Hier nous étions sortis de la crise, nous n’étions plus en récession, le cauchemar était derrière nous. Et pour quelle raison tant d’enthousiasme, me demanderez-vous ?
Les chiffres pardi, les sacrés chiffres où les chiffres sacrés, c’est selon ce qu’on veut bien en faire; où plutôt c’est selon ce qu’on veut bien leur faire dire... Et ces chiffres qui ont tant réjouis et enthousiasmé les commentateurs de tout et du reste, surtout de n’importe quoi d’ailleurs, se résumait à un chiffre publié aux USA: le chiffre du PIB des USA au troisième trimestre qui, parait-il, est excellent, formidable, extraordinaire et j’en passe... Et c’est vrai !
A quelques bémols près...
3,5% de progression du PIB des USA au troisième trimestre! Voilà le chiffre en question, le chiffre qui a fait s’épanouir d’aise les cochons. La récession est terminée grognaient-ils en choeur. Nos gouvernants bien-aimés sont des génies pleins de sagesse, Bernanke est le maître de l’économie, Geithner est un héros et nous les méritons bien.
Malheureusement, ici, à la Chronique de Cochon sur Terre, nous ne partageons pas cette euphorie entretenue à l’odeur de l’argent que la Fed où autre gouvernement ont déversé en ouvrant les vannes de la planches à billet en grand.
Voyons donc de quoi est fait ce fameux chiffres de 3,5% dont on se goberge tant.
Premièrement sur un an le recul du PIB des USA est tout de même de 2,4%, y compris le chiffre du troisième trimestre. Il n’y a donc pas de quoi pavoiser, ni crier victoire. En tout cas pas encore.
Deuxièmement ce chiffre est attribuable pour sa majeure partie à la reprise de la consommation. Cette dernière est due pour deux tiers aux programmes gouvernementaux dits de soutien à l’économie en détresse d’une part, c’est à dire au programme «cash for clunkers», et d’autre part au programme encourageant les primo accédant à la propriété à qui il est donné $ 8.000,00.
Pour confirmer ces dires la hausse de la consommation en Août fût de 1,4%.
Donc tout va bien nous hurlerez-vous dans les oreilles, la récession est bien terminée et la Chronique de Cochon sur Terre et son rédacteur nous cassent les pieds (pour ne pas dire plus) avec leurs humeurs et leurs prédictions pessimistes !
Eh bien vous aviez raison. Ce n’est pas pour rien que nous sommes des empêcheurs de dormir en rond, ici à la Chromique de Cochon sur Terre.
Donc non, tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes impossible... Car il y a tout de même quelques petites précisions à ajouter à ces 3,5% pour éviter de les laisser tout seuls; ils pourraient finir par s’ennuyer.
Par exemple il faudrait accoler à ces 3,5% d’augmentation du PIB des USA pour le troisième trimestre 2009 la baisse de 0,5% de la consommation des ménages US en Septembre, la plus importante depuis Décembre 2008. A quoi il faudrait ajouter que l’épargne de ces mêmes ménages US a encore augmenté en Septembre, passant de 2,8% à 3,3%, ce qui donne $ 355,6 milliards annuellement. Et comme nous ne cessons de le dire, si la consommation des ménages US représente au moins 70% du PIB US, comment peut-on envisager un retour à une croissance quelconque alors que ces ex-consommateurs augmentent leurs taux d’épargne le plus qu’ils peuvent et s'efforcent de rembourser leurs dettes le plus vite possible ? Pour le moment nous n’avons eu aucune réponse à cette question...
C’est normal car elle ne peut être que négative comme le démontrent les chiffres du mois de Septembre cités plus haut.
Car dans cette affaire on a une fâcheuse tendance à mélanger hausse des dépenses avec hausse de la consommation. Mais ce n’est pas la même chose si un ménage dépense mille euros où le gouvernement en dépense mille en empruntant (au nom du ménage en question soit dit en passant...); dans le cas du premier il s’agit bien de consommation mais dans le cas du second c’est de la dépense financée par la dette, où la planche à billet ce qui est tout aussi dramatique à la longue.
De plus lorsque le nombre de chômeurs atteint le taux de 20% (aux USA), voire plus selon certains, on voit encore moins comment la consommation pourrait se reprendre. Et du coup le retour de notre sacro-sainte croissance parait très gravement compromis.
De même, comme le démontrent encore une fois les chiffres de Septembre, dés que le gouvernement cesse d’injecter des milliards de nouveaux dollars dans la machinerie celle-ci cesse de fonctionner instantanément. Et il parait de plus en plus improbable que nos gouvernements bien-aimés puissent se permettre de continuer à emprunter et à faire tourner la planche à billet indéfiniment. Pour mémoire le déficit du gouvernement US sur l’année terminée le 30 Septembre s’élève à $ 1,4 trillions.
Par conséquent nous pouvons conclure que les temps à venir vont révéler la vérité, à savoir que non seulement la crise n’est pas terminée mais que les interventions hors de prix (pour nous tous) de nos gouvernements bien-aimés n’ont fait que retarder la résolution de cette récession en masquant derrière un rideau de dollars sans valeur la réalité de la dépression qui nous frappe. De toute manière, qu’on le veuille où non, ces interventions à coup de milliards où de trillions, sont condamnées à cesser faute de souscripteurs pour cause de banqueroute en vue.
C’est pourquoi la dépression que l’on a occulté jusqu’à maintenant va bientôt nous frapper comme semble l’avoir anticipé le marché dont on vient de voir la cinquième journée consécutive de baisse.
Accrochez vos ceintures !
Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.
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