jeudi 9 août 2012

Syrie : Al Quaeda et nous, une vieille histoire d'amort.

Vous vous sentez perdus, chers lecteurs ?
Vous ne savez plus très bien quoi penser de la situation au Moyen-Orient ?
Vous ne comprenez pas très bien les tenants et les aboutissants à propos de la Syrie ?
Toutes ces histoires de « terroristes » sont vraiment trop compliquées pour vos neurones ?
Eh bien relisez vos chroniques de Cochon sur Terre.
Sinon vous pouvez lire celle-ci.

Le CFR ( Council of Foreign Relations ), établi à New York, vient de publier un petit chef d’oeuvre (ici) par l'intermédiaire d’un de ses membres à propos du terrorisme zinternational et de la manière de « dealer » avec lui, intelligemment va de soit.

Selon l’auteur, il est tout à fait légitime d’utiliser les terroristes lorsque ces derniers font le travail que nous ne voulons où ne pouvons pas faire nous-mêmes ; pour des raisons évidentes de morale, d'éthique, de respect de soi (oui, surtout celui là), de droit de l’hommisme, où plus simplement d’humanitarisme ; en bref à cause de notre amour désintéressé  (du pétrole des autres par exemple), en raison de notre charité universelle qui nous étoufferait si nous n’y mettions pas bon ordre etc... Nous vous sentons un peu sceptique, cher lecteur ; ne le soyez pas, il n’y a vraiment pas de quoi l’être. Tout cela pour dire que selon l’auteur de l’article il y a des moments dans la vie où nous devons louer les services de gens qui sont habituellement des terroristes mais qui se transforment magiquement en rebelles valeureux dés qu’ils semblent se mettre à notre service.

Ainsi en Syrie, un exemple après la Libye, l’Irak, l’Afghanistan sans parler du Nicaragua etc etc... En Syrie par exemple la situation n’était pas très brillante pour nos rebelles préférés du FSA, armés, entrainés et payés par nos soins ; malgré toutes ces bonnes choses nos rebelles chéris ne se comportaient pas sur le terrain comme nous l’espérions. Dont acte :

« The Syrian rebels would be immeasurably weaker today without al-Qaeda in their ranks. By and large, Free Syrian Army (FSA) battalions are tired, divided, chaotic, and ineffective. Feeling abandoned by the West, rebel forces are increasingly demoralized as they square off with the Assad regime's superior weaponry and professional army. Al-Qaeda fighters, however, may help improve morale. The influx of jihadis brings discipline, religious fervor, battle experience from Iraq, funding from Sunni sympathizers in the Gulf, and most importantly, deadly results. In short, the FSA needs al-Qaeda now. »

Vous voyez bien, chers lecteurs, nous vous l’avions dit : « In short, the FSA needs Al Quaeda now ». D’où l’afflux des « ex-terroristes-promu-combattants-de-la-liberté » en Syrie depuis quelques mois. Il faut être pragmatique dans la vie. D’ailleurs l’auteur nous le précise bien, « most importantly, deadly results ». On ne va payer pas pour rien tout de même, il faut que çà saigne ! Il faut avouer que nous en avons pour notre argent, nous ne pouvons pas nous plaindre. Tous ces massacres, tous ces joyeux nettoyages ethniques, tous ces kurdes, chrétiens, druzes où autres alaouites massacrés par nos alliés d’Al Queda, ces « ex-terroristes-promus-combattants-de-la-liberté ». Et puis il faut avouer que c’est bien pratique d’avoir la presstitute qui ne rate pas une occasion de mettre les forfaits de nos alliés sur le dos du gouvernement syrien et de ses alliés ; çà aide bien les choses, çà permet de s'indigner à qui mieux mieux à des tarifs très compétitifs, cela permet aux ventres bien remplis de se donner bonne conscience et puis cela met un peu d’huile dans les rouages de la désinformation généralisée.

Bien sûr, de temps à autres il y a des dérapages ; où plutôt des situations qui échappent à notre contrôle. C’est vrai que l'expérience afghane des années 1980 n’a pas vraiment tourné exactement comme la CIA (pour les Saoudiens c’est un autre problème) l’aurait voulu ; de bons rebelles, formés et payés par nos soins pour lutter contre les soviets (le thème de la liberté c’était pour nous), sont devenus contre toute attente des ennemis irréductibles, bref d’effroyables terroristes : talibans, Ben Laden et compagnie avec les conséquences connues.
En Libye on ne peut pas dire non plus que l'expérience ait tourné comme nous le pensions, où pis encore à notre avantage (bien que nous ne cherchions AUCUNS avantages dans toutes ces aventures purement désintéressées). Et ce d’autant moins que l'expérience se poursuit « contre toute attente » (ah ah ah, non pas possible, quelle surprise !) au Mali voisin avec de sérieux risques de déstabiliser toute la région, y compris l’Algérie et le Maroc par la même occasion, ce qui obligerait BHL et compagnie à abandonner leurs maisons de Marrakech...
Quelle horreur, là çà tournerait vraiment au cauchemar apocalyptique !
En Irak vous connaissez la réponse.

Pour en revenir à la Syrie, l’auteur admet que les objectifs de nos alliés d’Al Quaeda, nos « ex-terroristes-promus-combattants-de-la-liberté », pourraient ne pas être exactement les mêmes que les nôtres. Ceci dit il faudrait encore que nous en ayons nous-mêmes, mais c’est une autre histoire.

"Al-Qaeda is not sacrificing its "martyrs" in Syria merely to overthrow Assad. Liberation of the Syrian people is a bonus, but the main aim is to create an Islamist state in all or part of the country. Failing that, they hope to at least establish a strategic base for the organization's remnants across the border in Iraq, and create a regional headquarters where mujahideen can enjoy a safe haven."

Effectivement cela n’a pas tout à fait l’air de ressemblance que nous souhaiterions avec cette demokratie et ces droits de l’hommisme que nous prônons à tout va depuis des mois pour la Syrie (comme pour la Libye avant elle et l’Irak encore avant etc...). Cela ne semble pas non plus faire très bon ménage avec nos idées de tolérance, d’amour, de pluralité, sans parler de la parité, et bla bla bla que nos dirigeants bien aimés annonent en miaulant d’émotion à chaque fois qu’ils ouvrent le bec à propos des guerres humanitaires qu’ils nous font payer pour le bien de l’humanité (le nôtre très accessoirement).

En revanche, et nous n’avons pas l’ombre d’un doute là-dessus, ce programme d’établissement d’un état islamiste englobant l’ex-Syrie et une bonne partie de l’Irak en attendant la Jordanie, eh bien cela ressemble furieusement à un rêve saoudien... à condition que cet état soit sous influence des Seoud, bien évidemment. Mais puisque Al Quaeda fût crée avec l’aide de la CIA par Prince Bandar le miraculé, le Prince « non-vivant mais pas encore mort », ce conte des mille et une nuit version saoudienne moderniste dont nous espérons toujours connaitre le fin mot... Tout ira donc à merveille, chers lecteurs, n’en doutez pas une demi seconde, surtout au vu des brillants résultats que toutes nos aventures précédentes ont donné.

Heureusement, nous n’avons absolument pas à nous inquiéter chers lecteurs. Cette fois tout est bordé, tout est « under control », comme à chaque fois ; tout est prévu par nos brillants technocrates, comme à chaque fois ; tout sauf l’imprévu.
D’ailleurs l’auteur nous le précise afin de nous rassurer définitivement sur le génie de nos dirigeants bien aimés.

" And in July, the State Department's counterterrorism chief, Daniel Benjamin, rather incredulously suggested that the United States will simply ask the FSA to reject al-Qaeda. The unspoken political calculation among policymakers is to get rid of Assad first—weakening Iran's position in the region—and then deal with al-Qaeda later."

Vous voyez comme c’est facile de faire de la politique avec des terroristes, chers lecteurs, surtout lorsqu’ils sont nos alliés. Une fois qu’ils auront fait ce que nous voulions il nous suffira de demander au FSA de les flanquer dehors, c’est tout. C’est tout mais il fallait y penser, surtout lorsqu’on se souvient de ce que le même auteur écrivait au début de son article :

« The Syrian rebels would be immeasurably weaker today without al-Qaeda in their ranks. By and large, Free Syrian Army (FSA) battalions are tired, divided, chaotic, and ineffective. Feeling abandoned by the West, rebel forces are increasingly demoralized as they square off with the Assad regime's superior weaponry and professional army. Al-Qaeda fighters, however, may help improve morale. The influx of jihadis brings discipline, religious fervor, battle experience from Iraq, funding from Sunni sympathizers in the Gulf, and most importantly, deadly results. In short, the FSA needs al-Qaeda now

Vous sentez-vous rassurés à présent, chers lecteurs ?
Eh bien vous auriez raison car pour vous prouver que tout finit parfois très bien, il faut que vous sachiez qui est l’auteur de cet article publié dans cette revue US « plus-establishment-tu-meurs ».
Voilà ce que nous en apprend le brillant reporter Pepe Escobar :

« The messenger of "terra" in this CFR case is one Ed Husain, described as "a senior fellow for Middle Eastern studies" at the CFR. Before he set up the first-counter terrorism think tank in Britain, he was "an activist of Jamat-e-Islami, Hizb ut-Tahrir (HT), and Muslim Brotherhood front organizations in the United Kingdom". But thanks Allah he repented, and became "a strong critic of extremism and Islamism ».

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.










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