Eh oui, chers lecteurs, ce n’est pas du tout politiquement correct.
Pourtant c’est bien la vérité : le Koweit et Bahrain font face à des émeutes depuis des mois (20 mois pour Bahrain) et presque personne n’en parle. C’est normal, ce sont nos alliés très chers et nous ne voulons pas leur faire de peine. Tandis que la Syrie ce n’est pas la même chose, n’est-ce pas, puisque c’est nous qui organisons les émeutes et la soit disant rébellion. C’est amusant de voir associé ce mot de « rébellion » à des mercenaires convoyés de l’étranger, par l’étranger, et armés et payés par l’étranger pour combattre en Syrie et aider à l’instauration de la sharia en détruisant un état laïc et nationaliste. On ne peut donc pas parler de « rebelles » dans le cas syrien. De mercenaires uniquement. Et de terroristes surtout.
En revanche, on ne peut pas en dire autant de Bahrain où du Koweit. Car dans ces deux états du Golfe, il ne s’agit pas de mercenaires payés et armés par l’étranger mais bel et bien de la population autochtone en révolte contre ses dirigeants.
Mais c’est bien gênants car ces dirigeants sont nos alliés à qui nous fournissons avec empressement les meilleurs armes afin qu’ils puissent régler son compte à leur population. Pour couronner le tout ce ne sont pas des régimes démokratiques comme nos propres gouvernants les aiment tant.
Donc il vaut mieux se taire.
Alors parlons-en.
A Bahrain la situation se détériore.
Depuis 20 mois il y a des émeutes à Bahrain, ce qui fit intervenir très fraternellement les Saoudiens, inquiets que ces révoltes ne se propagent chez eux, particulièrement dans les territoires bordant le Golfe Persique où vivent les 30% de chiites du Royaume. C’est malheureusement là aussi que se trouvent les gisements de pétrole saoudiens.
La vie est mal faite...
Pourtant rien n’y a fait. Ces entêtés d’émeutiers n’ont toujours pas compris (au bout de 20 mois !) que les Saoudiens étaient venu rétablir l’ordre avec leurs chars tout neufs, à peine sortis des usines américaines, pour leur plus grand bien.
L’intervention saoudienne n’a pas réussi à calmer les ardeurs des émeutiers. Depuis vingt mois déjà, Bahrain vit au rythme des rassemblements de l’opposition au gouvernement, de la répression armée du dit gouvernement qui a, entre temps, enrôlé des mercenaires (lui aussi, décidément c’est une manie dans la région. Il y doit y avoir de bonnes adresses...) afin de lutter contre sa propre population. Mais rien n’y fait. Ni les coups de matraque, ni les descentes de police, ni les destructions de mosquées chiites, ni les persécutions, les tortures où les emprisonnements etc...
Depuis quelques temps la répression s’intensifie.
Neuf docteurs furent emprisonnés pour avoir soit disant participer aux émeutes de l’année dernière en soignant les blessés à l’hôpital.
Earlier this month, Bahrain's top court confirmed the jail sentences for nine doctors sentenced for their role in last year’s pro-democracy protests. The BCHR 20 doctors and medics in total were targeted for their role in providing treatment to those injured by government security forces at the inception of the Bahraini uprising in February 2011. The five currently on hunger strike say they were “subjected to severe torture” and were forced into their confessions.
Quatre personnes furent emprisonnées pour avoir insulter le roi sur twitter (quant on vous dit que nos mails sont lus !)
Bahrain’s public prosecutor Ahmad Bucheeri said the four unidentified men were interrogated and charged with slandering King Hamad bin Isa Al Khalifa.
“They will be held in custody for seven days and will face an urgent trial before the criminal court,” he continued.
Bucheeri stressed that Bahrain’s constitution guaranteed freedom of opinion and expression, but said “this freedom should not clash with the social precepts and traditions.” He did not elaborate on what the relevant tweets said.
“They will be held in custody for seven days and will face an urgent trial before the criminal court,” he continued.
Bucheeri stressed that Bahrain’s constitution guaranteed freedom of opinion and expression, but said “this freedom should not clash with the social precepts and traditions.” He did not elaborate on what the relevant tweets said.
31 opposants au régime se sont vus supprimer leur nationalité au motif qu’ils mettaient en péril la sécurité de l’Etat.
Deux militants des droits de l’homme les plus en vue à Bahrain furent arrêtés pour avoir envoyer des twitts anti-gouvernementaux. L’un d’eux, Nabeel Rajab, vient d’être condamné à 3 ans de prison pour
“participation in an illegal assembly” and “calling for a march without prior notification.”
Ce qui n’est aujourd’hui plus possible à Bahrain. En effet, le gouvernement bahraini a interdit tout rassemblement où manifestation dans les rues le mois dernier. Tout simplement. C’est plus pratique et en théorie cela règle le problème. Plus de rassemblements, plus d’émeutes, l’ordre est rétabli et le business peut reprendre « as usual ».
Le doux commerce n’adoucit-il pas les mœurs ?
Mais depuis quelques jours la situation parait prendre un nouveau tour. En effet Cinq bombes ont explosé dans la capitale, faisant deux morts et quelques blessés. Le gouvernement condamné ces explosions en en rendant l’opposition responsable, sans aucune preuve, tandis que cette dernière soupçonne le gouvernement d’avoir monté l’opération afin de se donner un bon prétexte pour rétablir la loi martiale.
Bref, la situation parait s’envenimer. La contestation se répandra t’elle chez les voisins, les autres petromonarchies du Golfe ?
En Arabie Saoudite, et en dépit du silence des médias de désinformation, la contestation existe déjà mais elle est durement réprimée, notamment dans les provinces de l’Est bordant le Golfe Persique, habitées par les Chiites et abritant les principaux puits de pétrole du pays.
A Koweit la situation est incertaine également.
Le problème du Koweit n’est pas le même que celui de Bahrain.
Au Koweit il existe une constitution, un parlement, il y a des élections et bla bla bla, même si l’émir tient encore un rôle politique très important. Le problème auquel doit faire face l’émir est, d’une part la montée en puissance des islamistes, y compris au Parlement où ils ont conquis la majorité en Février dernier ; d’autre part satisfaire la jeunesse qui demande une libéralisation du régime et des réformes, notamment économiques.
Face à la montée en puissance de ces islamistes, l’Emir suspendit le Parlement en Juin dernier et tenta de modifier la loi électorale en faveur du gouvernement. L’opposition, qui n’est pas composée que d’islamistes, ne voulait pas de modification de la loi car elle clamait, à juste titre, que cela aurait favorisé le gouvernement lors des élections de Décembre à venir.
Mais la cour de justice rejeta le 26 Septembre dernier ce projet gouvernemental, ce qui renforça l’opposition dans sa lutte contre le gouvernement et organisa des manifestations dans la capitale.
L’émir finit par dissoudre le Parlement le 7 Octobre dernier et a convoqué de nouvelles élections pour le 1er Décembre, en espérant que les islamistes ne seront plus majoritaires à l’Assemblée et que leur influence sur le gouvernement refluera.
Depuis, le gouvernement a passé un décret qui favorise les candidats pro-gouvernement aux prochaines élections, ce qui a provoqué des manifestations et des protestations de grandes ampleur ; des députés islamistes furent arrêtés, puis relâchés, pour avoir mis en cause l’émir.
Ce qui entraina le gouvernement a interdire les réunions de plus de 20 personnes face aux protestations de plus en plus importantes qui réunirent toutes les parties de l’opposition, y compris celles qui n’ont presque aucuns objectifs en commun, comme les islamistes et les libéraux par exemple. Mais cette interdiction ne fut pas respectée et les heurts entre manifestants et force de l’ordre se produisent régulièrement à chaque manifestation non autorisée.
La grande manifestation prévue Dimanche dernier, interdite par le gouvernement, fut réprimée à coup de gaz lacrymogène par les forces de sécurité et il y eut de nombreuses arrestations. Malgré cela, elle fut considérée comme un succès par l’opposition dont 4 des dirigeants furent reçus par l’Emir qui leur dit qu’il accepterait un jugement de la cour de justice au sujet du décret sur la loi électorale récemment publié.
La Péninsule arabique en passe de se réveiller ?
Encore une fois, la situation n’est pas la même au Koweit où à Bahrain et en Arabie Saoudite. En revanche la peur commune aux monarchies du Golfe, à l’exception de Bahrain à majorité chiite, est la poussée des islamistes (frères musulmans où salafistes) après les événements Égypte qui eurent des répercussions dans toute la Péninsule, même si leurs effets furent pour le moment limités et peu visibles.
Malgré tout, il semblerait qu’aujourd’hui la péninsule arabique soit sur le point de connaitre un réveil désagréable que ses dirigeants bien-aimés ont tenté par tous les moyens d’éviter.
Mais les moyens utilisés (la promotion du changement de régimes laïcs et nationalistes, comme en Syrie, due à leur peur paranoïaque de l’Iran, sans comprendre que cette dernière n’était pas l’ennemi véritable) ne furent-ils pas les promoteurs les plus insidieux et les plus dangereux de ce que les pétromonarques voulaient précisément éviter ? Ces pseudos rebellions en Syrie et ailleurs n’ont elles pas au contraire encouragé chez eux les opposants à leurs propres régimes ? En encourageant et en finançant les salafistes (les Saoudiens) et autres frères musulmans (Qatar) à importer la charia et la création du Califat chez les autres, les saoudiens et autres pétromonarques pensaient ils vraiment que cela s’arrêterait à leurs frontières ? Non, mais ils pensaient qu’ils seraient capables de contrôler le phénomène.
Ce en quoi ils ont eu tord.
C’est probablement le début de ce retour de bâton auquel nous assistons aujourd’hui et qui se développera dans les mois qui viendront. Le terrain est prêt. Les esprits sont échauffés et les gouvernements en place sont plus faibles qu’il n’y parait.
Mais, pour le moment, ce sont nos alliés bien-aimés et nous ne pouvons nous permettre de les critiquer. C’est pourquoi nous nous montrons si pudiques envers leur respect si touchant des droits demokratiques de leurs populations qui nous sont si chers, sans parler de ces droitsdelhomme que nous respectons nous-mêmes de manière si admirable.
Il est beaucoup plus urgent de détruire la Syrie. Mais il est très probable que la destruction de la Syrie amènera le chaos chez nos chers alliés de la Péninsule arabique que nous aimons tant. Et lorsque cela arrivera, cela nous coutera très cher et il sera trop tard pour pleurer.
Mais pour le moment tout le monde est content à Cochon sur Terre, le meilleur des mondes.
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