vendredi 10 juillet 2009

G8: La France et le dollar.

La conférence de presse donnée par le Président Français le Jeudi 9 Juillet 2009 au cours du sommet du G8 a dévoilé une prise de position qui pourrait avoir des conséquences extraordinaires et plus rapides que prévu pour le système monétaire international.


Le président français s’est déclaré sur la fameuse question d’une nouvelle monnaie de référence remplaçant le dollar. Et ce fût sans aucune ambiguïté que le Président Sarkozy a déclaré qu’il fallait changer l’état des choses actuel, c’est à dire remplacer le dollar même s’il n’a pas utilisé ces termes et qu’il n’a pas prononcé le mot «dollar».

Après avoir rappelé que le système monétaire actuel, aujourd’hui moribond, avait été crée il y a soixante ans pour une configuration politique et économique adéquate à l’époque, il a déclaré qu’aujourd’hui cette situation ne correspondait plus à la réalité du monde actuel, ce qui signifie en clair que la situation que nous connaissons était obsolète et dangereuse; ce qui est vrai. Il a donc logiquement posé la question suivante:


  • «Est-ce qu’un monde multipolaire politiquement ne doit pas correspondre à un monde multimonétaire économiquement?»


C’est ainsi qu’à la suite de la Russie, de la Chine et autres, la France vient de faire savoir officiellement par la voix du chef de l’Etat qu’elle se ralliait à l’idée du remplacement du dollar comme monnaie de référence mondiale. Nous ne doutons pas que l’Allemagne se déclarera en faveur de cette proposition et qu’en conséquence l’Europe ne suive dans cette voie, à l’exception probable du Royaume-Uni, bien que même cela ne soit plus aussi évident qu’auparavant. Il est certain que la situation financière plus que préoccupante de ce pays, si elle venait à s’aggraver au cours des prochains mois, ce que de nombreuses personnes s’accordent à penser, pourrait changer la donne de manière spectaculaire.


C’est ainsi que dans tous les cas de figure le fait que la position de l’Europe sur cette question essentielle puisse rejoindre rapidement celle de la Chine, de la Russie, des pays arabes et de nombreuses autres nations comme le Brésil, il est sûr donc que cela contribuera à isoler complètement les USA et à rendre leur position intenable. Cela d’autant plus si, comme beaucoup s’y attendent, un nouveau séisme financier se déclenche d’ici quelques mois aux Etats-Unis. D’ailleurs il ne faudrait pas écarter l’hypothèse selon laquelle, en cas de résistance désespérée de ces derniers, une décision ne soit prise sans eux par les autres pays unanimes pour ce faire. Une décision sans eux, et contre eux par définition, mais surtout en faveur du reste du monde.


Le Président n’a pas indiqué quelles étaient les préférences de la France en cette matière mais il a au contraire pris soin de laisser la porte ouverte à toutes les propositions déjà faîtes, y compris celle du FMI, ce qui ne fait que renforcer sa prise de position sur la nécessité d’un tel changement.


Une question que nous nous étions déjà posé lors de l’entrée de la France dans l’Otan revient en force à la vue de la politique étrangère du Président français depuis six mois: n’a t’il pas su anticiper la perte de puissance des Etats-Unis et, discrètement mais non sans une certaine habileté, replacer la France comme un des acteurs majeurs de la nouvelle organisation mondiale qui émergera de ce naufrage?




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