lundi 13 décembre 2010

Wikileaks et Julian Assange : quand la démokracie met bas les masques.

Nous n’allons pas répéter les faits de l’affaire wikileaks ; même s’ils sont déformés par nos médias de désinformation habituels, médias plus que jamais « aux ordres » de nos gouvernants bien aimés, sans aucune vergogne ni plus aucun souci de préserver des apparences quelconques d’indépendance ; donc même déformés les faits de l’affaire wikileaks peuvent être connus par n’importe quel individu épris de liberté, c’est-à-dire habité du désir de savoir ce qui se passe réellement mais aussi, et en conséquence, du refus systématique d’ingurgiter la propagande officielle dont on aimerait nous gaver jusqu’à plus soif ; dans ce cas jusqu’à l’abdication complète de toute forme de pensée, indépendante par définition.

En conséquence toute voie discordante du discours officiel est à tuer dans l’oeuf aussi vite que possible, par tous les moyens à disposition. C’est une question de survie.
Pour eux, c’est-à-dire les dignes et très démokratiques représentants de la nomenklatura, principalement aux USA.
Nous ne pouvons pas résister à vous donner, cher lecteur, un concentré des diverses réactions de nos parangons de vertus démokratiques, tous débordants d’amour pour les droits inaliénables de chaque citoyen du monde, sans parler de leur respect sacré et larmoyant pour la Constitution américaine, et particulièrement de son 1er Amendement, dont nous vous rappelons ici la teneur afin que vous puissiez vous rendre compte par vous-mêmes à quel point il est respecté à la lettre par les gouvernants bien-aimés des USA :

« Le Congrès ne fera aucune loi qui ne touche l’établissement où interdise le libre exercice d’une religion, ni qui restreigne la liberté de parole où de la presse (souligné par nous), où le droit qu’à le peuple de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation des tords dont il a à se plaindre. »
(1er Amendement de la Constitution des Etats-Unis d’Amérique - 1791)

Voici donc quelques réactions de la nomenklatura occidentale, ces défenseurs acharnés de la liberté version CIA, des droits de l’homme, de la femme et des enfants en bas âge, des cochons aussi va sans dire, ainsi que de leur droit sacré à tous à la consommation de tout et n’importe quoi (le seul de tous nos droits qui soit resté intact jusqu’à aujourd’hui et le seul qui s’étendra toujours plus jusqu’à ce que mort s’en suive, soyez en sûrs chers lecteurs) :

la sénateur Diane Feinstein, digne progressiste de son état, démokrate au plus haut point, membre du parti du même nom :

« When WikiLeaks founder Julian Assange released his latest document trove—more than 250,000 secret State Department cables—he intentionally harmed the U.S. government. The release of these documents damages our national interests and puts innocent lives at risk. He should be vigorously prosecuted for espionage.
“The law Mr. Assange continues to violate is the Espionage Act of 1917. That law makes it a felony for an unauthorized person to possess or transmit "information relating to the national defense which information the possessor has reason to believe could be used to the injury of the United States or to the advantage of any foreign nation." ... Importantly, the courts have held that "information relating to the national defense" applies to both classified and unclassified material. Each violation is punishable by up to 10 years in prison.»
(Sources : The Wall Street Journal)

La pauvre chérie, malheureusement pour elle, a oublié quelques détails négligeables :
Ce n’est pas Julian Assange qui a subtilisé les documents. Il les a reçu d’une source faisant partie des deux millions de personnes ayant accès légalement aux dossiers classifiés du gouvernement US.
Contrairement aux affabulations de notre démocrate de choc Julian Assange et Wikileaks, en collaboration étroite avec les cinq journaux internationaux à qui ils ont transmis les documents, ont supprimé toutes références où toutes indications qui auraient pu mettre en danger la vie d’un individu quelconque. A ces fins ils ont même demandé à l’Ambassade US de Londres de les aider à faire le tri. Cette dernière n’a pas donné suite à ces demandes. De plus, et selon le Pentagone lui-même, il n’y aurait aucune victime à déplorer depuis la sortie des premiers documents sur l’Irak en Avril dernier.
Wikileaks est un organe de presse tout comme peuvent l’être le NY Times, le Guardian, le Figaro, Der Spiegel où El Pais. Wikileaks n’a pas fait plus que publier des documents qu’on lui a fourni, exactement de la même manière que l’ont fait les dignes organes de presse cités plus haut (et surtout le même nombre de documents soit 1269 à ce jour sur plus de 250.000) ; wikileaks n’est pas moins un organe de presse que ABC, CBS où tout autre site du même topo sur internet. En conséquence de quoi il devrait être protégé par le 1er Amendement de la Constitution des USA.
Un autre léger détail : Julian Assange n’est pas américain. Non, Mme la sénateur, le monde n’est pas américain et il se trouve que Julian Assange est citoyen australien (et nous espérons qu’il n’aura pas à le regretter étant donné l’attitude du premier ministre australien). En conséquence de quoi on ne voit pas comment il aurait pu trahir les USA... A moins que cette démocrate de choc ne fasse partie des ces membres de la nomenklatura US qui pensent que les USA « own the world », pour reprendre l’excellente expression de Noam Chomsky.

Le journaliste Jonah Goldberg, néo-conservateur :

« Why wasn’t Assange garroted in his hotel room years ago? » (Sources: National Review)

Evidemment cela aurait eu le mérite de simplifier les choses. Et puis on a l’habitude de ce genre de traitement dans nos régimes si friands de transparence, de démokratie, du droit des gens et bla bla bla... D’ailleurs, afin de vous convaincre chers lecteurs que nous ne sommes pas si paranoïaques que vous ne pourriez le penser, voici un court extrait d’un manuel que la CIA distribuait à ses agents en 1953, rendu public en 1997 :

"The most efficient accident, in simple assassination, is a fall of 75 feet or more onto a hard surface. Elevator shafts, stair wells, unscreened windows and bridges will serve... The act may be executed by sudden, vigorous [excised] of the ankles, tipping the subject over the edge. If the assassin immediately sets up an outcry, playing the 'horrified witness', no alibi or surreptitious withdrawal is necessary."
(Sources : Couterpunch)

Il est certain que dans le cas de Julian Assange il est un peu tard pour ce genre d'expédient. Gageons cependant que les méthodes décrites ci-dessus furent améliorées avec le temps, notamment grâce à la technologie et à toutes ces merveilles innombrables que le dieu progrès (alimenté par les $ 1000 milliards du budget annuel du Pentagone) nous fournit si généreusement tout au long de notre longue marche triomphale vers l’anéantissement général. Gageons donc, chers lecteurs, qu’on trouvera bien un moyen de se débarrasser des empêcheurs de mentir en rond tels que Assange.

- Erich Holder (Attorney General of the USA), digne démocrate lui aussi :

The US attorney general, Eric Holder, has announced that the Justice Department and Pentagon are conducting "an active, ongoing criminal investigation" into the latest Assange-facilitated leak under Washington's Espionage Act.
Asked how the US could prosecute Assange, a non-US citizen, Holder said, "Let me be clear. This is not saber-rattling," and vowed "to swiftly close the gaps in current US legislation…"
In other words the espionage statute is being rewritten to target Assange (souligné par nous), and in short order, if not already, President Obama – who as a candidate pledged "transparency" in government - will sign an order okaying the seizing of Assange and his transport into the US jurisdiction. Render first, fight the habeas corpus lawsuits later.
(Sources : Alexandre Cockburn - Counterpunch)

A graver le plus profondément possible au fond de votre cervelas, chers lecteurs (et à ne jamais oublier) :
« In other words the espionage statute is being rewritten to target Assange ».
La modification d’une loi en fonction des besoins du jour avec effets rétroactifs est le signe le plus clair du meurtre définitif avec préméditation de l’état de droit dans un pays. A partir de là le citoyen devient sujet à l’arbitraire le plus complet et toute proclamation d’une liberté quelconque relève de la farce la plus sinistre.
Voire à ce sujet les expériences de l’Allemagne nazie, l’URSS, la Chine de Mao et autres régimes du même acabit.

- Tom Flanagan, ancien conseiller du premier ministre du Canada :

« Obama should put out a contract and maybe use a drone or something to rid the world of Mr Assange »
« ... I thinck Assange should be assassinated actually ... There is no good coming of this ...»
« ... I would not feel unhappy if Assange desapeared » he said in conclusion.
(Sources : CBS Show « Power and Politics »)

Ici nous nous trouvons face à des méthodes de la mafia ; en effet « passer un contrat sur un individu » est une procédure tout à fait caractéristique lorsqu’on confie à la mafia le soin d’éliminer quelqu’un. Cette déclaration est au propre comme au figuré un appel au meurtre qui peut parfaitement faire l’objet d’une plainte pénale comme l’ont d’ailleurs envisagé Julian Assange et ses avocats.

Les trois déclarations suivantes sont dues à trois probables futurs candidats à la présidentielle de 2012. Leurs propos nous montrent à quel point ils ont tous la stature adéquate pour devenir Président des USA.

Sarah Palin, probable futur candidate aux présidentielles (great !!!), à propos de Julian Assange :

« ... an anti-american with blood on his hands. »
« He should be hunted down like Al Quaeda’s leader Osama Bin Laden ...»

C’est effectivement ce que l’on pourrait souhaiter de mieux à Julian Assange étant donné le succès extraordinaire remporté par les USA et leurs caniches appointés pour capturer bin Laden qui court dans la nature depuis 9 ans.

- Rick Santorum, probable futur candidat aux présidentielles (argh !!!) :

... said Tuesday that Assange was guilty of "terrorism," and should be prosecuted as such.
(Sources : Huffington Post - 30.11.2010)


- Mike Huckabee, futur candidat aux présidentielles (argh !!! bis) :

Former Arkansas Gov. Mike Huckabee and possible Republican presidential candidate provided a harsh assessment of what he believes to be an appropriate punishment for the source of the latest WikiLeaks transmission of U.S. embassy cables, saying that "anything less than execution is too kind a penalty."
"Whoever in our government leaked that information is guilty of treason," Huckabee said, according to a report from Florida Independent. "They've put American lives at risk."
(Sources : Huffington Post - 30.11.2010)

La déclaration de ce dernier parait un peu plus articulée cérébralement parlant que celles de ces deux collègues puisqu’il ne parle que du où des Américains qui ont fourni les documents à wikileaks. Effectivement dans ce cas le terme de trahison pourrait s’appliquer, en tout cas selon les termes de « l’espionnage act » de 1917 qui ne fût concocté par Wilson que pour réduire au silence ceux qui s’opposait à l’entrée en guerre des USA (ils étaient la majorité) ; mais encore une fois «l’espionnage act» ne peut s’appliquer à Julian Assange en dépit des efforts désespérés de Erich Holder et de ses équipes de bureaucrates tortionnaires de lois pour tenter d’y faire tenir le cas de wikileaks et de son fondateur.

En tous cas nous ne pouvons plus ignorer qu’en cas de victoire électorale d’un de ces trois candidats à la Présidentielle de 2012 nous regretterons amèrement les Busch Jr, Cheney, Wolfowitz et compagnie qui feront figure d’enfants de choeur jouant dans leur bac à sable.

Cela dit rassurez-vous chers lecteurs la nomenklatura US ne fût pas la seule à se déchaîner contre wikileaks et Assange. Voici deux exemples aussi stupides que les autres, dont un français.

En effet notre effrayant ministre de l’industrie s’est cru obligé de se fendre d’une lettre au CGIET afin que cet organisme puisse lui fournir au plus vite les moyens de faire cesser l'hébergement du site wikileaks par l’entreprise française OVH. En voici quelques extraits truffés de mensonges et d’affirmations gratuites autant que dénuées de tout fondement juridique, sans parler de simple bon sens. Il ne fait que répéter les affirmations propagées par nos médias de désinformation qui tournent en boucle depuis deux semaines, répétées à satiété d’un air outré par tout crétin voulant se donner un air en dépit des preuves du contraire. Mais la vérité a t’elle quelque chose à voir là-dedans ?

« Cette situation n’est pas acceptable. La France ne peut pas héberger des sites internet qui violent ainsi le secret des relations diplomatiques et mettent en danger des personnes protégées par le secret diplomatique.
On ne peut héberger des sites internet qualifiés de criminels et rejetés par d’autres Etats en raison d’atteinte qu’ils portent à leurs droits fondamentaux. »
(Sources : Eric Besson - Nord Eclair )

Les commentaires sont inutiles (voir plus haut).

Le premier ministre australien réagit elle aussi à la publication des documents par wikileaks avec les mêmes faux arguments que le précité :

« I absolutely condemn the placement of this information on the wikileaks website. It is a grossly irresponsible thing to do and an illegal thing to do.»
(Sources : Julia Gillard, PM australien - Faifax radio)

« It would not happen, information would not be on wikileaks, if there had not been an illegal act undertaken. »
(Sources : Julia Gillard, PM australien - The Sydney Morning Herald - 07.12.2010)

Elle fût d’ailleurs remerciée avec enthousiasme par la nomenklatura US pour sa collaboration qui fut jugée, nous citons, « terrific ». Et cette aide fût si merveilleuse que le bruit court depuis quelques jours que les USA, encouragés par cette fructueuse collaboration faîte aux dépends d’un citoyen australien, auraient demandé au gouvernement australien de retirer sa nationalité à Julian Assange, acte qui relèverait de l’arbitraire le plus total. C’est pour cette raison, semble t’il, que les services gouvernementaux australiens cherchent fiévreusement un moyen de montrer comment Julian Assange a transgressé une loi australienne, tout comme leurs collègues US. Le problème c’est que Julian Assange n’a transgressé aucune loi australienne et qu’en dépit de la réthorique du pm australien sur la soit-disant illégalité sur laquelle repose les actions de wikileaks, il n’a pas été possible jusqu’à aujourd’hui de trouver quoi que ce soit de juridiquement probant. D’ailleurs à chaque fois que des journalistes ont demandé au pm australien sur quoi elle se basait pour affirmer que les actions de wikileaks étaient illégales elle n’a pas répondu. Et pour cause !
Mais rassurez-vous, chers lecteurs, on se charge aux USA et ailleurs de trouver un moyen de torturer suffisamment les lois pour y faire entrer le cas Assange. Sinon il suffira d’en créer de nouvelles avec effets rétroactifs afin de pouvoir inculper Assange le plus démokratiquement du monde naturellement.

Pour résumer :

Julian Assange est accusé de trahison et de terrorisme par les « Représentants Exclusifs du Bien sur Terre » (REBT), individus sans scrupules, sans foi ni loi (comme vu plus haut), et surtout sans cervelle ; en vertu de ces accusations sans aucuns fondements ces sinistres REBT ont ouvertement appelé de leurs voeux son assassinat où à tout le moins son exécution.

Cela ne tient aucun compte du fait que :

- 1) Julian Assange est Australien ce qui annule toute possibilité de trahir les USA.
- 2) il n’a pas volé les documents mais les a publié.
- 3) s’il était jugé pour cela il faudrait également juger le New York Times et attaquer les quatre autres journaux (à savoir : El Pais, Le Monde, Der Spiegel et The Guardian) qui ont publié exactement les mêmes documents que wikileaks (c’est à dire 1269 à ce jour sur plus de 250.000 qui furent dûment expurgés de toute référence pouvant mettre en danger un individu quel qu’il soit, comme l’ont reconnu et le Pentagone et Robert Gate).
4) il existe un précédent. Lorsqu’il y eut la publication de documents secrets émanant du Pentagone par le New York Times en 1971 non seulement le journal ne fût pas condamné mais le journaliste (Ellsberg) qui obtint ces documents ne passa pas un seul jour en prison. De plus la Cour Suprême précisa :

"only a free and unrestrained press can effectively expose deception in government".
(Sources : US Supreme Court - 1971 - Pentagone papers leak)

- 5) tout ce qui précède explique fort bien l’acharnement hystérique des REBT (Représentants Exclusifs du Bien sur Terre) à vouloir faire dépendre Assange du fameux «espionnage act» puisque cela permettrait de le priver de la protection du premier amendement de la Constitution des USA. En effet s’il était considéré comme un espion il pourrait être jugé comme tel et non comme journaliste ; car dans ce dernier cas il n’aurait aucune chance d’être condamné, comme on l’a vu, au nom du premier amendement de la Constitution des USA.

C’est à ce point que l’on touche aux enjeux véritables de cette affaire qui, à notre avis, sont au nombre de deux.

La premier touche directement à la liberté de l’information. A ce titre nous parlons donc ici de l’avenir d’internet étant donné que c’est le seul média encore capable de résister d’une manière efficace à l’emprise de plus en plus totalitaire, version soft nous vous l’accordons, de nos gouvernants bien-aimés sur tout ce qui touche à l’information du public et par-delà à la liberté individuelle, où plutôt le peu qui nous en reste. Oui, oui, nous savons que nous allons être taxés de grossière exagération mais c’est justement ce qui aurait tendance à nous faire penser que la situation est peut-être encore pire que ce que nous affirmons puisque les esclaves d’aujourd’hui ne se rendent même plus compte de leur état contrairement à ceux qui les précédèrent. Ces derniers ne songeaient à rien d’autre qu’à se libérer ; ceux d’aujourd’hui ne songent à rien d’autre qu’à se débarrasser au plus vite de toutes les prérogatives qui faisaient de leurs ancêtres des hommes plus libres qu’ils ne le seront jamais plus eux-mêmes en dépit de ce qu’ils peuvent prétendre. Donc liberté d’information.
L’editorial du journal The Guardian a bien résumé l’importance de cette question d’internet à travers l’affaire wikileaks:

«In times when big business and big governements attempt to monitor and control everything, there is a need as never before for an internet that remains a free and universal form of communication. Wikileaks’chief crime has been to speak the truth to power. What is at stake is nothing less than the freedom of the internet. All the rest is sideshow distracting attention from the real battle that is being fought. We should all keep focus on the true target.»
(Sources : The Guardian - 10.12.2010)

Le second enjeu de toute cette hystérie, du côté US en tout cas, a pour but de divertir l’attention du monde du contenu des câbles diplomatiques publiés par wikileaks et les 4 journaux internationaux qui s’en sont chargés en collaboration avec le site internet.
En effet on a beaucoup voulu nous faire croire que le contenu de ces câbles diplomatiques ne contenait rien qu’on ne savait déjà, qu’il n’y avait aucune découverte sensationnelle, bref beaucoup de bruit pour rien.

Hum, curieux alors de s’agiter de la sorte s’il n’y avait rien de si extraordinaire que cela dans ces câbles. Etrange que l’on menace de mort le responsable de la publication de documents si peu intéressants ; étrange dans ces conditions qu’on le compare à un terroriste et qu’on lance des fatwas à travers le monde pour se payer son scalp.
Tout çà pour rien d’important ?

Il est vrai que la plupart de ces câbles ne nous apprennent pas grand-chose de très nouveau à propos des positions politiques des uns et des autres, des confirmations de ce que l’on savait sans en avoir de preuves, des magouilles en tout genre etc... C’est vrai, rien de vraiment nouveau même s’il y a néanmoins des éléments intéressants.

Cela dit il y a malgré tout une chose qu’il serait dans l'intérêt des USA de faire oublier le plus vite possible et qui nous parait être ce qui est le plus grave de tout ce qui fût publié jusqu’à maintenant (en gardant en mémoire que seuls 1269 documents ont été publiés sur les 250.000).
Nous voulons parler ici des instructions secrètes données par Condoleezza Rice et Hillary Clinton aux diplomates US de 33 missions diplomatiques US à travers le monde de collecter des informations très inhabituelles. Car il s’agissait non seulement d’espionnage mais aussi et surtout de recueillir des données personnelles sur des individus, souvent citoyens de pays soit-disant alliés où « amis ». Les autres ne sont pas oubliés, rassurez-vous, chers lecteurs.

« The intelligence gathering directives were sent from the intelligence operations office within the state department’s bureau of intelligence and research, which describe itself as the nexus of intelligence and foreign policy.
They made clear that the intelligence operation was not merely a useful addition to the work of a secret service, but that the intelligence community relies on state)reporting officers for much of the biographical information collected worldwide. Biographic reporting is defined in the cables as including «credit card account numbers, frequent flyer account numbers» as well as «compendia of contact information » (souligné par nous).
(Sources : The Guardian - 02.12.2010)

On apprend ainsi que les soit-disant diplomates US sont des espions comme les autres chargés de recolter toutes les données personnelles possibles et imaginables. Etrange non ? Pourquoi recueillir les numéros de cartes de crédit, les mot de passe de boîtes e-mail où les numéros de cartes de frequent flyer sans parler de l’ADN ?

De plus on apprend que les Nations-Unies elles-mêmes étaient, elles le sont toujours pas de panique ! l’objet d’une intense surveillance qui inclut l’obtention de :

«... biometric datas (souligné par nous) on permanent security council representatives, and passwords and personal encryption keys used by top UN officials - in possible contravention on international law. »
(Sources : The Guardian - 02.12.2010)

Dans un autre câble on apprend que les « biometric informations » comprennent l’obtention de l’ADN, des scan de l’iris et des empreintes digitales des diplomates ciblés, sans compter les numéros de carte de crédit, numéros de comptes en banque, copies de passeport etc...
Etrange non ?

"The only reason they can be asking for this information is to break into the communication systems or monitor them in some way."
(Sources : The Guardian - 02.12.2010)

Oui, ce serait une explication mais elle ne correspond pas vraiment avec l’utilité des données personnelles demandées dans la directive secrète envoyée par Clinton en 2009. En d’autres mots on n’a pas besoin du scan de l’iris ni du numéro de fax où du numéro de la carte de crédit du représentant de la France au Conseil de Sécurité des nations-Unies pour savoir ce que la France (ce pays «ami» qu’on aime tant et dont on respecte si bien la souveraineté...) va voter au prochain conseil. C’est une explication qui pourrait convenir en d’autres temps et avec d’autres pays. Mais nous avons affaire à un pays qui agit comme si le monde lui appartenait, pour plagier Noam Chomsky.
Non, chers lecteurs, ne soyons pas trop naïfs. Car le contenu de ces demandes font plutôt penser à de la préméditation d’usurpation d’identité aux fins d’obtenir de la cible qu’elle se comporte comme l’on veut et non comme elle le souhaiterait.
Ce genre de comportement ne vous fait-il pas penser à quelque-chose, chers lecteurs ? Un incident survenu il y a quelques temps au Moyen-Orient ? Souvenez-vous, un effort, que diable ! L’assassinat d’un Palestinien important à Dubaï l’année dernière par des barbouzes du Mossad qui avaient commis leur forfait sous une identité volée de touristes anglais dont les passeports avaient été copiés alors que ceux-ci passaient à la douane innocemment.
Vous voyez que l’on peut faire beaucoup de choses avec ce genre de données ; par exemple faire pression sur ceux dont on a volé et usé de l’identité de manière à les mettre en situation de ne pouvoir refuser ce qu’on leur demande de faire pour notre propre intérêt.

The directive has been characterized as the spy directive, but this is an unusual kind of spying. Usually, spying focuses on what other governments think, how they are likely to vote on US initiatives, who can be bribed, and on sexual affairs that could be used to blackmail acquiescence to US agendas.

In contrast, the information requested in the secret directive is the kind of information that would be used to steal a person’s identity.

Why does the US government want information that would enable it to steal the identities of UN officials and impersonate them?

Could it be that Washington wants to be able to impersonate UN officials and country delegates so that it can compromise them by involving them in fake terrorist plots, communications with terrorists real or contrived, money laundering, sex scandals and other such means of suborning their cooperation with Washington’s agendas? All the CIA has to do is to call a Taliban or Hamas chief on a UN official’s telephone number or send a compromising fax with a UN official’s fax number or have operatives pay for visits to prostitutes with a UN official’s credit card number.

The report in the Guardian on December 2 that the CIA drew up the UN spy directive signed off by Hillary Clinton is a good indication that the United States government intended to compromise the United Nations and turn the organization, as it has done with so many governments, into a compliant instrument of American policy, to an extent even greater than is already the case.

Perhaps there is another plausible explanation of why the US government desired information that would enable it to impersonate UN officials, but as a person who had a 25-year career in Washington I cannot think of what it might be.
(Sources : Paul Craig Roberts - Counterpunch - previous editor of the Wall Street Journal and former Assistant Secretary of the US Treasury)

Avouez cher lecteur que c’est tout de même embarrassant ce genre de révélations et qu’on a plutôt interet à les faire oublier le plus rapidement possible. Surtout lorsque les cibles sont des pays que l’on qualifie publiquement d’alliés où même d’amis alors qu’on les traite tout aussi mal que ses vrais ennemis.
On comprend mieux l’acharnement des USA sur wikileaks et son fondateur.

"What this shows about the US's own conduct is that it is really trying to discredit WikiLeaks by shifting the focus from wrongdoing by the United States in places like Afghanistan, Iraq, spying on the United Nations and so on - and instead, trying to focus all the legal attention, all the attention on crime and illegality, to WikiLeaks."
Ben Saul says the lack of a US indictment suggests the Justice Department does not have the evidence it needs to put Assange or WikiLeaks on trial under existing US law.

Saul says that as a result, US officials appear to be waging a kind of "global legal war" against Assange and WikiLeaks, which he says is aimed at discrediting the group as an illegal, even "terrorist", organization.

"Some US politicians and commentators have even called for the assassination or killing of Julian Assange. This is pretty extraordinary and lawless stuff," Saul says.
(Sources : Ron Synovitz - Asia Times - 10.12.2010)

Mais il y a pire, cher lecteur. Car il se pourrait bien que certains pays ne se décident à porter plainte contre les USA, où contre Hillary Clinton, où les deux, à la Court Internationale de Justice.
Une plainte contre Tata Hillary par exemple, Secrétaire d’Etat des USA, pour espionnage contre des diplomates du Conseil de Sécurité de l’ONU ?
Ce serait très divertissant.

A leading expert on UN law today said the proposed activity in the directive breached two international treaties and could lead to the US being censured by the UN general assembly or even, in extreme circumstances, prosecution at the international criminal court.
The targeting of diplomats from North Korea and the permanent representatives of the security council from China, Russia, France and the UK leaves the US government exposed to action from any of those countries.
Dapo Akande, lecturer in international law at Oxford University, said: "Obtaining passwords and information on communications systems violates the 1947 headquarters agreement between the US and UN and the general convention on the privileges and immunities of the United Nations.
(Sources : The Guardian - 02.12.2010)

En Australie des voix s’élèvent pour demander au gouvernement de porter plainte contre les USA pour violation des lois internationales envers les diplomates. Seront-elles suivies d’effet ? Hum, il vaudrait mieux être pessimiste à ce niveau la.
Malheureusement.

Cependant, au-delà du cas de Julian Assange, et en ce qui nous concerne tous, où plutôt devrait nous concerner, c’est la mise sous tutelle d’internet qui est en jeu, où plutôt le risque de sa mise sous tutelle. Car ne nous y trompons pas tous les gouvernements cherchent tous les moyens possible pour y parvenir puisque cela reste le seul endroit où il règne une véritable liberté d’expression. Il semble pour le moment que ce danger soit plutôt bien compris mais ne sous-estimons pas la force d’inertie de Cochon sur Terre.

N’est-il malgré tout pas surprenant qu’il n’y ait eu aucune manifestation de soutien à Julian Assange ; nous sommes surpris (vraiment ?) du silence assourdissant qui a accueilli sa mise en détention, de l’absence de protestation de la part de tous les défenseurs acharnés de la liberté et bla bla bla, ceux-là même par exemple qui manifestaient il y a peu avec tant d’enthousiasme pour leur retraite à 60 ans alors qu’ils en ont supposément 18 (il est vrai qu’il n’était pas question de liberté c’est le moins qu’on puisse dire).

Au fond nous avions peut-être tord et ils avaient peut-être raison de manifester ; ils sont probablement beaucoup plus proche de la retraite que nous ne le pensions puisqu’ils ne savent manifester rien d’autre que de l’apathie pour défendre une cause menacée d'élimination et supposée être celle de gens épris de liberté, donc jeunes, en esprit en tous cas.
Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y a bien peu de monde dans les rues pour cette cause juste.
C’est vrai qu’il fait froid. Et puis il y a du verglas, c’est dangereux, même si on est assuré...
Attendons l’été. Mais l’été ce sont les vacances.
Bon, alors attendons et puis ce n’est peut-être pas si grave que çà, hein ?
Après tout on en a vu d’autre, allez...

Pendant ce temps Julian Assange est en prison et nos gouvernants bien-aimés s’emploient à trouver le moyen démokratique de l’éliminer démokratiquement tandis que tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

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