mardi 9 octobre 2012

Turquie - Syrie : qui bombarde qui ?

Quel scandale !
Cela fait bien six jours que le monde entier, et particulièrement les RBT (voir lexique), se dit « préoccupé », « outragé », « horrifié » et bla bla bla... Bref nous avons eu droit à l’habituel concert des vierges effarouchées nous jouant l’air de la victime innocente (Turquie et terroristes affiliés) attaquée par les méchants (armée syrienne bien sûr).

Après avoir fait la scène du 4, genre « retenez moi où je fais un malheur », ce qui a permis à Erdogan de se faire attribuer par le Parlement des pouvoirs de guerre, le digne premier ministre turc a reculé d’un pas. Non, finalement il ne veut pas la guerre mais il ne désire que défendre la Turquie contre l'agression bien connue de la Syrie contre la souveraineté... turque.

Nous en sommes donc au sixième jour d’escarmouches sur la frontière turco-syrienne, où plutôt de quelques tirs d’obus de part et d’autre de la frontière, les turcs répondant aux tirs venant du côté syrien de la frontière. De l’armée syrienne bien évidemment.

Or stupeur et tremblement, le journal turc YURT vient de secouer la marre à purin dans laquelle se vautre la presstitute à propos de cette affaire de mortier tiré par l’armée syrienne sur le territoire turc. Et la conclusion que nous pouvons tirer de cet article, conclusion tout à fait inattendue d’ailleurs, c’est que l’armée syrienne serait armée par l’OTAN !
N’est-ce pas incroyable, chers lecteurs ?

Pardonnez-nous de conclure de la sorte mais voilà ce que dit RT à ce propos :

The mortar used to attack the Turkish town of Akcakale is a design specific to NATO and was given to Syrian rebels by Ankara, according to Turkey’s Yurt newspaper. The mortar killed one adult and four children from the same family on Wednesday.
(Sources : RT - 09.10.2012)

Vous comprenez pourquoi nous affirmons avec assurance que l’armée syrienne est équipée, contre toute attente, par l’OTAN puisque c’est, d’après la doxa en vigueur, cette dernière qui attaque la très innocente Turquie.
Mais c’est sans compter les lignes suivantes :

An article by the paper’s Editor-in-Chief, Merdan Yanardag, states that the newspaper received information from a reliable source, which claimed that Turkey itself sent the mortars to rebels in the so-called "free army."
(Sources : RT - 09.10.2012)

Oh, stupeur et damnation !
Désormais ce serait les rebelles qui attaqueraient délibérément leurs bienfaiteurs turcs ? Difficile à croire, chers lecteurs, pour des êtres aussi intelligents que nous le sommes.
A moins que... toute l’histoire ne soit un peu plus complexe ?
Mon Dieu, serait-il possible que toute cette affaire syrienne ne soit pas réduite à une histoire des bons contre les méchants ?

Le grand reporter anglais Robert Fisk, spécialiste du Moyen-Orient et vivant à Beyrouth depuis des années, nous donne quelques précisions dans son article à propos de la Syrie dans le journal The Independant. Il confirme ce que rapporte le journal turc Yurt et RT :

Typically, Al-Jazeera – to which I sometimes contribute my two-pence worth of thought – was the first channel to cover the response of local Turks to the killing of the family in Akçakale: they blamed their own Turkish government for using the village as a jumping off point for rebels entering Syria – and thus turning their town into a target.
(Sources : The Independant - Robert Fisk -  08.10.2012)

Eh oui, chers lecteurs, nous nous rapprochons ici un peu plus de la vérité. La région est utilisée par les rebelleux-terroristes, financés et équipés par nos soins et ceux de nos alliés démokrates saoudiens et qataris, comme point d’entrée principal en Syrie. Mais ne le dîtes pas à Erdogan car il n’est pas au courant ; sans quoi nous pourrions être certains qu’il interviendrait énergiquement, lui qui se montre si sourcilleux sur les questions de souveraineté... turque en tout cas. Or, l’armée syrienne repoussant les alliés rebelleux-terroristes du Ministre des Affaires Etrangères de la France et ses comparses des Représentants du Bien sur Terre (RBT) vers les frontières, nos alliés sembleraient donc dans une situation telle qu’ils tenteraient par tous les moyens de pousser la Turquie (en accord avec elle ?) à la guerre, et l’OTAN par la même occasion, en provoquant des incidents entre armée Turque et Syrienne. C’est ce que l’on appelle  une « false flag attack ».

Voilà comment l’analyste Dan Glazebrook résume l’affaire :

“On the one hand the [Turks] are trying to give cover to the rebels to continue their fight, as they know that the rebels are getting defeated on the ground so they are bombarding Syria as a way to help the rebels not lose too many of their positions,” Glazebrook told RT. “But I think also they may be hoping that they can somehow nudge, provoke NATO into taking action as well, into prompting a kind of blitzkrieg that is actually the only thing really that would enable the rebels to win now at this state.”
(Sources : RT - 09.10.2012)

Ceci dit Dan Glazebrook ne rapporte pas que le gouvernement turc est désormais très embarrassé par la présence sur son territoire de ces rebelleux-terroristes qu’il avait pourtant accueilli à bras grands ouverts à l’époque, lointaine, où il pensait que le gouvernement syrien tomberait comme un fruit mûr et que la Turquie pourrait en récolter tous les bénéfices. Aujourd’hui Erdogan et consort doit compter avec les réactions de plus en plus hostiles de la population turque, non seulement à une guerre avec la Syrie mais également à la présence des rebelleux-terroristes sur le territoire turc, comme on l’a vu plus haut.



Manifestation à Istanbul contre la guerre avec la Syrie.

Cela corrobore les analyses de certains qui pensent que Erdogan et consort tenteraient ainsi de créer une zone tampon sur la frontière turco-syrienne, mais en territoire syrien, où ils pourraient relocaliser hors de Turquie leurs hôtes devenus indésirables, apaisant ainsi la colère des populations frontalières qui, comme le rappelle très justement Robert Fisk, ont des liens étroits avec la Syrie.

"And another story that isn't being told. Syrian shells exploding in Turkey are largely landing in the province of Hatay (Akçakale is further east), but what is not being reported is that until 1939, Hatay was part of Syria – and that Syria still claims this coastal province as Syrian territory. The real story – since it involves Europe and Hitler – should be told. For hundreds of years, this territory was Syrian. Alexandretta (now Iskenderun) was the finest port in Syria. But as the power of Nazi Germany grew in the 1930s, the French, who then held the League of Nations mandate for Syria, decided to hand the whole place over to the Turks – in the hope that Turkey would join the Allied side against Hitler.


A fraudulent referendum was held and the mass of Arabs in the province – tens of thousands of them Alawites, who form the backbone of Assad's regime today – fled south, along with an almost equal number of Armenians who had survived the 1915 Turkish genocide. Today, the children and grandchildren of those Armenians tacitly support the Assad regime."

(Sources : The Independant - Robert Fisk - 08.10.2012)

Encore une fois l’éternelle question : à qui profite le crime ? fournira la réponse la moins biaisée pour comprendre les tenants et aboutissants de cette affaire.

Et la réponse est : certainement pas à l’armée syrienne.

Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.





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