dimanche 8 septembre 2013

USA : le Prix Nobel de la Paix risque de voir sa guerre refusée par le Congrès.

Tout au long de la semaine nous avons subi une avalanche de désinformations toutes plus invraisemblables les unes que les autres, où peut-être de plus en plus grotesques au fur et à mesure que l’opinion des membres du Congrès se faisait plus sceptique vis à vis des « preuves » que l’Administration leur révélait. 

Mais la presstitute s’efforça de faire passer à la trappe cette opposition grandissante en proclamant comme une victoire accomplie le vote Mercredi dernier de la Commission des Affaires Etrangères du Sénat par dix voix contre sept accordant l’autorisation de faire la guerre au prix Nobel de la Paix. En réalité cela n’a pour le moment aucune signification réelle et ne préjuge pas forcément du vote des cent sénateurs à venir, et encore moins du vote des Représentants.

La vérité est qu’aujourd’hui, il est de plus en plus probable que l’autorisation de faire la guerre demandée par le prix Nobel de la Paix ne lui sera pas octroyée. En ce qui concerne le Sénat, le vote risque d’être très sérré bien que la probabilité d’un « oui » soit envisageable. En revanche il est quasiment acquis que les Représentants voteront « non », et certains affirment même que la proportion de « non » sera écrasante. 

A voir.

Car, comme nous l’avions écrit la semaine dernière, les lobbys israéliens et saoudiens  vont faire tout ce qu’ils pourront au Congrès pour aider l’Administration et le Prix Nobel de la Paix pour renverser la tendance.

The powerful pro-Israel lobby AIPAC is planning to launch a major lobbying campaign to push wayward lawmakers to back the resolution authorizing U.S. strikes against Syria, sources said Thursday.
Officials say that some 250 Jewish leaders and AIPAC activists will storm the halls on Capitol Hill beginning next week to persuade lawmakers that Congress must adopt the resolution or risk emboldening Iran’s efforts to build a nuclear weapon. They are expected to lobby virtually every member of Congress, arguing that “barbarism” by the Assad regime cannot be tolerated, and that failing to act would “send a message” to Tehran that the U.S. won’t stand up to hostile countries’ efforts to develop weapons of mass destruction, according to a source with the group.
(Sources : Politico.com - 05.09.2013)

De son côté le Prix Nobel de la Paix a annulé un voyage en Californie pour faire du lobbying personnellement auprès des membres du Congrès :

Obama and his lieutenants have engaged in a “flood the zone” approach, contacting as many as one-third of lawmakers individually over the congressional recess and holding several classified briefings on the Hill. 

Sans parler des « whip » chargés de ramener les moutons noirs de leur parti respectifs dans le bon rang. C’est ainsi que Nancy Pelosi aurait envoyé pas moins de cinq lettres à chacun des démocrates du Sénat en une semaine pour leur rappeler comment voter, et ce en dépit de ses promesses de ne pas faire pression sur les membres de son parti (ici).

Minority Leader Nancy Pelosi sent a fifth letter to Democratic colleagues in a week in an attempt to bolster support for a measure to authorize a U.S. strike in Syria.

Pelosi, who has said she will not whip an eventual resolution by applying pressure to her members, has nonetheless engaged in a public display of support.

With most Republicans likely to balk at the president’s request, any success in passing a resolution in the House will be heavily dependent upon Democrats. But Democrats aren’t enthusiastically lining up to support the president.

Le problème est que les membres du Congrès ne sont pas très convaincus par les « preuves » qu’on leur montre sous le sceau d’un secret d’état le plus total qui plonge gravement à la fois dans la paranoïa la plus complète et dans le ridicule le plus grotesque.

Le Représentant Justin Amash déclara la semaine dernière après pris connaissance des soit disant « preuves » qu’on lui présentait ainsi qu’à ses collègues :

What I heard in Obama admn briefing actually makes me more skeptical of certain significant aspects of Pres’s case for attacking

Après avoir vu d’autres documents et entendus d’autres rapports «ultra secret» il notait avant hier (Vendredi 6 Septembre) :
Attended another classified briefing on #Syria & reviewed add’l materials. Now more skeptical than ever. Can’t believe Pres is pushing war.

Et encore hier (Samedi 7 Septmebre) :

If Americans could read classified docs, they’d be even more against #Syria action. Obama admn’s public statements are misleading at best.

De son côté le Représentant Tom Harkin déclara :

If Americans could read classified docs, they’d be even more against #Syria action. Obama admn’s public statements are misleading at best.

Le Représentant Michael Burgess :

Yes, I saw the classified documents. They were pretty thin.

Pour voir d’autres témoignages de membres du Congrès contre les soit disant «preuves» : ici, ici et surtout l'article du membre du Congrès Alan Grayson dans le NY Times ici.

Bref, le scepticisme grandit si dangereusement à la Chambre des Représentants que le vote a été repoussé d’une semaine afin de tenter de gagner des voix tandis qu’au Sénat l’Administration pousse à organiser le vote au plus tôt de peur que certains sénateurs ne change d’avis entre temps. Ce serait Mercredi bien que l’Administration eut préféré qu’il soit expédié dés Lundi, jour de rentrée du Congrès.

Il faut bien avouer que la peur panique d’une défaite de la part de l’Administration Obama a quelques justifications. En effet, plus le temps passe plus l’opposition grandit de toute part à cette « punition » de la Syrie pour une attaque au gaz perpétrée, selon des probabilités de moins en moins douteuses, par nos alliés les terroristes d’Al Nusra, Al Quaéda et affiliés. 

An Egyptian intelligence report describes a meeting in Turkey between military intelligence officials from Turkey and Qatar and Syrian rebels. One of the participants states, “there will be a game changing event on August 21st” that will “bring the U.S. into a bombing campaign” against the Syrian regime.

The chemical weapons strike on Moudhamiya, an area under rebel control, took place on August 21. “Egyptian military intelligence insists it was a combined Turkish/Qatar/rebel  false flag operation,” said a source familiar with the report.


Quant aux « preuves » présentées par l’Administration US, comme par le gouvernement français, elles sont plus que douteuses (ici, ici où sur le blog suivant : www.thetrench.org).

Le 6 Septembre dernier une douzaine d’anciens officiers des services secrets et des renseignements ont écrit une lettre au Prix Nobel de la Paix pour réfuter les soit disant « preuves » grâce auxquelles il veut pousser le Congrès à faire la guerre à la Syrie. 
Le rapport commence de cette manière (traduction de l’anglais par nous) :

« Nous sommes au regret de devoir vous informer que certains de nos anciens collègues (services secrets) nous affirment catégoriquement que, contrairement aux affirmations de votre administration, les informations les plus fiables en notre possession démontrent que le Président Assad n’est pas responsable de l’attaque au gaz qui a tué et blessé des civils syriens le 21 Août dernier ; les officiels anglais des services de renseignement sont également au courant de ces informations. En vous adressant ce rapport, nous avons pris le parti pris de penser que vous n’aviez pas été complètement informé par vos conseillers afin de vous permettre d’invoquer ce qui est communément appelé « plausible denial ».

(...)

Il y a un nombre de preuves grandissant provenant de nombreuses sources dans tout le Moyen-Orient - généralement affiliée à l’opposition syrienne et à ses sponsors - qui tendent à démontrer fortement que l’attaque du 21 Août fût une provocation planifiée à l’avance par l’opposition syrienne et ses sponsors saoudiens et turcs. Le but étant de  créer un incident qui forcerait les USA à entrer en guerre.»

Nous vous recommandons fortement de lire le rapport complet. Vous le trouverez (ici). 


Pour en revenir au vote du Congrès le Washington Post avait fait un état des lieux (ici) le 2 Septembre dernier. 

Sénat (rappelons qu’il y a cent sénateurs et qu’en conséquence la majorité est de 51) : 
17 sénateurs contre la guerre
10 sénateurs tendant vers le « non »
50 indécis 
23 « pour ».

Chambre des Représentants (433 membres. Il faut 217 votes pour l’emporter) :
111 « contre »
116 tendant vers le « non »
181 indécis
25 « pour »

De cela ressort ce que nous écrivions plus haut : il y a de très fortes chances pour que la demande d’autorisation de faire la guerre du Prix Nobel de la Paix soit repoussée, en tous les cas au Congrès si ce n’est au Sénat.

La question est désormais de savoir ce que fera le Prix Nobel de la Paix :
S’inclinera t’il devant le vote du Congrès en accord avec l’écrasante majorité des citoyens américains qui refusent la guerre ?
Où bien se passera t’il du vote et partira en guerre comme Tartarin de Tarascon, sans objectif clair et encore moins de stratégie précise, à part peut-être faire plaisir à Bibi et aux Saoudiens qui, de toute manière, ne lui en auront aucune reconnaissance. Cela les incitera plutôt à pousser leurs avantages plus loin encore aux dépends de plus en plus catastrophiques des intérêts des USA eux-mêmes.

Partir en guerre en dépit de l’aval du Congrès est néanmoins risqué pour le Prix Nobel de la Paix, car il risquerait de déclencher une procédure d’impeachment de la part des membres de la Chambre des Représentants. Il est possible que cette dernière n’aboutisse pas mais cela compliquerait encore plus les dernières années de sa présidence, déjà calamiteuses, et paralyserait probablement encore plus complètement la machine politique washingtonienne. 
Car en passant outre le vote du Congrès, le Prix Nobel de la Paix s’attirerait les foudres des Congressmen qui n'apprécieraient pas du tout d’être consulté sur une question qu’ils considèrent (à juste titre selon la Constitution) comme relevant de leurs attributions autant que de celles du Président (malgré les abus de la présidence dans ce domaine depuis des années), pour voir leurs avis dédaignés. En gardant à l’esprit les questions à venir du vote du relèvement du plafond de la dette notamment, cela rendrait la situation explosive pour le Prix Nobel de la Paix s‘il se mettait à dos le Congrès. Certains ont d’ailleurs déjà averti que le Congrès n’était pas une simple chambre d’enregistrement et que si on lui demandait son avis il fallait en tenir compte.
A bon entendeur, salut !


Pour conclure il y a de fortes chances que la guerre ne soit pas votée par le Congrès. En ce qui concerne le Séant le vote est très incertain mais en ce qui concerne les Représentants il semble que ce soit acquis : ce serait "non".
Pour notre part, et contrairement à ce que proclament de nombreux quotidiens de la presstitute, il nous parait difficile d’imaginer le Prix Nobel de la Paix allant en guerre après un vote négatif du Congrès. D’abord parce que cela irait contre son caractère, et surtout car il sait parfaitement que cela compromettrait définitivement le leg de toute sa présidence, qui n’est pourtant pas glorieux.
Nous verrons.

Mais pour l'instant tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.



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