jeudi 22 novembre 2012

Gaza vu par Noam Chomski.

Le célèbre professeur Américain de linguistique et philosophe, Noam Chomski, s’est rendu à Gaza du 25 au 30 Octobre 2012.
A son retour il a écrit cet article que nous avons traduit de l’Anglais en Français.


« Une simple nuit en prison suffit pour vous donner le goût de ce que signifie de vivre sous le contrôle absolu d’une force extérieure. Et il ne suffit pas de passer plus d’une journée à Gaza pour ressentir ce que c’est que de tenter de survivre dans la plus vaste prison en plein air de la planète, où vivent 1.5 millions de personnes, dans la zone la plus densément peuplée du monde, qui sont sujets à la terreur la plus sauvage et la plus imprévisible comme aux punitions les plus arbitraires, sans aucun autre objectif que l’humiliation et la dégradation, et avec le but plus lointain de faire en sorte que les espoirs des Palestiniens d’avoir un futur décent soient anéantis et que le soutien général pour un règlement diplomatique leur accordant ces droits soient nuls.

La force de la détermination de l’establishment politique israélien à cet égard fut illustré à nouveau de manière spectaculaire depuis quelques jours lorsqu’ils ont menacés de devenir « fous » si certains des droits limités des Palestiniens étaient reconnus par l’ONU. Ce n’est pas nouveau. La menace devenir « fous » est profondément enracinée dans les années 50, du temps des gouvernements travaillistes, allant de pair avec le « complexe de Samson » : nous détruirons les murs du temple si ceux ci sont franchis. C’était une menace sans conséquence alors ; mais pas aujourd’hui.

Humilier à dessein n’est pas nouveau non plus, bien que cette tactique prenne constamment de nouvelles formes. Il y a trente ans, les leaders politiques, y compris certains réputés comme étant les plus durs des faucons, rapportèrent au Premier Ministre d’alors Menahem Begin un rapport choquant et détaillé sur la manière dont les colons traitaient régulièrement les Palestiniens de la manière la plus abjecte et dans la plus totale impunité. Le célèbre analyste politico-militaire Yoram Peri écrivit avec dégout que le rôle de l’armée n’était plus de défendre l’Etat mais de « démolir les droits de populations innocentes uniquement parce qu’ils étaient des « araboushim » qui vivaient sur des territoires que Dieu nous avait promis ».

Les Gazaris ont été particulièrement choisis pour subir un traitement particulièrement cruel. Il est presque miraculeux que des êtres humains puissent supporter une existence pareille. La manière dont ils y parviennent fût relatée il y a trente ans dans les mémoires de Raja Shehadeh (« The third way ») qui sont basées sur son travail en tant qu’avocat engagée dans la tâche sans espoir de tenter de protéger des droits basiques à l’intérieur d’un système conçu pour que cela ne puisse aboutir, et son expérience personnelle en tant que « samid » qui voit sa propre maison transformée en prison par des brutes nommés « occupants » sans pouvoir rien y faire sinon supporter.

Depuis que Shehadeh a écrit la situation est devenu bien pire encore. Les accords d’Oslo, célébrés en grande pompe en 1993, déterminèrent que Gaza et the West Bank étaient une seule et même entité territoriale. Mais les USA et Israel avaient déjà leur projet de séparer complètement les deux territoires l’un de l’autre, de manière à bloquer un accord diplomatique et à punir les « araboushim » dans les deux territoires.

La punition des Gazaris devint encore plus dure en Janvier 2006, lorsqu’ils commirent un acte impardonnable : ils votèrent de la « mauvaise manière » lors des premières élections libres du monde arabe, c’est à dire qu’ils votèrent pour le Hamas.
Faisant alors la preuve de leur attachement passionné pour la démocratie, les USA et Israël, suivis timidement par l’UE, assiégèrent immédiatement Gaza tout en l’attaquant militairement de manière intensive. Les USA se mirent instantanément à mettre en oeuvre les procédures habituelles lorsque des populations désobéissantes élisent les « mauvais gouvernements » : préparer un coup d’état pour rétablir l’ordre.

Les Gazaris commirent une faute encore plus impardonnable un an plus tard en empêchant le coup d’état ce qui conduisit à une intensification drastique de l’état de siège et des attaques militaires. Cela culmina en 2008-2009 avec l’opértion «cast lead», l’un des plus pervers et lâche exercice de puissance militaire des dernières années, alors qu’une population civile sans défense, emprisonnée sans aucun moyen pour s’échapper, fût soumise à des attaques incessantes par l’une des armées techniquement les plus avancées du monde, fournie en armement et protégée diplomatiquement par les USA. Un témoignage inoubliable de ce massacre fût donné par ces deux courageux médecins norvégiens qui travaillèrent dans l’hôpital principal de Gaza pendant ces attaques sans merci : Mads Gilbert et Eric Fosse et leur livre  « eyes in Gaza ».

Le Président nouvellement élu, Obama, fût incapable de dire un mot, à part répéter toute la chaude sympathie qu’il avait pour les enfants qui subissaient des attaques, les enfants de la ville israélienne de Sderot. Cet attaque soigneusement planifiée fût interrompue juste avant son inauguration, ce qui lui permit de dire que dorénavant il fallait regarder vers l’avenir et non vers l’arrière, excuse commune aux criminels.

Bien sûr il y eut des prétextes, il y en a toujours. Le plus utilisé, celui qu’on ressort toujours pour l’occasion, la sécurité :  dans ce cas ce furent les roquette fabriquées sur place à Gaza. Comme toujours ce prétexte manque totalement de crédibilité. En 2008 une paix fût établie entre Israël et le Hamas. Le gouvernement israélien reconnut formellement que le Hamas l’observa complètement. Le Hamas ne tira pas une seule roquette avant qu’Israël ne rompe la paix, sous la protection des élections US du 4 Novembre 2008, en envahissant Gaza sur des bases douteuses et en tuant 12 militants du Hamas. Pourtant le gouvernement israéliens fût informé par les plus hautes autorités du renseignement israéliens que la paix pouvait être renouvelée en assouplissant le blocus criminel et en cessant les attaques militaires. Mais le gouvernement de Ehud Olmert, réputé être une «colombe», choisit de rejeter cette option, préférant recourir à l’énorme avantage comparatif qu’il avait dans l’usage de la violence : opération « cast lead ». Les faits concrets sont passés en revue une fois de plus par l’analyste de politique étrangère Jerome Slater dans le numéro courant du journal de Harvard-MIT : « International Security ».

Le schéma des bombardement effectués lors de l’opération «cast lead» furent soigneusement analysés par le très informé et internationalement respecté avocat des droits de l’homme, Raji Sourani. Il souligna que les bombardements furent concentrés dans le Nord, prenant pour cible les civils sans défense dans les zones les plus peuplées, sans aucun motif militairement valable. Le but, pense t’il, fût de repousser ainsi la population intimidée vers le Sud, près la frontière égyptienne. Mais la population resta sur place en dépit de l’avalanche de terreur israélo-US.

Un autre but pourrait avoir été de les repousser au-delà de la Palestine. Au temps des premiers jours de la colonisation sioniste il était courant d’entendre que les arabes n’avaient aucune raison valable de rester en Palestine ; ils pouvaient être tout aussi bien être ailleurs, et devaient donc partir - poliment dit «transférés», suggérèrent les colombes. Ceci est surement une très grande cause d’inquiétude en Egypte, et probablement une des raisons pour lesquelles l’Egypte n’a pas rouvert sa frontière et laisser passer librement les civils et des marchandises désespérément nécessaires.

Sourani et d’autres sources très bien renseignées pensent que la discipline des Gazaris cache un baril de poudre qui pourrait exploser à n’importe quel moment, sans avertissement, comme ce fut le cas de la première intifada en 1989 après des années de répressions insupportables qui n’attirèrent nulle attention où inquiétude.

Mentionnons seulement un cas parmi d’innombrables autres : juste après le début de l’Intifada une petite fille palestinienne fut tuée par balle dans une cour d’école par un résident d’une colonie juive voisine. Il faisait partie de ces milliers de colons israéliens amenés à Gaza en violation des lois internationales, protégés par une armée omniprésente, confisquant la plupart des terres et des rares ressources en eau potable, « vivant comme des «nababs» dans 22 colonies au milieu de 1.4 millions palestiniens totalement démunis » ; c’est ainsi que le décrit le professeur israélien Avi Raz. Le meurtrier de l’enfant, Shimon Yifrah, fut arrêté puis promptement relaché sous caution car la Cour conclut que « la faute n’était pas assez grave pour justifier une détention en prison». Le juge déclara que le meurtrier n’avait pas voulu tuer l’enfant  en lui tirant dessus dans la cour de l’école, mais simplement lui faire peur, ce qui, conclut-il, « ne relevait donc pas du cas d’un criminel méritant d’être puni, empêché de récidiver et lui donner une leçon en l’emprisonnant». Yifrah fut condamné à 7 mois de prison avec sursis, tandis que les colons réunis dans le tribunal se mirent à danser et à chanter. Ailleurs le silence habituel régna. Car après tout, ce n’est que la routine.

Ainsi fut fait. Yifrah fût libéré, l’armée israélienne rapporta qu’une patrouille de l’armée fit feu dans la cour d’une école pour garçon de 6 à 9 ans d’un camp de réfugiés de la West bank, en blessa cinq, sous le prétexte de simplement « to shock them ». Il n’y eut aucune inculpation et l'événement, une fois de plus, n’attira aucune attention. Cela faisait juste partie du programme « illiteracy as punishment », ainsi que le rapporta la presse israélienne, programme qui inclut la fermeture des écoles, l’utilisation de gaz lacrymogène, le tabassage des étudiants avec les crosses de fusil, et la prévention de l’aide médicale aux victimes qui en auraient besoin. En dehors des écoles, un règne de la brutalité encore pire, devenant encore plus sauvage sous l’Intifada, d’après les ordres du Ministre de la Défense Yitzhak Rabin, une autre colombe si admirée.

Mon impression initiale, à l’issue d’une visite de plusieurs jours, fut de la stupéfaction, non seulement par leur capacité à continuer à vivre, mais aussi par la vitalité et l‘énergie dont font preuve les jeunes gens, particulièrement dans les universités, où j’ai passé la plupart de mon temps participant à une conférence internationale. Mais là aussi on pouvait sentir à certains signes que la pression pourrait devenir trop forte pour être supportée. De nombreux rapports indiquent que les jeunes hommes sont rongé par la frustration, sachant que sous l’occupation Israélo-US le futur ne peut rien leur apporter de bon. Il y a une limite à ce que des animaux prisonniers peuvent endurer, et il pourrait bien y avoir un jour une explosion, sous des formes pas très belles - offrant ainsi aux Israéliens et leurs thuriféraires occidentaux une opportunité en or pour condamner ces gens qui sont culturellement arriérés, ainsi que l’a expliqué si finement Mitt Romney.

Gaza a l’apparence typique d’une société du tiers monde, avec des poches de richesses entourées de la plus ignoble pauvreté. Mais il ne s’agit pas de « sous développement ». Il s’agit plutôt de « de-développement », fait de manière systématique, selon les termes de Sarah Roy, la meilleure spécialiste universitaire sur Gaza. La bande de Gaza aurait pu devenir une région prospère de la Méditerranée, dotée d’une riche agriculture et d’une industrie de pêche florissante, de merveilleuse s plages et, comme cela fût découvert il y a une dizaine d’années, d’importantes réserves de gaz situées dans ses eaux territoriales.

Coïncidence où non, c’est à ce moment là qu’Israël renforça son blocus naval et rejeta les navires de pêche palestiniens à moins de 3 miles du rivage.

Ces perspectives favorables furent enterrées en 1948 lorsque la bande de Gaza dût faire face à un torrent de réfugiés palestiniens terrorisés fuyant om ayant été expulsés de ces territoires qui devinrent ce qui est aujourd’hui Israël, dans certains cas plusieurs mois après le cessez le feu officiel.

En vérité certains furent même expulsés 4 ans après, ainsi que le rapporta Ha’aretz (25.12.2008), dans une étude très bien faite par Beni Tziper sur l’histoire de la ville israélienne de Ashkelon depuis les Cananéens. En 1953, explique t’il, il y eut un « froid calcul sur la nécessité de nettoyer la région de toute présence arabe ». Son nom originel, Majdal, avait déjà été judaisé en ce qui est aujourd’hui Ashkelon.

Cela se passa en 1953, alors qu’il n’y avait aucune nécessité militaire pour faire cela. Tziper lui-même est né en 1953, et quand il marche dans ce qui reste de l’ancien quartier arabe de la ville, il se fait la réfléxion : « C’est très difficile pour mi, vraiment très difficile de penser que tandis que mes parents fêtaient ma naissance, des gens étaient chargés dans des camions et expulsés de leurs maisons. »

Les conquêtes d’Israël en 1967 infligèrent d’autres destructions. Puis vinrent les terribles crimes déjà évoqués, qui se poursuivent jusqu’à aujourd’hui.

Les signes sont faciles à voir, même au cours d’une brève visite. Assis dans un hôtel au bord du rivage, on peut entendre les tirs de mitrailleuses des canonnières israéliennes tirant sur les bateaux de pêche palestiniens pour les chasser des eaux territoriales de Gaza vers le rivage, ce qui les force à pêcher dans des eaux fortement polluées à cause du refus des Israélo-US de laisser les Gazaris reconstruire les centrales électriques et les stations d’épuration qu’ils détruisirent.

Les accords d’Oslo avaient prévus deux usines de désalinisation, une nécessité absolue dans cette régions aride. L’une d’entre elle fût construite : en Israël. La seconde est à Khan Yunis, dans le Sud de Gaza. L’ingénieur chargé d’obtenir de l’eau potable pour la population expliqua que la station fût conçu de telle manière qu’elle ne peut pas utiliser de l’eau de mer, mais simplement utiliser de l’eau située dans le sous-sol, un procédé moins cher mais qui épuise la déjà faible réserve aquifère existante, ce qui garanti de graves problèmes dans un futur proche. Même avec cette station, l’eau est séverement rationnée. The United Nation Relief and Works Agency qui ne s’occupe que des réfugiés à Gaza, a récemment fait produit un rapport avertissant que l’épuisement de la nappe phréatique serait bientôt irréversible, et que sans action immédiate, Gaza serait inhabitable dés 2020.

Israël permet à du béton d’entrer à Gaza pour les projets de l’UNRWA, mais n’autorise pas les Gazaris à participer aux énormes travaux de reconstruction nécessaires à Gaza. Le matériel reste donc inutilisé puisque Israël ne permet pas aux pièces de rechange nécessaire aux réparations d’entrer. Tout cela fait partie du programme général décrit par Dov Weisglass, conseiller du premier ministre Ehud Olmert, après que les Palestiniens désobéirent aux ordres lors des élections de 2006 :
« L’idée, dit-il, est de mettre les Palestiniens à la diète, mais pas de les affamer où de les faire mourir». Cela ferait mauvais effet.

Ce plan est scrupuleusement appliqué. Sara Roy en produit de multiples preuves dans  ses études sur la question. Récemment, après plusieurs années d’efforts, l’organisation pour les droits de l’homme Gisha, parvint à obtenir un ordre de la cour de justice pour que le gouvernement dévoile ses archives concernant ses plans pour infliger cette diète, et la manière dont ils sont appliqués. Le journaliste vivant en Israel Jonathan Cook les résume ainsi :

« Les officiels du Ministère de la santé effectuèrent les calculs pour savoir quel était le minimum de calories nécessaires aux 1.5 millions de Gazaris pour éviter une sous alimentation générale. Ces resultats furent alors traduits en camions de nourriture qu’Israël est supposé autoriser à entrer dans Gaza chaque jour... Une moyenne de 67 camions seulement par jour entrèrent à Gaza tous, en fait beaucoup moins que la moitié du minimum nécessaire. Ces chiffres sont à comparer avec les 400 camions qui entraient chaque jour avant le blocus ».

Et même ces estimations de 67 camions paraissent trop généreuses, selon un rapport officiel des Nations Unies.

Le résultat de cette diète, selon le spécialiste du Moyen-Orient Juan Cole, c’est que «10 % des enfants de moins de 5 ans à Gaza ont vu leur croissance empêché par la malnutrition... De plus l’anémie st très répandue, affectant les 2/3 des enfants, 58 % des écoliers et 1/3 des femmes enceintes». Les USA et Israël veulent s’assurer que seule la stricte survie est possible à Gaza.

«Ce dont il faut se souvenir», observe Raji Sourani, «c’est que l’occupation et le blocus sont des atteintes permanentes à la dignité des habitants de Gaza en particulier et des Palestiniens en général. Cette conclusion est confirmée par de nombreuses sources. Dans l’un des meilleurs journaux médical du monde, The Lancret, un médecin de Stanford en visite à Gaza, horrifié par ce dont il fut le témoin, décrivit Gaza comme « une sorte de laboratoire pour observer l’absence de dignité», ce qui a des effets dévastateurs sur le bien-être physique, mental et social. «la surveillance permanente venant du ciel, punition collective par le blocus et l’isolation, l’intrusion dans les maisons et à travers les moyens de communication, les restrictions imposées à ceux qui veulent voyager, se marier où travailler, tout cela rend très difficile l’exercice d’une existence digne à Gaza.» Les Araboushin doivent apprendre à ne pas relever la tête.

Il y eut des espoirs que le nouveau gouvernement Egyptien de Morsi, moins en cheville avec le gouvernement israélien que le régime soutenu par l’Occident de Moubarak, puisse rouvrir la frontière à Rafah, le seul accès vers l'extérieur qui ne soit pas sujet au contrôle direct israéliens pour les Gazaris emprisonnés. Il y eut de timides ouvertures mais bien peu. La journaliste Laila El Haddad a écrit que la réouverture sous Morsi « était simplement un retour au statu quo des années passées : seuls les Gazaris possédant une carte d’identité approuvée par les Israéliens peuvent traverser la frontière», excluant ainsi un très grand nombre de Palestiniens, y compris dans la famille El Haddad, où seule une femme mariée possède une carte.

De plus, ajoute t’elle, «le check point de Rafah ne mène pas à la West Bank et n’autorise pas non plus le transit de marchandises qui ne peuvent entrer à Gaza que par les passages contrôlés par les Israéliens qui interdisent l’entrée des matériaux de construction et les exportations ». Le point de passage de Rafah ne change pas le fait que «Gaza reste sujet à un siège aérien et maritime extrêmement strict et reste interdit aux échanges culturels, économiques et académiques avec les autres Territoires Palestiniens (West Bank), en violation des obligations Israélo-US garanties par les accords d’Oslo.

Les effets de tout cela en tristement visibles. A l’hôpital Khan Yunis, le directeur, qui est aussi le chef du département de chirurgie, explique avec colère et énergie que manquent même les médicaments destinés à soulager les patients de leurs douleurs, tout comme les équipements de chirurgie les plus simples, laissant ainsi les médecins sans aide et les malades dans la douleur. Les multiples histoires personnelles rendent bien concret l’écoeurement général que l’on ressent face à l'obscénité de cette occupation terrible. Un exemple est le témoignage de cette jeune femme,  qui était déséspérée par la mort de son père à l’âge de 60 ans après six mois de lutte contre un cancer, lui qui aurait été fier qu’elle soit devenue la première femme du camp de réfugiés à avoir obtenu un diplôme d’étude supérieure. Les occupants israéliens lui refusèrent la permission d’aller se faire soigner dans un hôpital israélien. « J’ai dû stopper mes études, mon travail et ma vie pour aller m’asseoir près de son lit. Nous étions tous assis là, y compris mon frère le médecin et ma soeur la pharmacienne, tous sans pouvoir rien faire et sans aucun espoir, à le regarder souffrir. Il mourut durant le blocus inhumain de Gaza à l’été 2006 au cours duquel il n’y avait presque aucun accès à une aide médicale. Je crois que se sentir aussi impuissant et sans aucun espoir est le sentiment le plus terrible qu’un être humain puisse connaitre. Cela tue l’esprit et brise le coeur. Vous pouvez combattre l’occupation mais vous ne pouvez pas lutter contre ce sentiment d’impuissance. Vous ne pouvez même pas l’effacer ».

Ecoeuré par l’obscénité, rongé par la culpabilité : il est en notre pouvoir de faire cesser ces souffrances et permettre ainsi aux Palestiniens de profiter de cette existence de paix et de dignité qu’ils méritent ».

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