Avant hier avait lieu l’audition des dirigeants de GS devant la Commission dirigée par le Sénateur Carl Levin. Cette Commission fût établie il y a un an et demi afin de mettre en lumière les causes du désastre économique, nommé depuis la « grande récession » mais qui, selon certains, s’apparenterait plutôt à une grande dépression. Voilà comment le Sénateur Levin a résumé les travaux de sa Commission hier devant le Sénat :
Our goal has been to construct a record of the facts in order to try to deepen understanding of what went wrong; to inform the legislative debate about the need for financial reform; and to provide a foundation for building better defenses to protect Main Street from Wall Street. (Sources: Senate Floor Statement of Senator Carl Levin on the Financial Regulatory Reform Bill - 28.04.2010)
A cette fin le Sénateur et la Commission qu’il dirige ont entendu des centaines de témoins et ont brassé des milliers de documents provenant des banques, des agences de notation etc, bref de tous ceux qui étaient impliqués dans ces affaires de mortgages, cdo et compagnie. Pour finir cette longue enquête la Commission organisa quatre séances d’audition, chacune d’entre elles portant sur une des causes principales qui mena au désastre, à savoir :
- L’impact des prêts immobilier à haut risques, avec pour illustration le cas de la banque Washington Mutual.
Our first hearing dealt with the impact of high- risk mortgage lending, focused on a case study, as our committee does, this time Washington Mutual bank, known as WaMu, a thrift whose leaders embarked on a reckless strategy to pursue higher profits by emphasizing high-risk loans. These are not loans that were just likely to fail. These loans also created real hardships for the borrowers as well as the risk for the bank itself. There was basically a conveyor belt that fed toxic, bad, reckless mortgages into a financial system just like a polluter dumps poison into a river. The package that they came downstream in was a mortgage-backed security that WaMu sold to get the enormous risk of these mortgages off its own books and shifted it to somebody else. (Sources: Senate Floor Statement of Senator Carl Levin on the Financial Regulatory Reform Bill - 28.04.2010)
- La passivité des instances de régulations fédérales qui, en toute connaissance de cause, ne firent rien pour faire cesser les excès des banques.
The second hearing examined how federal regulators at the Office of Thrift Supervision watched, observed WaMu, saw the problems year after year and did nothing to stop them. Supervision that should have been conducted at arm’s length, instead was done arm in arm with the bank it was supposed to be regulating. (Sources: Senate Floor Statement of Senator Carl Levin on the Financial Regulatory Reform Bill - 28.04.2010)
- La complicité des agences de notations, S&P et Moody’s en particulier, par leurs notations AAA de produits hautement toxiques, dues notamment à un conflit d'intérêt criant puisqu’elles étaient payées par ceux qui avaient besoin de leurs notes favorables pour écouler leurs poisons (c’est à dire les banques d’investissement).
The third hearing dealt with credit rating agencies. These are specific case studies of Standard & Poor's and Moody’s. And while WaMu and other lenders dumped these bad loans, credit rating agencies were assuring everybody that the poison water was safe to drink. Triple-A ratings were slapped on bottles of high-risk financial products. So that was the third hearing. We’ve got to do something about the inherent conflict of interest that is involved when credit rating agencies are paid by the people whose products they are rating. There is an inherent built-in conflict of interest. (Sources: Senate Floor Statement of Senator Carl Levin on the Financial Regulatory Reform Bill - 28.04.2010)
- Le rôle des banques d’investissement dans le développement de la crise, avec GS au premier rang.
Yesterday's hearing explored the role of investment banks. We focused on the actions during 2007, when the housing bubble burst, of Goldman Sachs, one of the oldest firms on Wall Street. Goldman's documents made it very clear that it was betting against the housing market while it was aggressively selling investments in the housing market to its own clients. It was selling to clients high-risk, mortgage-backed securities and what they call CDOs and synthetic CDOs that they wanted to get off their books. They wanted to get securities off the books. They were selling them. They were reaching out with one hand to prospective buyers and saying, here. But with the other hand they were betting against those same securities. (Sources: Senate Floor Statement of Senator Carl Levin on the Financial Regulatory Reform Bill - 28.04.2010)
Entre l’enquête de la SEC et la Commission du sénateur Levin, nous nous demandons si la saison de la chasse ne vient pas d’être ouverte. Il faut tout de même dire qu’à Cochon sur Terre il est généralement admis que l’ouverture de la chasse correspond le plus souvent à une campagne électorale quelconque se profilant à l’horizon.
Dans le cas qui nous occupe il est bien évident que personne ne doute que c’est pure coïncidence si l’ouverture de l’enquête de la SEC à propos des agissements douteux de Goldman Sachs envers ses clients s’est produit au moment où le Congrès doit voter la loi destinée soit-disant à « encadrer » les banques. C’est aussi une pure coïncidence si des élections importantes ont lieu en Novembre prochain et que les démocrates (et le Président avec eux) trépignent d’impatience de montrer aux électeurs combien ils ne sont pas du tout solidaires de Wall Street mais complètement acquis à Main Street.
C’est bien connu.
Cette fois, pourtant, il n’est pas du tout certain que la petite combine fonctionne car il est très probable que dans la période de tensions grandissantes au sein du pays comme au sein des instances dirigeantes, il est donc très possible que l’on assiste à une escalade non maîtrisée de la soif de têtes à couper. C’est ainsi que non seulement GS pourrait servir dans un premier temps de bouc émissaire mais il est bien possible que cela pourrait ne pas être suffisant et que les têtes des quatre autres complices qui agirent de la même manière que la première (JP Morgan Chase, Bank of America, Citibank et Wells Fargo) ne soient réclamées à grand cris par une population de plus en plus en colère. Et ne doutons pas un instant que les membres du Congrès accéderont volontiers aux exigences de leurs électeurs bien-aimés si cela peut leur permettre de se faire réélire.
Dans cette optique comment être sûr que l’enquête de la SEC s’en tienne uniquement à cette affaire GS-Paulson, somme toute modeste et non pénale. Il est au contraire tout à fait possible que sous la pression de l’opinion cette enquête soigneusement ciblée au départ pour éviter toute perte de contrôle, ne finisse par s’élargir inéluctablement en échappant complètement à ceux qui l’avaient conçu. C’est ainsi que cette enquête pourrait finir par déborder de son lit pour aboutir à une mise en cause non seulement des agissements de GS et de ses quatre comparses précédemment cités, c’est à dire de ce qu’il est communément appelé « Wall Street », mais aussi du système tout entier.
Des déclarations comme celle que fit le sénateur Levin au Sénat hier, afin de donner des arguments en faveur du vote de la fameuse loi pour « encadrer » les banques, révèlent la direction que pourrait prendre toute cette affaire sous la pression de l’opinion publique et du désir des élus de sauver leur tête en Novembre:
These findings are deeply troubling. They show a Wall Street culture that, while it may once have focused on serving clients and promoting commerce, is now all too often simply self-serving. The ultimate harm here is not just to clients poorly served by their investment bank. It’s to all of us. The toxic mortgages and related instruments that these firms injected into our financial system have done incalculable harm to people who had never heard of a mortgage-backed security or a CDO, and who have no defenses against the harm such exotic Wall Street creations can cause. (Sources: Senate Floor Statement of Senator Carl Levin on the Financial Regulatory Reform Bill - 28.04.2010)
« Deeply troubling », « Wall Street culture », « self serving », « It’s all of us »... C’est touchant non ? Soudain on réalise, soudain on se demande comment tout cela a pu se produire, soudain, bien sûr, on s’indigne. Le « it’s all of us » ne manque pas de sel non plus, il faut bien l’avouer. Et voilà, le peuple et les membres du Congrès unis comme un seul homme contre ces horribles banquiers qui nous ont TOUS trompés, TOUS ensemble, nous TOUS qui sommes si bons et tellement innocents. Nous, les membres du Congrès et nos électeurs bien aimés, nous nous sommes fait rouler par ces immondes requins assoiffés de dollars sonnant et trébuchant. Unissons-nous contre Wall Street, nous les gens de Main Street (c’est à dire les Membres du Congrès, c’est à dire les dignes représentants de ce bon peuple qui va voter pour nous en Novembre).
Well, well... Comme c’est beau... Sortons nos mouchoirs.
Mais si quelques-uns ont un tout petit peu plus de mémoire que les autres il ne leur sera pas difficile de se remémorer que tout ce qui est arrivé n’a été possible que parce-que les estimés membres du Congrès étaient comme larrons en foire avec les non moins estimés à l'époque, membres de Wall Street. Et cela à tel point que les estimés membres du Congrès votèrent tous comme un seul membre les lois que leurs estimés amis de Wall Street, principalement de GS, leur demandèrent de voter. Il faut dire que ces derniers sont les principaux bailleurs de fond des campagnes électorales des premiers. Jusqu’à aujourd’hui en tout cas. Quant à demain, on verra.
Pour ceux qui ignorent encore ce qui fut à l’origine directe de la crise financière permettez-nous de nous citer :
USA - Années 1999-2000 – L’administration Clinton est sur le départ. Un certain Larry Summers, ancien numéro deux du Trésor sous Robert Rubin (ex banquier chez Goldman Sachs pendant 26 ans, Secrétaire au Trésor 1995 – 1er Juillet 1999) promu au poste de Secrétaire au Trésor (1er Juillet 1999-2001) lorsque son supérieur Robert Rubin déjà cité, devint vice-président de Citigroup ; Summers réussit alors à convaincre le Président Clinton de signer certaines propositions de lois d’origine républicaine afin de leur donner force de loi. Ce qui advint. Quelles furent ces lois ?
La première (12 Novembre 1999) consista à abroger la loi de 1933 « Glass-Steagall » qui fût crée et votée en pleine Dépression pour interdire la fusion de banque de dépôt et de banque d’affaire. Même si cette loi était déjà battue en brèche depuis des années la constitution de la banque Citigroup n’aurait pu se faire sans elle (pure coïncidence bien sûr avec le fait que Robert Rubin devint vice-président de cette même banque après avoir été Secrétaire au Trésor.: « In November 1999, senior regulators—including Mr. Greenspan and Mr. Rubin—recommended that Congress permanently strip the CFTC of regulatory authority over derivatives. » (Source : NY Times). Monsieur Rubin démissionna de Citigroup le 9 Janvier 2009 après avoir touché $ 126 millions au cours de ces neuf années passées dans cette banque, probablement pour services rendus…
La seconde loi fût le « Commodity Futures Modernization Act », signée par le Président Clinton le 21 Décembre 2000 ; elle abrogeait le « Shad-Johnson Juridictional Act » de 1982 qui interdisait les « Single stock Futures » et fût fortement recommandée par certains qui ne nous sont pas inconnus :
« In November 1999, senior regulators—including Mr. Greenspan and Mr. Rubin—recommended that Congress permanently strip the CFTC of regulatory authority over derivatives. » (Source: NY Times). Cette seconde loi empêchait l’Agence Gouvernementale US de régulation (CFTC) d’avoir un quelconque contrôle sur le marché des dérivés financiers, tels que les fameux « credit default swaps » qui provoquèrent la catastrophe de AIG, ces mêmes produits que Warren Buffet catalogua comme : « weapons of financial mass destruction ». Cette loi a été citée par de nombreuses personnalités de l’économie comme ayant été à l’origine directe de la faillite d’Enron en 2001 et de la crise générale d’insolvabilité de Septembre 2008 qui mena à la faillite de Lehman Brothers, sans parler des plans massifs de sauvetage de AIG et des banques US sur lesquels nous reviendrons un peu plus loin.
L’actuel Secrétaire d’Etat au Trésor Timothy Geithner, quant à lui, servira sous deux de ses prédécesseurs de 1999 à 2001 : Robert Rubin et Larry Summers, désormais lui-même « Obama’s Chief Economic Advisor ». Ce qui permet d’affirmer que ceux que l’on a chargé d’endiguer la crise sont les mêmes que ceux qui l’ont provoqué en faisant passer des lois qui abrogèrent toutes les régulations antérieures qui avaient permis de protéger l’économie et les marchés contre les excès dus à la cupidité humaine qui engendre souvent des prises de risques irresponsables.
(Chronique de Cochon sur Terre - 7 Avril 2009 - Petite histoire de la crise financière pour les saints d’esprit)
Ceux qui feignent aujourd'hui de découvrir les agissements de Wall Street sont les mêmes qui les ont autorisé légalement hier en abrogeant les lois que leurs prédécesseurs avaient établis afin d’éviter que ne recommence ce qui était arrivé en 1929. Mais étant donné que nous sommes des singes particulièrement évolués nous n’avons pu résister à faire en 2008 à la puissance 1000 ce que nos ancêtres stupides avaient déjà fait en 1929. C’est bien connu nous sommes des singes supérieurs, c’est une affirmation purement gratuite de notre part n’en doutons pas, puisque nous sommes censés tirer les leçons des erreurs commises par nous dans le passé.
Encore faudrait-il s’en souvenir !
En 1934 les membres de la Commission Pecora aboutirent à la conclusion suivante :
“The results of the unregulated activities of the investment bankers … were disastrous.”
Cette conclusion permit le vote du « Glass and Steagall Act » qui fût abrogé par ceux qui parlent aujourd’hui même de « réguler » l’activité des banques, c’est à dire les estimés Membres du Congrès, à l’exception des républicains qui s’opposent à la loi. Cette fameuse loi si dure pour les banques, cette loi qui contient l’amendement déposé par Blanche Lincoln qui priverait les banques de la possibilité de trader les produits dérivés, c’est à dire qui les priverait de la plus grande partie de leurs revenus et qui en obligerait un certain nombre à mettre leur clé sous la porte, comme JP Morgan par exemple. Mais heureusement les lobbyists appointés par Wall Street ont bien fait leur travail et sont parvenus à faire entendre raison à Blanche Lincoln, ainsi que le rapporte Andrew Cockburn:
(...) it is hardly possible that Lincoln, still less her fellow Democratic senators, have really decided to usher in the communist revolution by wiping out the banks’ major source of trading profits. Nor will the White House or Treasury permit this to happen. We know this because New York Senator Kirsten Gilliband has been telling emissaries from Barclays Plc so, adding that it would never get through the senate anyway. This was very welcome news for the emissaries, conscious as they were that the top five Wall Street banks made $28 billion in profits from derivatives trading last year, and they rushed to pass on the good news to clients.
Lincoln’s populist lunge hasn’t done her much good in Arkansas, where the latest polls put “Bailout Blanche” further behind her primary (May 18) and general election opponents than ever.
For a few days this week it looked as if the senate Democrats could afford to pose as the flails of Wall Street while the Republicans obligingly blocked debate on the reform bill. Now that the Republicans have abandoned that strategy, we can assume that Blanche’s provision will be taken into a back room and quietly smothered in the interests of bipartisanship. (Sources: Andrew Cockburn - Counterpunch - 29.04.2010)
Tout comme la loi sur la Santé, celle sur la régulation des banques est présentée par l’Administration comme un combat acharné contre Wall Street afin de libérer Main Street, le pays, le monde, l’univers et le reste, de son emprise malfaisante; comme l’autre, donc, cette loi a de fortes chances de n’être qu’un trompe l’oeil de plus concocté à des fins purement électorales.
Aujourd'hui, selon le Wall Street Journal, une enquête au pénal aurait été ouverte par le Procureur Général de NY contre GS à la suite du dépôt d’un dossier par la SEC. Rien n’a pour l’instant été infirmé où confirmé par quiconque mais il est certain que dans le climat qui règne actuellement aux USA tout est possible, y compris et surtout les contradictions et les oppositions les plus virulentes qui font monter les tensions et les haines à leur paroxysme et qui contribuent toutes à ébranler encore un peu plus le système lui-même. C’est ainsi que l’on peut tout à fait imaginer le Congrès tapant symboliquement sur les doigts des banques et dans le même temps un procureur déposant une plainte au pénal contre ceux qui viennent de se faire absoudre où presque, sans se rendre compte que si cette plainte aboutissait à une condamnation de GS cela entraînerait probablement aussitôt un effet domino contre toutes les banques de Wall Street qui ont toutes agi comme GS. Cela pourrait entraîner soudain une condamnation générale de Wall Street et le vote d’une loi encore plus sévère que ne le prévoyait Blanche Lincoln; un encadrement drastiqur des activités de ces mêmes banques les forçant à mettre la clé sous la porte puisqu’elles tirent leurs principaux revenus de ces activités de trading des produits dérivés qui leur seraient désormais interdites. Cela bien sûr flanquerait à bas tout le système.
Et qu’on ne vienne pas nous refaire le coup de la vertu du système qui est capable de se réformer de lui-même! Il ne s’agit pas du tout de cette vertu mythique mais d’une pagaille généralisée qui s’étend toujours plus au fur et à mesure que l’impotence du pouvoir central se révèle au grand jour.
Le Sénateur Levin s'indignait devant le Sénat au sujet du comportement de GS envers ses propres clients à qui, notamment, ils vendaient des produits toxiques dont ils voulaient se débarrasser pour éviter de perdre leur mise :
These are deeply troubling findings. There not only was a collapse of a housing market. There was a collapse of values. And extreme greed is the thread that connects these events, starting with those mortgages that were sold out there in the state of Washington by Washington Mutual Bank, extreme greed that indeed involved the people who were supposed to be doing the credit rating, being paid and doing a lousy job, rating the financial instruments. The greed that was involved in Wall Street, selling, securitizing financial instruments which they believed were not good, they were betting against at the same time they sold them to their clients and customers. (Sources: Senate Floor Statement of Senator Carl Levin on the Financial Regulatory Reform Bill - 28.04.2010)
Le Sénateur Levin ne semble pas se rendre compte que c’est l’ensemble du système lui-même qu’il condamne. Ce n’est pas simplement telle où telle banque qui est en cause. Ce n’est pas uniquement Wall Street où telle où telle société commerciale qui constitue le problème. C’est un système dans lequel seul l'intérêt narcissique compte et est encouragé aux dépends non seulement de l'intérêt commun mais de celui de tout ce qui n'est pas le sien propre. Il est donc parfaitement logique que GS et compagnie ait vendu à des clients des produits toxiques contre lesquels ils pariaient à la baisse, puisqu’ils pensaient à juste titre qu’ils allaient perdre toute leur valeur ; n’était-ce pas leur « intérêt bien compris»qu’ils défendaient ? Il est bien évident qu’on peut toujours se lamenter en déclarant avec autant d’étonnement que de candeur : « There not only was a collapse of a housing market. There was a collapse of values ». Comment peut-on vouloir conserver des « valeurs », que ce soit la fidélité envers un client, la défense de ses intérêts en lui prodiguant des conseils d’investissements dans lesquels on croit, un certain sens de l’honneur également etc... alors qu’on prône toute la journée que la seule valeur qui vaille la peine est son propre intérêt couplé à la recherche frénétique de ses petits « plaisirs », sans oublier son indispensable « bien être » etc.... Dans le cas de GS où de n’importe qui d’autre il est dés lors parfaitement logique que le client passe soudain clairement après ses propres intérêts lorsque ce dernier devient soudain le moyen grâce auquel on peut préserver son propre intérêt bien compris.
Alors non, Monsieur le Sénateur, il n’est pas du tout étonnant que GS et compagnie ait agi comme vous l’avez découvert. Ce qui est étonnant en revanche c’est que vous veniez juste de vous en apercevoir et que vous pensiez toujours qu’il est possible de concilier le système que vous voulez sauver de la ruine avec des « valeurs » que ce système s’est employé à détruire depuis trois siècles avec une constance remarquable.
Ce qui est étonnant c’est que, nonobstant ces « deeply troublings findings », vous vous obstiniez à ne pas comprendre que ce « collapse of value » dont vous vous plaignez est une conséquence inhérente à l’expansion et à la survie de ce système que vous voulez sauver.
Car, Monsieur le Sénateur, les "valeurs " dont vous parlez avec des trémolos dans la voie, et nous ne mettons pas en cause votre sincérité, ces valeurs donc constituent toujours des incitations à la collaboration permanente et à l'échange entre les membres d'une même communauté pour le bien de cette dernière et de ses membres. Hors le système que vous tentez de sauver prône exactement l'inverse, puisqu'il prône la compétition comme mode de relation entre les différents membres de la communauté. C'est à dire un darwinisme non seulement radicalisé mais généralisé ; par conséquent un darwinisme perverti.
Ce que vous devriez découvrir au plus vite, Monsieur le Sénateur, c’est qu'un tel système finit inéluctablement par se détruire lui-même car il n’implique aucun lien durable entre ses membres. Bien au contraire il prône une compétition globale, n'épargnant aucun champ de l'activité humaine, entretenant de manière permanente l'aléatoire et le court terme, ce qui a pour résultat la guerre générale de tous contre tous, les intérêts de chacun s'entrechoquant sans répit au détriment du bien commun. Cela prend fin lorsque la société finit par s'effondrer sous les coups que lui portent ses propres membres en s'affrontant perpétuellement les uns les autres.
C’est pour cela, Monsieur le Sénateur, que l’affaire des banques et de GS n’est qu’un des symptômes de ce qui est en train d’arriver aux USA, principalement certes car c'est là que ce système fût appliqué avec le moins de restrictions. Principalement mais pas exclusivement.
Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.