce faire il faut que chacun d’entre nous y contribue.

Ne vous y trompez pas, cher lecteur : l’enjeu véritable de « Bankrun010 », celui qui devrait sous-tendre tout mouvement d’opposition véritable au système, c’est la reconquête de nos libertés abandonnées par nos soins à l’Etat depuis deux siècles. Mais il ne peut y avoir de liberté sans être pleinement responsable de soi-même, de ses actes et de leurs conséquences ; il ne peut y avoir de responsabilité sans faire de choix ; enfin, faire un choix c’est toujours prendre un risque. On ne peut être libre que si nous en prenons le risque. Or c’est précisément ce que nos gouvernants bien-aimés nous refusent obstinément, avec la complicité enthousiaste du plus grand nombre, en nous emmaillotant toujours plus dans les rets de leur idéologie du tout-sécuritaire ; se faisant on nous retire toute responsabilité et par conséquent toute liberté.

«Bankrun2010» nous offre pour la première fois de renverser cette tendance. La question est de savoir si nous voudrons bien en prendre le risque ?

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

mercredi 24 novembre 2010

PIGS, UK, USA, Japon et autres : super soldes pour cause de fermeture définitive !

Oserons-nous vous l’avouer cher lecteur ?
Vous nous connaissez suffisamment pour savoir que nous répondrons à l’image de certains autres : « yes we can ». La différence est que nous le ferons vraiment.
En effet nous ne pouvons nous résoudre à vous cacher que nous sommes émerveillés, et cela de façon exponentielle, par le spectacle de Cochon sur Terre se débattant dans sa bauge. Eh oui, cher lecteur, qui l’eût cru ? A nos yeux ce spectacle commence à tenir du prodige ; plus ce dernier se développe en de multiples ramifications de plus en plus enchevêtrées les unes dans les autres, toutes plus contradictoires les unes que les autres, toutes finissant toujours immanquablement de manière grotesque, bref plus cela dure plus nous nous demandons s’il y aura une fin à tout ce cirque fascinant ; un prodige de grotesque empilé sur une montagne de ridicule le tout empaqueté dans l’infantilisme le plus sordide... Autant vous le dire, cher lecteur, nous en serions presque ensorcelés ; non, décidément, nous ne pouvons plus nous détacher du spectacle de plus en plus extravagant que nous offre si généreusement Cochon sur Terre. Nous en venons même à penser que nous pourrions être reconnaissants à tous ces pitres de nous distraire autant ; malheureusement c’est à leur corps défendant et nous ne pouvons donc pas les remercier des bons moments qu’ils nous donnent puisqu’ils ne le font pas exprès. Bien au contraire, s’ils savaient qu’ils nous distraient tant ils seraient furieux et horriblement vexés.
Car n’oubliez pas, cher lecteur, qu’un bipède qui se prend au sérieux est un des signes les plus infaillibles pour reconnaître un citoyen de Cochon sur Terre.

L’Irlande n’est donc pas en faillite, qu’on se le dise.

Le « tigre celtique », le pays que tout le monde avait coutume de citer en exemple au temps de la gloire de Cochon sur Terre, lorsqu’il fallait une preuve bien concrète pour nous mettre le nez dans notre ringardise pathétique, notre frilosité tragique de « pays vieux » qui ne se « bougeait » pas assez ; bref, dés qu’il fallait s’auto-critiquer l’Irlande nous servait de modèle. Le « tigre celtique » avait tout bon et nous avions tout faux. Dubaï également était un contre-exemple de choix sans parler de l’Angleterre sous le règne idyllique de Tony le va-t’en-Blair. Ceux-là nous étaient fourrés sous le nez toutes les fois qu’il s’agissait de nous faire honte de notre « immobilisme » criminel...
Nous en fûmes presque assommés !
Nous ne fûmes pas les seuls apparemment.

Car aujourd’hui le « tigre celtique » gît à terre, la langue pendante, un peu blanche parait-il, couché sur le dos, les pattes en croix, anéanti. On va bientôt lui faire la peau semble t’il. Heureusement pour lui, le commerce des peaux de tigre est interdit, notamment par l’Union Européenne et le FMI qui se sont tout à coup découvert un amour des bêtes des plus touchant. Cela dit ce ne sont pas les seuls car l’Allemagne et la Grande-Bretagne se sont tout à coup trouvés une passion telle pour les tigres en voie de disparition pour cause de noyade financière que ces deux pays sont prêts à passer à la caisse ! C’est dire l’étendue de cette soudaine passion réellement toute neuve !
Car souvenez-vous, cher lecteur, qu’il y a à peine quelques mois de cela, lors de la tragi-comédie grecque, la Grande-Bretagne avait refusé hautement de participer à un quelconque plan de sauvetage que ce soit et ce pays avait également ignoré dédaigneusement le plan mirifique de l’UE destiné à sauver du désastre tout pays européen un peu plus nécessiteux que d’habitude. Quant à l’Allemagne, que de supplications il fallut pour lui faire accepter de renflouer la Grèce et de participer au plan de soutien aux pays en voie de noyade financière !

Eh bien curieusement, cher lecteur, aujourd’hui ces deux récalcitrants non seulement sont montés au créneau pour sauver la peau du tigre irlandais mais en plus ils fulminent de fureur face aux réactions pour le moins sans enthousiasme des irlandais eux-mêmes qui menaçaient de refuser toute aide d’où qu’elle vienne il y a encore quelques jours de cela ; ils n’en n’avaient pas besoin, argumentaient-ils ; de plus d’autres Irlandais se récrient d’indignation face à ce qu’ils voient comme un abandon inacceptable de leur souveraineté nationale au cas où ce qu’ils voient comme les oukases de l’UE et du FMI serait acceptés en échange du bel et bon argent fraîchement imprimé pour la circonstance qui permettrait, parait-il, au système bancaire irlandais de ne pas s’effondrer lamentablement dans la poussière des chantiers de construction arrêtés pour cause de crise immobilière précisément.
Le plus comique c’est que les mêmes qui s’indignent aujourd’hui contre un abandon de souveraineté n’ont jamais bronché lorsqu’il s’agissait d’ingurgiter avec voracité les sommes énormes reçues de l’UE pendant de longues années ; cette manne, à notre connaissance, n’a jamais provoqué de problème de conscience quant à une éventuelle atteinte à la souveraineté nationale, sans parler d’honneur et encore moins de fierté évidemment puisque, comme vous le savez, cher lecteur, la fierté est un attribut indispensable de tout citoyen de Cochon sur Terre. Vous ne pouvez d’ailleurs pas ouvrir un journal de désinformation à Cochon sur Terre sans apprendre à quel point tout le monde est fier de tout et n’importe quoi ; c’est-à-dire à quel point tout le monde est fier d’être un citoyen de Cochon sur Terre, le meilleur des mondes (vous connaissez cela...).

Il y a quelques jours donc l’Irlande était en faillite mais n’avait pas besoin d’argent ; rien que de très logique. Changement de ton depuis Dimanche soir : les Irlandais ne sont pas en faillite mais ont besoin d’argent.
Car ces derniers ont finalement accepté une petite obole de l’UE et du FMI d’à peu près € 70-90 milliards, uniquement pour faire plaisir aux prêteurs et leur permettre ainsi de mieux dormir la nuit bien entendu. Car le gouvernement Irlandais insiste lourdement pour que le monde entier sache bien qu’ils ne sont pas du tout en faillite ; non, ils ont juste besoin très temporairement d’un fond de trésorerie des plus minime.
Etonnant ?
En réalité non. Si le gouvernement irlandais a refusé de demander officiellement des prêts à l’UE depuis une semaine, une des raisons serait qu’il s’agissait pour lui de créer une situation intenable pour les autres pays à risque de l’UE (Portugal et Espagne) en faisant monter leurs taux de financement sur les marchés. Ce pari aurait permis aux Irlandais d’arriver finalement à la table des négociations en position de force et de pouvoir se permettre de ne pas accepter toutes les exigences d’une UE et d’un FMI paniqués à l’idée que la crise irlandaise ne se répande à tous les PIGS. C’est ainsi que, semble t’il, les Irlandais sauvèrent leur taux d’imposition sur les sociétés à 12,5% (pour combien de temps ?) alors que de nombreux membres de l’UE voulaient le voir relever à cette occasion, à commencer par la France et l’Allemagne. Ce serait donc par ce stratagème que les Irlandais obtinrent de leurs créditeurs des conditions plus souples que s’ils avaient demandé de l’aide sans autre.

Ceci dit cher lecteur, ne vous y trompez pas svp ; vous avez parfaitement compris que la situation n’est pas grave du tout puisqu’il ne s’agit absolument pas d’un problème de dette mais d’un problème très passager de liquidité. Alors vous voyez bien qu’il n’y a pas de quoi paniquer, et encore moins de s’affoler... Un malencontreux problème infinitésimal de liquidité, un peu comme celui que les banques US ont connu en Septembre 2008. Avouez qu’il n’y a franchement pas de quoi en faire une montagne, surtout que deux ans après ce problème passager toutes les banques US, anglaises et compagnie se trouvent dans une situation financière idyllique et que la reprise tant espérée nous a déjà montré de quel bois elle se chauffait. A noter que tout cela est en parfait accord avec les prédictions de nos gourous illuminés préférés, Bernanke, Geithner et tuti quanti.

Pourtant il y a des attitudes incompréhensibles.
Par exemple celle des Allemands et des Anglais. Pourquoi sont-ils si paniqués à l’idée que le tigre celtique puisse passer de vie à trépas ? Etant donné qu’ils étaient prêts à payer vous pouvez imaginer, cher lecteur, l’étendue de la panique qui les a saisi, surtout les Anglais dont la situation n’est probablement pas meilleure que celle des Irlandais et qui pourraient fort bien se retrouver prochainement en première ligne sur la liste des candidats au défaut de payement. Pourtant, depuis Dimanche soir, ces derniers vont payer « royalement » environ € 8 milliards pour aider les banques irlandaises, milliards imprimés probablement tout spécialement pour la circonstance.
Pourquoi tant de générosité lorsque l’on est soit même au bord de la banqueroute ?
Tout simplement parce-que si le système bancaire irlandais s’effondrait cela aurait des conséquences catastrophiques sur les systèmes bancaires anglais (en partie nationalisé et dont la banque la plus exposée en Irlande est RBS) et allemand. Car les banques anglaises et allemandes ont à elles seules des créances sur les banques irlandaises qui sont plus importantes que le PIB de l’Irlande, c’est-à-dire entre € 450 milliards et € 500 milliards d’euros soit € 224 milliards pour les Anglais (Sources: Bank of International Settlement) et € 206 milliards pour les Allemands (Sources: Bundesbank). Le montant total des créances des banques étrangères sur les banques irlandaises se monte lui à 320 % du PIB de l’Irlande, les banques françaises et US détenant chacune des créances d’environ € 57 milliards (Sources: Bank of International Settlement).

Voilà, cher lecteur, la vérité ; tout le monde se tient par le menton et si l’un se casse la figure les autres suivront immanquablement. Pourtant tout le monde s’obstine à sauver ceux par qui le désastre est arrivé ; les banques. Tous les plans qui furent mis en application jusqu’à aujourd’hui (des USA à l’Irlande en passant par la Grèce et la GB), tous n’ont eu pour but que le sauvetage des banques dont l’avidité sans limite (sans qu’elles soient les seules responsables puisqu’il s’agissait bien d’une hystérie collective) a créé la situation de faillite générale actuelle. Le problème est qu’en renflouant ces banques à fond perdu on ne fait que prolonger une situation artificielle en maintenant en vie des établissements qui auraient dû être abandonnés à leur sort au lieu de mettre en péril les finances publiques à leur profit.
Au lieu de restructurer ces dettes et de couper les branches pourries on maintient sous perfusion des banques croulant déjà sous les dettes en leur prêtant de l’argent qu’elles ne pourront jamais rembourser. Et nous ne parlerons pas des Etats dans la même situation... Plutôt étrange comme aide : à ceux qui meurent d’avoir trop de dettes on leur propose de faire encore plus de dettes pour s’en sortir...

Comme si les dettes n’étaient pas LE principal problème de toute la crise que nous connaissons depuis le départ ! Pourtant on continue à agir comme si les dettes n’étaient pas le problème mais la solution.

Pourtant tous nos gourous s’obstinent encore aveuglément à croire (car ils ne pensent pas) que le système qui consistait à faire fonctionner une économie à coup de dettes toujours plus grandes pourrait durer éternellement. Comme si les dettes pouvaient monter jusqu’au ciel sans aucun inconvénient, simplement en remboursant de temps en temps les intérêts sans penser au capital ; comme si Dame Croissance serait toujours là pour soutenir cette folle fuite en avant, ce délire irresponsable consistant à croire que tout irait toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes possible « ad vitam aeternam ». Et pourtant c’est exactement l'expérience qui fût tenté par une humanité en délire et nos gourous illuminés tentent toujours désespérément de sauver le Titanic alors que celui-ci a déjà heurté de plein fouet l’iceberg de dettes qui l’enverra par le fond en moins de temps qu’il n’en faudra pour l’évacuer, bien qu’il soit réputé insubmersible. Car il s’agit désormais, au cas où quelque chose puisse encore être épargné, non plus de faire plus de dettes pour sauver un système déjà mort mais de se désendetter, qu’il s’agisse des ménages, des entreprises où des Etats. Nos gourous illuminés ne savent pas encore que leur époque de gloire est passée et que nous sommes désormais entrés dans l’ère de la réduction des dépenses (ah ah ah). Le problème est qu’ils n’ont jamais compris la signification de ce terme sans parler de « vivre selon ses moyens ». Car ils ne savent pas encore qu’il n’existe pas de «free lunch».

Nous assistons donc à la redite de ce qui s’est déjà passé avec la Grèce : on soigne le mal par le mal en espérant que cela marchera. Et l’on a l’intention de poursuivre dans cette voie suicidaire avec le Portugal, voire l’Espagne... Le prochain sur la liste parait être le Portugal malgré les assurances de son gouvernement que personne ne prend très au sérieux. Il suffit de voir monter les taux d'intérêts pour s’en convaincre. S’il est le prochain le Portugal sera aussi le dernier car les suivants seront beaucoup trop gros pour être sauvés. Et cela commence par l’Espagne qui représente 12% du PIB de l’UE, c’est-à-dire le double de l’Irlande et de la Grèce et dont les besoins de financement se monteraient à € 500 milliards (à titre de comparaison le budget de la France, seconde économie de l’UE, était en 2009 d’à peu près € 400 milliards)... Inutile de vous faire un dessin, cher lecteur, pour vous faire comprendre que cela n’arrivera pas. Et que se passera t’il lorsque ce sera au tour de la Grande-Bretagne, même s’il n’incombe pas aux membres de la zone Euro de faire quoi que ce soit pour l’aider ? Que se passera t’il lorsque ce seront les USA qui auront les problèmes de financement qui leur pendent au nez ? Où le Japon ? Mais nous pouvons tout aussi bien se poser la même question pour la France.

C’est pourquoi circulent déjà dans les couloirs des chancelleries européennes, notamment entre Berlin et Paris, des murmures à consonances désagréables, des mots très grossiers, des phrases iconoclastes, bref des propos que ne tiennent pas des gens bien élevés.
Qu’est-ce à dire ?
Des mots comme « rééchelonnement » ; des mots comme « restructuration de la dette» ; des expressions atroces comme « faire payer les créditeurs », au moins en partie. Quelle pourrait bien être la signification de tout cela ? Eh bien en clair cela signifie que personne n’étant capable de payer ses dettes il n’y aura pas d’autres solutions que de faire défaut sur sa dette d’une manière où d’une autre. Comme l’Argentine il y a quelques années. Et selon les bruits en provenance de Berlin l’idée de faire payer les créanciers au moins en partie, c’est-à-dire leur faire abandonner une partie de leurs créances au profit du débiteur, cette idée a de grandes chances de devenir une règle de base même si pour le moment on nous assure que tout cela n’est que pure fantasmagorie.
La vérité crue est que les dettes empilées follement pendant des années ne seront jamais remboursées car personne n’en n’a les moyens.

Ce seront des temps difficiles car il faudra que nos politiciens bien-aimés tout comme chaque citoyen de Cochon sur Terre, il faudra alors que tout ce beau monde qui a survécu pendant des décennies avec de l’argent qui n’existait pas, c’est-à-dire de l‘argent magique, réapprenne à vivre selon ses moyens, avec de l’argent sonnant et trébuchant. Cela sera dur car il y aura beaucoup moins d’argent. Et cela sera d’autant plus dur qu’ils devront soudain prendre conscience que l’existence ne se déroule pas dans un grand parc d’attraction, un Disney Land à l’échelle planétaire, un mall où l’on peut acheter tout ce que l’on veut sans en avoir besoin et sans même avoir l’argent pour payer.
Cela signifiera également que la fin de l’argent à gogo pour rien scellera la fin des promesses électorales impossible à tenir, la fin de l’illusion collective que le paradis sur terre se trouve au coin de la rue. Allez poussons l’insanité jusqu’à faire preuve d’optimisme : peut-être cela obligera-t’il les politiciens de service à se montrer plus courageux et aux électeurs à se montrer moins stupides.

Regardez bien autour de vous, cher lecteur, regardez bien le monde dans lequel vous avez survécu jusqu’à aujourd’hui.
Regardez le bien car il s’en va.
Regardez le bien car il est mort.
Regardez autour de vous et demandez vous quelle forme prendra celui qui vient.
Regardez et demandez-vous si vous pouvez contribuer au monde qui vient sans vous accrocher à celui qui s’en va.
Enfin regardez au-dedans de vous afin de savoir si le monde que vous portez en vous aura de l’amitié pour le monde qui est en train d’émerger au-dehors.

Ce dernier point n’est pas une nécessité. C’est d’autant moins une obligation que ce qui vient ne sera pas forcément meilleur que ce qui s’en va. Ce sera peut-être pire.
Mais de toute manière chacun devra faire ses préparatifs... de départ.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

dimanche 7 novembre 2010

US mid term elections : changement de décor à venir qui nous concerne tous.

Voilà chers lecteurs, nous en avons terminé avec les élections US de mi-mandat qui ont eut lieu cette semaine. Vous pourrez toujours nous dire que nous sommes un peu lents à la détente ici, à la Chronique de Cochon sur Terre, puisque nos commentaires sur cet événement arrivent quelques jours après ceux de tout le monde...
Hum, c’est que nous les avions prévus plusieurs semaines avant tout le monde et qu’en conséquence nos lecteurs fidèles n’ont pas dû être vraiment surpris par les résultats...
De toute manière nous n’avions guère de mérite puisque même les instituts de sondage ne se sont pas trompés, c’est dire ! Mais cela ne saurait nous empêcher d’ajouter notre grain de sel aux tombereaux de commentaires dont vous avez sûrement été inondés depuis quelques jours à ce propos.

Comme prévu donc, les démocrates menés par l’ex-sauveur de l’humanité modernisante se sont pris une raclée maison par ces républicains que tous les distingués « spécialistes » et autres « analystes » pour plateaux de tv et arènes de cirque en tous genres tenaient pour définitivement enterrés il y a deux ans de cela. Non seulement ils ont perdu la majorité à la chambre des représentants mais ils sont sur la corde raide au Sénat. A noter d’ailleurs que s’il avait fallu renouveler le dit Sénat en totalité les démocrates auraient largement perdu leur majorité tout comme ils ont perdu la majorité des sièges de gouverneurs, ce qui risque d’avoir des implications importantes lors des prochaines élections présidentielles de 2012.

Bref nous n’allons pas revenir pour la n’ième fois sur le nombre de sièges perdus où gagnés par les uns et les autres. Tout cela n’a au fond que peu d'intérêt car il est fort probable qu’avec les temps qui s’annoncent les démarcations partisanes que les USA ont connu jusqu’à nos jours ne soient déjà devenues obsolètes.

Qu’est ce à dire ?
Si nous devions tirer une première leçon de ces élections nous pourrions dire qu’il y a désormais au Congrès pour la première fois des représentants d’une opposition véritable qui transcende les lignes partisanes jusqu’alors en vigueur. Reste à savoir si cette opposition maintenant élue restera fidèle à ses promesses alors que ses représentants siégeront au Congrès.
Faisons le pari que oui.

Nous entendons à satiété ici et là par les distingués commentateurs et spécialistes de service que le parti républicain, bien que vainqueur, risque de connaître des troubles internes en raison du Tea Party Movement dont des représentants sont devenus membres du Congrès.
Certes. Mais ce ne sera pas le seul à affronter le vent de révolte qui souffle désormais aux USA.
Cela dit, en ce qui concerne l’establishment républicain et de son attitude vis à vis du Tea Party Movement, nous serons rapidement mis au parfum avec les attributions de postes pour la présidence des diverses commissions dépendant de la Chambre des Représentants. La plus attendue, celle qui constituera un test majeur des intentions de l’establishment républicain vis-à-vis des républicains membres du Tea Party Movement, sera celle de l’attribution de la présidence de la commission parlementaire en charge de superviser les activités de la Fed. Le Représentant Ron Paul aurait déjà dû en être nommé président à deux reprises, en 2003 et 2005, en raison de son ancienneté, mais son propre parti s’arrangea deux fois pour l’éviter. Il est vrai que le libertarien Ron Paul était un outsider du parti républicain, un mouton noir qui tentait d’empêcher les parlementaires de tourner en rond avec les lobbys du Congrès ; ne fût-il pas pratiquement le seul à réclamer constamment un audit des activités de la Fed, notamment pour savoir le nom des établissements bénéficiaires de ses largesses et pour savoir l’état exact des réserves d’or du pays ? Ne fût-il pas le seul où presque à s’être opposé constamment aux guerres entreprises par les administrations Busch jr et poursuivies par Obama ? Ne fut-il pas le seul à avoir critiquer tous les budgets pantagruéliques accordés sans sourciller au Pentagone par tous les membres du Congrès où presque ? Ne fût-il pas un des très rares à avoir averti du danger que représentaient pour le pays les déficits budgétaires constants autant qu’insoutenables ?

Nous ne nous étendrons pas plus mais il faut souligner qu’aujourd’hui, et ce pour la première fois, Ron Paul n’est plus seul dans son combat. Au contraire ses idées de base (abaisser des impôts devenus confiscatoires et rendre aux individus leurs libertés altérées toujours plus par l’accroissement illégal des prérogatives de l’Etat) se trouvent de plus en plus partagées par de nombreux autres membres du Congrès, républicains comme démocrates, et ce sont bien celles-ci précisément qui ont donné naissance au Tea Party Movement. Cette évolution des mentalités s’est produite à la faveur de la crise que beaucoup voient désormais comme incontrôlable sans une réduction drastique des dépenses publiques, un audit des comptes de la Fed mais aussi un audit des réserves d’or du pays, ce qui n’a pas été fait depuis la guerre !

U.S. Republican Representative Ron Paul on Thursday said he will push to examine the Federal Reserve's monetary policy decisions if he takes control of the congressional subcommittee that oversees the central bank as expected in January....
Paul said his subcommittee would also push to examine the country's gold reserves and highlight the views of economists who believe that economic downturns are caused by bad monetary policy, not the vagaries of the free market....
(Sources : Reuters )


Ces principes fondamentaux cités plus haut ne sont rien d’autres que ceux que prônaient Jefferson et les républicains les plus traditionnels qui, soit dit en passant, haïssent les néo-cons. Or nous pouvons envisager désormais l’hypothèse qu’à l’avenir ces principes défendus par Ron Paul pourraient bien devenir la nouvelle ligne de démarcation politique qui impliquera alors des alliances tout à fait contre nature selon la perspective partisane qui fût en vigueur jusqu’à aujourd’hui. Il ne s’agirait dés lors plus de démocrates versus républicains mais de ceux qui veulent une réforme drastique du système politique et économique reposant sur ces principes et ceux qui ne veulent rien changer où en tout cas rien de fondamental.

Il nous semble que c’est ce que ces élections ont clairement indiqué. La politique US risque d’évoluer désormais en fonction de clivages tout à fait différent de ceux qui étaient en cours jusqu’alors puisque ces divergences supposées entre partis institutionnels ne remettaient pas en cause le système lui-même. Les républicains comme les démocrates suivaient la même ligne sur toutes les questions essentielles, en particulier la politique extérieure. Leurs différences et leurs supposées oppositions ne reposaient que sur des aménagements du système.

Il nous semble donc que ces élections pourraient marquer le début d’un affrontement beaucoup plus grave reposant sur des visions du monde divergentes, voire inconciliables. Et ce pourrait être d’autant plus spectaculaire que ce conflit sera désormais public en raison de la présence de représentants du Tea Party Movement au Congrès. En bref nous pourrions assister au combat de ceux qui voudraient en finir d’une manière où d’une autre avec le système actuel et ceux qui voudraient le conserver. Il ne s’agit pas ici de communisme où de socialisme versus capitalisme, contrairement à ce que certains réactionnaires de gauche comme de droite s’obstinent encore à nous faire croire ; il s’agit bien d’un rejet de ces deux systèmes à la fois, perçus avec raison comme les deux faces d’une même pièce, celle de l’Etat destructeur de la liberté individuelle, celle de la collectivité contre l’individu. En vérité nous retrouvons là tout le thème de l’époque dite moderne qui a si lamentablement échouée.

Car il ne faut pas s’y tromper, cher lecteur, la révolte du Tea Party Movement n’est pas qu’une question d’argent, loin de là. A travers ces questions d’impôts il s’agit du rôle que l’individu veut jouer dans sa propre vie, il s’agit de savoir si on choisit la liberté et l’autonomie individuelle où la sécurité et la collectivité fournie par l’Etat aux dépends des deux autres ; il s’agit de savoir si les populations d’aujourd’hui veulent reprendre leur destinée en main où si elles préfèrent se laisser diriger entièrement par un Etat au sein duquel la liberté n’existe plus qu’en façade pour faire bien dans le tableau ; liberté illusoire soigneusement emmaillotée entre la peur ravivée à chaque instant par la propagande officielle pour accroître toujours plus le contrôle de l’Etat sur sa population apeurée d’une part, et les déclamations hyperboliques sur les bienfaits inénarrables de la consommation échevelée et du matérialisme rationaliste le plus débridé pour maintenir les foules tranquilles d’autre part.
C’est la version contemporaine des jeux et du pain.

Nous partons de l’hypothèse, ici à la Chronique de Cochon sur Terre, que les bouleversements sont désormais inévitables sans pour autant savoir où cela mènera ; mais nous faisons l’hypothèse que lorsque les premières tentatives de réforme seront enclenchés, peut-être par ceux-là même qui voudront en éviter de plus radicales, la porte s’ouvrira alors en grand à tous les extrêmes qui, chacun à leur tour, paraîtra bénin en comparaison de ses successeurs.

La question reste lors de savoir comment se fera ce chambardement ?


La réponse à cette question repose sur la manière dont l’establishment réagira au cours des deux prochaines années à ce mouvement de révolte de son électorat. S’il en prend la tête alors il y aurait une chance pour que cela se produise de manière plus où moins ordonnée, sans trop de chaos ni de drames, de façon plus où moins instituées. En revanche s’il y résiste, si l’establishment persiste dans ses querelles de chapelle et continue son «business as usual» avec une situation politique complètement bloquée en raison de l’opposition entre les deux partis ; s’il persiste à soutenir la folie suicidaire de la politique de la Fed lâchant par hélicoptère des centaines de milliards de dollars imprimés le jour même à partir de rien tandis que la situation du pays se dégradera inévitablement toujours plus, alors oui il risque de se produire de grands événements aux USA, des événements qui pourraient devenir complètement hors de contrôle et qui pourraient remettre en cause l’entité politique USA telle que nous la connaissons aujourd’hui.


Chers lecteurs, soyez en persuadés, le changement de décor à venir aux USA nous concerne tous. En effet le combat qui commence aux USA est également le nôtre car nous devons nous aussi choisir notre camp : liberté où sécurité, individualité où collectivité.
Nous autres de la Chronique de Cochon sur Terre nous avons choisi depuis longtemps.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes

lundi 1 novembre 2010

Kirchner : nouveau monstre où nouveau saint au calendrier ?

Telle est la question que nous serions en droit de nous poser après avoir parcouru les journaux de désinformation de Cochon sur Terre. Avec la subtilité qui caractérise nombre d’entre eux c’était l’habituel portrait en noir où blanc, sans aucune possibilité d’en sortir. De plus ces soit-disants articles d’information se reprenaient tous quasiment mot pour mot, tous issus de la même source de désinformation, même si cette dernière n’était le rsultat que d’ignorance et de travail mal fait. Ignorance crasse en tout cas ! Mais le résultat est le même : propagation d’informations non conformes aux faits.

Nestor Kirchner est mort Mercredi dernier, vers 8 h30 du matin parait-il, où en tout cas c’est vers cette heure-là que la nouvelle de sa mort subite a commencé à se propager.
Il se trouve que votre chroniqueur était à Buenos-Aires à ce moment-là ce qui lui a permis de suivre vaguement ce qui se passait dans la capitale argentine. C’est d’ailleurs pour cette raison précisément que les articles parus en Europe et commentant cette mort nous semblèrent si distrayants. Sans parler des commentaires qui l’étaient encore plus... bien qu’un peu décourageant il faut bien l’avouer...
Figurez-vous, chers lecteurs fidèles de cette indispensable Chronique de Cochon sur Terre, que nous avons appris qu’il se passait quelque chose en raison des cris qui montaient de la rue alors que nous étions à notre bureau en train de travailler. Mais contrairement à ce que nous avons pu lire ici où là, ce n’étaient pas des cris de désespoir, les gens ne se mirent à pas à se suicider en masse ni à se lacérer le visage de désespoir. Non, ce furent des cris de joie. Alors bien sûr vous pourrez toujours nous dire, comme nous l’avons lu dans un commentaire particulièrement gratiné du Figaro, que c’était parce que votre chroniqueur se trouvait dans un quartier particulièrement huppé de la capitale argentine et que c’étaient des salauds de bourgeois qui se réjouissaient de la mort du protecteur du peuple argentin contre ces exploiteurs du peuple précisément... Hum, malheureusement pour nos dinosaures paléo-marxistes de service, il se trouve que votre chroniqueur, étonné que l’on puisse fêter la victoire de son équipe de foot préférée à 9h30 du matin, s'informât des raisons de ces bruits incongrus ; et malheureusement pour nos idéologues trotskistes-réactionnaires de service (à mettre dans le même panier que les précédents) ce n’étaient pas des bourgeois exploiteurs du peuple qui criaient ainsi leur joie (de toute manière c’est manquer à la psychologie la plus élémentaire que de penser une seule seconde que des bourgeois dignes de ce nom puissent se livrer à ce genre de manifestations VULGAIRES), non c’étaient plutôt les petits commerçants des rues avoisinantes, sans parler des porteros et autres traîtres à la cause, qui manifestaient leur satisfaction...

De plus, à lire nos journaux de désinformation habituels, leurs innocents lecteurs pourraient s’imaginer que la capitale argentine se trouvât instantanément envahie de foules en pleurs, que la circulation fût totalement interrompue par la douleur du peuple argentin tout entier qui se déversait à grands flots hoquetant dans les rues pour aller rendre hommage à leur leader vénéré à la Casa Rosada.
Curieux comme d’habitude, votre chroniqueur a trouvé bon d’aller voir ce qui se passait dans les rues de Buenos-Aires, y compris dans les quartiers pas vraiment bourgeois, y compris à la Boca Jeudi soir, où il n’y avait personne pour ainsi dire. Nulle part il ne vit de manifestations de désespoir, nulle part le trafic ne lui parut plus médiocre qu’à l’habitude ; on circulait même plutôt bien d’ailleurs sauf aux environ de la Casa Rosada où, effectivement, les rues étaient bouchées et où il y avait du monde. Mais y en avait-il plus que lors d’une grève des piqueteros payés par les syndicats, CGT en tête (oui ici aussi on a les gâteries qu’on peut... de plus ce syndicat était le grand soutien des Kirchner) ? D’ailleurs ceux qui se trouvaient devant la Casa Rosada pour déplorer la mort de Kirchner étaient-ils si différents des syndicalistes de la CGT qui manifestent généralement, et assez régulièrement, au même endroit où presque ?
Non.

Alors d’un côté les partisans de Nestor Kirchner en ont fait un presque saint, qu’ils voudraient bien ajouter au calendrier afin que cela puisse leur rapporter quelques gains électoraux lors des prochaines élections présidentielles. On peut déjà en voir les prémisses par l’association de Kirchner avec Peron, autre vache sacrée de la politique argentine, en tous cas pour les dits peronistes.
Pour les autres ce dernier est tout aussi haïs que Kirchner. D’ailleurs le premier appel que reçut votre chroniqueur ce matin-là, c’est-à-dire Mercredi matin, fût celui d’une femme charmante, généralement très tempérée et parfaitement urbaine. Mais en dépit de toutes ces qualités estimables votre chroniqueur entendit ceci :

- Tu as entendu ? Le monstre est mort !

Alors Kirchner, monstre où saint ?

Lorsque Nestor Kirchner fût élu Président en 2003 le pays connaissait la pire crise économique et politique de son histoire : 3 présidents entre 2001 et 2003, 20% de la population sous le seuil de pauvreté en deux ans et un défaut sur sa dette de US $ 95 milliards quelques mois auparavant.
De nombreux Argentins se souviennent, avec raison, que c’est sous le mandat de Nestor Kirchner que le pays sortit de cette crise. Et il s’en est sorti à un rythme de 8% de croissance par an entre 2003 et 2007, soutenu par la demande mondiale grandissante pour le soja, les céréales et le boeuf principalement.
Nestor Kirchner refusa les conditions du FMI lors de la renégociation de la dette argentine, FMI qui tentait d’extraire de meilleures conditions pour les créditeurs ; il se permit alors de faire défaut temporairement sur cette dernière, puis il proposa 35 cents pour US $1 de dette en disant que c’était à prendre où à laisser, s’opposant alors de front et aux créditeurs et au FMI. Contre tout attente ces derniers acceptèrent les conditions du président argentins ce qui constitua non seulement une victoire économique mais surtout morale pour Kirchner car c’était la première fois qu’un pays d’importance moyenne en terme de revenus et de PIB tenait tête au FMI et en sortait victorieux.
A la suite de quoi Kirchner repaya intégralement la dette de l’Argentine au FMI, soit US $9,5 milliards environ, ce qui lui permit de sortir le pays des griffes de cette Institution vue par la plupart des Américains du Sud, comme par d’autres également d’ailleurs, comme le bras avancé de Washington. Cela lui valut une grande admiration aussi bien sur la scène internationale qu’en Argentine et contribua grandement à la perte d’influence non seulement du FMI, dont les actions étaient déjà très controversées après les débâcles asiatiques et russes, mais aussi des USA en Amérique du Sud et parmi les pays d’importance économique moyenne qui jusqu’alors tremblaient de peur devant le FMI. Ce fût la première fois qu’un pays de cette importance non seulement refusait les diktats du FMI mais lui tenait tête et sortait victorieux de la confrontation.

Ces deux actions qui nécessitaient un courage politique certain furent interprétées avec raison, et pas seulement en Argentine, comme une affirmation d’indépendance face à Washington et aux Institutions Internationales. Ce fût d’ailleurs sa ligne de conduite en politique étrangère. C’est dans cette veine qu’il faut voir son refus d’adresser la parole à l’Ambassadeur des USA pendant les 4 ans que dura son mandat. C’est également dans cette veine qu’il faut interpréter sa politique étrangère vis-à-vis de ses pairs d’Amérique du Sud. Car il faut bien comprendre qu’à cette époque les Argentins n’étaient pas très bien vus du reste du continent. Or Kirchner sortit son pays de cet isolement et il réussit à lui donner une voix nouvelle sur la scène sud-américaine, une voix qui levait l’étendard de l’indépendance et qui entraînait le rejet direct de l’influence des USA non seulement sur la politique mais aussi sur l’économie du continent Sud-Américain, ce qui explique son opposition virulente aux tentatives des USA d’établir un marché commun avec tout le continent Sud-Américain. D’où son alliance avec des dictateurs aux politiques controversées comme Chavez au Venezuela où Morales en Bolivie. Mais ces trois-là avaient la même détermination d’éloigner les USA non seulement de leur pays respectifs mais également d’Amérique du Sud. Le Brésilien Lula n’était pas étranger non plus à cette vision des choses, loin de là, même s’il ne fût pas aussi provocateur que les Chavez où Morales.
C’est pourquoi on peut créditer Kirchner d’avoir été l’un des plus efficaces promoteurs de cette politique d’indépendance, non seulement pour son pays mais aussi pour le continent sud-américain. Et c’est certainement pour cette raison qu’il fût mis à la tête de l’Union des Nations d’Amérique du Sud (UNASUR), ce qui constitue une sorte de reconnaissance de la part de ses pairs.

Il fût également beaucoup loué pour avoir soutenu fermement le système judiciaire argentin en lui permettant de s’attaquer aux crimes de la junte militaire des années 1976-1983 dont on estime les victimes à 30.000 personnes tuées où disparues. C’est ainsi qu’en levant les amnisties dont bénéficiaient les militaires la justice réussit à juger de nombreux membres de l’armée et à en condamner plusieurs dizaines.

Cela dit l’avenir ne se révélait pas forcément aussi rose pour le couple présidentiel que ses premières années de pouvoir.
Car depuis l’élection de Cristina les Kirchner s’aliénèrent de nombreuses parties de la société en raison de leur autoritarisme supposé, de leurs attaques contre le campo, l’église, les milieux d’affaires où la presse indépendante, et généralement contre tous ceux qui s’opposent à eux, sans parler des affaires de corruption ni des financements de campagnes électorales par l’étranger etc...

De très nombreuses voix se sont élevées au cours de son mandat comme de celui de sa femme (ce qui revient au même puiqu’on dit que c’est lui qui prenait toutes les décisions et qui avait nommé tous les membres du gouvernement), pour dénoncer une tendance de ce qui est décrit comme son « autoritarisme » qui se serait particulièrement développée à partir de la troisième année de son mandat. Cela se traduisit par une concentration des pouvoirs entre ses mains de plus en plus intense, avec une propension à passer par-dessus les organes de direction traditionnels et à prendre ses décisions sans se préoccuper de l’avis de quiconque.

Lorsqu’il arriva au pouvoir Nestor Kirchner promit de réformer le système judiciaire en permettant à celui-ci d’être plus indépendant du pouvoir politique. Promesse qu’il tint. Mais les choses commencèrent à se gâter lorsque le pouvoir judiciaire nouvellement indépendant commença à l’être un peu trop au goût du Président lui-même. Car tant qu’il s’agissait de fouiller les affaires criminelles des militaires Kirchner soutint les juges, mais lorsque ceux-ci commencèrent à s’opposer à lui en invalidant des lois votées au Parlement par les peronistes tenus par Kirchner, ce dernier commença à crier au scandale ; et lorsque certains juges entreprirent d’enquêter sur les affaires de corruption qui touchait les membres du gouvernement sans parler des siennes propres, Kirchner cria au complot.
Nestor Kirchner n’aimait pas qu’on s'opposât à lui.

Son utilisation de l’argent de l’Etat lui fût reprochée en raison des nombreux programmes sociaux qu’il entreprit, afin de s’acheter des voix aux élections selon ses détracteurs ; il fût également accusé d’avoir grandement aidé son allié, le syndicat CGT, à parfaire son hégémonie par des voies plus où moins légales sur lesquelles la justice est en train d’enquêter. A ce propos l’alliance des Kirchner avec la CGT finissait peut-être par devenir trop encombrante pour ces derniers car on disait dans de nombreux milieux politiques à BA avant sa mort que Nestor Kirchner envisageait de distendre cette alliance dont il se serait senti devenir prisonnier.
Cela n’aurait pas été la première fois que le défunt président aurait abandonné un allié politique pour un autre lorsque ce dernier ne lui était soudain plus utile où lui était devenu une menace. Car Nestor Kirchner n’était pas vraiment un idéologue mais un pragmatique qui s’adaptait avec une redoutable efficacité à la situation.

Les taxes sur les exportations agricoles que les Kirchner imposèrent en 2008 leur aliénèrent totalement les propriétaires terriens, les fermiers et les éleveurs, et provoquèrent des protestations massives. Kirchner fit face à ses opposants en les accusant sans aucune crédibilité de vouloir renverser sa femme.

Il y eut aussi les attaques très graves et répétées contre la presse indépendante, et particulièrement le harcèlement contre le groupe Clarin et ses propriétaires, par des moyens plus que douteux autant qu’odieux, voire illégaux en ce qui concerne l’affaire Fibertel.
Le groupe Clarin par exemple avait commencé par soutenir Nestor Kirchner puis, au cours des années, le journal Clarin finit par devenir un de ses nombreux nouveaux opposants. Kirchner ne le lui pardonna jamais et tenta par tous les moyens de réduire au silence et Clarin et le restant de la presse indépendante.
Tout cela n’a pas contribué non plus à améliorer l’image des Kirchner, renforçant encore l’image d’un couple qui ne supporte ni la critique ni l’opposition.

Il y a également les accusations de corruption et, ce qui va avec, la constitution d’une fortune dont le montant s’étend de €15 - 20 millions (presse et justice argentine) jusqu’à US$ 600 millions (dans la presse US), constituée officiellement dans l’immobilier dans la région de Calafate, le fief des Kirchner. Des affaires immobilières qui, comme le rapporte avec un peu d’exagération le Washington Post, ferait pâlir d’envie Donald Trump soit-même.

According to information the couple supplied to the anti-corruption office, they own 28 properties valued at $3.8m, four companies worth $4.8m and bank deposits of $8.4m. Last year they sold 16 properties, almost tripling their bank accounts, and expanded their hotel business in El Calafate, a tourist magnet.
(Sources : The Guardian - 26.07.2009)

Une enquête judiciaire est d’ailleurs en cours à propos de terrains municipaux vendus par un maire pour des sommes dérisoires aux Kirchner qui les auraient ensuite recédés à des tarifs assez différents...

Pour couronner le tout, les preuves comme quoi Chavez avait financé la campagne électorale de Mme Kirchner en 2007 ne furent pas du meilleur effet non plus lorsqu’elles furent rendues publiques avant les élections de 2009.

Tout ceci mena à la défaite le parti peroniste aux élections de l’année dernière, parti miné par les rivalités internes comme déjà dit. De plus Nestor Kirchner dût quitter la présidence du parti au profit du gouverneur de Buenos-Aires, Daniel Scioli, dont on dit qu’il sera candidat à la Présidentielle de 2011.

Mais ce qui est aujourd’hui la menace la plus grave pour la veuve de Nestor Kirchner reste la situation économique. Car les statistiques officielles sont refusées par tous les économistes indépendants, qu’ils soient nationaux où étrangers ; ces statistiques sont en effet outrageusement manipulées par le gouvernement afin d’enjoliver le décor avant les échéances électorales. C’est ainsi que le gouvernement annonça une croissance de 0,9 % pour l’année dernière alors que tous les analystes s’accordent à dire que l’économie s’est en réalité contractée de 2% voire plus.
On a eu également droit à des déclarations surréalistes de membres du gouvernement affirmant qu’il n’y avait pas d’inflation en Argentine alors que quelques temps après le gouvernement fût contraint d’avouer 9 % d’inflation. En réalité cette dernière serait plutôt de 25 % depuis le début de l’année.

Mais c’est la situation des «slums» qui cernent la capitale qui reflète le mieux la réalité de la situation économique du pays et les conséquences de l’inflation. Ces «slums» croissent toujours plus vite au fur et à mesure que la situation économique se détériore, notamment à cause de l’inflation.

The population in the so-called "emergency villages" of the Argentine capital has grown by 25% in the last two years, now housing some 200,000 people.
That is equivalent to almost 7% of the inhabitants of the city, or the arrival of 11 families per day to the 14 slums and at least 40 settlements within Buenos Aires's perimeter.
(Sources : BBC News - 16 Juin 2009)

En effet les loyers dans Buenos-Aires deviennent de plus en plus inabordables non seulement pour ceux qui ont perdu leur emploi, bien évidemment, mais aussi pour ceux qui en ont encore un puisque leur salaire n’augmente pas, contrairement aux prix des loyers et de la vie courante.
Tous ces gens sont donc contraints de quitter la ville pour la banlieue, parfois à une heure de train, ce qui bouleverse complètement leur mode de vie et l’équilibre familial avec ce que cela comporte de problèmes pour les enfants laissés à eux-mêmes, notamment celui de la drogue qui engendre la violence entre autre.
D’où l’insécurité grandissante à Buenos-Aires qui, sans être équivalente à celle du Brésil contrairement à ce que peuvent affirmer certains, n’en demeure pas moins suffisamment réelle et problématique pour que de plus en plus de portenos s’en plaignent. Insécurité qu’il devient de plus en plus difficile de masquer en dépit des consignes données aux postes de police afin de décourager les gens victimes d’une attaque où d’un vol de porter plainte afin de ne pas faire exploser les statistiques à la hausse.

Tout ceci explique pourquoi les milieux d’affaires étrangers sont très réticents pour investir dans ce pays ; ce à quoi il convient d’ajouter les invraisemblables complications administratives, la corruption, mais aussi le climat d’incertitude qui règne au niveau politique, climat engendré par des décisions gouvernementales très imprévisibles. Les tentatives de museler la presse indépendante par exemple où la taxation de 30 % des exportations agricoles en 2008, tout cela ne crée pas un climat susceptible de rassurer des investisseurs ; bien au contraire cela aurait plutôt tendance à les faire fuir. Ce qui se produit effectivement au profit du Chili par exemple où du Brésil évidemment.

Le plus préoccupant est que cette situation économique soit mauvaise malgré les ventes de voitures fabriquées en Argentine et exportées au Brésil qui explosent et en dépit des exportations de produits agricoles qui s’envolent, tirées par la demande chinoise notamment. C’est pourquoi de nombreux observateurs s’accordent à penser que si l’une de ces deux sources de devises venaient à manquer, où seulement à baisser un peu trop, le pays se retrouverait dans une situation encore plus difficile qu’il ne l’est aujourd’hui.
C’est ainsi que, ironie noire certes, le spectre des années pré-Kirchner est de nouveau dans tous les esprits au moment où celui qui y avait mis fin vient de disparaître.

Alors Nestor Kirchner, monstre où saint ?

Ni l’un ni l’autre.
Mais s’il fût célébré par les Argentins lors de son mandat à cause de son apparente cure réussie de l’économie, il est bien possible que l’on se réveille un jour, demain peut-être, en réalisant que cela ne fût qu’une illusion de quelques années favorisées par la forte demande mondiale de produits agricoles qui débuta au début des années 2000 et qui constitua certainement un facteur beaucoup plus déterminant dans la résolution de la crise que n’importe quoi d’autre. Ce qui ne veut pas dire qu'il s’agisse pas de sous-estimer l’action de Kirchner dans la résolution de la crise de la dette ni dans celle de la crise économique, il s'agit d'en tempérer les effets par rapport à ceux des exportations de produits agricoles.

Son désir et son action afin de rendre son indépendance économique et politique non seulement à son pays mais aussi au continent Sud-Américain dans son ensemble sera certainement plus perenne que son action économique stricte. Car il fit parti des précurseurs dans ce domaine en compagnie de Lula, Chavez où Morales, qu’on apprécie ces deux derniers où pas n’est pas le problème ; il faut voir cela dans une perspective sud-américaine. Et c’est dans cette perspective que Kirchner devrait être célébré comme il se doit : le défenseur de l’indépendance des argentins et des américains-du-sud (en filigrane contre les USA). C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il faut comprendre la venue de si nombreux chefs d’Etat d’Amérique du Sud pour ses funérailles à Buenos-Aires. C’est un hommage par les américains-du-sud à l'action du leader de l'Organisation des Nations d'Amériques du Sud pour l’indépendance du continent sud-américain.