La secte iranienne islamo-marxiste (quelle prouesse!) Mojahedin-e Khalq est sur le point de passer du statut d’organisation terroriste à celui d’allié nécessitant un soutien militaire et financier immédiat.
L’administration Obama vient de faire savoir au Congrès que l’ex sauveur de l’humanité (prix Nobel de la Paix et promoteur à n’importe quel dommage collatéral de la Pax Americana à travers le monde) « désirerait » faire enlever de la liste des organisations terroristes du Secrétariat d’Etat aux affaires étrangères la secte Mojahedin-e Khalq.
Pourquoi cela ?
Parce-qu’en retirant les Mojahedin-e Khalq de la liste des organisation terroristes du Département d’Etat US, cela permettra au régime Obama de la faire financer légalement par le Congrès. C’est pourtant la même qui fût considérée jusqu’à avant hier comme une des organisations les plus criminelles de la planète dont on recherchait les activistes avec alacrité pour les tuer où les enfermer et les torturer à Guatanamo où ailleurs.
Eh bien aujourd’hui ces terroristes viennent d’être blanchis intégralement ; nous avons tout oublié, particulièrement les innombrables crimes et autres forfaits commis par nos nouveaux alliés.
Pas si nouveaux que cela en vérité.
Brièvement résumé, les Mojahedin-e Khalq sont des iraniens islamo-marxiste en guerre avec le régime iranien contre lequel ils conduisent des attentats à la bombe et des assassinats, généralement excusés par ses défenseurs anglo-US parce-que ces « faits d’arme » sont dirigés contre le régime iranien : ce ne sont donc pas des attentats terroristes.
De la légitime défense probablement.
Ce retrait de la fameuse liste des organisations terroristes n’est pas survenu comme çà du jour au lendemain. Cela fait des années que d’innombrables lobbyists intriguent pour parvenir à redonner une vertu à l’organisation en question.
Voici, par exemple, ce qu’en disait en 2009 le think tank « the Brooking’s Institution » dans son rapport intitulé : « Which path to Persia ? » :
"Perhaps the most prominent (and certainly the most controversial) opposition group that has attracted attention as a potential U.S. proxy is the NCRI (National Council of Resistance of Iran), the political movement established by the MEK (Mujahedin-e Khalq). Critics believe the group to be undemocratic and unpopular, and indeed anti-American.
In contrast, the group’s champions contend that the movement’s long-standing opposition to the Iranian regime and record of successful attacks on and intelligence-gathering operations against the regime make it worthy of U.S. support. They also argue that the group is no longer anti-American and question the merit of earlier accusations. Raymond Tanter, one of the group’s supporters in the United States, contends that the MEK and the NCRI are allies for regime change in Tehran and also act as a useful proxy for gathering intelligence. The MEK’s greatest intelligence coup was the provision of intelligence in 2002 that led to the discovery of a secret site in Iran for enriching uranium.
Despite its defenders’ claims, the MEK remains on the U.S. government list of foreign terrorist organizations. In the 1970s, the group killed three U.S. officers and three civilian contractors in Iran. During the 1979-1980 hostage crisis, the group praised the decision to take America hostages and Elaine Sciolino reported that while group leaders publicly condemned the 9/11 attacks, within the group celebrations were widespread.
Undeniably, the group has conducted terrorist attacks—often excused by the MEK’s advocates because they are directed against the Iranian government. For example, in 1981, the group bombed the headquarters of the Islamic Republic Party, which was then the clerical leadership’s main political organization, killing an estimated 70 senior officials. More recently, the group has claimed credit for over a dozen mortar attacks, assassinations, and other assaults on Iranian civilian and military targets between 1998 and 2001. At the very least, to work more closely with the group (at least in an overt manner), Washington would need to remove it from the list of foreign terrorist organizations."
( page 117-118 of "Which Path to Persia?" Brookings Institution, 2009 )
A noter que ce rapport recommandait de se servir officiellement du MEK contre l’Iran, malgré qu’il était spécifié dans le rapport lui-même que le MEk était une organisation terroriste qualifiée. Pour la soutenir officiellement il fallait d’abord retirer l’organisation terroriste de la fameuse liste du Département d’Etat.
Voilà qui est fait.
Il faut dire que les sponsors du MEK sont puissants. Jugez-en :
The New York Times ad is only the latest in a years-long, multi-million dollar campaign by the MEK and its supporters to enlist famous U.S. politicians and policymakers in their efforts to get the group removed from the State Department's list of foreign terrorist organizations and resist Iraqi attempts to close Camp Ashraf, which the new government sees as a militarized cult compound on its sovereign territory.
The campaign has included huge rallies outside the State Department, massive sit-ins at congressional hearings, and an ongoing vigil outside the State Department's C Street entrance. MEK supporters there tout the support of a long list of officials, including Congressman John Lewis (D-GA), former Pennsylvania Gov. Ed Rendell, former FBI Director Louis Freeh, former Sen. Robert Torricelli, former Rep. Patrick Kennedy, former National Security Advisor Gen. James Jones, former Joint Chiefs Chairman Gen. Richard Myers, former White House Chief of Staff Andy Card, retired Gen. Wesley Clark, former Rep. Lee Hamilton, former CIA Director Porter Goss, senior advisor to the Romney campaign Mitchell Reiss, retired Gen. Anthony Zinni, and former Sen. Evan Bayh.
(Sources : Foreign Policy - 8 Mars 2012)
Tous ces RPT (Représentants de la Probité sur Terre, voir lexique) et ces membres de la CVI (Clique des Vertueux Innocents, voir lexique) n’ont pas l’air d’être au courant du rapport rédigé par Wendy Sherman en 1994, assistante de Madeleine Albright alors Secrétaire d’Etat de Clinton, qui amena le Département d’Etat à mettre le MEK sur la liste des organisations terroristes en 1997 :
“The Mujahedin (MEK) collaborated with Ayatollah Khomeini to overthrow the former shah of Iran. As part of that struggle, they assassinated at least six American citizens, supported the takeover of the U.S. embassy, and opposed the release of the American hostages.” In each case, the paper noted, “Bombs were the Mujahedin's weapon of choice, which they frequently employed against American targets.”
“In the post-revolutionary political chaos, however, the Mujahedin lost political power to Iran's Islamic clergy. They then applied their dedication to armed struggle and the use of propaganda against the new Iranian government, launching a violent and polemical cycle of attack and reprisal."
Mais ces retournements de « convictions zinébranlables » sont probablement explicables de manière assez simple, voire même terre à terre.
Tout d’abord le MEK organisa une énorme campagne de lobbying, tant en Europe qu’à Washington afin de se faire retirer des listes terroristes européennes et américaines. C’est ainsi que le MEK fut déjà radié des fameuses listes par Bruxelles et Londres il y a plus d’une année. Logiquement Washington devait suivre car on ne lésina pas sur les moyens.
The M.E.K. advocacy campaign has included full-page newspaper advertisements identifying the group as “Iran’s Main Opposition” — an absurd distortion in the view of most Iran specialists; leaders of Iran’s broad opposition, known as the Green Movement, have denounced the group. The M.E.K. has hired high-priced lobbyists like the Washington firm Akin Gump Strauss Hauer & Feld. Its lawyers in Europe won a long fight to persuade the European Union to drop its own listing of the M.E.K. as a terrorist group in 2009.
(Sources - New York Times - 26 Novembre 2011)
La plupart des « supporters » du MEK acceptèrent également de faire des discours afin de soutenir le projet de suppression du MEK des listes terroristes européennes et US, tant lors de ses réunions publiques à Paris (car, oui, chers lecteurs, c’est nous qui hébergeons tous ces braves gens, comme Khomeini avant eux. Si l’on se fie aux résultats passés, inutile de vous dire que nous sommes enthousiastes quand aux fruits futurs de notre brillante politique zétrangère) qu’à Londres, Bruxelles où Washington. Tous ces nouveaux partisans furent « remerciés » comme il se doit, afin, sans doute, de les aider à se "construire" des « convictions » si sincères et si inébranlables que même les fameuses bombes anti-bunker de l’US Air Force ne pourraient les entamer (à noter qu’on envisage l’utilisation de ces dernières contre les installations nucléaires iraniennes)
"Many of the American supporters, though not all, accepted fees of $15,000 to $30,000 to give speeches to the group, as well as travel expenses to attend M.E.K. rallies in Paris. Edward G. Rendell, the former Democratic governor of Pennsylvania, said in March that he had been paid a total of $150,000 to $160,000."
(Sources : New-York Times - 21 Septembre 2012)
A $ 30.000 le discours, voire $ 150.000 pour les plus enthousiastes de la cause, il est évident que les convictions fleurissent aussi vite que les champignons après la pluie. Elles peuvent également moisir sur pied si on ne les consomme pas rapidement, ce qui explique probablement pourquoi nos chers gouvernants bien aimés ont les convictions si changeantes, voire opposées.
Car elles pourrissent beaucoup plus rapidement qu’on ne pourrait le croire ; il faut donc en changer souvent afin de ne pas s’en trouver démuni un beau jour sans s’en être rendu compte.
Mais il faut bien comprendre que ce n’est pas parce-qu’une organisation se trouve sur le fameuse liste du Département d’Etat que l’on ne peut pas avoir de relations avec elle. On peut en avoir, et on ne s’en prive pas, mais par l’intermédiaire d’un tiers, afin de respecter la loi qui interdit à toute agence de l’état US d’avoir quelque relation que ce soit avec une organisation listée comme terroriste par le Département d’Etat. En l'occurrence cela fait plusieurs années que la CIA, c’est à dire les USA, soutient le MEK dans ses campagnes terroristes en Iran à travers le Mossad.
"Deadly attacks on Iranian nuclear scientists are being carried out by an Iranian dissident group that is financed, trained and armed by Israel’s secret service, U.S. officials tell NBC News, confirming charges leveled by Iran’s leaders.
The group, the People’s Mujahedin of Iran, has long been designated as a terrorist group by the United States, accused of killing American servicemen and contractors in the 1970s and supporting the takeover of the U.S. Embassy in Tehran before breaking with the Iranian mullahs in 1980.
The attacks, which have killed five Iranian nuclear scientists since 2007 and may have destroyed a missile research and development site, have been carried out in dramatic fashion, with motorcycle-borne assailants often attaching small magnetic bombs to the exterior of the victims’ cars.
U.S. officials, speaking on condition of anonymity, said the Obama administration is aware of the assassination campaign but has no direct involvement.
The Iranians have no doubt who is responsible – Israel and the People’s Mujahedin of Iran, known by various acronyms, including MEK, MKO and PMI.
(...) Much of what the Iranian government knows of the attacks and the links between Israel and MEK comes from interrogation of an assassin who failed to carry out an attack in late 2010 and the materials found on him
(...) Two senior U.S. officials confirmed for NBC News the MEK’s role in the assassinations, with one senior official saying, “All your inclinations are correct.” A third official would not confirm or deny the relationship, saying only, “It hasn’t been clearly confirmed yet.” All the officials denied any U.S. involvement in the assassinations."
(Sources - NBC News - 9 Février 2012)
C'est pourquoi le retrait du MEK de la liste du Département d’Etat ne changera probablement pas grand chose à la situation puisque cette organisation terroriste est déjà utilisée, entrainée, armée et financée depuis plusieurs années par le Mossad et la CIA. En revanche, il est possible que cela annonce le début d’une opération de plus grande envergure contre l’Iran, du même type que celles que nous avons déjà essayé contre la Libye et que nous tentons de faire aboutir en Syrie, sans parler du Caucase et d’ailleurs.
L’assassinat de l’ambassadeur US à Benghazi nous a bien prouvé à quel point l’idée d’utiliser des organisations terroristes islamistes est excellente au vu des résultats spectaculaire qu’elle provoque inévitablement. Car la milice salafiste qui exécuta l’Ambassadeur US fut armée, entrainée, et financée par les Saoudiens, les Qataris et la CIA. Le MEK, Al Qaeda et toutes ses branches plus où moins directes également. Pourtant, à chaque fois, les pyromanes US croient pouvoir maitriser ceux qu’ils prennent pour des marionnettes ; ils pensent pouvoir les utiliser puis les exécuter une fois leur mauvais oeuvre accompli ; et ils s’imaginent peut-être aussi (on n’ose y croire) que leurs alliés saoudiens et qataris ont les mêmes objectifs qu’eux. La décade écoulée nous a pourtant prouvé amplement l’inverse. Cette stratégie n’a abouti qu’à nous faire des ennemis irréductibles de ces alliés temporaires. L’Afghanistan, l’Irak, l’Egypte, la Libye etc en sont les meilleures preuves.
Et accessoirement, cette stratégie fait de l’Occident le principal et le plus généreux des sponsors du terrorisme international, qui provoque ainsi l'extension de ce domaine du chaos dont nous vous parlons régulièrement et qui nous permet de maintenir notre domination sur les régions qui sont indispensables au maintien de notre merveilleux niveau de survie. N'en doutez pas, chers lecteurs, c'est nous seuls qui sommes à l'origine de la dévastation du monde que nous voyons à l’œuvre aujourd'hui. Le terrorisme est notre arme principale pour ce "way of life" qui n'est pas négociable, comme l'avait si brillamment déclaré Busch sénior à Rio il y a vingt ans.
Non, notre "way of life" n'est peut-être pas négociable mais cela ne signifie pas pour autant que nous pourrons le garder. Et quand nous l'aurons perdu nous regretterons amèrement de ne pas l'avoir négocié.
Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.
L’administration Obama vient de faire savoir au Congrès que l’ex sauveur de l’humanité (prix Nobel de la Paix et promoteur à n’importe quel dommage collatéral de la Pax Americana à travers le monde) « désirerait » faire enlever de la liste des organisations terroristes du Secrétariat d’Etat aux affaires étrangères la secte Mojahedin-e Khalq.
Pourquoi cela ?
Parce-qu’en retirant les Mojahedin-e Khalq de la liste des organisation terroristes du Département d’Etat US, cela permettra au régime Obama de la faire financer légalement par le Congrès. C’est pourtant la même qui fût considérée jusqu’à avant hier comme une des organisations les plus criminelles de la planète dont on recherchait les activistes avec alacrité pour les tuer où les enfermer et les torturer à Guatanamo où ailleurs.
Eh bien aujourd’hui ces terroristes viennent d’être blanchis intégralement ; nous avons tout oublié, particulièrement les innombrables crimes et autres forfaits commis par nos nouveaux alliés.
Pas si nouveaux que cela en vérité.
Brièvement résumé, les Mojahedin-e Khalq sont des iraniens islamo-marxiste en guerre avec le régime iranien contre lequel ils conduisent des attentats à la bombe et des assassinats, généralement excusés par ses défenseurs anglo-US parce-que ces « faits d’arme » sont dirigés contre le régime iranien : ce ne sont donc pas des attentats terroristes.
De la légitime défense probablement.
Ce retrait de la fameuse liste des organisations terroristes n’est pas survenu comme çà du jour au lendemain. Cela fait des années que d’innombrables lobbyists intriguent pour parvenir à redonner une vertu à l’organisation en question.
Voici, par exemple, ce qu’en disait en 2009 le think tank « the Brooking’s Institution » dans son rapport intitulé : « Which path to Persia ? » :
"Perhaps the most prominent (and certainly the most controversial) opposition group that has attracted attention as a potential U.S. proxy is the NCRI (National Council of Resistance of Iran), the political movement established by the MEK (Mujahedin-e Khalq). Critics believe the group to be undemocratic and unpopular, and indeed anti-American.
In contrast, the group’s champions contend that the movement’s long-standing opposition to the Iranian regime and record of successful attacks on and intelligence-gathering operations against the regime make it worthy of U.S. support. They also argue that the group is no longer anti-American and question the merit of earlier accusations. Raymond Tanter, one of the group’s supporters in the United States, contends that the MEK and the NCRI are allies for regime change in Tehran and also act as a useful proxy for gathering intelligence. The MEK’s greatest intelligence coup was the provision of intelligence in 2002 that led to the discovery of a secret site in Iran for enriching uranium.
Despite its defenders’ claims, the MEK remains on the U.S. government list of foreign terrorist organizations. In the 1970s, the group killed three U.S. officers and three civilian contractors in Iran. During the 1979-1980 hostage crisis, the group praised the decision to take America hostages and Elaine Sciolino reported that while group leaders publicly condemned the 9/11 attacks, within the group celebrations were widespread.
Undeniably, the group has conducted terrorist attacks—often excused by the MEK’s advocates because they are directed against the Iranian government. For example, in 1981, the group bombed the headquarters of the Islamic Republic Party, which was then the clerical leadership’s main political organization, killing an estimated 70 senior officials. More recently, the group has claimed credit for over a dozen mortar attacks, assassinations, and other assaults on Iranian civilian and military targets between 1998 and 2001. At the very least, to work more closely with the group (at least in an overt manner), Washington would need to remove it from the list of foreign terrorist organizations."
( page 117-118 of "Which Path to Persia?" Brookings Institution, 2009 )
A noter que ce rapport recommandait de se servir officiellement du MEK contre l’Iran, malgré qu’il était spécifié dans le rapport lui-même que le MEk était une organisation terroriste qualifiée. Pour la soutenir officiellement il fallait d’abord retirer l’organisation terroriste de la fameuse liste du Département d’Etat.
Voilà qui est fait.
Il faut dire que les sponsors du MEK sont puissants. Jugez-en :
The New York Times ad is only the latest in a years-long, multi-million dollar campaign by the MEK and its supporters to enlist famous U.S. politicians and policymakers in their efforts to get the group removed from the State Department's list of foreign terrorist organizations and resist Iraqi attempts to close Camp Ashraf, which the new government sees as a militarized cult compound on its sovereign territory.
The campaign has included huge rallies outside the State Department, massive sit-ins at congressional hearings, and an ongoing vigil outside the State Department's C Street entrance. MEK supporters there tout the support of a long list of officials, including Congressman John Lewis (D-GA), former Pennsylvania Gov. Ed Rendell, former FBI Director Louis Freeh, former Sen. Robert Torricelli, former Rep. Patrick Kennedy, former National Security Advisor Gen. James Jones, former Joint Chiefs Chairman Gen. Richard Myers, former White House Chief of Staff Andy Card, retired Gen. Wesley Clark, former Rep. Lee Hamilton, former CIA Director Porter Goss, senior advisor to the Romney campaign Mitchell Reiss, retired Gen. Anthony Zinni, and former Sen. Evan Bayh.
(Sources : Foreign Policy - 8 Mars 2012)
Tous ces RPT (Représentants de la Probité sur Terre, voir lexique) et ces membres de la CVI (Clique des Vertueux Innocents, voir lexique) n’ont pas l’air d’être au courant du rapport rédigé par Wendy Sherman en 1994, assistante de Madeleine Albright alors Secrétaire d’Etat de Clinton, qui amena le Département d’Etat à mettre le MEK sur la liste des organisations terroristes en 1997 :
“The Mujahedin (MEK) collaborated with Ayatollah Khomeini to overthrow the former shah of Iran. As part of that struggle, they assassinated at least six American citizens, supported the takeover of the U.S. embassy, and opposed the release of the American hostages.” In each case, the paper noted, “Bombs were the Mujahedin's weapon of choice, which they frequently employed against American targets.”
“In the post-revolutionary political chaos, however, the Mujahedin lost political power to Iran's Islamic clergy. They then applied their dedication to armed struggle and the use of propaganda against the new Iranian government, launching a violent and polemical cycle of attack and reprisal."
Mais ces retournements de « convictions zinébranlables » sont probablement explicables de manière assez simple, voire même terre à terre.
Tout d’abord le MEK organisa une énorme campagne de lobbying, tant en Europe qu’à Washington afin de se faire retirer des listes terroristes européennes et américaines. C’est ainsi que le MEK fut déjà radié des fameuses listes par Bruxelles et Londres il y a plus d’une année. Logiquement Washington devait suivre car on ne lésina pas sur les moyens.
The M.E.K. advocacy campaign has included full-page newspaper advertisements identifying the group as “Iran’s Main Opposition” — an absurd distortion in the view of most Iran specialists; leaders of Iran’s broad opposition, known as the Green Movement, have denounced the group. The M.E.K. has hired high-priced lobbyists like the Washington firm Akin Gump Strauss Hauer & Feld. Its lawyers in Europe won a long fight to persuade the European Union to drop its own listing of the M.E.K. as a terrorist group in 2009.
(Sources - New York Times - 26 Novembre 2011)
La plupart des « supporters » du MEK acceptèrent également de faire des discours afin de soutenir le projet de suppression du MEK des listes terroristes européennes et US, tant lors de ses réunions publiques à Paris (car, oui, chers lecteurs, c’est nous qui hébergeons tous ces braves gens, comme Khomeini avant eux. Si l’on se fie aux résultats passés, inutile de vous dire que nous sommes enthousiastes quand aux fruits futurs de notre brillante politique zétrangère) qu’à Londres, Bruxelles où Washington. Tous ces nouveaux partisans furent « remerciés » comme il se doit, afin, sans doute, de les aider à se "construire" des « convictions » si sincères et si inébranlables que même les fameuses bombes anti-bunker de l’US Air Force ne pourraient les entamer (à noter qu’on envisage l’utilisation de ces dernières contre les installations nucléaires iraniennes)
"Many of the American supporters, though not all, accepted fees of $15,000 to $30,000 to give speeches to the group, as well as travel expenses to attend M.E.K. rallies in Paris. Edward G. Rendell, the former Democratic governor of Pennsylvania, said in March that he had been paid a total of $150,000 to $160,000."
(Sources : New-York Times - 21 Septembre 2012)
A $ 30.000 le discours, voire $ 150.000 pour les plus enthousiastes de la cause, il est évident que les convictions fleurissent aussi vite que les champignons après la pluie. Elles peuvent également moisir sur pied si on ne les consomme pas rapidement, ce qui explique probablement pourquoi nos chers gouvernants bien aimés ont les convictions si changeantes, voire opposées.
Car elles pourrissent beaucoup plus rapidement qu’on ne pourrait le croire ; il faut donc en changer souvent afin de ne pas s’en trouver démuni un beau jour sans s’en être rendu compte.
Mais il faut bien comprendre que ce n’est pas parce-qu’une organisation se trouve sur le fameuse liste du Département d’Etat que l’on ne peut pas avoir de relations avec elle. On peut en avoir, et on ne s’en prive pas, mais par l’intermédiaire d’un tiers, afin de respecter la loi qui interdit à toute agence de l’état US d’avoir quelque relation que ce soit avec une organisation listée comme terroriste par le Département d’Etat. En l'occurrence cela fait plusieurs années que la CIA, c’est à dire les USA, soutient le MEK dans ses campagnes terroristes en Iran à travers le Mossad.
"Deadly attacks on Iranian nuclear scientists are being carried out by an Iranian dissident group that is financed, trained and armed by Israel’s secret service, U.S. officials tell NBC News, confirming charges leveled by Iran’s leaders.
The group, the People’s Mujahedin of Iran, has long been designated as a terrorist group by the United States, accused of killing American servicemen and contractors in the 1970s and supporting the takeover of the U.S. Embassy in Tehran before breaking with the Iranian mullahs in 1980.
The attacks, which have killed five Iranian nuclear scientists since 2007 and may have destroyed a missile research and development site, have been carried out in dramatic fashion, with motorcycle-borne assailants often attaching small magnetic bombs to the exterior of the victims’ cars.
U.S. officials, speaking on condition of anonymity, said the Obama administration is aware of the assassination campaign but has no direct involvement.
The Iranians have no doubt who is responsible – Israel and the People’s Mujahedin of Iran, known by various acronyms, including MEK, MKO and PMI.
(...) Much of what the Iranian government knows of the attacks and the links between Israel and MEK comes from interrogation of an assassin who failed to carry out an attack in late 2010 and the materials found on him
(...) Two senior U.S. officials confirmed for NBC News the MEK’s role in the assassinations, with one senior official saying, “All your inclinations are correct.” A third official would not confirm or deny the relationship, saying only, “It hasn’t been clearly confirmed yet.” All the officials denied any U.S. involvement in the assassinations."
(Sources - NBC News - 9 Février 2012)
C'est pourquoi le retrait du MEK de la liste du Département d’Etat ne changera probablement pas grand chose à la situation puisque cette organisation terroriste est déjà utilisée, entrainée, armée et financée depuis plusieurs années par le Mossad et la CIA. En revanche, il est possible que cela annonce le début d’une opération de plus grande envergure contre l’Iran, du même type que celles que nous avons déjà essayé contre la Libye et que nous tentons de faire aboutir en Syrie, sans parler du Caucase et d’ailleurs.
L’assassinat de l’ambassadeur US à Benghazi nous a bien prouvé à quel point l’idée d’utiliser des organisations terroristes islamistes est excellente au vu des résultats spectaculaire qu’elle provoque inévitablement. Car la milice salafiste qui exécuta l’Ambassadeur US fut armée, entrainée, et financée par les Saoudiens, les Qataris et la CIA. Le MEK, Al Qaeda et toutes ses branches plus où moins directes également. Pourtant, à chaque fois, les pyromanes US croient pouvoir maitriser ceux qu’ils prennent pour des marionnettes ; ils pensent pouvoir les utiliser puis les exécuter une fois leur mauvais oeuvre accompli ; et ils s’imaginent peut-être aussi (on n’ose y croire) que leurs alliés saoudiens et qataris ont les mêmes objectifs qu’eux. La décade écoulée nous a pourtant prouvé amplement l’inverse. Cette stratégie n’a abouti qu’à nous faire des ennemis irréductibles de ces alliés temporaires. L’Afghanistan, l’Irak, l’Egypte, la Libye etc en sont les meilleures preuves.
Et accessoirement, cette stratégie fait de l’Occident le principal et le plus généreux des sponsors du terrorisme international, qui provoque ainsi l'extension de ce domaine du chaos dont nous vous parlons régulièrement et qui nous permet de maintenir notre domination sur les régions qui sont indispensables au maintien de notre merveilleux niveau de survie. N'en doutez pas, chers lecteurs, c'est nous seuls qui sommes à l'origine de la dévastation du monde que nous voyons à l’œuvre aujourd'hui. Le terrorisme est notre arme principale pour ce "way of life" qui n'est pas négociable, comme l'avait si brillamment déclaré Busch sénior à Rio il y a vingt ans.
Non, notre "way of life" n'est peut-être pas négociable mais cela ne signifie pas pour autant que nous pourrons le garder. Et quand nous l'aurons perdu nous regretterons amèrement de ne pas l'avoir négocié.
Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.
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