dimanche 14 avril 2013

Un nouvel "Etat Islamique d'Irak et de Grande Syrie" nous est né : merci qui ?

Tout va bien, chers lecteurs !
Nous pourrions même ajouter que tout se déroule selon le plan prévu en Syrie. Comme ce fût déjà le cas en Tunisie, en Libye, en Égypte où en Irak, sans parler de l’Afghanistan, où la situation ne peut pas être meilleure.
Pour les Talibans s’entend, naturellement.

Donc, tout va bien, chers lecteurs, dans les pays précités. Nous pourrions même ajouter que tout se déroule selon le plan prévu, à la plus grande satisfaction d’Al Qaéda et des islamistes les plus radicaux. Rassurez-vous il n’y en a pas de « modérés », contrairement à ce que peuvent nous conter nos zélites adorées.

D’ailleurs tout va si bien en Irak et en Syrie que les islamistes de « Jahbat Al Nusra » viennent de fusionner fraternellement avec « the Islamic State of Irak », c’est à dire la branche irakienne d’Al Qaéda. Cette heureuse naissance fut annoncée par le chef du « Islamic state of Irak», Abu Bakr al-Baghdadi. L’accouplement en question a donné vie à un « Etat Islamique d’Irak et de Grande Syrie » qui a pour vocation de répandre les bienfaits de la sharia version wahabbite à travers tout le Moyen-Orient ; çà c’est le hors d’oeuvre. Le plat principal consistera à rétablir le Califat ; le tour du reste de la planète viendra clôturer ce joyeux projet : ce sera le dessert. Une fois n’est pas coutume, il sera salé. Pour nous.
Et pour donner une note occidentale « cool » à cette question moyen-orientale, nous ne savons pas si le couple était hétéro où gay, ni s’il fût nécessaire d’avoir recours à une mère porteuse pour assurer la naissance du gentil petit monstre. Mais nous ne doutons pas une demi seconde que nos zélites occidentales magnanimes donneront sans façon un permis de séjour longue durée aux heureux parents et à leur progéniture avec tous les zavantages sociétaux que cela impliquera.

Bref, nous nous égarons un peu.

Le petit monstre nouveau-né a reçu sa bénédiction officielle du chef d’Al Qaéda, Zawahiri, du fin fond de sa grotte pakistanaise.

Zawahiri lauds the success of al Qaeda in Syria and Iraq in contrast. In Syria, al Qaeda’s franchise, Jabhat al Nusra, has become the fastest-growing Qaeda movement in the world after Zawahiri called upon jihadists from across Islam to go and fight in Syria a year ago.  Since then the Qaeda core headquarters in Pakistan has been in close communication with the Nusra front in Syria. Zawahiri also praises the Qaeda organization in Iraq for outlasting the American occupation and for its constant attacks on the Shia government in Baghdad.

Zawahiri pays tribute to the Qaeda franchise in Iraq, the self-styled Islamic State of Iraq, for helping the al Nusra front in Syria get organized. Shortly after Zawahiri’s statement the leader of al Qaeda in Iraq, who uses the nom de guerre Abu Bakr al Baghdadi, publicly claimed credit for helping set up the Qaeda franchise in Syria and announced the two groups had merged into an Islamic State of Iraq and Greater Syria. Al Baghdadi’s statement confirmed what the United States had been saying for months: the al Nusra front is an offshoot of al Qaeda in Iraq.

Next the leader of al Nusra, who calls himself Abu Muhammad al Golani, walked it back a bit. He said he had not been “consulted” on any merger with the Iraqi group, although he was careful not to criticize al Baghdadi and stressed his loyalty to Zawahiri and al Qaeda. The exchange has brought al Nusra out of the closet; it is clearly now part of the Qaeda global jihadist campaign. Al Golani admitted that he had earlier been a fighter in Iraq and was a supporter of the Iraqi franchise but he went out of his way to declare al Nusra’s loyalty is to Zawahiri and the Qaeda core group.

The tempest over al Baghdadi’s comments is likely to pass, and the two Qaeda groups will continue to collaborate closely. Both in Syria and Iraq al Qaeda is growing in numbers and power at a dangerous pace. And with Zawahiri’s encouragement, al Qaeda’s support base across the Islamic world is funneling sympathizers to go to Syria and Iraq to join the fight. In his statement Zawahiri makes clear the end state is creation of a new caliphate across Islam that can lead the struggle to recover Jerusalem for Islam and destroy Israel.
(Sources : 12.04.2013 - The Daily Beast)

Zawahiri, le parrain du monstre, est très heureux des progrès fulgurants d’Al Qaéda en Irak et en Syrie.

Nous pouvons d’ailleurs suivre assez facilement les « progrès » enchanteurs des groupes terroristes en Syrie et en Irak, désormais unifiés sous la bannière Al Qaéda,   au nombre grandissant d’attentats terroristes qui sévissent dans ces deux malheureux pays ainsi qu’aux nombre de meurtres, assassinats et autres délices qui ne cessent d’augmenter. Face à tant de merveilles, les promoteurs du renversement de régime en Syrie pour les raisons « humanitaristes » que l’on sait, nous avons nommé la France et le UK, le Qatar et la Turquie, ces apprentis sorciers, donc, prônent tous de livrer encore plus d’armes aux terroristes mais en sélectionnant les récipiendaires afin que ces armes ne se retrouvent pas dans les bras d’Al Qaéda et compagnie.

Ah, Ah, Ah.

Comme nous l’avons déjà dit, les fameuses armes livrées pour les « bons » terroristes aboutissent systématiquement chez Al Qaéda. Pourquoi ? Tout simplement parce-que les combattants de Al Qaéda sont les plus efficaces sur le terrain de très loin puisque ce sont des guerriers aguerris en irak, en Libye, au Pakistan où encore en Tchetchenie, voire en Croatie, Kosovo etc... Ce qui ne veut pas dire, contrairement à ce qu’on nous serine toute la journée, que la situation évolue en leur faveur. Pour le moment en tout cas. Mais le fait est que les armes occidentales et qataries finissent immanquablement dans les bras des combattants non-reconnaissants d’Al Nusra. Et la proposition des Français et des Anglais, qui, décidément, n’ont rien toujours compris, d’envoyer des armes plus lourdes aux rebelles soit disant pour compenser leur infériorité face à l’armée syrienne, permettra à Al Nusra, et donc Al Qaéda, de recevoir des armement qu’ils n’auraient pas osé rêver acquérir, à part ceux pillés dans les arsenaux de Khadafi ; comme des missiles sol-air, par exemple, qui peuvent être utilisés tout aussi commodément contre des hélicoptères militaires où des avions de ligne civils.

C’est ce que redoutent les USA par dessus tout. Avec raison. Et c’est pour cela qu’ils ont toujours reculé face aux pressions franco-anglaise, qatarie où turque, de fournir ce genre d’armement aux groupuscules combattant l’armée syrienne de crainte qu’ils ne se retrouvent aux mains d’Al Qaéda. La peur des USA ne va pas s’adoucir après l’annonce de la fusion de Al Nusra avec Al Qaéda, qui était en fait un secret de polichinelle. Mais, c’est désormais officiel, et on ne peut plus se cacher derrière des paravents humanitaristes puant l’idéologie qui n’ont jamais trompé que ceux qui voulaient l’être à toute force. Cette annonce conforte encore un peu plus les USA dans leur frayeur et montre également qu’ils avaient raison de classifier Al Nusra dans la liste des organisations terroristes tandis que notre brillant gouvernement  français (le précédent n’était pas mieux) hésite beaucoup à franchir un tel pas qu’il doit trouver un peu trop « radical » ; il est probable que nos irresponsables politiques ne veulent pas faire trop de peine à nos alliés terroristes, à moins qu’ils ne sachent parfaitement bien que ces terroristes sont les seuls qui ont une chance de renverser le régime syrien... Au choix.

« We need to have a discussion with our European partners and partners in the Security Council on the possible inclusion of these extremist groups on the list of terrorists, » French foreign ministry spokesman Philippe Lalliot told a press conference.
"We must be careful when taking such decisions of the consequences this can have on the ground. We will see in the days and weeks to come what must be done," he said.
(Sources : 09.04.2013 - The Daily Star)

Pendant que le gouvernement français hésite à traiter Al Nusra, et donc Al Qaéda , d’organisation terroriste, les armes fournies par nos alliés sont bel et bien transmises à ces deux organisations, comme nous l’avions déjà dit dans des posts précédents (ici).

Sophisticated new weapons now in the hands of rebels in north-central Syria underscore how difficult it will be, once more lethal aid begins to arrive, to keep those weapons from Islamist extremists who’ve become key to rebel military advances throughout the country.

Rebels who belong to the Victory Brigade – a group whose alliance with the Hama provincial military council makes it acceptable to U.S. officials who are deciding where aid should go – were giddy as they showed off their new weapons this week. They included Russian-made RPG-27s – shoulder-fired rocket-propelled grenades capable of piercing the armor on the Syrian military’s most advanced tanks – and RG6 grenade launchers, another Russian-designed weapon, this one capable of spewing projectiles that explode on contact.

But the brigade doesn’t fight alone, and a video that another rebel group, the Islamist Ahrar al Sham, posted to YouTube this month showed fighters using the same kinds of weapons in an assault that was coordinated with the Victory Brigade.

“Of course they share their weapons with us,
” said Ali Ankir, a spokesman for Ahrar al Sham. “We fight together.”
(Sources : 28.02.2013 - Mac Clatchy)

Face à cet état de fait, l’administration US hésite, tergiverse, en proie aux doutes les plus douloureux.
Car, face à l’arrivée de plus en plus massive de combattants de Al Qaéda en Syrie, face à l'inefficacité et à la profonde division de l’opposition soutenue par les Occidentaux et les pays du Golfe, l’avenir de la Syrie ne s’annonce pas brillant en cas de chute du Président Bashar Al Assad.
Dans ce cas-ci, les US ont la certitude qu’il s’ensuivrait une guerre civile qui durerait un an où plus, selon eux.

The top American intelligence official, James R. Clapper Jr., said that even if Mr. Assad’s government fell, sectarian fighting would most likely engulf the country for a year or more. The American ambassador to Syria, Robert S. Ford, warned that without a negotiated political transition, supporters of the Assad government, “fearing death, would fight to the death.”
(Sources : 11 Avril 2013 - NYT)

Néanmoins, la suite ne fait guère de doute : la victoire d’Al Qaéda et l’établissement d’un état islamique au coeur du Moyen-Orient, avec toutes les conséquences catastrophiques pour la stabilité, non seulement de toute la région : Iraq, pays du Golfe et bien entendu Israël, mais aussi avec des conséquences très graves pour l’Europe et la Russie (ici).

C’est ainsi que, O surprise, l’administration US pencherait de plus en plus vers une négociation incluant le Président Bachar Al Assad ! C’est à dire ce que soutiennent les Russes depuis le départ, position qui fut pourtant repoussée, critiquée, vilipendée etc, par tous les brillants supporters des FM et des terroristes en Syrie, y compris les USA. Aujourd’hui, machine arrière toute face au danger redoutable qu’ils ont eux-mêmes semés, et avec quelle alacrité !

“There needs to be a negotiated political settlement because if there is not a negotiated settlement, our sense is that regime supporters, fearing death, would fight to the death,” he said.

(...)

The president, acknowledging that the situation there was at a “critical juncture,” said, “It is important for us to bring about an effective political transition that would respect the rights of all Syrians.”
(Sources : 11.04.2013 - NYT)

D’autres vont même plus loin.
C’est ainsi que Daniel Pipes, un néo-cons du meilleur teint, a publié un article dans le Washington Times le 11.04 2013 intitulé : « The case for Assad ». L’article est ici.

Yes, Mr. Assad’s survival benefits Tehran, the region’s most dangerous regime. However, a rebel victory would hugely boost the increasingly rogue Turkish government while empowering jihadis, and replace the Assad government with triumphant, inflamed Islamists. Continued fighting does less damage to Western interests than their taking power. There are worse prospects than Sunni and Shiite Islamists mixing it up, than Hamas jihadis killing Hezbollah jihadis, and vice versa. Better that neither side wins.

The Obama administration is attempting an overly ambitiously and subtle policy of simultaneously helping the good rebels with clandestine lethal arms and $114 million in aid even as it prepares for possible drone strikes on the bad rebels. Nice idea, but manipulating the rebel forces via remote control has little chance of success. Inevitably, aid will end up with the Islamists and airstrikes will kill allies. Better to accept one’s limitations and aspire to the feasible: propping up the side in retreat
(Sources : 11.04.2013 - Washington Times)

Outre le côté cynique de son raisonnement, nous pensons qu’il part sur de fausses prémices, biaisées dés le départ par son idéologie militante qui, conséquemment, l’aveugle. En effet, il part du postulat que le régime syrien est en train de perdre la partie et que, pour éviter la victoire des islamistes, il faudrait soutenir Assad. L’idée générale serait d’aider la partie perdante, quitte à changer autant de bord qu’il le faudra jusqu’à ce que les deux parties se soient exterminées mutuellement, où suffisamment affaiblies pour que nous puissions leur dicter nos volontés. A ce moment là il nous suffira de récupérer le pays en ruine, de le reconstruire (excellent pour nos économies moribondes!) et d’y installer un régime à notre dévotion ; comme en Irak et en Libye (sauf que cela n’a pas vraiment fonctionné comme prévu puisque l’Irak est toujours en ruine et que la Libye est en proie à l‘anarchie qui profite à Al Qaéda). Cela parait assez facile sur le papier, surtout lorsque l’on se situe de l’autre côté de l’Atlantique. Sur le terrain, ce genre de manipulation n’a jamais fonctionné comme on le voulait. Il suffit de voir le résultat en Irak précisément, où en Libye et ailleurs. La situation nous échappe toujours et ce ne sera pas différent en Syrie, comme on peut déjà le voir.

Peu importe. L’intérêt est d’observer que la situation évolue aux USA à propos du conflit en Syrie et que certains commencent véritablement à s’inquiéter d’une victoire des islamistes. Encore une fois, cette dernière n’est pas encore à l’ordre du jour, mais si le régime venait à tomber, alors il ne fait guère de doutes qu’Al Qaéda deviendrait le maitre de ce qui resterait du pays après une longue guerre civile entre les différents groupes « terroristes » : les « bons », les nôtres, et les « mauvais », Al Qaéda. Le problème est que les « nôtres » ne font pas le poids et que ce ne sont pas des armements de plus en plus sophistiqués qui feront la différence, car ce sont leurs qualités combatives et leur entrainement qui leur font grandement défaut, toute chose que les combattants d’Al Qaéda possèdent au plus haut degré. Tout comme les armements sophistiqués que nous livrons aux autres et qui aboutissent entre les mains d’Al Qaéda, comme on l’a vu plus haut.

Aujourd’hui, donc, la situation en Syrie est confuse, toujours plus pourrions-nous dire. Elle est confuse non seulement sur le terrain mais surtout dans les chefs des individus qui sont censés diriger les opérations et avoir une vision stratégique à long terme. Apparemment, les seuls à en avoir une sont les dirigeants d’Al Nusra - Al Qaéda et les Russes.
Il semble pourtant que les USA, suivis par les Saoudiens qui commencent à craindre sérieusement l’influence grandissante d’Al Qaéda dans la région, aimeraient désormais une solution négociée, quitte à ce que cela se fasse avec le Président Assad, tandis que les Franco-Anglais, les Turcs et les Qataris se montrent les plus fanatiques dans la poursuite de la guerre à n’importe quel prix, y compris une escalade qui pourrait déboucher sur l’explosion du Moyen-Orient tout entier.
Les USA parviendront-ils à persuader leurs « alliés » ?
Quel prix cela leur coutera t’il ?
Nous pouvons compter sur la coopération des Russes mais cela suffira t’il ?
Comment les Turcs prendront-ils la chose et quelles seront les conséquences de ce retournement de la part des USA pour leur alliance avec la Turquie ?
Et l’Iran ?

Nous n’avons pas de réponse à tout cela. Mais ce qui est certain, en revanche, c’est que plus la guerre s'éternisera plus Al Qaeda en sortira renforcée et puissante, au détriment des « bons terroristes » soutenus par l’Occident. Si le Président Assad était emporté dans la tourmente, alors le nouvel « Etat Islamique d’Irak et de Grande Syrie» aurait toutes les chances de survivre. Ses dirigeants seraient alors redevables d’une fière chandelle à nos gouvernants bien-aimés (France - UK - Turquie - Qatar) pour leur aide inappréciable en la matière.
Lénine a dit un jour que les capitalistes étaient capables de vendre la corde qui les pendra. C’est vrai. Nous en avons encore un exemple de plus.
Mais nous avons les gouvernants que nous avons élu. Nous les méritons donc et avec eux, c’est triste à dire, les catastrophes dans lesquels ils nous entrainent par leur médiocrité.

Sinon, il faut nous en débarrasser.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

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