Nous vivons à une époque étrange, un moment de notre histoire ou beaucoup d’entre nous ont le sentiment, justifié, que le monde tourne à l’envers, que l’humanité marche sur la tête ou que ce que nous nommons encore notre civilisation est en train de s'effondrer.
Cette vision des choses est consolidée par le travail de mésinformation incessant de ce que l’on appelle «les médias» et de tout ce qui est généralement associé au pouvoir qui engendre pour partie la confusion générale dans laquelle on baigne. Le problème est que ces gens là, ou de manière plus générale ce que l’on nomme «nos gouvernants», ne possèdent plus aucun outil, ni intellectuel, ni philosophique, ni historique et encore moins spirituel, pour comprendre quoi que ce soit à ce qui est en train de se produire sous nos yeux, ce qui a pour conséquence que toutes leurs entreprises ayant pour objet de nous tirer du désastre ambiant ne peuvent que nous y enfoncer encore plus puisqu’ils prennent les causes pour les remèdes; nous parlons de ces articles de foi aussi bien économiques que politiques auxquels ils s’accrochent en désespoir de cause, bien que ceux-ci aient amplement fait la preuve de leur nocivité étant donné que leur application fût la cause directe du désastre général dans lequel se retrouve l’humanité contemporaine.
Pourtant il arrive parfois que se fasse entendre, émergeant au dessus des grossiers gargouillements auxquels nous ont habitué nos dirigeants bien-aimés, un discours cohérent trahissant une pensée solide et par conséquent une vision claire de la situation actuelle. Bien entendu lorsqu’un tel événement se produit, ce qui est rare, les grognements d’indignation des cochons sur terre se font assourdissants, généralement pour tenter de masquer leur ignorance et leur incapacité à comprendre ce qui s’élève ainsi au dessus d’eux, à des hauteurs qui leur sont inaccessibles.
C’est ce qui se produisit le 8 juillet dernier.
Un discours intitulé «Facing the future» fût prononcé à Londres à l’occasion de la Richard Dimbleby Lecture. Si le titre est révélateur de l’intention de l’auteur le contenu, lui, nous dévoile la qualité et la hauteur de vue de ce dernier. Apparemment personne ne releva ce discours dans la presse autre que britannique, ce qui donna l’occasion à de nombreux cochons d’outre-Manche de se déchaîner. Mais il faut les comprendre car l’auteur du discours n’était autre que SAR le Prince de Galles. L’occasion était donc trop belle pour ne pas s’abaisser encore un peu plus ce qui, il faut bien l’avouer, constitue une prouesse étant donné qu’on était déjà dans le caniveau depuis longtemps. Mais ces attaques misérables, et la plupart du temps hors de propos, non seulement n’ont fait que mettre en exergue la qualité du discours et de la pensée de celui qui le prononçait mais en plus n’ont pas pu empêcher de faire ressortir les sentiments de malaise qui torturaient les pauvres cochons en question. Car leurs cervelas atrophiés furent incapables de réconcilier le contenu du discours avec l’identité de son auteur.
Car ce fût bien là ou le bas blessât. En effet ce discours remit soudain en cause toutes les croyances sclérosées et les dogmes trépassés sur lesquelles se reposaient et se reposent encore sur leurs deux oreilles pointues tous les Cochons sur Terre depuis les deux cent dernières années. Qu’est-ce à dire, me demanderez-vous?
Allons, cher lecteur, mettez-vous un peu à leur place! Qu’est-ce qu’un Prince, héritier du trône d’une des plus anciennes monarchie européenne, pouvait bien avoir à dire sinon un tombereau d’insanités toutes plus réactionnaires les unes que les autres ? Qu’est-ce qu’un Prince de Galles pouvait bien avoir à raconter à part exiger des mesures exceptionnelles de coercition afin de faire rendre gorge au bon peuple croupissant dans la misère et l’esclavage pour en tirer encore plus d’argent afin de lui permettre de se vautrer dans le luxe décadent que l’on connaît tous trop bien ? Qu’aurait-il pu faire d’autre sinon se conformer au mythe de la lutte des classes, ce qui revient à abolir toute individualité propre et toute indépendance d’esprit à tout un chacun; c’est à dire dans son cas obéir par réflexe purement conditionné aux instincts à consonance exclusivement matériels de sa classe, comme le chien du professeur Pavlov ? Qu’est ce qu’un Prince de Galles, nécessairement réactionnaire et par conséquent à contre courant du flot irrésistible du progrès, qu’est ce qu’un personnage tel que lui pourrait bien demander sinon, par exemple, le retour des fumeries d’opium du peuple afin de mieux l’asservir bien entendu, ou encore encourager un coup d‘état par l’armée afin de supprimer la démocratie ?
Le discours du Prince de Galles n’avait bien sûr rien à voir avec toutes ces pitreries d’un autre âge. Ce qu’avait à dire l’héritier du trône d’Angleterre était au contraire peut-être trop en avance pour son époque, ou plutôt pour les cervelas de Cochon sur Terre. En effet le contenu du discours était tout à fait, et même remarquablement, approprié aux problèmes de notre époque mais pas du tout aux cervelas sclérosés de Cochon sur Terre. Le Prince de Galles est donc de son temps ce qui n’est pas le cas de nos cochons à prothèses cérébrales.
Ce qui ressort en premier lieu de ce discours est sa vision globale de la situation contemporaine de l’humanité, c’est à dire le lien que l’auteur crée entre les différentes crises qui secoue aujourd’hui l’humanité pour aboutir à LA crise générale contenant toutes les autres; c’est à dire à ce que certains ont appelé très à propos la crise systémique globale. En d’autres termes le Prince Charles ne commet pas l’erreur de dissocier la crise écologique de la crise économique ni de la crise philosophique ou spirituelle que nous traversons. Non seulement il ne les sépare pas les unes des autres, ce que le cerveau mécaniste de nos dirigeants bien-aimés ne cesse de faire, mais surtout il les fait interagir les unes sur les autres ce qui interdit toute possibilité de guérir l’une sans tenir compte de l’autre ce qui, là encore, constitue la méthode, devrions-nous dire Coué?, de nos brillants dirigeants. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que toutes leurs tentatives sont et seront vouées à l’échec comme nous risquons d’en avoir une preuve supplémentaire dans les tout prochains mois.
Le Prince de Galles n’hésite pas à remettre en cause le système économique qui nous domine, à notre connaissance le seul responsable politique à l’avoir fait si ouvertement et si précisément. Il l’accuse, à juste titre, non seulement d’être à l’origine de la catastrophe écologique à laquelle l’humanité est confrontée mais aussi des désastres sociaux et économiques qui ont résulté de la mutation des moyens en fins. En d’autres termes le système économique est devenu une fin en soi au lieu de rester un simple moyen pour améliorer le sort de l'espèce humaine, entraînant de ce fait son expansion toujours plus grande à toutes les activités humaines, comme Marx l’avait bien vu; ou encore ce que l’on a appelé la marchandisation généralisée de tous les domaines de l’existence, dont l’ultime aboutissement fût la société de consommation telle que nous l’avons connu ces dernières années. Tout est monnayable, tout est marchandise y compris l’homme lui-même. Tout cela n’a pu se faire au cours des trois derniers siècles que par l’élimination progressive, et souvent brutale, de toutes les croyances et coutumes traditionnelles, c’est à dire par la destruction de toutes les sociétés traditionnelles par les forces déstructurantes du marché, c’est à dire par le règne du nihilisme le plus radical.
Bien entendu cela n’a pu avoir lieu que par la pensée sous-jacente que l’homme était le maître de la nature et que cette dernière n’était là que pour satisfaire ses besoins. Cette conception de l’homme se situant hors de la Nature nous vient de la tradition judéo-chrétienne, c’est à dire de la tradition biblique. Le Prince Charles n’a pas souligné l’origine de cette attitude de l’homme occidental, et désormais de tout homme touché par le virus du développement économique à tous crins. En revanche il a relevé sans ambiguïté que la principale origine de la catastrophe écologique venait de cette conception non seulement fausse mais pervertie du rôle et de la place de l’homme dans la nature, couplée à la perception mécaniste qui s’est emparée de l’homme moderne à partir du 17eme siècle entraînant le discrédit de toute conception philosophique et spirituelle; en bref cette conception matérialiste que l’homme moderne possède désormais de la nature mais aussi de lui-même a envahi les domaines de la philosophie et de la spiritualité en prétendant intégrer ces derniers dans son champs d’investigation alors qu’ils ne relèvent d’elle en aucun cas.
Ce discours, même si ce ne fût pas intentionnellement, met à nu tous les rapports politiques établis depuis deux cent ans, comme déjà indiqués plus haut. Nous pourrions même dire qu’il flanque à la poubelle, en révélant sa complète inadéquation à notre époque et aux enjeux contemporains, cette séparation artificielle des forces politiques actuelles entre gauche et droite. Ce discours révèle le noyau autour duquel se créera ce qui deviendra la nouvelle opposition au système que nous connaissons; c’est à dire ce qui constituera désormais la nouvelle ligne de fracture politique fondamentale qui s’affirmera de plus en plus dans les années à venir au fur et à mesure de la dégradation de la situation due aux échecs répétés de nos gouvernants à trouver des solutions aux problèmes inextricables créés par notre type d’organisation politique et économique actuel.
Ce discours a révélé au grand jour une nouvelle force qui n’est pas encore politiquement constituée mais qui est appelée à le devenir et avec laquelle il faudra désormais compter. Car elle constituera la nouvelle opposition, et la seule véritable, aux partis que nous connaissons, dits de droite et de gauche, mais qui sont et qui ont toujours été fondamentalement dans le même camp depuis l’origine, malgré le fait qu’ils n’aient pas cessé de prétendre le contraire, malgré le fait qu’ils n’aient pas cessé non plus de s’opposer l’un à l’autre, puisqu’ils reposent toutes deux sur les mêmes prémisses philosophiques héritées des Lumières. En réalité ces entités politiques, dites de droite et de gauche, vont désormais se retrouver officiellement du même bord par la force des choses en raison, précisément, de l’apparition de cette nouvelle mouvance sur la scène politique qui prendra toute sa place de parti d’opposition unique au système politique et économique que nous connaissons encore.
Le Prince Charles montre également à quel point cette force nouvelle, un jour prochain organisée politiquement, présente un potentiel de transformation du monde que nous connaissons encore mais qui s’écroule sous nos yeux. Il ne s’agit nullement d’un vague changement de gouvernance, il n’est pas question non plus d’une réforme économique de plus, nous ne parlons pas de forme de régime politique ou même de réforme sociale... Non il s’agit de tout autre chose ou, si l’on veut, de tout cela à la fois et plus encore. Qu’est-ce à dire?
Il s’agit d’un changement radical de notre mode de penser, de notre conception de la place de l’homme sur terre, de notre perception de la condition humaine; en bref cela implique un remplacement de toutes les prémisses philosophiques qui servaient de béquilles à la société que nous connaissons depuis bientôt 400 ans. Et s’il reste encore quelque chose à transformer lorsque nous en serons là alors oui cela engendrera bien évidemment des implications sociales, économiques et politiques. Mais c’est secondaire car il s’agit d’abord que les mentalités évoluent, ce qu’elles sont en train de faire rapidement, comme on peut déjà en voir les «green shoots» aux USA même si ce n’est encore le fait que d’une minorité de gens, mais une minorité grandissante.
Il est donc logique de conclure que si l’on veut résoudre les problèmes terribles que nous avons crée il nous faut désormais rejeter les anciennes manière de penser qui ont conditionné nos comportements irresponsables et suicidaires. En conséquence c’est d’un problème philosophique et spirituel qu’il s’agit et non pas seulement d’un problème économique et écologique. Tout se tient, comme déjà dit, mais c’est en remettant en cause nos croyances perverties en nous-mêmes et sur nous-mêmes, c’est à dire notre place dans le monde, que nous parviendrons peut-être à corriger nos erreurs, notamment vis à vis de notre environnement. A condition de nous y prendre dés maintenant puisqu’il semblerait qu’il ne reste que 96 mois avant que la situation ne devienne hors de contrôle.
En espérant que ce ne soit pas déjà le cas...
En attendant les cochons qui ont entendus ou lus le discours du Prince de Galles furent profondément troublés et psychologiquement très secoués. En effet tout à coup toutes leurs superstitions politiques se retrouvaient cul par dessus tête. Comment quelqu’un comme l’orateur en question pouvait bien faire un discours de ce genre alors qu’ils attendaient de tels propos de ce qu'ils appellent un «progressiste» pur jus...
Le discours ne correspondait pas dans leurs cervelas atrophié au personnage qui le prononçait. C’est pourquoi il y eut de nombreuses congestions cérébrales ce we en Angleterre à tel point que l’on crut un instant à une attaque terroriste d’un nouveau genre... Un coup des monarchistes réactionnaires contre les forces de progrès! Vous imaginez...
Soyez charitables, cher lecteur! Pendant deux cent ans et plus ces gens se sont imaginés comme les seuls illustres représentants des forces de progrès et voilà soudain que leurs superstitions sont découvertes; voilà soudain que les auto-proclamés «progressistes» sont mis à nu, à défaut du roi! Nous vous le disions c’est le monde à l’envers! Voilà soudain que non seulement le Prince de Galles n’est plus le réactionnaire qu’ils croyaient mais qu’au contraire il serait bien plutôt un véritable représentant de l’avenir... tandis qu’eux, les soit-disant «progressistes» de gauche seraient bel et bien des hommes du passé tout autant que leurs confrères de droite.
En bref les réactionnaires ne seraient peut-être pas ceux qu’on croyait.
Aie aie, aie!
Vous pouvez trouver le discours prononcé par le Prince de Galles sur son site: www.princeofwales.gov.org
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