dimanche 21 février 2010

Congrès US: quand les rats quittent le navire...

Avertissements aux lecteurs de la Chronique de Cochon sur Terre.

La question traitée aujourd’hui dans notre Chronique semble s’éloigner de notre sujet de prédilection: l’observation des moeurs aberrantes des habitants de Cochon sur Terre, ceux qui sont qualifiés par les anthropologues les plus reconnus de «cochonneux» pour les mâles et de «cochonneuses» pour les femelles, où plus simplement de «cochons» pour éviter toute discrimination entre mâles et femelles puisque nous connaissons bien leur susceptibilité légendaire à ce propos et leur tendance congénitale à l’égalitarisme le plus radical; c’est à dire la suppression définitive des genres.

Ainsi, afin de prévenir toute mauvaise interprétation et éviter une indignation bien légitime de la part de nos lecteurs, nous tenions à vous faire remarquer dans ce préambule que «les rats» dont nous allons parler sont bel et bien des cochons tout ce qu’il y a de plus authentiques. Alors pourquoi parler de «rats» pourriez-vous nous demander avec une certaine logique? Tout simplement parce-que ces cochons agissent en ce moment comme des rats, ces animaux intelligents qui, comme vous le savez bien, sont suffisamment intuitifs pour savoir quand il est temps de quitter le navire qui va faire naufrage afin d’éviter d’être entraîner au fond de l’abysse avec l’embarcation qui prend eau de toute part.


Cet éclaircissement indispensable étant fait nous allons parler maintenant de l’étrange phénomène qui semble affecter depuis quelques semaines non seulement le Sénat américain mais aussi la Chambre des Représentants. Un certain nombre d’élus, surtout démocrates, sénateurs comme membres de la Chambre des Représentants, ont pris l’habitude depuis quelques semaines de déclarer qu’ils ne se représenteraient pas aux élections de Novembre 2010.

Il est vrai que le parti Démocrate vit des moments éprouvants depuis quelques mois et ses représentants voient s’avancer l’heure du jugement (Novembre 2010) avec une certaine angoisse qui frise la panique pour certains. Car si la défaite des Démocrates par ce Républicain jusqu’alors inconnu, Scott Brown, dans le Massachussetts, servit de «wake up call», l’inquiétude débuta par la perte des postes de gouverneur des Etats de Virginie et du New-Jersey en Novembre au profit des Républicains puis par l’annonce surprise le 6 Janvier par le sénateur du Dakota du Nord Byron Dorgan qu’il ne se représenterait pas, suivie par celle du sénateur du Connecticut Chris Dodd, bien que cette décision, elle, ait été prise sous la pression du parti pour tenter de sauver le siège face à l’impopularité du sénateur sortant. Ces deux abandons de poste laissent ainsi les sièges «ouverts» comme on dit. Il est généralement admis par les analystes politique contemporain que lorsqu’un siège est laissé vacant ce dernier tombe le plus souvent dans les mains du parti opposé à celui qui le détenait jusque là. Dans ce cas il est probable que les sièges en question soient conquis par les Républicains d’après le dernier Cook Political Report du 18 Février.


En effet le Cook Political Report du 18 Février 2010 juge qu’au moins 95 sièges détenus par les Démocrates à la Chambre des Représentants seraient «potentiellement vulnérables», c’est à dire susceptibles d’être perdus aux prochaines élections, ce qui représente tout de même presque un tiers des sièges de la Chambre des Représentants qui en compte 435. Sur ces 95 sièges «potentiellement vulnérables», 54 sont classés dans la catégorie hautement compétitive, c’est à dire celle dans laquelle l’issue du scrutin est rien moins qu’assurée pour le candidat tenant du poste, alors que les républicains n’en n’auraient que 6 dans la même catégorie. Or il suffirait de 40 sièges aux Républicains pour regagner la majorité à la Chambre des Représentants.


“At this rate, Democrats are likely to lose at least 25-35 seats in the House and would have to bend the current trajectory of the cycle to hold onto their House majority,”

(Sources: Cook Political Report House analyst David Wasserman)


En ce qui concerne le Sénat, où un tiers des sièges (33) sont à renouveler, la situation ne semble pas tellement plus rassurante surtout si l’on prend en compte les taux d’approbation du Congrès comme du Président et de son administration par la population américaine: ils sont au plus bas depuis 18 ans.


Public sentiment toward Washington is sour. A CBS News-New York Times poll on Feb. 12 reported that 75 percent of respondents disapproved of the job Congress is doing, the highest level since March 1992. A Quinnipiac University poll a day earlier found that 73 percent said they were dissatisfied with the country’s direction.

(Sources: Business Week - 16.02.2010)


Les Démocrates ayant déjà perdu le 60ème siège qui leur permettaient d’éviter toute procédure de «filibustery» de la part des Républicains, leur majorité au Sénat pourrait être désormais remise en cause lors des élections de Novembre prochain, notamment en raison de l’état de santé plus que précaire de certains de leurs sénateurs parmi les plus âgés.

The ruling party's vulnerability was further underlined on Tuesday when Frank Lautenberg, the 86-year-old senator for New Jersey, collapsed at his home and was hospitalised for the treatment of an ulcer. News of his collapse served as a reminder of the frail health of other senators, such as Robert Byrd, at 92 the oldest and longest serving member of the Senate, and Arlen Specter, an 80-year-old cancer and brain tumour survivor who faces a gruelling re-election battle in Pennsylvania.

(Sources: The Telegraph - 16.02.2010)


De plus il semblerait que même ceux qui auraient des chances d’être réélus se mettent à déserter les rangs de l’auguste assemblée. C’est ainsi que le dernier en date à annoncer son intention de ne pas se représenter est le sénateur de l’Indiana Evan Bayh, 54 ans, deux fois gouverneur de l’Indiana et deux fois élus sénateur du même Etat. Sa décision de ne pas concourir pour un troisième mandat au Sénat provoqua un choc chez les Démocrates car le sénateur en question n’était pas réellement menacé comme l’était Chris Dodd, très impopulaire, dont la décision fût fortement influencée par le parti afin de pouvoir le remplacer par une personnalité plus apte à conserver son siège chez les Démocrates. Dans le cas d’Evan Bayh ce fût le contraire; tout le monde tenta de le convaincre de rester. Rien n’y fît. Non seulement rien n’y fît mais la déclaration du sénateur laisse entendre son mécontentement à l’encontre de la manière dont les choses se passent au Congrès. Son mécontentement, son dégoût peut-être, mais tout au moins sa lassitude.


Bayh, 54, a former two-term Indiana governor who has never lost an election, announced yesterday he won’t seek a third six- year Senate term. There is “too much partisanship and not enough progress” in Congress, he said at a news conference in Indianapolis.

In announcing he will retire, Bayh cited lawmakers’ failure to create a bipartisan commission to address the national deficit and legislation to create jobs that “fell apart” last week. The senator stressed his decision should not “reflect adversely on the president,” who is working on the “right agenda for America.”

Bayh said he is an “executive at heart,” a trait “not highly valued in Congress.

(Sources: Business Week - 16.02.2010)

Pour couronner le tout la rumeur aujourd’hui à Washington affirme que le prochain sur la liste de l’évacuation avant le naufrage serait Blanche Lincoln, sénateur de l’Arkansas, qui se situerait derrière tous ses opposants républicains dans les sondages. N’oublions pas non plus que l’ancien siège du Président (Illinois), celui du Vice-Président (Delaware), et celui de l’actuel chef de la majorité au sénat, Harry Reid (Nevada), n’oublions pas que ces trois sièges eux aussi sont sérieusement menacés.

Tout cela pour aboutir à la conclusion que les chances que les démocrates conservent la majorité au sénat en Novembre s’établiraient désormais à 50 / 50. Stu Rothenberg quant à lui, éditeur du Rothenberg Political Report, considère qu’aujourd’hui les Démocrates pourraient perdre jusqu’à huit sièges au Sénat. Mais d’ici le mois de Novembre le temps va paraître bien long à tous ceux qui doivent défendre leur place, tant pour les membres du Congrès que pour les électeurs qui auront perdu leur job, et il n’est pas délirant d’imaginer que deux sièges de plus puissent tomber dans l’escarcelle des Républicains, leur donnant ainsi la majorité.

Désormais le spectre de leur spectaculaire défaite de 1994 plane à nouveau au-dessus des rangs Démocrates. Deux ans après leur grande victoire de 2008 se profile une énorme raclée. Mais la comparaison avec la situation de 1994 est-elle valable ?


Probablement pas.


D’une part les Démocrates ne sont pas les seuls à subir des défections sous la forme d’abandon de postes. Les Républicains eux aussi en ont leur lot. C’est ainsi qu’à la Chambre des Représentants 18 Républicains ne se représenteront pas contre 14 chez les Démocrates. Bien entendu chacun des deux partis se jette à la figure que leurs adversaires abandonnent la partie parce-qu’ils savent très bien qu’ils n’ont aucune chance de l’emporter...


National Republican Congressional Committee Chairman Pete Sessions (Tex.) said that "not all retirements are created equal," adding that Democratic retirements are coming in far less friendly territory for the majority. "The fact of the matter is Democrats in swing districts are retiring because they know what November has in store for them," Sessions said.


"The fact that you have 10 percent of House Republicans retiring suggests they don't believe their own hype about taking back the House," said Rep. Chris Van Hollen (Md.), chairman of the Democratic Congressional Campaign Committee. "If that was a realistic prospect, people would be running for office, not from it."

(Sources: The Washington Post - 12.02.2010)


Ce qui est plus inquiétant pour les Démocrates c’est que sur leurs 14 sièges «ouverts» Mac Cain en emporta 5 et en manqua un d'extrême justesse (Kansas 3rd distict) lors de la campagne présidentielle de 2008 tandis qu’Obama n’en emporta que deux parmi les 18 sièges «ouverts» des Républicains.

Il est également utile d’ajouter que 2/3 des Républicains ne se représentent pas afin de pouvoir décrocher des charges plus importantes, ce qui n’est pas le cas des Démocrates.


D’autre part, non, tout n’est pas forcément gagné d’avance pour les Républicains en dépit de leurs dernières victoires électorales. En effet le mécontentement des millions de gens qui votèrent pour les Démocrates lors des élections de 2008 pour en finir avec Busch et Compagnie ne se retrouveront pas à nouveau sur les rangs pour voter pour les Républicains même s’ils ne voteront pas non plus pour les Démocrates dont aucunes des promesses électorales ne furent tenues; bien au contraire puisque la politique de l’Administration Obama poursuivit celle de son prédécesseur, soutenues par les mêmes au profit des mêmes. Si l’on en croit les sondages effectués on voit que le support pour le parti républicain est encore plus bas que lors des élections de 2006 et 2008, pourtant très mauvaises. Mais quel choix y a t’il pour ces désabusés du système à part voter à nouveau pour les Républicains, pour les Démocrates où rester chez eux ?

Justement les jeux ne sont pas faits car il existe encore une composante inconnue et nouvelle de ces élections de Novembre, une force qui semble prendre une certaine envergure malgré son manque de structure et ses divisions internes. Nous voulons parler de la nébuleuse du «Tea Party», notre marotte, toujours la même, qui se renforce à mesure que le mécontentement s’accroît contre Washington. Il ne faudrait pas commettre l'erreur de penser que ce mécontentement se focalise exclusivement contre l’Administration et le Président de l’Union. Si cette colère n’épargne pas l’Administration et Obama elle ne se dirige pas moins contre le Congrès dans son ensemble, toute tendance confondue, comme le prouve le sondage CBS News-New-York Times du 12 Février dernier cité plus haut. C’est un mécontentement anti «establishment»; un mécontentement qui se nourrit de l’accroissement des impôts, de l’accroissement de l’Administration fédérale et de l’abrogation des libertés qui en résulte inéluctablement ainsi que de l’accroissement constant du gouffre du déficit budgétaire fédéral; un mécontentement issu du non-respect chronique de la souveraineté des Etats par le centre. C’est précisément là où se focalise la colère des «tea partiers»: le centre cause de tous leurs maux, le centre traître à la Constitution; le centre c’est à dire le Président, son Administration et le Congrès qui, tous, outrepassent les pouvoirs qui leur ont été accordés par la Constitution aux dépends des Etats Fédérés.


Voici ci-dessous des extraits tirés d’un article de Ron Holland qui a le mérite de résumer assez bien ce qui se répand de plus en plus ouvertement à travers les USA et dont la mouvance du Tea Party, encore lui, est un des plus proches échos.

«I fear the federal government will plunder much of our private wealth, retirement plans and personal savings through hyperinflation, financial controls and confiscatory tax rates all in the name of protecting the public from a future debt crisis unless the states can secede from the Union and the crushing Washington debt load (...).


I think it is time for Americans left and right to reconsider where our nation and the federal government have ended up. Few would question that the all-powerful Washington government living on borrowed debt and fake prosperity is a political model which has failed miserably (...).

Today in 2010, join me in voting both for the dream of Dr. King and the vision of Jefferson Davis. It is time to replace the failed Washington leviathan with a new limited central government based on the original vision of sovereign states where we become again, “these United States” instead of “the United States.” I’m voting in 2010 and 2012 in support of the Tenth Amendment and for the right of nullification (voir à ce propos notre post du 15 Mars 2009).

Finally, if necessary, I’ll support temporary secession efforts from the empire until we restore the original republic of our founding fathers. We must be free of an illegitimate national debt, an unconstitutional Federal Reserve and protected by currency competition and the choice of a currency based on the gold standard. (Sources: «Secession as a solution to the Washington debt threat» - Ron Holland - 12.02.2010 - www.whiskeyandgunpowder.com)

La grande inconnue, donc, reste la capacité du mouvement «Tea Party» à coopter, à promouvoir et à faire élire des candidats anti-establishment au Congrès, dont le programme commun comprendrait pour partie ce que Ron Holland a écrit dans son article cité plus haut. Cette possibilité reste néanmoins tributaire de la capacité du mouvement à se faire prendre au sérieux par ces électeurs mécontents et dégouttés, c’est à dire leur faire prendre conscience qu’ils ont là la possibilité pour la première fois depuis la création de l’Union de se faire représenter autrement que par le parti unique représenté par ses deux branches connues sous le nom de Parti Républicain et Parti Démocrate. Si le «Tea Party» y parvient, alors tout sera possible, y compris le pire bien entendu. Pour le moment le «Tea Party» a débuté son action dans cette perspective:


In addition, some Republican primaries have turned bitter, with the burgeoning tea party movement viewing these open seats as a chance to flex its muscle against candidates whom it considers establishment-backed. It's unclear whether such outsider conservatives will emerge in the South Florida primaries, but the tea party allies have adopted former Florida state House speaker Marco Rubio as a favorite son in his insurgent Senate primary against Gov. Charlie Crist (Fla.).

(Sources: The Washington Post - 12.02.2010)


Reprenons le cas du sénateur de l’Indiana, Evan Bayh, intéressant à plusieurs égards. Tout d’abord il n’est pas atteint d’une maladie quelconque ni par une limite d’âge puisqu’il n’a que 54 ans. De plus quelques jours encore avant d’annoncer qu’il renonçait à un troisième mandat il se disait tout à fait confiant en l’issue du scrutin le concernant, ce qui n’était pas du bluff même s’il aurait probablement eu plus de difficultés que lors de sa dernière campagne. Alors comment expliquer cette décision apparemment si soudaine ?


In announcing he will retire, Bayh cited lawmakers’ failure to create a bipartisan commission to address the national deficit and legislation to create jobs that “fell apart” last week. The senator stressed his decision should not “reflect adversely on the president,” who is working on the “right agenda for America.”

Bayh said he is an “executive at heart,” a trait “not highly valued in Congress.


“There’s just too much brain-dead partisanship” in Congress, Bayh told ABC, and the American people need to vote out those who are “rigidly ideological.”

(Sources: Bloomberg - 16.02.2010)


Pourquoi ne pas croire le sénateur Bayh lorsqu’il nous dit à demi mot que l’échec de la création d’une commission bipartisane sur le déficit budgétaire l’a incité à démissionner ? Croyons-le, mais prenons cet argument comme une des raisons où plutôt comme la goutte d’eau qui fît déborder le vase, cela semblerait plus réaliste. En effet personne ne croira que c’est la première fois qu’on ne parvient pas à créer une commission bipartisane au Congrès. De plus il est difficile de penser que le sénateur Bayh démissionne sur un coup de tête. Donc cela semblerait plutôt indiquer que le sénateur, comme quelques autres de ses collègues du Sénat et de la Chambre, est bien conscient de la situation catastrophique du pays et qu’il y a urgence. Mais face au blocage du système et à l’impuissance qui en résulte ils en concluent qu’il ne sert à rien de rester là. Mieux vaut retourner sur le terrain, le local selon le langage des «tea partyers» où encore l’état fédéré, où il pourra être plus utile, pense t’il; probablement à raison.

Une commission qui devait aborder le problème du déficit et de la création d’emplois... N’est-ce pas là ce qui est notoirement et de plus en plus fortement reproché au Président, à son Administration et au Congrès ? N’est-ce pas précisément ce qu’ils n’ont PAS fait au cours de cette année écoulée et gaspillée, eux et le Congrès, trop occupés à secourir les banques, ces grands pourvoyeurs de fonds pour leurs campagnes électorales ? N’est-ce pas précisément contre tout cela que s’est développé le mouvement du «Tea Party» ? Ne retrouve t’on pas là encore ce que dénonce Ron Holland et tant d’autres de plus en plus nombreux ?


Le sénateur Bayh déclara également qu’il était un «executive at heart» pour ajouter que c’était une qualité «not highly valued in Congress». N’est-ce pas là une critique du coeur du système lui-même et de son inefficacité ? Ne nous y trompons pas, nous autres non-américains, car c’est là une critique qui a une signification très importante pour les Américains étant donné que le Congrès était jusqu’à présent le coeur de tout le système; on ne critiquait pas le Congrès comme cela jusqu’à il y a peu. Le Congrès était respecté et c’était l’élément central de l’opposition à la tendance de la Présidence à s’agrandir toujours plus. Désormais même ses membres le quittent pour cause d’inutilité ! Evolution remarquable de la psychologie tant individuelle que collective, une évolution dont il faudra surveiller les développements de près car il est bien possible qu’avec l’accroissement de la crise et l’échauffement des esprits cela ne s'accélère dangereusement.

Le plus notable reste que cette réaction du sénateur s’apparente à celle des «tea partyers»; certes elle est nimbée de l’ouate sénatoriale mais il n’empêche qu’au fond c’est une critique étrangement similaire. La question désormais est de savoir quand et si le mouvement du «Tea Party» et ces membres du Congrès en exil volontaire se rencontreront ? Certains l’ont déjà fait, comme Sarah Palin où Michelle Bachmann pour les plus connues. Dans cette hypothèse nous imaginons sans peine qu’ils auront de nombreux sujets de conversation, et donc de désaccords; mais aussi de buts communs, n’en doutons pas non plus.


Alors oui, les rats commencent à quitter le navire parce-qu’ils savent qu’il est en perdition. C’est un signe qui ne saurait tromper. Le tout est de regarder maintenant sur quel canot de sauvetage ils embarqueront car cela pourra peut-être nous donner une petite idée de ce à quoi il faudra nous attendre. Cet exode constitue surtout un nouveau facteur de désordre qui s’ajoute encore à l’extension de la pagaille générale qui mine désormais le système en entier. Mais ce qu'il importe de bien comprendre c'est que la pagaille en question est sécrétée par le système lui-même, ainsi probablement que l'a bien compris le sénateur Bayh.


Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.


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