mardi 20 décembre 2011

Bernard Lugan censuré par la direction de I-Télé

A l’issue de la sortie de son dernier livre « Décolonisez l’Afrique », Bernard Lugan, le célèbre universitaire spécialiste de l’Afrique, avait été invité par Robert Ménart à l’émission animée par ce dernier et intitulée « Ménard sans interdits ». A cette fin Bernard Lugan accorda un entretien à Robert Ménard qui fût dument enregistré par ce dernier, entretien qui devait être ensuite passé au cours de l’émission qui se vante d'être "sans interdits". Cela ne manque pas de saveur étant donné que la direction de I-Télé a censuré l’interview en question ; en effet celui-ci fût interdit d’antenne.

Il est vrai que Bernard Lugan ne fait pas vraiment dans le « politiquement correct » à la BHL et compagnie, non plus que dans la profession d'anti-raciste, droits de l'hommisme et bla bla bla, cette sauce nauséabonde que l’on nous ressert à chaque plat qui passe et qui n’a d’autre qualité que de masquer la vérité des faits au profit d’une idéologie néfaste et dangereuse pour ceux mêmes au nom desquels elle prétend combattre. En l'occurence les africains et l'Afrique.

Vous pouvez vous rendre sur le site de Bernard Lugan : www.bernard-lugan.com et nous vous recommandons vivement d’acheter son dernier livre (comme les autres d'ailleurs) : « Décolonisez l’Afrique » qui vous donnera une perspective des événements de ce continent rafraichissante et lucide.

En attendant la Chronique de Cochon sur Terre reproduit ci-dessous l’intégralité de l’interview tel qu’il avait été prévu d’être projeté sur I-Télé.

Journaliste : Robert Ménard

Interviewé : Bernard Lugan

1) Dans votre livre vous écrivez que les Africains ne sont pas des « Européens pauvres à la peau noire » ; selon vous, c’est pourquoi toutes les tentatives de développement ont échoué en Afrique ?

Le refus de reconnaître les différences entre les hommes fait que nous avons imposé à l’Afrique des modèles qui ne lui sont pas adaptés. Nous l’avons fait avec arrogance, comme des jardiniers fous voulant greffer des prunes sur un palmier et noyant ensuite le porte-greffe sous les engrais. C’est ainsi que depuis 1960, 1000 milliards de dollars d’aides ont été déversés sur l’Afrique, en vain. De plus, nous avons voulu européaniser les Africains, ce qui est un génocide culturel. De quel droit pouvons-nous en effet ordonner à ces derniers de cesser d’être ce qu’ils sont pour les sommer d’adopter nos impératifs moraux et comportementaux ? L’ethno-différentialiste que je suis refuse cette approche relevant du plus insupportable suprématisme. Contre Léon Blum qui déclarait qu’il était du devoir des « races supérieures » d’imposer la civilisation aux autres races, je dis avec Lyautey qu’il s’agit de pure folie car les Africains ne sont pas inférieurs puisqu’ils sont « autres ».

2) Dans votre livre vous proposez de supprimer l’aide.

Oui, car l’aide, en plus d’être inutile, infantilise l’Afrique en lui interdisant de se prendre en main, de se responsabiliser. Dans la décennie 1950-1960, les Africains mangeaient à leur faim et connaissaient la paix tandis que l’Asie subissait de terribles conflits et d’affreuses famines. Un demi siècle plus tard, sans avoir été aidées, la Chine et l’Inde sont devenues des « dragons » parce qu’elles ont décidé de ne compter que sur leurs propres forces, en un mot, de se prendre en charge. Au même moment, le couple sado-masochiste composé de la repentance européenne et de la victimisation africaine a enfanté d’une Afrique immobile attribuant tous ses maux à la colonisation.

3) Vous dénoncez l’ingérence humanitaire que vous définissez comme un hypocrite impérialisme et une forme moderne de la « guerre juste », mais n’était-il pas nécessaire d’intervenir en Libye pour y sauver les populations ?

Parlons-en. Nous sommes en principe intervenus pour « sauver » les populations civiles de Benghazi d’un massacre « annoncé ». En réalité, nous avons volé au secours de fondamentalistes islamistes, frères de ceux que nous combattons en Afghanistan. Cherchez la logique ! Violant le mandat de l’ONU et nous immisçant dans une guerre civile qui ne nous concernait pas, nous nous sommes ensuite lancés dans une entreprise de renversement du régime libyen, puis dans une véritable chasse à l’homme contre ses dirigeants. Or, le point de départ de notre intervention reposait sur un montage et nous le savons maintenant. Que pouvaient en effet faire quelques chars rouillés contre des combattants retranchés dans la ville de Benghazi ? On nous a déjà « fait le coup » avec les cadavres de Timisoara en Roumanie, avec les « couveuses » du Koweït ou encore avec les « armes de destruction massive » en Irak. A chaque fois, la presse est tombée dans le panneau, par complicité, par bêtise ou par suivisme.

Mais allons plus loin et oublions un moment les incontournables et fumeux « droits de l’homme » pour enfin songer à nos intérêts nationaux et européens, ce qui devrait tout de même être la démarche primordiale de nos gouvernants. Nos intérêts étaient-ils donc menacés en Libye pour que nos dirigeants aient pris la décision d’y intervenir ? Etaient-ils dans le maintien au pouvoir d’un satrape certes peu recommandable mais qui, du moins, contrôlait pour notre plus grand profit 1900 kilomètres de littoral faisant face au ventre mou de l’Europe ? Nos intérêts étaient-ils au contraire dans la déstabilisation de la Libye puis son partage en autant de territoires tribaux livrés aux milices islamistes ? Sans parler des conséquences de notre calamiteux interventionnisme dans toute la zone sahélienne où, désormais, nos intérêts vitaux sont effectivement menacés, notamment au Niger, pays qui fournit l’essentiel de l’uranium sans lequel nos centrales nucléaires ne peuvent fonctionner…

4) Votre conception du monde n’a-t-elle pas une influence sur vos analyses et prises de positions ?

J’ai une conception aristocratique de la vie, je dis aristocratique et non élitiste, la différence est de taille, et alors ? Depuis 1972, soit tout de même 40 ans, je parcours toutes les Afriques, et cela du nord au sud et de l’est à l’ouest, ce qui me donne une expérience de terrain unique dans le monde africaniste ; c’est d’ailleurs pourquoi mes analyses ont du poids. Dès le mois de décembre 2010, dans ma revue, l’Afrique Réelle, j’ai annoncé ce qui allait se passer en Egypte trois mois plus tard. De même, dès le début, j’ai expliqué que le « printemps arabe » n’était qu’un mirage, un miroir aux alouettes autour duquel tournaient les butors de la sous-culture journalistique cependant que, méthodiquement et dans l’ombre, les Frères musulmans préparaient la construction du califat supranational qui est leur but ultime.

Voilà les propos que les téléspectateurs d’I-Télé n’ont pas eu le droit d’entendre.

vendredi 16 décembre 2011

Exposition « Any ever » de Ryan Trecartin et Lizzie Fitch au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris jusqu'au 8 Janvier 2012

par Jean Seymour.


L’affiche était attirante. Je me retrouve donc au musée d’art moderne de la ville de Paris ne connaissant pas les artistes, n’ayant rien lu sur l’exposition « Any Ever ». Pourquoi pas après tout, faisons confiance à la programmation de l’Institution... Il n’y a pas foule ce samedi matin ; je peux grimper les marches quatre à quatre, le cœur léger.

Et là tout se complique.

Des centaines de mètres carrés pour un « univers en expansion » dixit les commissaires, envahis par les objets de nos sociétés de consommation accrochés, attachés, imbriqués les uns aux autres ; il s’ensuit des salles obscures où sont projetés Trill-ogy Comp (2009) et les quatre films qui composent Re’Search Wait’S (2009-2010). Les commissaires indiquent que « chaque vidéo possède ainsi son lieu propre où le son a un rôle à part entière ».

Que nous disent ces artistes ? Que la technique nous transforme, que nous sommes en train de muter, que nous devenons de la matière. Les commissaires le disent autrement en nous expliquant que les deux artistes réexaminent « les codes du monde réel et les règles du langage ».

Pourquoi alors, à mesure que je découvrais ces installations et ces vidéos, naissait en moi le sentiment du vide de la proposition artistique face à la profusion des objets-sculptures et l’inanité des films ? Pourquoi ne ressentais-je pas en moi « une frénésie sombre et jubilatoire » de cette « expérimentation formelle » comme nos chers commissaires nous y invitent ?

N’est pas Duchamp ou Picasso qui veut. Le ready-made est un art qui a déjà exploré de très nombreuses formes et chemins. Je trouve que Ryan Trecartin et Lizzie Fitch, s’ils ne manquent pas d’humour, offrent dans leur jusqu’au boutiste, un geste lourd, répétitif. Je me suis terriblement ennuyé – aussi ai-je redescendu les marches intérieures du palais l’esprit contrarié.

Mon conseil : rendez-vous dans la salle de la collection permanente où sont exposées trois œuvres monumentales de Bernard Buffet, don récent de sa famille. Regardez le tableau La Mort 5. Peint en 1999, c’est probablement l’une des dernières œuvres du peintre. Un tableau prémonitoire, doté d’une très grande force. J’ai cru que cela était une œuvre de Basquiat. Buffet-Basquiat, correspondance(s) ? J’en ai été ému. (Vous pourrez admirer dans la salle d’à côté une série de 13 photos Les catacombes des capucins de Jean-Loup Sieff, série admirable d’authentiques vanités – et qui offrent un tout autre élan que la paire Trecartin & Fitch pour réfléchir à notre condition humaine).

mercredi 14 décembre 2011

Défaite historique des USA aux legislatives russes.

Quel pays merveilleux !

Un pays où les électeurs n’ont le choix qu’entre deux branches du même parti depuis plus de cent ans ; un pays où le Président n’est pas élu au suffrage universel ; un pays où les citoyens peuvent être arrêtés par l’armée sans être déféré à un tribunal jusqu’à la fin de leur vie ; un pays dont le Président peut ordonner l’assassinat officiel de ses propres citoyens sans avoir à fournir de justification ; un pays où la ploutocratie qui tient le gouvernement dans sa main échappe à toute justice tout en ruinant la population par ces actes financiers criminels ; un pays qui tient ses propres citoyens dans les mailles d’un réseau de surveillance inégalé etc... Bref un pays qui représente la lumière de l’univers, la perfection achevée en matière de justice sociale : 45 millions de ces habitants survivent uniquement grâce à des bonds d’alimentation. Une démokratie comme on les aime tant, si généreuse qu’elle n’hésite pas à réduire en cendre toute nation qui ne rentrerait pas strictement dans ce cadre scintillant à seule fin de leur imposer ce modèle immaculé qui fait la fierté de Cochon sur Terre, permettant ainsi aux habitants qui n’ont pas été massacré par ces « guerres de libération » d’en profiter joyeusement dans une indigence inconnue d’eux jusqu’alors.

Quel est ce pays, chers lecteurs ?

Nous vous laissons deviner pour émigrer au plus vite vers ces rivages de rêve.

Tata Hillary est une voyante extraordinaire !

En attendant la Clique des Vertueux Innocents (CVI : voir la définition), c’est à dire le gouvernement du pays dont nous parlions plus haut, a fait entendre de la voix ces derniers jours par l’intermédiaire de sa très digne représentante : sonnez tromblons, nous avons nommé l’inéffable Tata Hilary. En effet cette très digne Représentante du Bien sur Terre (RBT) a fait part de ses sentiments sur l’issue des élections législatives russes. Ceci dit nous invitons nos chers lecteurs à noter avec ravissement au passage que Tata Hillary est dotée d’un don que nous ne lui connaissions pas encore, parmi tous les autres bien entendu ; Tata Hillary a révélé au monde entier lundi dernier à Bonn qu’elle était dotée d’un don de voyance extraordinaire.

Elle annonça qu’elle était : "worried" about the conduct of the ballot and "Russian people, like people everywhere deserve the right to have their voices heard and their votes counted"

C’était donc Lundi. Or ce jour là elle était la seule au monde à connaitre à l’avance les résultats des élections législatives russes puisque les résultats officiels ne furent pas dévoilés avant le Mercredi suivant.

Quelle chance ils ont ces américains tout de même d’être dirigés par des êtres si extraordinaires !

Et ce d’autant plus que le lendemain, à Vilnius cette fois, elle en remit une tartine en faisant à nouveau part de ses inquiétudes sur le déroulement des législatives russes alors que le Kremlin lui-même ne fût pas au courant des résultats complets et définitifs avant le lendemain. Mais Tata Hillary converse avec les dieux chaque nuit ce qui n’est pas le cas de Vladimir Putin. D’ailleurs ce dernier, à en juger par les attaques incessantes et immondes dont il fit l’objet ces dernières semaines de la part de la presstitute aux ordres de Washington (particulièrement Radio Free Europe), devrait plutôt être rangé dans la catégorie de ces êtres sataniques dont les RBT se sont chargés de nous défendre sans qu’on nous ait demandé notre avis.

Le résultat des élections.

Le résultat des élections fut donc connus Mercredi, c’est à dire après que Tata Hilary ne fassse part de ses « inquiètudes » sur les dits résultats et la manière dont ils furent obtenus.

Quels furent ces résultats ?

- Russie-Unie, le parti au pouvoir a obtenu 49,3 % des voix contre 64 % en 2007

- Le Parti Communiste a obtenu 19,2 % contre 11,5% en 2007

- Le Parti Russie Juste (Gauche, nationaliste et étatiste) a obtenu 13% contre 7,8% en 2007

- Le Parti Ultranationaliste Libéral-démocrate a obtenu 7,8% comme en 2007 à peu près

- L’opposition « de droite et libérale » ; Iabloko 3,9% et Juste Cause 0,59%.

La première chose qui nous saute à la figure c’est que le parti au pouvoir a perdu des voix. Non seulement il a perdu des voix mais il en a perdu beaucoup passant de 64 % à 49,3 %. Entre parenthèse cela remet légèrement en cause les accusations US sur la nature du régime russe, soit disant un régime sans liberté, un régime autoritaire type Union Sovietique et bla bla bla... Dans un régime de ce genre, à notre connaissance, le pouvoir en place ne perd JAMAIS les élections ; bien au contraire il a plutôt l’habitude de les gagner avec 95 % des voix.

Un peu comme le Sénat US vota la semaine dernière la suppression du droit d’habeas corpus avec 97 voix contre 3. Où bien comme ce grand allié des USA, aux moeurs si démokratiques et plaisantes, nous voulons nommer l’Arabie Saoudite où il n’y a même pas besoin d’élections puisque le support populaire est assuré à 120 % des voix au moins en permanence par la police politique où religieuse, au choix. Où encore comme en Egypte lorsque l’ex « presque membre de la famille » de Tata Hillary (comme elle le déclara lors d’une visite d’état du Président Moubarak aux USA) était au pouvoir en Egypte où il gagnait démokratiquement les élections avec 90 % des voix où peu s’en faut.

Il est très étonnant que nous n’ayons jamais entendu le quart du tiers des inquiétudes de Tata Hillary « about the conduct of the ballot » dans tous ces régimes alliés et respectant avec tant de passion notre fameuse démokraties.

Bref passons.

En attendant les Russes rejettent le modèle occidental.

Donc en Russie, où sévit une dictature atroce, sans aucune liberté, le parti au pouvoir a quasiment perdu la majorité tandis que les partis d’opposition ont gagné à mesure, principalement les communistes et Russie Juste qui à eux deux ont 43 % des voix.

En revanche les partis dits de « droite libérale » se sont pris une claque monumentale. Ce qui est fort distrayant c’est que ce sont précisément ces partis que les Américains esperaient voir prendre de l’importance dans la vie politique du pays. Des partis qui pronaient le modèle de « développement » occidental, où plutôt US pour être plus précis. C’est à dire ce modèle qui fût précisément celui que les hordes de conseillers US « libéraux » de Eltsine tentèrent d’imposer à la Russie dans les années 90 et qui faillit non seulement détruire le pays mais aussi à le destabiliser suffisamment, voire le morceler, pour l’épuiser à jamais et le mettre complètement sous la coupe des anglo-saxons ce qui leur aurait permis de mettre la main sur ses réserves minières. C’était sans compter sur Vladimir Poutine. C’est lui qui parvint à mettre fin à tout cela ; c’est lui remit au pas les oligarques ; c’est lui qui réimposa la prééminence de l’Etat ; bref c’est lui qui sauva la Russie. Ce faisant il s’attira la haine des Anglo-Saxons.

Pourtant l’ironie des élections russes c’est bien qu’elles montrent un rejet virulent du soit disant modèle occidental, où plus précisément US et libéral. Les russes ont de la mémoire et se souviennent de ce qu’ils ont enduré au cours de la décennie des années 1990. Ce qui signifie que les espoirs US de circonvenir le pays à travers ces partis dits de droite libérale ont totalement échoué malgré leur soutien « moral » et financier : 4,5 % des voix., quel succès ! Il faut préciser que les USA ne pensaient probablement pas que ces partis parviendraient au pouvoir mais se renforceraient suffisamment pour gêner Poutine et limiter sa conduite des affaires en créant des divisions importantes dans la société russe. D’où également le rôle de ces ONG qui sont financées par le Département d’Etat et affiliés et qui ont pour but de semer des ferments de discorde dans le pays afin d’affaiblir la position de ce dernier sur la scène international. Le récent scandale de 60 megabytes de correspondance via email de l’ONG Golos publié Vendredi dernier par Life News met en lumière le rôle des USA dans le financement de cette ONG, supposée indépendante, en vue d’atteindre des objectifs on ne peut plus précis (Ici).

Le problème n’est pas les élections mais Poutine.

Le véritable problème ce ne sont pas les élections et leur résultat mais bel et bien Poutine, où plutôt sa réélection en Mars prochain, raison pour laquelle les USA font tout pour le déconsidérer et affaiblir ses chances de se faire réélire.

Stratégie non seulement stupide mais suicidaire puisqu’il ne fait pratiquement aucun doute que Poutine sera réélu haut la main en Mars étant donné sa popularité face à laquelle n’importe quel politicien occidental pourrait baver d’envie. Et ce d’autant plus si l’on considère que Poutine est aux commandes du pays depuis 1999 sans interruption, que ce soit en tant que Président où Premier Ministre.

Où en sont Obama, Sarkozy et compagnie au bout de leur premier mandat ?

Les Américains craignent une réélection de Poutine. Ils redoutent ses projets de politique étrangère qui tendent tous à contrer les fantasmes US de domination en Asie Centrale à travers leur projet « new silk road », sans compter leur tentative de remodelage du Moyen-Orien à leur profit.

Ils savent qu’avec Poutine ils auront en face d’eux un homme aux idées claires et bien arrêtées dotée d’une vision stratégique à long terme (on n’est pas joueur d’échec pour rien). C’est ainsi que la politique de Poutine d’alliance stratégique avec la Chine, passant par un renforcement des liens économiques entre les deux pays ainsi que la haute estime que les dirigeants chinois ont pour lui alimentent la paranoïa aigüe et la crainte de l’oligarchie US de voir se former une alliance solide entre les deux pays, ce qui signerait l’arrêt de mort de leurs projets megalomaniaques. Récemment s’est ajouté à cela, comme pour démontrer les fondements des craintes US, la récente opposition déterminée et conjointe des Russes et des Chinois à toute opération militaire étrangère en Syrie de style Libye, comme le montre l’envoi du porte-avion Amiral Kouznetzow en Syrie ainsi que la livraison à ce dernier pays de batterie côtière anti-misssile. La cerise sur le gâteau fût l’annonce des consultations que Poutine a annoncé entre la Russie, la Chine et l’Iran en Janvier 2012 sur l’affaire du fameux bouclier anti-missile. tout cela n’est pas fait pour plaire à l’Empire et à ses dirigeants.

Car les Empires n’aiment pas qu’on leur résiste même lorsque cela se fait démokratiquement.

Manifestations

Depuis quelques jours nos médias de désinformation ne cessent de se réjouir des manifestations « monstres » (25.000 participants à Moscou et 7.000 à Saint Petersbourg) qui ont eu lieu en Russie, en réalité éssentiellement à Moscou et Saint Petersbourg. On nous désinforme, apparemment avec gourmandise, en nous annonçant la fin de Poutine et de son gouvernement dictatorial et bal bla bla, sans parler des équivalence avec Tahrir Square bien évidemment.

Toute cette mélasse médiatique occulte le fait que les principaux partis d’opposition, les Communistes et Russie Juste qui ont obtenu 43 % des voix à eux deux, n’ont absolument pas remis en cause les résultats des élections et n’ont même pas participé aux manifestations à l’exception de quelques membres de Russie Juste. Ces deux là se sont dit prêts à renoncer à leur siège si d’autres élections avaient lieu, ce qui ne leur fait courir aucun risque puisque tout le monde sait que cela ne peut pas arriver.

Curieuse coïncidence : c’est le parti « Iabloko » qui s’est fait le plus remarquer dans ces manifestations, brandissant drapeaux et slogans, probablement pour prouver au monde qu’il existe, ce que les élections ont démenti cruellement puisqu’il n’a obtenu que 3,9 % des voix et aucun élu à la Douma. Ce qui est plus amusant c’est que c’est ce même parti que le Departement d’Etat US avait « aidé », « favorisé » etc, y compris financièrement. Mais comme nous l’avons souligné les Russes ont rejeté le modèle occidental et avec celui-ci ses représentants russes, c’est à dire le Parti Iakoblo, anéanti aux élections.

Le plus ironique de l’histoire c’est que de nombreux observateurs, y compris étrangers mais sans être à la solde des USA, pensent que ces évenenments seront tout à l’avantage de Poutine :

Par ailleurs, les manifestations de samedi dernier qui se sont tenues dans un grand nombre de villes en Russie, profiteront principalement à Vladimir Poutine, estime Alexeï Moukhine.

"Le premier ministre Poutine a été le principal bénéficiaire, estime l’expert. D’une part, il a pris ses distances par rapport à Russie Unie aux élections, et d’autre part il a salué la forme civilisée de l’expression de la protestation. Cela devrait avoir un impact positif pour sa campagne présidentielle".

(Sources : RIA Novosti – 13.12.2011 – Alexei Moukhine)

L’ambassadeur Bhadrakumar résume bien toute l’affaire :

Today’s demo in Russia turned out to be disappointing for the western media. The Guardian’s Live Update shows it. Moscow had the biggest rally - 25000 protestors, followed by St. Petersburg with 7000. In the provinces, there were minor protests in few dozens or hundreds. The establishment did well allowing free play. No ‘authoritarian tendencies’.

In sum, there ain’t going to be a revolution in Russia. The ‘protest votes’ have gone to the communist party and good communists don’t take to barricades via Facebook. As someone put it, revolution in Russia already took place 20 years ago and no one wants to bring down the house they built painstakingly since then with much suffering and fortitude.

The protest is all about ‘course correction’. The biggest outcome is that Russian leaders have become ‘cool’ about noisy democracy; as president Dmitry Medvedev put it, protests are after all a ‘manifestation of democracy’. Now, fasten seat belts, as Putin hits the campaign trail.

(Sources : Amb. Bhadrakumar – 10.12.2011)

« Now fasten seat belts, as Putin hits the campaign trail ». Cela rejoint l’idée émise par Alexeï Moukhine. Et nous pensons que Poutine va surfer sur cette vague de rejet de l’Occident au cours de sa campagne ce qui lui permettra de faire d’une pierre deux coups : faire mouche sur le plan intérieur en mettant en exergue les valeurs nationales russes, renforcer ainsi l'unité du pays (c'est à dire l'exact opposé de ce que veulent les USA) et permettant de ce fait une politique étrangère forte et cohérente permettant ainsi une opposition ferme et structurée aux agissements mégalomaniaques des USA qui mettent en danger la paix du monde.

Et l’on peut être assuré que ce message sera reçu cinq sur cinq non seulement par les Russes mais par les autres gouvernements d’Asie Centrale.

Car la résistance grandit.

Il nous semble en effet que la résistance à l’Empire et à ses fantasmes de remodelage du Moyen-Orient et de domination en Asie Centrale, il nous semble donc que l’opposition à ce projet US grandit sur tous les fronts.

L’affaire libyenne a servi de « wake up call » brutal pour un grand nombre d’acteurs majeurs sur la scène internationale qui se sentent désormais menacés par la folie agressive des Occidentaux. Ils ont surtout compris que ce n’étaient pas des partenaires en qui on pouvait faire confiance :

- les Russes ont le sentiment, juste, de s’être fait « avoir » dans l’affaire libyenne au cours de laquelle les Occidentaux ont tranquillement renié tous leurs engagements internationaux sans se rendre compte que ce faisant ils sapaient définitivement leur crédibilité et leur parole aux yeux des autres ;

- la Chine bien sûr, surtout après la tournée de l’ex sauveur de l’humanité dans le Pacifique qui avait pour but avoué de l’encercler et de l’isoler ;

- le Pakistan qui semble avoir enfin compris combien ses intérêts sont en opposition à ceux de l’Empire en Aise Centrale et particulièrement en Afghanistan ; combien aussi l’Empire fait peu de cas de ces « alliés » lorsque ces derniers perdent tout intérêt stratégique pour lui ;

- l’Iran bien entendu qui est menacée d’anéantissement à peu près chaque jour de la semaine ;

- l’Inde à son tour semble réaliser que la présence indéfinie des troupes US en Afghanistan pourrait ne pas lui être si bénéfique que cela après tout ; évolution à suivre attentivement.

- la Ligue Arabe a une attitude soudain plus mesurée depuis quelques jours vis à vis d’une intervention occidentale en Syrie où l’anarchie et la guerre civile menacent avant même une hypothétique intervention de l’Otan ; en effet les différente factions de l’opposition, armées et entrainées par les occidentaux, les turcs et les saoudiens ne sont même pas capables de s’entendre entre elles sur leurs objectifs.

Bref nous pourrions citer encore d’autres exemples mais l’essentiel est de montrer que l’opposition à l’expansion de l’anarchie crée par les interventions sauvages et unilateralistes de l’Occident existe et se renforce mais qu’elle manque encore de structure.

Or les projets russes, notamment sous l’impulsion de Poutine, tendent à combler ce manque d’opposition coordonnée et structurée à expansionnisme belligérant US en Asie Centrale, que ce soit à travers l’OCS où encore avec le projet poutinien d’Union Eurasienne. A noter que la Russie et la Chine ont décidé d’accélérer le processus d’intégration du Pakistan et de l’Inde dans l’OSC lors du dernier sommet de cette organisation à Saint Petersbourg en Novembre dernier afin que ces derniers en deviennent membres à part entière dés le prochain sommet de l’OSC dont l’hôte sera la Chine. Ces initiatives ont pour but de faire pièce au projet US « New silk road » qui a pour objectif d’assurer l’hégémonie occidentale sur l’Asie Centrale et ses richesses minières, projet dans lequel l’Afghanistan est une pièce essentielle. D’où la volonté US d’y maintenir des troupes en dépit des protestations d’Obama et compagnie. Mais cette présence US en Afghanistan devient de plus en plus compromise, notamment en raison de la détérioration extrême et rapide des relations USA-Pakistan.

Là aussi affaire à suivre attentivement.

Les grands perdants des législatives sont les USA.

Pour conclure les élections legislatives russes ne furent pas perdues pour Poutine ni pour Russie Unie. Car il faut les remettre en perspêctive. En effet Vladimir Poutine est au pouvoir depuis 1999 sans interruption, soit en tant que Premier Ministre soit en tant que Président.

Le parti Russie Unie détient la majorité à la Douma depuis 2003.

Or cette année là il obtint 37,1 % des voix.

En 2007, année exceptionnelle, il obtint 64 % voix.

Aujourd’hui il « retombe » à 49,3 %.

Au bout de pratiquement dix ans de pouvoir et une crise sur les bras ce n’est pas si mal.

Alors on oui dira que ces élections furent entachées de malversations...

Mais jusqu’à quel point ?

Un sondage réalisé les 19 et 20 Novembre dernier donna les résultats suivants (ici) :

Russie Unie : 48,27 %

Communistes : 20,3 %

Russie Juste : 12 %

Libéraux-Démocrates : 15 %

Si on les compare avec les résultats des élections on peut voir qu’ils sont extrêmement proches et que les malversations qui eurent lieu au cours de ce scrutin ne furent certainement pas en mesure d’influencer de façon décisive l’issue de ces élections. De plus notons que les quatre partis cités plus haut et qui représentent plus de 90 % des voix ne participèrent pas aux manifestations et ne remettent pas en cause ces résultats. Seuls le petit parti Iaklobo, soutenu par les USA et affiliés, et qui ne fût gratifié que de 3,9 % des voix défila Samedi dernier avec banderoles et compagnie.

Pour se prouver son existence probablement. Et pour justifier des fonds reçus auprès de ses maîtres étrangers.

En attendant nous pouvons parier que les résultats de ces élections legislatives n’auront aucune incidence sur l’issue de la présidentielle de Mars 2012 qui enverra Poutine à la Présidence de la Fédération de Russie.

Et c’est pour cette raison que les grands perdants des élections sont les USA.

dimanche 11 décembre 2011

J'suis heureux - Didier Bénureau

Un de nos sympathique lecteur nous a fait le plaisir de nous faire connaitre ce sketch de Didier Bénureau que vous pourrez visionner grâce au lien ci-dessous.

C'est à croire que M. Bénureau est un fidèle lecteur de la Chronique de Cochon sur Terre.
Ce qui serait encore plus réjouissant c'est qu'il n'ait jamais entendu parler de nous.
Ce qui est très probablement le cas.
Cela nous donne donc beaucoup d'espoir quant au combat que nous menons contre Cochon sur Terre.

Vous noterez, chers lecteurs, que tous les thèmes principaux contre lesquels nous ne cessons de ferrailler ici, à la Chronique de Cochon sur Terre, sont évoqués par Didier Bénureau.
Courage, chers lecteurs, nous sommes moins seuls que nous ne le pensions !

Riez donc et moquez-vous à gorge déployée grâce à Didier Bénureau qui sait bien que la meilleure arme contre Cochon sur Terre reste le rire et la dérision ; car le rire implique la conscience aiguë de ce dont on se moque et par conséquent la conscience et l'acceptation de notre condition de mortel. Ce qui fait bien de la capacité à rire la spécificité caractéristique de l'être humain par rapport aux autres espèces qui, elles, n'ont pas cette conscience dont Cioran disait que nous étions "tombés dedans" comme on chute dans un gouffre.
C'est précisément ce dont nous devons apprendre à nous remettre.

Mais pour le moment riez Milord car il n'y a pas que des Cochons sur Terre !


mercredi 7 décembre 2011

Paris-Saint-Germain-Auxerre, Parc des Princes, 4 Décembre 2011.

Par Jean Seymour.

Qui n’a jamais assisté à un match de football ne sait pas ce qu’est la beauté du jeu de la balle au pied, la beauté des cœurs et des corps communiants vers cet objectif : tracer une trajectoire éphémère mais absolue dans les airs avec une balle en cuir qui permette de marquer un but.

Pour cela, la règle est respectée : unité de temps, de lieu et d’action. Une heure et demie pour un combat homérique ; un stade qui ne manque pas d’élégance dans les formes mais le béton est sinistre – que diable ne demande-t-on pas à des peintres du land art de s’emparer de ces surfaces vertigineuses ; une action qui confine désormais à la tragédie – les enjeux sont trop importants, l’honneur et l’humeur des supporters ne pouvant admettre une défaite, l’horreur.

S’assoir dans le stade parisien par excellence pour assister à un match, c'est-à-dire ce Parc qui est encore au cœur de la ville, rive droite, c’est pénétrer dans une œuvre d’art, c’est assister à une performance. L’œuvre ce sont d’abord les 44 000 spectateurs qui la font, alignés comme les perles d’un collier tout le long de l’ovale du stade. Pas une place n’était inoccupée – sauf dans la partie réservée aux invités. Cette vision de la foule me renvoya à un célèbre tableau de l’école de Poto-Poto du Congo-Brazzaville qui représente une foule stylisée sous forme de centaine de ronds, la différence majeure étant que cette dernière est colorée, alors que celle du match n’offrait que du gris, du noir et du bleu (les écharpes du club parisien n’offrant pas d’alternative). Nulle banderole, pas de cotillons, peu de drapeaux en dehors de la tribune où je me trouvais réservée aux familles. En définitive une impression d’austérité ; seule la pelouse brillait, puissamment éclairée, découpée en lamelles vertes denses (le jardinier a un maître, il s’appelle Pierre Soulages), écrin sur lequel les artistes allaient jouer.

C’est cette vision qui vous anime quand les deux équipes rentrent sur le terrain. C’est le moment que choisissent alors les chœurs parisiens pour entonner leurs chants qui commencent par un hymne, celui de leur équipe - je dois dire qu’il ne peut pas rivaliser avec celui des Verts des années 70, mais cela n’a aucune importance ; puis suivra pendant toute la représentation des églogues entre les deux groupes de supporters les plus vivaces, Auteuil et Boulogne - la qualité de ces échanges n’est en rien remarquable, cela est dommage car il y a là entre 5000 et 10 000 voix qui pourraient faire chavirer le Parc si on leur offrait une partition qui soit à la hauteur des enjeux qui les amènent si souvent à affronter la pluie, le froid pour soutenir leur équipe ; je suis sûr que les résultats de celle-ci s’en ressentiraient de manière très positive, mais cela n’a pas beaucoup d’importance également – tout cela n’est qu’un jeu, bref, qui permet une catharsis populaire.

Les performeurs sont alors entrés en action ; leurs gestes sont le plus souvent rapides, c'est-à-dire qu’ils ne gardent jamais le ballon longtemps ; celui-ci circule rapidement ; ils font des passes, ils relancent. Nous sommes maintenant sur le velours d’un billard français. Puis changement. Modifications des critères de la représentation. De la tribune où j’étais, les 22 joueurs dansaient un ballet avec les mouvements d’une houle océanique ; souvent plusieurs joueurs sautaient pour faire une tête avec le ballon qui avait été projeté dans les airs. Mais c’est le regroupement des joueurs de l’équipe attaquante, se déversant comme les vagues sur les rochers composés des défenseurs de l’équipe adverse qui offre à la foule des haut-le-cœur, qui provoquent l’enchainement des espoirs. C’est aussi pendant ces actions qu’il y eut des instants de grâce ; étonnant, non ? quels sont-ils ? La défense a été transpercée, la balle est dans les pieds du buteur, le temps est suspendu, il frappe, la balle trace sa trajectoire parfaite, il marque. 44 000 spectateurs se lèvent.

Il y eut aussi deux buts, un pénalty et un coup franc, dont les gestes rappelaient ceux de la tombée de la guillotine.

Il y eut également un hommage rendu à un grand joueur brésilien mort le même jour, Socrates le bien nommé, médecin de son état, qui résista à la dictature en faisant de son club un modèle de démocratie.

Mais vous l’avez deviné c’est en hommage au baron Nicolaï Vladimirovitch Staël von Holstein, plus connu sous le nom de Nicolas de Staël à qui j’ai voulu rendre hommage et plus particulièrement à son tableau Le Parc des Princes. Vive la peinture !

lundi 5 décembre 2011

USA : The National Defense Authorization Act où le processus ininterrompu de la légalisation du mal.

“The means of defense against foreign danger historically have become instruments of tyranny at home.”

L’auteur de cette phrase est James Madison, un des Founding Fathers et auteur de la Constitution des USA. A noter bien évidemmment que cette phrase ne s’applique pas uniquement aux USA mais à tout pays quel qu’il soit. Cela dit le vote de Jeudi soir a bien eu lieu aux USA et la loi dont nous allons parler fût bel et bien votée par le Sénat US à une majorité écrasante de 93 contre 7.

De quoi s’agit-il ?

Il s’agit de la loi qui authorize le financement des dépenses militaires US pour l’année 2012 : c’est à dire les dépenses d’armement, les dépenses qui permettent les guerres multiples, les assassiants à coup de drones en territoire étranger etc, bref toutes ces actions qui répandent la démokratie, la liberté, l’amour du genre humain, des plantes et des animaux, l’abondance pour les populations qu’on « libère » avec générosité et blablabla... Ceci dit rassurez-vous chers lecteurs, cette loi n’accorde QUE $ 662 milliards de dollars au Pentagone ; bien sûr les dépenses militaires réélles des USA se montent au moins au double mais elles sont camouflées dans d’autres budgets comme par exemple celui des missiles nucléaires qui fait partie du budget consacrée à l’énérgie etc...

Mais le sujet n’est pas là.

La question qui nous préocccupe est ce paragraphe inséré dans la loi de finance qui authorize les militaires US à détenir « anyone who is “a part of or substantially supported Al Qaeda, the Taliban or associated forces that are engaged in hostilities against the United States or its coalition partners.” Ce qui revient à dire sans aucune limite de temps puisque l’état de guerre est décrété depuis le 11 Septembre 2011 contre « le terrorisme », terme très vague mais qui a deux avantages :

1) il peut s’appliquer à quasiment n’importe qui dont les activités où la simple existence déplairaient au pouvoir en place,

2) la guerre contre le terrorisme n’aura pas de fin pour la raison citée plus haut (1). En effet il y a une propension de plus en plus grande à accuser de « terroriste » tout individu, organisation (réelle où imaginaire) où nation s’opposant aux visées expansionistes de l’Empire. D’ailleurs cette labellisation de « terroriste » finit par s’appliquer également à des individus sur le sol même des USA : il n’y a qu’à voir pour s’en convaincre l’accusation de « terrorisme » proférée contre « Occupy Wall Street ».

La possibilité donnée à l’armée US de détenir n’importe qui désigné comme « terroriste » pour une durée de temps indéfinie et sans aucune explication fût votée originellement juste après l’attaque du 11 Septembre 2001 avec la loi Authorization of the Use of Military Force (AUMF). Mais à l’époque cette authorisation ne s’appliquait qu’aux étrangers capturés en dehors du sol US et dans une situation de guerre. La loi votée Jeudi soir étend cette authorisation aux citoyens US résident à l’étranger comme à ceux résidents sur le sol américain ainsi qu’aux résidents étrangers aux USA. Ce qui revient à dire que du jour au lendemain n’importe quel résident US (citoyen US où étranger) pourrait être enlevé par l’armée sur le sol des USA sans que celle-ci n’ait à fournir la moindre justification à quiconque et détenir à perpetuité l’individu en question sans le déférer devant un juge afin que celui-ci ait la possibilité de décider de lui-même si la détention est arbitraire où non.

Ce qui revient à dire que le droit d’Habeas Corpus a désormais été supprimé purement et simplement par le gouvernement des USA pour tous les habitants de la planète puisque son hubris aveugle et déchainée, et selon l’excellente formule de Noam Chomsky, pousse toutes les administrations US à agir comme si « the USA own the world ». L’administration Obama ne faisant pas exception à la règle, bien au contraire.

Pas du tout, nous direz-vous, puisque cela ne s’appliquera qu’aux « terroristes ».

Hummm, très bien, mais qui décidera si vous êtes un « terrriste » où non ? Qui décidera s’il n’y a pas abus de pouvoir de la part des autorités ? Quelles sont les organisations dites « terroristes » et selon quels critères ? Cela semble plutôt délicat à définir. Pourquoi nos gouvernements bien aimés ont-ils activement collaborés avec les membres d’Al Quaeda en Libye pour renverser Khadaffi ? Sont-ils des terroristes où non ? Où plutôt par quel miracle sont-ils devenus des alliés alors qu’ils étaient des « terrroristes » quelques mois auparavant, et donc nos ennemis ? Faudrait-il alors arrêter tous les gouvernements bien-aimés (USA, UK, France) ayant collaboré avec ces « terroristes » en vertu de cette loi qui vient d’être votée au Sénat : « anyone who is “a part of or substantially supported Al Qaeda, the Taliban or associated forces that are engaged in hostilities against the United States or its coalition partners.” ?

Que signifie « substantially » ? Cela inclut-il des écrits dans les journaux, de simples propos où opinion ?

Que signifie « associated forces » ? En réalité cela dépend entièrement des interêts du moment des USA, comme l’ont montré abondamment tous les évenements depuis dix ans au cours desquels les accusations de « terrorisme » volèrent dans tous les coins en fonction des impératifs du moment : ainsi de l’Afghanistan, de l’Irak, sans parler de la Libye comme vu plus haut, où encore la Syrie, la Somalie où le Yemen etc... Les « terroristes » d’aujourd’hui peuvent être les alliés de demain et ceux d’aujourd’hui peuvent être les « terroristes » de demain (demandez à Khadaffi).

Le but de l’Habeas Corpus était précisément d’éviter ce que cette loi authorize désormais : empêcher toute détention arbitraire de la part du pouvoir en déférant devant un juge sous quelques jours suivant l’arrestation tout individu arrêté sous quelques motif que ce soit pour donner à ce dernier un procès équitable. C’était le socle fondamental sur lequel reposait toue possibilité de prémunir de la tyrannie, c’est à dire l’arbitraire du pouvoir, tout individu.

Désormais cette protection fondamentale de la liberté individuelle a été détruite puisque n’importe qui peut-être arreté et mis au secret indéfniment pour une raison inconnue du public et de l’individu concerné. Cet amendement à la loi nie les droits fondamentaux inscrits dans la Constitution des USA, plus particulièrement les Amendements 4, 5 et 6. A ce propos voici la déclaration du sénateur républican Kirk (tendance libertarienne) lors du débat pour retirer l’amendement dont il est question de la loi de financement :

"I took the time, as we all should from time to time, serving in this body, to re-read the Constitution of the United States yesterday. The Constitution says quite clearly: 'In the trial of all crimes -- no exception -- there shall be a jury, and the trial shall be held in the State where said crimes have been committed.' Clearly, the Founding Fathers were talking about a civilian court, of which the U.S. person is brought before in its jurisdiction.

They talk about treason against the United States, including war in the United States. The Constitution says it "shall consist only in levying War against them, or in adhering to their Enemies ,giving them Aid and Comfort."

The following sentence is instructive: No person -- 'No person,' it says
-- 'shall be convicted of Treason unless on the Testimony of two Witnesses to the same overt Act, or on Confession in open Court.' I would say that pretty clearly, 'open court' is likely to be civilian court.

Further, the Constitution goes on, that when a person is charged with treason, a felony, or other crime, that person shall be 'removed to the State having Jurisdiction of the Crime' -- once again contemplating civilian, state court and not the U.S. military. As everyone knows, we have amended the Constitution many times. The Fourth Amendment of the Constitution is instructive here. It says: 'The right of the people to be secure in their persons, houses, papers, and effects, against unreasonable searches and seizures' -- including, by the way, the seizure of the person -- 'shall not be violated, and no Warrants shall issue, except upon probable cause, supported by Oath or affirmation, and particularly describing the place to be searched, and the persons or things to be seized.'

Now, in section 1031(b)(2), I do not see the requirement for a civilian judge to issue a warrant. So it appears this legislation directly violates the Fourth Amendment of the Constitution with regard to those rights which are inalienable, according to the Declaration of Independence, and should be inviolate as your birthright as an American citizen.

Recall the Fifth Amendment, which says: 'No person' -- by the way, remember, 'no person'; there is not an exception here. 'No person shall be held to answer for a capital, or otherwise infamous crime, unless on a presentment or indictment,' hear the words, 'of a Grand Jury, except in cases arising in the land or naval forces, or in the Militia, when in actual service in time of War' -- meaning there is a separate jurisdiction for U.S. citizens who are in the uniformed service of the United States. But unless you are in the service of the United States, you are one of those 'no persons' who shall be answerable for a 'capital' or 'infamous crime,' except on 'indictment of a Grand Jury.'

The Sixth Amendment says: 'In all criminal prosecutions' -- not some, not by exception, in all criminal prosecutions -- 'the accused shall enjoy the right to a speedy and public trial, by an impartial jury of the State and district wherein the crime shall have been committed' ... I go on to these because I regard all of these rights as inherent to U.S. citizens, granted to them by their birth in the United States."
(Sénateur Kirk (IL) – Sénat US - Washington)

La proposition de retrait de l’amendement fût refusé par 55 voix contre 45, dont cinq sénateurs républicains qui votèrent contre la ligne de leur parti : Kirk, Moran, Paul, Lee et Collins.

Désormais l’armée peut arrêter quiconque sur le sol des USA sur ordre du Président sans aucun compte à rendre à quiconque et pour une durée indéfinie. Mais on pourra objecter à cela qu’il y a néanmoins une condition pour que ces mesures soient autorisées : en effet d’après la loi ces mesures ne peuvent être prises qu’en temps de guerre et sur le champ de bataille. Depuis le 11 Septembre 2011 le champs de bataille se situait partout dans le monde sauf aux USA puisque par défnition l’avantage du « terrorisme » est qu’on peut lui donner toutes les apparences et n’importe quel motf en fonction des besoins. Afin que cette loi soit applicable sur le sol US il faut d’abord considérer le sol US comme un champs de bataille. C’est le pas qui fût franchi Jeudi soir par le sénateur Lindsay Graham (républicain) :

"It has been the law of the United States for decades that an American citizen on our soil who collaborates with the enemy has committed an act of war and will be held under the law of war, not domestic criminal law," he said. "In World War II it was perfectly proper to hold an American citizen as an enemy combatant who helped the Nazis. But we believe, somehow, in 2011, that is no longer fair. That would be wrong. My God, what are we doing in 2011? Do you not think al-Qaeda is trying to recruit people here at home? Is the homeland the battlefield? You better believe it is the battlefield."

(Sénateur Lindsay Graham (républicain) – Sénat US – Washington – 01.12.2011)

Voilà donc le territoire US intégré au champ de bataille dans la guerre perpetuelle contre le « terrorisme » déclenchée par Busch JR au lendemain du 11.09.2011. C’est ainsi que la boucle est bouclée puisque l’avertissement de Madison est en train de se réaliser sous nos yeux.

“The means of defense against foreign danger historically have become instruments of tyranny at home.”

Les moyens utilisés pour combattre les énnemis exterieurs finissent toujours par être utilisés sur le territoire national pour tyraniser ces propres citoyens. Ce qui se comprend puisque l’utilisation prolongée d’un moyen de défense contre un danger exterieur jugé en temps normal inaproprié a toute les chances de devenir la norme à force d’habitude, et de ce fait se voir importé un beau jour sans que cela ne choque plus personne : on applique alors à ses propres citoyens ce que l‘on ne reservait exceptionnellement auparavant qu’à ses ennemis les plus irréductibles.

Le même aimable sénateur de Caroline du Sud, Lindsay Graham, continue son plaidoyer par ces mots :

“If you’re an American citizen and you betray your country, you’re going to be held in military custody and you’re going to be questioned about what you know, and you’re not going to be given a lawyer if our national security interests dictate that you not be given a lawyer.”

(Sénateur Lindsay Graham (républicain) – Sénat US – Washington – 01.12.2011)

C’est de cette manière que l’on en vient à justifier et à accepter ce qui peu de temps auparavant aurait été inacceptable à tous : par la peur, par la menace de l’exterieur, en l’occurence inexistante, par une paranoïa élevée au rang de règle de conduite normative par une psychologie de groupe et individuelle malade. L’hystérie paranoïaque du sénateur Mac Carthy qui conduisit aux chasses aux sorcières que l’on sait sont de nouveau d’actualité.

La dernière phrase est particulièrement stupide, sans parler ni de l’admirable raisonnement ni de l’impressionante rigueur intellectuelle qui sous-tend le total...

« ... and you’re not going to be given a lawyer if our national security interests dictate that you not be given a lawyer. »

Nous pouvons nous sentir en sécurité, nous ne manquons pas d’être pleinement rassurés sur le sort de tous les Américains qui auront l’heur de déplaire pour une raison où une autre à des individus tels que le sénateur en question : Guatanamo ad vitam aeternam.

Il suffit d’ailleurs de voir combien la police s’est militarisée depuis quelques années, combien son entrainement est conçu pour « casser » les manifestations, comme on a pu le voir ces dernières semaines avec la répréssion qui s’est abattu sur Occupy Wall Street. Nous pouvons être sûrs que cela se reproduira à l’avenir puisque la militarisation des forces publiques est à l’ordre du jour, s’accelerant en proportion de la prise de conscience par l’oligarchie US des forces centrifuges qui grandissent et qui pourrraient finir par menacer la stabilité du pays au fur et à mesure de l’extension des ravages provoqués par la crise. L’année 2012 et les éléctions promettent à cet égard des surprises que l’oligarchie US commence à craindre sérieusement ce qui ne l’incitera pas à la douceur envers ceux qu’elle verrra comme des opposants ne faisant pas partie du cénacle. De cette manière cette loi permettra de faire disparaitre commmodément n’importe quel opposant US sur le sol des USA considéré comme dangereux par le Président sans rendre de compte à personne sous pretexte de « terrorisme ».

On a beaucoup dit que Obama s’opposait à cette loi et qu’il pourrait y mettre son veto. Il n’est pas faux que l’administration s’oppose à cette loi mais ce n’est pas pour des raisons humanitaries où morales, où encore pour respecter la Constitution et ses amendements. On ne voit pas d’ailleurs sous quel pretexte un Président ayant ordonné l’assassinat sans jugement ni procès de citoyens US pour la première fois dans l’histoire, du moins officiellement, pourrait trois mois après les faits se trouver pris de scrupules à l’idée d’autoriser légalement l’emprisonnement de citoyens US sur le sol US et leur mise au secret indéfiniment par les militaires. Cela parait illogique pour le moins.

En réalité si la Maison Blanche a des raisons de s’opposer à la loi en question ce n’est pas pour son contenu qu’elle pratique déjà largement. C’est en vérité pour défendre le pouvoir du Président de décider seul si un terroriste doit être jugé par un tribunal civil où mis en détention militiare. C’est une opposition qui a pour but de protéger les pouvoirs présidentiels contre toute interférence du Congrès.

Glenn Gleenwald l’explique très bien :

« Let’s be very clear, though, about what the “veto threat” is and is not. All things considered, I’m glad the White House is opposing this bill rather than supporting it. But, with a few exceptions, the objections raised by the White House are not grounded in substantive problems with these powers, but rather in the argument that such matters are for the Executive Branch, not the Congress, to decide. In other words, the White House’s objections are grounded in broad theories of Executive Power. They are not arguing: it is wrong to deny accused Terrorists a trial. Instead they insist: whether an accused Terrorist is put in military detention rather than civilian custody is for the President alone to decide. »

Voilà pour les naïfs. Le débat n’est pas sur le contenu de la loi sur lequel tout le monde est d’accord avec un enthousiasme touchant, à l’exception de trois libertarien et de quelques démocrates, mais sur des prérogatives de pouvoir entre l’éxécutif et le législatif, c’est à dire entre le Président et le Congrès.

Arrivés à ce point nous pouvons conclure.

La loi fût donc votée à une écrasante majorité. En réalité cela ne change pas grand chose dans la mesure où ce qu’elle codifie était déjà appliqué dans les faits par les deux administrations Busch jr et Obama. A noter que cette dernière a encore franchi un pas de géant vers la barbarie totale en pratiquant, comme déjà vu, l’assassinat de citoyens US, et ce ouvertement tout en se félicitant publiquement du succès de ses opérations criminelles dignes des pires régimes que le bon vieux XX eme siècle nous aura légué en souvenir. Nous pouvons donc nous attendre un jour où l’autre à voir légaliser l’assassinat public de tout citoyen US par son propre gouvernement sur simple décision de l’éxécutif et sans obligation de rendre des comptes à qui que ce soit pour ces actions. Et nous parions que cela ne choquera personne, pas plus que cette nouvelle loi n’a choqué grand monde non plus puisque ces activités étaient déjà pratiquées à large échelle au vu et au su de tous.

Elles se sont donc normalisées. Elles sont devenues la norme.

Hier, donc, sous les bons auspices de la demokracie immaculée des USA, emprisonner un individu sans procès et sans raison officielle pour une durée indéfinie était normal mais illégal.

Aujourd’hui c’est désormais la loi.

Aujourd’hui la demokracie US ne prend même plus la peine d’emprisonner ses propres citoyens. Elle les assassine purement et simplement. Ce n’est pas encore tout à fait normal mais presque. On y travaille d’arrache pied. Et le jour où le Congrès votera une loi pour légaliser l’assassinat de tout individu qui encourra l’ire de nos gouvernants bien aimés, alors chers lecteurs non seulement l’assassinat de nos concitoyens sera devenu légal mais également la norme.

Au nom de notre Sécurité.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

mercredi 30 novembre 2011

Collection permanente et exposition Jean Walter et Paul Guillaume

par Jean Seymour

Paul Guillaume est un marchand d’art génial ; il épouse Juliette Lacaze, dite « Domenica » ; il meurt ; elle épouse son amant Jean Walter ; il meurt ; entre temps elle a adopté un fils afin d’empêcher la donation que Paul Guillaume voulait faire de sa collection au musée d’art moderne du Luxembourg ; et ça marche ; puis elle n’aime plus cet enfant ; elle demande à un ancien para de l’assassiner ; ce dernier au moment de commettre son crime le reconnait : c’est un ami, ils étaient en Algérie ensemble, il dénonce alors Domenica ; pour ne pas aller en prison elle lègue à l’Etat sa collection – Malraux est à la manœuvre : 146 tableaux, dont 24 Renoir, 12 Picasso, 15 Cézanne, 10 Matisse, 29 Derain, 22 Soutine… puis elle finira ses jours, tranquille et riche, entourée de ses chers tableaux.

Voilà l’histoire de la collection - pas mal non ? A l’Orangerie, il n’y a plus d’orangers. On vous demandera de descendre sous terre ; c’est lugubre, les murs sont en béton avec des trous. C’est moderne. Là je ne résiste pas de vous citer un paragraphe d’un essai revigorant Tous touristes de Marin de Viry. L’auteur parle d’une visite faite au musée Peggy Guggenheim à Venise après qu’il eut été refait – la démonstration s’applique à notre musée : « Depuis qu’il a été refait, il ressemble à n’importe quel autre module transnational arty de la planète, dans toute sa banalité convenue. Ça fait quoi, dans la vie, un module transnational arty ? Ça fait deux choses : ça amuse le gogo et ça accélère le flux. »

Heureusement, heureusement ce qui se trouve sur les murs réchauffe ! Aussi descendez les marches quatre à quatre pour admirer la collection permanente. Tout de suite en arrivant pénétrez à droite dans le salon reconstitué de Paul Guillaume avec ses boiseries, et regardez les maquettes de son bureau et de sa salle à manger, tout cela vous mettra en condition, vous saurez désormais comment le collectionneur vivait avec ses tableaux, il y en avait partout, heureux mélanges ! Vous êtes maintenant son invité. Renoir, Picasso, Cézanne, Matisse, Derain, Soutine… que pouvez-vous demander de plus ? Un arrêt plus long que d’habitude dans la petite salle consacrée à Marie Laurencin ; quatre tableaux aux couleurs qui sont comme un parfum d’ivresse ; vous planerez ; essayez (et oublions les Nymphéas de Monet pour le moment qui sont le clou de l’exposition permanente).

Passez les Pyrénées et rendez-vous dans les salles d’exposition temporaire ; « L’Espagne entre deux siècles » y est suspendue aux cimaises. L’exposition est à taille humaine. Barrès vous accueillera devant Tolède peint par Ignacio Zuloaga – sévère, profond, le ciel est bleu nuit, noir. Si vous vous sentiez encore déraciné dans cette Orangerie impersonnelle, le prince de la jeunesse du début du XXème siècle vous conduira dans ces « lieux où souffle l’esprit ». Je vous conseille un long arrêt devant le portrait d’Anna de Noailles toujours par Zuloaga : la poétesse y est troublante, le tableau magistral, sensuel à souhait. Il y a également des œuvres lumineuses - Joaquin Sorolla toujours, et tout un tas d’œuvres très « du sang, de la volupté et des larmes » comme l’écrivait encore Barrès. L’Espagne noire à côté de l’Espagne blanche. Une exposition avec quelques chefs d’œuvres, suffisants pour mériter le déplacement, et en ressortir plein d’énergie dans cet automne dont on espère tous qu’il s’achève vite.

mercredi 23 novembre 2011

Mévente des Bunds allemands : nouveau départ pour l'Europe ?

Aujourd’hui s’est produit un événement qui est à la fois le résultat d’erreurs et d’aveuglements passés mais qui pourrait devenir le point de départ d’une prise de conscience qui pourrait avoir des conséquences très importantes pour l’avenir de l’Europe.
Nous voulons parler de la vente catastrophique de l’emprunt que l’état allemand a lancé aujourd’hui et qui s’est soldé par un échec sanglant. Sur six milliards d’Euros de bunds proposés seuls 3,5 furent achetés par le marché.
Et encore voudrions-nous bien savoir qui les a acheté...

Qu’est-ce à dire ?
Cela signifierait en clair que les états vont désormais avoir le plus grand mal à emprunter sur les marchés, même avec la carotte des taux plus élevés. En effet l’Allemagne était encore considérée hier soir comme l’état modèle (ce qui était très contestable) non seulement pour l’Europe mais aussi pour le reste des pays dits développés, y compris et surtout les USA, le Royaume-Uni etc... Le pays à la rigueur budgétaire que le monde entier devait suivre nous disait-on à perdre haleine, le pays que la France devait prendre comme modèle, nous qui avions tout gâché et eux qui avaient tout réussi...
Las, chers lecteurs.
Depuis aujourd’hui ce n’est plus le cas.
Depuis ce matin les bunds allemands ne trouvent plus preneur semble t’il, ces bunds qui étaient encore hier jugés les plus sûrs du monde, ceux que l’on pouvait acheter en toute sécurité les yeux fermés.
Eh bien c’est fini.

Cet événement devrait avoir plusieurs conséquences :

1) il est probable que cela produise un électrochoc sur la classe politique allemande qui pourrait soudain prendre conscience que l’Allemagne n’est plus à l’abri des problèmes qu’elle dénonce chez ses voisins puisque même elle ne trouve plus preneur pour ses emprunts.
Comme la Grèce, l’Irlande et compagnie.

Bienvenu au club rigolent les PIIGS.

2) Cette prise de conscience pourrait amener les Allemands à se montrer plus flexibles pour la création d’eurobonds où de quelque chose d’approchant même si le nom qu’on leur donnera ne sera pas le même. Où permettre à la BCE de monétiser les dettes des états membres, ce qui reviendra à pratiquer un « quantitative easing » à la sauce européenne, ce qui signifie une perte de valeur de l’euro à terme à cause d’une inflation qui pourrait devenir galopante ; cette dernière aurait l’avantage néanmoins de réduire les dettes des états par la même occasion tout en assassinant tous ceux qui détiennent des assurances vie où les retraités dont les économies se feront dévorer par la dite inflation.

3) Il est bien possible que ce qui s’est passé ce matin ne soit qu’un prélude à une attitude générale du marché envers les dettes souveraines en général. C’est-à-dire que cela pourrait refléter la prise de conscience soudaine par le marché et les banques (il faut dire qu’ils furent lents à la détente!) que même les dettes souveraines réputées les plus sûres ne le sont pas plus que celles de la Grèce. En d’autre terme les états pourraient bien ne plus trouver d’acheteurs pour leurs emprunts respectifs beaucoup plus rapidement qu’attendu, le marché ayant enfin réalisé que pas un des états notés AAA ne remboursera ses dettes de manière honnête. Ce qui veut dire que tout prêteur ne reverra jamais l’intégralité de son prêt ; une partie seulement s’il a de la chance, comme c’est le cas désormais avec la Grèce (50%). Et cela concerne les USA également même si dans un premier temps certains investisseurs croient toujours trouver refuge dans les bonds du Trésor. Mais il est probable que cela ne dure pas.

Dans ces conditions on peut comprendre que les prêteurs potentiels ne veuillent plus prêter un centime aux états dont ils savent désormais qu’ils sont insolvables. Pourquoi prêter quoi que ce soit à quelqu’un dont on sait à l’avance qu’il ne nous remboursera jamais ? Et dans ce cas les taux ne seront jamais plus assez élevé pour tenter le chaland.

A notre avis il y a deux hypothèses aux conséquences de cette affaire des bunds allemands :
- soit cela pourrait donner des armes à ceux (Allemands) qui veulent sortir l’Allemagne de la zone euro.
- soit, au contraire, cela pourrait bien précipiter une réaction de l’Allemagne en faveur de ce que veulent certains des ses partenaires européens à corps et à cris depuis des semaines quitte à lâcher du leste sur ses principes d'orthodoxie budgétaire : impression monétaire massive pour sauver l’euro par la BCE où création d'euro-bonds, où les deux.

Nous penchons pour la dernière hypothèse car nous ne croyons pas à la première, bien que rien ne soit à écarter par les temps qui courent.
La dernière hypothèse permettrait-elle de sauver quoi que ce soit ? A moyen-long terme certainement pas mais à court terme cela permettrait de gagner du temps avant un probable renforcement de l’intégration de la zone euro, où en tout cas d’une partie de ses membres Cela se fera t’il au détriment de la discipline budgétaire à laquelle s’accrochait hier encore Angela Merkel avec raison ? Nous verrons. Tout dépendra de l’étendue du traumatisme infligé aux Allemands par cet échec de leur emprunt de ce matin.

Quant à savoir si un renforcement de l’intégration de la zone euro, où de certains de ses membres entre eux est souhaitable, c’est une autre affaire sur laquelle nous reviendrons.
Quoi qu'il en soit nous parions que cette affaire des bunds allemands constituera le point de départ d'une nouvelle page dans l'histoire de l'Europe.

Pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

mercredi 16 novembre 2011

Diane Airbus, rétrospective, musée du Jeu de Paume, jusqu’au 5 février 2012.

Par Jean Seymour.

L’été indien est bel et bien fini. Rendez-vous au jardin des Tuileries en passant par la place de la Concorde ; mettez-vous au pied de l’obélisque, et malgré les fontaines louis-philipparde, admirez ses proportions, jouissez de son équilibre, gorgez-vous des perspectives qu’elle vous offre généreusement ; vous êtes « au centre du monde » comme l’écrivait Roger Nimier (même si lui parlait de la place Pereire).

Une fois que vous aurez pénétré dans le jardin des Tuileries, montez au Jeu de Paume, à gauche. Le sol n’est plus en parquet comme jadis, il n’y a plus de filet, non, mais il est dur comme celui d’un ring de boxe avec des cordes sur lesquelles sont accrochées des photographies en noir et blanc. Car c’est sur un ring que Diane Arbus (New-York, 1923-1971) nous invite à monter : celui des âmes damnées de l’Amérique.
La photographe ne s’intéresse pas aux vainqueurs de la prospérité, mais aux autres, aux irréguliers, aux travestis, aux contorsionnistes, aux nains, aux handicapés, aux trisomiques - invitée par la fédération des handicapés d’Amérique, ce sont les seules photographies de l’exposition sans titre, tout un symbole, ce fut également son dernier reportage, après elle se suicida.
Et comme vous êtes sur un ring, à chaque fois que vous vous retrouverez devant l’une des 200 photographies, vous recevrez un coup ou un appel, c’est selon ; mais en aucun cas cela ne sera une promenade ; votre visite sera un combat contre l’humanité, contre des visages et des corps déglingués qui ne cesseront de vous interpeller, un combat contre la photographe que vous accuserez de voyeurisme.
Au milieu des photos coup de poing surgiront des portraits de gens « normaux », parfois célèbres (Norman Mailer, Jorge Luis Borges, Marcello Mastroianni), mais en est-on si sûr ? Car tous sont emportés dans ce grand magma américain, cette civilisation de la matière ; elle n’oublie jamais de nous le rappeler avec ces petits drapeaux à la bannière étoilée qui ressurgissent dans les décors, et agissent comme des marqueurs : « made in America » ou la promesse d’un bonheur terrestre à tout prix, même dans les situations les plus misérables.
Dans l’ultime partie de l’exposition vous trouverez des citations de Diane Arbus aux murs, intelligentes, profondes, elles éclaireront vos pensées, ses photos ; il y a également des cahiers, des journaux, son agenda, enfin tout un tas de pièces à conviction de sa vie, de son chemin, de sa profonde honnêteté, de ses recherches et de ses souffrances.
Vous aurez alors compris qu’elle nous adresse une longue prière, la sienne, que personne, qu’aucune église, croyance ne peut revendiquer ; et cette prière raconte l’histoire d’une humanité que nous croisons tous les jours, qui nous tend les bras, non pas pour faire la manche ou susciter chez nous de la compassion, non, Diane Arbus nous dit simplement de les regarder, de leur sourire, parce qu’ils sont vivants.
Redescendez dans le jardin des Tuileries, marchez ; admirez l’architecture des allées, la beauté de l’alignement des arbres ; faite le tour du grand bassin, observez les parisiens, repensez aux personnages de Diane Arbus ; croisez le regard du Louvre, puis rejoignez les arcades de la rue de Rivoli et marchez jusqu’au salon de thé Angelina – pour y déguster un chocolat onctueux naturellement, le reste serait une hérésie.
Après, rendez-vous au musée de l’Orangerie où vous attendent des tableaux, un chef d’œuvre et une exposition. Je vous en parlerai dans ma prochaine chronique. Vive l’art !

dimanche 13 novembre 2011

Que se passe t'il au juste ?

Décidément çà devient une manie : avez-vous remarqué, chers lecteurs, que nos politiciens bien aimés nous sauvent désormais de l’enfer à peu prés chaque semaine qui passe.
Nous pouvons imaginer sans peine le travail que cela leur donne !
Nous en convenons volontiers, ici à la Chronique de Cochon sur Terre : ce doit être épuisant, quel métier de chiens ! Mais, semble t’il, le pouvoir, où plutôt son illusion, doit en valoir la chandelle puisque personne ne démissionne volontairement, même dans les situations les plus désespérées...
Comme celle dans laquelle nous nous trouvons par exemple.

Il suffit de voir comment Papandréou s’est accroché à son fauteuil alors que sa situation, sans parler de celle de son pays, n’était guère enviable pour quelqu’un de normal ; quelqu’un comme vous par exemple, chers lecteurs.
Voyons le cirque italien comme autre exemple ; M. Berlusconi qui eut tant de mal à quitter son poste bien qu’il en ait eu l’usage pendant huit ans consécutifs.
Mais ne croyez pas qu’ils soient les seuls ainsi. Leurs camarades de promotion, comme l’ex sauveur de l’humanité par exemple, agiraient de même s’ils se trouvaient dans la même situation. Ne vous inquiétez pas pour autant, chers lecteurs, leur heure vient également, inéluctablement.

Le plus fascinant c’est que ceux qui pourraient attendre tranquillement la fin de leur mandat pour décider de ne pas se représenter et quitter la scène de manière honorable n’y songent même pas. Non seulement il ne leur vient pas à l’esprit qu’ils pourraient ne pas postuler à nouveau pour le poste qu’ils occupent déjà, mais rester à leur poste est leur seule et unique obsession.
Voyez tous ces politiciens bien aimés qui doivent faire face à de nouvelles élections l’année prochaine ; ils devraient connaître parfaitement la difficulté de la situation qu’ils auront à gérer mais tous préfèrent se retrouver à nouveau aux postes de commandes malgré le chaos qui s’étend de plus en plus inexorablement, en partie à cause de leur propre incompétence d’ailleurs mais pas exclusivement, soyons honnêtes. Pourtant la perspective de faire face à une situation si catastrophique ne semble pas les effrayer.

Nous pourrions nous poser la question de savoir s’ils sont bien conscients de ce qui se passe.

A notre avis, non.
Où tout au moins ils ne sont certainement pas conscients de l’ampleur du désastre qui menace de tout emporter. En revanche il semble bien que les dirigeants russes où chinois soient, eux, un peu plus au fait de ce qui est en train de se produire. Il suffit de voir avec quels soins ces deux derniers gouvernements prennent la peine de préparer le renouvellement de leurs équipes dirigeantes l’année prochaine ; il suffit de voir combien ils se sont assurés de l’avenir en maintenant une stabilité politique pour leur pays.
Bien sûr nous pouvons toujours écouter nos braves « indignés » occidentaux critiquer le manque de « démokratie » et bla bla bla... Mais ces derniers préfèrent leurs dogmes où leurs superstitions politiques à leur pays où à leurs concitoyens. Ils préfèrent l’illusion à la réalité. Il est vrai que cette dernière est assez terrible et que leur idéologie de bobos humanitaristes leur permet de l’évacuer ; pour un temps seulement. Le problème est que plus la réalité sera occultée longtemps plus elle s’imposera avec violence et plus ce sera dur pour les populations : vous et nous tous, chers lecteurs.

Mais qu’importe pour ces idéologues de cafés du commerce !
Qu’importe pour ces philosophes en chambre qui déraillent dans l’abstraction la plus complète !
Qu’importe pour ces as de la virtualité que la situation sur le terrain ne correspondent pas à leurs petits fantasmes de midinettes bobos !
Laissons les donc dans leurs coins avec leurs idées fumeuses et posons-nous la question :

Que se passe t’il, chers lecteurs ? (Relire à ce propos notre post du 24.04.2011)

Il y a deux réponses à cette question : l’une communément entendue dans les salons où l’on cause et une autre que l’on n’entend pas. Où rarement. L’une est parfaitement superficielle car elle reste dans le cadre idéologique toujours dominant mais complètement vermoulu qui s’écroule de toute part. L’autre, réaliste, part du principe que ce cadre idéologique a déjà volé en éclat et que rien de concret ni de valable ne pourra se faire sans prendre en compte cette réalité : le monde que nous connaissions jusqu’à hier est en train de disparaitre sous nos yeux.

1) La première réponse est banale et sans intérêt mais d’une certaine manière elle est rassurante car elle fait croire que nous restons dans le cadre bien connu dans lequel nous évoluons depuis trois siècles. La réponse en question tient en peu de mots : elle consiste à nous persuader que l’équilibre du monde est en train de passer de l’Ouest à l’Est, où plutôt de l’Occident à l’Asie. Cela signifierait que les Occidentaux seraient en train de perdre leur hégémonie au profit des puissances dîtes émergentes. Où dans le meilleur des cas que le déséquilibre en question sest en train de se réduire gentiment au profit de l’Inde, de la Chine, du Brésil etc... Ce qui signifie implicitement que tout pourra continuer comme avant mais ailleurs ; c’est à dire que la poursuite effrénée de la croissance à n’importe quel prix est toujours d’actualité mais qu’au lieu de la rechercher en Occident il suffira de se délocaliser en Orient pour continuer à engranger les profits auxquels nous avons droits et qui sont le but ultime de la présence de l’homme sur terre : l’accumulation illimitée de biens matériels comme condition nécessaire et suffisante de son épanouissement.
2) La seconde réponse est beaucoup moins réjouissante puisqu’elle implique une véritable révolution des esprits et des comportements qui mènera à la destruction complète du système que nous connaissons aujourd’hui (où l’inverse). Cela signifie non seulement la fin de la société de consommation mais aussi la prise en compte de cette réalité physique inéluctable qui est la disparition accélérée des matières premières non renouvelables. Toute réflexion sur les conditions de possibilités d’existence d’une communauté humaine viable à long terme sur cette planète, où pour le dire autrement toute réflexion sur les conditions nécessaires pour éviter l’extinction de l’espèce humaine, ne peut pas occulter cette réalité tragique dans tous les sens du terme.

Voilà où nous en sommes aujourd’hui.
Voilà ce que bien peu d’individus osent évoquer.
Pourtant la véritable question est belle et bien celle de la survie de l’espèce en tant que telle à moyen terme.
Nous sommes au bord du précipice.
Pourquoi ? Car le monde dans lequel nous survivons est basé sur des prémisses économiques fausses.
Qu’est-ce à dire ?

Toutes les théories économiques inventées depuis deux siècles, qu’elles soient libérales, marxistes où autre, partent d’un postulat de base erroné, à savoir que l’économie fonctionne en circuit fermé. Notez bien que c’est précisément ce qui permettait d’affirmer que ces systèmes pouvaient fonctionner indéfiniment. Le problème est que tout cela est complètement faux et que c’est justement ce qui est en train de se rappeler à notre bon souvenir aujourd’hui. Car c’est bien parce-que nos théories économiques étaient biaisées dés le départ que notre monde est en train de s’écrouler. En effet une économie ne fonctionne pas en circuit fermé pour la simple est bonne raison qu’elle a besoin d’apports extérieurs pour fonctionner. Quels sont-ils ? Les matières premières bien sûr, incluant l’énergie. Or c’est précisément le coût artificiellement négligeable de l’extraction et de l’utilisation de l’énergie fossile de la seconde moitié du XIX eme jusqu’au début des années 70 qui nous a permis non seulement d’extraire à moindre coût ces matières premières dont nous avions besoin mais aussi de créer le monde artificiel et hautement vulnérable qui est le nôtre aujourd’hui. Ces coûts négligeables ont engendré une consommation d’énergie et de matières premières exacerbée, comme si ces dernières existaient en quantités illimitées. Or depuis l’augmentation du prix du pétrole dues à la prise de conscience de sa rareté et à la difficulté de plus en plus grande et de plus en plus coûteuse à l’extraire, notre économie bien aimée s’est grippée sérieusement. Et désormais il s’agit non seulement du pétrole et de l’énergie en général mais aussi des matières premières non renouvelables qui deviennent de plus en plus rares et de plus en plus coûteuse à extraire, rendant de plus en plus chères les marchandises produites à partir de leur transformation.
C’est pour cette raison que notre monde basé sur le coût négligeable de l’énergie fossile, entraînant le bas coût de tout le reste, est en train de s’écrouler. Car désormais, et quoi qu’on fasse, nous sommes condamnés à devoir payer de plus en plus cher ce que l’on appelle « les fondamentaux » sans lesquels nous ne pouvons rien faire.

Nos politiciens agissent pourtant comme si tout pouvait continuer « ad vitam aeternam » ; tous se comportent comme si l’extension de la société de consommation et son processus destructeur pouvait se poursuivre de manière illimitée ; aucun ne se pose la question de savoir si la société de consommation est viable en elle-même ; personne ne se demande si l’accroissement toujours plus poussé de la consommation pour un nombre de gens toujours plus grand est seulement envisageable compte tenu du fait que nous nous trouvons face à l’épuisement des énergies fossile et des matières premières non renouvelable, c’est à dire qui disparaissent inéluctablement au fur et à mesure qu’on les utilise sans aucune possibilité de les remplacer par quoi que ce soit, alors qu’elles sont indispensables au fonctionnement du système économique lui-même.

C’est cette prise de conscience qui est désormais indispensable afin de pouvoir envisager et imaginer les conditions nécessaires, dans un avenir proche, à la survie de l’espèce humaine dans les conditions les moins catastrophiques possibles. C’est à cela que l’humanité devrait travailler dés aujourd’hui. Malheureusement ce n’est pas le cas comme on sait. A tout le moins ce n’est pas le cas au niveau des gouvernements qui tous font leur possible pour perpétuer le système actuel pourtant déjà mort.
Est-ce par manque d’imagination ? Croient-ils qu’en dehors du système il n’y a point de salut ?
C’est à craindre.

Mais vous, chers lecteurs, avez-vous bien conscience de ce qui se passe aujourd’hui ?
Etes-vous bien conscient que le système que vous avez connu jusqu’à maintenant est déjà mort en dépit de sa mise sous réanimation artificielle par nos banques centrales et nos gouvernants bien-aimés ?
Avez-vous bien conscience que le « niveau de vie » qui est le nôtre est condamné à très court terme ?
Avez-vous bien conscience que si nous n’agissons pas maintenant pour préparer autant que faire se peut la transition ce sera le chaos général ?

Dernière question : êtes-vous prêts à remettre en cause votre situation d’aujourd’hui pour préparer celle qui sera demain la vôtre ; et après-demain celle de vos descendants ?

Si votre réponse est non à toutes ces questions, où uniquement à la dernière d’entre elles, alors, chers lecteurs, nous ne pouvons pas en vouloir à nos politiciens bien aimés de leur aveuglement ; car leur déni de la réalité n’est que le reflet du vôtre. C’est pour cette raison qu’il y a toutes les raisons les plus valables pour que nous finissions de la même manière que les habitants de l’île de Pâques.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.