Aujourd’hui (22 Mai) il fait un temps splendide et tout le monde se prépare à partir. Dés deux heures de l’après midi les files de voitures commenceront à se former et à s’étendre du centre de Manhattan jusqu’aux rivages encore froids des Hampton, ou encore vers le New Jersey ou le Connecticut. En effet nous sommes à la veille d’un long w.e puisque Lundi est férié aux USA : c’est le Mémorial Day, le jour ou l’on est censé nous souvenir de ceux qui sont morts sur les champs de bataille. Il n’est pas certain que ce soit véritablement le cas, tout le monde étant plus préoccupé de savoir de quoi sera fait le we. De plus, pour un certain nombre de New Yorkais c’est le début de la saison de location dans les Hampton, qui se termine généralement à la fin du mois d’Août. Pour ceux-ci le we sera plutôt occupé à préparer leur maison pour les prochains mois d’été. Ah, petit détail, les prix à la location ont beaucoup baissé…
Déambulant dans les rues de haut en bas et de droite à gauche, comme à mon habitude, rien ne parait bouleversé dans la ville, dans cette ville d’où est pourtant partie la crise qui a contaminé le monde entier. Il y a bien des espaces commerciaux à louer, beaucoup plus qu’avant certes, et on en attend encore bien plus dans les mois à venir, mais il n’est pas certain que je l’aurai remarqué si je n’avais été prévenu avant d’arriver ; plus de gens faisant la manche également, de toute sorte, de toute provenance, mais là non plus rien de spectaculaire.
Les conversations ne se portent pas naturellement sur les questions financières, sur la crise, sur le chômage et sur ce que l’on rapporte dans les médias de manière générale. Il semblerait que l’on évite un peu d’en parler, comme si cela portait malheur, même si l’on sait qu’il y a quelque chose d’étrange à la porte, prêt à nous tomber sur le dos. Mais comme je l’ai déjà entendu de nombreux interlocuteurs : « De toute manière qu’est ce qu’on peut faire ? ». Donc on continue.
Pourtant certains détails font penser que l’inquiétude est sous-jacente aux comportements en apparence habituels. Par exemple hier, lorsque fût annoncé l’abaissement de la note de l’Angleterre par les agences de notation, l’inquiétude s’est révélée au grand jour ; la crainte, justifiée, était que les prochains sur la liste ne soient les USA, ce qui aurait déjà dû être le cas depuis longtemps si les trois agences de notation avaient un minimum d’indépendance, ainsi que l’a souligné Mme Merkel lorsqu’elle a appelé à la création d’une agence de notation européenne il y a quelques semaines.
Dés que l’on franchit la barrière des conversations superficielles et convenues, on parle de la crise. Mais c’est une crise vue exclusivement à travers des lunettes locales, comme si ce qui se passait ailleurs n’existait pas ou n’avait pas de lien avec les problèmes que les habitants de « big apple » pouvaient rencontrer. Le budget de la ville est à nouveau en déficit, les institutions dépendant financièrement des « charities » pour survivre doivent faire face à des baisses spectaculaires des donations, ce qui les obligent à procéder eux-aussi à des licenciements, comme au Metropolitan Museum par exemple. On commence à sonner le rappel de « volunteers » pour contribuer à l’entretien de Central Park en raison du licenciement d’une partie du personnel de maintenance du parc pour cause de déficit budgétaire. Le prix de l’électricité a augmenté spectaculairement depuis un an tout comme le prix des denrées alimentaires, certains articles de base ayant presque doublé en deux ans. Voilà le genre de propos relatifs à la crise que l’on peut entendre, mais jamais je n’ai encore entendu quoi que ce soit à propos de ce qui se passe au niveau international ou même au niveau du pays lui-même ; par exemple que la Californie, premier état de l’Union, soit en faillite pas un mot ; que le PIB du Mexique se soit effondré de 8,2% au premier trimestre, que les prévisions de la Fed se montrent beaucoup plus pessimistes qu’elles ne l’étaient en Janvier (les perspectives de chômage passant de 8,2-8.8% pour l’année à 9,8% alors qu’au mois d’Avril on en était déjà à 8,9%), que les mises en chantier de logements neufs sont en baisse de 12,8% au mois d’Avril, établissant ainsi une baisse record depuis 50 ans, de tout cela et de bien d’autres mauvaises nouvelles encore, on ne parle pas, y compris de l’Irak ou de l’Afpak.
Donc tout ne va pas bien mais on ne veut pas y penser ; par conséquent on n’en souffle mot, on fait comme si tout était normal, on fait le gros dos en attendant que cela passe. Car cela passera bien, non ? Il suffit de tenir… Peut-être, peut-être mais rien n’est moins sûr.
Hier au coin de Madison et de la 28eme rue il y avait un type qui faisait des bulles, des bulles de savon d’une taille que je n’avais jamais vu jusque là. Il les créait avec une facilité que M. Greenspan aurait pu lui envier malgré sa maîtrise incontestée dans ce genre d’affaire. C’était de grosses bulles, assez disgracieuses car trop grosses, s’élevant avec une certaine difficulté dans les airs en raison de leur poids. Les passants n’y prêtaient pas beaucoup attention, probablement parce-que NY est encore dans sa propre bulle, attendant son éclatement inéluctable avec un mélange de panique et de soulagement.
Et puis les bulles on connaît déjà, non ?
Déambulant dans les rues de haut en bas et de droite à gauche, comme à mon habitude, rien ne parait bouleversé dans la ville, dans cette ville d’où est pourtant partie la crise qui a contaminé le monde entier. Il y a bien des espaces commerciaux à louer, beaucoup plus qu’avant certes, et on en attend encore bien plus dans les mois à venir, mais il n’est pas certain que je l’aurai remarqué si je n’avais été prévenu avant d’arriver ; plus de gens faisant la manche également, de toute sorte, de toute provenance, mais là non plus rien de spectaculaire.
Les conversations ne se portent pas naturellement sur les questions financières, sur la crise, sur le chômage et sur ce que l’on rapporte dans les médias de manière générale. Il semblerait que l’on évite un peu d’en parler, comme si cela portait malheur, même si l’on sait qu’il y a quelque chose d’étrange à la porte, prêt à nous tomber sur le dos. Mais comme je l’ai déjà entendu de nombreux interlocuteurs : « De toute manière qu’est ce qu’on peut faire ? ». Donc on continue.
Pourtant certains détails font penser que l’inquiétude est sous-jacente aux comportements en apparence habituels. Par exemple hier, lorsque fût annoncé l’abaissement de la note de l’Angleterre par les agences de notation, l’inquiétude s’est révélée au grand jour ; la crainte, justifiée, était que les prochains sur la liste ne soient les USA, ce qui aurait déjà dû être le cas depuis longtemps si les trois agences de notation avaient un minimum d’indépendance, ainsi que l’a souligné Mme Merkel lorsqu’elle a appelé à la création d’une agence de notation européenne il y a quelques semaines.
Dés que l’on franchit la barrière des conversations superficielles et convenues, on parle de la crise. Mais c’est une crise vue exclusivement à travers des lunettes locales, comme si ce qui se passait ailleurs n’existait pas ou n’avait pas de lien avec les problèmes que les habitants de « big apple » pouvaient rencontrer. Le budget de la ville est à nouveau en déficit, les institutions dépendant financièrement des « charities » pour survivre doivent faire face à des baisses spectaculaires des donations, ce qui les obligent à procéder eux-aussi à des licenciements, comme au Metropolitan Museum par exemple. On commence à sonner le rappel de « volunteers » pour contribuer à l’entretien de Central Park en raison du licenciement d’une partie du personnel de maintenance du parc pour cause de déficit budgétaire. Le prix de l’électricité a augmenté spectaculairement depuis un an tout comme le prix des denrées alimentaires, certains articles de base ayant presque doublé en deux ans. Voilà le genre de propos relatifs à la crise que l’on peut entendre, mais jamais je n’ai encore entendu quoi que ce soit à propos de ce qui se passe au niveau international ou même au niveau du pays lui-même ; par exemple que la Californie, premier état de l’Union, soit en faillite pas un mot ; que le PIB du Mexique se soit effondré de 8,2% au premier trimestre, que les prévisions de la Fed se montrent beaucoup plus pessimistes qu’elles ne l’étaient en Janvier (les perspectives de chômage passant de 8,2-8.8% pour l’année à 9,8% alors qu’au mois d’Avril on en était déjà à 8,9%), que les mises en chantier de logements neufs sont en baisse de 12,8% au mois d’Avril, établissant ainsi une baisse record depuis 50 ans, de tout cela et de bien d’autres mauvaises nouvelles encore, on ne parle pas, y compris de l’Irak ou de l’Afpak.
Donc tout ne va pas bien mais on ne veut pas y penser ; par conséquent on n’en souffle mot, on fait comme si tout était normal, on fait le gros dos en attendant que cela passe. Car cela passera bien, non ? Il suffit de tenir… Peut-être, peut-être mais rien n’est moins sûr.
Hier au coin de Madison et de la 28eme rue il y avait un type qui faisait des bulles, des bulles de savon d’une taille que je n’avais jamais vu jusque là. Il les créait avec une facilité que M. Greenspan aurait pu lui envier malgré sa maîtrise incontestée dans ce genre d’affaire. C’était de grosses bulles, assez disgracieuses car trop grosses, s’élevant avec une certaine difficulté dans les airs en raison de leur poids. Les passants n’y prêtaient pas beaucoup attention, probablement parce-que NY est encore dans sa propre bulle, attendant son éclatement inéluctable avec un mélange de panique et de soulagement.
Et puis les bulles on connaît déjà, non ?
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