mardi 31 juillet 2012

Bandar Ben Sultan : un silence de mort...

Le silence opaque qui entoure l’assassinat supposé du prince Bandar Ben Sultan depuis une semaine devient de plus en plus incompréhensible et semble mettre les chancelleries sur des charbons ardents, à commencer par Washington, Tel Aviv et  autres minions du Golfe.

Personne n’a parlé de cette affaire aujourd’hui à l’exception du site israélien Debka, réputé très proche des services secrets de son pays. Celui-ci semble tenir pour acquis l’attentat commis contre le siège des services secrets saoudiens à Riyadh il y a une semaine ; il parait tenir également pour acquis la mort de Mashaal al Quarni, l’adjoint du Prince Bandar Ben Sultan, comme nous vous l’avions indiqué.

En revanche le sort du Prince Bandar reste pour le moment encore un mystère, y compris pour Debka. A moins que cela ne soit une manoeuvre de désinformation, ce qui est encore possible bien que nous ne voyions pas les avantages que cela pourrait rapporter, bien au contraire.

Ce qui parait certain, en revanche, c’est que Bandar Ben Sultan n’a plus été vu depuis le 23 Juillet dernier, date de l’attentat.

Alors quoi ?

La seule chose que l’on puisse dire c’est que ce silence de plus en plus long ne fait qu’accréditer l’hypothèse de la mort du Prince Bandar, où à tout le moins qu’il se trouverait dans un état si critique qu’il ne peut paraitre en public pour démentir ces rumeurs. Car s’il était vivant et en bonne santé sa seule apparition en public ferait taire instantanément tout ce buzz et toutes ces inquiétudes qui se répandent depuis une semaine.
Ce mystère ne peut que fragiliser le régime.
En conséquence de quoi nous ne pouvons que supposer qu’il se trouve soit dans un état critique, soit qu’il est mort récemment des suites de ses blessures, ce qui expliquerait le silence du gouvernement saoudien, qui espérait peut-être encore le sauver .

Où alors, si Bandar est mort depuis une semaine, ce silence ne ferait que trahir la panique dans laquelle se trouverait les autorités saoudiennes. Ce qui serait très plausible étant donné la réputation de paranoïa qui entoure les dirigeants saoudiens dés qu’il s’agit des iraniens.
Quel est rapport pourriez-vous nous demander ?
Le rapport est que si attentat il y eu, ce qui est de moins en moins douteux, il n’a pu être commandité que par les Iraniens, comme nous l’évoquions déjà hier. Hypothèse corroborée par les Israéliens aujourd’hui. Car les Syriens n’ont pas les capacités de réaliser un acte de cette envergure et de cette audace, non seulement en Arabie Saoudite mais avec une rapidité et une efficacité si spectaculaire. Cet attentat montrerait à tous à quel point les Iraniens et leurs services sont capables de frapper au coeur n’importe qui dans la région, y compris les pays les plus fermés et les plus paranoïaques comme l’Arabie.

Le message subliminal est : personne n’est à l’abri.

Debka écrit que l’attentat fût certainement commandité par les Iraniens à Al-Quaeda. Nous ne le croyons pas car Al-Quaeda hait les chiites et en a toujours fait ses premières victimes dés qu’il l’a pu, que ce soit en Afghanistan, en Irak, en Syrie où ailleurs. En revanche, et c’est bien pire pour les Saoudiens et leurs alliés, la seule hypothèse restante est que ce soit des chiites qui aient réalisé cet attentat. Peut-être même des chiites saoudiens, ce qui serait une manière de faire comprendre aux saoudiens que la guerre civile qu’ils exportent en Syrie pourrait parfaitement être déclenchée chez eux plus rapidement qu’ils ne pourraient le penser eux-mêmes. Gageons que désormais ces derniers vont faire de gros efforts de cogitation dans ce domaine, si toutefois leur peur ne les fait pas abandonner tout bon sens.

En conclusion, et en attendant confirmation, nous serions obligés de reconnaitre que les dirigeants saoudiens avaient à la fois raison et tord : ils avaient raison d’être paranoïaques mais tord puisqu’ils ne l’étaient pas assez... Car le danger qui les menace apparait, à l’aune de cet attentat, beaucoup plus proche et redoutable qu’ils ne l’imaginaient.

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