vendredi 4 mars 2011

Les Libyens refusent d'être libérés et çà nous fait beaucoup de peine !

Eh oui, chers lecteurs, à Washington nos gouvernants bien aimés si bons et si sensibles ont beaucoup de peine. En réalité ils dépriment. Nous pourrions même dire qu’ils sont en phase de doubler les doses de Prozac qu’ils ingurgitaient déjà goulûment jusqu’à aujourd’hui.
Par exemple l’ex-futur sauveur de l’humanité (Obama) refuse parait-il de sortir de son lit : « I cannot » aurait-il déclaré à ceux qui lui demandaient de faire un effort. C’est dire l’intensité de la tristesse qui le mine ! Quant à Tata Hillary elle en est à deux boites de Prozac par jour et elle pleure toute la journée sans raison valable. C’est qu’elle est très émotive Tata, ne vous y trompez pas chers lecteurs.

Et tout cela à cause des libyens.

- Mais que leur arrive t’il donc ?
- C’est la faute aux libyens parait-il.
- Cet atrrrrrrrrrroooooooooooooooce Khadaffi vous voulez dire ?
- Mais non, les libyens ; le peuuuuuuuuuuple quoi...
- Mais je croyais que les Représentants Exclusifs du Bien sur Terre (REBT) avaient décidé de les libérer ?
- Oui, précisément.
- Alors où est le problème ?
- Eh bien le problème c’est que les libyens ont refusé d’être libéré...

Vous rendez-vous compte cher lecteur de ce que cela signifie ? Les peuples ne veulent plus être libérés par les REBT (Représentants Exclusifs du Bien sur Terre) !
Décidément le monde ne tourne plus rond.

Faîtes vos jeux, chers lecteurs, rien ne va plus.

Quant on pense à la générosité de ce qu’impliquait une libération des libyens de la part de nos REBT bien-aimés ; quant on pense aux bienfaits innombrables qu’une « libération » par les REBT aurait engendrée pour les libyens : infrastructures détruites, villes réduites à l’état de troglodytes, populations affamées, chaos général, des dizaines de milliers de « dommages collatéraux », réduction drastique de l’espérance de vie de la population, une « présence » de troupes étrangères pour les cent prochaines années, humm disons plutôt jusqu’à l’épuisement des gisements de pétrole locaux ; et tant d’autres innombrables bienfaits si généreusement distribués à tout le monde... (voir l’Irak par exemple).
Et puis c’était sans compter la joie sans mélange qu’ils auraient eu de découvrir en avant première avec fanfares (militaires) et enthousiasme obligatoire notre mirifique « way of life » que l’univers entier nous jalouse, y compris les terroristes, ne vous y trompez pas chers lecteurs ; sans parler du charme indéniable de la globalisation et surtout de nos « avancées culturelles » qui, il faut bien l’avouer, et sans aucune forfanterie, nous ont fait sauter sans parachute dans un inconnu qui commence à faire regretter à certains ce « connu » qui nous ennuyait et que nous avons abandonné si légèrement.

Prenons un exemple d’une de ces « avancée culturelle », parmi tant d’autres, dont nous avons le secret.

Ne croyez-vous pas, chers lecteurs, que les libyens n’auraient pas accueilli avec un enthousiasme délirant et reconnaissant le droit (de l’homme, et de la femme aussi bien évidemment), reconnu par la justice, de se faire greffer une oreille sur le bras droit pour améliorer son « bien-être primordial » ? Hein, çà vous la coupe çà, non ? Eh bien c’est pourtant ce qui s’est passé en Australie il n’y pas si longtemps. Après une telle preuve de notre avancement culturel foudroyant qui laisse toutes les étoiles filantes de l’univers sur place, bouche bées, qui pourra venir nous dire après cela que çà ne vaut pas le coup de se laisser libérer par nos soins, nous les Représentants Uniques du bien sur Terre (REBT) ?

Quand on y pense un peu plus profondément, comme la télévision nous en fournit l’exemple tous les jours, on ne peut s’empêcher de penser qu’au fond l’attitude des Libyens n’est pas très amicale.
En effet pourquoi ne pas nous laisser les libérer si çà nous fait plaisir ?
Qu’est ce que çà peut leur faire à ces libyens que nous venions les libérer si cela nous permet de nous sentir mieux dans nos baskets ? Rien, à part les quelques dommages collatéraux que nous avons évoqué plus haut.
Ils pourraient penser un peu plus à nous, nous qui nous ennuyons tellement que rien ne nous distrait autant que d’aller libérer de temps à autres quelques populations dont nous avons de très sérieuses raisons de penser, grâce à notre compréhension quasiment miraculeuse des peuples qui ne nous ressemblent pas encore traits pour traits, que toutes ces populations rêvent en secret (elles sont timides, chers lecteurs, c’est bien connu des psychologues du Pentagones !) de se faire libérer par nous de leurs ex-gouvernants bien-aimés, nos ex-alliés-futurs-ennemis, où inversement au choix.

De plus ce service bénévole est tout à fait gratuit et relève de la pure générosité de notre part ; car ce désir inné et irrépressible chez nos dirigeants bien-aimés, et nous tous, de libérer tous les peuples de la terre pour leur apporter les bienfaits admirables de notre « way of life » est comme un sixième sens. En fait c’est génétique, cher lecteur, tout simplement. Nous sommes bons et généreux de nature, c’est tout. C’est pourquoi nous ne pouvons résister à la joie de transformer tout peuple et tout individu en clone de ce que nous sommes devenus, c’est-à-dire des Cochons (avec une majuscule svp).
Cette pulsion qui nous pousse à la libération d’autrui, si consubstantielle à notre cher petit Moi, nous fait venir les larmes aux yeux à chaque fois que nous y songeons car nous ne pouvons nous empêcher de nous admirer sans réserve ; n’est-il pas remarquable que nous ne reculions jamais devant aucun sacrifice pour ce faire ? Et ne parlons pas de notre légendaire respect paranoïaque de la souveraineté des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes ! Ne sommes-nous pas particulièrement pointilleux à ce sujet (surtout lorsqu’il s’agit de pétrole) ? C’est d’ailleurs pour cela que nous nous sommes précipités pour libérer TOUS les peuples de l’univers qui ne jouissaient pas encore de notre mirifique « way of life », sans aucune autre considération que notre désintéressement proverbial, notre sens inné de la justice et notre profond amour de nos congénères, quels qu’ils soient, avec où sans pétrole. En effet ne nous est-il pas insupportable de penser qu’un seul être puisse ne pas profiter et jouir pleinement de notre « way of life », tandis que nous autres passons notre survie à nous vautrer avec la délectation que l’on sait dans cette bauge innommable, comme les dignes Cochons que nous sommes tous. C’est d’ailleurs pour cette raison que les Zimbabwéens, les Coréens du Nord, les Chinois bien sûr, sans parler des Palestiniens, des Saoudiens et de tous les autres, bénéficient tous, grâce à nous, de la démokratie et de tous les privilèges qui vont avec depuis bien longtemps.
Nous n’avons pas hésité une seconde à les libérer sans se préoccuper du prix...

Non, chers lecteurs, tout bien pesé, après mûres réflexions et avec toute la partialité dont nous sommes capables (elle est sans limite), nous ne pouvons pas ne pas penser que, décidément, les libyens sont des égoïstes.

Résumons :

- D’abord ils se révoltent sans nous demander la permission (çà, c’est déjà limite).
- Ensuite ils refusent que nous les libérions (alors là c’est franchement sadique et cela nous fait ENORMEMENT de peine)
- Et pour finir ils veulent garder pour eux les fruits de leur victoire, c’est-à-dire le pétrole qui se trouve PAR HASARD sur leur territoire mais qui, au nom de nos droits de l’homme à nous, nous appartient bel et bien (en droit international, ce droit que nous respectons si bien, cela se nomme du vol pur et simple).

Outre la peine immense que nous cause cette méchanceté extraordinaire des Libyens à notre égard, qui se comportent dans cette affaire avec un égoïsme quasiment criminel en nous refusant d’exercer notre droit sacré et indiscutable à les libérer, cette affaire nous amène à nous poser quelques interrogations connexes.

- Se pourrait-il que d’autres populations à l’avenir nous refusent à nouveau la possibilité d’exercer notre droit et notre devoir auto-proclamé de les libérer de leurs dirigeants ex-bien-aimés ?
- De ce fait, se pourrait-il que ces populations acceptent de prendre le risque de se battre et de mourir autrement qu’en jeu-vidéo pour une cause, apparemment, qui leur tient à coeur ?
- Enfin se pourrait-il que ces populations, en refusant que nous les libérions à leur place, nous fassent savoir de cette manière que nous ne sommes plus des modèles à suivre pour le reste de la planète ?
- Cela ne serait-il pas un message nous indiquant que ce ne sont pas nos affaires ?
- Mais alors... se pourrait-il que plus personne n’ait besoin de nous et que nous ne soyons plus le soleil autour duquel l’univers tourne en ronronnant de bonheur ?

Eh oui, chers lecteurs, c’est bel et bien ce que devraient nous enseigner les événements du Moyen-Orient :

- Non seulement nous ne sommes plus le centre du monde mais nous ne constituons plus un modèle pour le reste de la planète.
- ce qui ne fait que mettre en pleine lumière l'impotence de l’Empire, accélérant encore son déclin.

Et tout cela fait beaucoup de peine à l’ex-futur sauveur de l’humanité et à tous ces congénères de l’oligarchie washingtonienne. Et nous pouvons gager qu’ils en auront encore bien plus d’ici quelques temps.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.
Plus pour longtemps.

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