mercredi 28 novembre 2012

Arabie Saoudite : la mort du roi apportera t'elle une révolution de palais où une révolution tout court ?

Selon le journal saoudien Asharq Alawsat du 26 Novembre, le Roi Abdullah d’Arabie Saoudite serait dans un état de mort clinique après avoir subi une intervention chirurgicale de onze heures prévue de longue date. Le Roi est âgé de 91 ans et de santé fragile.

Cette nouvelle, si elle était confirmée, ouvrirait à nouveau la question explosive de la succession au trône en Arabie Saoudite, bien qu’il y ait un Prince Héritier en la personne du frère cadet du Roi, le Prince Salman bin Abdul Aziz al Saud, âgé de 77 où 78 ans. Mais cela ne calme pas les spéculations et les anxiétés dans les chancelleries du Golfe et à Washington, car la santé du Prince héritier est réputée être aussi chancelante que celle de son monarque de frère.

Vous pourriez vous demander, chers lecteurs sagaces, pourquoi le Prince Héritier est presque aussi âgé que son frère ; pourquoi n’est-il pas le fils ainé du roi, c’est à dire appartenant à la génération suivante. Simplement parce que la loi de succession au trône saoudien est un peu compliquée puisque les monarques sont généralement les frères des précédents en partant du plus âgé vers le plus jeune. Une fois la fratrie éteinte, on passe à la génération suivante. Le problème est qu’aujourd’hui la génération des petit fils du Roi Abdul Aziz sont eux-mêmes très âgés, que certains ne sont pas en état de régner pour diverses raisons, et qu’en conséquence la désignation d’un héritier au trône est loin d’être évidente en raison des disputes intenses auxquel les une règle mal établie donne lieu entre les différents prétendants.

Pour remédier à ce problème majeur, le roi actuel mit en place en 2006 un « Conseil d’allégeance », constitué de différents membres de la famille royale et chargé de régler, entre autre, le problème de la désignation du Prince héritier. Mais ce Conseil fût marginalisé dés le début dans le processus de décision ; la nomination de l’actuel Prince Héritier est une preuve de son inutilité, puisque le Prince Salman est atteint d’Alzheimer, ce qui aurait dû le disqualifier à l’évidence. Mais des raisons de politique familiale ont pris le pas sur des procédures fermes et réglées.

Les Saoudiens se retrouvent donc aujourd’hui face à l’inconnu en ce qui concerne la nomination du successeur du Prince héritier actuel, lorsque celui-ci deviendra roi à la mort de son frère. Il semblerait qu’on y soit.

Les craintes sont donc grandes de voir une bataille rangée se développer au sein de la famille royale saoudienne afin de s’emparer du pouvoir à la mort du roi Abdullah. Car si le Prince Salman est atteint d’Alzheimer, il faudra néanmoins lui nommer un héritier et il ne sera probablement pas en mesure d’imposer son choix, s’il est capable d’en avoir un. Ce qui ne semble pas assuré, tant s’en faut.

Parmi les favoris, il y a trois petits enfants du roi Abdul Aziz qui sont en lice. Ce sont ceux que l’on nomme les « Princes armés », car ils ont sous leurs ordres des forces armées précisément :

- Khalid bin Sultan, Ministre de la défense.
- Mutaib bin Abdullah, Commandant de la Garde Nationale, supposé favori des Américains.
- Mohammad bin Nayef, chef des services de sécurité internes, y compris les forces de sécurité qui sont mieux entrainées, mieux équipées et plus nombreuses que la Garde Nationale.

Il semblerait que la question se règlera entre les deux derniers cités. Nous verrons.
Pour le moment, la question est celle de la stabilité de la Péninsule Arabique, à commencer par celle du Royaume lui-même, déjà menacé par les émeutes shiites à l’Est, sans compter les mécontentements de la jeunesse saoudienne sans travail pour 50 % d’entre elle. De même, les émeutes en Jordanie, à Bahrain et à Koweit, sans parler de l’exemple égyptien, ne restent pas sans portée sur la population saoudienne.

Il est certain que si la succession au trône saoudien débouchait sur une guerre interne entre prétendants, cela n’améliorerait pas la stabilité déjà fragile du Royaume. Et certains pourraient en profiter pour tenter de se soulever en prenant exemple sur les voisins. Si cela advenait, il est fort probable que ce serait la Péninsule toute entière qui sombrerait dans les émeutes et peut-être bien les révolutions.

Quels types de régime sortira t-il de tout cela ?
Quelle sera l’attitude du Qatar, dont les ambitions territoriales vis à vis de l’Arabie Saoudite ne sont un secret pour personne ?
Quelle sera l’attitude des shiites saoudiens qui habitent les régions pétrolifères du Royaume ? Demanderont-ils l’indépendance ?
L’Arabie Saoudite se fractionnera t-elle, ainsi que l’avaient rêvé certains technocrates du Pentagone il y a quelques années, à l’époque des néo-conservateurs et du remodelage du Moyen-Orient ?
Les FM prendront-ils le pouvoir ?

Nous n’en savons rien, sauf que rien ne se passera comme nous l'avions prédit où comme nous le voudrions. 
D'où l'inquiétude et la nervosité de nos dirigeants bien-aimés.
Cela ne doit pas nous empêcher de prévoir dés à présent une bicyclette et des pulls pour les longues soirées d’hiver sans chauffage, lorsque le baril de pétrole avoisinera les $300.

Mais pour le moment, tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.

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