Décidément on ne peut se fier à rien et encore moins à nos brillants dirigeants et à leurs fidéi-commis, les ci-devant «médias».
Souvenons-nous. Il y a encore quelques jours, 4 précisément, nous étions quasiment au bord de la guerre, sur le point de prendre des sanctions draconiennes, certains aux USA et en Israël, dans la bonne tradition d’hystérie paranoïaque dans laquelle on nous baigne régulièrement, demandant même une attaque «préventive» contre l’Iran satanique afin de détruire ses armes nucléaires non transparentes sur le point d’être lancées contre nous; nous autres Israéliens, Européens et autres Américains, moralement irréprochables, nous les fanatiques adorateurs de la paix comme on en eut rarement d’exemples aussi illustres dans l’histoire. Effectivement les Libanais, les Palestiniens, les Irakiens où encore les Afghans ont sûrement une opinion subjectivement très positive de cet amour immodéré qui nous caractérise tant. Sans parler des autres.
Pour résumer les USA,
Les Russes et les Chinois, prudents et sages, restèrent soigneusement à l’écart de toute cette agitation.
Mais cela se passait avant la rencontre de Genève de Jeudi dernier, 2 Octobre.
L’illustre gourou Henry Kissinger avait bien pronostiqué avant cette rencontre qu’il faudrait des mois avant que ces négociations puissent donner quoi que ce soit de tangible tant les Iraniens faisaient preuve de mauvaise volonté et renâclaient à dévoiler leur arsenal nucléaire prêt à être lâché contre nous.
Pourtant, depuis cette rencontre il semblerait que les choses aient évolué. Grâce à nous bien évidemment, grâce à notre fermeté d’âme et d’esprit, grâce à notre volonté inébranlable de parvenir à faire mettre ces terribles Iraniens genoux en terre, sans compter la vision politique terrifique de nos dirigeants bien aimés; grâce à la compétence inouïe de nos délégations envoyées à Genève combattre les redoutables iraniens, grâce à leur puissance de persuasion qui passerait presque pour de l'ensorcellement, eh bien grâce à tout cela la première rencontre semblerait avoir donner plus de fruits en sept heures que jamais les huit ans mythiques de l’Administration Busch n’avaient pu en fournir, et ce en dépit des porte-avions au large des côtes iraniennes, de l’invasion de l’Irak, des provocations en tout genre, des rodomontades assénées à chaque fois qu’une occasion de se taire était ratée, c’est à dire pratiquement toutes etc...
En effet dés la première journée de rencontre, au cours de laquelle nos clairvoyants Occidentaux ne s’attendaient à rien d’autre qu’à une résistance acharnée de la part des Iraniens, à tel point qu’ils commençaient déjà à mettre au point des sanctions draconiennes, il fût entendu entre les deux parties ce qui suit:
1) la visite du site de Qom (proposée par le Président iranien) par les inspecteurs de l’AIEA, confirmée par M. El Baradei aujourd’hui. La visite aura lieu le 25 Octobre et les détails en seront mis au point le 19 Octobre à Vienne.
"IAEA inspectors will visit Iran's new enrichment facility, under construction in Qom, on 25th of October," International Atomic Energy Agency head Mohammed ElBaradei told a joint news conference with Iran's nuclear chief Ali Akbar Salehi. (Sources: Reuters - 4 Octobre 2009)
2) l’Iran accepte le principe d’envoyer la plus grande partie de son uranium enrichi en Russie puis en France pour être traité de manière à être utilisé à Téhéran à des fins médicales.
«Iran agreed in principle Thursday to ship most of its current stockpile of enriched uranium to Russia, where it would be refined for exclusively peaceful uses, in what Western diplomats called a significant, but interim, measure to ease concerns over its nuclear program. . . .
Under the tentative uranium deal, Iran would ship what a U.S. official said was "most" of its approximately
French technicians then would fabricate it into fuel rods and return it to Tehran to power a nuclear research reactor that's used to make isotopes for nuclear medicine.» (Sources: Washington Time - 3 Octobre 2009)
Outre ces résultats auxquels personne en Occident ne s’attendait, il conviendrait d’ajouter ce que M. El Baradei déclara à propos des accusations des services secrets britanniques concernant la réactivation de leur programme d’armes nucléaires par les iraniens:
«El Baradei rejected British intelligence claims that Iran had reactivated its weapons programme at least four years ago. By making the claims the UK broke with the official US intelligence position that Iranian work on developing a warhead probably stopped in 2003. They said that even if there was a halt, as reported in a US National Intelligence Estimate (NIE) two years ago, the programme restarted in late 2004 or early 2005.» (Guardian - 30 Septembre 2009)
Stupeur donc dans les rangs de nos braves diplomates Occidentaux, persuadés que la partie allait ressembler à une bataille rangée et n’aboutirait à rien d’autre qu’à la promulgation de sanctions contre ces Iraniens qui ne veulent rien entendre. Bien au contraire ces derniers se montrèrent on ne peut plus accommodants. Qu’est ce à dire alors? Que signifiait ce branle bas de combat des Occidentaux contre les Iraniens après la soit disant découverte du second site d’enrichissement iranien à Qom ?
Manoeuvre politique habile des Occidentaux pour faire pression sur les Iranien et les amener à la table des négociations en position de faiblesse ? Où bien manoeuvre des iraniens ? Où encore aveuglement des Occidentaux sur la réalité de la situation (on a l’habitude!) ?
Il semblerait que l’on puisse mettre à la poubelle immédiatement la «politique habile» des Occidentaux notamment en raison de l’état d’esprit dans lequel ils se rendirent à la conférence, prêts à en découdre et à promulguer des sanctions contre l’Iran, incapables de voir une situation autrement qu’à travers les verres déformant de leurs préjugés.
Manoeuvre des Iraniens qui rendirent public le site de Qom le 21 Septembre en déclarant son existence à l’AIEA afin de prendre à contre-pied les Occidentaux avant la réunion de Genève? En effet si les Américains connaissaient depuis deux ans l’existence de ce site grâce aux satellites, ce que les Iraniens savaient, il semblerait sans doute possible qu’ils ignoraient la destination du site en construction ce qui expliquerait pourquoi ils n’avertirent ni l’AIEA ni les membres du Conseil de Sécurité où leurs partenaires occidentaux. Or il se trouve que ce site est construit sous une montagne de manière à le rendre beaucoup moins vulnérable que le site de Natanz, y compris en cas d’attaque par des missiles anti-bunker; c’est pourquoi la révélation de l’existence de ce site par les Iraniens leur donnait ainsi une carte importante avant les négociations puisqu’il contribue à réduire fortement les arguments des partisans israéliens où néos-cons d’une attaque préventive. De plus la proposition par le Président Iranien, dés le lendemain de la dénonciation par les USA,
Les Occidentaux se sont donc retrouvés à Genève en état de stupeur, pris à contre-pied par le comportement de la délégation iranienne, à l’opposé de ce qu’ils en attendaient puisque les Occidentaux, dans lesquels nous prenons bien soin de ne pas inclure ni les Russes ni les Chinois bien évidemment, s’étaient enfermés, comme à leur habitude, dans un monde construit par eux et pour eux. C’est ainsi qu’ils n’avaient pas pris en compte les éléments suivants:
1) L’Iran n’a jamais déclenché une guerre contre quiconque depuis le 18eme siècle et les dirigeants iraniens ont toujours adopté et s’en sont toujours tenus à la doctrine «no first strike».
A comparer à la doctrine bien connue «d’attaque préventive», sans parler de «guerre préventive» soutenues par qui on sait.
2) De plus l’Iran n’aurait aucun intérêt à déclencher une guerre étant donné la faiblesse de son armée dont le budget est d’environ $ 7 billions, à près équivalent à celui de Singapour ! A comparer à celui d’Israël ($ 12 billions dont deux officiellement payés directement par les USA). A noter également que l’Iran compte 70 millions d’habitants et possède 80 avions de combat la plupart datant des années 70 alors qu’Israël compte 7 millions d’habitants et possèdent 1200 avions de combat ultramodernes. Ne pas oublier également le montant réel du budget militaire US qui se monte à presque $ 1 trillion (officiellement $ 650 billions). Cela nous donne l’importance considérable de la menace iranienne...
3) En ce qui concerne l’affirmation mensongère selon laquelle le Président Ahmadinejad aurait déclaré qu’il fallait rayer Israël de la carte il faut reprendre le texte original du discours et ne pas se contenter des soit disant traductions des médias.
La phrase incriminée était une citation de Khomeini qui se traduit du persan de cette manière:
« ... this occupation regime over Jerusalem must vanish from the page of time.»
Il ne s’agit donc pas de détruire Israël et encore moins d’utiliser une bombe atomique pour se faire mais d’attendre l’écroulement du régime d’occupation comme cela se produisit pour l’URSS.
4) Le site d’enrichissement de Natanz est destiné à produire du combustible pour des réacteurs civils destinés à produire de l'électricité.
Le site de Natanz est régulièrement inspecté par l’AIEA et personne n’y a jamais détecté le moindre programme militaire. C’est ainsi que les rapports de l’AIEA et de
5) En ce qui concerne le site de Qom, étant donné la révélation de son existence par l’Iran (21 Septembre) et l’invitation par le Président iranien à l’AIEA de venir inspecter le site pour vérifier de sa destination civile (25 Septembre) il n’y a pas à être plus inquiet de son existence que celui de Natanz. De plus si des inspections s’y produisent de manière régulières comme à Natanz il n’y aura aucune possibilité d’y fabriquer une bombe sans que l’on s’en aperçoive.
Les points ci-dessus sont le minimum requis afin d’avoir une compréhension relative de la question du nucléaire iranien et de la soit disant menace que le régime iranien fait peser sur le monde auto-proclamé «libre»... Si les Occidentaux les avaient eu en tête au lieu de s’être sorti de la réalité et de s’en être inventé une autre pour leur confort mental, comme ils sont si accoutumés à le faire en toute circonstance, cela nous aurait peut-être épargné des années de crises d’hystérie récurrentes, jusqu’aux déclarations tonitruantes de Pittsburgh, désormais semblant bien ridicules face aux faits. Et ce d’autant plus qu’il semblerait, d’après des photos satellites datant de 2007, que les travaux de construction du site d’enrichissement d’uranium de Qom n’avaient pas encore débuté à cette date, ce qui signifie que l’Iran n’était absolument pas dans l’illégalité prétendue par les Occidentaux.
Si l’on ajoute à tout cela l’envoi par l’Iran de son uranium en Russie et en France afin de le retraiter à des fins civiles, il n’y aura alors plus aucunes raisons valables pour l’attaquer où l’ensevelir sous les sanctions si tant est qu’il y en eut jamais.
Nous aurions tendance à penser que c’est plutôt l’Iran qui aurait bien manoeuvré dans cette affaire, rendant la rhétorique guerrière des Occidentaux absurde, voire même dangereuse aux yeux du reste du monde. De plus en collaborant ouvertement avec l’AIEA l’Iran s’assure la bienveillance de
D’où les «tremblements» après cette conférence de Genève. «Tremblements» de rage de la part des inconditionnels de l’attaque de l’Iran, tant chez les néo-cons américains que chez le gouvernement Israélien. Car il semblerait que cette nouvelle donne, si elle se confirme, puisse conduire à une situation pour le moins délicate pour Israël.
En effet cela pourrait avoir à terme beaucoup plus de conséquences car cela remettrait sur le devant de la scène la question du désarmement nucléaire de la région. Or s’il est démontré au monde que l’Iran ne cherche pas à développer une arme atomique, l’étau risque de se resserrer sur Israël qui est la seule puissance nucléaire de la région, possédant clandestinement, c’est à dire illégalement aux yeux des règlements internationaux que les Occidentaux insistent tant pour que l’Iran non-nucléarisée respecte, environ 200 têtes nucléaires. Bien entendu aucune inspection n’y a jamais été effectuée par quelques inspecteurs de l’AIEA que ce soit.
C’est une affaire sur laquelle les Européens et le Président Obama seront attendus au coin de la rue par le monde entier. Il est certain qu’il s’agit d’une question chère au Président Américain, comme il l’a montré par son intérêt en ce qui concerne les négociations de réduction des armes nucléaires avec les Russes, dont nous verrons les résultats à la fin de l’année. Son discours à l’ONU en Septembre a encore une fois confirmé sa préoccupation sincère sur cette question puisqu’il a à nouveau réaffirmé son ambition d’un monde dénucléarisé. En conséquence nous ne pouvons que penser qu’Israël risque de se trouver dans des eaux troublées si les Iraniens et l’AIEA s’entendent sur le nucléaire de ce pays comme il semblerait que ce soit bien parti pour cela. Car finalement
L’ironie est qu’en collaborant avec l’AIEA les Iraniens provoqueront beaucoup plus de tords et de problèmes à Israël qu’en résistant. C’est probablement ce que les Occidentaux, qui soutiennent Israël, n’ont pas compris. Il serait étonnant de s’en étonner!
Affaire à suivre.
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