Telle est la question que nous serions en droit de nous poser après avoir parcouru les journaux de désinformation de Cochon sur Terre. Avec la subtilité qui caractérise nombre d’entre eux c’était l’habituel portrait en noir où blanc, sans aucune possibilité d’en sortir. De plus ces soit-disants articles d’information se reprenaient tous quasiment mot pour mot, tous issus de la même source de désinformation, même si cette dernière n’était le rsultat que d’ignorance et de travail mal fait. Ignorance crasse en tout cas ! Mais le résultat est le même : propagation d’informations non conformes aux faits.
Nestor Kirchner est mort Mercredi dernier, vers 8 h30 du matin parait-il, où en tout cas c’est vers cette heure-là que la nouvelle de sa mort subite a commencé à se propager.
Il se trouve que votre chroniqueur était à Buenos-Aires à ce moment-là ce qui lui a permis de suivre vaguement ce qui se passait dans la capitale argentine. C’est d’ailleurs pour cette raison précisément que les articles parus en Europe et commentant cette mort nous semblèrent si distrayants. Sans parler des commentaires qui l’étaient encore plus... bien qu’un peu décourageant il faut bien l’avouer...
Figurez-vous, chers lecteurs fidèles de cette indispensable Chronique de Cochon sur Terre, que nous avons appris qu’il se passait quelque chose en raison des cris qui montaient de la rue alors que nous étions à notre bureau en train de travailler. Mais contrairement à ce que nous avons pu lire ici où là, ce n’étaient pas des cris de désespoir, les gens ne se mirent à pas à se suicider en masse ni à se lacérer le visage de désespoir. Non, ce furent des cris de joie. Alors bien sûr vous pourrez toujours nous dire, comme nous l’avons lu dans un commentaire particulièrement gratiné du Figaro, que c’était parce que votre chroniqueur se trouvait dans un quartier particulièrement huppé de la capitale argentine et que c’étaient des salauds de bourgeois qui se réjouissaient de la mort du protecteur du peuple argentin contre ces exploiteurs du peuple précisément... Hum, malheureusement pour nos dinosaures paléo-marxistes de service, il se trouve que votre chroniqueur, étonné que l’on puisse fêter la victoire de son équipe de foot préférée à 9h30 du matin, s'informât des raisons de ces bruits incongrus ; et malheureusement pour nos idéologues trotskistes-réactionnaires de service (à mettre dans le même panier que les précédents) ce n’étaient pas des bourgeois exploiteurs du peuple qui criaient ainsi leur joie (de toute manière c’est manquer à la psychologie la plus élémentaire que de penser une seule seconde que des bourgeois dignes de ce nom puissent se livrer à ce genre de manifestations VULGAIRES), non c’étaient plutôt les petits commerçants des rues avoisinantes, sans parler des porteros et autres traîtres à la cause, qui manifestaient leur satisfaction...
De plus, à lire nos journaux de désinformation habituels, leurs innocents lecteurs pourraient s’imaginer que la capitale argentine se trouvât instantanément envahie de foules en pleurs, que la circulation fût totalement interrompue par la douleur du peuple argentin tout entier qui se déversait à grands flots hoquetant dans les rues pour aller rendre hommage à leur leader vénéré à la Casa Rosada.
Curieux comme d’habitude, votre chroniqueur a trouvé bon d’aller voir ce qui se passait dans les rues de Buenos-Aires, y compris dans les quartiers pas vraiment bourgeois, y compris à la Boca Jeudi soir, où il n’y avait personne pour ainsi dire. Nulle part il ne vit de manifestations de désespoir, nulle part le trafic ne lui parut plus médiocre qu’à l’habitude ; on circulait même plutôt bien d’ailleurs sauf aux environ de la Casa Rosada où, effectivement, les rues étaient bouchées et où il y avait du monde. Mais y en avait-il plus que lors d’une grève des piqueteros payés par les syndicats, CGT en tête (oui ici aussi on a les gâteries qu’on peut... de plus ce syndicat était le grand soutien des Kirchner) ? D’ailleurs ceux qui se trouvaient devant la Casa Rosada pour déplorer la mort de Kirchner étaient-ils si différents des syndicalistes de la CGT qui manifestent généralement, et assez régulièrement, au même endroit où presque ?
Non.
Alors d’un côté les partisans de Nestor Kirchner en ont fait un presque saint, qu’ils voudraient bien ajouter au calendrier afin que cela puisse leur rapporter quelques gains électoraux lors des prochaines élections présidentielles. On peut déjà en voir les prémisses par l’association de Kirchner avec Peron, autre vache sacrée de la politique argentine, en tous cas pour les dits peronistes.
Pour les autres ce dernier est tout aussi haïs que Kirchner. D’ailleurs le premier appel que reçut votre chroniqueur ce matin-là, c’est-à-dire Mercredi matin, fût celui d’une femme charmante, généralement très tempérée et parfaitement urbaine. Mais en dépit de toutes ces qualités estimables votre chroniqueur entendit ceci :
- Tu as entendu ? Le monstre est mort !
Alors Kirchner, monstre où saint ?
Lorsque Nestor Kirchner fût élu Président en 2003 le pays connaissait la pire crise économique et politique de son histoire : 3 présidents entre 2001 et 2003, 20% de la population sous le seuil de pauvreté en deux ans et un défaut sur sa dette de US $ 95 milliards quelques mois auparavant.
De nombreux Argentins se souviennent, avec raison, que c’est sous le mandat de Nestor Kirchner que le pays sortit de cette crise. Et il s’en est sorti à un rythme de 8% de croissance par an entre 2003 et 2007, soutenu par la demande mondiale grandissante pour le soja, les céréales et le boeuf principalement.
Nestor Kirchner refusa les conditions du FMI lors de la renégociation de la dette argentine, FMI qui tentait d’extraire de meilleures conditions pour les créditeurs ; il se permit alors de faire défaut temporairement sur cette dernière, puis il proposa 35 cents pour US $1 de dette en disant que c’était à prendre où à laisser, s’opposant alors de front et aux créditeurs et au FMI. Contre tout attente ces derniers acceptèrent les conditions du président argentins ce qui constitua non seulement une victoire économique mais surtout morale pour Kirchner car c’était la première fois qu’un pays d’importance moyenne en terme de revenus et de PIB tenait tête au FMI et en sortait victorieux.
A la suite de quoi Kirchner repaya intégralement la dette de l’Argentine au FMI, soit US $9,5 milliards environ, ce qui lui permit de sortir le pays des griffes de cette Institution vue par la plupart des Américains du Sud, comme par d’autres également d’ailleurs, comme le bras avancé de Washington. Cela lui valut une grande admiration aussi bien sur la scène internationale qu’en Argentine et contribua grandement à la perte d’influence non seulement du FMI, dont les actions étaient déjà très controversées après les débâcles asiatiques et russes, mais aussi des USA en Amérique du Sud et parmi les pays d’importance économique moyenne qui jusqu’alors tremblaient de peur devant le FMI. Ce fût la première fois qu’un pays de cette importance non seulement refusait les diktats du FMI mais lui tenait tête et sortait victorieux de la confrontation.
Ces deux actions qui nécessitaient un courage politique certain furent interprétées avec raison, et pas seulement en Argentine, comme une affirmation d’indépendance face à Washington et aux Institutions Internationales. Ce fût d’ailleurs sa ligne de conduite en politique étrangère. C’est dans cette veine qu’il faut voir son refus d’adresser la parole à l’Ambassadeur des USA pendant les 4 ans que dura son mandat. C’est également dans cette veine qu’il faut interpréter sa politique étrangère vis-à-vis de ses pairs d’Amérique du Sud. Car il faut bien comprendre qu’à cette époque les Argentins n’étaient pas très bien vus du reste du continent. Or Kirchner sortit son pays de cet isolement et il réussit à lui donner une voix nouvelle sur la scène sud-américaine, une voix qui levait l’étendard de l’indépendance et qui entraînait le rejet direct de l’influence des USA non seulement sur la politique mais aussi sur l’économie du continent Sud-Américain, ce qui explique son opposition virulente aux tentatives des USA d’établir un marché commun avec tout le continent Sud-Américain. D’où son alliance avec des dictateurs aux politiques controversées comme Chavez au Venezuela où Morales en Bolivie. Mais ces trois-là avaient la même détermination d’éloigner les USA non seulement de leur pays respectifs mais également d’Amérique du Sud. Le Brésilien Lula n’était pas étranger non plus à cette vision des choses, loin de là, même s’il ne fût pas aussi provocateur que les Chavez où Morales.
C’est pourquoi on peut créditer Kirchner d’avoir été l’un des plus efficaces promoteurs de cette politique d’indépendance, non seulement pour son pays mais aussi pour le continent sud-américain. Et c’est certainement pour cette raison qu’il fût mis à la tête de l’Union des Nations d’Amérique du Sud (UNASUR), ce qui constitue une sorte de reconnaissance de la part de ses pairs.
Il fût également beaucoup loué pour avoir soutenu fermement le système judiciaire argentin en lui permettant de s’attaquer aux crimes de la junte militaire des années 1976-1983 dont on estime les victimes à 30.000 personnes tuées où disparues. C’est ainsi qu’en levant les amnisties dont bénéficiaient les militaires la justice réussit à juger de nombreux membres de l’armée et à en condamner plusieurs dizaines.
Cela dit l’avenir ne se révélait pas forcément aussi rose pour le couple présidentiel que ses premières années de pouvoir.
Car depuis l’élection de Cristina les Kirchner s’aliénèrent de nombreuses parties de la société en raison de leur autoritarisme supposé, de leurs attaques contre le campo, l’église, les milieux d’affaires où la presse indépendante, et généralement contre tous ceux qui s’opposent à eux, sans parler des affaires de corruption ni des financements de campagnes électorales par l’étranger etc...
De très nombreuses voix se sont élevées au cours de son mandat comme de celui de sa femme (ce qui revient au même puiqu’on dit que c’est lui qui prenait toutes les décisions et qui avait nommé tous les membres du gouvernement), pour dénoncer une tendance de ce qui est décrit comme son « autoritarisme » qui se serait particulièrement développée à partir de la troisième année de son mandat. Cela se traduisit par une concentration des pouvoirs entre ses mains de plus en plus intense, avec une propension à passer par-dessus les organes de direction traditionnels et à prendre ses décisions sans se préoccuper de l’avis de quiconque.
Lorsqu’il arriva au pouvoir Nestor Kirchner promit de réformer le système judiciaire en permettant à celui-ci d’être plus indépendant du pouvoir politique. Promesse qu’il tint. Mais les choses commencèrent à se gâter lorsque le pouvoir judiciaire nouvellement indépendant commença à l’être un peu trop au goût du Président lui-même. Car tant qu’il s’agissait de fouiller les affaires criminelles des militaires Kirchner soutint les juges, mais lorsque ceux-ci commencèrent à s’opposer à lui en invalidant des lois votées au Parlement par les peronistes tenus par Kirchner, ce dernier commença à crier au scandale ; et lorsque certains juges entreprirent d’enquêter sur les affaires de corruption qui touchait les membres du gouvernement sans parler des siennes propres, Kirchner cria au complot.
Nestor Kirchner n’aimait pas qu’on s'opposât à lui.
Son utilisation de l’argent de l’Etat lui fût reprochée en raison des nombreux programmes sociaux qu’il entreprit, afin de s’acheter des voix aux élections selon ses détracteurs ; il fût également accusé d’avoir grandement aidé son allié, le syndicat CGT, à parfaire son hégémonie par des voies plus où moins légales sur lesquelles la justice est en train d’enquêter. A ce propos l’alliance des Kirchner avec la CGT finissait peut-être par devenir trop encombrante pour ces derniers car on disait dans de nombreux milieux politiques à BA avant sa mort que Nestor Kirchner envisageait de distendre cette alliance dont il se serait senti devenir prisonnier.
Cela n’aurait pas été la première fois que le défunt président aurait abandonné un allié politique pour un autre lorsque ce dernier ne lui était soudain plus utile où lui était devenu une menace. Car Nestor Kirchner n’était pas vraiment un idéologue mais un pragmatique qui s’adaptait avec une redoutable efficacité à la situation.
Les taxes sur les exportations agricoles que les Kirchner imposèrent en 2008 leur aliénèrent totalement les propriétaires terriens, les fermiers et les éleveurs, et provoquèrent des protestations massives. Kirchner fit face à ses opposants en les accusant sans aucune crédibilité de vouloir renverser sa femme.
Il y eut aussi les attaques très graves et répétées contre la presse indépendante, et particulièrement le harcèlement contre le groupe Clarin et ses propriétaires, par des moyens plus que douteux autant qu’odieux, voire illégaux en ce qui concerne l’affaire Fibertel.
Le groupe Clarin par exemple avait commencé par soutenir Nestor Kirchner puis, au cours des années, le journal Clarin finit par devenir un de ses nombreux nouveaux opposants. Kirchner ne le lui pardonna jamais et tenta par tous les moyens de réduire au silence et Clarin et le restant de la presse indépendante.
Tout cela n’a pas contribué non plus à améliorer l’image des Kirchner, renforçant encore l’image d’un couple qui ne supporte ni la critique ni l’opposition.
Il y a également les accusations de corruption et, ce qui va avec, la constitution d’une fortune dont le montant s’étend de €15 - 20 millions (presse et justice argentine) jusqu’à US$ 600 millions (dans la presse US), constituée officiellement dans l’immobilier dans la région de Calafate, le fief des Kirchner. Des affaires immobilières qui, comme le rapporte avec un peu d’exagération le Washington Post, ferait pâlir d’envie Donald Trump soit-même.
According to information the couple supplied to the anti-corruption office, they own 28 properties valued at $3.8m, four companies worth $4.8m and bank deposits of $8.4m. Last year they sold 16 properties, almost tripling their bank accounts, and expanded their hotel business in El Calafate, a tourist magnet.
(Sources : The Guardian - 26.07.2009)
Nestor Kirchner est mort Mercredi dernier, vers 8 h30 du matin parait-il, où en tout cas c’est vers cette heure-là que la nouvelle de sa mort subite a commencé à se propager.
Il se trouve que votre chroniqueur était à Buenos-Aires à ce moment-là ce qui lui a permis de suivre vaguement ce qui se passait dans la capitale argentine. C’est d’ailleurs pour cette raison précisément que les articles parus en Europe et commentant cette mort nous semblèrent si distrayants. Sans parler des commentaires qui l’étaient encore plus... bien qu’un peu décourageant il faut bien l’avouer...
Figurez-vous, chers lecteurs fidèles de cette indispensable Chronique de Cochon sur Terre, que nous avons appris qu’il se passait quelque chose en raison des cris qui montaient de la rue alors que nous étions à notre bureau en train de travailler. Mais contrairement à ce que nous avons pu lire ici où là, ce n’étaient pas des cris de désespoir, les gens ne se mirent à pas à se suicider en masse ni à se lacérer le visage de désespoir. Non, ce furent des cris de joie. Alors bien sûr vous pourrez toujours nous dire, comme nous l’avons lu dans un commentaire particulièrement gratiné du Figaro, que c’était parce que votre chroniqueur se trouvait dans un quartier particulièrement huppé de la capitale argentine et que c’étaient des salauds de bourgeois qui se réjouissaient de la mort du protecteur du peuple argentin contre ces exploiteurs du peuple précisément... Hum, malheureusement pour nos dinosaures paléo-marxistes de service, il se trouve que votre chroniqueur, étonné que l’on puisse fêter la victoire de son équipe de foot préférée à 9h30 du matin, s'informât des raisons de ces bruits incongrus ; et malheureusement pour nos idéologues trotskistes-réactionnaires de service (à mettre dans le même panier que les précédents) ce n’étaient pas des bourgeois exploiteurs du peuple qui criaient ainsi leur joie (de toute manière c’est manquer à la psychologie la plus élémentaire que de penser une seule seconde que des bourgeois dignes de ce nom puissent se livrer à ce genre de manifestations VULGAIRES), non c’étaient plutôt les petits commerçants des rues avoisinantes, sans parler des porteros et autres traîtres à la cause, qui manifestaient leur satisfaction...
De plus, à lire nos journaux de désinformation habituels, leurs innocents lecteurs pourraient s’imaginer que la capitale argentine se trouvât instantanément envahie de foules en pleurs, que la circulation fût totalement interrompue par la douleur du peuple argentin tout entier qui se déversait à grands flots hoquetant dans les rues pour aller rendre hommage à leur leader vénéré à la Casa Rosada.
Curieux comme d’habitude, votre chroniqueur a trouvé bon d’aller voir ce qui se passait dans les rues de Buenos-Aires, y compris dans les quartiers pas vraiment bourgeois, y compris à la Boca Jeudi soir, où il n’y avait personne pour ainsi dire. Nulle part il ne vit de manifestations de désespoir, nulle part le trafic ne lui parut plus médiocre qu’à l’habitude ; on circulait même plutôt bien d’ailleurs sauf aux environ de la Casa Rosada où, effectivement, les rues étaient bouchées et où il y avait du monde. Mais y en avait-il plus que lors d’une grève des piqueteros payés par les syndicats, CGT en tête (oui ici aussi on a les gâteries qu’on peut... de plus ce syndicat était le grand soutien des Kirchner) ? D’ailleurs ceux qui se trouvaient devant la Casa Rosada pour déplorer la mort de Kirchner étaient-ils si différents des syndicalistes de la CGT qui manifestent généralement, et assez régulièrement, au même endroit où presque ?
Non.
Alors d’un côté les partisans de Nestor Kirchner en ont fait un presque saint, qu’ils voudraient bien ajouter au calendrier afin que cela puisse leur rapporter quelques gains électoraux lors des prochaines élections présidentielles. On peut déjà en voir les prémisses par l’association de Kirchner avec Peron, autre vache sacrée de la politique argentine, en tous cas pour les dits peronistes.
Pour les autres ce dernier est tout aussi haïs que Kirchner. D’ailleurs le premier appel que reçut votre chroniqueur ce matin-là, c’est-à-dire Mercredi matin, fût celui d’une femme charmante, généralement très tempérée et parfaitement urbaine. Mais en dépit de toutes ces qualités estimables votre chroniqueur entendit ceci :
- Tu as entendu ? Le monstre est mort !
Alors Kirchner, monstre où saint ?
Lorsque Nestor Kirchner fût élu Président en 2003 le pays connaissait la pire crise économique et politique de son histoire : 3 présidents entre 2001 et 2003, 20% de la population sous le seuil de pauvreté en deux ans et un défaut sur sa dette de US $ 95 milliards quelques mois auparavant.
De nombreux Argentins se souviennent, avec raison, que c’est sous le mandat de Nestor Kirchner que le pays sortit de cette crise. Et il s’en est sorti à un rythme de 8% de croissance par an entre 2003 et 2007, soutenu par la demande mondiale grandissante pour le soja, les céréales et le boeuf principalement.
Nestor Kirchner refusa les conditions du FMI lors de la renégociation de la dette argentine, FMI qui tentait d’extraire de meilleures conditions pour les créditeurs ; il se permit alors de faire défaut temporairement sur cette dernière, puis il proposa 35 cents pour US $1 de dette en disant que c’était à prendre où à laisser, s’opposant alors de front et aux créditeurs et au FMI. Contre tout attente ces derniers acceptèrent les conditions du président argentins ce qui constitua non seulement une victoire économique mais surtout morale pour Kirchner car c’était la première fois qu’un pays d’importance moyenne en terme de revenus et de PIB tenait tête au FMI et en sortait victorieux.
A la suite de quoi Kirchner repaya intégralement la dette de l’Argentine au FMI, soit US $9,5 milliards environ, ce qui lui permit de sortir le pays des griffes de cette Institution vue par la plupart des Américains du Sud, comme par d’autres également d’ailleurs, comme le bras avancé de Washington. Cela lui valut une grande admiration aussi bien sur la scène internationale qu’en Argentine et contribua grandement à la perte d’influence non seulement du FMI, dont les actions étaient déjà très controversées après les débâcles asiatiques et russes, mais aussi des USA en Amérique du Sud et parmi les pays d’importance économique moyenne qui jusqu’alors tremblaient de peur devant le FMI. Ce fût la première fois qu’un pays de cette importance non seulement refusait les diktats du FMI mais lui tenait tête et sortait victorieux de la confrontation.
Ces deux actions qui nécessitaient un courage politique certain furent interprétées avec raison, et pas seulement en Argentine, comme une affirmation d’indépendance face à Washington et aux Institutions Internationales. Ce fût d’ailleurs sa ligne de conduite en politique étrangère. C’est dans cette veine qu’il faut voir son refus d’adresser la parole à l’Ambassadeur des USA pendant les 4 ans que dura son mandat. C’est également dans cette veine qu’il faut interpréter sa politique étrangère vis-à-vis de ses pairs d’Amérique du Sud. Car il faut bien comprendre qu’à cette époque les Argentins n’étaient pas très bien vus du reste du continent. Or Kirchner sortit son pays de cet isolement et il réussit à lui donner une voix nouvelle sur la scène sud-américaine, une voix qui levait l’étendard de l’indépendance et qui entraînait le rejet direct de l’influence des USA non seulement sur la politique mais aussi sur l’économie du continent Sud-Américain, ce qui explique son opposition virulente aux tentatives des USA d’établir un marché commun avec tout le continent Sud-Américain. D’où son alliance avec des dictateurs aux politiques controversées comme Chavez au Venezuela où Morales en Bolivie. Mais ces trois-là avaient la même détermination d’éloigner les USA non seulement de leur pays respectifs mais également d’Amérique du Sud. Le Brésilien Lula n’était pas étranger non plus à cette vision des choses, loin de là, même s’il ne fût pas aussi provocateur que les Chavez où Morales.
C’est pourquoi on peut créditer Kirchner d’avoir été l’un des plus efficaces promoteurs de cette politique d’indépendance, non seulement pour son pays mais aussi pour le continent sud-américain. Et c’est certainement pour cette raison qu’il fût mis à la tête de l’Union des Nations d’Amérique du Sud (UNASUR), ce qui constitue une sorte de reconnaissance de la part de ses pairs.
Il fût également beaucoup loué pour avoir soutenu fermement le système judiciaire argentin en lui permettant de s’attaquer aux crimes de la junte militaire des années 1976-1983 dont on estime les victimes à 30.000 personnes tuées où disparues. C’est ainsi qu’en levant les amnisties dont bénéficiaient les militaires la justice réussit à juger de nombreux membres de l’armée et à en condamner plusieurs dizaines.
Cela dit l’avenir ne se révélait pas forcément aussi rose pour le couple présidentiel que ses premières années de pouvoir.
Car depuis l’élection de Cristina les Kirchner s’aliénèrent de nombreuses parties de la société en raison de leur autoritarisme supposé, de leurs attaques contre le campo, l’église, les milieux d’affaires où la presse indépendante, et généralement contre tous ceux qui s’opposent à eux, sans parler des affaires de corruption ni des financements de campagnes électorales par l’étranger etc...
De très nombreuses voix se sont élevées au cours de son mandat comme de celui de sa femme (ce qui revient au même puiqu’on dit que c’est lui qui prenait toutes les décisions et qui avait nommé tous les membres du gouvernement), pour dénoncer une tendance de ce qui est décrit comme son « autoritarisme » qui se serait particulièrement développée à partir de la troisième année de son mandat. Cela se traduisit par une concentration des pouvoirs entre ses mains de plus en plus intense, avec une propension à passer par-dessus les organes de direction traditionnels et à prendre ses décisions sans se préoccuper de l’avis de quiconque.
Lorsqu’il arriva au pouvoir Nestor Kirchner promit de réformer le système judiciaire en permettant à celui-ci d’être plus indépendant du pouvoir politique. Promesse qu’il tint. Mais les choses commencèrent à se gâter lorsque le pouvoir judiciaire nouvellement indépendant commença à l’être un peu trop au goût du Président lui-même. Car tant qu’il s’agissait de fouiller les affaires criminelles des militaires Kirchner soutint les juges, mais lorsque ceux-ci commencèrent à s’opposer à lui en invalidant des lois votées au Parlement par les peronistes tenus par Kirchner, ce dernier commença à crier au scandale ; et lorsque certains juges entreprirent d’enquêter sur les affaires de corruption qui touchait les membres du gouvernement sans parler des siennes propres, Kirchner cria au complot.
Nestor Kirchner n’aimait pas qu’on s'opposât à lui.
Son utilisation de l’argent de l’Etat lui fût reprochée en raison des nombreux programmes sociaux qu’il entreprit, afin de s’acheter des voix aux élections selon ses détracteurs ; il fût également accusé d’avoir grandement aidé son allié, le syndicat CGT, à parfaire son hégémonie par des voies plus où moins légales sur lesquelles la justice est en train d’enquêter. A ce propos l’alliance des Kirchner avec la CGT finissait peut-être par devenir trop encombrante pour ces derniers car on disait dans de nombreux milieux politiques à BA avant sa mort que Nestor Kirchner envisageait de distendre cette alliance dont il se serait senti devenir prisonnier.
Cela n’aurait pas été la première fois que le défunt président aurait abandonné un allié politique pour un autre lorsque ce dernier ne lui était soudain plus utile où lui était devenu une menace. Car Nestor Kirchner n’était pas vraiment un idéologue mais un pragmatique qui s’adaptait avec une redoutable efficacité à la situation.
Les taxes sur les exportations agricoles que les Kirchner imposèrent en 2008 leur aliénèrent totalement les propriétaires terriens, les fermiers et les éleveurs, et provoquèrent des protestations massives. Kirchner fit face à ses opposants en les accusant sans aucune crédibilité de vouloir renverser sa femme.
Il y eut aussi les attaques très graves et répétées contre la presse indépendante, et particulièrement le harcèlement contre le groupe Clarin et ses propriétaires, par des moyens plus que douteux autant qu’odieux, voire illégaux en ce qui concerne l’affaire Fibertel.
Le groupe Clarin par exemple avait commencé par soutenir Nestor Kirchner puis, au cours des années, le journal Clarin finit par devenir un de ses nombreux nouveaux opposants. Kirchner ne le lui pardonna jamais et tenta par tous les moyens de réduire au silence et Clarin et le restant de la presse indépendante.
Tout cela n’a pas contribué non plus à améliorer l’image des Kirchner, renforçant encore l’image d’un couple qui ne supporte ni la critique ni l’opposition.
Il y a également les accusations de corruption et, ce qui va avec, la constitution d’une fortune dont le montant s’étend de €15 - 20 millions (presse et justice argentine) jusqu’à US$ 600 millions (dans la presse US), constituée officiellement dans l’immobilier dans la région de Calafate, le fief des Kirchner. Des affaires immobilières qui, comme le rapporte avec un peu d’exagération le Washington Post, ferait pâlir d’envie Donald Trump soit-même.
According to information the couple supplied to the anti-corruption office, they own 28 properties valued at $3.8m, four companies worth $4.8m and bank deposits of $8.4m. Last year they sold 16 properties, almost tripling their bank accounts, and expanded their hotel business in El Calafate, a tourist magnet.
(Sources : The Guardian - 26.07.2009)
Une enquête judiciaire est d’ailleurs en cours à propos de terrains municipaux vendus par un maire pour des sommes dérisoires aux Kirchner qui les auraient ensuite recédés à des tarifs assez différents...
Pour couronner le tout, les preuves comme quoi Chavez avait financé la campagne électorale de Mme Kirchner en 2007 ne furent pas du meilleur effet non plus lorsqu’elles furent rendues publiques avant les élections de 2009.
Tout ceci mena à la défaite le parti peroniste aux élections de l’année dernière, parti miné par les rivalités internes comme déjà dit. De plus Nestor Kirchner dût quitter la présidence du parti au profit du gouverneur de Buenos-Aires, Daniel Scioli, dont on dit qu’il sera candidat à la Présidentielle de 2011.
Mais ce qui est aujourd’hui la menace la plus grave pour la veuve de Nestor Kirchner reste la situation économique. Car les statistiques officielles sont refusées par tous les économistes indépendants, qu’ils soient nationaux où étrangers ; ces statistiques sont en effet outrageusement manipulées par le gouvernement afin d’enjoliver le décor avant les échéances électorales. C’est ainsi que le gouvernement annonça une croissance de 0,9 % pour l’année dernière alors que tous les analystes s’accordent à dire que l’économie s’est en réalité contractée de 2% voire plus.
On a eu également droit à des déclarations surréalistes de membres du gouvernement affirmant qu’il n’y avait pas d’inflation en Argentine alors que quelques temps après le gouvernement fût contraint d’avouer 9 % d’inflation. En réalité cette dernière serait plutôt de 25 % depuis le début de l’année.
Mais c’est la situation des «slums» qui cernent la capitale qui reflète le mieux la réalité de la situation économique du pays et les conséquences de l’inflation. Ces «slums» croissent toujours plus vite au fur et à mesure que la situation économique se détériore, notamment à cause de l’inflation.
The population in the so-called "emergency villages" of the Argentine capital has grown by 25% in the last two years, now housing some 200,000 people.
That is equivalent to almost 7% of the inhabitants of the city, or the arrival of 11 families per day to the 14 slums and at least 40 settlements within Buenos Aires's perimeter.
(Sources : BBC News - 16 Juin 2009)
En effet les loyers dans Buenos-Aires deviennent de plus en plus inabordables non seulement pour ceux qui ont perdu leur emploi, bien évidemment, mais aussi pour ceux qui en ont encore un puisque leur salaire n’augmente pas, contrairement aux prix des loyers et de la vie courante.
Tous ces gens sont donc contraints de quitter la ville pour la banlieue, parfois à une heure de train, ce qui bouleverse complètement leur mode de vie et l’équilibre familial avec ce que cela comporte de problèmes pour les enfants laissés à eux-mêmes, notamment celui de la drogue qui engendre la violence entre autre.
D’où l’insécurité grandissante à Buenos-Aires qui, sans être équivalente à celle du Brésil contrairement à ce que peuvent affirmer certains, n’en demeure pas moins suffisamment réelle et problématique pour que de plus en plus de portenos s’en plaignent. Insécurité qu’il devient de plus en plus difficile de masquer en dépit des consignes données aux postes de police afin de décourager les gens victimes d’une attaque où d’un vol de porter plainte afin de ne pas faire exploser les statistiques à la hausse.
Tout ceci explique pourquoi les milieux d’affaires étrangers sont très réticents pour investir dans ce pays ; ce à quoi il convient d’ajouter les invraisemblables complications administratives, la corruption, mais aussi le climat d’incertitude qui règne au niveau politique, climat engendré par des décisions gouvernementales très imprévisibles. Les tentatives de museler la presse indépendante par exemple où la taxation de 30 % des exportations agricoles en 2008, tout cela ne crée pas un climat susceptible de rassurer des investisseurs ; bien au contraire cela aurait plutôt tendance à les faire fuir. Ce qui se produit effectivement au profit du Chili par exemple où du Brésil évidemment.
Le plus préoccupant est que cette situation économique soit mauvaise malgré les ventes de voitures fabriquées en Argentine et exportées au Brésil qui explosent et en dépit des exportations de produits agricoles qui s’envolent, tirées par la demande chinoise notamment. C’est pourquoi de nombreux observateurs s’accordent à penser que si l’une de ces deux sources de devises venaient à manquer, où seulement à baisser un peu trop, le pays se retrouverait dans une situation encore plus difficile qu’il ne l’est aujourd’hui.
C’est ainsi que, ironie noire certes, le spectre des années pré-Kirchner est de nouveau dans tous les esprits au moment où celui qui y avait mis fin vient de disparaître.
Alors Nestor Kirchner, monstre où saint ?
Ni l’un ni l’autre.
Mais s’il fût célébré par les Argentins lors de son mandat à cause de son apparente cure réussie de l’économie, il est bien possible que l’on se réveille un jour, demain peut-être, en réalisant que cela ne fût qu’une illusion de quelques années favorisées par la forte demande mondiale de produits agricoles qui débuta au début des années 2000 et qui constitua certainement un facteur beaucoup plus déterminant dans la résolution de la crise que n’importe quoi d’autre. Ce qui ne veut pas dire qu'il s’agisse pas de sous-estimer l’action de Kirchner dans la résolution de la crise de la dette ni dans celle de la crise économique, il s'agit d'en tempérer les effets par rapport à ceux des exportations de produits agricoles.
Son désir et son action afin de rendre son indépendance économique et politique non seulement à son pays mais aussi au continent Sud-Américain dans son ensemble sera certainement plus perenne que son action économique stricte. Car il fit parti des précurseurs dans ce domaine en compagnie de Lula, Chavez où Morales, qu’on apprécie ces deux derniers où pas n’est pas le problème ; il faut voir cela dans une perspective sud-américaine. Et c’est dans cette perspective que Kirchner devrait être célébré comme il se doit : le défenseur de l’indépendance des argentins et des américains-du-sud (en filigrane contre les USA). C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il faut comprendre la venue de si nombreux chefs d’Etat d’Amérique du Sud pour ses funérailles à Buenos-Aires. C’est un hommage par les américains-du-sud à l'action du leader de l'Organisation des Nations d'Amériques du Sud pour l’indépendance du continent sud-américain.
Pour couronner le tout, les preuves comme quoi Chavez avait financé la campagne électorale de Mme Kirchner en 2007 ne furent pas du meilleur effet non plus lorsqu’elles furent rendues publiques avant les élections de 2009.
Tout ceci mena à la défaite le parti peroniste aux élections de l’année dernière, parti miné par les rivalités internes comme déjà dit. De plus Nestor Kirchner dût quitter la présidence du parti au profit du gouverneur de Buenos-Aires, Daniel Scioli, dont on dit qu’il sera candidat à la Présidentielle de 2011.
Mais ce qui est aujourd’hui la menace la plus grave pour la veuve de Nestor Kirchner reste la situation économique. Car les statistiques officielles sont refusées par tous les économistes indépendants, qu’ils soient nationaux où étrangers ; ces statistiques sont en effet outrageusement manipulées par le gouvernement afin d’enjoliver le décor avant les échéances électorales. C’est ainsi que le gouvernement annonça une croissance de 0,9 % pour l’année dernière alors que tous les analystes s’accordent à dire que l’économie s’est en réalité contractée de 2% voire plus.
On a eu également droit à des déclarations surréalistes de membres du gouvernement affirmant qu’il n’y avait pas d’inflation en Argentine alors que quelques temps après le gouvernement fût contraint d’avouer 9 % d’inflation. En réalité cette dernière serait plutôt de 25 % depuis le début de l’année.
Mais c’est la situation des «slums» qui cernent la capitale qui reflète le mieux la réalité de la situation économique du pays et les conséquences de l’inflation. Ces «slums» croissent toujours plus vite au fur et à mesure que la situation économique se détériore, notamment à cause de l’inflation.
The population in the so-called "emergency villages" of the Argentine capital has grown by 25% in the last two years, now housing some 200,000 people.
That is equivalent to almost 7% of the inhabitants of the city, or the arrival of 11 families per day to the 14 slums and at least 40 settlements within Buenos Aires's perimeter.
(Sources : BBC News - 16 Juin 2009)
En effet les loyers dans Buenos-Aires deviennent de plus en plus inabordables non seulement pour ceux qui ont perdu leur emploi, bien évidemment, mais aussi pour ceux qui en ont encore un puisque leur salaire n’augmente pas, contrairement aux prix des loyers et de la vie courante.
Tous ces gens sont donc contraints de quitter la ville pour la banlieue, parfois à une heure de train, ce qui bouleverse complètement leur mode de vie et l’équilibre familial avec ce que cela comporte de problèmes pour les enfants laissés à eux-mêmes, notamment celui de la drogue qui engendre la violence entre autre.
D’où l’insécurité grandissante à Buenos-Aires qui, sans être équivalente à celle du Brésil contrairement à ce que peuvent affirmer certains, n’en demeure pas moins suffisamment réelle et problématique pour que de plus en plus de portenos s’en plaignent. Insécurité qu’il devient de plus en plus difficile de masquer en dépit des consignes données aux postes de police afin de décourager les gens victimes d’une attaque où d’un vol de porter plainte afin de ne pas faire exploser les statistiques à la hausse.
Tout ceci explique pourquoi les milieux d’affaires étrangers sont très réticents pour investir dans ce pays ; ce à quoi il convient d’ajouter les invraisemblables complications administratives, la corruption, mais aussi le climat d’incertitude qui règne au niveau politique, climat engendré par des décisions gouvernementales très imprévisibles. Les tentatives de museler la presse indépendante par exemple où la taxation de 30 % des exportations agricoles en 2008, tout cela ne crée pas un climat susceptible de rassurer des investisseurs ; bien au contraire cela aurait plutôt tendance à les faire fuir. Ce qui se produit effectivement au profit du Chili par exemple où du Brésil évidemment.
Le plus préoccupant est que cette situation économique soit mauvaise malgré les ventes de voitures fabriquées en Argentine et exportées au Brésil qui explosent et en dépit des exportations de produits agricoles qui s’envolent, tirées par la demande chinoise notamment. C’est pourquoi de nombreux observateurs s’accordent à penser que si l’une de ces deux sources de devises venaient à manquer, où seulement à baisser un peu trop, le pays se retrouverait dans une situation encore plus difficile qu’il ne l’est aujourd’hui.
C’est ainsi que, ironie noire certes, le spectre des années pré-Kirchner est de nouveau dans tous les esprits au moment où celui qui y avait mis fin vient de disparaître.
Alors Nestor Kirchner, monstre où saint ?
Ni l’un ni l’autre.
Mais s’il fût célébré par les Argentins lors de son mandat à cause de son apparente cure réussie de l’économie, il est bien possible que l’on se réveille un jour, demain peut-être, en réalisant que cela ne fût qu’une illusion de quelques années favorisées par la forte demande mondiale de produits agricoles qui débuta au début des années 2000 et qui constitua certainement un facteur beaucoup plus déterminant dans la résolution de la crise que n’importe quoi d’autre. Ce qui ne veut pas dire qu'il s’agisse pas de sous-estimer l’action de Kirchner dans la résolution de la crise de la dette ni dans celle de la crise économique, il s'agit d'en tempérer les effets par rapport à ceux des exportations de produits agricoles.
Son désir et son action afin de rendre son indépendance économique et politique non seulement à son pays mais aussi au continent Sud-Américain dans son ensemble sera certainement plus perenne que son action économique stricte. Car il fit parti des précurseurs dans ce domaine en compagnie de Lula, Chavez où Morales, qu’on apprécie ces deux derniers où pas n’est pas le problème ; il faut voir cela dans une perspective sud-américaine. Et c’est dans cette perspective que Kirchner devrait être célébré comme il se doit : le défenseur de l’indépendance des argentins et des américains-du-sud (en filigrane contre les USA). C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il faut comprendre la venue de si nombreux chefs d’Etat d’Amérique du Sud pour ses funérailles à Buenos-Aires. C’est un hommage par les américains-du-sud à l'action du leader de l'Organisation des Nations d'Amériques du Sud pour l’indépendance du continent sud-américain.
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